L'ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE DE LA LECTURE
AU COLLEGE EN AFRIQUE NOIRE
Dr Martin GUIMFAC
L'ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE DE LA LECTURE AU COLLEGE
EN AFRIQUE NOIRE
Cas de quelques collèges de
Brazzaville
A mon épouse,
à mes enfants ...
et, à titre posthume,
à Sa Majesté Ymelé Ier
REMERCIEMENTS
Nous rendons un hommage mérité à Monsieur
le Professeur Paul NZETE qui a joué un rôle inestimable dans la
formation de notre esprit scientifique. Nous n'oublierons jamais la courtoisie
avec laquelle il nous a toujours reçus et la rigueur qu'il nous a
imposée au plan méthodologique.
Que Monsieur Raphaël BANZOUZI qui a assuré la mise
en pages de cette étude ainsi que Messieurs Martin TSAFACK et Norbert
MOBENZA qui nous ont assistés au plan du traitement statistique des
données, trouvent à travers ces mots l'expression de notre
profonde reconnaissance.
INTRODUCTION
Les systèmes éducatifs des pays africains
francophones subsahariens font l'objet de solides critiques parce qu'ils
dispensent des enseignements peu pertinents, confèrent une formation
obsolète et ne favorisent pas l'intégration des apprenants dans
leur milieu socioculturel et socio-économique. Les Africains s'en
plaignent et dénoncent la baisse des rendements scolaires,
particulièrement en lecture qui est désormais au coeur de tous
les débats sur l'éducation au point où l'échec de
son enseignement-apprentissage est perçu comme celui de toute la
scolarité.
La lecture est pour l'apprenant un moyen indispensable
d'accès aux autres disciplines scolaires. Elle constitue pour l'adulte
un nécessaire outil d'accès à la presse, aux documents
administratifs usuels et à la culture.
Il importe pour améliorer la qualité de
l'enseignement-apprentissage en général de perfectionner celle de
l'enseignement-apprentissage de la lecture en particulier, discipline
fondamentale et compétence transversale. C'est pour partager ce souci
que la présente étude porte sur l'enseignement-apprentissage de
la lecture. Il est certain qu'il existe en Afrique noire comme ailleurs de
nombreux travaux sur ce thème. Ces travaux ont porté soit sur
l'analyse de l'acte de lire, soit sur les difficultés liées
à son enseignement- apprentissage, à son évaluation ou
encore sur d'autres aspects.
Nous indiquons quelques-unes de ces études notamment la
pratique de la lecture à l'école, les méthodes de lecture,
les difficultés d'apprentissage de la lecture, l'évaluation de la
lecture, l'impact des bibliothèques et des centres de documentation et
d'information sur les rendements scolaires, la place de la lecture dans les
exercices littéraires, la physiologie de la lecture, les
compétences de lecteur, l'enseignement-apprentissage de la lecture
expliquée en 6ème dans une classe à large
effectif1(*), l'implantation
de l'industrie du livre en Afrique noire. Néanmoins, de nombreuses
pistes d'étude sont encore inexploitées.
D'autres sont insuffisamment approfondies et de ce fait
méritent des études complémentaires.
1. Délimitation du sujet
L'étude porte sur l'enseignement-apprentissage de la
lecture au collège en Afrique noire et particulièrement en
République du Congo2(*). La lecture concerne plusieurs types de supports, mais
dans le cadre de la présente étude nous nous limitons au support
textuel écrit en français.
Nous avons choisi la classe de 3ème parce
qu'elle constitue la passerelle entre le premier degré et le second du
cycle secondaire. Elle est également la classe au terme de laquelle,
l'apprenant peut soit s'engager dans la vie professionnelle, soit poursuivre
ses études au second degré du même cycle à
l'enseignement général ou technique et professionnel.
Brazzaville, capitale politique de la République du
Congo, peut être considérée comme type de microcosme
linguistique national. En effet, l'espace linguistique national comporte le
français comme langue officielle3(*), deux langues nationales véhiculaires (le
lingala et le kituba) et des langues vernaculaires. En considérant les
populations autochtones, Brazzaville est constituée de deux zones
sociolinguistiques mais à l'heure actuelle, nous pouvons diviser cette
ville en trois zones.
- zone A : elle est composée des arrondissements
de Makélékélé, de Bacongo et de la partie sud de
l'arrondissement de Mfilou. Tous types de langues y cohabitent : le
véhiculaire congolais kituba, le français et des langues
vernaculaires des départements de la zone sud de la République du
Congo.
- zone B : elle compte les arrondissements de Poto-Poto
et de Moungali, où sont parlés les deux véhiculaires
nationaux (lingala et kituba), le français et les autres langues
africaines. Ces arrondissements sont partiellement peuplés des
ressortissants d'autres pays africains notamment ceux qui parlent le
bambara4(*), le
wolof5(*).
- zone C : elle comprend les arrondissements de
Ouenzé, de Talangaï et de la partie nord de l'arrondissement de
Mfilou. Les citoyens y parlent principalement le lingala, le français et
les langues vernaculaires des départements de la zone nord de la
République du Congo.
Nous aurions souhaité étendre cette étude
à l'ensemble des établissements de l'enseignement secondaire
premier cycle de la ville de Brazzaville. Elle aurait impliqué tous les
apprenants admis en classe de 3ème, dont l'âge varie
entre 12 et 20 ans, au titre de l'année scolaire 2003 - 2004. La
modicité de notre budget de recherche et le temps imparti pour une
étude de ce niveau ne nous l'ont pas permis. C'est pourquoi, nous
n'avons retenu que les établissements suivants :
- le collège d'enseignement général
Angola Libre, dans la première zone sociolinguistique,
- le collège d'enseignement général du 8
février 1964, dans la deuxième zone sociolinguistique,
- le collège d'enseignement général
Lheyet Gaboka, dans la troisième zone sociolinguistique.
2. Définition des concepts
Dans l'intitulé du sujet, les concepts d'enseignement,
de lecture et d'enseignement-apprentissage de la lecture méritent
d'être expliqués. En effet, chaque concept est compris sous
plusieurs acceptions, mais nous avons préféré celles qui
conviennent au contexte de l'étude.
Le terme enseignement fait référence
à l'action de transmettre des connaissances. Il désigne la
manière de traduire en éléments simples, cohérents
et transmissibles le savoir scolaire à partir duquel l'apprenant doit
construire son propre savoir aux différents stades de sa progression.
L'enseignement consiste aussi à préparer les conditions pour que
l'apprentissage se réalise selon le mode transmissif ou en fonction du
profil d'apprentissage de l'apprenant selon le mode constructiviste. Les
études de neuroscience montrent que les apprenants réussissent
mieux lorsque le style d'enseignement est adapté à leur style de
pensée. Les chercheurs ont identifié depuis longtemps des styles
d'apprentissage différents selon que l'hémisphère
cérébral dominant du sujet est gauche ou droit. Si
l'hémisphère cérébral du sujet est gauche, il
apprend mieux de façon analytique en allant du détail à
l'ensemble et grâce à une représentation
séquentielle. S'il est droit, il apprend mieux de façon globale
en allant du tout à la partie et en appréhendant
simultanément les objets d'apprentissage à acquérir. Ce
type d'apprenant apprécie les représentations visuelles avec des
croquis et des schémas. Il recourt souvent à des analogies.
En situation d'enseignement-apprentissage, le professeur a
intérêt à utiliser successivement les deux modes de
présentation (global et analytique) des données à
dispenser. Faute de quoi, il risquerait de conduire inéluctablement
à l'échec les apprenants globaux soumis à un enseignement
analytique et vice versa. C'est probablement ce qui semble expliquer le fort
taux d'échec scolaire que l'on rencontre fréquemment dans de
nombreux pays d'Afrique noire. Cela implique de la part du professeur une bonne
formation psychopédagogique et une information suffisante sur les
programmes, les supports didactiques et pédagogiques ainsi que sur le
niveau de langue des apprenants auxquels il doit faire face.
L'apprentissage désigne le processus
d'acquisition des connaissances, des habiletés (savoir-faire) ou des
attitudes (savoir être) par un apprenant. Il peut également faire
référence aux connaissances, aux habilités ou aux
attitudes qu'un apprenant peut développer. Le processus d'apprentissage
se réalise soit à partir du mode transmissif soit à partir
du mode constructiviste. Le mode constructiviste intéresse, selon
Philippe Jonnaert (2002) :
- la dimension constructiviste du processus d'appropriation et
de construction des connaissances par un sujet ;
- la dimension interactive de ce même processus, puisque
les connaissances du sujet y sont mises en interaction avec l'objet à
apprendre ;
- la dimension socio puisqu'il s'intéresse aux
apprentissages en contexte scolaire à propos des savoirs
codifiés6(*).
En bref, l'apprentissage scolaire est un processus dynamique
par lequel un apprenant, à travers une série d'échanges
avec ses camarades et l'enseignant, met en interaction ses connaissances avec
des savoirs. Il le fait généralement dans le but de construire de
nouvelles connaissances adaptées aux contraintes et aux ressources de la
situation à laquelle il est confronté dans l'objectif d'utiliser
ses nouvelles connaissances dans des situations non didactiques.
La lecture s'inscrit en effet dans le schéma
du fonctionnement général de la communication dans la mesure
où elle apparaît dans une situation de communication
écrite. En effet, lire c'est tenir dans une situation de communication
le rôle du récepteur c'est-à-dire celui de s'approprier la
quintessence du message que le texte est censé véhiculer.
A propos de l'enseignement de la lecture, il nous
paraît utile d'esquisser un bref aperçu historique des
méthodes. La littérature sur les méthodes d'enseignement
de la lecture fait successivement état des méthodes
épellative, syllabique, phonétiques, globale, semi-globale et
phonologiques7(*).
La méthode épellative
Elle part de ce qui paraît simple (la lettre) vers ce
qui est complexe (le mot puis la phrase). L'apprentissage se fait du
particulier au général et du simple au complexe.
La méthode syllabique ou synthétique
Elle a remplacé la méthode épellative. La
combinatoire devient au centre de l'apprentissage. Le travail sur des
associations consonnes/voyelles tente d'établir une correspondance entre
le son et la (les) lettre(s), ce qui doit permettre à l'apprenant de
passer du son à la lettre et vice versa (association son/signe).
Les méthodes phonétiques
Ce sont les méthodes syllabiques qui, au lieu de partir
des lettres, partent des sons pour aboutir à leur écriture. Le
terme « lettre » est remplacé par celui de
« son » ou « lettre-son ».
La méthode globale
Contrairement à la méthode syllabique
axée sur une technique d'apprentissage : déchiffrer ou
décoder, la méthode globale est centrée sur l'apprenant.
Cette méthode a l'avantage de tenir compte du développement
psychologique, des pré-requis, de l'expérience et des
intérêts de l'apprenant. Elle prend en compte ce qu'il est et ce
qu'il sait.
Nous signalons que malgré cet avantage supposé,
le ministre français de l'Education Nationale (2005) a
décidé de supprimer la méthode globale parce qu'il la juge
responsable des difficultés d'apprentissage de la lecture des
élèves8(*).
Parmi les variantes de la méthode globale, nous
citerons celle idéo-visuelle du Docteur Ovide Decroly (1976) et celle
naturelle de Célestin Freinet (1964). S'appuyant sur les bases
théoriques de la méthode globale, le Docteur Ovide Decroly (1976)
a mis au point une méthode pour apprendre à lire à des
élèves handicapés mentaux. Cette méthode met en
relation une situation vécue et l'écrit qui la raconte ou la
provoque. On passe de l'idée à l'écrit, et lire devient
une activité idéo-visuelle.
Lire et déchiffrer sont deux activités
différentes : lire, c'est construire du sens ;
déchiffrer c'est utiliser des symboles (lettres). La méthode
idéo-visuelle est en fait une méthode globale qui supprime le
déchiffrement.
La méthode naturelle de Célestin Freinet (1964)
est basée sur le besoin naturel des enfants de s'exprimer par le
langage, le dessin, l'écriture et la danse. La lecture et
l'écriture sont étroitement liées. Dans l'apprentissage,
l'enseignant développe parallèlement chez l'apprenant tant le
besoin de lire que celui d'écrire dans un souci de communication
vraie.
Les méthodes semi-globales
Elles tirent de la méthode globale le principe suivant
lequel lire n'est pas déchiffrer les mots mais appréhender
globalement le sens d'un texte. Elles empruntent à la méthode
syllabique le principe selon lequel ce savoir-faire suppose la maîtrise
de la combinatoire ; cette maîtrise du code n'étant pas une
fin en soi mais un moyen pour bien lire des textes.
Les méthodes phonologiques
Elles font référence aux méthodes mixtes
qui ont le souci de traiter de façon plus scientifique la correspondance
son/signe graphique. Les sons sont transcrits grâce à l'alphabet
phonétique international (API) évitant les égalités
telles que in = ain = ein, par exemple, que l'on trouve dans les
méthodes phonétiques.
A l'heure actuelle, l'enseignement de la lecture se
caractérise en France par deux courants. Pour le premier, enseigner
à lire c'est donner les moyens de reconnaître et de
mémoriser des mots pour pouvoir comprendre ensuite des textes. Pour le
second enseigner à lire, c'est effectuer les opérations mentales
par lesquelles on comprend les écrits sociaux9(*).
Le premier courant s'appuie sur les méthodes
synthétique, globale, mixte et celle naturelle de Célestin
Freinet (1964) ainsi que sur l'approche « Ecrit-livre » de
Fijalkow (1994). Le second est animé par Jean Foucambert (1980) et
l'Alliance Française pour la Lecture (AFL) ainsi que par l'équipe
Charmeux (1998)10(*).
Après cet inventaire des méthodes d'enseignement
de la lecture, nous nous inspirons des orientations énoncées par
IPAM (1993)11(*) pour
mettre au point une approche de l'enseignement de la lecture. Au nom de cette
dernière, l'enseignant n'a plus pour objectif d'enseigner la lecture
mais d'aider l'élève à apprendre à lire, bref de
former un lecteur.
Pour cela, il a le devoir de :
- faire découvrir à l'apprenant le plaisir et
les profits qu'il pourra tirer du
« savoir-faire » ;
- susciter chez l'apprenant le goût de pratiquer la
lecture pour que ce savoir-faire ne se détériore pas. Parce que
s'il arrivait à se détériorer, l'illettrisme prendrait
place. L'illettrisme désigne l'état de celui ou celle qui, bien
qu'ayant été scolarisé(e), a perdu l'usage habituel de la
lecture et de l'écriture.
Ainsi, l'enseignement de la lecture consiste à former
des lecteurs compétents, capables de comprendre tout type d'écrit
et de savoir s'en servir. Nous convenons avec Jean Foucambert (2001) que :
Etre lecteur, c'est vouloir rencontrer ce qui se passe
dans la tête d'un autre pour mieux comprendre ce qui se passe dans la
sienne12(*).
A notre avis, enseigner consiste à créer les
conditions matérielles et psychologiques nécessaires pour que
l'apprentissage ait lieu, puisqu'il est un processus qui ne se réalise
que dans le cerveau de celui qui apprend. Tout élève de la classe
de 3ème est déjà lecteur, si peu que ce soit.
Il est donc question de prendre en compte ses compétences de lecteur et
de les développer.
3. Problématique
La problématique comprend le contexte de
l'étude, l'énoncé de la question de recherche et les
hypothèses (dont une générale et les autres
secondaires).
A.
Contexte de l'étude
En dépit de la fonction culturelle de la lecture, de
nombreux citoyens alphabétisés en Afrique noire en
général et en République du Congo, en particulier,
n'accordent pas à la lecture tout l'intérêt qu'elle
mérite. Il arrive par exemple qu'en gare, bien que disposant d'un
tableau indiquant l'heure d'arrivée d'un train, les voyageurs se
précipitent au guichet pour réclamer la même information.
Il en est de même des voyageurs par avion et par bateau. Un tel
comportement est fréquent dans toute l'Afrique noire.
A l'école quand bon nombre d'apprenants parcourent un
support écrit, ils ne savent pas saisir l'agencement des signes
graphiques pour élaborer du sens. Ils passent souvent du temps à
revenir fréquemment en arrière, à sub-vocaliser ou
à ânonner. En fin de compte, beaucoup d'entre eux restent au stade
de liseurs, selon la grille qui a été préconisée
par Jean Foucambert (1993)13(*) et au niveau du déchiffrage comme l'indique le
constat suivant :
De nombreux élèves en fin de cycle primaire
ne maîtrisent pas les outils de base que sont la lecture,
l'écriture, le calcul. Par exemple, ils savent déchiffrer un
texte, mais n'en comprennent pas le sens14(*).
A Brazzaville comme partout ailleurs en Afrique noire, par
imitation de la pratique enseignante, certains apprenants de l'école
primaire tout comme quelques-uns de la classe de 3ème
parcourent les syllabes et les mots en se guidant d'une règle ou tout
simplement de leur doigt. D'autres reviennent fréquemment en
arrière et font de la sub-vocalisation, ou reprennent le texte quand ils
sont invités à répondre à une question y relative
alors qu'ils l'ont préalablement parcouru. Voilà pourquoi
Gérard Vigner (1979) affirme, et nous partageons entièrement cet
avis, que :
La lecture telle qu'elle est pratiquée à
l'école a fait ces dernières années l'objet de critiques
fort vives15(*).
En effet, ce sont souvent les méthodes qui sont
incriminées. Les méthodes synthétiques sont
critiquées parce que :
A force d'ânonner des syllabes qui ne veulent rien
dire, les enfants perdent le goût de la lecture16(*).
A celles dont l'approche est globale, il est reproché
le fait que :
Les enfants ont tellement l'habitude de survoler le texte,
tellement l'habitude de l'à peu-près qu'ils n'ont aucune notion
de l'orthographe17(*).
Il convient de rappeler que le savoir-faire ne dépend
pas seulement des méthodes. Le débat sur les méthodes est
donc non pertinent. Le savoir-faire prend en compte l'environnement, les
pratiques, les supports, le lecteur lui-même et le contexte
d'enseignement-apprentissage.
Pour toutes ces raisons, nous pouvons convenir avec IPAM
(1995) que :
Enseignants et parents d'élèves, pour une
fois d'accord, admettent que de nombreux enfants quittent l'école sans
savoir lire18(*).
Ce constat d'échec de l'enseignement-apprentissage de
la lecture apparemment plus dénoncé au cycle primaire est
sensiblement le même à l'enseignement secondaire. Il est en effet
peu probable que les difficultés accumulées depuis plusieurs
années en lecture à l'enseignement primaire par un écolier
se transforment en succès à l'enseignement secondaire premier
cycle. La preuve est régulièrement donnée dans la
littérature que les difficultés de la lecture accumulées
à l'enseignement primaire se perpétuent ordinairement par la
suite. C'est ce qui semble expliquer un avis comme celui qui suit. Dans le
document d'accompagnement du programme des classes de 3ème
des collèges de France, il est notamment écrit :
Nombre d'élèves, en 3ème,
ont encore de difficultés de lecture et du mal à lire
personnellement des textes longs19(*).
Les auteurs de l'Institut Panafricain et Malgache
(1996) constatent globalement que :
Les élèves africains ont d'énormes
problèmes d'accès aux connaissances par le
français20(*).
Ces difficultés se présentent aussi bien
à l'oral qu'à l'écrit et concernent à la fois les
écoliers et les élèves des collèges aussi bien
français qu'africains.
B.
Enoncé de la question de recherche
Eu égard au constat d'échec de
l'enseignement-apprentissage de la lecture que nous avons susmentionné,
comment changer le comportement des professeurs et des apprenants afin de
contribuer à l'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture en classe de
3ème ?
Ce problème implique le questionnement
suivant :
- Certains éléments du milieu socioculturel de
résidence favorisent-ils l'enseignement-apprentissage de la lecture en
classe de 3ème ?
- La possession du manuel contribue-t-elle à
l'amélioration de la qualité de l'enseignement-apprentissage de
la lecture en classe de 3ème ?
- L'introduction des innovations dans les pratiques
pédagogiques actuelles favorise-t-elle l'amélioration de la
qualité de l'enseignement-apprentissage de la lecture en classe de
3ème ?
C.
Hypothèse générale
Nous pensons qu'un milieu socioculturel de résidence
propice à la lecture, un minimum de support d'enseignement-apprentissage
et l'innovation des pratiques pédagogiques contribuent à
l'amélioration de la qualité de son
enseignement-apprentissage.
Cette hypothèse générale donne lieu
à trois hypothèses secondaires :
- Certains éléments du milieu de
résidence de l'apprenant favorisent mieux l'enseignement-apprentissage
de la lecture en classe de 3ème.
- Un minimum de support d'apprentissage de la lecture
contribue à améliorer la qualité de son
enseignement-apprentissage en classe de 3ème.
- L'innovation des pratiques pédagogiques en lecture
contribue à l'amélioration de la qualité de son
enseignement-apprentissage en classe de 3ème.
Après avoir exposé nos hypothèses de
recherche (générale et secondaires), nous présentons les
objectifs et l'intérêt de l'étude.
4. Objectifs et intérêt de l'étude
Notre objectif c'est-à-dire les buts que nous nous
proposons d'atteindre, en entreprenant cette étude, constituent nos
objectifs d'étude.
Ces objectifs sont de deux ordres : les
objectifs généraux et les objectifs spécifiques.
Objectifs généraux :
- Comprendre les difficultés relatives au contexte et
les causes d'échec de l'enseignement-apprentissage de la lecture dans
les collèges d'enseignement général.
-Proposer des perspectives d'amélioration de la
qualité de l'enseignement-apprentissage de la lecture.
Objectifs spécifiques :
- Identifier les causes d'échec de
l'enseignement-apprentissage de la lecture.
- Estimer l'impact de la nature du milieu de résidence
et le niveau d'équipement des apprenants sur les résultats
scolaires en enseignement-apprentissage de la lecture.
- Analyser les pratiques pédagogiques actuelles.
- Expérimenter les innovations pédagogiques.
- Proposer les perspectives d'amélioration de la
qualité des prestations des professeurs en enseignement-apprentissage de
la lecture.
- Présenter les propositions relatives aux grands
champs pédagogique et didactique.
L'avantage que l'on peut tirer de notre étude
intéresse le domaine dans lequel l'étude peut être utile.
Elle vise à :
- Participer à l'élaboration du corps de
connaissances dans le domaine de l'enseignement-apprentissage de la lecture en
contexte de Français Langue Seconde (FLS) où le français
est une langue partenaire et non une langue de domination.
- Soumettre les pistes actuelles d'enseignement-apprentissage
de la lecture à l'épreuve de l'expérimentation.
- Proposer à la réflexion des enseignants, des
chercheurs, et des inspecteurs de l'enseignement certaines informations
relatives à l'enseignement-apprentissage de la lecture sans manuels afin
qu'ils évaluent les forces et les limites de telles initiatives.
5. Méthodologie
Notre méthodologie comprend les fondements
théoriques, la méthodologie de la collecte des données et
celle de l'analyse des résultats.
A.
Fondements théoriques
Nous nous sommes inspirés pour l'essentiel des travaux
de douze auteurs : Jean Foucambert, Eveline Charmeux, Gérard
Vigner, Brigitte Chevalier, Noëlle Pardon, Anne Torunczyk, Emile Javal,
Michèle Bedouet, Frédérique Cuisiniez, Bernard Malonga,
Marc Talansi et Sylvain Bemba.
Eveline Charmeux (1998) dans La lecture à
l'école21(*)
et La lecture au collège22(*) définit la lecture et les objectifs d'une
pédagogie de la lecture, tandis que dans Apprendre à lire,
échec à l'échec23(*), elle présente les enjeux de
l'enseignement-apprentissage de la lecture et analyse les difficultés
relatives à son enseignement-apprentissage. En effet, elle prend comme
point de départ les travaux de Jean Foucambert (1980) qui consacrent la
lecture idéale, celle du lecteur accompli. Elle décrit cette
lecture comme idéo-visuelle parce qu'elle consiste à
prélever les indices purement visuels qui permettent de
reconnaître immédiatement les mots écrits et de leur
associer un sens. Selon une telle approche, lire est une activité de
discrimination visuelle et de recherche de sens. Lire implique à la fois
les composantes du savoir-faire fondées sur l'habileté de l'oeil
et de l'intelligence.
Gérard Vigner (1979) dans Lire : du texte au
sens24(*) montre
comment la lecture s'inscrit dans le fonctionnement général de la
communication et en constitue une modalité.
Dans son article « Lecture : les
compétences à développer », Noëlle Pardon
(1993) définit les compétences de lecteur : la vitesse,
l'oeil panoramique, l'oeil habile, la mémoire fidèle et la
capacité à anticiper et à reconstituer25(*).
Dans Bien lire au collège, textes et
exercices d'entraînement progressifs, niveau 2, Brigitte
Chevalier (1986) approfondit l'étude des compétences de lecteur
et préconise les exercices intermédiaires de la lecture qui
visent à exercer le champ de vision, à accroître
l'habileté visuelle et intellectuelle, à renforcer la
faculté d'anticiper et de reconstituer d'un lecteur, de saisir la
structure et le sens d'un texte26(*).
Anne Torunczyk (2000) définit trois stratégies
de lecture dans L'apprentissage de l'écrit chez les adultes :
Cheminements du savoir lire-écrire :
- La reconnaissance de mots que le lecteur a
mémorisés ;
- le décodage syllabe après
syllabe ;
- le devinement lorsque le mot est plus complexe et que le
contexte le permet27(*).
Dans Physiologie de la lecture et de
l'écriture, Emile Javal (1996) expose les mécanismes
physiologiques de la lecture28(*) et établit les liens entre la lecture et
l'écriture ainsi que l'antériorité de l'un sur l'autre de
ces savoir-faire.
Michèle Bedouet et Frédérique Cuisiniez
(1997) montrent dans Lire : soyez rapide et efficace que lire est
une activité complexe et mystérieuse qui associe des aspects
physiologiques, cognitifs et psychologiques29(*). Elles affirment par ailleurs que :
Il y a autant de lectures que d'objectifs
poursuivis ; la lecture peut être une détente, une
distraction, une occasion d'apprentissage, de compréhension,
d'information, de dialogue avec un auteur30(*).
Bernard Malonga (1989) établit la projection d'un cadre
théorique pour l'étude de la lecture chez l'enfant congolais.
Marc Talansi (1989) examine ce que lisent les Congolais. Sylvain Bemba (1985)
se demande comment parvenir à une société de lecture au
Congo et esquisse quelques pistes pour y parvenir.
B.
Méthodologie de collecte des données
La stratégie de collecte des données repose sur
l'enquête pour les deux premières hypothèses secondaires,
et la méthode expérimentale pour la troisième. Avant de
procéder à l'enquête, nous avons testé les
instruments préconisés sur un échantillon réduit.
C'est la pré-enquête qui a pour but de :
- vérifier si les sujets visés disposent de
pré-requis linguistiques et culturels suffisants pour répondre au
questionnaire et traiter les épreuves des tests ;
- recenser les éventuels problèmes susceptibles
de se poser à l'occasion de l'administration des tests et d'envisager
les palliatifs ;
- estimer la durée des épreuves des
différents tests (test de pré-apprentissage et celui de
post-apprentissage) ;
- fixer définitivement la taille de
l'échantillon expérimental.
La pré-enquête est constituée de
l'exploitation documentaire, de l'observation de la pratique de la classe et de
l'administration du questionnaire à quinze apprenants afin de collecter
les informations sur le milieu socioculturel auquel ils appartiennent ainsi que
sur leur niveau d'équipement scolaire.
L'exploitation documentaire nous a permis de retenir les
informations permettant de constater que le sujet est traitable, que les
travaux ont été faits sur ce thème, que la documentation
existe et est en partie accessible.
La collecte des données a consisté à
soumettre l'échantillon expérimental au questionnaire et aux
différents tests. Le test de pré-apprentissage (ou
évaluation initiale) sert à vérifier si les apprenants des
groupes expérimentaux et ceux des groupes témoins ont au
départ des compétences sensiblement égales en lecture. Le
test de post-apprentissage (ou évaluation terminale) vise à
montrer que les résultats des apprenants des groupes
expérimentaux se sont améliorés par rapport à ceux
de leurs camarades des groupes témoins.
C.
Méthodologie d'analyse des résultats
Nous avons retenu trois stratégies : l'analyse
qualitative, l'analyse statistique (ou probabiliste) et l'analyse
multi-variée (ou analyse factorielle). Nous nous servons de l'analyse
qualitative pour la vérification des deux premières
hypothèses secondaires.
Les résultats des tests étant des données
quantifiables, et suffisamment nombreuses pour faire intervenir la loi des
grands nombres, nous recourons à l'analyse statistique qui vise à
établir des relations mathématiques entre les variables retenues
en vue de la vérification de la troisième hypothèse
secondaire.
L'analyse multi-variée désigne l'ensemble des
méthodes d'analyse faisant intervenir plusieurs variables. Elle permet
d'analyser l'effet des facteurs qualitatifs et celui des effets
conjugués des variables qualitatives sur nos résultats
d'étude.
Ainsi, elle paraît mieux indiquée pour
vérifier l'hypothèse générale, cette réponse
anticipée au problème qu'il s'agit de confronter aux
résultats de l'observation ou de la démonstration pour la
confirmer ou l'infirmer.
Dans tous les cas, l'analyse multi-variée est la
stratégie que nous avons privilégiée car les analyses
(qualitative et statistique) ne fournissent que les éléments
susceptibles de fiabiliser l'analyse factorielle. Nous rappelons que l'analyse
multi-variée ou factorielle dans le cadre de la présente
étude fait référence à l'ensemble de
méthodes d'analyse qui font intervenir différentes
caractéristiques individuelles et contextuelles des sujets sur lesquels
nous avons enquêté.
6. Difficultés rencontrées
Les difficultés sont les facteurs qui ont rendu notre
enquête de terrain très ardue. Au cours de l'étude, nous
avons été confrontés à une difficulté
principale : le manque de manuels de lecture dans les classes. Les manuels
de lecture font défaut dans les classes à tel point que certains
chercheurs émettent le point de vue suivant que nous partageons
entièrement :
Du fait de la paupérisation des classes moyennes et
même des élites dans certains pays, le manuel scolaire devient une
denrée rare dans les salles de classe aujourd'hui en Afrique31(*).
Nous nous demandons comment imaginer un cours de lecture
expliquée ou de lecture suivie et dirigée sans livres ou avec
seulement deux textes pour une centaine d'élèves.
Pour soutenir notre étude parce nous avons
estimé qu'il n'est pas possible d'évaluer la pertinence des
pratiques pédagogiques en lecture sans support d'apprentissage, nous
avons pu obtenir gracieusement des Editions Classiques d'Expression
Française (EDICEF) les manuels suivants :
- 40 exemplaires de La 3ème en
français32(*) ;
- 40 exemplaires de Le français en
3ème33(*).
La moitié de cette documentation a malheureusement
été volée lors d'un cambriolage à l'Institut
National de Recherche et d'Action Pédagogiques (INRAP) au point
où nous n'avons en fin de compte mis à la disposition des
établissements d'expérimentation que les quantités
suivantes :
- 20 exemplaires de Le français en
3ème au collège d'enseignement
général Angola libre ;
- 14 exemplaires de La 3ème en
français au collège d'enseignement général du
8 février 1964.
Nous n'avons pas remis des manuels de lecture au
collège d'enseignement général Lheyet Gaboka.
L'expérimentateur de cet établissement a dû procéder
à la photocopie des textes dans les manuels disponibles au
collège d'enseignement général du 8 février 1964.
Malheureusement ces livres n'ont pas été
distribués aux apprenants, comme nous l'avions voulu. Ce n'est qu'au
cours de la lecture que trois ou quatre apprenants sont regroupés autour
d'un livre ou d'une photocopie. Les livres sont utilisés dans ces
conditions aussi bien par les apprenants du groupe expérimental que par
ceux du groupe témoin. Finalement la manipulation individuelle de
l'objet-livre et le travail extrascolaire, qui auraient pu contribuer à
favoriser l'apprentissage et la pratique de la lecture n'ont pu avoir lieu.
Par ailleurs, nous avons identifié
certains ouvrages auxquels nous n'avons pu accéder parce qu'ils
n'existent pas dans les lieux de lecture de notre ville. La navigation sur
Internet nous a révélé l'existence des travaux qui
malheureusement ne reflètent pas tout à fait notre champ
d'investigation. Par exemple, les études de Jésus Alegria du
Laboratoire de psychologie expérimentale de l'Université Libre de
Bruxelles sur « Lecture, phonologie et surdité ».
En revanche, nous n'avons pu accéder qu'à
quelques extraits des travaux de Cécile Bauvillain, professeur de
psychologie à l'Université de Paris, sur l'acquisition et
l'intégration de l'information visuelle pendant la lecture qui ont
retenu toute notre attention. Toutefois, l'accès aux
bibliothèques privées de certains professeurs de l'enseignement
supérieur de Brazzaville nous a été d'un très grand
secours.
7. Principales articulations
Dans la présentation qui va suivre, nous abordons les
pratiques pédagogiques actuelles qui sont à la fois
surannées et non conformes aux instructions officielles. Puis, nous
mettons en place les instruments de collecte des données, testons leur
validité et déterminons définitivement notre
échantillon expérimental à partir de la
pré-enquête.
Par la suite, nous procédons à la collecte des
données et choisissons le test statistique, en l'occurrence celui de
Fischer Snédecor, la procédure de traitement et l'analyse des
données. Aussi, présentons-nous les résultats de notre
étude, les effets des facteurs indépendants et ceux
conjugués des variables qualitatives sur les résultats des
variables quantitatives. En outre, nous interprétons nos
résultats d'étude (constitués des moyennes des
enquêtés aux différents tests) et les soumettons par
ailleurs à une analyse contradictoire. Ensuite, nous exposons le recours
aux innovations pédagogiques, point d'orgue de l'étude. Il est
constitué du protocole expérimental que nous avons mis en oeuvre
pendant l'année scolaire.
Enfin, nous présentons les perspectives. Ordinairement,
elles portent sur les grands champs pédagogique et didactique. En plus
de ces domaines, nous proposons les suggestions relatives à la
contribution du milieu (au triple plan affectif, cognitif et d'action), et
à l'importance du support pluriel d'apprentissage, même si son
manque ne constitue plus de nos jours un handicap incontournable à
l'enseignement-apprentissage de la lecture. Les perspectives concernent aussi
la nécessité de recourir à un nouveau profil d'enseignants
et à l'approche par compétences.
Nous signalons que le traitement des données d'une part
et la présentation des effets des facteurs indépendants sur nos
résultats d'autre part constituent les chapitres les plus denses de
notre étude, eu égard au nombre important des
caractéristiques individuelles et contextuelles des sujets sur lesquels
nous avons enquêté.
CHAPITRE I
PRATIQUES PEDAGOGIQUES ACTUELLES
L'observation de la pratique de la classe que nous avons
faite, nous a permis de relever à la lumière de notre
expérience professionnelle des forces et des faiblesses de la
manière dont procèdent les professeurs tant dans la
préparation écrite que dans la conduite des séances
pédagogiques.
Nous n'avons pas cru utile de recenser dans le présent
chapitre les actes positifs posés par les professeurs parce que notre
souci majeur est la vérification de nos hypothèses de recherche
et par la même occasion de contribuer à améliorer les
pratiques pédagogiques défaillantes que nous avons
repérées. Avant d'analyser ces faiblesses, il nous semble utile
de présenter d'abord les supports pédagogiques actuels.
1. Les supports pédagogiques actuels
Les supports pédagogiques sont essentiellement
constitués d'extraits du programme et du guide pédagogique,
éléments indispensables pour fonder la traduction des contenus
éducatifs en actes d'apprentissage.
Un programme scolaire est un ensemble des matières et
des sujets sur lesquels doit porter un enseignement. Nous le considérons
comme un texte réglementaire et officiel qui sert de
référence nationale pour fonder dans chaque discipline, à
chaque niveau, le contrat d'enseignement, c'est-à-dire le cadre
à l'intérieur duquel l'enseignant doit opérer des choix
adaptés aux apprenants dont il a la charge.
Un programme a par ailleurs pour fonction d'établir une
clarification entre les différents niveaux de la scolarité et de
définir les compétences que les apprenants doivent
acquérir à chacun de ces niveaux.
L'article 25 de la loi d'orientation scolaire de la
République du Congo stipule que l'élaboration des programmes et
le choix des méthodes et moyens didactiques pour les appliquer doivent
tenir compte des objectifs pédagogiques.
Les programmes en vigueur sont conçus en terme de
curriculum, c'est-à-dire un ensemble complexe qui précise la
structuration pédagogique du système éducatif, les
finalités, les contenus éducatifs, certaines variables du
processus de formation ou d'éducation notamment les méthodes
d'enseignement-apprentissage, les modalités d'évaluation et la
gestion des apprentissages.
A.
L'extrait du programme
L'extrait du programme comprend le profil de sortie et les
objectifs d'apprentissage ainsi que les contenus notionnels. Le profil
désigne l'ensemble de compétences attendues d'un candidat au
terme de sa formation.
a)- Le profil des
élèves au sortir du 1er cycle du secondaire
Le premier cycle de l'enseignement secondaire
général vise l'élargissement et l'approfondissement de la
formation générale donnée par l'enseignement primaire en
vue de l'élévation des connaissances théoriques et
pratiques nécessaires à la poursuite ultérieure des
études.
Les élèves sortant des collèges
d'enseignement général seront capables de :
- Comprendre, communiquer de manière satisfaisante
à l'oral et à l'écrit dans la langue
d'enseignement ;
- Acquérir les compétences techniques...
Nous constatons que ce profil est rédigé en
termes d'objectifs or tous les profils rédigés en termes
d'objectifs génèrent ordinairement des forts taux d'échec
scolaire car la tendance est de réaliser les objectifs pour les
objectifs.
Cependant en République du Congo, le recours à
l'approche par compétences et, partant au constructivisme, permet de
juguler cette faiblesse présumée.
b)- Les Objectifs
d'apprentissage
Nous rappelons qu'il convient de distinguer les objectifs de
niveau A qui sont les finalités éducatives de ceux de niveau B
qui sont les buts éducatifs des objectifs d'apprentissage. Les objectifs
d'apprentissage comprennent les objectifs généraux et les
objectifs spécifiques accompagnés des contenus notionnels. Nous
précisons que ces objectifs spécifiques doivent être
opérationnalisés en vue d'une pratique effective de la classe.
Objectif général 2 : Comprendre des
supports écrits
Objectifs spécifiques
|
Contenus notionnels
|
2.1 Identifier les indices de sens, d'articulation logique et
d'articulation rhétorique.
|
Identification des indices :
- Support textuel
Indices de sens : thème, contexte, types de texte,
Idées, personnages, événements, enchaînement des
événements et des idées.
Indices d'articulation logique : mots de liaison.
Indices d'articulation rhétorique : figures de
style.
Outils :
Types de discours, temps et modes de conjugaison.
- Support iconographique : Bande dessinée,
Portrait, Tableau, Pyramide, Représentation graphique.
|
2.2 Lire différents types de textes.
|
Lecture de différents types de textes
Différents types de textes : descriptif,
historique, injonctif, argumentatif, informatif, scientifique, fonctionnel.
