RESUME
Le bassin versant de la rivière N'Djili est l'exemple
type d'un écosystème urbain tropical confronté à
une crise écologique et environnementale grave, complexe et
multifactorielle dont la démographie galopante, la paupérisation
extrême de sa population doublée d'une crise aiguë de
logements, l'absence de volonté politique ferme et
déterminée ainsi que le non-respect de la législation en
matières foncière et urbanistique constituent quelques unes des
causes majeures. Sur le terrain, cette situation se traduit notamment par une
insalubrité généralisée, la prolifération
des établissements d'urbanisation spontanée, l'aggravation de la
pollution sous toutes ses formes et en particulier la pollution des eaux
superficielles, la mauvaise utilisation de l'espace et du sol qui sont autant
des facteurs de vulnérabilité accrue vis-à-vis des
catastrophes naturelles.
Les zones d'extension sont encore plus touchées et
caractérisées par la promiscuité, la prédominance
d'un habitat précaire, l'absence d'infrastructures de base essentielle,
le manque des latrines hygiéniques et décentes, l'amoncellement
des immondices sur la voirie et dans les lieux publics (écoles,
marchés...), la présence des eaux surtout dans les basses
terrasses, l'insécurité alimentaire chronique, le manque d'eau
potable, l'absence d'assainissement et la prolifération des vecteurs des
maladies avec comme corollaires l'explosion des maladies d'origine hydrique et
des maladies vectorielles.
Le bassin versant de la rivière N'Djili, dans sa partie
urbaine est un système complexe comprenant deux sous-systèmes
nettement différenciés. Si la partie rurale ou provinciale
possède encore une certaine couverture végétale qui assure
la protection du bassin versant malgré les nombreuses atteintes dues
aux activités humaines, la partie urbaine, par contre, subit une
très forte pression anthropique par suite de l'occupation
systématique de tous les espaces disponibles y compris des zones
critiques et les terres marginales réputées « non
aedificandi ». Les présentes recherches ont permis
d'identifier les problèmes suivants:
· Une forte pollution de nature biologique, organique et
fécale de l'ensemble du réseau hydrologique de la partie urbaine
du bassin versant ;
· La présence des érosions spectaculaires
dans les zones collinaires à forte pente en particulier dans la
commune de Kisenso. . Vingt et une érosions sur 39 ont fait
l'objet de cette étude. Elles ont entraîné la perte
d'environ 9 097 635,3 tonnes des matériaux du sol arrachés aux
collines et emportés par les eaux de ruissellement vers les bas-fonds
constituant un volume d'environ 3 433 069,94 m3 ;
· De graves inondations sont observées
régulièrement en saison de pluies au niveau des zones basses
entre les courbes de niveau 300 m de part et d'autre de tous les cours
d'eau et en particulier dans les quartiers Salongo, Ndanu, Mbamu, Nzadi et
Kingabwa (Commune de Limete), Malemba et Maziba (Commune de Matete), Abattoir
(Commune de Masina,) Dingi-Dingi, Nsola et Kisenso - gare dans la Commune de
Kisenso et Lemba-Imbu dans la commune de Mont - Ngafula ;
· L'ensablement et les inondations dans tous les
bas-fonds et surtout dans les quartiers de Matete situés à la
limite avec la commune de Kisenso. Il s'agit des quartiers Totaka, Vivi, Dondo
et Lubefu. Nos études ont montré que près de 1 125 366
m3 des terres représentant 2 982 220 tonnes des
matériaux arrachés aux collines de Kisenso par le biais des
érosions situées dans les quartiers Révolution, Regideso
et Ngomba, se sont déjà déversés sur les quartiers
précités occasionnant des pertes en vies humaines, la
destruction des maisons créant de nombreux sans abri et des
dégâts matériels importants;
· L'ensablement des rivières qui sont devenues des
carrières des sables : tels sont les cas des rivières
N'Djili et Matete ;
· La recrudescence des maladies d'origine hydrique qui
ont pris une allure endémique et parfois épidémique dans
les zones inondables par suite de la déficience de l'hygiène
individuelle et collective et de la pollution des rivières par le rejet
dans celles-ci des eaux usées urbaines, des eaux vannes et des
excrétas humains et animaux sans traitement préalable.
A la lumière des résultats obtenus, on peut
affirmer que le bassin versant de la rivière N'Djili dans sa partie
urbaine est un écosystème ou un ensemble
d'écosystèmes complètement perturbé. Cet
environnement en constante dégradation crée une situation
viciée qui, non seulement met en péril la qualité de la
vie mais compromet gravement la vie elle-même.
L'amélioration de l'hygiène individuelle et
collective, l'assainissement de l'environnement global grâce à la
mise en place d'un système de gestion rationnel des déchets, la
reprise en main du site par l'élaboration et la mise en oeuvre d'un plan
d'aménagement rationnel et durable de la ville ainsi que
l'éradication de la pauvreté constitue des mesures importantes
susceptibles de contribuer de manière efficiente à
l'amélioration de la qualité de vie, à la
réhabilitation de l'environnement et à la maîtrise des
catastrophes naturelles dans le bassin versant de la rivière N'Djili.
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