L'entrepreneuriat féminin au Sénégal: obstacles et essais de solution( Télécharger le fichier original )par Abdoulaye WANE Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009 |
II- Bilan des politiques et stratégiesII.1. Les femmes et le programme d'ajustement structurelLe PAS a mis en place la formule du moins d'Etat pour mieux d'Etat, pour libérer l'initiative individuelle, favoriser les secteurs orientés vers l'exportation et rembourser la dette. La politique de privatisation en ce domaine et qui s'accompagne de vérité des prix et de l'arrêt des subventions est un des aspects les plus importants de la "mise en crise". Dans le domaine agricole, les réformes économiques donnent la priorité aux cultures d'exportation. Les femmes jouent un rôle important dans la culture de ces produits d'exportation (le riz dans le cas qui nous concerne et qui est aussi bien une culture vivrière que d'exportation), mais le revenu en revient souvent intégralement aux hommes. L'introduction de ces principes du marché va alors renforcer une situation déjà créée par la colonisation agricole, en spécialisant davantage les hommes dans les cultures de rapport, et les femmes dans les cultures vivrières. N'étant pas produites pour le marché, ces cultures vivrières n'ont pas de valeur marchande dans une société ou règne actuellement la règle de la demande solvable et du profit. En encourageant tous les secteurs rentables à court terme, le PAS a obligé l'Etat sénégalais à donner la priorité au secteur économique (stratégie d'exportation) au détriment du social (réduction des dépenses de santé, éducation...). Cette contraction des dépenses sociales affecte les femmes en premier dans la mesure où elle se traduit par la réduction des initiatives en leur faveur (tant au niveau matériel que financier) et où la dégradation des services de santé et d'éducation les affectent particulièrement. A titre d'exemple, du fait des réductions du budget de l'éducation nationale, le Sénégal est obligé de reporter les frais d'école sur les parents. Ceux-ci doivent donc décider quels enfants envoyer à l'école et souvent c'est les filles qui sont écartées, ce qui explique un taux d'analphabétisme féminin de 58,4% au niveau régional. Cette dérive fait des femmes en général et des paysannes en particulier, "un groupe vulnérable" pour reprendre l'expression des organisations internationales. Face aux contraintes de survie, les femmes vont trouver dans cette impasse économique, un espace de possibilités et de libertés nouvelles qui les rendent plus agissantes, plus créatives et certainement plus visibles. II.2. Evaluation du PANAFLe PANAF a fait l'objet d'une évaluation à mi-parcours et d'une évaluation finale en 2003. Depuis Beijing et la publication du PANAF, des progrès ont été notés dans le secteur de la lutte pour la promotion des femmes. - au plan économique, plusieurs d'importants programmes ont été mis en place parmi lesquels on peut citer le projet « promotion du statut de la femme » qui était une composante du Projet de Développement des Ressources Humaines (PDRH) , le Projet d'Appui aux Groupements Féminins (PAGPF) et le Programme d'équipements d'allégements des femmes. Ces différents projets on permis de mettre en place plusieurs équipements de transformations des produits agricoles, des équipements hydrauliques et du matériel d'appui aux activités génératrices de revenu. En plus de ces actions, des infrastructures socio-éducatives ont été réalisées par le PAGPF (152 garderies communautaires et 81 cases foyers), 81 espaces économiques pour les femmes ont été réalisés dont 30 créés par le PDRH et 51 par le PAGPF.. - au plan juridique, les points suivants sont notés : Avec le code de la famille adopté en 1972, en vue mettre fin aux discriminations contenues dans le texte, les propositions suivantes on été faites ; - l'abrogation de la notion de « chef de famille » appartenant exclusivement aux maris ; - la suppression de la notion de « puissance paternelle » et son remplacement par celle d' « autorité parentale conjointe » ; - l'abrogation des articles 384 et suivants du code de la famille réglementant la dote ; - la prise en compte du travail domestique de la femme comme contribution à l'actif du ménage avec une indemnité compensatrice en cas de divorce ; - l'application du droit commun des successions pour assurer aux filles et aux veuves l'égalité des droits -au niveau de la sécurité Sociale Des modifications ont été proposées en vue d'assurer