Manuel : La 3ème en
français, EDICEF.
|
2.3 Interpréter un texte lu, une iconographie ou un
film visionné
|
Interprétation d'un support lu ou visionné
Texte :
Reformulation des messages retenus
Iconographie ou film visionné :
Explication du plan, du champ visuel, de l'angle de prise de vue, des
symboles, des formes et des couleurs.
|
2.4 Illustrer un texte lu, une iconographie observée ou
un film visionné
|
Illustration par transposition d'un type de support à
l'autre
- du texte au plan ou à l'itinéraire.
- du texte au schéma ou à la bande
dessinée.
- de l'image au texte.
- de la bande dessinée au texte.
|
2.5 Distinguer la présentation matérielle des
genres littéraires
|
Présentation matérielle des genres
littéraires
- Genre romanesque (conte, nouvelle, roman)
- Genre dramatique (tragédie, comédie,
tragi-comédie)
- Genre poétique (vers libres, poème à
forme fixe)
|
Objectif général 3 : Produire des
messages oraux
Objectifs spécifiques
|
Contenus notionnels
|
3.8 Présenter le compte-rendu d'une lecture ou d'un
événement
|
Présentation d'un compte-rendu de lecture
Thème, idées, plan ou structure, personnages,
événements.
|
3.10 Reformuler un texte lu
|
Reformulation d'un texte
- Type de texte,
- Ton du texte,
- Contenu du texte,
- Reconstitution du message en d'autres termes.
|
Objectif général 5 : Acquérir
les compétences techniques
Objectifs spécifiques
|
Contenus notionnels
|
5.1 Utiliser les techniques et sources d'information
|
Techniques d'information :
- Enquête,
- Observation,
- Interview,
- Créativité
- Elaboration des fiches
Sources d'information :
- Bibliothèque, centre de documentation et
d'information
- Personne-ressource, presse écrite et audiovisuelle
|
5.2 Participer à la création d'une oeuvre
collective.
|
Réalisation d'une oeuvre collective :
- Projet
- Plan,
- Méthodes d'organisation du travail en groupes,
- Evaluation.
|
5.7 Etudier une oeuvre.
|
Etude d'une oeuvre :
Présentation, auteur, titre, structure, personnages.
Analyse, morceaux choisis, étude de quelques
thèmes, synthèse.
OEuvres : La carte d'identité,
Jean-Marie Adiafi
La dernière aimée, Rabiatou Njoya
|
5.8 Résoudre les problèmes de la vie
quotidienne.
|
Résolution d'un problème
Définition du problème,
Formulation des hypothèses de solution,
Testing des hypothèses selon les critères
définis,
Elaboration de la conclusion,
Application de la conclusion.
|
5.9 Clarifier une valeur
|
Clarification d'une valeur
Définition de la valeur
Formulation des hypothèses
Choix justifié d'une ou de plusieurs
hypothèses
Appréciation publique du choix opéré
Application ou non de l'hypothèse ou des
hypothèses choisies.
|
Nous rappelons que les deux types de lecture en cours en
classe de 3ème dans les collèges d'enseignement
général à Brazzaville comme partout en Afrique noire sont
la lecture expliquée et la lecture suivie et dirigée.
Les instructions officielles insistent sur la pratique de ces
deux types de lecture qui font l'objet d'apprentissage en classe de
3ème. La lecture expliquée assure la maîtrise du
texte par l'apprenant. La lecture suivie et dirigée le prépare
à l'entrée dans la littérature.
D'un crédit horaire d'une heure par semaine, la lecture
expliquée est pratiquée de la classe de 6ème
à celle de 3ème. Elle se rapporte à
l'étude d'extraits et vise à :
- renforcer les capacités de communication
écrite ;
- développer les techniques de lecture ;
- faciliter l'accès à la culture.
D'un crédit horaire d'une heure par semaine, la lecture
suivie et dirigée est inscrite au programme de la classe de
6ème à celle de 3ème. Elle concerne
l'étude des oeuvres et poursuit des objectifs d'ordre technique et
culturel pour :
- former les apprentis lecteurs ;
- enseigner aux apprenants à lire une oeuvre
complète ;
- améliorer la lecture des apprenants par la
consolidation de l'approche textuelle ;
- assurer le développement de la culture
littéraire des apprenants.
En effet, la lecture suivie et dirigée permet à
la fois d'accéder au contenu des messages qu'un texte est censé
véhiculer qu'au mode de fonctionnement de ses éléments
constitutifs ; le texte étant à la fois un tissu de sens et
un matériau de communication.
Il faut rappeler que les instructions officielles ne sont pas
des textes publiés dans le Bulletin Officiel comme c'est le cas en
France par exemple. En Afrique noire, elles sont soit des indications
d'accompagnement des programmes, soit des circulaires ministérielles.
En ce qui concerne la République du Congo, les
instructions officielles sont constituées des orientations
générales contenues dans le guide pédagogique du programme
dont l'extrait est ci-dessus présenté.
B.
L'extrait du guide pédagogique
Le guide pédagogique est un document officiel à
caractère indicatif destiné aux enseignants. Il propose des
moyens d'action permettant d'appliquer un programme
d'enseignement-apprentissage ou un manuel. Il est habituellement
préparé sous la responsabilité d'une institution
pédagogique reconnue en collaboration avec des enseignants.
Le guide pédagogique comprend pour l'essentiel les
orientations générales, la présentation du programme, le
commentaire des objectifs généraux et spécifiques, les
stratégies d'enseignement-apprentissage, les activités
d'apprentissage et d'évaluation ainsi que divers conseils pratiques
relatifs à la mise en oeuvre du programme d'étude.
a)- Orientations
générales et présentation du programme
A ce stade, nous présentons les orientations
générales qui font en fait partie des instructions officielles,
d'une part, et le programme d'étude d'autre part.
- Orientations générales
Les orientations générales font partie, comme
nous l'avons précédemment noté, des instructions
officielles. En effet, l'enseignement du français au collège
repose sur deux préoccupations essentielles :
- consolider (ou renforcer) les acquis du primaire ;
- préparer le passage au second degré du cycle
secondaire avec un nouveau type d'exercices et l'entrée dans la vie
professionnelle.
Le niveau de maîtrise de la langue visé doit
permettre à l'apprenant de faire face aux exigences du cycle et de
traiter des exercices d'un type nouveau auxquels il va dorénavant
être confronté.
L'enseignement-apprentissage est organisé en fonction
des besoins réels, des objectifs généraux et des objectifs
spécifiques dans les différents domaines de l'apprentissage d'une
langue, tout en étant envisagé comme un tout. Les
différents domaines d'enseignement-apprentissage d'une langue
sont : la compréhension, l'expression, et le développement
des compétences techniques acquises (réinvestissement).
La compréhension fait appel à des nouvelles
exigences, à l'oral comme à l'écrit, et s'évalue
à partir de supports divers : textes, iconographies, documents
sonores etc. L'expression orale qui est un pré-requis indispensable
à l'apprentissage de l'expression écrite est à ce titre
liée à l'expression écrite, même si les codes en
sont différents.
Une langue étant un tout, un instrument, son
utilisateur a le loisir de l'enrichir, d'en faire une exploitation personnelle
à l'école ou ailleurs, d'appréhender tous les autres
enseignements.
- Présentation du programme
Le programme de français au collège se
présente sous forme d'objectifs généraux et d'objectifs
spécifiques accompagnés de contenus notionnels. La
répartition des contenus éducatifs par niveau est un souci majeur
pour l'élaborateur du programme scolaire. La nécessité de
leur progression étant un critère indispensable à la
qualité d'une formation ou d'un apprentissage, soit les contenus
éducatifs varient d'un niveau d'étude à un autre, soit
leur degré de complexité change. Les objectifs spécifiques
varient d'un niveau à un autre en fonction des besoins, des
nécessités et des activités à réaliser.
En ce qui concerne les objectifs généraux, ils
restent les mêmes de la classe de 6ème à celle
de 3ème.
Objectifs généraux
|
6ème
|
5ème
|
4ème
|
3ème
|
1. Comprendre un message oral
2. Comprendre un support écrit
3. Produire des énoncés oraux
4. Produire différents types de textes
5. Acquérir les compétences techniques
|
+
+
+
+
+
|
+
+
+
+
+
|
+
+
+
+
+
|
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+
+
+
|
b)- Commentaire des objectifs
pédagogiques
Le commentaire des objectifs pédagogiques (ou
d'apprentissage) et des stratégies d'enseignement-apprentissage se
présente ainsi qu'il suit.
Enoncé de l'objectif général
2 : Comprendre des messages écrits
Commentaire :
Comprendre des messages écrits c'est saisir le sens
global et les significations de tout support écrit. Il s'agit de pouvoir
lire, c'est-à-dire donner du sens aux signes du code écrit. Pour
ce faire, l'apprenant doit s'entraîner à découvrir les
nuances du ton ainsi que les caractéristiques formelles (genre, type,
ton, courant littéraire, présentation typographique, situation
d'énonciation, éléments de paratexte), tout comme le
lexique, pour pouvoir découvrir par approches successives le ou les sens
du support qu'il lit.
Ainsi, l'enseignant doit familiariser l'apprenant avec la
découverte des indices de sens, de forme et de structure du support
considéré. Puis il doit l'amener à pouvoir manifester sa
compréhension par l'exécution des consignes liées audit
support. Ces différentes activités pourraient consister en la
réponse aux questions, la dramatisation, la reconstitution,
l'illustration ou la reformulation d'un point de vue motivé sur un
problème soulevé par le support en étude à
l'écrit ou à l'oral.
Enoncé de l'objectif spécifique :
2.1 Lire un texte écrit ou un extrait
Commentaire :
Lire un extrait consiste à aller à la
découverte du genre, du type et du ton du texte pour pouvoir construire
du sens. Pour ce faire, on va de l'exploitation des alentours du texte (titre,
illustration, notes...) à l'appropriation de la substance du message par
le lecteur. Il s'agit en effet de réaliser par approches successives les
étapes suivantes :
- Identification du genre, du type et du ton du
texte ;
- Repérage par analyse détaillée du
système d'énonciation, de l'organisation du texte, des mots, des
expressions et des figures de style, porteurs de sens et susceptibles de
commentaire.
- Exercice de la sensibilité personnelle par
l'exploitation de certains sentiments éprouvés par les
personnages ou suggérés par leur situation, et par la
verbalisation de ce que le lecteur a éprouvé.
- Rapprochement du message que le texte est censé
véhiculer du vécu quotidien par le bais d'une discussion
socioculturelle.
Stratégies d'enseignement relatives à la
lecture d'un texte
La stratégie désigne l'art de combiner des
opérations pour atteindre un but. Ces dernières comprennent les
étapes suivantes :
Préparation
- Choix de l'extrait ;
- Repérage d'éventuelles difficultés
lexicales, morphosyntaxiques ou culturelles.
Déroulement
- Consigne fixant les objectifs ;
- Lecture silencieuse ;
- Questionnement oral portant sur le repérage et
l'extraction des informations qui guideront l'exploitation du texte ;
- Exploitation détaillée passage par
passage ;
- Lecture individuelle des apprenants ;
- Questionnement portant sur la prise d'indices ;
- Questionnement portant sur la construction du sens ;
- Questionnement portant sur les détails de la
synthèse.
- Discussion socioculturelle
Les apprenants élaborent une discussion orale ou/et
écrite portant sur le rapprochement du message, que le texte est
censé véhiculer, de leur vécu quotidien.
Enoncé de l'objectif spécifique
2.1 Lire une iconographie
Commentaire
La lecture d'un support iconographique doit permettre
d'éduquer le regard, d'enrichir la sensibilité artistique, de
stimuler l'imagination, d'éveiller l'esprit critique et de
développer l'expression de l'apprenant.
L'analyse scripto-iconique suppose quatre
étapes :
- L'approche intuitive : l'impression qu'a produite le
document ;
- L'approche iconique : simple inventaire de ce qu'on
voit ;
- L'approche iconographique : inventaire de ce
qu'évoque ou suggère le document ;
- La synthèse : elle désigne une
opération mentale qui consiste à regrouper des faits épars
et à les structurer en un tout. Dans le cadre de
l'enseignement-apprentissage d'une iconographie, la synthèse fait
référence à un bref résumé du document
étudié.
Stratégies d'enseignement relatives à la
lecture d'une iconographie
Les stratégies d'enseignement-apprentissage comprennent
les étapes ci-après :
Préparation
Le professeur choisit le document, se donne une
interprétation et prend des dispositions pour le multiplier ou le mettre
au tableau.
Déroulement
- Le professeur présente le document et indique la
consigne.
- Le professeur demande l'impression que le document a
produite chez les apprenants.
- Le professeur indique la ou les pistes de déchiffrage
du document.
- Le professeur guide les apprenants pour réaliser la
synthèse du document.
- Le professeur invite les apprenants à traduire la
synthèse en résumé.
Enoncé de l'objectif spécifique
5.8 : Etudier une oeuvre
Commentaire
Etudier une oeuvre ne signifie pas qu'il faut la lire
entièrement en classe avec les apprenants. Ceux-ci doivent prendre le
temps de la lire individuellement avant les séances d'étude
qu'ils auront en classe avec le professeur.
Il s'agit en effet d'un travail sur la connaissance de
l'auteur, de l'oeuvre, des thèmes, des personnages, des
évènements, des actions importantes, du genre de l'oeuvre, du
contexte, et de la langue, qui sera réalisé avec l'aide du
professeur.
Des explications d'extraits de texte et des exposés
constituent l'essentiel de l'étude, ceci, sur une période de
quinze jours.
Stratégies d'enseignement
Elles comportent les étapes suivantes :
Préparation
Le professeur propose aux apprenants une oeuvre inscrite au
programme et leur demande de la lire individuellement ou en groupes. Un
délai leur est accordé.
Déroulement
Le professeur propose un questionnaire sur :
- L'auteur : son nom, son prénom et
son pseudonyme, s'il y a lieu;
- L'oeuvre : le genre littéraire, la
maison, le lieu et la date d'édition ainsi que les principaux
personnages, les thèmes abordés, et la langue utilisée.
Le professeur sélectionne dans l'oeuvre les extraits
les plus caractéristiques à étudier en classe, les
communique aux apprenants, et veille à l'exploitation de ces
passages-là. Le professeur fait préparer et présenter en
classe des exposés sur les thèmes sélectionnés
d'avance.
A la suite de ces extraits du programme et du guide
pédagogique, nous analysons les faiblesses relatives à la
pratique de la classe qui sont constituées de la préparation
écrite et du mauvais déroulement des séances.
2. La préparation écrite
La préparation écrite comprend le choix des
textes, la fiche de préparation écrite, les stratégies
d'enseignement-apprentissage, le processus d'évaluation et quelques
défauts que présente la fiche de préparation
écrite.
A.
Le choix des textes
Le choix des textes tel qu'il se fait aujourd'hui est
opéré sans réflexion préalable aussi bien pour la
lecture expliquée que pour la lecture suivie et dirigée.
Le mauvais choix des textes en lecture expliquée
Ne disposant pas de manuel de lecture, le professeur est
obligé de sélectionner les textes à partir de tout ouvrage
en sa possession. Dans ce cas, il ne tient compte ni du développement de
la personnalité des apprenants ni de leurs centres
d'intérêt et encore moins de leurs aptitudes réelles.
En classe de 3ème par exemple, dans certains
collèges d'enseignement général de Brazzaville en
particulier et d'Afrique noire en général, les apprenants lisent
le manuel intitulé Horizons d'Afrique, Perspectives
francophones, CM2, 6ème année34(*), conçu pour les
apprenants du cours moyen deuxième année. Pour cela, les
professeurs les regroupent autour de quelques livres disponibles ou recopient
le texte au tableau noir au début de la leçon.
Ainsi, ces solutions relèvent à notre avis
beaucoup plus de la science de « la misère » que
d'une démarche pédagogique efficace et véritablement
rentable.
Le mauvais choix des textes en lecture suivie et
dirigée
Pour choisir des fragments d'oeuvres à étudier
en classe, les professeurs utilisent l'approche thématique qui a le
mérite de rassembler et de mettre en relation les textes de
manière diachronique et synchronique. Cette démarche permet
d'éviter ainsi l'étude des fragments isolés. Le
désavantage inhérent à l'approche thématique est
qu'elle ne vise aucun objectif technique d'apprentissage tel que
reconnaître le type de texte (narratif, argumentatif, scientifique,
historique, informatif ou fonctionnel) ou le genre littéraire
(romanesque, dramatique, poétique) auquel le texte appartient.
Ainsi, le choix des textes paraît relever du hasard en
lecture expliquée. En lecture suivie et dirigée, il semble
détourner l'activité de ses objectifs initiaux, à savoir
former des lecteurs polyvalents et favoriser leur développement
culturel. La situation ne semble guère plus heureuse en ce qui concerne
la préparation écrite.
B.
L'élaboration de la fiche de préparation écrite
L'étude des fiches de préparation écrite
des professeurs que nous avons observés révèle certes
quelques aspects positifs mais aussi des défaillances de la formulation
des objectifs, de la définition des stratégies
d'enseignement-apprentissage ainsi que du processus d'évaluation.
a)- L'incohérence des
objectifs pédagogiques
Deux constats s'imposent :
Premièrement, les objectifs poursuivis ne sont pas
spécifiés en lecture expliquée. Deuxièmement,
les objectifs visés sont indiqués mais ils sont mal
formulés et inadaptés en lecture suivie et dirigée.
Le manque d'objectifs pédagogiques en lecture
expliquée
Notre observation des fiches de préparation
écrite des professeurs montre que bien souvent elles n'ont pas
d'objectifs pédagogiques précis en dehors de la volonté de
faire lire le texte à l'avance à la maison35(*). Le cours de lecture
apparaît comme un rituel lors duquel ni les réponses des
apprenants ne sont exploitées, ni le contrôle de leur travail ne
se fait. Lorsque l'objectif pédagogique n'est pas
spécifié, les termes du contrat didactique ne peuvent être
définis.
En effet, il n'est pas possible dans ces conditions-là
de contrôler le comportement attendu des apprenants au terme de la
séance pédagogique. Puisque celui-ci n'est pas défini au
départ, il n'est pas possible de s'assurer à la fin de la
séance qu'il est atteint.
La mauvaise formulation des objectifs pédagogiques en
lecture suivie et dirigée
Nous avons indiqué précédemment qu'en
lecture suivie et dirigée les objectifs pédagogiques sont mal
formulés et inadaptés. En effet, les objectifs ne sont pas
définis dans des termes qui permettent au professeur de s'assurer,
à la fin de la séance, qu'ils sont atteints.
Leur formulation ne contient pas de critère
d'acceptabilité de la performance ; elle n'exprime pas le produit
d'une activité d'apprentissage et ne précise pas les conditions
de réalisation du comportement souhaité.
Par ailleurs, les objectifs paraissent trop ambitieux. Nous en
avons relevé deux, fort frappants : « développer
le goût de la lecture » et « transformer l'apprenant
en lecteur d'oeuvres ». « Développer le goût
de la lecture » signifie faire accroître l'inclination de
l'apprenant à cette activité. C'est un objectif à long
terme. « Transformer l'apprenant en lecteur d'oeuvres »
pose le même problème que le précédent. Il tend
à rendre l'apprenant amoureux de la lecture. Un tel objectif ne saurait
être réalisé en une heure de cours par semaine.
Les concepts utilisés dans ces deux objectifs font
plutôt partie des termes requis pour la formulation des objectifs
généraux et non spécifiques ou opérationnels. En
outre, les objectifs pédagogiques sont inadaptés puisqu'ils ne
tiennent pas compte du milieu de résidence des apprenants.
Le milieu, c'est tout ce qui nous entoure
matériellement et intellectuellement, c'est tout ce qui se passe, se
croit, s'affirme, s'exprime autour de nous36(*).
Nous constatons que les professeurs veulent transformer leurs
élèves en lecteurs d'oeuvres sans s'assurer que ceux-ci savent
lire. Ils croient que lire un livre ou aimer lire vont de soi37(*).
Or, la lecture n'étant pas un acquis culturel en
Afrique noire et singulièrement en République du Congo, lire des
livres ne saurait aller de soi. Les apprenants qui constituent notre
échantillon expérimental sont au départ
défavorisés par leur milieu de résidence. Il est peu
propice à la lecture et plus généralement
caractérisé par le manque de la culture de l'écrit. C'est
pourquoi, dans son article intitulé « Comment parvenir
à une société de la lecture au Congo ? »,
Sylvain Bemba (1985) écrit que la lecture n'est pas encore entrée
dans les moeurs38(*).
Dans la Semaine Africaine (1986), il est écrit
que :
Les jeunes ne lisent pas, ne savent pas lire. Dans leur
langage quotidien, lire signifie étudier ses leçons, repasser un
cahier de cours et, trop souvent hélas ! l'apprendre par
coeur39(*).
Dans son article « Qui lit quoi au
Congo ? », Marc Talansi (1986) indique que :
Le congolais ne lit pas, ou pas assez40(*).
Le fait que la société africaine est de
tradition orale par essence et la faible implantation de l'industrie du livre
en République du Congo pourraient expliquer partiellement le manque
d'intérêt que certains adultes africains en général
et congolais en particulier manifestent pour l'écrit. Ce manque
d'intérêt de l'adulte pour l'écrit influe
négativement sur l'apprentissage de la lecture de ses enfants. Leur
motivation pour la lecture serait grande s'ils voyaient leurs parents en
situation de lecteurs.
Par ailleurs, certains apprenants n'ont pas la
possibilité de lire par manque de lumière le soir à la
maison. A cela, s'ajoutent leur disposition personnelle et l'insuffisance de
moyens financiers pour leur permettre de s'acheter des livres ou des journaux.
D'autres habitent loin des lieux de lecture : les bibliothèques,
les kiosques à journaux, les cybercafés et les centres de
documentation et d'information.
L'objectif pédagogique étant
l'énoncé d'intention exprimant ou décrivant le changement
attendu dans le comportement de l'apprenant à la suite d'une
intervention pédagogique ou d'une activité d'apprentissage, sa
formulation correcte a une triple utilité. L'objectif pédagogique
oriente et guide l'acte d'enseignement-apprentissage ; il facilite
l'apprentissage en garantissant la distinction entre l'essentiel et
l'accessoire ; il favorise enfin l'évaluation.
Seule la maîtrise des critères et des techniques
de la formulation des objectifs pédagogiques peut inciter un enseignant
à leur utilisation. Celle-ci conditionne et rend aisée
l'élaboration des stratégies d'enseignement- apprentissage dont
le manque constitue un handicap que nous avons constaté dans les fiches
de préparation écrite que nous avons observées.
En somme, l'incohérence des objectifs
pédagogiques a une incidence sur les stratégies
d'enseignement-apprentissage. En fait, c'est en fonction de l'objectif
poursuivi qu'un professeur est censé opérer ses choix
didactiques, et préconiser ses stratégies car elles doivent
s'accorder avec l'objectif visé. Le défaut d'objectif ou sa
mauvaise formulation implique le manque de stratégies
d'enseignement-apprentissage cohérentes.
b)- Le manque de stratégies
d'enseignement-apprentissage
Apprendre à lire consiste à s'approprier un
dispositif méthodologique permettant de parcourir tout texte, d'en
découvrir le contenu et de le comprendre. Dès lors toute
stratégie d'enseignement-apprentissage de la lecture doit prendre appui
sur les stratégies d'apprentissage de la lecture qui sont de trois
ordres selon Anne Torunczyk (2000) :
- La reconnaissance de mots que le lecteur a
mémorisés ;
- le décodage, syllabe après
syllabe ;
- le devinement41(*).
L'analyse des fiches de préparation écrite des
deux types de lecture susmentionnés indique que les stratégies
d'enseignement-apprentissage se réduisent pour l'essentiel à
une succession de questions. Ce moyen ne saurait être efficace pour
conduire ces activités dans la mesure où un apprenant peut
répondre aux questions relatives à un texte et ne pas être
capable d'accéder à la pensée de l'auteur du texte.
Au lieu d'indiquer les tâches d'apprentissage, les
professeurs prévoient quelques explications des structures
langagières et syntaxiques, oubliant que ces explications devancent
l'observation, la comparaison, l'analyse et constituent leur fonction majeure.
La séance tourne au verbiage au détriment du raisonnement et de
l'action.
Célestin Freinet (1964) affirme que cette explication
à outrance consacre la voix du professeur comme l'outil majeur de la vie
enseignante. Elle fait de lui uniquement le dispensateur des connaissances
alors qu'il serait aussi tantôt organisateur, tantôt observateur
pour laisser éclore les multiples potentialités des
apprenants.
Dans ces conditions, les professeurs semblent ignorer
qu'apprendre ce n'est pas seulement « recevoir » des
connaissances données par d'autres, c'est aussi les recréer, les
réinventer, les intégrer dans une structure que l'apprenant
élabore. En principe, il doit être parfois acteur ou auteur de sa
propre formation et non simplement agent.
L'explication à outrance fait du professeur le
principal artisan de la séance pédagogique, alors qu'il devrait
en être simplement le régulateur. Placé au coeur de l'acte
pédagogique, seul l'apprenant devrait s'investir pour acquérir le
savoir et le savoir-faire attendus de lui. Le savoir ne se transmet ni ne se
communique à proprement parler. Il se construit ou se reconstruit.
Le défaut d'objectifs pédagogiques
n'entraîne pas seulement le manque de stratégies
d'enseignement-apprentissage efficaces. Il implique aussi la non-application du
processus d'évaluation car évaluer, c'est vérifier si le
professeur a atteint l'objectif qu'il visait. L'objectif étant le point
de départ de toute évaluation, nous nous demandons comment
s'assurer qu'un objectif est atteint s'il n'était pas connu au
départ.
c)- La non-application du
processus d'évaluation
Dans les fiches de préparation écrite, nous
notons le défaut de culture d'évaluation aussi bien en lecture
expliquée qu'en lecture suivie et dirigée. Dans aucune des fiches
que nous avons examinées, nous n'avons trouvé les trois types
d'évaluation requis pour vérifier l'acquisition effective des
savoirs au cours d'une séquence pédagogique - pronostique (ou
diagnostique), formative et sommative -.
L'évaluation pronostique (ou diagnostique),
différente de la traditionnelle révision sans lien avec la
leçon du jour, désigne le contrôle des pré-requis
culturels et linguistiques indispensables pour installer chez l'apprenant de
nouveaux acquis. Elle est importante parce que ses résultats
déterminent la suite du cours.
En fait, si les résultats de ce contrôle sont
concluants, le professeur entreprend l'objet d'acquisitions nouvelles. Dans le
cas contraire, il est différé pour que les bases qui favorisent
son appropriation par les apprenants soient dispensées, même si
cela s'avère parfois inopportun. Malheureusement, les professeurs
négligent en effet, trop souvent, le souci du diagnostic comme l'affirme
Philippe Meirieu (1987):
Ils ressemblent parfois à des médecins qui,
au lieu de chercher les causes et les remèdes du mal, se contenteraient
d'indiquer le pourcentage de chance de guérison ou de pointer la
température du malade sur une courbe42(*).
En médecine comme en pédagogie, il importe de
dépasser la notion purement quantitative de
« niveau » pour accéder à celle du
traitement ; et seul le diagnostic permet ce passage.
Il est utile de rappeler que beaucoup de professeurs
confondent la révision systématique à la révision
fonctionnelle. Il n'est nullement interdit à un enseignant d'organiser
une révision systématique. Elle est même conseillée
lorsqu'elle s'avère nécessaire. Cependant elle ne doit pas
constituer un prétexte pour aborder la nouvelle leçon surtout
quand elle n'a aucun lien avec celle-ci. La révision qui est
conseillée au début d'une séance, est plutôt celle
qui a une incidence sur les nouvelles acquisitions. Une telle révision
est dite fonctionnelle car, en plus de ce qu'elle a un lien évident avec
les nouvelles acquisitions, elles conditionnent même leur
réussite.
L'évaluation formative vise à
repérer les difficultés d'apprentissage et à proposer des
palliatifs. Elle est sous-tendue par une série d'activités qui au
fil des acquisitions permettent au professeur de vérifier les
progrès des apprenants. Nous affirmons avec Philippe Meirieu (1987)
que :
Pour être formative, une évaluation doit
permettre à la fois un renforcement, une correction et une
régulation43(*).
Contre toute attente, cette évaluation qui permet
d'orienter et d'affiner les apprentissages, n'est pas prise en compte dans la
préparation écrite des professeurs que nous avons
observés.
L'évaluation sommative qui intervient en
principe au terme d'un apprentissage pour en apprécier la
validité, permet de mesurer l'atteinte de la performance visée.
Elle permet également de réguler les apprentissages car, jouant
sur les attentes et les représentations des partenaires de l'acte
pédagogique, elle participe de l'action sur le système de
formation. Nous convenons avec Charles Delorme (1987) que :
L'évaluation sommative est, elle aussi
formative44(*).
Nous précisons par ailleurs que dans le cadre d'une
séance, l'évaluation sommative ne fait pas la somme des
évaluations partielles réalisées au cours d'une
période (mois, trimestre, semestre, année scolaire) comme quand
elle est certificative. A caractère certificatif, l'évaluation
sommative conduit aux notations, appréciations et communications aux
parents et aux membres du conseil de classe car il s'agit de ne rien
éviter de ce qui fait l'attente des uns et des autres.
Malheureusement, les professeurs n'exploitent pas
systématiquement l'évaluation sommative. Ils ont l'habitude de
prévoir un simple exercice d'application au lieu de concevoir un item
d'évaluation fidèle et représentatif du cours
dispensé. Lorsque l'évaluation est prévue, l'item n'est
pas en congruence avec l'objectif visé. Très souvent, la
précision et l'objectivité qui fondent l'évaluation font
défaut.
En somme, le processus d'évaluation fait défaut
tout au long de la préparation écrite. En plus de ce manque, la
fiche pédagogique comporte d'autres handicaps.
d)- Les autres défauts de
la fiche de préparation écrite
Ils sont de quatre ordres :
- le manque de minutage du cours ;
- l'absence de projet d'exploitation ultérieure du
texte ;
- le manque de dispositif d'observation pendant le
cours ;
- l'allure générale de la fiche de
préparation écrite.
Le manque de minutage des séquences du cours
L'une des imperfections des fiches de préparation
écrite est ce manque de minutage des séquences. Le manque de
minutage des séquences conduit à une gestion hasardeuse du temps
imparti à la leçon. Ce qui empêche le professeur de
terminer son cours à la fin du temps réglementaire. Il en
résulte une nette insuffisance du nombre de textes lus par les
apprenants au cours d'une année scolaire.
Toutefois, le minutage du cours répond simplement
à un souci de gestion rationnelle du temps imparti à la
séance. Il importe d'éviter le dérapage qui consiste
à arrêter les apprenants en pleine activité sous
prétexte que le crédit horaire affecté à celle-ci
est arrivé à son terme. Un tel comportement ébranlerait
les apprenants et perturberait toutes les ressources mobilisées en vue
de la réalisation de la tâche en cours d'exécution.
Le manque d'activités d'exploitation
ultérieure du texte de lecture
L'examen des fiches de préparation écrite nous
révèle que très peu de professeurs pensent à une
exploitation ultérieure du texte étudié en classe. Ils
s'en tiennent, dans le meilleur des cas, à la rédaction et
à la récitation. Cette pratique suppose à tort que chaque
apprenant est suffisamment armé grâce à ses qualités
propres et à son environnement socioculturel pour trouver tout seul un
prolongement à l'activité de lecture qu'il a faite en classe.
Cela laisse penser que les professeurs tiennent très
peu compte du milieu socioculturel peu propice à la lecture auquel
appartiennent les apprenants. Un autre défaut qui trahit non pas
seulement la méconnaissance du milieu de résidence des apprenants
par le professeur, mais plutôt son inexpérience ou sa formation
professionnelle approximative est le manque de dispositif d'observation.
Le manque de dispositif d'observation
Dans une fiche pédagogique correcte, il devrait
être prévu un espace réservé aux observations du
professeur pendant le déroulement du cours. Ces observations porteraient
sur les difficultés d'apprentissage et les besoins des apprenants, pris
chacun individuellement ou en petits groupes. Elles porteraient
également sur les ressources mobilisées, les choix didactiques du
professeur ainsi que sur celui du support d'enseignement-apprentissage. Ce
manque de dispositif d'observation est un handicap réel dans la conduite
efficace de la classe ainsi que sur les perspectives de remédiation,
d'accompagnement et de soutien aux apprenants en difficulté.
L'allure générale de la fiche de
préparation écrite
Nous avons l'impression qu'au lieu d'être un simple
support de mémorisation et de documentation, la fiche de
préparation écrite apparaît comme la transcription d'un
cours préparé que le professeur dictera totalement ou
partiellement aux apprenants. La fiche de préparation devrait permettre
de traduire la réflexion sur les actions pédagogiques à
mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés en tenant compte des
capacités et des besoins réels des apprenants.
Ainsi, nous avons le sentiment que la fiche de
préparation écrite telle qu'elle fonctionne actuellement,
comporte tellement de défauts qu'elle risque de ne pas favoriser la
conduite efficace des séances pédagogiques.
3. Le mauvais déroulement des séances
Conduire une séance de lecture consiste à amener
les apprenants à atteindre les objectifs préalablement
définis. Notre observation de la pratique de la classe montre que la
conduite des séances est limitée par le manque de support
d'apprentissage, l'utilisation irrationnelle du tableau noir et le manque de
professionnalisme des enseignants.
A.
Le manque de support d'enseignement-apprentissage
Le manque de support d'enseignement-apprentissage est constant
dans les deux types de lecture à savoir la lecture expliquée et
la lecture suivie et dirigée.
- Le manque de support d'enseignement-apprentissage de la
lecture expliquée
Les manuels scolaires font cruellement défaut dans les
classes. Ce défaut prive le professeur d'une source de documentation
indispensable et l'apprenant d'un appui d'enseignement-apprentissage et de
mémorisation de connaissances. Pour pallier ce manque, le professeur a
recours soit à la reproduction des textes au tableau noir, soit à
leur dictée. La première possibilité prive l'apprenant du
plaisir et de la motivation que suscite l'écrit. La silhouette du texte
(forme prise par le texte sur le tableau noir) et la qualité des signes
typographiques (titres, paragraphes, majuscules) ne sont pas authentiques. En
fait, le non-respect des caractères d'imprimerie lors de la copie du
texte au tableau noir dénature sa présentation matérielle
et rend malaisée la perception du texte par les apprenants.
La reproduction d'un texte dans le cahier rend confuse sa
lisibilité à cause de l'inaptitude des apprenants à
reproduire fidèlement le texte écrit au tableau ou dicté
par le professeur. De telles pratiques réduisent le temps de lecture et
constituent en fin de compte un handicap à l'apprentissage de la lecture
expliquée. La situation en lecture suivie et dirigée paraît
plus déplorable qu'en lecture expliquée.
- Le manque de support d'enseignement-apprentissage de la
lecture suivie et dirigée
La lecture suivie et dirigée présente l'avantage
de placer l'apprenant dans une situation authentique de lecture,
c'est-à-dire en présence d'une oeuvre complète et au
contact de l'objet-livre. Mais l'absence des oeuvres prive l'apprenant non
seulement de cet avantage supposé mais aussi de leur maniement et de la
pratique effective de la lecture.
En plus du manque de manuels, l'utilisation irrationnelle du
tableau noir, quand il y en a, est un autre facteur réducteur de la
pertinence de l'acte pédagogique en lecture.
B.
L'utilisation irrationnelle du tableau noir
Notre observation de la classe révèle que le
tableau noir n'est pas toujours utilisé à bon escient. Nous avons
relevé les défauts d'usage suivants.
L'utilisation incohérente du tableau : le
tableau est rempli de façon fantaisiste. Tantôt le professeur
écrit le plan du texte à gauche, tantôt il l'écrit
à droite. Il en est de même des mots-clés et des
synthèses partielles. Le tableau apparaît désordonné
et confus. Ainsi, les apprenants ne distinguent pas l'essentiel de l'accessoire
et ne comprennent pas en fin de compte ce qui est écrit au tableau
noir.
L'incohérence de la calligraphie : la
déformation et l'étroitesse des lettres ainsi que le
mélange des caractères manuscrits et ceux d'imprimerie rendent
l'écriture peu lisible.
La présentation des mots dégagés de
tout contexte signifiant : nous avons remarqué que des mots
isolés, c'est-à-dire en dehors de tout contexte de communication,
sont écrits dans un coin du tableau. Un mot n'a de sens que dans un
contexte et ne devrait être écrit que dans un énoncé
linguistique pertinent qui rendrait son sens manifeste pour les apprenants.
En somme, une si malheureuse utilisation du tableau noir
semble trahir le manque de professionnalisme des professeurs.
4. Le manque de professionnalisme
La démarche méthodologique officielle
suggère en classe de 3ème des collèges
d'enseignement général l'articulation ci-après :
- La lecture silencieuse : les apprenants parcourent le
texte des yeux ;
- La situation du texte : le professeur fait situer le
texte et son auteur tout en se gardant de d'insister sur des indications qui
n'ont aucune incidence sur la compréhension du texte ;
- La lecture magistrale : le professeur procède
à la lecture expressive du texte ;
- L'explication des difficultés : le professeur
fait expliquer les principales difficultés lexicales et grammaticales
contenues dans le texte ;
- La lecture individuelle : le professeur invite deux ou
trois bons apprenants à lire à haute voix le texte ou une
partie ;
- Le mouvement du texte : le professeur fait mettre en
évidence la structure du texte ;
- L'étude détaillée du fond et de la
forme : le professeur fait examiner par les apprenants les indices de
sens, d'articulation logique et d'articulation rhétorique ;
- La formulation de l'idée
générale : le professeur fait énoncer l'idée
générale du texte ou de l'extrait ;
- La synthèse des remarques : le professeur fait
formuler par les apprenants la synthèse des remarques qu'ils ont faites
au cours de l'examen détaillé du texte.
Les professeurs se réfèrent ordinairement au
manuel recommandé par le programme officiel. Le manuel n'étant
qu'un support de mise en oeuvre d'un programme a malheureusement tendance
à se substituer au programme lui-même. Il arrive que les
professeurs s'en tiennent uniquement au manuel inscrit au programme au point de
ne plus se préoccuper de la méthodologie officielle.
L'exploitation du livre du professeur du manuel en vigueur
dans les classes de 3ème laisse percevoir une démarche
en lecture expliquée qui comprend pour l'essentiel l'articulation
suivante :
- La lecture du professeur ;
- L'idée générale ;
- Les questions de contrôle de la compréhension
du texte ;
- L'exploitation détaillée du fond et de la
forme (difficultés liées au vocabulaire et à la
grammaire) ;
- La conclusion qui consiste à énoncer la
synthèse des remarques.
L'examen de cette approche montre qu'elle présente des
similitudes avec celle indiquée dans la méthodologie officielle.
Cette démarche constitue le prolongement de l'approche
méthodologique de la lecture courante en usage du cours
élémentaire au cours moyen en République du Congo comme
d'ailleurs dans les autres pays d'Afrique noire.
Au cours du déroulement des séances que nous
avons observées, nous avons constaté quelques imperfections
liées au manque de savoir-faire des professeurs : le défaut
de maîtrise de la démarche méthodologique tant en lecture
expliquée qu'en lecture suivie et dirigée et le découpage
traditionnel établi.
