3. Le mauvais déroulement des séances
Conduire une séance de lecture consiste à amener
les apprenants à atteindre les objectifs préalablement
définis. Notre observation de la pratique de la classe montre que la
conduite des séances est limitée par le manque de support
d'apprentissage, l'utilisation irrationnelle du tableau noir et le manque de
professionnalisme des enseignants.
A.
Le manque de support d'enseignement-apprentissage
Le manque de support d'enseignement-apprentissage est constant
dans les deux types de lecture à savoir la lecture expliquée et
la lecture suivie et dirigée.
- Le manque de support d'enseignement-apprentissage de la
lecture expliquée
Les manuels scolaires font cruellement défaut dans les
classes. Ce défaut prive le professeur d'une source de documentation
indispensable et l'apprenant d'un appui d'enseignement-apprentissage et de
mémorisation de connaissances. Pour pallier ce manque, le professeur a
recours soit à la reproduction des textes au tableau noir, soit à
leur dictée. La première possibilité prive l'apprenant du
plaisir et de la motivation que suscite l'écrit. La silhouette du texte
(forme prise par le texte sur le tableau noir) et la qualité des signes
typographiques (titres, paragraphes, majuscules) ne sont pas authentiques. En
fait, le non-respect des caractères d'imprimerie lors de la copie du
texte au tableau noir dénature sa présentation matérielle
et rend malaisée la perception du texte par les apprenants.
La reproduction d'un texte dans le cahier rend confuse sa
lisibilité à cause de l'inaptitude des apprenants à
reproduire fidèlement le texte écrit au tableau ou dicté
par le professeur. De telles pratiques réduisent le temps de lecture et
constituent en fin de compte un handicap à l'apprentissage de la lecture
expliquée. La situation en lecture suivie et dirigée paraît
plus déplorable qu'en lecture expliquée.
- Le manque de support d'enseignement-apprentissage de la
lecture suivie et dirigée
La lecture suivie et dirigée présente l'avantage
de placer l'apprenant dans une situation authentique de lecture,
c'est-à-dire en présence d'une oeuvre complète et au
contact de l'objet-livre. Mais l'absence des oeuvres prive l'apprenant non
seulement de cet avantage supposé mais aussi de leur maniement et de la
pratique effective de la lecture.
En plus du manque de manuels, l'utilisation irrationnelle du
tableau noir, quand il y en a, est un autre facteur réducteur de la
pertinence de l'acte pédagogique en lecture.
B.
L'utilisation irrationnelle du tableau noir
Notre observation de la classe révèle que le
tableau noir n'est pas toujours utilisé à bon escient. Nous avons
relevé les défauts d'usage suivants.
L'utilisation incohérente du tableau : le
tableau est rempli de façon fantaisiste. Tantôt le professeur
écrit le plan du texte à gauche, tantôt il l'écrit
à droite. Il en est de même des mots-clés et des
synthèses partielles. Le tableau apparaît désordonné
et confus. Ainsi, les apprenants ne distinguent pas l'essentiel de l'accessoire
et ne comprennent pas en fin de compte ce qui est écrit au tableau
noir.
L'incohérence de la calligraphie : la
déformation et l'étroitesse des lettres ainsi que le
mélange des caractères manuscrits et ceux d'imprimerie rendent
l'écriture peu lisible.
La présentation des mots dégagés de
tout contexte signifiant : nous avons remarqué que des mots
isolés, c'est-à-dire en dehors de tout contexte de communication,
sont écrits dans un coin du tableau. Un mot n'a de sens que dans un
contexte et ne devrait être écrit que dans un énoncé
linguistique pertinent qui rendrait son sens manifeste pour les apprenants.
En somme, une si malheureuse utilisation du tableau noir
semble trahir le manque de professionnalisme des professeurs.
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