2.4 Gestion des déchets ménagers en Haïti
La situation en matière de gestion des déchets
dans les zones urbaines est confrontée à de nombreux
problèmes. La prise en charge des déchets par la collecte et un
traitement efficace et respectueux de l'environnement n'est pas encore
perçue de façon généralisée par la
population comme une nécessité sur le plan économique,
environnemental et socioculturel.
a) Cadre légal, institutionnel et
financier
Le cadre légal pour la gestion des déchets
solides est établi par la Constitution et par une Loi de 1981.
D'après ces documents, l'institution responsable de la gestion des
déchets solides est la Commune (Mairie). Ce cadre légal au niveau
national n'est pas accompagné d'un cadre de stratégie, politique,
norme ou financement ni d'autres éléments qui précisent
comment mettre en oeuvre et gérer un bon programme de gestion des
déchets, sauf l`Aire Métropolitaine de Port-au-Prince (AMPAP).
A l'AMPAP, le gouvernement a reconnu depuis les années
70 le besoin de mettre en oeuvre un système de drainage pour toute la
région, et a reconnu que la garantie de survie de ce système
résidait (parmi d'autres initiatives) dans l'exécution des
programmes pour la gestion des ordures par des activités de collecte
(ramassage local) et d'entreposage. A ces fins, il a été
créé le Service Métropolitain de Collecte des
Résidus Solides (SMCRS) pour l'AMPAP. La mission du SMCRS,
définie par son Décret de création de 1981, et a
été modifiée par le Décret du 26 octobre 1989.
Décret du 3 mars 1981 : selon
l'article 2 du Titre II de ce décret, le SMCRS a pour mission principale
«d'assurer la collecte et le traitement des résidus tels que : les
ordures ménagères, les déchets encombrants de
ménages, les déchets de collectivités tels (Ecoles,
restaurants, casernes).
Décret du 26 octobre 1989 : ce
décret définit le partage de la responsabilité de la
gestion des déchets entre le SMCRS et les Mairies Communales de l'AMPAP.
L'article 2 de ce Décret stipule, en effet, que : «le rôle
du SMCRS consistera dans le ramassage des détritus après qu'ils
auront été balayés et assemblés par le Service de
la Voirie respectif des communes de Port-au-Prince, de Delmas, de Pétion
Ville, de Gressier, de la Croix-des-Bouquets et de Carrefour ».
A travers le pays, les services en gestion des déchets
solides (GDS) sont opérés par le secteur public (commune ou
SMCRS). Cependant, le secteur privé s'implique dans ce thème
aussi soit par des contrats avec des ménages ou individus, soit par des
contrats avec des établissements industriels ou commerciaux.
Les ONGs et les organisations internationales s'impliquaient
dans le secteur dans les années récentes, soit directement ou
comme un appui aux organisations publiques. Parmi d'autres, la Banque Mondiale,
USAID, CHF, UN-HABITAT, PNUD (Programme des Nations Unis pour le
Développement), Fondation YELE Haïti dans la collecte,
Fédération des amis de la nature : FAN dans les programmes
de sensibilisation.
Les mairies ne disposent pas d'un budget pour la gestion des
déchets. Les dépenses effectuées pour la collecte des
déchets dépendent des recettes réalisées par les
municipalités.
2.4.1 Types de traitements
expérimentés dans le pays
a) Compostage en Haïti
En Haïti, le compostage se fait de façon
traditionnelle, à petite échelle. Ce sont les agriculteurs qui
font des composts à partir des déchets de culture pour pouvoir
améliorer la qualité de leurs sols. Au début des
années 1980, il existait une usine de production de compost industriel
à Port-au-Prince (UNACOM). Cette usine avait une capacité de 250
tonnes métriques d'ordures ménagères par jour,
fonctionnant 16 heures/jour pendant une période de 350 jours par an.
Installé à petite place Cazeau, elle a fonctionné de mars
1980 à septembre 1984 pour une production cumulée de 39000 tonnes
métriques de compost. Avec un rendement de 80%, cela fait une production
moyenne de 26 T.M par jour correspondant au traitement de 33 T.M d'ordures
ménagères par jour. L'expérience a échoué et
les causes énoncées par certains auteurs sont : la mauvaise
localisation de l'usine, le coût relativement élevé du
combustible utilisé (huile lourde) et celui du transport du produit fini
sur longue distance. Une tonne de compost se vendait ex-usine à U.S $11.
La République a été incapable de gérer valablement
l'UNACOM dont le coût d'installation aurait été de l'ordre
de U.S $5 millions (J. A. Victor, 1989).
b) Production de biogaz
En Haïti, diverses expériences ont
été réalisées dans quelques zones du pays de 1990
à 2000 pour arriver à produire du biogaz local. Ces digesteurs
n'utilisaient pas des déchets ménagers car ils nécessitent
un broyage préalable avant leur introduction dans le bio digesteur. Dans
la majorité des cas, la matière première utilisée
est la déjection des animaux et des résidus
végétaux.
A Hinche, les petites soeurs et les petits frères de
Sainte Thérèse possédaient un digesteur continu traitant
l'herbe et la bouse de vache. Les problèmes rencontrés se
trouvent dans les opérations de chargement et de déchargement du
système.
Il y avait un digesteur basé sur le modèle
chinois à la ferme école de Vialet, commune de Petit Gôave.
Ils utilisent les déjections animales et les résidus
végétaux comme matière première et les
problèmes rencontrés étaient le colmatage du digesteur en
raison de la matière première utilisée.
Il existait d'autres digesteurs fonctionnant notamment au
centre de recherche et de documentation de Damien de capacité
15m3, au centre de formation de Salagnac de capacité
45m3, à l'école moyenne d'agriculture de Dondon de
capacité 20m3, à la ferme de Prinsa (Thomazeau) de
capacité 35m3, à Dufailly (Mirebalais) de
capacité 20m3. Ces digesteurs traitent les déjections
de porc et de bouse de vache, des déjections de porc et du fumier de
poule. (MARNDR, 2002)
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