A.
Le défaut de maîtrise de la méthodologie en lecture
expliquée
Le professeur fait lire le texte à haute voix en
début de séance par un ou plusieurs apprenants alors qu'aucun
texte ne saurait être lu correctement à haute voix sans que le
lecteur l'ait parcouru silencieusement. La lecture à haute voix n'est en
réalité qu'une modalité de communication à autrui
d'un message contenu dans un texte qu'il n'a pas sous les yeux.
Cette lecture expressive ne devrait être que la
modalité de communication d'un texte dont la compréhension en
aura été faite auparavant. C'est, semble-t-il, l'une des causes
pour lesquelles les apprenants trébuchent, ânonnent,
hésitent et se reprennent fréquemment lors de la lecture à
haute voix. Nous remarquons d'ailleurs que dans les classes, après avoir
pourtant lu un texte à haute voix, les apprenants ont du mal à
répondre aux questions s'y afférant au point où ils sont
tentés de relire silencieusement le texte.
Les professeurs font rechercher aussitôt le plan du
texte qui en principe ne se découvre que par approches successives et
non à la première lecture. Ils semblent ignorer que
l'étude d'un texte permet aussi de faire apparaître
progressivement sa structure.
En outre, les professeurs font de la recherche des champs
lexicaux une fin en soi alors qu'elle serait simplement un moyen au service de
l'étude du texte. Dans ce cas, la lecture devient une simple
leçon de vocabulaire et réduit le texte à une collection
de mots.
Enfin, certains professeurs considèrent le texte comme
une succession de phrases que les apprenants s'efforcent de traduire et de
commenter superficiellement, c'est-à-dire de paraphraser, de
répéter sous une autre forme ce qui est bien dit par
l'écrivain. Et nous sommes d'avis avec les auteurs d'IPAM (1996) qui
constatent que :
Le texte n'est pas étudié comme un ensemble
doté d'un sens défini par son genre, sa structure, ses
réseaux de signification45(*).
B.
Le défaut de maîtrise de la méthodologie en lecture suivie
et dirigée
La séance se limite souvent à la lecture
d'extraits choisis. C'est souvent une lecture mal exécutée par
des apprenants que le professeur interrompt par des commentaires et des
remarques pointilleuses de temps en temps. Parfois, les apprenants se
contentent de répondre à un questionnaire dicté à
l'avance par le professeur qui, par manque de livres, introduit l'oeuvre et en
élabore lui-même le résumé sans solliciter la
contribution des apprenants.
Par la suite, le professeur reproduit au tableau quelques
paragraphes de l'oeuvre qu'il fait lire. L'étude d'une oeuvre se
réduit alors soit à l'étude d'extraits courts soit
à la reconstitution orale de texte.
Souvent, lorsqu'il existe quelques livres, l'étude des
oeuvres inscrites au programme scolaire se fait chapitre par chapitre, sans
projet d'ensemble privant ainsi les apprenants du plaisir que suscite
l'appropriation du contenu global d'une oeuvre intégrale et de la
possibilité de s'identifier aux héros. Une telle approche est
contraire aux objectifs généraux de la lecture suivie et
dirigée qui visent entre autres, comme nous l'avons indiqué plus
haut, à enseigner aux apprenants à lire une oeuvre
complète.
Pour exploiter les oeuvres au programme, certains professeurs
utilisent les schémas de la critique littéraire sans que la
nature de l'oeuvre s'y prête. Par exemple, le schéma actanciel est
devenu une panacée pour l'analyse de toutes les oeuvres alors qu'il se
prête mieux à celle des pièces de théâtre.
Les pratiques qui ont cours dans les classes de
3ème sont en rupture avec les orientations
méthodologiques officielles. Les orientations officielles
elles-mêmes ne sont pas exemptes de reproches. La lecture silencieuse qui
est la vraie lecture ne représente qu'une étape sur neuf.
L'explication des difficultés lexicales se transforme
souvent en leçon de vocabulaire. L'exploitation des difficultés
grammaticales devient un cours de grammaire. L'étude du fond du texte se
mue en questionnement évasif et à la paraphrase du texte.
L'étude de la forme n'est pas souvent abordée.
Ainsi, à la place de la lecture et de l'exploitation du
texte prennent place les activités qui n'ont que de lointains liens avec
la lecture elle-même. Ces pratiques suscitent la désaffection que
les apprenants éprouvent pour la lecture et, partant, pour
l'écrit en général.
5. Le partage traditionnel établi
Le partage lecture expliquée, et lecture suivie et
dirigée a montré toutes ses limites au plan de
l'efficacité de l'enseignement-apprentissage. De nombreuses tentatives
de découpage de la lecture en classe de 3ème
traduisent à la fois l'enjeu et la complexité de la
question. En effet, les programmes français des classes de
3ème des collèges du 15 septembre 1998 consacrent la
lecture analytique, la lecture cursive, la lecture documentaire et la lecture
de l'image.
La lecture analytique
La lecture analytique se fonde sur l'analyse construite avec
méthode d'un extrait ou d'une oeuvre courte. Elle amène
l'apprenant à formuler des hypothèses que l'étude du texte
permet d'infirmer ou de confirmer dans un processus de construction de sens. A
propos de cette modalité de lecture, nous pouvons tout à fait
employer également dans un sens équivalent lecture
détaillée ou méthodique.
La lecture cursive
On appelle lecture cursive la forme usuelle de la lecture.
Elle se fait selon les besoins, la fantaisie, le gré de chacun, sans
ordre ni rythme imposés, sans interruption autre que l'humeur, la
disponibilité ou l'intérêt du lecteur.
La lecture documentaire
La lecture documentaire fait référence à
toute lecture visant la recherche des informations et des renseignements. Pour
être efficace, elle doit permettre de sélectionner les documents
en fonction d'un but et y chercher des informations précises.
La lecture de l'image
L'image est la représentation graphique d'un être
ou d'un objet. Par extension, elle englobe les dessins, les figures, les
illustrations, les portraits, les cartes et les iconographies. La lecture de
l'image vise à explorer les relations entre le langage verbal et le
langage visuel dans la perspective du discours.
Par ailleurs, Le français en 3è46(*) préconise les
séances de lecture expliquée et celles de lecture suivie. Ces
dernières sont axées sur des larges extraits dont chaque
épisode fait l'objet d'une séance.
La 3è en français47(*) envisage tout un autre
découpage : l'étude des textes, des documents, de l'image et
des textes favorisant l'installation chez les apprenants des techniques de
lecture.
L'exploitation de chaque type de support suggère une
approche particulière. L'étude du texte vise la saisie de la
quintessence du message que le texte est censé véhiculer.
L'étude des documents a pour vocation de familiariser
l'apprenant avec plusieurs textes appartenant à un même champ
thématique et aux dossiers portant sur les thèmes les plus
divers. Le but visé par l'étude des documents reste avant tout la
recherche des informations et des renseignements.
L'étude de l'image prépare l'apprenant à
la lecture du code pictural car on ne lit pas que le texte. On lit d'autres
types de support comme le plan, le portrait, les pyramides, les
représentations graphiques et tout ce qui est support iconographique.
L'étude des techniques de lecture a pour objectif
d'installer efficacement l'apprenant dans les mécanismes de lecture et
dans l'univers de l'écrit.
Le souci qui anime les auteurs de ce manuel semble être
la volonté de familiariser l'apprenant avec des caractéristiques
de chaque type de texte et de chaque genre littéraire dans la mesure
où personne ne saurait lire de la même manière un
poème et un dialogue, chaque type de texte ayant sa structure et son
mode de fonctionnement interne.
La nouvelle méthode de français48(*), manuel de
l'élève, classe de 3ème, envisage un autre
partage qui ne manque pas d'intérêt. Les auteurs de ce manuel se
proposent de faire des apprenants de la classe de 3ème des
lecteurs autonomes, capables de :
- construire grâce à une lecture silencieuse puis
expressive le sens du texte dans la perspective à la fois globale et
nuancée ;
- repérer les caractéristiques formelles
dominantes du texte (genre, courant littéraire, présentation
typographique, situation d'énonciation, éléments du
paratexte) ;
- fournir des réponses élaborées et
pertinentes à des questions relatives à tel ou tel aspect du
texte et de la langue ;
- formuler à l'écrit et à l'oral un point
de vue motivé sur un problème soulevé par un texte lu.
Dans cette perspective, apprendre à lire en classe de
3ème consiste à s'entraîner à
découvrir toutes les nuances de la tonalité, du rythme, des
caractéristiques du genre et du lexique, et à découvrir
par approches successives le sens global du texte.
Parmi les professeurs que nous avons observés, certains
choisissent des textes dans l'un ou l'autre de ces manuels. Ils adoptent
tantôt la démarche préconisée par l'un, tantôt
celle suggérée par l'autre en fonction du texte choisi.
Nous remarquons aussi que le fait que la lecture soit un objet
d'étude, constitue une difficulté supplémentaire pour les
apprenants. En consacrant la lecture comme une discipline scolaire,
l'école devient une source de blocage pour les apprenants.
Ainsi, le résultat de toutes ces pratiques est l'ennui
et le désintérêt des apprenants pour la lecture. Il s'en
suit une grande désaffection pour l'écrit. Les parents et les
professeurs s'étonnent que les apprenants ne sachent pas lire.
Conscients de ce constat d'échec de l'enseignement-apprentissage de la
lecture, nous nous proposons de revisiter le champ de ses pratiques
pédagogiques pour contribuer à l'amélioration de sa
qualité pour que les principaux bénéficiaires sachent
lire.
CHAPITRE II
MISE AU POINT DES INSTRUMENTS DE COLLECTE
DES DONNEES ET PRE-ENQUETE
Ce chapitre comprend deux volets : la mise au point des
instruments de collecte des données d'une part et la
pré-enquête d'autre part.
1. Mise au point des instruments de collecte des
données
Après avoir décrit les pratiques
pédagogiques actuelles, nous procédons à
l'élaboration des instruments de collecte des données qui nous
permettront de tester la validité du protocole expérimental.
La collecte des données est une étape importante
dans une étude qui se veut scientifique parce qu'elle fournit les
informations de base pour la vérification des hypothèses de
recherche. L'hypothèse de recherche est une préoccupation
à vérifier, c'est-à-dire un point de vue anticipé
formulé à la forme affirmative ou interrogative que le chercheur
se propose de confirmer ou d'infirmer par une observation ou une
démonstration.
En ce qui nous concerne, notre hypothèse consiste
à affirmer comme nous l'avons noté en introduction que certains
éléments du milieu, un minimum de support pluriel
d'enseignement-apprentissage et l'innovation des pratiques pédagogiques
contribuent à l'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture.
Cette hypothèse générale implique, comme
nous l'avons indiqué, trois hypothèses secondaires. La
première porte sur le milieu de résidence de l'apprenant, la
deuxième sur son support pluriel d'apprentissage et la troisième
sur l'innovation des pratiques pédagogiques.
En vue de la collecte des données permettant de
vérifier notre hypothèse générale et nos
hypothèses secondaires, nous avons mis au point des instruments de
collecte des données qui sont le questionnaire et les tests.
A.
Le questionnaire
Le questionnaire consiste à soumettre au jugement
individuel un groupe de propositions distinctes centrées
généralement autour d'un même objet. Le nôtre
comprend deux parties :
- les renseignements socioculturels relatifs au milieu de
résidence ;
- les renseignements relatifs à la pratique de la
lecture.
Les renseignements socioculturels sont en congruence avec
notre première hypothèse secondaire à savoir certains
éléments du milieu socioculturel de résidence favorisent
mieux l'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture en classe de 3ème.
Les renseignements relatifs à la pratique de la lecture
sont en cohérence avec notre seconde hypothèse secondaire. Nous
rappelons qu'elle est ainsi formulée : un minimum
d'équipement en support pluriel d'apprentissage de la lecture contribue
à l'amélioration de la qualité du comportement des
apprenants au cours de l'enseignement-apprentissage de la lecture.
Les renseignements socioculturels concernent l'identité
de l'enquêté, son âge, son sexe, son lieu de
résidence, la profession et le statut matrimonial de son père (ou
tuteur), la profession de sa mère (ou tutrice), le niveau
d'études de chacun de ses parents (ou tuteurs) et la mise à sa
disposition d'une salle d'études ainsi que d'une table de travail.
Le lieu de résidence d'un individu est souvent
tributaire de la classe sociale à laquelle il appartient. L'appartenance
à telle ou telle catégorie sociale justifie le choix du quartier
de résidence du parent (ou tuteur). Il peut assurer à l'enfant de
bonnes ou mauvaises conditions matérielles et culturelles
d'études. Les résultats de l'apprentissage de la lecture comme
ceux des autres disciplines scolaires en dépendent pour une grande
part.
Dans les villes d'Afrique noire, les citoyens les mieux nantis
vivent dans les quartiers viabilisés alors que les citoyens pauvres
vivotent dans des banlieues. Ces banlieues sont constituées de
bidonvilles, de quartiers marécageux où il n'y a ni installation
d'électricité ni système d'adduction d'eau potable.
Ces quartiers qui se développent de façon
anarchique, ne disposent pas souvent d'infrastructures de base de la
lecture : écoles, bibliothèques, centres de documentation et
d'information, kiosques à journaux, centres de lecture, librairies et
cybercafés.
Le niveau d'études des parents indique souvent leur
statut social. Dans la société africaine contemporaine, le statut
social du parent influe sur la nature des apprentissages scolaires des
enfants.
Le statut matrimonial du père détermine les
conditions de vie de l'enfant. Ces dernières peuvent gêner ou
favoriser l'apprentissage de la lecture comme celui de toutes les autres
disciplines scolaires.
Le nombre d'épouses d'un citoyen règle le
degré d'implication de celui-ci dans l'éducation de ses enfants.
Dans le régime polygamique par exemple, chaque épouse veille de
façon particulière à la scolarité de ses enfants.
Les plus âgés d'entre eux participent activement à
l'éducation de leurs cadets. Dans le régime monogamique, les deux
parents contribuent au soutien et à l'accompagnement des études
des enfants qui en ont besoin.
Le moyen d'éclairage utilisé est fonction du
niveau de vie du ménage. Les ménages à faible revenu
s'éclairent à la lampe à pétrole et ceux dont le
revenu est moyen ou important vivent dans les maisons
électrifiées.
La disponibilité d'une salle d'études pour un
apprenant et le fait qu'il dispose d'une table de travail sont tributaires du
niveau de vie des parents et peuvent favoriser ses succès scolaires. En
revanche, leur indisponibilité contribuerait à réduire les
chances de réussites scolaires.
Bref, les renseignements socioculturels visent à
définir le statut économique et culturel du père de
l'apprenant car ils peuvent influer sur la qualité de ses
apprentissages. Ils peuvent en effet contribuer, tout au moins en partie,
à déterminer le succès ou l'échec de
l'apprentissage de la lecture, comme celui des autres disciplines scolaires.
En ce qui concerne les renseignements relatifs à la
pratique de la lecture, ils portent sur la possession du manuel de lecture et
des oeuvres inscrites au programme, l'abonnement à une
bibliothèque, le type de support de lecture et le moyen d'information
utilisés.
Le manuel de lecture semble être le gage d'un
apprentissage efficace de la lecture. Seule sa possession permet à
l'apprenant de repérer les textes, les illustrations, les index et les
lexiques. Il reste un appui de l'apprentissage et de la mémorisation des
connaissances. Il doit faire l'objet d'une étude particulière
pour que l'apprenant sache s'y référer. Le manuel ne vaut en fait
que par l'usage que l'apprenant sait en faire.
Les oeuvres d'études paraissent tout aussi
indispensables que le manuel de lecture. Faire l'étude des oeuvres sans
oeuvres est tout à fait possible de nos jours. Cela nécessite une
formation plus poussée des enseignants et une certaine
ingéniosité de leur part. Toutefois, nous pouvons nous
interroger sur une telle pratique parce qu'il n'est pas toujours probable que
l'ingéniosité des apprenants suive celle des enseignants.
L'ingéniosité supposée des enseignants peut bien faire
face à un manque d'enthousiasme ou même à une
hostilité de la part des apprenants pour des initiatives qui auraient pu
se révéler peut-être efficaces.
Le type de support de lecture (dictionnaires, revues,
catalogues, affiches, bandes dessinées, journaux, livres appartenant aux
parents ou tuteurs) détermine le type de lecteur. La bande
dessinée favorise l'apprentissage de la lecture. Les lecteurs de ce type
de support sont souvent, au regard de l'échelle qui a été
préconisée par Jean Foucambert (1980) dans La Manière
d'être lecteur49(*), considérés comme de bons
déchiffreurs.
La fréquentation des bibliothèques et des autres
lieux de lecture (librairies, kiosques à journaux et cybercafés)
contribue à renforcer les compétences en lecture de l'apprenti
lecteur. Elle consolide la pratique de l'étude des oeuvres
littéraires. De nos jours, la lecture ne saurait être
enseignée et pratiquée uniquement dans les classes. Elle requiert
le concours des autres lieux et des autres supports de lecture.
En somme, les renseignements spécifiques à la
pratique de la lecture permettent de définir le type d'apprenti lecteur,
son niveau d'équipement et ce qu'il convient d'en attendre au plan de
l'apprentissage.
B.
Les tests
Nous rappelons que le test est l'un de nos outils de collecte
des données. Les résultats des tests que nous allons
élaborer nous permettront de comparer les performances lectorales du
test de pré-apprentissage à celles de celui de post-apprentissage
des apprenants de la classe de 3ème et de vérifier
l'efficience de notre protocole expérimental.
Nous faisons nôtre la définition que le Docteur
Pierre Pichot (1990) en donne.
On appelle test une situation expérimentale
standardisée servant de stimulus à un comportement. Ce
comportement est évalué par une comparaison statistique avec
celui d'autres individus placés dans la même situation, permettant
ainsi de classer le sujet examiné50(*).
Cette définition insiste sur deux
éléments qui conditionnent la valeur du test :
- les sujets doivent impérativement se trouver dans la
même situation : la durée et le matériel du test
doivent être les mêmes ;
- l'évaluation du comportement intervient selon les
règles rigoureuses déterminées statistiquement.
Pour l'élaboration des tests, nous nous sommes
inspirés des travaux de Noëlle Pardon (1993)51(*) et de ceux de Brigitte
Chevalier (1986)52(*) qui
ont traité toutes les deux des compétences de lecteur.
Noëlle Pardon (1993) en a proposé quatre :
- la vitesse de lecture ;
- les composantes du savoir-faire fondées sur
l'habileté de l'oeil ;
- le développement de la mémoire ;
- la capacité à anticiper, à
reconstituer.
Brigitte Chevalier (1986) a amélioré cette
proposition et préconisé trois compétences :
- oeil et esprit exercés ;
- capacité à anticiper, à
reconstituer ;
- entraînement total.
Par la suite, elle a mis au point plusieurs types d'exercices
d'entraînement progressifs pour l'installation chez l'apprenant de
chacune des compétences suscitées. Nous considérons
chacune d'elles comme une variable. Ainsi, nous avons trois
variables définies ainsi qu'il suit : oeil et esprit
exercés, capacité à anticiper, à reconstituer et
entraînement total.
a)- Variable « oeil et
esprit exercés »
Cette variable se compose d'une série de trois
items : un oeil panoramique, un oeil habile, et un esprit agile.
OEil panoramique
Pour rendre la lecture plus rapide et plus performante, il est
nécessaire d'accroître le nombre de signes graphiques
perçus à chaque fixation. Grâce aux travaux du chercheur
Emile Javal (1978) et de ceux de François Richaudeau (1997), il est tout
à fait possible de décrire le processus de la lecture53(*). C'est vers 1900 que le
premier, directeur du laboratoire d'ophtalmologie à la Sorbonne, a
montré que l'oeil du lecteur ne progresse pas de façon continue
le long de la ligne d'un texte. Au contraire, l'oeil opère par bonds
successifs, c'est-à-dire par saccades.
Depuis, d'autres chercheurs - comme François Richaudeau
(1997) qui a bâti la méthode qui porte son nom - ont pris la
relève et, grâce à des techniques d'expérimentation
fine ont poursuivi l'étude des mécanismes mis en jeu dans l'acte
de lire54(*). Ils ont
montré que d'un quart à un tiers de seconde, l'oeil du lecteur
tout en étant immobile fixe un ensemble de lettres ou de mots puis il
pivote en un quarantième de seconde, puis fixe à nouveau un
ensemble de lettres ou de mots pendant un quart de seconde et ainsi de suite...
L'oeil ne perçoit qu'en état d'immobilité.
Il convient de rappeler que le temps de déplacement et
celui de fixation sont sensiblement identiques pour tous les lecteurs. L'oeil
du lecteur entraîné ne se déplace guère plus vite
que celui du lecteur lent.
En revanche, l'équipe du « Centre
d'étude et de promotion de la lecture » a mis en
évidence avec François Richaudeau (1997) le fait que le lecteur
prodige perçoit davantage de signes en une fixation que le lecteur
lent :
Plusieurs dizaines de signes (soit cinq à dix mots)
pour le lecteur rapide, alors que le lecteur lent ne perçoit qu'une
dizaine de lettres (un à deux mots)55(*)
L'item « oeil panoramique » est
destiné à exercer le champ de vision de l'apprenant. La
progression est assurée par le nombre de signes graphiques à
percevoir lors de chaque fixation de l'oeil : trois à dix signes.
L'« oeil panoramique » comprend des
colonnes de mots ou groupes de mots à parcourir de haut en bas, dans le
sens d'une flèche. Après les avoir parcourues, les apprenants
doivent répondre à des questions qui les amènent à
mobiliser au maximum leur capacité de mémorisation. Cet item vise
à exercer l'angle de vision du lecteur que les pédagogues
appellent aussi empan perceptif. Une action sur l'empan perceptif d'un individu
entraîne l'amélioration de sa vitesse de lecture.
L'agrandissement du faisceau de vision d'un apprenti lecteur
est déterminant pour accroître son efficacité de lecture.
Et nous faisons nôtres les propos de Brigitte Chevalier (1986) pour
qui,
L'ampleur du champ perçu est, par ailleurs,
directement en liaison avec la compréhension56(*).
OEil habile
Un bon lecteur se remarque notamment par son agilité
visuelle. Celle-ci permet d'éviter la confusion des signes
graphiques. En effet, l'agilité visuelle oblige le lecteur à
revenir en arrière, à explorer plusieurs fois la même
phrase.
L'item « oeil habile » se compose de
colonnes de mots ou groupes de mots. Devant chaque colonne, un mot ou groupe de
mots témoin est indiqué. Il s'agit de le photographier du regard
et de vérifier rapidement s'il y apparaît. Cet item vise à
amener l'apprenant à distinguer de plus en plus sûrement les
différences et les ressemblances entre les mots. Des expériences
ayant montré en France57(*) que l'oeil identifie chaque mot globalement et ne
voit pas le dessin détaillé de chaque lettre, il s'agit
d'accroître la précision et l'exactitude de la discrimination
visuelle et, partant, d'améliorer l'agilité non seulement
visuelle mais aussi intellectuelle.
Esprit agile
La lecture ne saurait se faire sans l'intervention de la
mémoire car lire c'est aussi une manière de se rappeler. Au cycle
d'éveil, les spécialistes de la science du langage distinguent
plusieurs types de mémoire : la mémoire visuelle, la
mémoire auditive, la mémoire intellectuelle, la mémoire
verbale et la mémoire tactile58(*).
La mémoire visuelle s'attache plus spécialement
aux physionomies, aux paysages, aux couleurs et à toutes les
données concrètes qui frappent les yeux.
La mémoire auditive retrouve sans peine les sons, les
airs, tout ce qui touche l'ouïe.
La mémoire intellectuelle emmagasine les idées,
les raisonnements et les connaissances procédurales.
La mémoire verbale retient facilement la plupart des
données par coeur. Elle est constamment sollicitée pour les
comptines et les récitations, par exemple.
La mémoire tactile aide surtout les aveugles chez qui
elle atteint un haut niveau de sensibilité. Chaque apprenant
possède ces diverses mémoires à des degrés
différents.
En revanche, au cycle secondaire les pédagogues
distinguent deux niveaux de mémoire : la mémoire
immédiate et la mémoire à moyen ou long terme.
La mémoire immédiate, dite mémoire de
travail (ou mémoire phosphorescente), conserve les souvenirs quelques
secondes. Elle permet de clarifier un geste ébauché quelques
dizaines de secondes plus tôt.
La mémoire immédiate favorise également
la rétention des groupes de mots ou de la phrase qu'un lecteur prononce
après en avoir pris connaissance des yeux. Sans elle, aucun lecteur ne
pourrait sortir les yeux du texte et regarder les auditeurs, en lecture
à levée d'yeux ou en lecture communication. La lecture à
levée d'yeux désigne, faut-il le rappeler, la lecture à
haute voix au cours de laquelle le lecteur lève de temps en temps la
tête pour fixer son auditoire afin de maintenir l'attention de celui-ci
éveillée.
La mémoire immédiate est limitée à
la fois sur le plan de la durée et de la capacité. C'est
pourquoi, pour que de nouvelles informations soient assimilées, il faut
que les données antérieurement stockées disparaissent par
oubli ou par passage dans la mémoire à moyen ou long terme.
En lecture compréhension, c'est la mémoire
immédiate qui est sollicitée. Elle favorise par exemple le
repérage de la page d'un article dans un ouvrage grâce aux
indications fournies peu avant par le sommaire ou l'index.
Par ailleurs, découvrant les derniers mots d'une
phrase, le lecteur se souvient encore des premiers, sinon la
compréhension ne saurait être possible. La mémoire
immédiate conserve pendant quelques instants une suite de termes, puis
le souvenir du mot à mot s'efface et seule la quintessence de
l'information est transférée à la mémoire à
moyen ou long terme. Les signes s'effacent devant le sens ; l'information
linguistique remplace l'information visuelle.
Il convient de rappeler que l'empan du lecteur rapide est
supérieur à celui du lecteur lent. Est appelé empan la
capacité de la mémoire immédiate c'est-à-dire la
quantité de données qu'elle est susceptible d'emmagasiner. Elle
en enregistre environ sept, lorsqu'il s'agit d'une suite aléatoire de
mots. Si les mots font partie des énoncés linguistiques dans
lesquels ils sont unis par des liens sémantiques et syntaxiques, l'empan
peut être beaucoup plus important.
Des expériences récentes ont montré qu'un
lecteur peu entraîné retient huit mots environ dans un message
signifiant59(*). Il est
donc nécessaire d'inviter les apprenants à exercer leur empan.
L'item « esprit agile » comprend des
listes de mots ou groupes de mots. Il s'agit de relever ceux qui
désignent un référent précis ou s'y rapportent. Cet
item vise à exercer l'agilité intellectuelle de l'apprenant.
b)- Variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer »
Cette variable est composée de deux items : le
texte à trous et le texte puzzle.
Le texte à trous
La lecture ne saurait être réduite à une
activité visuelle. Elle est avant tout une activité de
l'intelligence. Après avoir exercé l'habileté de l'oeil,
élargi le champ de fixation, il convient de faire participer l'apprenant
à la construction du sens. Cette dernière se fait grâce
à l'anticipation : émissions d'hypothèses et leurs
vérifications. A ce propos, Gérard Vigner (1979) affirme, et nous
partageons ce point de vue, que :
Lire, ce sera formuler une hypothèse de
signification, redéfinie constamment tout au long de la lecture,
l'accès au sens totalement réalisé lorsque
l'hypothèse de recherche, par réaménagements
successifs déterminés par l'apport de données
nouvelles prélevées dans le texte, coïncide totalement avec
le projet de l'auteur60(*).
L'amélioration de la lecture passe par le
développement de la capacité à prévoir le contenu
de ce qui suit à partir de ce qui précède. Tout lecteur
émet des hypothèses que la lecture effective permet de confirmer
ou d'infirmer. C'est la raison pour laquelle la lecture est dite
activité probabiliste sur l'écrit. En effet, les indices
perceptifs et les indices de sens conduisent, pendant la lecture, à
opérer un choix très rapide et non conscient que la lecture ne
fait que confirmer dans la plupart des cas.
L'item « texte à trous »,
inspiré du test de Closure61(*), comprend un texte dans lequel certains mots ont
été enlevés et remplacés par des numéros.
L'apprenant est invité à compléter les mots manquants
à raison d'un seul, par numéro, en tenant compte du sens
général du texte. Cet item vise à renforcer ou à
créer chez l'apprenant les comportements d'anticipation et à
l'habituer à mobiliser l'information déjà recueillie pour
prévoir celle à venir.
Le texte puzzle
Cet exercice consiste à remettre dans l'ordre logique
des paragraphes et/ou des phrases dispersés : il s'agit de
travailler à la fois sur l'anticipation et sur la structuration du
texte. Il oblige l'apprenant à tenir compte de la cohérence
sémantique et à appuyer sa recherche sur tous les
éléments fournis par l'écrit : indices grammaticaux,
indices visuels (majuscules, signes de ponctuation).
Le texte puzzle a pour but de faire passer l'apprenant du
stade de « liseur » à celui de lecteur,
conformément à l'échelle qui a été, comme
nous l'avons précédemment indiqué,
préconisée par Jean Foucambert (1980). Cet item se compose d'un
texte dont l'ordre logique des paragraphes a été
considérablement dispersé. Il s'agit de le reconstituer en
restituant l'ordre initial des paragraphes.
c)- Variable
« entraînement total »
Si les exercices précédents se proposent d'agir
sur des aptitudes partielles entrant dans l'acte de lire, celui-ci place
l'apprenant face à un texte entier. En effet, ce n'est pas par la
combinaison de savoir-faire accumulés que l'apprenti lecteur atteint une
compétence de synthèse car la lecture en est une, et mobilise
généralement toutes les compétences requises :
vitesse, compréhension et efficacité.
La variable « entraînement total »
se compose d'un texte suivi soit de questions à choix multiples, soit
d'affirmations à propos desquelles il faut répondre par vrai ou
faux. Cet exercice vise à évaluer la capacité globale de
lecture d'un apprenant car il ne s'agit pas de développer uniquement
telle ou telle faculté pour prétendre être lecteur mais il
s'agit de manifester sa compréhension du texte : lire c'est
comprendre. Dans la présente étude, nous avons retenu un texte
suivi des questions à choix multiples.
Une fois nos instruments d'enquête mis au point, nous
devons les tester sur un échantillon relativement modeste afin
d'éprouver leur validité et élaborer les dimensions de
l'enquête proprement dite, c'est la pré-enquête.
2. Pré-enquête
Nous avons mentionné en introduction que la
pré-enquête vise à :
- vérifier si les sujets auxquels s'adresse
l'enquête disposent des pré-requis linguistiques et culturels
nécessaires ;
- recenser les éventuels problèmes et envisager
les palliatifs ;
- estimer la durée des items ;
- fixer la taille de l'échantillon.
Dans la pré-enquête, nous indiquons par ailleurs
la population-cible, testons nos instruments d'enquête et tirons des
leçons. A propos de la pré-enquête, nous convenons avec
Roger Mucchielli (1978) que :
La pré-enquête est une investigation de type
qualitatif (interviews semi-directifs, documentation, réflexion)
destinée à élaborer les dimensions de l'enquête, les
hypothèses, le libellé des questions et des tests62(*).
A.
Population-cible
La population désigne l'ensemble de sujets ayant un
statut et/ou une qualité définis. Dans notre étude, la
population est constituée de l'ensemble des apprenants admis en classe
de 3ème, dont l'âge varie de 12 à 20 ans, dans
le département scolaire de Brazzaville, au titre de l'année
scolaire 2002 - 2003. L'unité statistique est donc l'apprenant de
Brazzaville. Cette ville est, comme nous l'avons indiqué dans
l'introduction, considérée comme type de microcosme linguistique
national.
A partir de cette population, nous avons soumis un groupe de
quinze (15) apprenants de la classe de 3ème du collège
d'enseignement général du 8 février 1964 au questionnaire
d'enquête et aux tests de lecture. A la suite du dépouillement et
de l'exploitation des données collectées, nous avons
constaté que nos instruments d'enquête confirment la justesse de
notre méthodologie et méritent d'être maintenus. Toutefois,
la taille de notre échantillon expérimental mérite
d'être corrigée.
L'effectif utilisé pour la pré-enquête ne
peut être maintenu pour l'enquête. Il doit être revu à
la hausse car ordinairement pour la pré-enquête un effectif de
treize à quinze sujets peut être convenable alors que pour
l'enquête définitive la taille de l'échantillon doit
être plus importante.
B.
Instruments d'enquête
Au terme de la pré-enquête, nous nous sommes
rendu compte que les instruments mis au point sont accessibles aux apprenants
auxquels ils sont destinés. Toutefois, nous avons jugé utile d'y
apporter les précisions suivantes.
Le questionnaire
L'enquête s'adressant aux apprenants de trois
établissements différents, à raison de deux classes chacun
(une classe expérimentale et une classe témoin), il nous a paru
nécessaire de faire préciser le sexe, la classe et
l'établissement de chaque apprenant.
Les tests
A propos de l'item « texte à
trous », nous nous sommes aperçus que les espaces vides sur
lesquels les apprenants sont invités à écrire paraissent
petits ou grands en fonction de la taille des lettres de chaque apprenant.
Nous avons amélioré l'exercice en inscrivant un
numéro à chaque espace vide dans le texte pour que le sujet
enquêté soit invité plutôt à porter le mot
manquant au numéro correspondant placé à la suite du texte
et à un endroit précis réservé à cet effet.
Pour rendre l'item « texte puzzle » plus
pratique, il nous a paru nécessaire de faire indiquer au début de
chaque paragraphe dans un encadré le numéro correspondant
à la place qu'il devait normalement occuper.
La durée d'administration des instruments
En considérant le temps mis par l'apprenant le plus
lent pour réaliser chaque item qui se présente ainsi qu'il suit,
la durée d'administration des instruments est fixée à deux
heures ainsi réparties.
Questionnaire : 20 minutes
Test : 1 heure 40 minutes organisée comme
suit :
? Variable « un oeil et un esprit
exercés » : 40 minutes
Item « un oeil panoramique » : 15
minutes
Item « un oeil habile » : 15
minutes
Item « un esprit agile » : 10
minutes
? Variable « capacité à anticiper,
à reconstituer » : 40 minutes
Item « le texte à trous » :
20 minutes
Item « le texte puzzle » : 20
minutes
? Variable « entraînement
total » : 20 minutes
Après avoir fixé la durée
d'administration des instruments de collecte des données, nous
déterminons les modalités d'attribution des scores.
Modalités d'attribution des scores
Eu égard à la densité des calculs
à effectuer lors du dépouillement et du traitement des
données, nous avons modifié le barème d'attribution des
scores. Il se présente désormais ainsi qu'il suit :
Les items « oeil panoramique »,
« oeil habile », et « esprit agile »
sont mesurés sur cinq points chacun, à raison d'un demi-point par
réponse.
L'item « texte à trous » est
mesuré sur cinq points, à raison d'un point par mot
trouvé.
L'item « texte puzzle » est mesuré
sur cinq points, à raison d'un point par paragraphe placé.
Enfin, la variable « entraînement
total » est mesurée sur cinq points, à raison d'un
point par réponse.
Une fois, les modalités d'attribution des scores mises
au point, nous déterminons l'échantillon auquel les instruments
seront administrés.
Nous rappelons que nous aurions aimé étendre
cette étude à l'ensemble des apprenants admis en classe de
3ème, dont l'âge varie entre 12 et 20 ans, au titre de
l'année scolaire 2003 - 2004 dans le Département scolaire de
Brazzaville. Mais cela n'a pu être possible pour plusieurs raisons.
D'ailleurs cela ne pouvait pas être humainement et matériellement
possible. La modicité de notre budget de recherche ne pouvait nous le
permettre.
A partir de la population-cible que nous avons
précédemment indiquée, nous avons déterminé
un échantillon, c'est-à-dire un certain nombre d'individus sur
lesquels devrait porter l'enquête.
Il s'est agi en effet d'une enquête par sondage :
nous avons tiré au sort les individus à partir de listes
exhaustives de zones sociolinguistiques, d'établissements et de classes
pédagogiques. Il faut signaler qu'une liste exhaustive ne contient ni
omission ni répétition.
Nous avons mentionné dans l'introduction que
Brazzaville constitue le type de microcosme linguistique de la
République du Congo, comme c'est souvent le cas dans les
différentes capitales de l'Afrique noire.
Nous l'avons globalement divisée en trois zones
sociolinguistiques. Sur la base de cette division sociolinguistique et
conformément au procédé de tirage que nous avons retenu,
à savoir le tirage au sort, nous avons constitué un
échantillon expérimental que nous présentons
ci-après sous la forme d'un tableau.
Tableau n° 1 : Echantillon
expérimental
Zone sociolinguistique
|
Etablissement
|
Effectif de la classe expérimentale
|
Effectif de la classe témoin
|
Total
|
Zone A
|
CEG Angola Libre
|
3è M4 : 65 sujets
|
3èM1 :63 sujets
|
128 sujets
|
Zone B
|
CEG 8 février 1964
|
3è M1 : 58 sujets
|
3èM2 : 57 sujets
|
115 sujets
|
Zone C
|
CEG Lheyet Gaboka
|
3è M1 : 70 sujets
|
3èM5 : 68 sujets
|
138 sujets
|
Total
|
193 sujets
|
188 sujets
|
381 sujets
|
C. Leçons à tirer de la
pré-enquête
En considérant les résultats de la
pré-enquête, nous avons constaté que l'effectif de quinze
apprenants convient pour la pré-enquête, mais il nous paraît
insuffisant pour toute l'étude.
Par conséquent, nous avons soumis l'effectif global de
l'échantillon soit 381 sujets à nos instruments d'enquête.
Malheureusement seuls cinquante apprenants récemment admis en classe de
3ème par classe au moins, ont pris part à toutes les
séances d'enquête. Nous avons choisi ces cinquante apprenants par
classe comme représentatifs de l'ensemble des apprenants
récemment admis en classe de 3ème. Ils constituent
donc notre échantillon.
Ainsi, nous avons retenu un groupe expérimental et un
groupe témoin de cinquante apprenants chacun par établissement,
soit cent apprenants par établissement pour un total de trois cents
sujets répertoriés dans le tableau suivant :
Tableau n° 2 : Taille de
l'échantillon
Etablissement
|
Groupe
|
Classe
|
Effectif
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
CEG Angola Libre
|
Expérimental
|
3è M4
|
28
|
22
|
50
|
Témoin
|
3è M1
|
25
|
25
|
50
|
CEG du 8 février 1964
|
Expérimental
|
3è M1
|
25
|
25
|
50
|
Témoin
|
3è M2
|
31
|
19
|
50
|
CEG Lheyet Gaboka
|
Expérimental
|
3è M1
|
29
|
21
|
50
|
Témoin
|
3è M5
|
23
|
27
|
50
|
Total
|
6 classes
|
161
|
139
|
300
|
Par ailleurs, les épreuves des tests sollicitant
l'implication de plusieurs organes de sens, d'une part ; et pour des
raisons de fraîcheur d'esprit des apprenants, d'autre part, il s'est
avéré indispensable de les faire passer en deux séances
espacées d'au moins deux jours l'une de l'autre.
