THEME / LE DROIT A L'ALIMENTATION DANS LES MENAGES DE
KINSHASA. Etude descriptive de quelques foyers de Lemba Terminus
Introduction Générale
Le droit à l'alimentation est un
droit universel qui appartient à chaque personne et à chaque
groupe humain vivant sur terre. C'est un droit humain reconnu à toutes
les échelles (national, régional, et international).
Au sommet mondial sur l'alimentation, en 1996, les chefs
d'Etat de 185 pays et la communauté européenne ont
réaffirmé, dans la déclaration de Rome sur la
sécurité alimentaire mondiale, le droit de chaque être
humain d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive
conformément au droit à une nourriture adéquate et au
droit fondamental de chacun d'être à l'abri de la faim.
Dès sa constitution, les Nations Unies ont
identifié l'accès à une nourriture suffisante à la
fois comme un droit de l'individu et une responsabilité collective. La
déclaration universelle des droits de l'homme (1948) proclamait que"
toute personne a droit à un niveau suffisant pour assurer sa
santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment pour
l'alimentation".
Près de 20 ans, plus tard, le pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC, 1966),
approfondit ses concepts, en soulignant "le droit de toute personne à
une nourriture adéquate et en précisant le droit fondamental de
chaque être humain à être libéré de la faim".
Selon le premier objectif des OMD (objectifs du
Millénaire pour le développement), le nombre de personnes de ceux
qui souffrent de faim est à réduire de moitié d'ici 2015
et à 850 millions de personnes souffrent de faim dont 815 millions dans
les pays en développement soit 40 millions de plus qu'il y a 10 ans.
Mais hélas, bien que reconnu dans le monde, le
constat général est amer lorsqu'on parcourt des chiffres et des
données sur l'alimentation mondiale (surtout des pays en
développement comme la République Démocratique du
Congo).
Plusieurs causes expliquent cette situation de crise ou de
carence alimentaire dans le monde: sécheresse, inondations,
problèmes de terre, des conflits sociaux ne permettant pas d'intenses
activités agricoles et agropastorales diversifiées.
Nous retenons que les causes de la sous-alimentation et les
conséquences qu'elle peut engendrer sont nombreuses et complexes. Nous
pensons les résumer en complétant les injustices sociales, les
exclusions politiques ou économiques, les multiples discriminations, les
catastrophes naturelles, etc.
Néanmoins, il est logique d'en faire une analyse
profonde et multisectorielle, en dépit d'une situation alimentaire
sombre. Ce droit permet dans les pays où il est effectif de sauver des
populations en détresse. Ces dernières se trouvent pour la
plupart des cas dans les situations d'urgences alimentaires.
Il ressort de tous les constats que nous pouvons faire sur la
situation alimentaire dans le monde que le droit à l'alimentation de
nombreuses personnes est violé, et plusieurs personnes sont sous
alimentées et n'ont pas accès à une alimentation saine
comme le confirment Christophe Golay et Molik Ozden (2005).
Ce droit n'est pas effectif dans beaucoup de pays, pourtant il
est reconnu par les Nations Unies comme un droit fondamental. La
République Démocratique du Congo n'est pas épargnée
par tous ces problèmes liés aux multiples crises alimentaires. Sa
situation alimentaire est sujette à caution et demeure très
difficile à l'heure actuelle où les populations urbaines
croupissent dans la misère en se nourrissent mal.
Cependant, beaucoup de facteurs démontrent que la
situation chaotique que la RDC a connue (conflits, changements de régime
politiques, instabilité politique). Ces problèmes ont
placé le pays dans les situations sans précédentes de
précarité et d'urgence alimentaire, économique, sociale,
agricole, etc.
Pour le cas particulier de l'agriculture, de nombreux
agriculteurs ont du abandonner leurs terres et leurs moyens naturels de
subsistance (pêche, élevage) pour se refugier ailleurs. Il est
clair qu'il leur faudra beaucoup de temps pour qu'ils retrouvent leur
stabilité sociale et foncière afin de rentrer sur leur terre.
Et pourtant, ce retour pose encore des problèmes dans
certaines parties du pays à cause des îlots ou foyers
d'insécurité persistante (surtout dans la partie Est du pays).
Aussi, le rétablissement de l'ordre économique est loin
d'être atteint.
Aucun secteur de développement rural ou urbain ne peut
être relancé durablement sans un retour à la paix politique
et sociale. Pour ces quelques raisons avancées, l'alimentation
générale pose encore de sérieux problèmes en termes
de production agricole, animale, agroalimentaire, etc.
