4-2-2 Constats et évaluation
D'une manière générale, les
micro-entreprises haïtiennes, qu'elles soient informelles ou formelles, se
confrontent à beaucoup de problèmes d'ordre interne et externe.
Au point de vue macroéconomique, la situation sociopolitique et
même économique dans laquelle émerge le secteur de la
microfinance se trouve dégradée. L'incapacité de l'Etat
d'intervenir sur le marché a conduit à des échecs dans
tous les secteurs de la vie nationale. Une situation presque défavorable
pour les entrepreneurs oeuvrant dans les activités commerciales ou
productives du secteur informel. Il est vrai que les IMF non
coopératives desservent ces micro entrepreneurs du secteur informel,
cependant, ils constituent non seulement un gain pour l'économie mais
aussi une perte pour l'Etat faute d'une politique de
réglementation de ce marché.
Il est à noter qu'il existe un vide légal et
réglementaire au niveau des IMF bien qu'elles soient reconnues par le
ministère des affaires sociales et la mairie. Nous pensons que
l'institution la mieux placée pour contrôler ce secteur est la
BRH, mais il serait mieux aussi que le parlement puisse voter des lois en leur
faveur et dans l'intérêt des clients. Cette contrainte, une fois
résolue, les IMF deviendront plus efficaces dans leurs actions sur le
terrain.
Quant à l'environnement interne des IMF, leur
diagnostic révèle une certaine carence dans la gestion de
l'information. Par exemple, l'absence d'échanges systématiques
entre institutions sur la clientèle ne facilite pas la lutte contre le
surendettement des ménages qui ont recours à plusieurs IMF pour
financer officiellement un projet ; ce qui fait que le client a trop
d'engagement financier et n'arrive pas le plus souvent à rembourser ses
dettes. Nous avons pu remarquer que la gamme de services fournis est trop
restreinte, c'est-à-dire qu`ils se résument à une
simple question de business, si non la personne ne pourra pas
bénéficier du service. Cela attire notre attention au point que
les études réalisées par l'IHSI présentées
dans le tableau 1-5 page 33 du travail : estimations de
l'incidence de la pauvreté en Haïti, démontre
clairement que les pauvres sont plus nombreux dans le milieu rural et gagnent
leur revenu principalement de la terre. Pourtant, le crédit est
octroyé aux gens évoluant dans le commerce, la production et le
service tels que décrits dans les secteurs d'activités de
l'institution page 60 du travail, c'est pour vous dire que le secteur agricole
se trouve négligé. Nous pensons qu'ils ont besoin du
crédit pour qu'ils puissent produire davantage.
Les pays qui ont connu un bas taux de chômage sont ceux
où l'Etat crée un environnement favorable à
l'investissement en facilitant la création d'emploi dans
différents domaines. C'est pour dire que la microfinance à elle
seule ne peut pas toucher tout le monde. Mais nous avons constaté qu'il
existe beaucoup de jeunes qui n'ont pas accès au service de
crédit faute de collatéral pendant que la majorité vit
dans le chômage ; or, quelqu'un qui ne gagne pas un dollar
américain par jour d'après FMI est considéré comme
pauvre. Comment la microfinance peut intégrer ces gens là dans le
programme si on veut réduire effectivement la
pauvreté?
Le besoin de prêts á la consommation se fait
sentir grandement à savoir qu'au cours de l'interrogatoire, certains
clients ont déclaré que beaucoup de gens qui se trouvent en
difficulté de rembourser le prêt utilisent l'argent á des
fins de consommation. En Haïti, nous assistons à une inflation
grimpante. Quelqu'un qui n'a pas suffisamment d'argent pour consommer un bien
aujourd'hui risque de ne pas avoir ce même bien dans le futur, faute de
l'augmentation de prix même s'il épargne son argent.
Nous avons pu constater des décaissements qui sont
effectués pour les activités de charbon de bois, mais si on veut
réduire le déboisement dans le pays et améliorer les
conditions de vie ce n'est pas un bon usage d'encourager une telle
activité. En effet, nous assistons à une situation
environnementale dégradante qui a causé beaucoup de pertes tant
au point de vue humain que matériel.
Enfin, nous avons estimé que l'octroi de
microcrédits n'est pas nécessairement une solution
adéquate pour tout le monde ou dans toutes les situations. Les
indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n'ont ni revenus ni moyens
d'accéder à un prêt devraient recevoir d'autres formes de
soutien pour qu'ils puissent bénéficier le programme si on veut
réduire effectivement la pauvreté en Haïti.
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