En effet, le questionnaire et la variable « oeil et
esprit exercés » du test de pré-apprentissage (ou de
post-apprentissage) font l'objet de la première séance alors que
les variables « capacité à anticiper, à
reconstituer » et « entraînement total »
constituent l'objet de la deuxième séance.
Lors de chaque séance, l'évaluateur doit
préalablement distribuer les supports (questionnaire ou épreuves
du test) à tous les apprenants, leur expliquer l'objectif de la
tâche à exécuter et l'utilisation des accessoires. Dans un
bref commentaire, il doit en effet insister sur la méthode de travail
à mettre en oeuvre, la sincérité et la collaboration
attendue de chaque apprenant.
L'évaluateur a l'obligation par la suite d'expliciter
la consigne particulière de la première activité afin que
les apprenants l'exécutent, chacun travaillant sur son support. Lorsque
le temps imparti à une activité est épuisé,
l'activité suivante est abordée, et ainsi de suite jusqu'à
la fin de la séance.
Afin de faciliter l'administration des tests, les accessoires
suivants ont été préalablement réunis : des
caches et des montres. Nous appelons cache une feuille de papier
cartonnée de forme rectangulaire de douze centimètres de long sur
sept centimètres de large sur laquelle il est percé une ouverture
de quarante-deux millimètres de long sur cinq millimètres de
large. Il sert à masquer les mots au fur et à mesure que
l'apprenant les parcourt pour éviter de fréquents retours en
arrière. La montre sert à veiller au temps imparti à
chaque item.
Après avoir validé nos instruments de collecte
des données par une pré-enquête, nous procédons
simultanément à la réalisation de l'enquête et
à l'expérimentation. L'administration du questionnaire et la
passation des tests obéissent à des clés
préalablement établies.
CHAPITRE III
COLLECTE DES DONNEES
Pour la collecte des données, sur les trois principales
techniques nous en avons essentiellement retenu deux : l'enquête et
l'expérimentation. L'enquête est une technique de sondage qui
s'appuie sur les informations et les témoignages. Nous avons choisi de
proposer un questionnaire d'enquête à l'échantillon afin de
collecter les informations nécessaires à la vérification
de nos hypothèses de recherche.
L'expérimentation consiste à administrer un test
de pré-apprentissage aussi bien aux groupes expérimentaux qu'aux
groupes témoins. Par la suite, une intervention pédagogique a
lieu uniquement dans les groupes expérimentaux. Enfin, le test de
post-apprentissage intéressera aussi bien les groupes
expérimentaux que les groupes témoins.
1. Administration du questionnaire
Au cours de l'enquête, trois cents (300) apprenants
âgés de 12 à 20 ans répartis en cent trente neuf
(139) filles et cent soixante-un (161) garçons appartenant à
trois établissements différents ont été soumis
à un questionnaire.
Des réponses collectées, nous avons
prélevé les caractéristiques individuelles et
contextuelles relatives au milieu de résidence et à la pratique
de la lecture des apprenants susmentionnés. Ces caractéristiques
constituent nos variables indépendantes. Elles sont vingt (20).
Il s'agit en effet des variables sexe, âge,
arrondissement de résidence, disponibilité d'une salle
d'études, table d'études, autres lectures (journaux, livres des
parents ou tuteurs, bandes dessinées), possession du manuel de lecture
inscrit au programme, possession du roman recommandé au programme,
possession de la pièce de théâtre indiquée au
programme, abonnement à une bibliothèque, moyen d'information
utilisé (télévision, radio, lecture), moyen
d'éclairage utilisé (électricité, lampe à
pétrole), profession du père (ou tuteur), son niveau
d'études, son statut matrimonial, profession de la mère (ou
tutrice), son niveau d'études, catégorie d'établissement,
type de classe, et classe.
La distribution des enquêtés en fonction de ces
variables se présente ainsi :
Premièrement par sexe, elle montre la disproportion
entre les filles (46%) et les garçons (53%). Ce qui signifie que sur 100
apprenants, 46 seulement sont des filles. Nous relevons une sous-scolarisation
des filles ainsi que l'indique le tableau ci-après63(*).
Tableau n° 3 : Taux de scolarisation des
filles par cycle
Cycles
|
Pourcentage des filles
|
Pourcentage des garçons
|
Totaux
|
Préscolaire
|
51,50
|
48,50
|
100%
|
Primaire
|
48,30
|
51,70
|
100%
|
Second cycle 1er degré
|
41,50
|
58,50
|
100%
|
Second cycle 2è degré
|
35,30
|
64,70
|
100%
|
Supérieur
|
15,80
|
84,20
|
100%
|
Totaux
|
46,00
|
54,00
|
100%
|
Une récente communication de la section Education de
l'Organisation des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) à Brazzaville
confirme les données statistiques que nous venons de
présenter64(*).
Ces statistiques s'expliquent aisément dans la mesure
où dans la société congolaise comme dans la plupart des
sociétés d'Afrique noire, la pauvreté, la puberté,
les pesanteurs psychologiques, les grossesses non désirées, les
accouchements précoces et l'environnement social sont souvent à
l'origine des abandons scolaires des filles.
Tableau n° 4 : Répartition des
apprenants selon le sexe
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
O (=F)
1 (=M)
|
139
161
|
46,40
53,60
|
Total
|
300
|
100,00
|
Deuxièmement par groupes d'âge de 12 à 16
ans d'une part, de 17 à 20 ans d'autre part, elle révèle
que ceux du premier groupe sont plus nombreux (61%) que ceux du deuxième
(38%). L'âge modal en classe de 3ème est de 16 ans en
moyenne en République du Congo, comme dans de nombreux Etats d'Afrique
noire.
Mais en ville, cet âge est de 14 ans. Cela provient
probablement de la scolarité précoce des enfants et de la
proximité des apprenants de leur établissement.
Tableau n°5 : Répartition des
apprenants selon l'âge
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
(12 - 16)
(17 - 20)
|
184
116
|
61,30
38,70
|
Total
|
300
|
100,00
|
Troisièmement par arrondissement de résidence,
elle est disproportionnée. Les arrondissements de résidence de la
majorité des apprenants sont : l'arrondissement 3 (37%),
l'arrondissement 5 (23%). Les arrondissements 2 (4%) et 4 (6%) sont
habités par peu d'apprenants de notre échantillon.
Une telle disproportion pourrait s'expliquer par des raisons
de proximité des apprenants par rapport aux établissements que
nous avons retenus pour l'enquête.
Tableau n°6 : Répartition des
apprenants selon l'arrondissement
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Ar.1
Ar.2
Ar.3
Ar.4
Ar.5
|
84
14
113
18
71
|
28,00
04,70
37,60
06,00
23,70
|
Total
|
300
|
100,00
|
Quatrièmement selon la disponibilité d'une salle
ou d'un cadre d'études, elle montre que 83% des apprenants en disposent
d'une, chacun. Seulement 17% n'en disposent pas.
Cela tient probablement de ce que la majorité des
apprenants de l'échantillon sont issus des personnes des professions
scientifiques, techniques, libérales et assimilées. Les parents
ayant un niveau de vie intéressant, disposent des structures qui
devraient favoriser, en principe, une existence confortable et, partant les
apprentissages extrascolaires de leurs enfants.
Tableau n°7 : Distribution des apprenants
selon la disponibilité d'un cadre d'études
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
0(=non)
1(=oui)
|
51
249
|
17
83
|
Total
|
300
|
100
|
Cinquièmement selon la disponibilité d'une table
d'études, elle révèle que 61,7% des apprenants en
disposent d'une. Cela participe du confort matériel du ménage.
Les parents ayant un niveau de vie satisfaisant possèdent du mobilier
nécessaire pour mener une vie décente avec l'ensemble de toute
leur famille.
Tableau n°8 : Distribution des apprenants
selon la disponibilité d'une table d'études
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
0(=non)
1(=oui)
|
115
185
|
38,3
61,7
|
Total
|
300
|
100
|
Sixièmement selon le type de lecture, elle met en
évidence que plus de la moitié (56%) d'entre eux portent leur
choix sur les bandes dessinées et les 44% restant sont partagés
entre les journaux (23%) et les livres des parents ou tuteurs (21%). Cette
volonté des apprenants à lire les bandes dessinées
contraste fort malheureusement avec l'insuffisance dudit support dans les lieux
de lecture de la ville et particulièrement leur rareté dans les
librairies.
Tableau n° 9 : Distribution des apprenants
selon le type de lecture
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 (=journaux)
2 (=livres du père ou tuteur)
3 (= bandes dessinées)
|
69
63
168
|
23
21
56
|
Total
|
300
|
100
|
Septièmement selon la possession du manuel de lecture
inscrit au programme scolaire, elle révèle qu'aucun apprenant ne
le possède. Cela montre que la pratique de la lecture n'est qu'une
activité scolaire pour ces apprenants car après l'école,
ils ne sauraient pratiquer la lecture sans livres.
C'est probablement pourquoi ils ne pratiquent aucune
activité d'exploitation ultérieure du texte étudié
en classe. Cette situation est vraisemblablement la même dans la plupart
des Etats africains.
Tableau n°10 : Distribution des apprenants
selon la possession du manuel de lecture
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
0(=non)
1(=oui)
|
300
0
|
100
0
|
Total
|
300
|
100
|
Huitièmement selon la possession du roman
recommandé au programme scolaire, elle indique qu'aucun apprenant ne le
possède. Cela explique en partie la confusion que les apprenants de la
classe de 3ème font entre leur propre carte d'identité
et La Carte d'identité, roman de Jean Marie Adiafi.
Cette triste réalité est partagée par les
apprenants de nombreux pays d'Afrique noire. Le niveau de revenu des parents
d'élèves est devenu tellement faible qu'ils se battent au
quotidien pour survivre. En effet, on se demande comment les parents
d'élèves africains pourraient agir autrement lorsque les prix des
matières premières produites en Afrique ne sont pas fixés
par les producteurs eux-mêmes.
Tableau n°11 : Distribution des apprenants
selon la possession du roman au programme
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
0(=non)
1(=oui)
|
300
0
|
100
0
|
Total
|
300
|
100
|
Neuvièmement selon la possession de la pièce de
théâtre indiquée au programme scolaire, elle met en
évidence qu'aucun apprenant ne la possède. Cela montre que la
lecture suivie et dirigée ne peut être préparée
à la maison.
Dans la plupart des cas, elle n'est pas faite du tout car
certains apprenants de la classe de 3ème ignorent les titres
des oeuvres inscrites au programme scolaire. Si la lecture suivie et
dirigée était régulièrement pratiquée, il
aurait été difficile pour les apprenants de la classe de
3ème d'ignorer non seulement les titres des oeuvres
inscrites au programme mais l'existence-même de la discipline.
Tableau n° 12 : Distribution des apprenants
selon la possession de la pièce de théâtre au programme
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
0(=non)
1(=oui)
|
300
0
|
100
0
|
Total
|
300
|
100
|
En somme, le manque de manuel de lecture et des oeuvres
inscrits au programme scolaire implique deux conséquences : le
texte de lecture est régulièrement recopié au tableau et
la lecture des oeuvres n'est pas du tout effective.
La première hypothèse déforme la
physionomie du texte, complique la lisibilité et réduit le nombre
de textes à étudier par an. La deuxième hypothèse
prive les apprenants de la classe de 3ème de la pratique
effective de la lecture alors que la lecture est un comportement en devenir. Ce
savoir-faire nécessite une pratique régulière.
Dixièmement selon l'abonnement à une
bibliothèque, elle établit qu'une infime minorité
d'apprenants concernés par l'enquête (12%) fréquente une
bibliothèque. Sur 100 apprenants, seulement 13 sont abonnés
à une bibliothèque alors que la majorité (87%) n'en
fréquentent aucune. Les raisons suivantes peuvent justifier un tel
phénomène :
- Le taux de couverture de Brazzaville en bibliothèques
reste faible.
- Les mouvements sociopolitiques que Brazzaville a connus
n'ont pas épargné les bibliothèques et les centres de
documentation et d'information du pillage et de la destruction gratuite.
- Les dispositions mentales et la pauvreté qui ne
permettent pas à certains apprenants de disposer des moyens financiers
suffisants pour s'abonner à une bibliothèque.
En somme, Brazzaville dans les années de la
réalisation de cette étude ne constituait pas un environnement
propice à la lecture. En effet, on y trouvait peu de lieux et de
supports de lecture. Et les bibliothèques familiales, quand elles
existaient, étaient soit insuffisamment équipées, soit
trop spécialisées. Chacun possédant des récentes
publications de sa spécialité et ne disposant pas souvent des
ouvrages de base traitant des autres domaines de spécialité.
Des efforts ont certainement étaient fournis entre
temps, mais la situation ne peut être guère excellente car
l'apprentissage de la lecture est aussi un problème de culture et de
mentalité. Personne ne saurait devenir lecteur par simple volonté
de le devenir. Il y a des efforts à fournir, l'apprentissage de la
lecture comme tout apprentissage d'ailleurs n'est pas aussi simple. De nombreux
facteurs internes et externes interviennent dans tout processus
d'apprentissage.
Tableau n° 13 : Distribution des apprenants
selon l'abonnement à une bibliothèque
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
0 (= Non)
1 (= Oui)
|
263
137
|
87,70
12,30
|
Total
|
300
|
100,00
|
Onzièmement selon le moyen d'information
utilisé, elle indique leur préférence pour la
télévision (79%). Seulement 10% des apprenants
enquêtés se servent de la lecture et 10% de la radio, comme moyen
d'information.
Nous constatons qu'un tel phénomène est
probablement tributaire de l'environnement enclin à la facilité.
En effet, les apprenants suivent passivement la foule d'informations que
déversent les médias au point de négliger la lecture comme
moyen d'information.
C'est l'occasion de noter simplement que les médias
concurrencent la lecture comme moyen d'information et même de
distraction. Il ne s'agit pas en effet de contester le rôle que jouent
les médias, à savoir éduquer, cultiver et distraire les
populations.
Tableau n° 14 : Distribution des apprenants
selon le moyen d'information utilisé
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 (= télévision)
2 (= radio)
3 (= lecture)
|
238
30
32
|
79,33
10,00
10,67
|
Total
|
300
|
100,00
|
Douzièmement selon le moyen d'éclairage
utilisé, elle montre que la majorité d'entre eux (72%) vivent
dans les maisons électrifiées. Seulement 27% des apprenants
vivent dans les ménages qui utilisent la lampe à pétrole
comme moyen d'éclairage. Cela est un indicateur du niveau de vie et du
privilège économique des parents ou (tuteurs) des
enquêtés.
Tableau n° 15 : Répartition des
apprenants selon le moyen d'éclairage utilisé
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1(=lampe tempête)
2(= électricité)
|
82
218
|
27,30
72,70
|
Total
|
300
|
100,00
|
Treizièmement selon la catégorie
socioprofessionnelle du père, elle met en évidence que 51% ont
des parents issus des professions scientifiques, techniques, libérales
et assimilées ; 11%, des personnels administratifs et travailleurs
assimilés ou du personnel commercial et vendeur. Seulement 6%
d'apprenants sont issus d'ouvriers et manoeuvres.
La configuration socioprofessionnelle des parents indique que
les apprenants sur lesquels nous avons enquêté sont pour la
plupart issus des familles aisées.
En effet, l'aisance matérielle des parents peut
être un facteur important dans la nature de la scolarité d'un
apprenant. Autant elle peut être un facteur de réussite, autant
elle peut s'avérer un frein car une excessive abondance de bien
matériel peut bien conduire l'enfant à sa perte surtout lorsque
ce dernier ne sait pas faire la différence entre ses siens propres et
ceux de son père ou de sa famille.
Tableau n°16 : Répartition des
pères selon leur catégorie professionnelle
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 : 1
2 : 3
3 : 4
4 : 5
5 : 7
|
155
34
34
57
20
|
51,70
11,30
11,30
19,00
6,70
|
Total
|
300
|
100,00
|
Quatorzièmement selon le niveau d'études du
père, elle indique que la majorité d'entre eux ont au moins celui
de l'enseignement secondaire, soit 48% au cycle secondaire et 47,5% au cycle
supérieur.
Une telle configuration constitue un privilège culturel
qui peut être un atout considérable pour les enfants à
condition qu'ils sachent tirer tout le profit qu'un tel avantage
présumé est censé leur réserver.
Nous reconnaissons que l'avantage est une chose et savoir en
jouir est une autre. Cette réalité crève l'oeil dans de
nombreux pays d'Afrique noire. Les enfants des plus nantis ne sont pas
forcément les plus brillants à l'école.
Tableau n° 17 : Répartition des
pères selon le niveau d'études
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 (= primaire)
2 (= secondaire)
3 (= supérieur)
|
14
144
142
|
4,50
48,00
47,50
|
Total
|
300
|
100,00
|
Quinzièmement selon la situation matrimoniale du
père, elle montre que la monogamie est plus répandue puisqu'elle
concerne 81% d'hommes en union. La polygamie n'intéresse que 19%
d'hommes en union.
Une telle répartition constitue un facteur de
stabilité susceptible de garantir un meilleur encadrement scolaire des
enfants en âge scolaire, à condition que la délinquance
sénile ne s'accapare des parents en situation de monogamie comme c'est
parfois le cas dans les grandes métropoles africaines.
Tableau n° 18 : Répartition des
pères selon la situation matrimoniale
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 (= monogamie)
2 (= polygamie)
|
243
57
|
81
19
|
Total
|
300
|
100
|
Seizièmement selon la profession de la mère,
elle révèle que 41% d'entre elles sont des
ménagères ; 26% font partie du personnel commercial et
vendeur ; 14% exercent des professions techniques, scientifiques,
libérales et assimilées ; et 7% sont des personnes
spécialisées dans leur service.
Cette répartition est le reflet de la configuration
sociale de la société congolaise et, partant, celui de la
quasi-totalité des pays d'Afrique noire.
Tableau n° 19 : Répartition des
mères selon la profession
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 : 0
2 : 1
3 : 3
4 : 4
5 : 5
6 : 6
7 : 7
|
124
44
27
78
23
01
03
|
41, 30
14,70
09,00
26,00
07,70
00,30
01,00
|
Total
|
300
|
100,00
|
Dix-septièmement selon le niveau d'études de la
mère, elle met en évidence que la majorité d'entre elles
(78 %) sont du cycle secondaire, 14% du cycle supérieur et seulement 8%
du cycle primaire.
Nous remarquons que les 14% des mères qui appartiennent
au cycle supérieur sont des personnes des professions techniques,
scientifiques, libérales et assimilées. Cette coïncidence
entre le niveau d'études des mères et leur catégorie
socioprofessionnelle pourrait contribuer au succès scolaire de leurs
enfants. Disposer à la fois d'un niveau d'études requis et des
moyens financiers suffisants pour assurer l'accompagnement et le suivi scolaire
des enfants, est un privilège qui n'est pas réservé
à tous les citoyens.
Tableau n° 20 : Répartition des
mères selon le niveau d'études.
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 (= primaire)
2 (= secondaire)
3 (= supérieur)
|
24
234
42
|
8
78
14
|
Total
|
300
|
100
|
Dix-huitièmement selon l'établissement
d'appartenance, elle indique 100 apprenants par établissement. Cette
répartition obéit au besoin d'enquête parce qu'il est
nécessaire de disposer d'un même effectif par
établissement.
Tableau n° 21 : Répartition des
apprenants selon l'établissement
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1 (= établissement 1)
2 (= établissement 2)
3 (= établissement 3)
|
100
100
100
|
33,33
33,33
33,33
|
Total
|
300
|
100,00
|
Dix-neuvièmement selon le type de classe, elle montre
une répartition équitable entre classes expérimentales et
classes témoins. En effet, il existe une classe expérimentale de
cinquante (50) apprenants et une classe témoin de cinquante (50)
apprenants, par établissement d'expérimentation.
Nous avons en fin de compte trois classes
expérimentales de cent cinquante (150) apprenants et trois classes
témoins ayant le même effectif de cent cinquante (150)
apprenants.
Tableau n° 22 : Répartition des
apprenants selon le type de classe
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1(= classes expérimentales)
2 (= classes témoins)
|
150
150
|
50
50
|
Total
|
300
|
100
|
Vingtièmement selon la classe, elle indique une
répartition équitable des apprenants par classe. Pour les besoins
de l'étude, chaque classe expérimentale ou témoin compte
un effectif de cinquante (50) apprenants qui ont effectivement pris part
à toutes les séances de l'enquête.
Il est utile de rappeler que l'effectif de chaque classe est
mixte dans la mesure où il comporte à la fois des filles et des
garçons. Il n'est pas superflu de noter qu'il y a des classes où
l'effectif des filles est légèrement supérieur à
celui des garçons, le pourcentage de femmes étant
légèrement supérieur à celui des hommes dans toute
la société congolaise (51% de femmes contre 49% d'hommes) selon
le denier recensement général de la population de l'année
2000. La situation semble être la même dans de nombreux pays
d'Afrique noire situés au sud du Sahara.
Il y a deux classes par établissement et six pour
l'ensemble de l'univers de l'enquête, soit 300 apprenants. Nous rappelons
que les trois cents apprenants sont tous de niveau de la classe de
3ème et ont un âge variant entre soit 12 et 16 ans,
soit 17 et 20 ans.
Tableau n° 23 : Répartition des
apprenants selon la classe
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
classe expérimentale, établissement1
classe témoin, établissement 1
classe expérimentale, établissement 2
classe témoin, établissement 2
classe expérimentale, établissement 3
classe témoin, établissement 3
|
50
50
50
50
50
50
|
16,66
16,66
16,66
16,66
16,66
16,66
|
Total
|
300
|
100,00
|
2. Administration des tests
Nous avons proposé les épreuves des tests aux
apprenants à deux reprises : les épreuves du test de
pré-apprentissage d'une part, celles de celui de post-apprentissage
d'autre part. Comme nous l'avons indiqué à la
pré-enquête, les épreuves des tests sollicitant
l'implication de plusieurs organes de sens d'une part, et pour des raisons de
fraîcheur d'esprit des sujets, d'autre part ; nous les avons fait
passer en deux séances espacées d'au moins deux jours l'une de
l'autre. Cette précaution a été observée aussi bien
au test de pré-apprentissage qu'à celui de post-apprentissage.
Lors de chaque séance, l'évaluateur distribue
préalablement à tous les sujets les épreuves de test. Il
leur explique par la suite les règles du jeu. Il insiste
particulièrement sur la méthode de travail à observer, la
sincérité et la collaboration des apprenants ainsi que sur le
caractère confidentiel des résultats pour ne pas frustrer les
moins brillants.Il explicite la consigne particulière de chaque item
afin que les sujets l'exécutent, chacun travaillant sur son support.
Lorsque le temps imparti à l'item est épuisé,
l'évaluateur fait passer les sujets à l'activité suivante,
et ainsi de suite jusqu'à la fin de la séance.
L'évaluation de la production des apprenants a permis
de collecter des informations relatives à leurs performances, variable
par variable. Pour rendre la lisibilité matérielle du texte
aisée, nous avons préféré ne présenter que
nos résultats d'étude au chapitre suivant et non les
données brutes recueillies au cours de l'enquête ou de
l'expérimentation.
Une fois les informations collectées pendant
l'enquête et l'expérimentation réunies, nous devons les
traiter. Cela nécessite qu'il soit mis au point les modalités et
les instruments de traitement des données, objet partiel du chapitre
suivant.
CHAPITRE IV
TRAITEMENT DES DONNEES ET PRESENTATION
DES RESULTATS
Le chapitre précédent nous a permis de
présenter notre méthodologie de collecte des données. Il
s'est agi en effet de proposer un questionnaire et des tests aux sujets
expérimentaux. Les réponses au questionnaire nous ont permis de
collecter des informations relatives à leur identité, à
leur milieu socioculturel de résidence, à leurs pratiques et
à leurs supports d'apprentissage de la lecture. Ces données sont
constituées de facteurs qualitatifs.
Pour rendre la lecture de l'étude aisée, nous
avons préféré ne présenter que les résultats
et non les données brutes, comme nous l'avons précédemment
noté. Le présent chapitre vise donc l'exposition des
modalités de traitement des données d'une part, et celle des
résultats d'autre part, et enfin la vérification
méthodique des hypothèses de recherche.
1. Traitement des données
Le traitement des données est une étape centrale
du travail de recherche. Elle est indispensable pour toute étude qui se
veut scientifique. C'est sur elle que repose la vérification de
l'hypothèse générale. Nous rappelons que notre
hypothèse générale génère trois
hypothèses secondaires, en fonction desquelles nous avons
élaboré nos instruments de collecte des données.
Les données que nous avons recueillies sont de deux
ordres : les données qualitatives et les données
quantitatives. Les premières font référence aux
renseignements relatifs au milieu de résidence des apprenants sur
lesquels nous avons enquêté et leur pratique de la lecture. Elles
concernent nos deux premières hypothèses secondaires.
Les secondes désignent les innovations que nous avons
introduites dans les pratiques pédagogiques actuelles dans les classes
expérimentales. Elles sont en relation avec notre troisième
hypothèse secondaire.
Ainsi, nous distinguons deux types de traitement des
données : le traitement des données qualitatives et celui
des données quantitatives.
A.
Le traitement des données qualitatives
Le traitement des données qualitatives implique deux
étapes principales : la classification de l'information d'une part,
l'analyse proprement dite des données d'autre part.
En ce qui nous concerne, la classification consiste à
ranger les faits recueillis à l'intérieur des deux
catégories que nous avons prédéterminées en
fonction de notre cadre opératoire et des instruments d'analyse que nous
avons mis au point.
En effet, nous avons déterminé d'avance deux
catégories de renseignements : les renseignements relatifs au
milieu de résidence des apprenants de la classe de
3ème d'une part, et ceux relatifs à leur pratique de
la lecture d'autre part.
En vue de l'analyse proprement dite des données
qualitatives, nous recourons à l'analyse qualitative. Nous partageons la
définition de l'analyse qualitative que propose Gordon Mace
(1988) :
L'analyse qualitative est un exercice structuré de
mise en relation logique de variables et, par voie de conséquence, de
catégories de données. C'est le type d'exercice par lequel on
tente de reproduire logiquement un schéma mental d'une interrelation
entre phénomènes, en essayant de vérifier, par
l'observation, le degré de correspondance entre cette construction de
l'esprit et la situation réelle65(*).
Le traitement des données relatives au milieu de
résidence
Des informations que nous avons recueillies sur le milieu de
résidence des apprenants sur lesquels nous avons enquêté,
nous avons sélectionné les éléments qui favorisent
l'enseignement-apprentissage de la lecture. Ils sont constitués de douze
(12) caractéristiques individuelles et contextuelles : le
caractère adolescent des apprenants, la sous-scolarisation des filles,
le niveau d'études des mères, leur origine socioprofessionnelle,
le niveau d'études des pères, leur origine socioprofessionnelle,
leur statut matrimonial, la disponibilité d'un cadre d'études, la
disponibilité d'une table d'études, le moyen d'éclairage
utilisé, le moyen d'information choisi, la répartition par
arrondissement des apprenants.
Ces éléments du milieu socioculturel de
résidence jouent un rôle important dans
l'enseignement-apprentissage de la lecture tout comme dans celui de toutes les
disciplines scolaires. Il s'agit des facteurs suivants :
Le caractère adolescent des apprenants
Les apprenants sur lesquels nous avons enquêté
sont âgés de 12 à 19 ans. Or, les adolescents sont les
individus dont l'âge varie entre 10 et 20 ans. Donc, nos sujets
expérimentaux sont des adolescents et des adolescentes. Au cours de la
période d'adolescence, il est établi que :
- l'individu progresse du stade de l'apparition initiale des
caractères sexuels secondaires à celui de la maturité
sexuelle ;
- les processus psychologiques et les modes d'identification
de l'individu évoluent de ceux qui sont propres à un enfant
à ceux qui caractérisent un adulte ;
- l'individu passe de l'état de dépendance
sociale et économique totale à celui d'indépendance
relative.
A la suite de cette description de l'adolescence, nous nous
demandons si un individu agité par toutes ces pulsions sexuelles,
psychologiques, identitaires et économiques peut véritablement se
concentrer sur l'apprentissage de la lecture. La lecture étant un acte
éminemment individuel qui exige un minimum d'isolement, de
tranquillité et une attention soutenue.
Les adolescents sont partagés entre le désir
d'établir leur propre personnalité et le puissant besoin
d'appartenance à leur classe sociale. Il en résulte qu'ils
peuvent être influencés par leurs camarades, peut-être d'une
façon qui va à l'encontre des aspirations de leur famille qui
aimerait les voir savoir lire. Les adolescents sont également
écartelés entre le désir d'assouvir pleinement leur besoin
sexuel et disposer des moyens financiers pour paraître au milieu de leurs
camarades surtout de la classe de 3ème.
Ainsi, l'apprentissage et la pratique de la lecture deviennent
des préoccupations de second plan. Un adolescent préfère
s'offrir un produit à la mode plutôt qu'un livre de lecture. Nous
constatons que ce sont les dispositions mentales qui commandent les attitudes
de certaines adolescentes et de certains adolescents. L'une des
conséquences immédiates de ce comportement est leur choix de la
télévision comme moyen d'information et de distraction au
détriment de la lecture.
La sous-scolarisation des filles
La sous-scolarisation des filles que nous avons relevée
au cours de l'enquête semble cacher un autre
phénomène : leur déperdition scolaire. En effet, dans
les classes de 6ème des collèges d'enseignement
général où nous avons réalisé
l'enquête, le nombre de filles est sensiblement équivalent
à celui des garçons. Mais, au fur et à mesure que les
cohortes progressent d'un niveau à un autre, la régression du
nombre de filles s'accroît.
L'abandon scolaire des filles semble être dû
principalement aux grossesses précoces. Les adolescentes enceintes
abandonnent les classes sans avoir aucune chance de pouvoir y retourner par la
suite.
Le retour d'une adolescente mère dans sa classe
d'origine peut s'avérer impossible car elle peut être
considérée comme un mauvais exemple pour les autres camarades.
Une grossesse précoce est souvent perçue comme
une source de déshonneur pour l'adolescente et sa famille toute
entière. Les fortes pressions sociales qui s'exercent sur l'adolescente
enceinte la contraignent à abandonner les études. Dans certains
cas, les conséquences sont plus graves. L'adolescente peut s'installer
dans un état de vieille fille. Souvent, elle est contrainte soit
à se marier, soit à commettre un avortement illicite et parfois
à se suicider, dans les cas extrêmes.
Ainsi, les effets d'une grossesse précoce peuvent
être dévastateurs aux points de vue éducatif, social, et
économique pour une adolescente de la classe de 3ème
dont la réussite au Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC) aurait pu
ouvrir les perspectives nouvelles pour la vie.
Le niveau d'études des mères des apprenants
Nous avons constaté lors de l'enquête que 78% des
mères des apprenants sont du niveau d'études secondaire. Les
adolescents et les adolescentes d'aujourd'hui étant les adultes de
demain, le faible niveau d'études des mères peut être l'une
des conséquences de la déperdition scolaire que nous venons
d'exposer.
Par ailleurs, les conflits entre les parents et les
adolescentes à propos de la sexualité par exemple peuvent
être aussi à l'origine des abandons scolaires. Une adolescente qui
abandonne les études, finit par devenir mère. Les adolescentes
mères, qu'elles soient mariées ou célibataires, s'exposent
à de nombreuses difficultés financières. Les filles mises
au monde par les adolescentes ont de forts risques de devenir elles aussi
mères adolescentes. Le cycle de pauvreté s'en trouve
perpétué.
Les apprenants issus de cette catégorie de mères
ont besoin d'un soutien scolaire. Leurs mères ne disposent pas souvent
de moyens intellectuels requis pour le leur apporter. Elles ont un niveau
scolaire proche de celui des enfants car elles peuvent avoir abandonné
les études quelques années plus tôt en classe de
3ème, niveau auquel fréquentent leurs enfants. Le
niveau d'études des mères a par ailleurs une implication sur leur
catégorie socioprofessionnelle.
La profession des mères des apprenants
Au cours de l'enquête, nous avons observé que 41%
des mères des apprenants sont des ménagères. Lorsque les
chances d'éducation des adolescentes ont été compromises
à la suite des abandons scolaires, leurs perspectives d'emploi sont
réduites de sorte qu'il est vraisemblable qu'elles continueront à
dépendre des autres personnes pour leurs moyens d'existence. Cela peut
contribuer à perpétuer la condition inférieure de
nombreuses femmes dans la société congolaise d'une
génération à une autre.
Le niveau d'études des pères des apprenants
Lors de l'enquête que nous avons menée, nous
avons noté que 48% des pères des apprenants ont le niveau de
l'enseignement secondaire et 47,5%, celui de l'enseignement supérieur.
Donc 95,5% des pères des apprenants ont au moins le niveau
d'études secondaire.
Une telle configuration aurait pu constituer un
privilège culturel important pour l'apprentissage de la lecture par les
enfants. Mais ces parents eux-mêmes ne lisent pas ou lisent peu. Si les
enfants les voyaient se servir de la lecture pour résoudre leurs
problèmes quotidiens, ils prendraient conscience de l'importance de la
lecture et seraient probablement plus motivés pour l'apprentissage et la
pratique de cette discipline fondamentale.
Nous pouvons penser qu'une société dans laquelle
les citoyens ne lisent pas ou lisent peu, reproduit des enfants peu lecteurs
car ces derniers voient rarement les livres chez eux. Nous partageons l'analyse
selon laquelle le livre se voit presque condamné à la
clandestinité, à tel point que de l'avis de nombreux observateurs
culturels les Africains ne lisent pas ou lisent très peu.
Ainsi, il est peu probable que les enfants soient des lecteurs
lorsque leurs parents ne le sont pas, dans une société où
la lecture n'est pas un fait culturel. Cependant, un bon niveau
d'études peut prédisposer un individu à une bonne
catégorie socioprofessionnelle et, partant, à une réelle
ascension sociale.
La catégorie socioprofessionnelle des pères des
apprenants
Nos résultats d'enquête révèlent
que 51% des apprenants sont issus des parents des professions scientifiques,
techniques, libérales et assimilées ; 11%, des personnels
administratifs et travailleurs assimilés ou du personnel commercial et
vendeur et 6%, d'ouvriers et manoeuvres.
Une telle configuration socioprofessionnelle des parents
devrait garantir aux enfants une aisance matérielle certaine. Elle peut
être un facteur important dans l'apprentissage de la lecture, comme dans
celui de toutes les autres disciplines scolaires. La qualité de
l'alimentation, le temps de sommeil et celui des études sont importants
pour la nature des apprentissages scolaires.
Ordinairement, la catégorie socioprofessionnelle du
père apparaît comme un facteur important dans la réussite
scolaire des enfants. La profession du père souvent en congruence avec
son niveau d'études lui permet d'acquérir une relative aisance
matérielle et un certain confort culturel qui ont, dans la plupart des
cas, une incidence sur le travail scolaire des enfants.
Au regard des résultats de notre étude, nous
avons le sentiment que les apprenants ne tirent pas toujours autant de profit
espéré du privilège économique et culturel que leur
confère la profession de leur père ou tuteur. Bien d'autres
facteurs comme l'établissement, la classe, la compétence du
professeur et l'environnement semblent déterminer la réussite ou
l'échec scolaire des adolescents. Il est probable que cela tienne de
deux facteurs :
Premièrement, il y a comme une véritable
démission parentale des tâches d'éducation scolaire des
enfants en Afrique noire en général. Les pères se
déchargent très souvent sur les mères. Les occupations
professionnelles de celles-ci ainsi que leurs tâches
ménagères ne leur laissent guère le temps de jouer leur
rôle d'éducatrice et d'accompagnatrice du travail scolaire des
enfants qui en ont le plus besoin.
Deuxièmement, les adolescents passent le plus clair du
temps journalier en compagnie des pairs du même groupe d'âge, et en
dehors de la famille. Nous avons indiqué qu'ils peuvent être
influencés par leurs camarades de façon qui va à
l'encontre des aspirations de leurs parents. Un tel constat conduit à
souhaiter que la famille s'engage à prendre en charge le suivi et
l'accompagnement du travail scolaire des enfants.
Ainsi, la qualité des apprentissages d'un enfant n'est
pas uniquement tributaire de la catégorie socioprofessionnelle de son
père. D'autres paramètres semblent influencer positivement ou
négativement le travail scolaire des adolescents et des adolescentes.
Son résultat peut dépendre de l'aisance matérielle du
ménage. Celle-ci à son tour peut dépendre du statut
matrimonial du chef de famille et de la taille de celle-ci.
Le statut matrimonial du père
Nos résultats d'enquête montrent que 81% des
apprenants sont issus des parents monogames. La monogamie désigne un
régime juridique dans lequel une personne ne peut avoir
légalement qu'un seul conjoint.
Dans cette définition, nous insistons sur l'adverbe
légalement parce qu'il arrive parfois qu'au moment où un
Brazzavillois se prononce pour la monogamie devant un officier d'état
civil, une amante l'attend dans un « ganda » (buvette
populaire). Un tel comportement est assez fréquent en Afrique noire en
général.
Dans ces conditions, l'apparente aisance matérielle
supposée pour les couples monogames peut se transformer en
difficultés de toutes sortes au point où certains apprenants
issus de tels ménages ne disposent ni de manuels de lecture, ni des
oeuvres au programme. Il leur arrive de ne même pas avoir des moyens
financiers pour s'abonner à une bibliothèque.
La disponibilité d'un cadre ou s'une salle
d'études à domicile
A partir des résultats de notre enquête, nous
avons remarqué que 83% des apprenants disposent d'un cadre
d'études à domicile. Nous avons indiqué que cela tient de
ce que la majorité des apprenants de notre échantillon sont issus
des personnes des professions scientifiques, techniques, libérales et
assimilées. Le bon niveau de vie d'un ménage peut garantir des
conditions matérielles d'apprentissage des enfants. Avec Michèle
Bedoucette et Frédérique Cuisiniez (1997), nous affirmons
que :
Les bonnes conditions dans lesquelles la lecture
s'effectue jouent un rôle non négligeable dans l'efficacité
et le plaisir de la lecture66(*).
Ainsi, les parents ayant un niveau de vie intéressant,
disposent des structures favorisant les apprentissages extrascolaires des
enfants.
La disponibilité d'une table d'études
Les résultats de l'enquête que nous avons
menée auprès de notre échantillon, révèlent
que 61,7% d'apprenants disposent d'une table à la maison. Mais, elle
n'est pas spécialement destinée à leurs études. Ce
mobilier a une autre fonction. Il sert de table à manger et participe du
confort matériel du ménage.
Le moyen d'éclairage utilisé
Le dépouillement de l'enquête que nous avons
réalisée, établit que 72% d'apprenants vivent dans des
maisons électrifiées. Nous notons que cela est un indicateur du
niveau de vie et du privilège économique de leurs parents.
Le niveau de vie d'un citoyen peut être tributaire pour
l'essentiel de la catégorie socioprofessionnelle à laquelle il
appartient. La catégorie socioprofessionnelle du chef de famille
détermine habituellement le privilège économique dont
jouissent ses enfants.
