Section 2 : DU FONDEMENT SOCIAL : LES
FORCES SOCIOLOGIQUES DE LA NATION
Dans le cadre de la recherche d'une politique environnementale
idéale qui serait le levier du progrès, on ne peut naturellement
ignorer la place centrale occupée par les forces sociologiques qui
forment l'Etat et la nation, ainsi que leur rôle. Le souffle vital d'une
politique de l'environnement bien comprise est constitué par les
symboles de l'Etat (Paragraphe 1) ainsi que la culture, les
religions et croyances du pays (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les symboles de l'Etat
La Côte d'Ivoire indépendante s'est doté
d'une Constitution promulguée le 3 novembre 1960, remplacée par
la Constitution du 1er août 2000. Les idéaux de la
nation y sont exprimés, de même que les symboles catalyseurs. Par
conséquent, pour comprendre le lien entre une politique environnementale
et les aspirations des populations au bonheur, il convient de situer les
fondements symboliques de l'Etat ivoirien (A) et de mettre en
lumière le sens ainsi que la valeur de ces différents symboles
(B), autant que faire se peut.
A. Les fondements symboliques de l'Etat
L'Etat, en tant qu'organisation politique, est l'expression du
contrat social, mieux, de l'alliance scellée entre les groupes humains
désireux de construire ensemble et quotidiennement leur avenir, un
avenir heureux, bien entendu. Aussi la conscience nationale fondatrice de
l'Etat produit-elle des symboles qui concentrent l'énergie affective
devant relier l'individu à la communauté de rêve et qui
perpétuent le désir solennel de vivre et de bâtir ensemble.
Ces symboles sont traditionnellement les suivants : constitution, drapeau,
emblème, hymne national, devise. Les caractères ou le contenu de
ces symboles traduisent les idéaux de la communauté.
En ce qui concerne les aspirations du peuple ivoirien, elles
ne sont guère différentes de celles de tout être humain, de
tout peuple et de toute nation. Qu'il s'agisse de la Constitution de 1960 ou de
celle de 2000, l'idéal exprimé dans les préambules
respectifs se fait l'écho de celui de toute nation : paix, justice,
liberté, égalité, fraternité,
prospérité. Ces idées doivent ainsi s'incarner,
c'est-à-dire se traduire en réalités concrètes,
dans la vie des habitants du pays. Elles reposent sur la sublimation de la
terre-patrie, qui est ainsi le concentré visible et indiscutable des
voeux et des rêves de bonheur. Ainsi, déjà, les
populations, pour la réalisation des objectifs désirés, se
tournent instinctivement vers la terre, de laquelle il faudra faire sortir la
richesse, le mieux-être. Cependant, devant les problèmes
inhérents à la dynamique politique dans les groupes humains en
vue de la construction nationale quotidienne, elles ont constamment besoin
d'être stimulées par les forces positives de rassemblement, qui
ont fondé l'Etat autour de l'idéal de nation souhaité. Et
ces forces sont contenues, outre dans la terre-patrie elle-même qui est
le corps de cet idéal, dans les symboles que sont la Constitution, le
drapeau, les armoiries, l'emblème, l'hymne national et la devise, qui en
constituent l'esprit.
A ce niveau, il apparaît capital de bien s'entendre sur
la place de la politique environnementale dans un tel contexte idéel.
L'environnement étant le cadre de vie, la terre, le territoire dans ses
acceptions les plus simples, toute la responsabilité d'une
cité consiste à le maintenir dans un état de santé,
donc d'intégrité et de productivité permanente, pour la
sécurité même de cette cité et partant la
réalisation de ses désirs légitimes de
bien-être. Or, cela ne peut être fait sans un minimum
d'affectivité vis-à-vis de la « terre des
ancêtres », comme cela a été vu auparavant. A
cela il faut ajouter l'élément crucial, celui de la
responsabilité : en termes simples, que fait chacun pour la
terre qui le fait vivre, que fait-il pour l'entretenir afin qu'elle soit
toujours productive comme elle, la terre, l'entretient, afin que lui aussi soit
toujours productif ?
Une importante conclusion se dégage de cette
démarche réflexive : le territoire, en tant
qu'élément constitutif d'un Etat, doit être assumé
dans toute sa dimension physique, morale et spirituelle, pour être le
socle et le sujet d'espérance véritable du développement
tant désiré.
En cela, l'Etat de Côte d'Ivoire possède de
précieux atouts symboliques pour asseoir une politique viable de
l'environnement, et par conséquent le mieux-être.
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