l'égalité des sexes pour l'obtention de la pension d'invalidité, de survivance et de vieillesse : en matière de droit du travail, les doléances exprimées portent sur la ratification de la convention n° 140 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) concernant le congé éducation payé. Cette convention est entrée en vigueur depuis le 23 septembre 1976. Propositions tendant à supprimer la puissance paternelle qui instituait la discrimination concernant la prise en charge médicale des enfants et du conjoint, la pension de réversion de la veuve, la direction collégiale de la famille (autorité parentale, interruption de la grossesse en cas de viol ou d'inceste) ; Préparation du texte sur l'observatoire national des droits de la femme et de la petite fille ; - La nouvelle constitution du Sénégal adoptée en janvier 2001 a fait d'énormes progrès en matière de promotion de la femme et de réduction des inégalités en matière de droit entre Hommes et Femmes dans son titre II (voir plus loin au point 6.1) . En effet, l'article 7 de la constitution dispose en son alinéa 4 que les hommes et les femmes sont égaux en droit. L'article 8 garantit à tous les citoyens, les libertés individuelles, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. L'alinéa 2 de l'article 15 énonce que « L'homme et la femme ont également le droit d'accéder à la possession et à la propriété de la terre dans les conditions déterminées par la loi ». Et l'article 17 mentionne que l'Etat garantit aux femmes le droit à l'allégement de leurs travaux. On peut également noter d'autres points positifs ; à savoir : - Vote en 1999 de la loi pénalisant les violences faites aux femmes et notamment l'excision, le viol, le harcèlement sexuel, les coups et blessures dans le cadre conjugal ; - adhésion aux dispositions de la CEDEF et de la Convention relative aux Droits des Enfants (CDE) par la nouvelle constitution du Sénégal adoptée le 7 janvier 2001. Le protocole facultatif à la CEDEF a été ratifié par le Sénégal au mois de mai 2001. - au plan politique les instances de prise de décision connaissent un nombre plus important de femmes. Le Conseil Sénégalais des Femmes (COSEF) et le Réseau Siggil jigéen15(*) ont mené un travail important lors des dernières élections (en 1996 avec les Elections locales et en 1998avec les Elections législatives) - le mouvement associatif a connu un grand développement : Les groupements de promotion féminine ont augmenté de façon considérable et se sont regroupés dans la Fédération Nationale des GPF (FNGPF) ainsi que dans la Fédération des Associations Féminines du Sénégal (FAFS). D'autres associations ont vu le jour et se structurent dans des réseaux permettant de mener des actions soutenues de lobbying tout en permettant aux femmes de se muer en groupement d'intérêt économique pour accéder au micro crédit. La coopération bi et multi latérale a relevé sensiblement le niveau de son appui au secteur de la promotion de la femme dans des domaines aussi variés que la santé, l'éducation, la sphère économique et le pouvoir décisionnel. A partir de l'an 2000, la prise en charge de la situation de la femme coïncide avec l'élaboration du DSRP et de son document de suivi. En effet, lors du sommet du Millénaire tenu aux Nations Unies du 6 au 8 septembre 2000, les représentants de 191 pays constitués en majorité de Chefs d'Etat et de Gouvernement ont pris un engagement mondial pour atteindre d'ici à 2015 les Objectifs du Millénaire pour le Développement. C'est derniers qui sont au nombre de huit, à savoir réduire l'extrême pauvreté et la faim, promouvoir l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes, réduire la mortalité maternelle et infantile, lutter contre le VIH/SIDA et certaines maladies endémiques (paludisme,...), assurer un développement durable et promouvoir un cadre de partenariat mondial pour le développement. L'objectif N°3 intitulé « Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes » vise à éliminer les disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire et à tous les niveaux de l'enseignement si possible (cible 4) d'ici à 2015. En effet, les statistiques scolaires révèlent que des disparités existent dans les différents niveaux d'éducation. Dans le cycle primaire par exemple, les filles quittent beaucoup plus précocement l'école que les garçons. Pour tous les niveaux confondus, le taux de redoublement des filles est supérieur à celui des garçons. * 15 Mot wolof signifiant honorer la femme. |
|