Ainsi, ce privilège est par ailleurs un facteur
important dans les apprentissages scolaires, étant donné qu'il
favorise l'acquisition des moyens matériels requis pour une vie
décente et, partant, pour une bonne scolarité supposée des
enfants.
Le moyen d'information choisi
Le dépouillement des données nous
révèle qu'une importante majorité des apprenants
choisissent la télévision comme moyen d'information au
détriment de la lecture et de la radio. Ce constat pourrait s'expliquer
par le faible taux de couverture de Brazzaville en milieux de lecture et un
environnement enclin à la facilité.
En effet, la télévision exerce sur l'esprit des
enfants une grande séduction parce qu'elle diffuse à longueur de
journées une successivité d'images aiguisant ainsi leur
agilité visuelle et mentale.
Nous remarquons qu'en ce début du XXIe siècle,
la lecture est concurrencée par la télévision et les
médias en Afrique noire en général. Certes, ils invitent
à la facilité mais ils nourrissent et entretiennent en même
temps la culture des apprenants par les spectacles qu'ils présentent et
les informations qu'ils véhiculent.
La télévision devient pour les apprenants le
principal moyen d'information et leur bonne mémoire les
prédispose à la rétention de nouveaux
éléments contribuant à la consolidation de leur culture.
C'est pourquoi, cette catégorie d'apprentis lecteurs paraît plus
performante en ce qui concerne la variable « oeil et esprit
exercés ».
Par ailleurs, la lecture étant un acte
éminemment individuel et nécessitant une attention soutenue, nous
nous demandons avec le Professeur Mukala Kadima-Nzuji (2004) :
Si elle peut raisonnablement s'exercer pleinement dans une
société qui fonctionne assez largement sur la base de l'esprit
communautaire plutôt qu'individualiste et sur le mode de l'oralité
plutôt que de l'écrit67(*).
L'arrondissement de résidence des apprenants
La répartition des apprenants par arrondissement se
révèle disproportionnée. Cette disproportion est due
à des raisons de proximité des apprenants par rapport aux
établissements que nous avons retenus pour les besoins de
l'enquête.
Tous les arrondissements de Brazzaville présentent un
environnement semblable. Il est caractérisé par l'insuffisance
des lieux de lecture (bibliothèques, librairies, kiosques à
journaux, cybercafés, centres de lecture, centres de documentation et
d'information) et la présence des médias comme la
télévision et la radio. Un tel environnement invite plus à
la facilité qu'à l'effort d'isolement, de tranquillité et
d'attention soutenue qu'implique la lecture.
Marc Talansi a pu écrire que le Congolais ne lit pas
assez et Brazzaville ne constitue pas un environnement propice pour la lecture.
Nous convenons par ailleurs que le livre ne bénéficie pas du
même réseau de distribution que la chanson de
variété à tel point qu'il s'agisse de sa production ou de
sa réception, il demeure l'affaire d'une minorité.
En Afrique noire et singulièrement dans les deux Congo,
les maisons d'édition et les librairies sont quasi inexistantes, le
nombre de centres de lecture insignifiant et la politique du livre
inefficace.
En somme, le milieu de résidence des apprenants sur
lesquels nous avons enquêté, tel qu'il fonctionne actuellement,
offre toutes les conditions matérielles pour une vie confortable.
En revanche, il n'assure pas toujours des conditions
intellectuelles pour les études et il y a constat d'échec de
l'enseignement-apprentissage de la lecture. Cela confirme la justesse de notre
hypothèse selon laquelle certains éléments du milieu
favorisent mieux l'enseignement-apprentissage de la lecture et, quand ils ne la
favorisent pas, ils demeurent non défavorables.
Après avoir montré le caractère non
propice pour la lecture du milieu de résidence des apprenants qui ont
constitué nos sujets de l'enquête, nous abordons l'analyse des
données qualitatives relatives à leur pratique de la lecture.
Le traitement des données relatives à la
pratique de la lecture
Des renseignements que nous avons collectés à
propos de la pratique de la lecture des apprenants qui ont constitué nos
sujets de l'enquête, quatre caractéristiques individuelles
permettent de décrire leur pratique de la lecture. Ce sont le manque de
manuel de lecture, le choix des bandes dessinées comme support de
lecture, l'abonnement à une bibliothèque, la pratique effective
de la lecture à travers l'établissement, le type de classe et la
classe.
La pratique régulière de la lecture est
importante pour l'amélioration de la qualité de la lecture
individuelle et de l'enseignement-apprentissage de la lecture en
général. Cette pratique est caractérisée par les
facteurs suivants :
Le manque de manuels de lecture
Nous avons relevé qu'aucun apprenant de notre
échantillon expérimental ne dispose ni du manuel de lecture ni
des oeuvres indiquées au programme scolaire. Certains vont
jusqu'à ignorer totalement les noms des titres des manuels et des
oeuvres inscrits au programme scolaire. D'autres confondent le titre de
l'oeuvre de Jean-Marie Adiafi, La Carte d'identité à
leur carte d'identité personnelle. Les plus brillants font plutôt
référence au Mandat, oeuvre de Sembène Ousmane
dans laquelle il est question de la carte d'identité d'Ibrahima Dieng,
personnage principal, pour pouvoir toucher le mandat que son fils lui a
envoyé d'Europe.
Un tel phénomène peut être dû
à plusieurs facteurs :
Premièrement, nous avons relevé
précédemment que le refus des adolescents et des adolescentes
d'acheter les livres est un choix délibéré tributaire sans
doute de leurs dispositions personnelles et non d'une quelconque
pauvreté, comme on a souvent tendance à le croire. En Afrique
noire, l'achat des manuels scolaires ou des livres parascolaires relève
beaucoup plus des contraintes imposées par l'école que d'une
simple volonté personnelle.
Deuxièmement, la pauvreté qui ne permet pas aux
parents d'élèves de disposer des moyens financiers suffisants
pour acheter les fournitures scolaires de leurs enfants. Les politiques
d'ajustement structurel sont à la base du rabattement des salaires des
agents de l'Etat congolais depuis près de deux décennies.
L'Etat étant le principal employeur, comme dans bon
nombre de pays africains, la pauvreté s'est installée
réduisant de nombreuses familles à la mendicité. Les
derniers événements sociaux, élégamment
appelés bêtise humaine, n'ont fait que ruiner les espoirs de
prospérité qui pointaient à l'horizon pour quelques
familles.
Troisièmement, des décennies du socialisme ont
habitué les apprenants des écoles congolaises à ne pas
acheter les fournitures scolaires. La culture de l'effort a fait place au
militantisme. L'agitation a été pendant longtemps le gage de la
réussite sociale et la culture de la médiocrité a pris
corps dans de nombreux secteurs de la vie nationale.
Quatrièmement, l'indisponibilité des manuels et
oeuvres inscrits au programme scolaire est chronique dans le pays. La
dislocation de l'Office National des Librairies Populaires (ONLP) a mis fin
à l'embryon de circuit de distribution des livres qui existait dans ce
pays. La politique du livre étant inefficace, celle du manuel scolaire
est défaillante.
La Société Congolaise de Distribution et de
Recouvrement (SCDR) des manuels scolaires est une excellente initiative qui ne
se limite malheureusement qu'à l'enseignement primaire. Nous avons
l'impression que cette initiative reste insuffisante dans la mesure où
elle n'opère que sur les ouvrages financés par l'Agence
Intergouvernementale de la Francophonie (AIF).
En effet, à la suite de la Convention de Diffusion -
Distribution des manuels scolaires n°AG/DLE/BK/1999 1241-041 entre
l'Agence et la Société Congolaise de Distribution et de
Recouvrement (SCDR), société congolaise de droit privé,
les manuels de français et ceux de mathématiques sont
désormais disponibles sur toute l'étendue du territoire
national.
Ainsi, l'environnement de Brazzaville reste pauvre en manuels
scolaires du second cycle. Une telle pauvreté en supports écrits
est un handicap qui ne saurait favoriser l'apprentissage et la pratique de la
lecture, même si par ailleurs le manque de manuel de lecture n'est plus
un handicap incontournable pour l'enseignement-apprentissage de cette
discipline fondamentale. Nous pensons que le recours à une dynamique
partenariale peut être l'une des solutions pour espérer parvenir
à un ratio d'un livre par apprenant en Afrique noire.
Et plus généralement que ce soit pour
l'acquisition des manuels scolaires, la construction des infrastructures ou
même le renforcement des capacités des personnels, l'Afrique noire
a besoin d'une forte dynamique partenariale. Le contexte politique et
socio-économique actuel de l'Afrique noire conduit à repenser les
modes de gestion des systèmes éducatifs dans leur ensemble.
Une bonne dynamique partenariale permet d'identifier et de
reconnaître dans les faits le rôle et la compétence des
différents partenaires afin de favoriser la qualité et
l'équité de l'éducation et de répondre aux
contraintes internes et externes des systèmes éducatifs africains
d'aujourd'hui.
Ce nouveau mode de gestion repose sur une vision
partagée et réaliste de l'éducation. Elle implique une
démarche d'ouverture à l'autre, le partage des pouvoirs, des
compétences et des responsabilités. Elle conduit à la
valorisation et à la complémentarité de tous les acteurs
concernés ainsi qu'à la reconnaissance des apports et des gains
mutuels.
Par ailleurs, plusieurs Etats en Afrique noire pourraient
s'organiser pour utiliser les mêmes livres, ne serait-ce que dans des
disciplines fondamentales comme la lecture, les mathématiques et les
sciences.
Il s'agit d'harmoniser d'abord les programmes d'enseignement
à l'échelle régionale ou sous-régionale. Les
projets éditoriaux plus étendus deviendraient plus attrayants
tandis que les économies d'échelle seraient à l'avantage
des utilisateurs. Une telle politique contribuerait à réduire
sensiblement le coût des manuels scolaires. Cela pourrait être
avantageux pour les pouvoirs politiques. Une telle initiative renforcerait le
sentiment d'appartenance des citoyens à une même zone comme la
communauté économique et monétaire des états de
l'Afrique centrale ou l'union monétaire de l'Afrique de l'ouest.
Le support de lecture utilisé
Plus de la moitié des sujets de notre
échantillon portent leur choix sur les bandes dessinées. Ce choix
semble contraster avec l'insuffisance de ce support dans les lieux de lecture
de notre ville comme nous l'avons précédemment noté. La
lecture de la bande dessinée paraissant facile fascine de nombreux
apprenants.
En réalité, certains apprenants qui ont
prétendu qu'ils lisent les bandes dessinées voulaient
plutôt dire qu'ils préfèreraient les bandes
dessinées à la place des journaux et des livres des parents car
ils n'ont pu nous citer le titre d'une seule bande dessinée connue
d'eux, au cours de l'enquête complémentaire que nous avons
réalisée. Nous rappelons que nous avons été
obligés d'organiser cette enquête complémentaire afin de
mieux élucider le contraste que nous avons constaté au cours du
dépouillement des données que nous avons eu à
collecter.
La répartition des apprenants par établissement,
classe et type de classe.
Cette répartition des apprenants de notre
échantillon selon les facteurs scolaires est équitable pour des
besoins d'expérimentation. C'est au cours de
l'enseignement-apprentissage de la lecture que les apprenants la pratiquent
effectivement.
Une telle pratique est limitée par trois
facteurs :
- La fréquence des cours de lecture (deux heures par
semaine) nous paraît insuffisante.
- La méthodologie qui consacre la lecture de deux ou
trois bons élèves est un handicap pour la pratique effective de
la lecture pour tous les apprenants. Pendant que les trois élèves
supposés bons lecteurs se produisent les autres sont réduits au
rôle de spectateurs passifs. Et nous nous demandons à partir de
quels critères sont-ils jugés bons lecteurs alors que dans la
pratique, bon nombre d'entre eux demeurent au stade de l'exploration
syllabique.
- La leçon de lecture ne produit pas les
résultats escomptés parce que les supports
d'enseignement-apprentissage de cette discipline fondamentale font
défaut. Alors certains professeurs, comme nous l'avons noté
précédemment, recopient le texte au tableau. Cette pratique
réduit le nombre de textes que les apprenants peuvent lire au cours
d'une année scolaire. Dans certains cas, la formation des professeurs ne
leur permet pas de procéder autrement, quand bien même ce
prétendu handicap peut, de nos jours, être tout à fait
contourné.
En somme, nos deux premières hypothèses
secondaires se vérifient. Le manque de support d'apprentissage ne
favorise pas actuellement la bonne qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture et, partant, sa pratique dans les
classes de 3ème. Les résultats des apprenants en
lecture sont décriés au point que l'échec en lecture est
souvent perçu comme celui de toute la scolarité.
Au neuvième chapitre intitulé perspectives, des
propositions d'amélioration de la contribution du milieu et du minimum
de support pluriel d'apprentissage requis en vue de
l'enseignement-apprentissage de la lecture seront mises en évidence.
C'est pourquoi ce chapitre-là constitue le point d'orgue de notre
étude.
B.
Le traitement des données quantitatives
Des tests de pré-apprentissage (évaluation
initiale) d'une part, et de post-apprentissage (évaluation terminale)
d'autre part, ont été également proposés aux sujets
expérimentaux. L'évaluation de leur production nous a permis de
recueillir des informations relatives à leurs performances, variable par
variable.
Avant de présenter les résultats, il importe
d'exposer le mode de traitement des données que nous avons
adopté. Les informations recueillies à partir des tests
auprès de l'échantillon décrit au chapitre
précédent sont traitées conformément à la
méthodologie suivante.
Fondements théoriques
En vue du traitement des données quantitatives, nous
recourons à la statistique descriptive. Elle nous a semblé
appropriée à notre étude dans la mesure où nos
données sont nombreuses. La statistique descriptive, comme son nom
l'indique, décrit les populations ou les échantillons sans se
préoccuper de déterminer les limites de validité des
mesures effectuées.
Choix du test statistique
Le problème posé étant la
vérification de la pertinence des pratiques pédagogiques
actuelles en lecture, nous devons comparer les moyennes des tests passés
par les deux groupes de cinquante (50) apprenants chacun dans les trois (3)
établissements :
- un groupe expérimental auquel la lecture est
enseignée selon les pratiques pédagogiques innovées.
- un groupe témoin auquel la lecture est
enseignée selon les pratiques pédagogiques actuelles.
Pour la comparaison de trois à plusieurs moyennes, il
convient de recourir au test F de Fisher Snédecor qui est ordinairement
utilisé pour effectuer des tests de comparaison de variances.
Une statistique F est calculée dans un
échantillon en faisant le rapport de deux estimations différentes
() et elle est ensuite comparée à la valeur de la table.
Si Fc < Fr = 1,96 ; la différence est non
significative (NS) ;
Si Fc = Fr = 1,96 ; la différence est
significative(S*) ;
Si Fc = Fr = 2,56 ; la différence est très
significative (S**).
Il existe la relation suivante entre la table de F et celle de
t : 68(*).
Loi normale
(ì ou z)
Convergence pour
N = 100 (Dl = 8)
Loi de Student (t)
pour v =1
Loi de Snédecor (F)
Pour l'essentiel, il s'agit de calculer les paramètres
suivants :
La moyenne arithmétique
La moyenne arithmétique est égale à la
somme des résultats individuels de la distribution divisée par le
nombre des résultats. La formule de calcul est :
, si les observations sont connues individuellement.
, si les observations sont connues sous forme d'effectifs (ou
fréquences) par classe ou par valeur.
La variance
La variance désigne la mesure de la dispersion des
valeurs par rapport à la moyenne. La variance V d'une distribution
statistique d'effectif et de moyenne M, est égale à la moyenne du carré
des écarts des observations à leur moyenne. La formule de calcul
est : ou .
La variance est parfois appelée fluctuation. Si les N
observations sont connues individuellement, la formule devient.
L'écart type estimé à
l'échantillon
L'écart type estimé à
l'échantillon est la racine carrée positive de la variance. La
formule est :.
Si les observations sont connues individuellement, la formule
devient: .
L'écart type estimé à
l'échantillon est parfois appelé écart moyen quadratique
ou standard déviation (son nom anglais) dans l'intervalle contenant plus de la moitié des observations.
L'erreur type
L'erreur type indique l'écart type de la distribution
de l'échantillon. Sa formule est : avec r, le coefficient de corrélation de formule
Le coefficient de variation
Les moyennes des variables dépendantes et leur
écart type s'exprimant dans la même unité, il convient de
calculer le coefficient de variation. Pour Gérard Calot (1973), on
définit le coefficient de variation - en général pour des
variables positives seulement - comme le rapport de l'écart type
à la moyenne : cv =69(*).
Le coefficient de variation est exprimé en pourcentage
et mesure la dispersion relative d'une série statistique.
- Si < 10%, la population est peu dispersée. L'échantillon
peut être considéré comme homogène.
- Si > 10%, la population est dispersée.
Le coefficient de variation permet de comparer les
séries statistiques homogènes, lorsqu'elles sont positives et
d'en dégager la plus homogène.
Après avoir exposé les fondements
théoriques, nous abordons l'analyse des données.
Analyse des données
Avant d'analyser les données, nous précisons
que :
- La saisie des données a été faite au
moyen du logiciel Excel pour Windows 2000.
- Les données ont été analysées
avec le logiciel STATISTICA 4.5 après un travail minutieux de
contrôle et de vérification de la cohérence interne des
informations collectées.
Nous avons opté, comme nous venons de le noter, dans le
choix du test statistique pour l'analyse de variance. L'analyse de variance
à un seul critère, en sigle ANOVA, est une extension du test de
comparaison des moyennes lorsqu'il y a plus de deux échantillons. Elle
correspond à un test d'homogénéité des moyennes
dans des sous-populations, mais aussi à un test d'association entre le
critère de partition et la variance étudiée.
Le tableau d'analyse de variance se construit ainsi qu'il
suit :
Source de variation
|
Somme des carrés
|
Degrés de liberté
|
Carrés moyens
|
F
|
Seuil de signification
|
Inter-groupes
|
SCE
|
(k -1)
|
CME
|
|
|
Intra-groupe
|
SCI
|
(n - k)
|
CMI
|
Total
|
SCT
|
(n - 1)
|
CMT
|
Le F calculé (rapport des deux carrés moyens ou
des deux estimations de la variance) est comparé au F de la table pour
et à un seuil donné de signification.
Si et) entraîne le rejet de l'hypothèse nulle et
l'acceptation de l'hypothèse alternative.
Remarque
L'équation de décomposition s'applique aussi aux
DL, n - 1 = (k-1) (n-k). Il peut être éventuellement
nécessaire de contrôler d'abord l'hypothèse
d'égalité des variances (homoscédasticité de la
variance) par un test spécifique (par exemple le test de Bartlett).
L'analyse de variance peut être
généralisée à plusieurs critères de
partition : il est alors nécessaire de tester l'effet de chaque
critère et de leur interaction. Parfois, il peut être
nécessaire de recourir aux autres tests pour contrôler
l'égalité de variance.
Le test d'homogénéité des variances de
Bartlett
Le test d'homogénéité des variances de
Bartlett permet de contrôler l'égalité des variances qui
s'établit ainsi qu'il suit.
Le khi de Bartlett = 1,943
Le degré de liberté = 3
Le seuil de signification : 0,584342
Les variances sont homogènes ... 95% de confiance.
Les résultats de l'analyse de variance peuvent
être utilisés si les échantillons sont normalement
distribués.
L'analyse de variance non paramétrique de Kruskall-
Wallis
Le H de Kruskall- Wallis (équivaut au khi) = 21,846
Le degré de liberté = 3
Le seuil de signification = 0,000070
Une fois les modalités de traitement des données
indiquées, nous abordons la présentation des résultats qui
en découlent.
2. Présentation des résultats
La présentation des résultats est une
étape importante dans toute étude qui se veut scientifique. C'est
pourquoi, elle doit être claire et soignée. Ainsi, ce volet de
notre étude a pour but de présenter les résultats obtenus
à la suite du traitement des données. Ces résultats sont
exposés sous la forme de tableaux, établissement par
établissement d'une part, et illustrés par des graphiques,
variable par variable d'autre part.
A.
Tableaux synoptiques des résultats
L'étude concerne trois établissements. Ainsi,
les résultats de chacun d'eux sont répertoriés dans les
tableaux ainsi qu'il suit.
a)- Etablissement 1
Variables
|
Résultats
G.E G.T
(n = 50) (n = 50)
|
Coefficient de variation GE GT
(n = 50) (n = 50)
|
OEil et esprit exercés 1
OEil et esprit exercés 2
|
4,03 #177; 1,55 4,39 #177; 1,55
4,11 #177; 1,52 4,32 #177; 1,89
|
0,3846 0,3530
0,3698 0,4375
|
Capacité à anticiper 1
Capacité à anticiper 2
|
2,45 #177; 2,03 2,31 #177; 1,90
3,76 #177; 3 2,90 #177; 1,91
|
0,8408 0,8225
0,7978 0,6586
|
Entraînement total 1
Entraînement total 2
|
4,86 #177; 1,05 4,68 #177; 2,09
4,96 #177; 0,38 4,04 #177; 2,79
|
0,2160 0,0105
0,0766 0,6905
|
Légende
G.E = Groupe expérimental.
G.T = Groupe témoin.
Indice 1 = variable au test de pré-apprentissage.
Indice 2 = variable au test de post-apprentissage.
Dans les résultats ci-dessus présentés,
nous constatons que :
Premièrement, les résultats de la variable
« oeil et esprit exercés » sont passés de
4,03 #177; 1,55 à 4,11 #177; 1,52 dans le groupe expérimental, et
de 4,39 #177; 1,55 à 4,32 #177; 1,89 dans le groupe témoin. Quant
au coefficient de variation, il a régressé de 0,3846 à
0,3698 dans le groupe expérimental et s'est plutôt accru de 0,3530
à 0,4375 dans le groupe témoin.
Deuxièmement, les résultats de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » ont progressé de 2,45 #177; 2,06 à 3,76
#177; 3 dans le groupe expérimental, et de 2,31 #177; 1,90 à 2,70
#177; 1,91 dans le groupe témoin. Le coefficient de variation a
régressé de 0,8408 à 0,7978 dans le groupe
expérimental, et de 0,8225 à 0,6586 dans le groupe témoin.
Troisièmement, les résultats de la variable
« entraînement total » sont passés de 4,86
#177; 1,05 à 4,96 #177; 0,38 dans le groupe expérimental, et de
4,68 #177; 2,09 à 4,04 #177; 2,79 dans le groupe témoin. Le
coefficient de variation a régressé de 0,2160 à 0,0766
dans le groupe expérimental, et s'est plutôt accru de 0,0105
à 0,6905 dans le groupe témoin.
En somme, les résultats de l'établissement 1 se
sont globalement améliorés du test d'évaluation initiale
à celui d'évaluation terminale.
Après avoir exposé les résultats
d'enquête de l'établissement 1, nous allons examiner si ceux de
l'établissement 2 ont aussi connu une certaine
amélioration.
b)- Etablissement 2
Variables
|
Résultats
G.E G.T
(n = 50) (n = 50)
|
Coefficient de variation
G.E G.T
(n = 50) (n = 50)
|
OEil et esprit exercés 1
OEil et esprit exercés 2
|
4,19 #177; 1,3 4,39 #177; 1,11
4,59 #177; 2,36 4,12 #177; 2,02
|
0,3245 0,2528
0,5141 0,4902
|
Capacité à anticiper 1
Capacité à anticiper 2
|
2,43 #177; 2,45 2,15 #177; 1,69
3,12 #177; 2,59 2,52 #177; 2,38
|
1,0082 0,7860
0,8301 0,9444
|
Entraînement total 1
Entraînement total 2
|
4,68 #177; 2,14 4,82 #177; 1,41
4,92 #177; 0,73 4,74 #177; 1,78
|
0,4572 0,2925
0,1483 0,3755
|
Du test de pré-apprentissage à celui de
post-apprentissage, les résultats ont globalement connu une nette
amélioration.
Premièrement, les résultats de la variable
« oeil et esprit exercés » sont passés de
4,19 #177; 1,36 à 4,59 #177; 2,36 dans le groupe expérimental, et
de 4,39 #177; 1,11 à 4,12 #177; 2,02 dans le groupe témoin. Le
coefficient de variation s'est accru de 0,3245 à 0,5141 dans le groupe
expérimental, et de 0,2528 à 0,4902 dans le groupe
témoin.
Deuxièmement, nous observons que les résultats
de la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » sont passés de 2,43 #177;2,45 à 3,12
#177; 2,59 dans le groupe expérimental, et de 2,15 #177; 1,69 à
2,52 #177; 2,38 dans le groupe témoin. Quant au coefficient de
variation, il a régressé de 1,0082 à 0,8301 dans le groupe
expérimental, et s'est accru de 0,7860 à 0,9444 dans le groupe
témoin.
Troisièmement, l'amélioration des
résultats de la troisième variable
« entraînement total » est particulièrement
significative dans le groupe expérimental. Les résultats sont
passés de 4,68 #177; 2,14 à 4,92 #177; 0,73. Ils ont
baissé de 4,82 #177; 1,41 à 4,74 #177; 1,78 dans le groupe
témoin. Le coefficient de variation a régressé de 0,4572
à 0,1483 dans le groupe expérimental, et a plutôt
progressé de 0,2925 à 0,3755 dans le groupe témoin.
Ainsi, les résultats de l'établissement 2 se
sont révélés améliorés du test
d'évaluation initiale à celui d'évaluation terminale. Nous
allons vérifier si ceux de l'établissement 3 reflètent une
amélioration semblable à celle de l'établissement 2.
c)- Etablissement 3
Variables
|
Résultats
G.E G.T
(n = 50) (n = 50)
|
Coefficient de variation
GE GT
(n = 50) (n = 50)
|
OEil et esprit exercés 1
OEil et esprit exercés 2
|
4,15 #177; 2,15 3,93 #177; 1,53
4,66 #177; 2,12 3,86 #177; 1,95
|
0,5180 0,3893
0,4549 0,5051
|
Capacité à anticiper 1
Capacité à anticiper 2
|
2,12 #177; 1,92 2,14 #177; 1,54
3,02 #177; 2,12 2,42 #177; 2,32
|
0,9056 0,7196
0,7019 0,9586
|
Entraînement total 1
Entraînement total 2
|
4,64 #177; 2,19 4,52 #177; 2,98
4,76 #177; 1,72 4,46 #177; 2,77
|
0,4719 0,6592
0,3613 0,6658
|
Du test de pré-apprentissage à celui de
post-apprentissage, nous constatons que :
Premièrement, les résultats de la variable
« oeil et esprit exercés » sont passés de
4,15 #177; 2,15 à 4,66 #177; 2,12 dans le groupe expérimental, et
de 3,93 #177; 1,53 à 3,86 #177; 1,95 dans le groupe témoin. Le
coefficient de variation a régressé de 0,5180 à 0,4549
dans le groupe expérimental, et s'est plutôt accru de 0,3893
à 0,5051 dans le groupe témoin.
Deuxièmement, les résultats de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » sont passés de 2,12 #177; 1,92 à 3,02
#177; 2,12 dans le groupe expérimental, et de 2,14 #177; 1,54 à
2,42 #177; 2,32 dans le groupe témoin. Le coefficient de variation a
régressé de 0,9056 à 0,7019 dans le groupe
expérimental, et s'est accru de 0,7196 à 0,9586 dans le groupe
témoin.
Troisièmement, les résultats de la variable
« entraînement total » ont progressé de 4,64
#177; 2,19 à 4,76 #177; 1,72 dans le groupe expérimental. Dans le
groupe témoin, ils ont baissé de 4,52 #177; 2,92 à 4,16
#177; 2,77. Le coefficient de variation a régressé de 0,4719
à 0,3613 dans le groupe expérimental, et s'est
légèrement accru de 0,6592 à 0,6658 dans le groupe
témoin.
Ainsi, nous remarquons que les résultats des groupes
expérimentaux de tous les établissements se sont globalement
améliorés. A l'exception de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer », les résultats de tous les groupes
témoins ont régressé. Tous les coefficients de variation
des groupes expérimentaux ont régressé, sauf celui de la
variable « oeil et esprit exercés » dans
l'établissement 2. En dehors de la variable « capacité
à anticiper, à reconstituer » dans
l'établissement 1, les coefficients de variation des groupes
témoins se sont accrus dans tous les établissements à
propos de toutes les variables.
Bien que la vitesse de lecture ne constitue pas une
compétence de lecteur en soi, elle est néanmoins importante. Les
résultats de la vitesse de de la lecture d'un individu à eux
seuls sont révélateurs de la façon dont ce dernier
appréhende l'écrit : déchiffrement avec oralisation
ou lecture à proprement parler.
Selon Jean Foucambert (1980), les lecteurs peuvent être
répartis en plusieurs catégories en fonction de leur
vitesse :
- les liseurs ;
- les déchiffreurs ;
- et les véritables lecteurs70(*).
A ce titre, les résultats de la vitesse de lecture nous
intéressent et se présentent ainsi qu'il suit sous la forme d'un
tableau.
Nous signalons que dans notre étude, nous
préférons évaluer la vitesse de lecture en signes et non
en mots ou en syllabes parce que leurs longueurs sont variables. La prise en
compte d'une telle variabilité pourrait avoir nécessairement une
incidence sur les scores des sujets sur lesquels nous avons
enquêté. Un tel paramètre altèrerait indubitablement
la qualité des résultats des travaux de la présente
étude.
Le signe désigne la lettre, le signe de ponctuation ou
l'espace entre deux mots. Sa longueur étant invariable, le signe nous
paraît plus approprié pour l'estimation de la vitesse de lecture.
Nous convenons avec Michèle Bedouet et
Frédérique Cuisiniez (1997) que :
71(*).
Ainsi, les résultats de la vitesse de lecture sont
répertoriés dans le tableau ci-après :
d)- Résultats des vitesses de lecture
Etablissements
|
Classes expérimentales
|
Classes témoins
|
Classe
|
Test de pré-apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
Classe
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
CEG Angola Libre
|
3è M4
|
549
|
859
|
3è M1
|
576
|
481
|
CEG du 8 février 1964
|
3è M1
|
480
|
880
|
3è M2
|
483
|
486
|
CEG LHEYET GABOKA
|
3è M1
|
535
|
859
|
3è M5
|
576
|
572
|
Moyenne
|
521
|
844
|
|
545
|
513
|
Les résultats précédemment
présentés peuvent être visualisés dans les
graphiques suivants, variable par variable et test par test.
B.
Graphiques
Graphique 1 : Variable « oeil et esprit
exercés » au test de pré- apprentissage
Graphique 2 : Variable « oeil et esprit
exercés » au test de post-apprentissage
Graphique 3 : Variable « capacité
à anticiper, à reconstituer » au test de pré-
apprentissage
Graphique 4 : Variable « capacité
à anticiper » au test de post-apprentissage
Graphique 5 : Variable
« entraînement total » au test de
pré-apprentissage
Graphique 6 : Variable
« entraînement total » au test de post-apprentissage
Ainsi, nous constatons une nette amélioration des
performances des apprenants, du test de pré-apprentissage à celui
de post-apprentissage. Ces résultats confirment globalement la justesse
de notre troisième hypothèse secondaire de recherche, à
savoir l'introduction des innovations dans les pratiques pédagogiques
contribue à l'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture. Nous nous demandons s'il en est de
même de toutes nos hypothèses de recherche.
3. Vérification des hypothèses de recherche
La vérification des hypothèses de recherche peut
mener à une confirmation ou une infirmation de celles-ci.
Vérifier une hypothèse, c'est pouvoir la confirmer ou l'infirmer.
Infirmer une hypothèse de recherche, c'est ne pas être en mesure
de constater, après l'analyse des données, la
véracité de la relation postulée en hypothèse.
Confirmer une hypothèse de recherche, c'est retrouver dans la
réalité le lien postulé en hypothèse.
Pour vérifier nos hypothèses de recherche, nous
nous sommes inspirés en partie des travaux de Michel Loriaux (1988-1989)
et de ceux de Pierre Dagnelie (1975). Le premier distingue trois types de
facteurs : les facteurs non significatifs, les facteurs secondairement
significatifs et les facteurs principalement significatifs72(*).
Le second définit les différents types de
facteurs73(*). Selon
lui :
- Lorsque le F d'une variable est non significatif, la
variable considérée n'a pas un grand effet dans les
résultats en discussion.
- Lorsque le F d'une variable est significatif et le seuil de
significativité élevé, la variable
considérée a un effet dans les résultats obtenus.
- Lorsque le F d'une variable est très significatif et
le seuil de significativité sévère, c'est-à-dire
tendant vers nul, c'est principalement à cause de cette
variable-là que les résultats en discussion se sont
révélés améliorés.
Notre première hypothèse secondaire relative au
milieu s'intitule : certains éléments du milieu de
résidence favorisent mieux l'enseignement-apprentissage de la lecture en
classe de 3ème. Dans le milieu des apprenants sur lesquels
nous avons enquêté, nous avons sélectionné les
indicateurs suivants : l'arrondissement de résidence, l'âge
et la profession du père.
Nous avons effectivement constaté que pour le facteur
âge, nous avons F=0,32 ; .0, 57 à propos de la variable « capacité
à anticiper, à reconstituer », et F=0,15 ; 0,69 en ce qui concerne la variable « entraînement
total ». Pour le facteur profession du père, nous avons
F=0,30 ; .0, 87 en ce qui concerne la variable « oeil et esprit
exercés » et F=0,64 ; .0, 63 pour la variable « entraînement
total ». Ces facteurs ont un effet partiel dans les résultats
globaux de notre étude.
Nous avons par ailleurs l'impression que lorsque certains
facteurs du milieu de résidence ne favorisent pas
l'enseignement-apprentissage de la lecture, ils ne se révèlent
pas non favorables. La croyance collective prétend que quel que soit le
milieu, il a toujours un effet sur les apprentissages scolaires.
Dans le cas de cette étude, nous avons montré
que le milieu assure aux apprenants les bonnes conditions matérielles de
vie confortable (table et cadre d'études, télévision et
radio) mais il ne leur offre pas toujours d'excellentes conditions
intellectuelles d'apprentissage.
Cependant les bonnes conditions matérielles peuvent
garantir un minimum de condition d'apprentissage intellectuel. C'est pourquoi,
l'arrêté du 15 septembre 1998 portant institutionnalisation des
programmes des classes de 3ème des collèges en France,
cite le manque de conditions correctes de travail à la maison comme
l'une des causes du constat d'échec de l'enseignement-apprentissage de
la lecture74(*).
Des études antérieures à la nôtre
comme celle de Michèle Bedouet et Frédéric Cuisiniez
(1997)75(*) ont
montré l'impact de la qualité de l'alimentation, des conditions
et la qualité du sommeil ainsi que le temps d'apprentissage sur les
études des apprenants.
En considérant les facteurs âge, profession du
père et arrondissement de résidence au test de
post-apprentissage, nous observons que le score de ces indicateurs est
supérieur au score moyen général (moyenne des scores aux
tests de pré et de post-apprentissage). En effet, les résultats
de l'indicateur profession du père par exemple montrent que :
Pour la variable « oeil et esprit
exercés », le score moyen général est de 4,21
alors que celui du test de post-apprentissage est de 4,26.
Pour la variable « capacité à
anticiper, à reconstituer », le score moyen
général est de 2,60 alors que celui du test de post-apprentissage
est de 2,95.
Pour la variable « entraînement
total », alors que le score moyen général est de 4,66,
celui du test de post-apprentissage est de 4,59 et celui du test de
pré-apprentissage est de 4,68.
Les résultats des indicateurs âge, arrondissement
de résidence, et niveau d'études du père présentent
une tendance analogue. Il faut préciser que nous avons
considéré l'indicateur profession du père parce qu'il est
le chef de la famille.
Les indicateurs susmentionnés montrent à des
degrés divers qu'un milieu non lecteur peut produire des lecteurs,
à condition que les pratiques pédagogiques et les
équipements scolaires soient adaptés.
Nous sommes confortés dans ce point de vue par l'impact
de l'arrondissement de résidence qui se révèle
secondairement significatif en ce qui concerne la variable
« entraînement total » (F=1,28 ; .0, 27), principalement significatif quand il s'agit de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » (F=8,22 ; 0,00) et non significatif lorsqu'il est question de la variable
« oeil et esprit exercés » (F=0.57 ; .0.67).
Aucune des données ci-dessus présentées
n'ayant invalidé notre première hypothèse secondaire de
recherche, nous convenons donc avec tous ceux qui pensent que certains
éléments du milieu favorisent mieux l'enseignement-apprentissage
des disciplines scolaires et affirmons que notre première
hypothèse secondaire est ainsi vérifiée.
Nous soumettons notre seconde hypothèse secondaire de
recherche à l'examen afin de pouvoir la valider ou l'invalider. Nous
rappelons que notre deuxième hypothèse secodaire a
consisté à affirmer qu'un minimum de support pluriel
d'apprentissage contribue à l'amélioration de la qualité
de l'enseignement-apprentissage de la lecture en classe de
3ème.
En effet, nous avons montré lors du traitement des
données qu'aucun des apprenants de notre échantillon ne disposait
de manuels de lecture inscrits au programme scolaire au départ. Au test
de pré-apprentissage, ils avaient des compétences sensiblement
identiques aussi bien dans les groupes expérimentaux que dans les
groupes témoins dans tous les 3 établissements constituant notre
échantillon. Ce qui est normal, car ils ont le même profil, ils
sont tous élèves précédemment admis en classe de
3ème au titre de l'année scolaire 2001- 2002.
Pour soutenir notre étude, nous avons mis à la
disposition des apprenants des deux premiers établissements quelques
manuels de lecture. Force est de constater qu'au test de post-apprentissage,
les sujets de ces deux établissements se sont fait attribuer les plus
fortes moyennes. Leurs résultats se sont révélés
plus améliorés que ceux de leurs camarades de
l'établissement 3. Les manuels de lecture semblent être en partie
à l'origine de ces résultats. Nous confirmons donc avec IPAM
(1996) l'importance76(*)du
manuel, à savoir qu'il est considéré comme :
- Une source de documentation pour le
professeur ;
- Un appui de l'enseignement-apprentissage et de la
mémorisation des connaissances ;
- Un recours pour les élèves hors de la
classe.
Nous constatons que la possession ou tout au moins la
consultation fréquente d'un manuel de lecture par un apprenant de la
classe de 3ème induit des effets bénéfiques
pour les facteurs scolaires que nous avons étudiés.
Nous avons montré que les résultats en
discussion se sont révélés améliorés
principalement grâce aux facteurs scolaires, à savoir
l'établissement, la classe et le type de classe. Nous faisons la
même lecture des facteurs du milieu que celle des facteurs scolaires.
L'indicateur établissement montre qu'alors que le score moyen
général de la variable « oeil et esprit
exercés » est de 4,21, celui du test de post-apprentissage est
de 4,27.
En ce qui concerne la variable « capacité
à anticiper, à reconstituer », alors que le score moyen
général est de 2,60, celui du post-apprentissage est de 2,95.
Quant à la variable « entraînement
total », alors que le score moyen général est de 4,60,
celui du test de post-apprentissage est de 4,59 et celui de
pré-apprentissage de 4,68. Le degré de variation étant le
même pour toutes ces variables, nous affirmons qu'il traduit certainement
l'effet des innovations que nous avons introduites dans les pratiques
pédagogiques actuelles.