Beaucoup de régions sont restées
enclavées, des terres pillées et abandonnées
jusqu'à ce jour et des lignes d'approvisionnement agricoles
interrompues, les trafics sur des cours d'eau ralenties.
Nous pouvons donc conclure avec Jean Ziegler, que la
population congolaise est aujourd'hui affamée et la situation
alimentaire est dans l'impasse. Celui-ci estime que plus de la moitié
de la population est directement ou indirectement touchée par la
faim.
1. PROBLEMATIQUE
Le droit à l'alimentation n'est pas une option
politique que la République Démocratique du Congo peut choisir de
suivre ou non. Il est plutôt une obligation qui doit être
respectée et appliquée pour le respect des conditions
alimentaires des populations habitant les villes tout comme les campagnes.
En réalité, l'effectivité du droit
à l'alimentation pose sûrement des problèmes dans la
plupart de pays pauvres où les problèmes alimentaires font partie
des conséquences du sous développement. C'est la même
situation en République Démocratique du Congo en
général, et dans la quasi totalité de ses villes, y
compris les principaux quartiers et les principales communes. La misère
et l'apparence des crises alimentaires sont flagrantes.
De ce fait, beaucoup de questions peuvent être
posées pour ce qui concerne le respect et l'application du droit
à l'alimentation en RDC et surtout dans les quartiers choisis comme
support pour cette étude.
Ainsi, notre analyse répondra aux questions
suivantes:
-le droit à l'alimentation est-il reconnu en RDC comme
un droit fondamental ?
-y a t il des instruments nationaux de reconnaissance du droit
à l'alimentation en République Démocratique du
Congo ?
-existe-t-il d'autres droits qui sont en relation ou qui
incluent le droit à l'alimentation?
-quels sont les principaux types d'aliments consommés
par les habitants de Kinshasa et ceux de Lemba Terminus?
-la consommation alimentaire justifie-t-elle le respect du
droit à l'alimentation de la population de la ville de Kinshasa en
général et de Lemba Terminus en particulier ? -quelles sont
les principales conséquences de l'application ou de non application du
droit à l'alimentation à Lemba Terminus?
Les réponses à toutes ces questions permettront
de comprendre comment le droit à l'alimentation est appliqué
dans les ménages de Lemba Terminus en particulier et dans ceux de
Kinshasa en général.
2. Hypothèses de Recherche
Le droit à l'alimentation n'est pas respecté et
protégé effectivement dans les ménages de
différents quartiers de la ville de Kinshasa en particulier, et en
République Démocratique du Congo en général. La
principale justification en est que les populations urbaines et villageoises
consomment mal en quantité et en qualité les aliments qu'ils se
procurent difficilement.
Il y a inaccessibilité à une alimentation
suffisante et de qualité expliquée par une
détérioration du pouvoir d'achat d'une population dont les
conditions de vie sont déjà difficiles pour s'alimenter
dignement.
La situation alimentaire générale sombre est
aggravée par l'insuffisance des productions agricoles (produits de
l'élevage, de la pêche, de l'agriculture,...), ainsi que par les
retombées de multiples crises sectorielles multiformes que la RDC a
connues ces dernières années. Les conséquences d'une sous
alimentation sont donc nombreuses, surtout du point de vue sanitaire.
3. Objectifs de Recherche
3.1. Objectif général
Cette étude analyse quelques facteurs de la
consommation alimentaire des habitants de Kinshasa, afin de tirer des
conclusions sur l'effectivité de l'application du droit à
l'alimentation en République Démocratique du Congo.
Elle ressort logiquement les conséquences sanitaires du
non application de ce droit dans les ménages de la capitale et dans tous
les autres milieux de vie du pays.
3.2. Objectifs spécifiques
A travers la même étude, nous comptons
également: -sensibiliser les couches de populations de
la ville de Kinshasa en général et de Lemba Terminus en
particulier, pour la reconnaissance et le respect de leur droit à
l'alimentation.
-éveiller tous les esprits en matière des droits
à la vie, droit à la santé, droit à une nourriture
saine et équilibrée, et de tous les autres droits qui sont
intimement liés au droit à l'alimentation.
-conscientiser les dirigeants pour la promotion et le respect
de la qualité de la vie à travers la promotion d'une alimentation
digne pour une population en pleine croissance.
-pousser toutes les institutions éducatives, sociales,
administratives, religieuses à prendre en compte tous les
problèmes d'alimentation pour les quartiers d'étude et la ville
de Kinshasa.
