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ANALYSE CRITIQUE DES DIFFERENTS PLANS D'AMENAGEMENT DE LA VILLE DE KINSHASA
Même si jusqu'à la création du premier
service d'urbanisme en 1940, la ville a évolué sans un plan
d'ensemble on peut, cependant, reconnaître qu'il n'y avait pas
d'anarchie. Parmi tous les plans d `aménagement
élaborés en République Démocratique du Congo, seul
le Plan de 1950 a réussi pour les raisons suivantes :
- Une démographie très faible ;
- Un contrôle très strict de l'immigration et
par conséquent un exode rural également faible ;
- Existence d'une volonté politique ferme et
déterminée ;
- Existence des ressources suffisantes pour
l'exécution du plan d'aménagement.
Après l'indépendance, avec le changement des
autorités politiques et la mauvaise compréhension de la notion
d'indépendance par la population, tous les paramètres ont
évolué négativement. Ainsi les faits suivants ont
été observés :
- Une croissance démographique explosive due aux
effets combinés de la croissance naturelle et de l'exode rural en
particulier aux premières années de
l'indépendance ;
- L'absence d'une volonté politique ferme et
déterminée ;
- Croissance anarchique et désordonnée de la
ville qui grandit sans un plan d'aménagement ce qui se traduit par une
trop grande extension dans l'espace ;
- Le non respect de la législation en matière
d'urbanisme et de lotissement ;
- Le manque chronique des ressources matérielles et
financières ;
- La pauvreté absolue de la grande majorité de
la population qui pousse celle - ci à occuper des terres marginales et
des zones à risques ;
- Le caractère trop sectoriel des divers plans
d'aménagement élaborés depuis l'indépendance qui ne
prenaient en compte que l'espace, la démographie et le logement à
l'exclusion de tous les autres paramètres.
Pour toutes ces raisons, les différents plans
d'aménagement en l'occurrence le Plan régional de 1967, le
Schéma Directeur d'Aménagement Urbain et le Projet de
développement Urbain n'ont pas pu atteindre leurs objectifs. Ils ont
été rapidement dépassés par le rythme de la
croissance démographique et l'ampleur de l'extension spatiale de la
ville. Cette croissance tentaculaire et chaotique de la ville constitue une
entrave à la mise en place des mécanismes de développement
durable et rend impossible une planification et une gestion rationnelles et
cohérentes.
Si l'urbanisation qui est un phénomène de
portée mondiale a des impacts extrêmement divers et complexes,
elle a également des effets positifs. En 2025, on pense que 57 % de la
population mondiale vivra en zones urbaines dans les pays en
développement (Institut des Ressources du Globe, 1992). Comme l'affirme
Riou (1981), l'urbanisation accélérée est un fait
essentiel de notre temps. Ce processus se poursuivra donc inexorablement. Il
est impossible de le freiner. Il faut l'accompagner et même l'anticiper
par une bonne gestion de l'espace, l'organisation efficiente des services
marchands et municipaux, l'approvisionnement en produits de première
nécessité, une bonne politique de l'emploi et de
logement...Parallèlement à ces efforts, il convient
d'améliorer les conditions de vie et d'assurer les mêmes services
dans les villes moyennes et petites en vue de désengorger la capitale et
les autres villes congolaises surpeuplées. La maîtrise du
développement des villes congolaises et, en particulier de la ville de
Kinshasa, passe impérativement par la bonne gouvernance et une gestion
rationnelle des ressources et de l'espace (tableau 15).
A la lumière de cette analyse, on peut dire avec Pain
(1984) que la croissance spatiale de la ville de Kinshasa permet de
définir trois villes c'est - à - dire trois types
d'urbanisation :
a) L'occupation du site initial, marquée à ses
débuts par des contraintes naturelles et l'implantation du noyau
colonial, où la ville se développe sans plan
d'aménagement ;
b) Plus tard, l'action des administrateurs et la puissance
des intérêts privés détermineront une ossature qui
marque encore le paysage. C'est à ce moment-là qu'apparaît
l'aménagement progressif du site suivant des principes
sévères ;
Enfin, après l'indépendance, l'échec des
plans successifs d'urbanisation va conduire à une urbanisation sauvage
et incontrôlée avec toutes les conséquences que cela
implique sur le plan de l'habitat et de l'environnement.
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