Cette tendance est identique pour les facteurs classe et type
de classe. Les résultats des facteurs scolaires sont dus pour
l'essentiel à la pratique de la lecture qui se fait à
l'école. De ce point de vue, nous confirmons qu'un milieu non lecteur
peut préparer des lecteurs, à condition qu'ils aient un minimum
de support pluriel d'enseignement-apprentissage et que l'école joue
véritablement son rôle, à savoir instruire, informer et
éduquer.
Ainsi, notre deuxième hypothèse secondaire se
vérifie. Nous affirmons par ailleurs que s'il y avait un peu plus de
livres de lecture, ces résultats se seraient peut-être davantage
améliorés. Ayant établi la véracité des
relations postulées à travers nos deux hypothèses
secondaires de recherche, nous examinons la troisième.
Notre troisième hypothèse secondaire est :
l'introduction des innovations dans les pratiques pédagogiques actuelles
favorise l'enseignement-apprentissage de la lecture. Nous avons montré
que :
Premièrement, les résultats des groupes
expérimentaux de l'établissement 1 et de l'établissement 2
se sont avérés globalement améliorés, du test de
pré-apprentissage à celui de post-apprentissage.
Deuxièmement, les résultats du groupe
expérimental de l'établissement 3 se sont aussi
améliorés mais pas autant que ceux des deux premiers. Cette
supériorité des résultats des deux premiers
établissements est en partie due aux livres de lecture que nous avons
mis à la disposition des sujets de ces deux établissements pour
les besoins de l'enquête.
Troisièmement, la régression des coefficients
de variation dans les groupes expérimentaux et leur croissance dans les
groupes témoins du test de post-apprentissage traduisent
l'amélioration des résultats dans les groupes
expérimentaux ;
Quatrièmement, au test de pré-apprentissage, les
apprenants de tous les groupes (expérimentaux et témoins) ont
présenté une vitesse sensiblement identique en lecture (521
signes à la minute) dans les groupes expérimentaux et 545 signes
à la minute dans les groupes témoins. Au test de
post-apprentissage, alors que les sujets des groupes témoins n'ont pu
améliorer leur vitesse (513 signes à la minute) ceux des groupes
expérimentaux ont perfectionné la leur (844 signes à la
minute).
Notre troisième hypothèse secondaire se trouve
ainsi vérifiée. La première et la deuxième l'ayant
également été, notre hypothèse
générale se trouve entièrement vérifiée. Et
nous concluons qu'il convient de changer le comportement des professeurs et des
apprenants vis-à-vis de l'objet-livre pour contribuer à
améliorer la qualité de l'enseignement-apprentissage de la
lecture en classe de 3ème.
Après avoir procédé à la
vérification méthodique de nos hypothèses, nous
dégageons l'effet des facteurs qualitatifs sur nos résultats
d'étude, dans le chapitre suivant.
CHAPITRE V
EFFETS DES FACTEURS INDEPENDANTS SUR LES
RESULTATS
Nous allons nuancer les résultats que nous venons
d'exposer au chapitre IV en étudiant l'effet de chaque variable
indépendante (caractéristiques individuelles et contextuelles)
que nous avons retenue sur les mêmes résultats. A titre d'exemples
les facteurs âge, arrondissement de résidence, profession du
père, établissement, classe et type de classe ont
bénéficié de notre part du traitement suivant.
Nous rappelons que l'application du test F de Fischer
Snédecor que nous avons choisi pour le traitement des
données77(*),
permet de montrer que la différence des moyennes est non significative
(NS), significative (S*) ou très significative (S**). Il s'agit de
comparer la valeur de F calculée (Fc) à celle de F de
référence (Fr).
- Si Fc < Fr = 1,96, la différence entre les
moyennes n'est pas significative.
- Si Fc = Fr = 1,96, la différence entre les moyennes
est significative.
- Si Fc = Fr =2,58, la différence entre les moyennes
est très significative.
1. L'effet de l'âge
L'effet de l'âge sur les variables « oeil et
esprit exercés », « capacité à
anticiper, à reconstituer » et « entraînement
total » montre respectivement que :
Premièrement, au test de pré-apprentissage, les
apprenants âgés de 17 à 20 ans ont une moyenne de 4,17,
supérieure à celle de leurs camarades âgés de 12
à 16 ans (4,14). La différence de ces deux moyennes n'est pas
significative.
Au test de post- apprentissage, les apprenants
âgés de 12 à 16 ans ont une moyenne de 4,31
significativement plus forte que celle de leurs camarades âgés de
17 à 20 ans (4,21). Il est tout à fait possible que l'effet de
routine et l'esprit hypothéticoéducatif présent chez les
apprenants plus âgés aient joué au départ pour
qu'ils réalisent les meilleures moyennes par rapport à leurs
camarades moins âgés. Toutefois, au cours de l'année
scolaire, la fraîcheur d'esprit, les bonnes prédispositions
mentales des apprenants plus jeunes ont dû favoriser l'augmentation du
nombre de signes graphiques qu'ils perçoivent à chaque fixation.
Il en est de même de l'aptitude à distinguer de plus en plus
sûrement les signes graphiques et de la capacité à retenir
les groupes de mots qu'ils parcourent en vue de la construction du sens lors de
la lecture.
La sollicitation permanente des apprenants plus
âgés pour des activités extrascolaires parmi lesquelles les
tâches ménagères pour les filles âgées, un
environnement enclin à la facilité et les pesanteurs
psychologiques pourraient constituer les facteurs de régression du
travail scolaire des apprenants plus âgés, comme le montre le
tableau n° 24.
Tableau n° 24 : Distribution des moyennes de
la variable « oeil et esprit exercés » selon
l'âge
Age
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
12- 16 ans
17- 20 ans
|
4,14
4,17
|
4,31
4,21
|
Moyenne
|
4,15
|
4,26
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « oeil et esprit exercés » indique une
différence non significative du test de pré-apprentissage (F=
0,20) et une différence significative (F = 2,03) de celui de
post-apprentissage.
Ces différences trouveront leur explication au chapitre
intitulé interprétation des résultats.
a)- Test de pré- apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,76
|
1
|
0,07
|
0,20
|
0,64
|
Intragroupe
|
109,56
|
298
|
0,36
|
|
|
Total
|
110,32
|
299
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,81
|
1
|
0,81
|
2,03
|
0,15
|
Intragroupe
|
118,72
|
298
|
0,39
|
|
|
Total
|
119,53
|
299
|
|
|
|
Deuxièmement, une configuration semblable à
celle de la variable « oeil et esprit exercés ».
En effet, au test de pré-apprentissage, les apprenants
âgés de 12 à 16 ans ont réalisé une moyenne
de 2,21, inférieure à celle de leurs camarades âgés
de 17 à 20 ans (2,34). Mais la différence de ces deux moyennes
n'est pas significative.
Il est probable qu'au test de pré-apprentissage, seule
la maturité mentale des apprenants âgés de 17 à 20
ans ait favorisé leur réussite aussi bien pour le texte à
trous que pour le texte puzzle.
Au cours de l'année scolaire, la prédisposition
des apprenants plus jeunes à se consacrer au travail scolaire peut avoir
favorisé leur aptitude à compléter dans le texte les mots
qui ont été enlevés et remplacés par des
numéros.
Il en est de même de leur prise de conscience du
fonctionnement d'un texte comme le montrent les résultats du test de
post-apprentissage à propos desquels ils ont réalisé une
moyenne de 2,97 contre 2,92, celle de leurs aînés. En effet, la
prise de conscience de la logique de fonctionnement interne d'un texte conduit
à une plus grande compréhension de celui-ci.
Tableau n° 25 : Distribution des moyennes de
la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'âge
Age
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
12 - 16 ans
17 - 20 ans
|
2,21
2,34
|
2,97
2,92
|
Moyenne
|
2,26
|
2,95
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'âge révèle une
différence non significative aussi bien du test de
pré-apprentissage (F = 1,64) que de celui de post-apprentissage F
(0,32).
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés
de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
1,15
|
1
|
0,15
|
1,64
|
0,20
|
Intragroupe
|
209,51
|
298
|
0,70
|
|
|
Total
|
210,66
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,22
|
1
|
0,22
|
0,32
|
0,57
|
Intragroupe
|
206,21
|
298
|
0,69
|
|
|
Total
|
206,43
|
299
|
|
|
|
Troisièmement, une configuration analogue à
celle de la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer ». En effet, au test de pré-apprentissage, les
apprenants âgés de 12 à 16 ans obtiennent une moyenne de
4,62, inférieure à celle de leurs camarades âgés de
17 à 20 ans (4,76).
La supériorité de la moyenne des apprenants de
la seconde modalité sur celle de la première tient pour
l'essentiel du renforcement du raisonnement hypothéticoéducatif
qui s'acquiert ordinairement au-delà de 15 ans.
Au test de post-apprentissage, les apprenants
âgés de 12 à 16 ans réalisent une moyenne de 4,60,
supérieure à celle de leurs camarades âgés de 17
à 20 ans (4,57). Nous constatons que les deux moyennes ne sont pas
significativement différentes.
Tableau n° 26 : Distribution des moyennes de
la variable « entraînement total » selon
l'âge
Age
|
Test de pré-apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
12 - 16 ans
17 - 20 ans
|
4,62
4,76
|
4,60
4,57
|
Moyenne
|
4,68
|
4,59
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « entraînement total » selon l'âge met
en évidence une différence très significative (F = 2,86)
du test de pré-apprentissage et une différence non significative
de celui de post-apprentissage (F= 0,1).
Le passage de la différence très significative
(S**) des moyennes du test de pré-apprentissage à celle non
significative (NS) des mêmes moyennes du test de post-apprentissage fait
remarquer que les moyennes qui étaient très dispersées au
départ, ont dû être harmonisées. Cette harmonisation
est due à l'amélioration progressive des pratiques
pédagogiques car par osmose tout ce qui se fait dans une classe
expérimentale est souvent reproduit dans la classe témoin,
même si les deux classes appartiennent à des vagues
opposées.
Dans toutes les circonstances, les apprenants et les
enseignants de la classe témoin ont toujours tendance à
reproduire dans leur classe ce qui se produit dans la classe
expérimentale, surtout lorsque cela semble accroître les
performances des apprenants dans une discipline importante comme la lecture.
Et lorsqu'il s'agit d'une discipline aussi fondamentale que la
lecture, le contraire d'un tel comportement aurait été
très surprenant car en Afrique noire les apprenants et les enseignants
sont souvent en quête des expériences porteuses de
succès.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
1,43
|
1
|
1,43
|
2,86
|
0,91
|
Intragroupe
|
149,84
|
298
|
0,50
|
|
|
Total
|
151,27
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,68
|
1
|
0,06
|
0,15
|
0,69
|
Intragroupe
|
143,12
|
298
|
0,45
|
|
|
Total
|
143,80
|
299
|
|
|
|
Le changement de tendance selon l'âge du test de
pré-apprentissage à celui de post-apprentissage fait observer que
ce facteur est important dans l'apprentissage de la lecture, ne serait-ce que
pour des raisons de motivation.
La fonction culturelle de la lecture est à la base du
désir de lire de tous. Ce désir est d'autant plus grand pour les
adolescents âgés de 12 à 16 ans que le contenu du texte est
en harmonie avec leur imaginaire, leur centre d'intérêt et leur
attente.
Désirant s'identifier aux héros et aux
personnages d'aventures et de contes, les adolescents âgés de 12
à 16 ans sont fortement motivés pour la lecture de ces types de
textes. D'ailleurs, le désir d'aventures souvent périlleuses a
toujours caractérisé les adolescents de cet âge-là.
2. L'effet de l'arrondissement de résidence
L'effet de l'arrondissement de résidence sur les
variables « oeil et esprit exercés »,
« capacité à anticiper, à
reconstituer » et « entraînement total »
indique respectivement que :
Premièrement, au test de pré-apprentissage, les
apprenants vivant dans l'arrondissement 2 réussissent à se faire
accorder la plus forte moyenne (4,39). Ils sont suivis de leurs camarades de
l'arrondissent 3 (4,21), puis de ceux de l'arrondissement 1 (4,17), enfin de
ceux des arrondissements 4 et 5 dont la moyenne est identique (4,02). Mais ces
moyennes ne sont pas significativement différentes.
Au test de post-apprentissage, les apprenants des
arrondissements 3 et 4 améliorent leur moyenne (4,33). Ceux de
l'arrondissement 2 régressent et leur moyenne baisse de 4,39 à
4,32.
Les apprenants habitant l'arrondissement 5 améliorent
leur moyenne qui progresse de 4,02 à 4,25. Ceux de l'arrondissement 1 en
font autant : la leur progresse de 4,17 à 4,20. Mais ces
moyennes ne sont pas significativement différentes.
Tableau n° 27 : Distribution des moyennes de
la variable « oeil et esprit exercés » selon
l'arrondissement
Arrondissement
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
Ar 1
Ar 2
Ar 3
Ar 4
Ar 5
|
4,17
4,39
4,21
4,02
4,02
|
4,20
4,32
4,33
4,33
4,25
|
Moyenne
|
4,15
|
4,27
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « oeil et esprit exercés » selon
l'arrondissement indique une différence non significative aussi bien du
test de pré-apprentissage (F=1,85) que de celui de post-apprentissage (F
=0,57).
Nous signalons que cette différence sera
interprétée au chapitre VII.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
2,83
|
4
|
0,70
|
1,85
|
0,10
|
Intragroupe
|
106,80
|
295
|
0,36
|
|
|
Total
|
109,63
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,93
|
4
|
0,23
|
0,57
|
0,67
|
Intragroupe
|
118,60
|
295
|
0,40
|
|
|
Total
|
119,53
|
299
|
|
|
|
Deuxièmement, au test de pré-apprentissage,
les apprenants résidant dans l'arrondissement 1 réalisent la plus
forte moyenne (2,39).
Ils sont suivis de leurs camarades de l'arrondissement 2
(2,28), puis de ceux de l'arrondissement 3 (2,24), ensuite de ceux de
l'arrondissement 5 (2,21), enfin de ceux de l'arrondissement 4 (2,02).
Globalement ces moyennes ne sont pas significativement
différentes.
Au test de post-apprentissage, les apprenants résidant
dans l'arrondissement 1 et ceux habitant dans l'arrondissement 2
améliorent significativement leurs moyennes. Ces dernières
augmentent respectivement de 2,39 et 3,14 à 3,35 et 3,38.
Les apprenants habitant l'arrondissement 4 améliorent
aussi la leur (2,88 contre 2,02), tout comme ceux des arrondissements 5 (2,77
contre 2,21) et 3 (2,76 contre 2,24).
Par opposition au test de pré-apprentissage, nous
remarquons que dans l'ensemble, la différence de ces moyennes est
très significative au test de post-apprentissage.
Tableau n° 28 : Distribution des moyennes de
la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'arrondissement
Arrondissement
|
Test de pré-apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
Ar 1
Ar 2
Ar 3
Ar 4
Ar 5
|
2,39
2,38
2,24
2,02
2,21
|
3,35
3,14
2,76
2,88
2,77
|
Moyenne
|
2,26
|
2,95
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'arrondissement indique une différence
non significative du test de pré-apprentissage (F= 0,93) et une
différence très significative de celui de post-apprentissage (F=
8,22).
Cette différence peut être tributaire de
l'intervention pédagogique que nous avons réalisée dans
les classes expérimentales. L'abondance des exercices
d'entraînement progressifs liés aux compétences de lecteur
mis en oeuvre dans les classes expérimentales peut avoir
contribué à initier les apprenants à prévoir ce qui
suit à partir de ce qu'ils ont précédemment lu.
Nous avons indiqué que ces différences
trouveront leur explication au chapitre VII.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
2,64
|
4
|
0,66
|
0,93
|
0,44
|
Intragroupe
|
208,01
|
295
|
0,70
|
|
|
Total
|
210,65
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
20,71
|
4
|
5,17
|
8,22**
|
0,00
|
Intragroupe
|
185,72
|
295
|
0,62
|
|
|
Total
|
206,43
|
299
|
|
|
|
Troisièmement, au test de pré-apprentissage, les
apprenants habitant l'arrondissement 4 réussissent à se faire
attribuer la plus forte moyenne (4,88). Ils sont suivis de leurs camarades de
l'arrondissement 1 (4,73), puis de ceux de l'arrondissement 2 (4,71), ensuite
de ceux de l'arrondissement 3 (4,69), enfin de ceux de l'arrondissement 5
(4,53). Toutefois, nous constatons que ces moyennes ne sont pas
significativement différentes.
Au test de post-apprentissage, les apprenants vivant dans
l'arrondissement 4 améliorent leur moyenne (4,94 contre 4,88 au test de
pré-apprentissage). Ils sont suivis de leurs camarades de
l'arrondissement 3 (4,68), puis de ceux de l'arrondissement 2 (4,57), ensuite
de ceux de l'arrondissement 1 (4,47), enfin de ceux de l'arrondissement 5
(4,52).
Par opposition au test de pré-apprentissage, ces
moyennes du test de post-apprentissage sont significativement très
différentes.
Tableau n° 29 : Distribution des moyennes de
la variable « entraînement total » selon
l'arrondissement
Arrondissement
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
Ar 1
Ar 2
Ar 3
Ar 4
Ar 5
|
4,73
4,71
4,69
4,88
4,53
|
4,47
4,57
4,68
4,94
4,52
|
Moyenne
|
4,68
|
4,59
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « entraînement total » met en
évidence une différence non significative du test de
pré-apprentissage (F= 1,28) et une différence très
significative de celui de post-apprentissage (F= 2,63). Ces différences,
comme nous l'avons susmentionné, seront expliquées au chapitre
VII consacré en partie à cet effet.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
2,58
|
4
|
0,64
|
1,28
|
0,27
|
Intragroupe
|
148,69
|
295
|
0,50
|
|
|
Total
|
151,27
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
4,62
|
4
|
1,15
|
2,63**
|
0,34
|
Intragroupe
|
129,57
|
295
|
0,43
|
|
|
Total
|
134,19
|
299
|
|
|
|
Comme nous pouvons le constater clairement, il se pourrait que
l'amélioration des moyennes des apprenants au test de post-apprentissage
soit plutôt tributaire de leur prise de conscience et de leur engagement
personnel. En effet, il importe de réussir à réaliser un
excellent apprentissage de la lecture, cette discipline fondamentale sans la
maîtrise de laquelle aucun espoir de réussite sociale n'est
envisageable en toute sérénité.
Il convient de le rappeler que la lecture reste d'abord une
arme sociale avant d'être une activité pédagogique. C'est
parce qu'elle permet de réguler les interrelations sociales que
l'école a, entre autres missions, le devoir de former les apprenants
à la maîtrise de la lecture. L'école apparaît
dès lors comme un moule à travers lequel la société
forme ses futurs acteurs sociaux, ses agents économiques et ses
personnels éducatifs et culturels de demain, en résumé ses
futurs citoyens.
En somme, nous pouvons noter que la prise de conscience et
l'engagement personnel de chaque apprenant, pourraient être tributaires
des facteurs indépendants de l'innovation des pratiques
pédagogiques notamment l'effet de la profession du père, de
l'établissement, de la classe et du type de classe.
3. L'effet de la profession du père
L'effet de la profession du père sur les variables
« oeil et esprit exercés »,
« capacité à anticiper, à
reconstituer » et « entraînement total »
révèle respectivement que :
Premièrement, au test de pré-apprentissage, les
apprenants dont les pères appartiennent à la catégorie de
personnel commercial et vendeur réalisent la plus forte moyenne (4,22).
Ceux dont les pères sont issus de celle des travailleurs
spécialisés dans les services obtiennent une moyenne de 4,18.
Ceux dont les pères sont des ouvriers et manoeuvres non
agricoles et des conducteurs d'engins de transport ainsi que ceux dont les
pères appartiennent à la catégorie des travailleurs
spécialisés dans les services parviennent à une moyenne de
4,18.
Ceux dont les pères sont des ouvriers et des manoeuvres
non agricoles et des conducteurs d'engins de transport ainsi que ceux dont les
pères sont les personnes des professions scientifiques, techniques,
libérales et assimilées obtiennent 4,17 de moyenne.
Ceux dont les pères sont issus de la catégorie
des personnels administratifs et travailleurs assimilés se font
attribuer 3,95 de moyenne. Ces moyennes ne sont pas significativement
différentes.
Au test de post-apprentissage, les apprenants dont les
pères sont issus des professions scientifiques, techniques,
libérales et assimilées perfectionnent considérablement
leur score et réussissent à se faire accorder la plus forte
moyenne (4,30).
Ils sont suivis de ceux dont les pères sont des
travailleurs spécialisés dans les services (4,28), puis de ceux
dont les pères appartiennent à la catégorie de personnel
commercial et vendeur (4,26), ensuite de ceux dont les pères sont
directeurs et cadres supérieurs (4,23) enfin de ceux dont les
pères sont issus de la catégorie socioprofessionnelle des
ouvriers, des manoeuvres non agricoles et des conducteurs d'engins de transport
(4,15).
Ces moyennes ne sont pas significativement
différentes.
Tableau n° 30 : Distribution des moyennes de
la variable « oeil et esprit exercés » selon la
profession du père
Profession du père
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
1 - catégorie 1
2 - catégorie 3
3 - catégorie 4
4 - catégorie 5
5 - catégorie 7
|
4,17
3,95
4,22
4,18
4,17
|
4,30
4,23
4,26
4,28
4,15
|
Moyenne
|
4,15
|
4,27
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « oeil et esprit exercés » selon la
profession du père fait remarquer une différence non
significative aussi bien du test de pré-apprentissage (F =1,09)
que de celui de post-apprentissage (F=0,30). Comme, nous l'avons
déjà noté cette différence non significative sera
justifiée au chapitre VII.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
1,60
|
4
|
0,40
|
1,09
|
0,35
|
Intragroupe
|
108,02
|
295
|
0,36
|
|
|
Total
|
109,62
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,49
|
4
|
0,12
|
0,30
|
0,87
|
Intragroupe
|
119,04
|
295
|
0,40
|
|
|
Total
|
119,53
|
299
|
|
|
|
Deuxièmement, au test de pré-apprentissage les
apprenants dont les pères sont des ouvriers, des manoeuvres non
agricoles et des conducteurs d'engins de transport obtiennent la plus forte
moyenne (2,60).
Ils sont suivis de leurs camarades dont les pères
appartiennent à la catégorie de personnel commercial et vendeur
(2,50), puis de ceux dont les pères sont des travailleurs
spécialisés dans les services (2,23) enfin de ceux dont les
pères sont issus de la catégorie des personnes des professions
scientifiques, techniques, libérales et assimilées (2,17).
Ces moyennes sont significativement différentes. Nous
expliquerons cette différence significative des moyennes au chapitre VII
réservé en partie à cet effet.
Au test de post-apprentissage, les apprenants dont les
pères sont des ouvriers, des manoeuvres non agricoles et des conducteurs
d'engins de transport améliorent considérablement leur moyenne
(3,45).
Ils sont suivis de leurs camarades dont les pères
appartiennent à la catégorie de personnel commercial et vendeur
(3,17), puis de ceux dont les pères sont des personnels administratifs
et travailleurs assimilés (3,02), ensuite de ceux dont les pères
sont des travailleurs spécialisés dans les services (2,92), enfin
de ceux dont les pères sont issus de la catégorie
socioprofessionnelle des personnes des professions scientifiques, techniques,
libérales et assimilées (2,83).
Ces moyennes sont significativement très
différentes. Comme nous l'avons précédemment noté,
nous justifierons cette différence très significative des
moyennes à l'occasion de l'interprétation des résultats de
la présente étude.
Tableau n° 31 : Distribution des moyennes de
la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon la profession du père
Profession du père
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
1 - catégorie 1
2 - catégorie 3
3 - catégorie 4
4 - catégorie 5
5 - catégorie 7
|
2,17
2,32
2,50
2,23
2,60
|
2,83
3,02
3,17
2,92
3,45
|
Moyenne
|
2,26
|
2,95
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon la profession du père fait constater une
différence significative du test de pré-apprentissage (F=2,03) et
une différence très significative de celui de post-apprentissage
F= (3,31).
Ces différences, comme nous l'avons indiqué plus
haut, trouveront leur signification au chapitre sur l'interprétation des
résultats.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
5,65
|
4
|
1,41
|
2,03*
|
0,08
|
Intragroupe
|
205,01
|
295
|
0,69
|
|
|
Total
|
210,66
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
8,88
|
4
|
2,22
|
3,31**
|
0,11
|
Intragroupe
|
197,54
|
295
|
0,66
|
|
|
Total
|
206,42
|
299
|
|
|
|
Troisièmement, au test de pré-apprentissage, les
apprenants dont les pères sont des ouvriers, des manoeuvres non
agricoles et des conducteurs d'engins de transport réalisent la
meilleure moyenne (4,95).
Ils sont suivis de leurs camarades dont les pères
appartiennent à la catégorie socioprofessionnelle de personnel
commercial et vendeur (4,94), ensuite de ceux dont les pères sont des
personnels administratifs et travailleurs assimilés (4,64), puis de ceux
dont les pères sont issus de la catégorie des travailleurs
spécialisés dans les services (4,63), enfin de ceux dont les
pères sont des personnes des professions scientifiques, techniques,
libérales et assimilées (4,61). Ces moyennes sont
significativement différentes.
Au test de post-apprentissage, les apprenants dont les
pères sont des ouvriers, des manoeuvres non agricoles et des conducteurs
d'engins de transport se maintiennent au premier rang avec une moyenne de 4,75.
Ils sont suivis de ceux dont les pères appartiennent
à la catégorie de personnel commercial et vendeur (4,67) ensuite
de leurs camarades dont les pères sont des personnes des professions
scientifiques, techniques, libérales et assimilées (4,62).
Puis ils sont suivis de leurs camarades dont les pères
sont des travailleurs spécialisés dans les services (4,54), enfin
de ceux dont les pères appartiennent à la catégorie des
personnels administratifs et travailleurs assimilés (4,50).
Ces moyennes ne sont pas significativement
différentes.
Tableau n° 32 : Distribution des moyennes de
la variable « entraînement total » selon la
profession du père
Profession du
père
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
1 - catégorie 1
2 - catégorie 3
3 - catégorie 4
4 - catégorie 5
5 - catégorie 7
|
4,61
4,64
4,94
4,63
4,95
|
4,60
4,50
4,67
4,54
4,75
|
Moyenne
|
4,68
|
4,59
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « entraînement total » selon la profession
du père indique une différence significative du test de
pré-apprentissage (F=2,33) et une différence non significative de
celui de post-apprentissage (F=0,64).
Ces différences seront expliquées à
l'occasion de l'interprétation et de la discussion des résultats
au chapitre VII.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
4,64
|
4
|
1,76
|
2,33*
|
0,05
|
Intragroupe
|
146,63
|
295
|
0,49
|
|
|
Total
|
151,27
|
299
|
|
|
|
b)- Test de pos-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
1,16
|
4
|
0,29
|
0,64
|
0,63
|
Intragroupe
|
133,03
|
295
|
0,45
|
|
|
Total
|
134,19
|
299
|
|
|
|
Nous constatons qu'à certains moments les apprenants
dont les pères sont des ouvriers, des manoeuvres non agricoles et des
conducteurs d'engins de transport parviennent à des meilleures moyennes
de leurs classes (cf. Tableaux 31 et 32).Tantôt ce sont leurs camarades
dont les pères sont les personnes des professions scientifiques,
techniques, libérales et assimilées ou les personnes relevant du
corps de personnel commercial et vendeur qui ont les plus fortes moyennes de la
classe.
A d'autres moments les apprenants dont les pères sont
issus de la catégorie socioprofessionnelle des personnes des professions
scientifiques, techniques, libérales et assimilées obtiennent les
plus faibles moyennes de la classe. Leurs camarades dont les pères sont
des travailleurs spécialisés dans les services semblent plus
constants dans le travail scolaire. Ceux dont les pères sont directeurs
et cadres supérieurs ont des moyennes plus ou moins acceptables.
Ainsi, les résultats scolaires d'un apprenant ne sont
pas uniquement tributaires de la catégorie socioprofessionnelle à
laquelle appartient son père. D'autres paramètres notamment les
facteurs scolaires semblent influencer positivement ou négativement le
travail scolaire des apprenants.
4. L'effet de l'établissement
L'effet de l'établissement
sur les variables « oeil et esprit exercés »,
« capacité à anticiper, à
reconstituer » et « entraînement total »
fait constater respectivement que :
Premièrement, au test de pré-apprentissage, les
moyennes des apprenants des établissements 2 (4,22) et 1 (4,21) sont
assez proches. Celle de ceux de l'établissement 3 (4,04) paraît
plus faible. Ces moyennes sont significativement très
différentes. En effet, au test de post-apprentissage, les moyennes des
apprenants de l'établissement 2 (4,35) et celles de ceux de
l'établissement 1 (4,21) restent identiques alors que celles de ceux de
l'établissement 3 (4,26) s'améliorent. Cependant ces moyennes ne
sont pas significativement différentes.
Tableau n° 33 : Distribution des moyennes de
la variable « oeil et esprit exercés » selon
l'établissement
Etablissement
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
1
2
3
|
4,21
4,22
4,04
|
4,21
4,35
4,26
|
Moyenne
|
4,15
|
4,27
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « oeil et esprit exercés » selon
l'établissement établit une différence très
significative du test de pré-apprentissage (F=2,82) et une
différence non significative de celui de post-apprentissage (F=1,28).
Ces différences seront expliquées à l'occasion de
l'interprétation des résultats.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des
carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
2,04
|
2
|
1,02
|
2,82**
|
0,06
|
Intragroupe
|
107,59
|
297
|
0,36
|
|
|
Total
|
109,63
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
1,02
|
2
|
0,51
|
1,28
|
0,27
|
Intragroupe
|
118,51
|
297
|
0,39
|
|
|
Total
|
119,53
|
299
|
|
|
|
Deuxièmement, au test de pré-apprentissage, la
moyenne des apprenants de l'établissement 1 (2,36) est la plus forte.
Elle est suivie de celle des apprenants de l'établissement 2 (2,29) et
de celle des apprenants de l'établissement 3 (2,13). Ces moyennes sont
significativement différentes.
Au test de post-apprentissage, la moyenne des apprenants de
l'établissement 1 s'améliore considérablement. Elle passe
de 2,36 à 3,33. Celle des apprenants de l'établissement 2
s'améliore également mais pas autant que celle des apprenants de
l'établissement 1. Elle augmente de 2,29 à 2,82. Celle de
l'établissement 3 progresse de 2,13 à 2,72. Ces moyennes sont
significativement très différentes.
Les moyennes de tous les établissements
s'améliorent de façon considérable du test de
pré-apprentissage à celui de post-apprentissage. Par ailleurs,
les établissements gardent le même classement aussi bien au test
de post-apprentissage qu'à celui de pré-apprentissage.
Cette stabilité du classement signifie probablement que
les apprenants qui avaient eu de bons scores au test de
pré-apprentissage ont de fortes chances de réaliser de bons
scores à celui de post-apprentissage, ainsi que nous le montre le
tableau suivant.
Tableau n° 34 : Distribution des moyennes de
la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'établissement
Etablissement
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post-apprentissage
|
1
2
3
|
2,36
2,29
2,13
|
3,33
2,82
2,72
|
Moyenne
|
2,26
|
2,95
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'établissement indique une
différence significative du test de pré-apprentissage (F= 2,29)
et une différence très significative de celui de
post-apprentissage (F=17,18).
Ces différences seront justifiées au chapitre
VII, à l'occasion de l'interprétation des résultats de la
présente étude.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
3,20
|
2
|
1,60
|
2,29*
|
0,10
|
Intragroupe
|
207,46
|
297
|
0,69
|
|
|
Total
|
210,66
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
21,40
|
2
|
10,70
|
17,18**
|
0,00
|
Intragroupe
|
185,03
|
297
|
0,62
|
|
|
Total
|
206,43
|
299
|
|
|
|
Troisièmement, au test de pré-apprentissage, les
moyennes des apprenants des établissements 1 et 2 sont identiques (4,74)
alors que celle des apprenants de l'établissement 3 est
différente (4,56). Ces moyennes sont significativement
différentes.
Au test de post-apprentissage, la moyenne des apprenants de
l'établissement 1 s'améliore et passe de 4,74 à 4,83.
Celles des apprenants de l'établissement 1 et de l'établissement
3 régressent respectivement de 4,74 à 4,50 et de 4,56 à
4,46. Ces moyennes sont significativement très différentes.
Tableau n° 35 : Distribution des moyennes de
la variable « entraînement total » selon
l'établissement
Etablissement
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
1
2
3
|
4,74
4,74
4,56
|
4,50
4,83
4,46
|
Moyenne
|
4,68
|
4,59
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes
relatives de la variable « entraînement total » selon
l'établissement montre une différence significative du test de
pré-apprentissage (F=2,15) et une différence très
significative de celui de post-apprentissage (F=9,72).
Nous avons déjà indiqué que toutes ces
différences seront expliquées au chapitre VII, à
l'occasion de la discussion des résultats.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
2,16
|
2
|
1,08
|
2,15*
|
0,11
|
Intragroupe
|
149,12
|
297
|
0,50
|
|
|
Total
|
151,28
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
8,24
|
2
|
4,12
|
9,72**
|
0,00
|
Intragroupe
|
125,95
|
297
|
0,42
|
|
|
Total
|
134,19
|
299
|
|
|
|
Les moyennes des variables « oeil et esprit
exercés », « capacité à anticiper,
à reconstituer » et « entraînement
total » varient certes d'un établissement à un autre
mais le rapprochement des moyennes des établissements 1 et 2, aussi bien
du test de pré-apprentissage que celui de post-apprentissage reste
constant.
Nous remarquons que l'amélioration permanente des
moyennes du test de post-apprentissage de ces deux établissements est
certainement tributaire de l'impact des livres de lecture que nous avons mis
à la disposition des apprenants de ces deux établissements.
Cette amélioration permanente des résultats des
apprenants montre le caractère indispensable d'un minimum de support
pluriel d'apprentissage en lecture, comme dans toutes les disciplines
scolaires.
5. L'effet de la classe
L'effet de la classe sur les variables « oeil et
esprit exercés », « capacité à
anticiper, reconstituer » et « entraînement
total » fait observer respectivement que :
Premièrement, au test de
pré-apprentissage :
1er - classe témoin de
l'établissement 1(4,39),
2ème - classe témoin de
l'établissement 2 (4,25),
3ème - classe expérimentale de
l'établissement 2 (4,19),
4ème - classe expérimentale de
l'établissement 3 (4,16),
5ème - classe expérimentale de
l'établissement 1 (4,03),
6ème - classe témoin de
l'établissement 3 (3,92).
Ces moyennes sont significativement très
différentes.
Au test de post-apprentissage :
1er - classe expérimentale de
l'établissement 3 (4,66),
2ème - classe expérimentale de
l'établissement 2 (4,59),
3ème - classe expérimentale de
l'établissement 1 (4,32),
4ème - classe témoin de
l'établissement 2 (4,12),
5ème - classe témoin de
l'établissement 1(4,11),
6ème - classe témoin de
l'établissement 3 (3,86).
Ces moyennes sont significativement très
différentes.
Tableau n° 36 : Distribution des moyennes de
la variable « oeil et esprit exercés » selon la
classe
Classe
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post-apprentissage
|
Classe expérimentale de l'établissement 1
Classe témoin de l'établissement 1
Classe expérimentale de l'établissement 2
Classe témoin de l'établissement 2
Classe expérimentale de l'établissement 3
Classe témoin de l'établissement 3
|
4,03
4,39
4,19
4,25
4,16
3,92
|
4,11
4,32
4,59
4,12
4,66
3,86
|
Moyenne
|
4,15
|
4,27
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « oeil et esprit exercés » selon la classe
fait constater une différence très significative du test de
pré-apprentissage (F=3,98) tout comme de celui de post-apprentissage
(F=14,50). Cette différence, comme nous l'avons
précédemment noté, sera expliquée à
l'occasion de l'interprétation des résultats dans un chapitre
consacré en partie à cet effet.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
6,81
|
5
|
1,36
|
3,89**
|
0,00
|
Intragroupe
|
102,82
|
294
|
0,34
|
|
|
Total
|
109,63
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
23,64
|
5
|
4,72
|
14,50**
|
0,00
|
Intragroupe
|
95,89
|
294
|
0,32
|
|
|
Total
|
119,53
|
299
|
|
|
|
Deuxièmement, au test de
pré-apprentissage :
1er - classe expérimentale de
l'établissement 1 (2,45),
2ème - classe expérimentale de
l'établissement 2 (2,43),
3ème - classe témoin de
l'établissement 1 (2,31),
4ème - classe témoin de
l'établissement 2 (2,15),
5ème - classe témoin de
l'établissement 3 (2,14),
6ème - classe expérimentale de
l'établissement 3 (2,12).
Ces moyennes ne sont pas significativement différentes.
Les résultats des apprenants des différents groupes au test de
pré-apprentissage sont sensiblement équivalents parce que tous
ces apprenants ont sensiblement le même profil et devraient manifester
des compétences sensiblement identiques.
Au test de post-apprentissage :
1er - classe expérimentale de
l'établissement 1 (3,76),
2ème - classe expérimentale de
l'établissement 2 (3,12),
3ème - classe expérimentale de
l'établissement 3 (3,02),
4ème - classe témoin de
l'établissement 1 (2,90),
5ème - classe témoin de
l'établissement 2 (2,52),
6ème - classe témoin de
l'établissement 3 (2,42).
Ces moyennes sont significativement très
différentes, comme d'ailleurs tous les autres résultats obtenus
à l'occasion du test de post- apprentissage.
En effet, des tels résultats sont en congruence avec
l'esprit de la démarche qui prévoit que les résultats des
groupes au test de post-apprentissage seraient différents selon que les
apprenants appartiennent soit au groupe expérimental soit au groupe
témoin. L'intervention pédagogique particulière que nous
avons mise en oeuvre dans les classes expérimentales semblent justifier
en partie la nature de ces résultats.
Tableau n° 37 : Distribution des moyennes de
la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon la classe
Classe
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
Classe expérimentale de l'établissement 1
Classe témoin de l'établissement 1
Classe expérimentale de l'établissement 2
Classe témoin de l'établissement 2
Classe expérimentale de l'établissement 3
Classe témoin de l'établissement 3
|
2,45
2,31
2,43
2,15
2,12
2,14
|
3,76
2,90
3,12
2,52
3,02
2,42
|
Moyenne
|
2,26
|
2,95
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon la classe indique une différence non
significative du test de pré-apprentissage (F=1,62) et une
différence très significative de celui de post-apprentissage
(F=22,91).
