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Politique environnementale et développement durable en Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Brou Alexis KOMENAN Université catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité universtaire d'Abidjan ( Côte d'Ivoire) - Maà®trise 2009 |
B. Les conceptions dans la Côte d'Ivoire moderneQuelle conception de la nature peut avoir la société ivoirienne moderne ? Il convient d'abord de s'entendre sur ce que c'est que la société ivoirienne moderne : c'est la Côte d'Ivoire constituée en état moderne, dont les organes, la structure et le fonctionnement sont tributaires de l'héritage politique et culturel colonial, occidental. Pour rappel, cette société a connu deux républiques : la première vécut de 1960 à 1999, pour faire place à la seconde République actuelle, en 2000. Quid des conceptions de l'Etat, des décideurs politiques et des populations sur le système de mise en valeur du pays ? Les conceptions étatiques en matière de mise en valeur de l'environnement sont à rechercher dans les textes fondateurs de l'Etat ou organisant les activités à l'intérieur de celui-ci. La Constitution du 3 novembre 1960 ne comporte ni d'article relatif à l'environnement, ni de disposition explicite touchant une orientation de la gestion des terres, au contraire de celle du 1er août 2000115(*). On comprend qu'un tel état des choses se soit fait, comme il a été déjà souligné, dans le sillage politique et économique ambiant qui considérait plutôt la nature comme un bien quasiment inépuisable116(*). Cependant, la conscience écologique était bel et bien présente117(*) - est-ce là aussi le signe que la question de la protection de l'environnement allait de soi, et par conséquent surplombait même les principes constitutionnels ? - et c'est elle qui fut à la base de significatives évolutions ultérieures118(*). Néanmoins les moules économiques définis dans les codes d'investissement en vue du développement de l'économie du pays ne s'accompagnèrent pas de mesures environnementales rigoureuses vis-à-vis des industries, dont beaucoup mettent à mal le développement qu'elles sont censés servir119(*). Au niveau des populations, les limites structurelles et fonctionnelles des conceptions environnementales dans les sociétés traditionnelles - bases de la nation - alliées au manque de sensibilité écologique engendré par la mentalité utilitaire et productiviste se traduisent par un comportement en général anarchique vis-à-vis de la terre. Les occupations tous azimuts des terres, protégées ou non, par des exploitants agricoles et la construction libertine de logements et d'infrastructures en témoignent (question du foncier)120(*). De telles attitudes, à tous les niveaux, ne peuvent qu'être préjudiciables à court, moyen ou long terme au développement souhaité. Dans un tel contexte, et pour pallier ces faiblesses, les forces sociologiques qui fondent la nation méritent examen. * 115 Articles 19 et 28 de la Constitution du 1er août 2000. * 116 Voir le paragraphe intitulé « Le cadre sociologique », p. 42-46. . * 117 Ibid. * 118 Voir le paragraphe intitulé « Le cadre juridique », p. 37-41. * 119 Le laisser-aller et le manque de rigueur vis-à-vis des entreprises en vue de la préservation de l'environnement et du cadre de vie ont encouragé et encouragent encore beaucoup d'entre elles à ne consentir que peu d'efforts pour se conformer aux normes de traitement de leurs effluents et à un mode de fonctionnement respectueux des ressources. Encore que celles-ci aient les moyens de s'affranchir d'un contexte international dont elles dépendent et qui reproduit le même comportement vis-à-vis de l'environnement. Voir l'article « environnement » du Grand Dictionnaire encyclopédique de la Côte d'ivoire, op. cit., tome 3, pp. 19-20 ; PACIPE infos/news, op. cit., p. 6. * 120 Sur l'occupation illicite des forêts classées et espaces protégés par des exploitants agricoles, voir La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 2007, p. 85. |
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