Objet et Intérêt de recherche
Le but de cette étude est de se rendre compte de
l'effectivité du droit à l'alimentation en République
Démocratique du Congo en général, et dans les quartiers de
Lemba Terminus en particulier. Les éléments qui permettront de
tirer des conclusions constitueront également une étude
approfondie, c'est le cas de la lutte contre l'insécurité
alimentaire et la lutte contre la faim.
Le droit à l'alimentation (droit à la
nourriture) est un thème très important, intéressant et
d'actualité dans la mesure où son contenu serait vital pour les
hommes à cette époque où la crise alimentaire mondiale est
effective avec toutes les conséquences qui y sont liées. Ce
droit est reconnu dans le monde depuis l'adoption de la déclaration
universelle des droits de l'homme en 1948.
En réalité, le respect de ce droit par les
nations, par les organisations (intergouvernementales, internationales,
nationales, etc.) est un tremplin pour le bien être et l'émergence
d'une société humaine digne de ces valeurs.
Face au défi alimentaire en RDC, un sujet qui traite de
l'alimentation devrait être placé au rang de priorité
absolue. Une telle analyse permettra à travers ses propositions de
mobiliser les esprits et les moyens financiers, matériels afin
d'améliorer les conditions de vie et rendre effectif le droit de bien se
nourrir des populations de Kinshasa et de tout le pays.
5. Méthodes, Techniques de Recherche et
Echantillonnage
Méthodes et Techniques
Pour cette étude, nous avons utilisé la
méthode descriptive appuyée principalement par les techniques de
collecte de données, de l'observation sur terrain, de l'interview, et
des statistiques (la plupart de nos résultats étant
chiffrés et présentés sous forme des tableaux).
La consultation des documents été
également très importante car nous nous sommes servis d'une
abondante documentation écrite (générale, écrite,
visuelle). C'est la technique documentaire.
5.2. Echantillonnage
Nous avons considéré le 1/10 de la
totalité des parcelles (soit 450 parcelles) de l'ensemble de toutes les
parcelles des quartiers de Lemba Terminus. Nous sommes donc descendus dans
chacune de ces parcelles pour interroger les ménages au sujet de
certains facteurs déterminant ou expliquant leur réalité
alimentaire. Il s'agit donc d'un échantillon probabiliste
aléatoire que nous avons utilisé.
6. Structure et circonscription du travail
Ce travail est divisé en trois chapitres et les
enquêtes ont couvert le site de Lemba Terminus qui comprend 5 quartiers
administratifs qui représentent chacun une aire de santé dans la
zone de santé de Lemba faisant partie du district de Moamba.
Délimiter notre sujet d'étude
est une contrainte de la recherche scientifique. En effet toute démarche
scientifique exige un découpage de la réalité. Il n'est
pas possible d'étudier, de parcourir tous les éléments
influents jusqu'aux extrêmes limites de la terre comme le pense
Roezsohazy (1971).
C'est pourquoi, la présente délimitation permet
si facilement de travailler en profondeur au lieu d'être superficiel
comme le pense Man H. que la délimitation permet à l'auteur de
mener sa recherche avec suffisamment d'efficacité et de
lucidité.
Le premier chapitre analyse les
généralités en rapport avec le droit à
l'alimentation en République Démocratique du Congo en
générale, sa définition, son effectivité et la
sécurité alimentaire dans la ville de Kinshasa d'où font
partie les quartiers d'étude.
Le deuxième chapitre analyse et interprète les
données de terrain. Il étudie la consommation alimentaire de la
population afin de tirer des conclusions relatives au respect ou à la
violation du droit à l'alimentation des populations de la ville de
Kinshasa et de la République Démocratique du Congo en ce moment
où les multiples crises constituent les sujets d'actualité. Il
ressort également les causes du respect ou du non respect de
l'application du droit à l'alimentation dans les ménages de
Kinshasa et de Lemba Terminus. Les résultats sont
interprétés d'une manière générale sur base
des données présentées dans les tableaux.
Enfin, le troisième chapitre présente les
propositions pour le respect et l'application du droit à l'alimentation
dans les différents ménages de la République
Démocratique du Congo en général, et dans les quartiers de
la ville de Kinshasa en particulier.
Concernant l'alimentation, la déclaration universelle
sur l'éradication de la famine et la malnutrition dans son article 1
déclare que: "chaque homme, femme, et enfant a le droit
inaliénable d'être libéré de la faim et de la
malnutrition afin de se développer pleinement et de conserver ses
facultés physiques et mentales".
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