Ces différences seront justifiées à
l'occasion de l'interprétation des résultats. Toutefois, il est
logique que les résultats des apprenants au test de post-apprentissage
soient différents en fonction des groupes auxquels ils appartiennent vu
qu'ils n'ont pas suivi les mêmes apprentissages selon qu'ils
appartenaient soit au groupe expérimental soit au groupe
témoin.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
5,66
|
5
|
1,13
|
1,62
|
0,15
|
Intragroupe
|
205
|
294
|
0,69
|
|
|
Total
|
210,66
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
57,89
|
5
|
11,57
|
22,91**
|
0,00
|
Intragroupe
|
148,54
|
294
|
0,50
|
|
|
Total
|
206,43
|
299
|
|
|
|
Troisièmement, au test de pré-apprentissage,
nous avons observé les résultats suivants, classés par
ordre décroissant :
1er - classe expérimentale de
l'établissement 1 (4,86),
2ème - classe témoin de
l'établissement 2 (4,80),
3ème - classe expérimentale de
l'établissement 2 (4,68),
4ème - classe expérimentale de
l'établissement 3 (4,64),
5ème - classe témoin de
l'établissement 1 (4,62),
6ème - classe témoin de
l'établissement 3 (4,48).
Ces moyennes ne sont pas significativement
différentes.
Au test de post-apprentissage nous observons les
résultats suivants, classés par ordre décroissant :
1er - classe expérimentale de
l'établissement 1 (4,96),
2ème - classe expérimentale de
l'établissement 2 (4,92),
3ème - classe expérimentale de
l'établissement 3 (4,76),
4ème - classe témoin de
l'établissement 2 (4,74),
5ème - classe témoin de
l'établissement 3 (4,16),
6ème - classe témoin de
l'établissement 1 (4,04).
Ces moyennes sont significativement très
différentes. Nous expliquerons le fondement de ces différences
significatives, comme nous l'avons susmentionné, à l'occasion de
l'interprétation des résultats de notre étude au chapitre
VII que nous avons réservé en partie à ce effet.
Tableau n° 38 : Distribution des moyennes de
la variable « entraînement total » selon la classe
Classe
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
Classe expérimentale de l'établissement 1
Classe témoin de l'établissement 1
Classe expérimentale de l'établissement 2
Classe témoin de l'établissement 2
Classe expérimentale de l'établissement 3
Classe témoin de l'établissement 3
|
4,86
4,62
4,68
4,80
4,64
4,48
|
4,96
4,04
4,92
4,74
4,76
4,16
|
Moyenne
|
4,68
|
4,59
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « entraînement total » révèle
une différence non significative du test de pré-apprentissage
(F=1,84) et une différence très significative de celui de
post-apprentissage (F=24,27). Nous rappelons que ces différences seront
expliquées au chapitre VII que nous avons réservé à
cet effet.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
4,60
|
5
|
0,92
|
1,84
|
0,10
|
Intragroupe
|
146,68
|
294
|
0,49
|
|
|
Total
|
151,28
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
39,21
|
5
|
7,84
|
24,27**
|
0,00
|
Intragroupe
|
94,98
|
294
|
0,32
|
|
|
Total
|
134,19
|
299
|
|
|
|
Le caractère très significatif de la
différence des moyennes des variables réparties selon la classe
du test de post-apprentissage pourrait être tributaire du génie et
de l'aptitude des professeurs à transmettre des connaissances.
Les professeurs impliqués dans l'expérimentation
que nous avons faite à l'occasion de la présente étude
ont certes tous le même statut (fonctionnaire), le même grade
(professeur des Collèges d'Enseignement Général) et le
même profil (diplômé de l'école normale
supérieure), mais la personnalité, le dévouement et la
compétence de chacun d'entre eux interviennent pour une grande part dans
la réussite ou l'échec de leur acte pédagogique.
Un autre facteur déterminant de la réussite ou
de l'échec d'un acte pédagogique reste la préparation
minutieuse. Il reste certain que tout enseignant a l'impérieuse
nécessité de bien préparer son cours et sa classe, s'il
veut obtenir de bons résultats. Une bonne préparation permet
d'éviter le tâtonnement, le cafouillage, les pertes inutiles de
temps et garantit à coup sûr le succès du cours.
En dernière analyse,
l'hétérogénéité des moyennes
observées est en partie le reflet de
l'hétérogénéité de la nature et de la
compétence du corps professoral.
6. L'effet du type de classe
L'effet du type de classe sur les variables « oeil
et esprit exercés », « capacité à
anticiper, à reconstituer » et « entraînement
total » fait remarquer respectivement que :
Premièrement, au test de pré-apprentissage, la
moyenne des classes expérimentales (4,12) n'est pas significativement
différente de celle des classes témoins (4,10). Au test de
post-apprentissage, la moyenne des classes expérimentales (4,45) est
significativement très différente de celle des classes
témoins (4,10).
Tableau n° 39 : Distribution des moyennes de
la variable « oeil et esprit exercés » selon le type
de classe
Type de classe
|
Test de pré- apprentissage
|
Test de post- apprentissage
|
Classes expérimentales
Classes témoins
|
4,12
4,18
|
4,45
4,10
|
Moyenne
|
4,15
|
4,27
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « oeil et esprit exercés » selon le type de
classe rend compte d'une différence non significative du test de
pré-apprentissage (F=0,73) et d'une différence très
significative de celui de post-apprentissage (F=25,32).
Ces différences seront expliquées au chapitre
VII.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,27
|
1
|
0,27
|
0,73
|
0,39
|
Intragroupe
|
109,36
|
298
|
0,36
|
|
|
Total
|
109,63
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
9,36
|
1
|
9,36
|
25,32**
|
0,00
|
Intragroupe
|
110,17
|
298
|
0,36
|
|
|
Total
|
119,53
|
299
|
|
|
|
Deuxièmement, au test de pré-apprentissage, la
moyenne des classes expérimentales (2,33) n'est pas significativement
différente de celle des classes témoins (2,20). Au test de
post-apprentissage, la moyenne des classes expérimentales (3,30) est
significativement très différente de celle des classes
témoins (2,61).
Tableau n° 40 : Distribution des moyennes de
la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon le type de classe
Type de classe
|
Test de pré-apprentissage
|
Test de post-apprentissage
|
Classes expérimentales
Classes témoins
|
2,33
2,20
|
3,30
2,61
|
Moyenne
|
2,26
|
2,95
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » selon le type de classe fait remarquer une
différence non significative du test de pré-apprentissage
(F=1,89) et une différence très significative de celui de
post-apprentissage (F=61,60).
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
1,33
|
1
|
1,33
|
1,89
|
0,16
|
Intragroupe
|
209,33
|
298
|
0,70
|
|
|
Total
|
210,66
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
35,36
|
1
|
35,36
|
61,60**
|
0,00
|
Intragroupe
|
171,07
|
298
|
0,57
|
|
|
Total
|
206,43
|
299
|
|
|
|
Troisièmement, au test de pré-apprentissage la
moyenne des classes expérimentales (4,72) n'est pas significativement
différente de celle des classes témoins (4,63). Au test de
post-apprentissage la moyenne des classes expérimentales (4,88) est
très différente de celle des classes témoins (4,31).
Tableau n° 41 : Distribution des moyennes de
la variable « entraînement total » selon le type de
classe
Type de classe
|
Test de pré-apprentissage
|
Test de post-apprentissage
|
Classes expérimentales
Classes témoins
|
4,72
4,63
|
4,88
4,31
|
Moyenne
|
4,68
|
4,59
|
L'analyse de variance de la distribution des moyennes de la
variable « entraînement total » selon le type de
classe met en évidence une différence non significative du test
de pré-apprentissage (F=1,29) et une différence très
significative de celui de post-apprentissage (F=65,17).
Ces différences seront justifiées, comme nous
l'avons mentionné plus haut, à l'occasion de
l'interprétation des résultats.
a)- Test de pré-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
0,65
|
1
|
0,65
|
1,29
|
0,25
|
Intragroupe
|
150,62
|
298
|
0,50
|
|
|
Total
|
151,27
|
299
|
|
|
|
b)- Test de post-apprentissage
Variation
|
Somme des carrés des écarts
|
Degrés de liberté
|
Somme des carrés moyens
|
F
|
P
|
Intergroupes
|
24,08
|
1
|
24,08
|
65,17**
|
0,00
|
Intragroupe
|
110,11
|
298
|
0,36
|
|
|
Total
|
134,19
|
299
|
|
|
|
La distribution des moyennes des variables « oeil et
esprit exercés », « capacité à
anticiper, à reconstituer » et « entraînement
total » selon le type de classe établit une
amélioration constante des moyennes des classes expérimentales
par rapport à celles des classes témoins du test de
post-apprentissage.
Cette amélioration constante des moyennes d'un type de
classe par rapport à un autre pourrait être en partie le fait de
la nature de ces classes dans lesquelles une intervention pédagogique
particulière a eu lieu, malgré le phénomène
d'osmose souvent très fréquent dans les classes de même
niveau dans les établissements scolaires en Afrique noire.
Nous avons ainsi montré l'effet des
caractéristiques individuelles et contextuelles des
enquêtés sur les résultats de l'étude que nous avons
réalisée. Dans le chapitre suivant, nous analysons l'effet
conjugué des facteurs qualitatifs sur nos résultats
d'étude.
CHAPITRE VI
EFFETS CONJUGUES DES FACTEURS QUALITATIFS
SUR LES VARIABLES QUANTITATIVES
Afin d'affiner l'analyse des résultats de notre
étude, nous essayons de dégager l'effet conjugué des
facteurs qualitatifs les plus pertinents sur les variables quantitatives qui
les constituent. Il s'agit des facteurs type de classe, arrondissement de
résidence et établissement.
1. Le croisement du facteur type de classe avec d'autres
facteurs qualitatifs et la variable « oeil et esprit
exercés »
Le croisement du facteur type de classe avec les facteurs
arrondissement de résidence, moyen d'information utilisé, moyen
d'éclairage utilisé, profession du père, son niveau
d'études, son statut matrimonial, profession de la mère, son
niveau d'études et la variable « oeil et esprit
exercés » au test de post-apprentissage révèlent
respectivement que :
Premièrement, les sujets expérimentaux
résidant dans l'arrondissement 3 réalisent les plus fortes
moyennes, quel que soit le type de classe.
Ces résultats peuvent tenir de la facilité
d'accès des apprenants à leur établissement car celui-ci
est situé à proximité d'un des grands carrefours de la
ville. Son accès facile pour tous pourrait favoriser une bonne
fréquentation scolaire.
En ce qui concerne les apprenants vivant à Poto-Poto,
ceux du groupe expérimental obtiennent de bonnes moyennes par rapport
à leurs camarades du groupe témoin.
Nous avons indiqué que la facilité
d'accès pour tous à un établissement scolaire est
importante dans l'assiduité des apprenants et contribue probablement
à l'amélioration des performances scolaires de ces derniers.
Ainsi, le caractère facilement accessible d'un
établissement combiné avec l'innovation des pratiques
pédagogiques favorise l'amélioration des performances des
apprenants du groupe expérimental en lecture, confirmant ainsi notre
hypothèse de recherche.
Tableau n° 42 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, arrondissement de résidence et la variable
« oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
4
5
|
0
0
0
0
0
|
5
0
1
0
1
|
3
1
0
0
0
|
21
2
17
6
12
|
7
0
1
0
0
|
8
1
34
7
23
|
44
4
53
13
36
|
2
|
1
2
3
4
5
|
0
0
0
0
1
|
1
0
9
2
8
|
0
0
0
0
0
|
24
5
38
2
20
|
4
2
0
0
0
|
11
3
13
1
6
|
40
10
60
5
35
|
Total
|
1
|
27
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
Deuxièmement, les apprenants qui ont la
télévision comme moyen d'information parviennent à de
meilleurs scores par rapport à leurs camarades qui utilisent soit la
radio soit la lecture comme moyen d'information.
La comparaison des résultats des sujets des classes
expérimentales et des classes témoins fait constater que ceux de
la première catégorie sont supérieurs à ceux de la
deuxième. Cette supériorité des résultats d'un type
de classe par rapport à un autre tient, semble-t-il, en partie de
l'intervention pédagogique particulière que nous avons
réalisée dans ce type de classes d'une part et de l'importance
que jouent les médias chez les apprenants d'autre part.
Nous avons déjà relevé l'important
rôle que les médias jouent dans le processus d'acquisition de la
culture en général et de l'enseignement-apprentissage de la
lecture en particulier.
Tableau n°43 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, moyen d'information utilisé et la variable
« oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
|
0
0
0
|
4
1
2
|
2
1
1
|
44
6
8
|
6
2
0
|
65
7
1
|
121
17
12
|
2
|
1
2
3
|
1
0
0
|
16
0
4
|
0
0
0
|
68
8
12
|
5
1
0
|
27
4
3
|
117
13
20
|
Total
|
1
|
20
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
Troisièmement, les apprenants dont les maisons sont
électrifiées obtiennent de bons scores, quel que soit leur type
de classe. Nous pouvons affirmer que l'utilisation de
l'électricité facilite les conditions d'apprentissage et le
travail à la maison.
Nous constatons par ailleurs que les scores des apprenants des
classes expérimentales sont supérieurs à ceux de leurs
camarades des classes témoins. Cette supériorité des
scores des sujets d'un type de classe par rapport à ceux d'un autre type
est probablement due à l'importance des innovations pédagogiques
que nous avons mises en oeuvre dans les classes de la première
modalité.
Elle confirme de ce fait notre troisième
hypothèse secondaire de recherche, à savoir l'introduction des
innovations dans les pratiques pédagogiques actuelles contribue à
l'amélioration de la qualité de l'enseignement-apprentissage de
la lecture en classe de 3ème.
Ainsi, la vie dans une maison électrifiée et
l'innovation des pratiques pédagogiques combinées peuvent
contribuer à l'amélioration des résultats scolaires en ce
qui concerne la variable « oeil et esprit
exercés ».
Tableau n° 44 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, moyen d'éclairage et la variable
« oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
|
0
0
|
3
4
|
2
2
|
21
37
|
6
2
|
15
58
|
47
103
|
2
|
1
2
|
0
1
|
3
7
|
0
0
|
20
69
|
3
3
|
9
25
|
35
115
|
Total
|
1
|
27
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
Quatrièmement, les apprenants dont les pères
sont issus des professions scientifiques, techniques, libérales et
assimilées présentent de bons scores par rapport à leurs
camarades dont les pères appartiennent à d'autres
catégories socioprofessionnelles.
Nous affirmons que ces apprenants ont dû
bénéficier du privilège culturel lié aux
catégories socioprofessionnelles de leur père. Nous observons en
outre que les apprenants des classes expérimentales parviennent à
des scores supérieurs à ceux de leurs camarades des classes de la
seconde modalité. Cette supériorité des résultats
des sujets d'un type de classe par rapport à ceux d'un autre type
justifie l'utilité de l'innovation des pratiques pédagogiques que
nous avons fait mettre en oeuvre par les expérimentateurs dans les
classes de la première modalité.
En effet, nous pouvons penser et, à juste titre
d'ailleurs, que l'intervention pédagogique que nous avons faite
auprès des expérimentateurs a du susciter un engouement certain
et une motivation supplémentaire auprès de ces derniers.
Et les performances réalisées par les apprenants
dont ils avaient la charge, restent pour l'essentiel tributaires de leurs
nouvelles dispositions, confirmant ainsi l'utilité de notre dispositif
expérimental et, partant notre hypothèse de départ,
à savoir que l'innovation des pratiques professionnelles contribue
à l'amélioration des performances lectorales des apprenants.
Tableau n° 45 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, profession du père et la variable
« oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
1
3
4
5
7
|
0
0
0
0
0
|
2
1
0
3
1
|
2
0
1
0
1
|
34
3
4
9
8
|
2
4
1
1
0
|
41
7
9
13
3
|
81
15
15
26
13
|
2
|
1
3
4
5
7
|
1
0
0
0
0
|
10
5
2
3
0
|
0
0
0
0
0
|
41
9
15
19
5
|
4
0
0
1
1
|
18
5
2
8
1
|
74
19
19
31
7
|
Total
|
1
|
27
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
Cinquièmement, les sujets expérimentaux dont les
pères ont le niveau d'études de l'enseignement supérieur
réalisent les meilleurs scores par rapport à leurs autres
camarades. Nous affirmons à cet effet qu'ils ont dû
bénéficier du privilège culturel de leur père.
En effet, quand un enfant prend conscience de l'utilité
de la lecture, il a déjà appris une chose importante : la
lecture peut servir à signaler une intention. Il apprend ainsi l'usage
de la lecture comme un outil de communication et s'implique davantage dans
l'apprentissage de cette discipline fondamentale.
Par ailleurs, les résultats des sujets des classes
expérimentales sont supérieurs à ceux de leurs camarades
de la deuxième modalité.
Cette supériorité des résultats des
classes expérimentales par rapport aux classes témoins justifie
la nature des pratiques pédagogiques que les expérimentateurs ont
utilisées dans ces classes.
Tableau n°46 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, niveau d'études du père et la variable
« oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
|
0
0
0
|
0
5
2
|
0
2
2
|
3
23
32
|
1
6
1
|
2
34
37
|
6
70
74
|
2
|
1
2
3
|
0
0
1
|
2
10
8
|
0
0
0
|
1
49
39
|
1
1
4
|
4
14
16
|
8
74
68
|
Total
|
1
|
27
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
Sixièmement, les apprenants dont les pères sont
monogames ont de bonnes moyennes par rapport à leurs camarades dont les
pères sont polygames, quel que soit le type de classe.
Cette différence des résultats tient,
semble-t-il, de ce que tous les deux parents participent au financement,
à l'accompagnement et au suivi du travail scolaire de leur enfant,
chacun contribuant à la hauteur de ses moyens et de ses
possibilités.
La comparaison des moyennes des classes expérimentales
à celles des classes témoins fait observer que celles de la
première modalité sont supérieures à celles de la
deuxième. Et cela, grâce au protocole que nous avons
expérimenté dans le premier type de classe.
En effet, les exercices d'entraînements progressifs
auxquels les apprenants des classes expérimentales ont été
soumis, ont contribué à améliorer leurs comportements
à l'égard de l'écrit au point que leurs performances ont
connu une nette amélioration.
Aussi faut-il le rappeler, la différence significative
des moyennes des résultats du test de post-apprentissage est
censée être garantie par la démarche expérimentale
elle-même.
Tableau n°47 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, statut matrimonial du père et la variable
« oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
|
0
0
|
6
1
|
3
1
|
47
11
|
7
1
|
59
14
|
122
28
|
2
|
1
2
|
1
0
|
16
4
|
0
0
|
70
19
|
5
1
|
29
5
|
121
29
|
Total
|
1
|
27
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
Septièmement, les apprenants dont les mères ne
peuvent être classées selon leur profession obtiennent de bons
résultats, quel que soit leur type de classe.
Cette catégorie socioprofessionnelle est
hétérogène. Les mères issues de cette
catégorie sont bien impliquées dans le petit commerce et les
circuits informels. Elles disposent suffisamment de ressources
financières pour engager des répétiteurs afin d'apporter
un appui au travail scolaire de leurs enfants à la maison.
Ces enfants qui disposent régulièrement du
minimum vital, sont souvent à l'abri des besoins les plus
élémentaires qui freinent souvent le travail scolaire de certains
enfants en Afrique noire. C'est ce qui semble garantir le succès
scolaire de cette catégorie d'apprenants.
La comparaison des résultats des deux types de classes
montre que les résultats de la première modalité sont
supérieurs à ceux de la seconde, à cause probablement des
pratiques pédagogiques ayant cours dans les classes témoins et
grâce aux innovations que nous avons introduites dans les classes
expérimentales.
En effet, les pratiques surannées qui sont en usage
dans les classes conduisent à coup sûr à une certaine
désaffection des apprenants pour la lecture.
Le caractère innovant des pratiques
expérimentées à lui seul est certainement suffisant pour
améliorer les performances des apprenants dans différents
contextes d'apprentissage.
Tableau n°48 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, profession de la mère et la variable
« oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
0
1
3
4
5
6
7
|
0
0
0
0
0
0
0
|
2
1
0
4
0
0
0
|
3
0
0
0
1
0
0
|
23
9
4
16
4
1
1
|
2
0
1
4
1
0
0
|
27
19
7
16
4
0
0
|
57
29
12
40
10
1
1
|
2
|
0
1
3
4
5
7
|
1
0
0
0
0
0
|
10
1
3
4
2
0
|
0
0
0
0
0
0
|
40
7
8
26
7
1
|
2
1
0
2
1
0
|
14
6
4
6
3
1
|
67
15
15
38
13
2
|
Total
|
1
|
27
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
Huitièmement, les apprenants dont les mères ont
un niveau d'études secondaires obtiennent de bonnes moyennes par rapport
à leurs autres camarades. Cela tient, semble-t-il, de ce que les
mères qui ont un niveau d'études secondaires sont conscientes que
leurs enfants ont besoin du soutien scolaire.
Elles placent en eux un grand espoir et oeuvrent à leur
réussite scolaire. Lorsqu'elles ne disposent pas du temps
nécessaire pour les encadrer personnellement à cause soit de
leurs occupations professionnelles, soit de leurs obligations
ménagères, elles recourent aux prestations des
répétiteurs.
La comparaison des moyennes des deux types de classes
révèle que les résultats de la première
modalité sont supérieurs à ceux de la deuxième,
grâce certainement à l'intervention pédagogique que nous
avons réalisée dans les classes de la première
modalité.
Tableau n°49 : Effets conjugués des
facteurs type de classe, niveau d'études de la mère et la
variable « oeil et esprit exercés » du test de
post-apprentissage
Type de classe
|
Arrondissement
de résidence
|
Variable « oeil et esprit
exercés »
|
2
|
3
|
3,5
|
4
|
4,5
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
|
0
0
0
|
0
6
0
|
0
4
0
|
6
45
7
|
0
8
0
|
2
54
18
|
8
117
25
|
2
|
1
2
3
|
0
1
0
|
2
14
4
|
0
0
0
|
8
74
7
|
2
4
0
|
3
24
7
|
15
117
18
|
Total
|
1
|
27
|
4
|
147
|
14
|
107
|
300
|
2. La combinaison du facteur arrondissement de
résidence avec d'autres facteurs qualitatifs et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer »
La combinaison du facteur arrondissement de résidence
avec les facteurs type de classe, profession du père, son niveau
d'études, son statut matrimonial, profession de la mère, son
niveau d'études, moyen d'éclairage utilisé, abonnement
à une bibliothèque et la variable « capacité
à anticiper, à reconstituer » au test de
post-apprentissage, indiquent respectivement que :
Premièrement, les plus fortes moyennes sont obtenues
par les apprenants des classes expérimentales, quel que soit leur
arrondissement de résidence.
Ainsi, nous constatons une nette amélioration des
résultats des classes expérimentales par rapport aux classes
témoins. L'intervention pédagogique particulière que nous
avons réalisée dans ces classes expérimentales pourrait en
partie expliquer un tel constat. En effet, la pratique systématique des
exercices d'entraînement progressifs de la lecture dans les classes
expérimentales, a eu le mérite de créer les conditions
favorables à l'entrée des apprenants concernés dans
l'univers du lire-écrire. Ces conditions favorables ne pouvaient
qu'occasionner un environnement propice à l'enseignement-apprentissage
de la lecture.
Tableau n°50 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, type de classe et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
Arrondissement de résidence
|
Type de classe
|
Variable « capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
|
0
0
|
0
10
|
18
26
|
17
3
|
9
1
|
44
40
|
2
|
1
2
|
0
0
|
0
3
|
3
5
|
0
1
|
1
1
|
4
10
|
3
|
1
2
|
0
0
|
15
33
|
21
25
|
15
2
|
2
0
|
53
60
|
4
|
1
2
|
0
1
|
1
0
|
11
4
|
1
0
|
0
0
|
13
5
|
5
|
1
2
|
0
2
|
6
19
|
20
11
|
10
3
|
0
0
|
13
35
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
Deuxièmement, les apprenants dont les pères sont
des personnes ne pouvant être classées selon leur profession
obtiennent de fortes moyennes, quel que soit leur lieu de résidence.
Nous considérons que cette catégorie de
pères constitue un groupe de personnes opérant dans les circuits
informels. Ces dernières gagnent souvent bien leur vie, c'est
l'instabilité qui est leur handicap. Bien organisées, elles
disposeraient d'un bon niveau de vie leur permettant de faire accompagner
efficacement les études de leurs enfants. Ces derniers
bénéficieraient ainsi du prestige économique de leurs
pères.
Malheureusement, ce n'est pas souvent le cas. Dans de
nombreux pays d'Afrique noire, ces opérateurs économiques
informels sont poursuivis à longueur de journée par les forces de
sécurité, les services des impôts ainsi que ceux
d'hygiène.
Les organisations de lutte contre la piraterie des oeuvres
d'art et la vente des médicaments de la rue, les pourchassent
régulièrement dans les avenues des grandes métropoles
africaines subsahariennes pour des raisons diverses.
Tableau n°51 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, profession du père et la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
Arrondissement de résidence
|
Profession du père
|
Variable « capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
3
4
5
7
|
|
6
1
1
2
|
18
6
4
9
7
|
5
2
5
3
5
|
2
3
2
3
|
31
11
12
13
17
|
2
|
1
3
4
5
|
|
2
1
|
3
2
1
2
|
1
|
2
|
8
2
1
3
|
3
|
1
3
4
5
7
|
|
30
5
5
8
|
23
2
7
11
3
|
11
1
1
4
|
2
|
66
8
13
23
3
|
4
|
1
3
5
|
1
|
1
|
8
3
4
|
1
|
|
11
3
4
|
5
|
1
3
4
5
|
2
|
13
5
2
5
|
21
3
2
5
|
3
2
4
4
|
|
39
10
8
14
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
Troisièmement, les bonnes moyennes sont
réalisées par les apprenants dont les pères ont le niveau
d'études secondaires à Makélékélé et
à Ouenzé. A Bacongo, Poto-Poto et Moungali, leurs camarades dont
les pères sont de niveau d'enseignement supérieur obtiennent les
fortes moyennes.
Les apprenants dont les pères ont le niveau
d'enseignement supérieur semblent bénéficier du
privilège culturel supposé de leurs pères. Les enfants qui
voient leurs pères en situation de lecteurs pour résoudre un
problème, ont envie de lire pour résoudre à leur tour
leurs propres problèmes.
Dans ces conditions, ils sont très motivés quand
il s'agit d'apprendre à lire. Une telle motivation peut expliquer en
partie leur succès et renforcer leur désir de s'intégrer
dans le monde de l'écrit. Leur intégration dans l'univers de
l'écrit contribuerait à vaincre la désaffection que de
nombreux apprenants de la classe de 3ème éprouvent
pour l'écrit. L'intérêt que l'on ressent pour l'univers du
lire-écrire est un indicateur qui ne trompe personne. C'est grâce
à cette compétence qu'est la lecture que de nombreux citoyens ont
assuré leur ascension sociale dans les arcanes du pouvoir en Afrique
noire.
Les apprenants dont les pères ont le niveau
d'études secondaires bénéficient quant à eux de
l'espoir que leurs pères placent en leur réussite scolaire. Ayant
pris conscience de l'importance de l'école dans l'ascension sociale d'un
citoyen, les parents oeuvrent à la réussite scolaire de leurs
enfants.
Conscients de l'important rôle que les
interprètes ont joué pendant la colonisation en Afrique noire,
les parents sont prêts à tout faire pour scolariser leurs enfants.
La preuve d'une solide scolarisation étant souvent donnée par la
maîtrise de la lecture dans les différentes communautés,
nous nous demandons bien quel est ce citoyen d'Afrique noire qui n'aimerait pas
voir son fils ou sa fille posséder une telle arme.
Toutefois, les occupations professionnelles et la
nécessité de gagner plus d'argent pour subvenir aux besoins de la
famille contraignent souvent les pères des apprenants à se
décharger de leur tâche d'éducation sur leurs
épouses. Ces dernières ne sont pas toujours disposées
à jouer pleinement ce rôle à cause des tâches
ménagères et parfois professionnelles qui leur incombent.
Ces pères, ne pouvant s'investir personnellement dans
le suivi et l'encadrement des études de leurs enfants, cherchent
à les placer dans les établissements d'enseignement
privés. Ces établissements ont la réputation d'être
onéreux, mais les parents d'élèves les
préfèrent aux établissements publics qui sont
officiellement déclarés gratuits mais qui, dans les faits, ne le
sont pas. Même avec des revenus modestes, les parents
préfèrent engager des répétiteurs pour accompagner
et suivre le travail scolaire de leurs enfants afin de suppléer
à la défaillance des établissements publics.
Tableau n°52 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, niveau d'études du
père et la variable « capacité à anticiper,
à reconstituer » du test de post-apprentissage
Arrondissement de résidence
|
Niveau d'études du père
|
Variable « capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
|
0
0
0
|
1
5
4
|
2
24
18
|
2
15
3
|
0
8
2
|
5
52
27
|
2
|
1
2
3
|
0
0
0
|
1
0
2
|
3
2
3
|
0
0
1
|
0
0
2
|
4
2
8
|
3
|
1
2
3
|
0
0
0
|
0
21
27
|
3
20
23
|
0
7
10
|
0
0
2
|
3
48
62
|
4
|
2
3
|
0
1
|
0
1
|
6
9
|
0
1
|
0
0
|
6
12
|
5
|
1
2
3
|
0
0
2
|
1
13
11
|
1
13
17
|
0
10
3
|
0
0
0
|
2
36
33
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
Quatrièmement, les meilleures performances sont
réalisées par les apprenants dont les pères sont
monogames, quel que soit leur arrondissement de résidence.
Ainsi, nous pouvons affirmer que dans le régime
monogamique, le père et la mère contribuent, chacun à la
hauteur de ses moyens, de ses compétences et de sa
disponibilité, à l'accompagnement, au suivi et à
l'encadrement scolaires de leurs enfants.
Tableau n°53 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, statut matrimonial du père
et la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
Arrondissement de résidence
|
Statut matrimonial du père
|
Variable« capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
|
0
0
|
8
2
|
36
8
|
15
5
|
9
1
|
68
16
|
2
|
1
|
0
|
3
|
8
|
1
|
2
|
14
|
3
|
1
2
|
0
0
|
39
9
|
37
9
|
14
3
|
1
1
|
91
22
|
4
|
1
2
|
1
0
|
1
0
|
13
2
|
1
0
|
0
0
|
16
2
|
5
|
1
2
|
0
2
|
17
8
|
27
4
|
10
3
|
0
0
|
54
17
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
Cinquièmement, les apprenants dont les mères
sont issues de la catégorie socioprofessionnelle du personnel commercial
et vendeur résidant dans la zone sociolinguistique A
(Makélékéle, Bacongo) parviennent à des plus fortes
moyennes.
Leurs camarades dont les mères sont des personnes ne
pouvant être classées selon leur profession et résidant
dans les zones sociolinguistiques B (Poto-Poto et Moungali) et C
(Ouenzé), obtiennent les plus fortes moyennes.
Ce résultat semble s'expliquer par le fait que les
mères commerçantes et vendeuses placent beaucoup d'espoir en
leurs enfants. Elles disposent fréquemment des moyens pour subvenir
à leurs besoins élémentaires et favoriser leurs
études scolaires avec l'aide des répétiteurs. Il est vrai
qu'en Afrique noire, les répétiteurs sont souvent des
étudiants en fin de cycle, c'est-à-dire des jeunes gens qui n'ont
vraisemblablement aucune expérience pédagogique pour exercer le
noble métier d'enseignant. Donc, les parents ne devraient pas attendre
des miracles d'eux.
Tableau n°54 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, profession de la mère, et
la variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
Arrondissement de résidence
|
Profession de la mère
|
Variable « capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
0
1
3
4
5
7
|
0
0
0
0
0
0
|
2
1
1
4
1
1
|
8
5
2
19
9
1
|
8
2
1
8
1
0
|
2
2
0
6
0
0
|
20
10
4
37
11
2
|
2
|
0
1
3
4
5
|
0
0
0
0
0
|
1
0
1
1
0
|
2
1
1
3
1
|
0
0
0
1
0
|
1
0
0
0
1
|
4
1
2
5
2
|
3
|
0
1
3
4
5
6
7
|
0
0
0
0
0
0
0
|
27
3
6
9
3
0
0
|
21
4
7
11
2
0
1
|
6
5
3
2
0
1
0
|
0
1
1
0
0
0
0
|
54
13
17
22
5
1
1
|
4
|
0
1
3
4
5
|
0
0
1
0
0
|
0
0
0
1
0
|
4
7
0
3
1
|
1
0
0
0
0
|
0
0
0
0
0
|
5
7
1
4
1
|
5
|
0
1
3
4
5
|
2
0
0
0
0
|
14
3
1
5
2
|
18
7
2
2
2
|
7
3
0
3
0
|
0
0
0
0
0
|
41
13
3
10
4
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
Sixièmement, les plus fortes moyennes sont obtenues par
les apprenants dont les mères ont le niveau d'études secondaires,
quel que soit leur arrondissement de résidence. Les mères dont le
niveau d'études est celui de l'enseignement secondaire sont conscientes
que leurs enfants doivent bénéficier d'un soutien scolaire. Elles
font encadrer leurs études par des répétiteurs.
Tableau n°55 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, niveau d'études de la
mère et la variable « capacité à anticiper,
à reconstituer » du test de post-apprentissage
Arrondissement de résidence
|
Niveau d'études de la mère
|
Variable « capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
|
0
0
0
|
1
8
1
|
6
6
2
|
2
16
2
|
1
8
1
|
10
68
6
|
2
|
1
2
|
0
0
|
1
2
|
2
6
|
0
1
|
0
2
|
3
11
|
3
|
1
2
3
|
0
0
0
|
7
3
8
|
1
2
3
|
1
8
8
|
0
1
1
|
9
84
20
|
4
|
2
3
|
0
1
|
1
0
|
1
4
|
1
0
|
0
0
|
13
5
|
5
|
1
2
3
|
1
1
0
|
0
3
2
|
0
4
7
|
1
10
2
|
0
0
0
|
2
58
11
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
Septièmement, les apprenants qui vivent dans les
maisons éclairées à la lampe à pétrole
à Makélékélé parviennent à se faire
attribuer les plus fortes moyennes par rapport à leurs camarades du
même arrondissement qui vivent dans les maisons
électrifiées.
Leurs camarades des arrondissements de Bacongo, Poto-Poto,
Moungali et Ouenzé qui vivent dans les maisons
électrifiées réalisent aussi des fortes moyennes.
Nous constatons que les apprenants de
Makélékélé adaptent leur rythme d'apprentissage
extrascolaire aux horaires d'éclairage diurne. Cela les place plus ou
moins dans les mêmes conditions d'éclairage que leurs camarades
vivant dans les maisons électrifiées, pour les apprentissages
extrascolaires. Et le moyen d'éclairage a le même effet sur la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » aussi bien chez les uns que chez les autres.
Tableau n°56 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, moyen d'éclairage
utilisé et la variable « capacité à anticiper,
à reconstituer » du test de post-apprentissage
Arrondissement de résidence
|
Moyen d'éclairage utilisé
|
Variable « capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
|
0
0
|
8
2
|
7
7
|
2
8
|
8
2
|
55
29
|
2
|
1
2
|
0
0
|
1
2
|
3
5
|
0
1
|
1
1
|
5
9
|
3
|
1
2
|
0
0
|
3
45
|
3
3
|
3
4
|
0
2
|
9
104
|
4
|
1
2
|
0
1
|
0
1
|
4
1
|
1
0
|
0
0
|
5
13
|
5
|
1
2
|
0
2
|
4
21
|
3
8
|
1
2
|
0
0
|
8
63
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
Huitièmement, les apprenants qui n'ont pas accès
à une bibliothèque obtiennent de fortes notes par rapport
à leurs camarades qui déclarent y être abonnés. Cela
semble trahir les effets pervers du questionnaire. Nous avons le sentiment que
certains apprenants qui ont affirmé fréquenter une
bibliothèque, n'ont pas été sincères. Et s'ils
l'ont été, leur comportement en bibliothèque
s'avère inopérant car certains y vont par imitation de leurs
camarades et non pour se cultiver réellement.
Tableau n°57 : Effets conjugués des
facteurs arrondissement de résidence, abonnement à une
bibliothèque, et la variable « capacité à
anticiper, à reconstituer » du test de post-apprentissage
Bibliothèque
|
Arrondissement de résidence
|
Variable« capacité à anticiper,
à reconstituer »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
0
|
1
2
3
4
5
|
0
0
0
1
2
|
0
3
4
1
3
|
39
7
39
14
27
|
16
1
14
1
11
|
0
1
2
0
0
|
75
12
96
17
63
|
1
|
1
2
3
4
5
|
0
0
0
0
0
|
0
0
7
0
2
|
5
1
7
1
4
|
4
0
3
0
2
|
0
1
0
0
0
|
9
2
17
1
8
|
Total
|
3
|
87
|
144
|
52
|
14
|
300
|
3. Le croisement du facteur établissement avec d'autres
facteurs qualitatifs et la variable « entraînement
total »
Le croisement du facteur établissement avec les
facteurs type de classe, profession de la mère, son niveau
d'études, arrondissement de résidence, moyen d'information
utilisé et la variable « entraînement total »
montrent respectivement que :
Premièrement, les apprenants des classes
expérimentales parviennent à de meilleures performances en
lecture par rapport à leurs camarades des classes témoins, quel
que soit leur établissement.
Un tel phénomène paraît partiellement
tributaire de l'intervention pédagogique particulière que les
expérimentateurs ont réalisée dans ce type de classe. Les
différentes activités liées à la lecture qui
constituent l'intervention pédagogique réalisée dans ce
type de classe, contribuent à justifier les performances des apprenants
appartenant aux classes expérimentales.
Tableau n°58 : Effets conjugués des
facteurs établissement, type de classe et la variable
« entraînement total » du test de
post-apprentissage
Etablissement
|
Type de classe
|
Variable « entraînement total »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
|
|
0
0
|
0
13
|
2
22
|
48
15
|
50
50
|
2
|
1
2
|
|
0
0
|
0
2
|
4
9
|
46
39
|
50
50
|
3
|
1
2
|
|
0
3
|
1
6
|
10
21
|
39
20
|
50
50
|
Total
|
|
3
|
22
|
68
|
207
|
300
|
Deuxièmement, les plus fortes moyennes sont
réalisées par les sujets expérimentaux dont les
mères font partie de la catégorie socioprofessionnelle des
personnels commerciaux et vendeurs, quel que soit leur établissement.
Cela semble s'expliquer par le fait que la catégorie
à laquelle appartiennent ces mères leur confère un niveau
de vie modeste. Elles espèrent par conséquent que la
réussite scolaire de leurs enfants pourrait contribuer à leur
assurer un niveau de vie décent surtout lorsqu'elles seront plus
âgées. Pour elles, un apprentissage efficace de la lecture
favorisera l'ascension sociale de leurs enfants.
En Afrique plus qu'ailleurs, les enfants ont le devoir de
s'occuper de leurs parents, surtout lorsque ces derniers deviennent vieux.
C'est pourquoi assurer l'éducation de son enfant est une forme
d'investissement.
Lorsqu'un enfant réussit à ses études, il
constitue pour sa famille et parfois pour tout son clan un objet de
fierté. Dans certaines familles africaines, assurer l'éducation
d'un enfant nécessite la conjugaison des efforts non pas seulement de
tous les membres de sa famille mais de toute la communauté à
laquelle il appartient, car les fruits de la réussite sont
habituellement partagés. Et puisque les fruits de la réussite
sont partagés, les responsabilités le sont aussi.
Tableau n°59 : Effets conjugués des
facteurs établissement, profession de la mère et la variable
« entraînement total » du test de
post-apprentissage
Etablissement
|
Profession de la mère
|
Variable « entraînement total »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
0
1
3
4
5
7
|
|
0
0
0
0
0
0
|
3
2
3
3
1
1
|
6
3
2
9
4
0
|
16
6
1
31
8
1
|
25
11
6
43
13
2
|
2
|
0
1
3
4
5
6
7
|
|
0
0
0
0
0
0
0
|
1
0
1
0
0
0
0
|
5
1
4
2
1
0
0
|
38
15
9
17
4
1
1
|
44
16
14
19
5
1
1
|
3
|
0
1
3
4
5
|
|
2
1
0
0
0
|
6
0
0
0
1
|
1
7
0
2
1
|
26
9
7
14
3
|
55
17
7
16
5
|
Total
|
|
3
|
22
|
68
|
207
|
300
|
Troisièmement, les plus fortes moyennes sont obtenues
par les sujets expérimentaux dont les mères ont le niveau
d'enseignement secondaire, quel que soit l'établissement.
Ces mères paraissent aptes à faire accompagner
le travail scolaire de leurs enfants par les répétiteurs. Elles
espèrent que la réussite scolaire de ces derniers pourrait leur
assurer une grande ascension sociale qui compenserait le bas niveau de vie
actuel de leur famille.
Lorsqu'un enfant réussit à ses études en
Afrique, il fait la fierté de sa communauté et plus tard le
bonnheur des membres de tout le clan auquel il appartient.
Tableau n°60 : Effets conjugués des
facteurs établissement, niveau d'études de la mère et la
variable « entraînement total » du test de
post-apprentissage
Etablissement
|
Niveau d'études de la mère
|
Variable « entraînement total »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
|
|
0
0
0
|
2
9
2
|
5
19
0
|
6
53
4
|
13
81
6
|
2
|
1
2
3
|
|
0
0
0
|
0
1
1
|
1
11
1
|
6
59
20
|
7
71
22
|
3
|
1
2
3
|
|
0
2
1
|
0
6
1
|
1
24
6
|
2
50
7
|
3
82
15
|
Total
|
|
3
|
22
|
68
|
207
|
300
|
Quatrièmement, les apprenants du collège
d'enseignement général du 8 février 1964 réalisent
les plus fortes moyennes, quel que soit leur lieu de résidence. La
proximité des apprenants par rapport à leur établissement,
placé aux environs d'un des plus grands carrefours de la ville, et les
facilités d'accès pour tous qu'il offre peuvent être
à l'origine d'un tel constat car les sujets expérimentaux vivent
soit à Moungali, soit à Ouenzé ou à Poto-Poto.
Dans les capitales africaines, l'accès facile à
son établissement est un critère important dans la nature du
travail scolaire d'un apprenant. Les quartiers se développent
anarchiquement et s'étendent à perte de vue. Ordinairement, les
infrastructures ne suivent pas. Les établissements scolaires, les
dispensaires, les marchés, et les aires de jeux ne sont pas souvent
prévus. Et les artères pour rejoindre les grandes
agglomérations sont inexistantes et, du coup l'accès aux
établissements scolaires devient très difficile. A cela, il faut
ajouter le manque des moyens de transport en commun dans les villes d'Afrique
noire. C'est pourquoi, rejoindre son établissement scolaire à
temps, est souvent peu probable aux heures de pointe.
Tableau n°61 : Effets conjugués des
facteurs établissement, arrondissement de résidence et la
variable « entraînement total » du test de
post-apprentissage
Etablissement
|
Arrondissement de résidence
|
Variable « entraînement total »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
4
|
|
0
0
0
|
2
1
0
|
20
4
0
|
52
9
2
|
84
14
2
|
2
|
3
4
5
|
|
0
0
0
|
2
0
0
|
11
1
1
|
62
15
8
|
75
16
9
|
3
|
3
5
|
|
0
3
|
4
3
|
13
18
|
21
38
|
38
62
|
Total
|
|
3
|
22
|
68
|
207
|
300
|
Cinquièmement, les apprenants qui ont comme moyen
d'information la télévision, réalisent les plus fortes
moyennes, quel que soit leur établissement.
La télévision projette de nombreuses
informations parmi lesquelles celles qui ont trait à la science,
à la technologie, à l'innovation et aux faits divers. La forte
culture qu'acquièrent ainsi les apprenants, les prédispose
à une bonne capacité de lecture car lire implique aussi des
références culturelles.
Les références culturelles sont ordinairement
acquises par l'intermédiaire des scènes de vie courante, des
films, des documentaires et des normes que propose la société
à la jeunesse par le canal de la télévision et des
journaux radiophoniques.
Nous rappelons que nous avons déjà montré
au chapitre IV que les médias en général et la
télévision en particulier concurrencent la lecture au
XXIe siècle. En effet, compte tenu de ce que la lecture
nécessite tout d'abord un apprentissage, puis un effort d'attention et
parfois d'isolement pour sa pratique, elle est facilement concurrencée
auprès des adolescentes et des adolescents de la classe de
3ème par les médias.
Tableau n°62 : Effets conjugués des
facteurs établissement, moyen d'information utilisé et la
variable « entraînement total » du test de
post-apprentissage
Etablissement
|
Moyen d'information utilisé
|
Variable « entraînement total »
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Total
|
1
|
1
2
3
|
|
0
0
0
|
11
1
1
|
19
3
2
|
49
9
5
|
79
13
8
|
2
|
1
2
3
|
|
0
0
0
|
2
0
0
|
9
1
3
|
63
9
13
|
74
10
16
|
3
|
1
2
3
|
|
2
0
1
|
6
1
0
|
26
2
3
|
51
4
4
|
85
7
8
|
Total
|
|
3
|
22
|
68
|
207
|
300
|
En somme, l'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture dépend certes de l'innovation
des pratiques pédagogiques, mais aussi d'un milieu de résidence
propice à la lecture et d'un minimum de support pluriel d'apprentissage,
même si le manque de manuel de lecture n'est plus, de nos jours, un
handicap incontournable à l'enseignement-apprentissage de cette
discipline fondamentale.
Ayant examiné l'effet conjugué des
caractéristiques individuelles et contextuelles des
enquêtés sur nos résultats d'étude, nous
procédons à leur interprétation et à leur
analyse.
CHAPITRE VII
INTERPRETATION DES RESULTATS ET
DISCUSSION
Le présent chapitre a pour but d'interpréter et
de discuter les résultats. Il s'agit en effet de mettre la
cohérence sous-jacente entre les résultats que nous venons de
présenter au chapitre IV et les facteurs indépendants d'une part,
de les examiner contradictoirement d'autre part.
1. Interprétation des résultats
Nous avons indiqué au chapitre IV que, du test de
pré-apprentissage (ou évaluation initiale) à celui de
post-apprentissage (ou évaluation terminale), les résultats de
notre étude se sont révélés globalement
améliorés, confirmant de ce fait notre troisième
hypothèse secondaire de recherche à savoir l'introduction des
innovations dans les pratiques pédagogiques actuelles contribue à
l'amélioration de la qualité de l'enseignement-apprentissage de
la lecture. La preuve nous a été donnée par la croissance
des moyennes des tests d'une part, et par la régression des coefficients
de variation d'autre part, comme le montre le tableau synoptique des
résultats présenté au chapitre IV.
Il s'agit à l'instar des travaux de Michel Loriaux
(1988), comme nous l'avons mentionné au chapitre IV, de
déterminer les facteurs qui interviennent dans l'amélioration des
résultats et d'y dégager l'impact de chacun d'eux78(*). A cet effet, nous distinguons
des facteurs non significatifs, des facteurs secondairement significatifs et
des facteurs principalement significatifs.
A.
Facteurs dont l'effet est non significatif
Il est vrai que les résultats de notre étude se
sont révélés globalement améliorés.
Cependant certains facteurs se sont avérés sans effet sur les
résultats. En effet, lorsque le F d'une variable est non significatif,
cela suppose que la variable considérée n'a pas un grand effet
sur les résultats obtenus, mais elle ne les défavorise pas non
plus.
Nous avons identifié quatre variables
indépendantes dont l'effet paraît non significatif dans les
résultats de l'étude. Il s'agit des facteurs arrondissement de
résidence, établissement, âge et profession du père,
respectivement sur les résultats des variables « oeil et
esprit exercés » pour les deux premières,
« capacité à anticiper, à
reconstituer » pour la troisième et
« entraînement total » pour la troisième et la
dernière, conformément à l'analyse de variance
présentée au chapitre IV.
Le facteur arrondissement de résidence n'a pas un grand
effet sur le résultat de la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage, (F = 0,57 ; .0,
67) contre (F = 1,85 ; .0, 10) de celui de pré-apprentissage.
Le facteur établissement n'a pas un grand effet sur le
résultat de la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage (F = 1,28 ; .0,
27) contre (F = 2,82 ; .0, 06) de celui de pré-apprentissage.
Le facteur âge n'a pas un grand effet sur les
résultats des variables « capacité à anticiper,
à reconstituer » du test de post-apprentissage (F =
0,32 ; .057) contre (F = 1,64 ; .0, 20) et
« entraînement total » (F = 0,15 ; .0, 69)
contre (F = 2,86 ; .0, 91), de celui de pré-apprentissage.
Le facteur profession du père n'a pas un grand effet
sur les résultats des variables « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage (F =
0,30 ; .0, 87) contre (F = 1,09 ; .0, 35), et
« entraînement total » (F = 0,64 ; .0, 63)
contre (F = 2,33 ; .0, 05), de celui de pré-apprentissage.
B.
Facteurs secondairement significatifs
Nous avons indiqué au chapitre IV que
conformément aux études de Pierre Dagnelie (1975), lorsque le F
d'une variable est significatif et que le seuil de significativité est
élevé, cela signifie que la variable considérée a
un effet secondaire dans l'amélioration des résultats de
l'étude79(*). Nous
avons effectivement constaté trois variables (l'âge,
l'arrondissement de résidence, la profession du père) dont
l'effet n'est que partiel dans l'amélioration des résultats
indiquée à l'analyse de variance que nous avons
présentée au chapitre IV.
Le facteur âge du test de post-apprentissage n'a qu'un
effet secondaire sur le résultat de la variable « oeil et
esprit exercés » (F = 2,03 ; .0, 15) contre (F=
0,20 ; .0, 64) de celui de pré-apprentissage.
Le facteur arrondissement de résidence du test de
post-apprentissage n'a qu'un effet secondaire sur le résultat de la
variable « entraînement total » (F = 2,63 ; .0,
34) contre (F = 1,28 ; .0, 27) de celui de pré-apprentissage.
Le facteur profession du père du test de
post-apprentissage n'a qu'un effet secondaire sur le résultat de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » (F = 3,31 ; .0, 11) contre (F = 2,03 ; .0,
08) de celui de pré-apprentissage.
C.
Facteurs principalement significatifs
Nous affirmons avec Pierre Dagnelie (1975) que, lorsque le F
d'une variable est très significatif et que le seuil de
significativité est très sévère (tendant vers nul),
cela veut dire que c'est principalement à cause de celle-ci que les
résultats se sont révélés
améliorés80(*). Nous reconnaissons que s'il y a une
amélioration des résultats, c'est à titre principal
à cause des variables suivantes : l'arrondissement de
résidence, l'établissement, la classe et le type de classe, comme
nous l'avons indiqué au chapitre VI.
Le facteur arrondissement de résidence qui intervient
pour une grande part dans l'amélioration des résultats de la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage (F = 8,22 ; .0, 00)
contre (F = 0,93 ; .0, 44) de celui de pré-apprentissage.
Le facteur établissement qui contribue pour une grande
part à l'amélioration des résultats du test de
post-apprentissage des variables « capacité à
anticiper, à reconstituer » (F = 17,18 ; .0, 00) contre
(F= 2,29 ; .0, 10) et « entraînement
total » (F = 9,72 ; .0, 00) contre (F = 2,15 ; .0, 11),
de celui de pré-apprentissage.
Le facteur classe qui joue un grand rôle dans
l'amélioration des résultats du test de post-apprentissage des
variables « oeil et esprit exercés » (F =
14,50 ; .0,00) contre (F = 3,89 : .0,00), « capacité
à anticiper, à reconstituer » (F = 22,91 ; .0,00)
contre (F = 1,62 ; .0,15) et « entraînement
total » (F = 24,27 ; .0,00) contre (F = 1,84 ; .0,10) de
celui de pré-apprentissage.
Le facteur type de classe qui intervient pour une importante
part dans l'amélioration des résultats du test de
post-apprentissage des variables « oeil et esprit
exercés » (F=25,32 ; .0,00) contre (F =, 0,73 ;
.0,39), « capacité à anticiper, à
reconstituer » (F = 61,60 ; .0,00) contre (F =
1,89 ; .0,16), et « entraînement total » (F =
65,17 ; .0,00) contre (F= 1,92 ; .0,25) de celui de
pré-apprentissage.
Par ailleurs, les moyennes du test de pré-apprentissage
étaient dispersées et le coefficient de variation très
élevé dans toutes les classes, qu'elles soient
expérimentales ou témoins. Les moyennes du test de
post-apprentissage sont plus resserrées et tendent à devenir
homogènes, et le coefficient de variation décroît dans les
classes expérimentales. En revanche, dans les classes témoins,
les moyennes demeurent dispersées et le coefficient de variation
s'accroît. La régression du coefficient de variation dans les
classes expérimentales et leur accroissement dans les classes
témoins traduisent l'amélioration des résultats dans les
classes expérimentales et notre troisième hypothèse
secondaire de recherche s'en trouve vérifiée.
Les résultats ci-dessus interprétés
proviennent de la combinaison des facteurs dépendants et
indépendants.
Les facteurs dépendants
Au test de pré-apprentissage, les apprenants des deux
groupes (expérimental et témoin) ont manifesté des
compétences sensiblement identiques. Cela pourrait s'expliquer par le
fait qu'ils ont le même niveau d'études. Tous ces apprenants
étant récemment admis en classe de 3ème
devraient avoir le même profil et disposer des pré-requis plus ou
moins analogues.
Les valeurs du test de post-apprentissage ont
révélé que :
Premièrement, la variable « oeil et esprit
exercés » a connu une amélioration significative dans
les groupes expérimentaux et une régression dans les groupes
témoins.
Deuxièmement, la variable « capacité
à anticiper, à reconstituer » a connu une
amélioration plus significative dans les groupes expérimentaux
que dans les groupes témoins.
Troisièmement, la variable
« entraînement total » a indiqué une
amélioration significative dans les groupes expérimentaux et une
régression sensible dans les groupes témoins. Cette
amélioration globale des compétences en lecture dans les groupes
expérimentaux, pourrait être en partie liée à la
fois aux pré-requis linguistiques et culturels des apprenants, à
l'acquisition de nouvelles habitudes et pratiques de lecture et aux
apprentissages que les apprenants ont réalisés au cours de
l'année scolaire.
La variable « oeil et esprit
exercés » est composée de trois items, à savoir
un oeil habile, un oeil panoramique et un esprit agile81(*). A propos de l'oeil habile, il
s'agit de l'entraînement des apprenants à discriminer de plus en
plus sûrement les différents signes graphiques. Cet item est un
exercice de gymnastique pour les yeux. Il joue le même rôle que
l'exercice d'assouplissement ou de musculation pour les athlètes.
Au collège, les professeurs ont l'habitude
d'écrire le plan des leçons, les mots importants et les
résumés au tableau. A force d'avoir constamment les yeux
rivés sur ces écrits, les apprenants s'exercent effectivement
à discriminer les différences et les ressemblances des signes
graphiques. Ils cultivent de ce fait leur agilité visuelle dont l'un des
avantages est d'éviter la confusion des mots qui provoque de
fréquents retours en arrière. Ceux-ci freinent la vitesse
d'exécution de la lecture.
L'oeil panoramique met en évidence la compétence
à saisir plus de mots à chaque arrêt de l'oeil. Les
études du chercheur Emile Javal (1978) et les travaux de François
Richaudeau (1988) sur les mécanismes physiologiques de la perception
dans l'acte de lire, ont montré que l'oeil opère par saccades et
ne perçoit qu'en état d'immobilité82(*). L'amélioration de
cette habilité tient probablement de ce que les pratiques
pédagogiques que nous avons expérimentées, ont
certainement contribué à l'exercice de l'angle de vision des
sujets expérimentaux. Une action sur l'angle de vision entraîne
automatiquement une plus grande agilité visuelle de l'individu et,
partant, influe sur sa vitesse de lecture. De nombreux travaux et
particulièrement ceux menés au laboratoire de physiologie de la
lecture et de l'écriture à la Sorbonne ainsi que ceux de
François Richaudeau (1988) ont prouvé que l'angle de vision varie
selon l'efficacité du lecteur.
Par ailleurs, il a pu être démontré que le
temps de déplacement et de fixation sont sensiblement identiques quelle
que soit l'efficacité du lecteur83(*). Nous reconnaissons toutefois que l'oeil du lecteur
entraîné ne se déplace guère plus vite que celui du
lecteur lent, même s'il perçoit plus de signes que lui pendant une
fixation.
En ce qui concerne l'esprit agile, nous constatons que la
mémoire des apprenants de la classe de 3ème est
abondamment sollicitée en vue de la préparation de l'examen du
Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC) et particulièrement pour les
disciplines comme l'histoire, la géographie, les sciences de la vie et
de la terre. Aussi, l'âge des apprenants les prédisposant à
une importante capacité de mémorisation, leur mémoire
constamment aiguisée gagne en efficacité. L'efficacité de
la mémoire s'investit dans les activités de prédiction et,
partant, dans l'amélioration de la vitesse de lecture.
Nous rappelons que dans la présente étude, nous
préférons évaluer la vitesse de lecture en signes et non
en mots, encore moins en syllabes parce que leurs longueurs sont variables.
Nous précisons que le signe désigne la lettre, le signe de
ponctuation ou l'espace entre deux mots et sa longueur est invariable.
Au test de pré-apprentissage, les apprenants de tous
les groupes expérimentaux et témoins ont présenté
une vitesse de lecture plus ou moins identique. Elle était de 521 signes
à la minute en moyenne dans les groupes expérimentaux contre 545
signes à la minute en moyenne dans les groupes témoins. Elle
correspondait donc à celle des lecteurs qui parcourent l'écrit
à travers la prononciation de tous les mots.
Au test de post-apprentissage, les apprenants des groupes
témoins n'ont pu améliorer leur vitesse de lecture. Ils sont
restés à la vitesse de 513 signes à la minute. Cette
stabilité de la vitesse de lecture pourrait être due pour
l'essentiel aux mauvaises habitudes de lecture acquises lors des premiers
apprentissages.
En effet, quand un apprenant ne prend pas clairement
conscience des facteurs susceptibles d'entraver sa lecture, il ne peut
accroître sa vitesse de lecture. Comme l'a relevé Brigitte
Chevalier (1986), la sub-vocalisation, les régressions et le manque
d'attention ralentissent la vitesse de lecture d'un individu, quel qu'il soit.
Un lecteur, qui consacre toute son énergie à produire des sons,
ne saurait accroître de façon significative sa vitesse. La lecture
à haute voix implique le mot à mot et, comme l'a montré
Brigitte Chevalier (1986), trois intermédiaires interviennent entre
l'écrit et le cerveau : l'oeil, la bouche et l'oreille84(*). A ce propos, Gérard
Vigner (1979) précise que celui qui lit à haute voix ne peut
parcourir que neuf mille mots à l'heure tandis que celui qui lit des
yeux peut en parcourir trois fois plus, soit vingt-sept mille mots à
l'heure85(*).
Outre la sub-vocalisation, de fréquents retours en
arrière rompant fréquemment le rythme de progression entravent
également l'amélioration de la vitesse de lecture, l'oeil prenant
du temps à revenir en arrière et ensuite à retrouver
l'endroit du texte où il était arrivé. Par ailleurs,
l'envie de lire vite et mieux des lecteurs insuffisamment
entraînés, crée un état d'anxiété dont
les conséquences immédiates sont le ralentissement de la vitesse
d'exécution de l'oeil, l'impatience du lecteur, et parfois le manque
d'attention.
Alors que les apprenants des groupes témoins n'ont pu
améliorer leur vitesse de lecture, leurs camarades des groupes
expérimentaux ont perfectionné la leur de façon
significative. Ils ont parcouru un texte de 1719 signes en deux minutes, soit
une vitesse de 844 signes à la minute.
L'amélioration de la lecture passe aussi par le
développement de la capacité à anticiper, à
prévoir le contenu de ce qui suit à partir de ce qui
précède. Tout lecteur projette devant lui des
hypothèses sélectives. C'est pour cela que certains chercheurs
ont pu écrire que la lecture est une activité probabiliste sur
l'écrit.
Le caractère significatif de l'amélioration des
résultats de la variable « capacité à anticiper,
à reconstituer » du test de post-apprentissage des groupes
expérimentaux tient, semble-t-il en partie, à trois
raisons :
Premièrement, la mémoire des apprenants ayant
été aiguisée, comme nous l'avons indiqué, ils sont
aptes à prévoir le contenu de ce qui suit à partir de ce
qui précède, donc à émettre des hypothèses
puis à les vérifier par la suite.
Deuxièmement, les pratiques pédagogiques que
nous avons expérimentées mettent un accent particulier sur la
lecture compréhension. Celle-ci insiste sur le repérage des
indices grammaticaux, des indices perceptifs et des indices de sens (contexte,
logique d'enchaînement). Le repérage des indices conduit
l'apprenant à opérer un choix très rapide et non
conscient, que le lecteur ne fait, dans la plupart des cas, que confirmer.
Les pratiques pédagogiques susmentionnées
mettent l'apprenant au coeur de l'apprentissage, le sollicitent
régulièrement pour construire son savoir et contribuent à
rendre son esprit vif et délié. Une telle agilité d'esprit
lui assure l'habileté à construire du sens en lecture. La
construction du sens s'opère grâce aussi à l'anticipation,
c'est-à-dire des émissions d'hypothèses et leurs
vérifications. A ce propos, nous sommes d'avis avec Gérard Vigner
(1979) pour qui :
Lire, ce sera formuler une hypothèse de
signification, redéfinie constamment tout au long de la lecture,
l'accès au sens totalement réalisé lorsque
l'hypothèse de recherche, par réaménagements successifs
déterminés par l'apport de données nouvelles
prélevées dans le texte, coïncide totalement avec le projet
de l'auteur86(*).
Tout en considérant à sa juste valeur
l'influence des variables précédentes, nous avons la conviction
que l'amélioration des résultats que nous avons observée
est probablement tributaire, pour une bonne part, de l'entraînement
total. Cette variable considère l'acte de lecture dans son
intégralité car ce n'est pas par la combinaison des savoir-faire
accumulés que le lecteur atteint une capacité globale. Elle
permet par ailleurs de mesurer la capacité de lecture d'un
apprenant : vitesse, compréhension, efficacité.
Les résultats du test de post-apprentissage montrent
que les pratiques pédagogiques que nous avons
expérimentées, ont permis aux apprenants des groupes
expérimentaux d'améliorer significativement leur
compétence en lecture comparativement à leurs camarades des
groupes témoins.
Troisièmement, une telle amélioration pourrait
s'expliquer en partie par les conditions d'apprentissage et les pratiques
pédagogiques que les expérimentateurs ont utilisées. En
effet, tel que fonctionne l'enseignement de la lecture à l'heure
actuelle, les apprenants n'accèdent pas facilement aux vrais textes en
raison de l'insuffisance ou de l'absence des manuels.
Aussi, la fréquence de la lecture expliquée
demeure-t-elle faible, car, de par les pratiques pédagogiques actuelles,
la séance de lecture n'a lieu qu'une fois par semaine. A cette occasion,
le professeur n'invite souvent que deux ou trois bons apprenants à lire,
tous les autres étant réduits au rôle de spectateurs
passifs, comme nous l'avons susmentionné.
Grâce soit aux livres de lecture que nous avons mis
à leur disposition, soit aux photocopies des textes que les
expérimentateurs ont faites, les apprenants ont laissé
éclore de nouvelles potentialités qui ont contribué en
partie à l'amélioration de leurs résultats. En effet, face
à un texte authentique, l'apprenant libère de nouvelles
énergies et un changement positif de l'image qu'il a de lui-même
et de l'écrit s'opère en lui. D'ailleurs, la manipulation de
l'objet-livre confère indubitablement un plaisir inestimable. Un tel
plaisir suffit pour stimuler la lecture et le plaisir que le lecteur en
tire.
Il importe de reconnaître que l'amélioration de
la vitesse de lecture d'un apprenant suscite celle de sa performance. Celle-ci
à son tour entraîne souvent une confiance croissante à
l'égard des études. C'est pourquoi il a été
constaté dans une université australienne que :
Les étudiants qui échouaient à leurs
examens de première année avaient une maîtrise bien moindre
des mécanismes de la lecture que ceux qui réussissaient87(*).
Nous restons tout à fait conscients que les
progrès que les apprenants ont réalisés en lecture, ne
sauraient être uniquement tributaires des pratiques pédagogiques
que nous avons expérimentées. De nombreux autres facteurs comme
le milieu de résidence de l'apprenant, ses conditions de vie et
d'apprentissage, la qualité de ses fournitures scolaires, son
environnement, la catégorie socioprofessionnelle de ses parents ainsi
que leur niveau d'études sont importants dans son apprentissage de la
lecture, comme d'ailleurs dans celui de toutes les disciplines scolaires.
Facteurs indépendants
L'amélioration des résultats des groupes
expérimentaux du test de post-apprentissage semble ne pas être
spécialement influencée par les facteurs arrondissement de
résidence, établissement et profession du père. En
revanche, elle est tributaire, pour l'essentiel des facteurs suivants :
type de classe et classe. Nous avons intitulé ces paramètres
facteurs scolaires.
Les facteurs arrondissement de résidence et
établissement n'ont probablement pas un effet particulier sur
l'amélioration des résultats scolaires en lecture. En effet, les
arrondissements et les établissements de Brazzaville relèvent du
même environnement qui se caractérise par l'insuffisance des lieux
et des supports de lecture ainsi que la présence des médias.
Brazzaville comme plusieurs villes d'Afrique noire est plutôt
marquée par la tradition orale et invite plus à la
facilité qu'à l'effort. L'apprenant par exemple
préfère recevoir passivement une foule d'informations par la
radio ou par la télévision que de les lire dans un ouvrage ou une
revue.
Nous sommes d'avis avec le Professeur Mukala Kadima-Nzuji
(2004) que :
La lecture est un acte éminemment individuel qui
exige un minimum d'isolement et une attention soutenue88(*).
Nous nous demandons si elle peut raisonnablement s'exercer
pleinement dans une société qui fonctionne encore assez largement
sur la base de l'esprit communautaire plutôt qu'individualiste et sur le
mode de l'oralité que celui de l'écriture.
Le facteur profession du père semble n'avoir qu'un
effet limité dans les résultats globaux que nous avons
constatés. Un tel constat est comparable à celui des sociologues
français comme Marie Duru-Bellat (2004) qui ont montré que c'est
moins la profession des parents qui influe sur la réussite scolaire que
leur niveau de diplômes89(*). Cela tient, semble-t-il, de la démission
parentale de leur tâche d'éducation et du temps important que les
apprenants passent dans les classes d'âge auxquelles ils appartiennent et
au sein desquelles de nombreux apprentissages extrascolaires ont lieu.
Les adolescents courent le risque, comme nous l'avons
noté au chapitre IV, d'être orientés par leurs camarades
dans des directions qui ne conviennent pas à ce que souhaitent leurs
familles. Les phénomènes des enfants de la rue et des enfants
soldats montrent que c'est par souci du suivisme des camarades du même
groupe d'âges que de nombreux adolescents de l'Afrique noire se voient
être enrôlés par les bandes des enfants de la rue ou des
troupes de soldats rebelles.
Dans les conditions que nous avons susmentionnées, les
apprenants semblent ne pas bénéficier pour leurs études de
tous les avantages qu'ils auraient dû tirer de l'aisance
matérielle et du confort culturel que confère l'appartenance de
leur père à une catégorie socioprofessionnnelle
donnée.
Les facteurs scolaires, constitués de la classe et le
type de classe, semblent contribuer pour une bonne part dans les
résultats que les apprenants ont obtenus. Les livres de lecture que nous
avons fait distribuer dans les deux établissements
d'expérimentation et les photocopies de textes que les
expérimentateurs ont réalisées dans le troisième,
ont contribué à améliorer de façon significative
les résultats scolaires des apprenants de la classe de
3ème en lecture.
Le facteur type de classe contribue aussi à influencer
positivement les résultats. Cette influence se traduit par la
supériorité des résultats des classes
expérimentales sur ceux des classes témoins. Une telle
supériorité est probablement tributaire de l'intervention
pédagogique particulière que nous avons fait mettre en oeuvre
dans les classes expérimentales.
Le facteur classe semble jouer un grand rôle dans
l'amélioration globale des résultats. Un tel rôle tient de
l'aptitude particulière de chaque professeur à transmettre les
savoirs et de sa compétence personnelle.
Après avoir interprété les
résultats de notre étude, nous procédons à leur
analyse. Il s'agit de les examiner contradictoirement, comme nous l'avons
indiqué à l'introduction de ce chapitre.
2. Discussion des résultats
Bien que la vitesse de lecture ne soit pas un critère
en elle-même90(*),
ses résultats sont à eux seuls révélateurs de la
façon dont les sujets expérimentaux appréhendent
l'écrit. Eu égard à la vitesse de lecture des sujets
expérimentaux au test de pré-apprentissage, nous pouvons les
considérer comme de bons déchiffreurs et non comme des lecteurs.
Ils peuvent être classés dans la première catégorie
de la grille que Brigitte Chevalier (1986) a établie. Pour ce chercheur,
les lecteurs peuvent être répartis en quatre catégories, en
fonction de leur vitesse de lecture :
- un lecteur adulte très lent parcourt 600 signes
à la minute ;
- un lecteur adulte lent parcourt de 800 à 1100
signes à la minute ;
- un bon lecteur parcourt de 1300 à 2000 signes
à la minute ;
- un lecteur rapide parcourt 2500 signes à la
minute91(*).
Il faut rappeler que cette classification concerne les
adultes. Nous avons affaire aux adolescents dont l'âge varie entre 12 et
20 ans. Ils s'inscrivent parfaitement dans la deuxième catégorie
de la grille de Jean Foucambert (1980). Au test de post-apprentissage, les
apprenants des groupes expérimentaux ont amélioré leur
vitesse de la lecture. Cette amélioration est liée à trois
facteurs :
Premièrement, les pré-requis lingustiques et
culturels dont les apprenants disposaient au départ.
Deuxièmement, l'acquisition de nouvelles habitudes et
pratiques de lecture des apprenants.
Troisièmement, les apprentissages que les apprentis
lecteurs ont réalisés au cours de l'année scolaire
grâce à l'intervention pédagogique particulière que
nous avons mise en oeuvre dans les groupes expérimentaux.
Nous pouvons affirmer que cette amélioration traduit
les progrès significatifs que les apprenants ont réalisés
et, partant, l'efficience des pratiques que nous avons
expérimentées. Nous rappelons toutefois que la littérature
suggère une vitesse de lecture d'au moins neuf cents signes à la
minute pour un objectif visé de mille trois cents signes à la
minute. Et en considérant que :
- en dessous de 550 signes à la minute, les
lecteurs en sont au stade de l'exploration syllabique ;
- entre 550 et 820 signes à la minute, les lecteurs
parcourent l'écrit à travers la prononciation, dans le meilleur
des cas intérieure, de tous les mots ;
- entre 820 et 1300 signes à la minute, on peut
véritablement parler de lecture ;
- au-delà de 1300 signes à la minute, la
lecture est bien installée92(*).
Nous constatons que la lecture n'est pas encore bien
installée chez nos sujets expérimentaux, mais nous pouvons tout
de même parler véritablement de la lecture car ils appartiennent
à la troisième catégorie de la grille que Foucambert a
préconisée.
Et nous ne pouvons pas perdre de vue que nous opérons
dans un milieu à tradition orale dans lequel la lecture n'est pas un
acquis culturel. La lecture ne s'acquiert pas une fois pour toute. Elle est un
comportement en devenir et les études montrent que la progression en
lecture ne se fait pas naturellement et que, la capacité à bien
lire évolue peu après 11 - 12 ans. C'est la preuve que :
L'apprentissage de la lecture est un processus continu,
qui loin d'être terminé à l'issue de l'école
primaire, doit être prolongé93(*).
Ainsi, tous les apprentis lecteurs peuvent perfectionner leur
lecture par une pratique régulière, même ceux qui n'ont
apparemment pas de problème de lecture.
En outre, la lecture est un processus idéo-visuel. Les
yeux perçoivent les signes sur un support (papier, écran, tableau
noir). Ils procèdent par bonds et arrêts successifs. Au cours des
pauses, ils voient des mots ou des groupes de mots. Ces ensembles graphiques
sont transmis au cerveau qui les reconnaît et les interprète en
fonction du contexte et de la culture du lecteur. Dans ce cas, il n'y a qu'un
seul intermédiaire entre l'écrit et le cerveau, à savoir
l'oeil. Les travaux des chercheurs Brigitte Chevalier (1986), Eveline Charmeux
(1987) et Jean Foucambert (1980) qui ont inspiré notre analyse se
situent dans cette perspective.
Anne Torunczyk (2000) formule à l'égard de cette
approche d'Eveline Charmeux (1985) le reproche selon lequel le son est presque
constamment évacué tout au long des analyses94(*).
Nous constatons que :
Premièrement, il existe deux modalités
distinctes de lecture : la lecture compréhension et la lecture
communication. La lecture compréhension permet à un lecteur de
s'approprier la quintessence du message qu'un texte est censé
véhiculer. La lecture communication n'est qu'une modalité de
transmission à un tiers ou à un auditoire de la substance d'un
texte qu'il n'a pas. Elle n'est en fait que la communication de la
compréhension qu'un lecteur fait à propos d'un texte et non
véritablement de la lecture, même si elle est par ailleurs
enseignée en classe.
En fin de compte la vraie lecture n'est que celle qui consiste
à lire silencieusement son article de journal dans un bureau, un train
ou un avion. La lecture d'adulte est par définition silencieuse.
Deuxièmement, alors que nous analysons les
mécanismes de compréhension d'un texte, Anne Torunczyk (2000)
aborde le processus d'oralisation qui concerne l'émission des sons, donc
la lecture communication. Il est vrai que certains spécialistes ont
prétendu que la compréhension d'un texte ne peut apparaître
qu'à partir de l'oralisation. Ce qui est sûr, c'est qu'en
sub-vocalisant, personne ne saurait construire du sens, donc comprendre tout en
émettant des sons car toute l'énergie dont elle dispose semble
s'y employer.
Au regard des stratégies de lecture qu'elle
évoque elle-même, il y a le décodage syllabe après
syllabe. A notre avis, dans le décodage syllabe après syllabe, le
son intervient indubitablement même s'il n'est pas actualisé. La
syllabe est une unité phonétique qui se prononce d'une seule
émission de voix.
Troisièmement, il importe de rappeler que même
dans la lecture compréhension fonctionnent les trois stratégies
auxquelles Anne Torunczyk (2000) fait référence, à savoir
la reconnaissance, la combinatoire et le devinement. A propos de la
reconnaissance des mots, nous sommes d'avis avec elle que lorsqu'un lecteur
rencontre un mot, deux cas de figure sont possibles :
- Soit le mot est déjà connu car il a
été rencontré au moins une fois au cours des lectures
antérieures. Il peut alors être reconnu : on parle de
reconnaissance de mot. Si son sens est lui aussi connu, identifié, on
parle d'identification de mot.
- Soit ce mot est nouveau quant à sa forme, son sens
pouvant être disponible ou non. Sa lecture nécessite une
décomposition en segments de taille variable en fonction de l'expertise
du lecteur : lettres, bigames (groupe de deux lettres correspondant
à un seul phonème), blocs de plusieurs lettres correspondant
à une syllabe fréquente, voire à un affixe (préfixe
ou suffixe). Ces segments sont associés à des configurations
sonores, lesquelles sont ensuite fusionnées pour aboutir à la
forme sonore du mot et conduire ainsi à la reconnaissance de la forme
orale du mot.
Cette décomposition est lente, elle s'opère pas
à pas de la gauche vers la droite et mobilise de ce fait des ressources
attentionnelles. En classe de 3ème, l'adolescent dispose d'un
lexique orthographique déjà abondant. Ce lexique comporte tous
les mots déjà rencontrés et mémorisés qui
peuvent donc être reconnus et, pour la plupart, identifiés. Au
cours d'une lecture, ces mots sont rapidement traités, sans
hésitation ni confusion avec d'autres. Cela implique que la
reconnaissance et l'identification soient automatiques.
Ainsi, pour qu'un lecteur soit efficace, il doit savoir
reconnaître les mots qu'il rencontre sans hésitation et de
manière quasi automatique. Il doit savoir traiter de la même
manière l'ordre des mots, les marques morphosyntaxiques (flexions de
genre et de nombre, flexions verbales, anaphores, connecteurs, ponctuations)
qui permettent d'interpréter les phrases et leurs
enchaînements.
On a longtemps cru que l'amélioration de la vitesse de
la lecture était due au fait que le lecteur sautait certains mots et
devinait d'autres. En réalité, il ne faut pas confondre les deux
aspects de l'acte de lire : si le lecteur peut intégrer
efficacement les informations qu'il perçoit et faire des
inférences sur le sens du texte, c'est parce qu'il a eu accès au
matériel verbal que celui-ci contient. La vitesse de lecture augmente
parce que le lecteur reconnaît vite tous les mots et toutes les marques
du texte. En tout état de cause, qu'un lecteur soit confirmé ou
apprenti, il glisse subtilement d'une stratégie à une autre, d'un
moment à un autre ou d'un contexte à un autre, lorsque la
nécessité s'impose au cours de la lecture d'un même texte.
S'il n'émet pas des sons de façon audible, il
les mobilise silencieusement, tout au moins, au cours de l'exploration visuelle
d'un mot inconnu de lui. Dans tous les cas, le son existe en filigrane dans
tout processus de lecture car lire des yeux ne signifie pas que le lecteur ne
puisse pas entendre le discours qu'il lit dans sa tête.
La présente approche est confortée par les
travaux de Peter Bryant (1992), professeur au département de psychologie
à l'Université d'Oxford. Il affirme que nous devons garder
présent à l'esprit que pour qu'un enfant apprenne à lire,
il doit apprendre au moins deux niveaux de représentation :
Les mots et les phrases écrits signifient quelque
chose. Les lettres de l'alphabet, une par une et en séquences,
représentent des sons95(*).
Des travaux précédents à ceux de Bryant
(1992) ont montré le rôle important que jouent la
découverte des rapports lettres-sons et le degré d'aptitude
phonologique de l'apprenant dans l'apprentissage de la lecture. Le Programme
Incitatif de Recherche en Education et Formation (PIREF) a organisé
récemment à Paris une conférence de consensus sur
« L'enseignement de la lecture à l'école
primaire ». A cette occasion, le travail systématique sur la
correspondance phonème/graphème - entre le son et l'écrit
- indique sans ambiguïté qu'il est indispensable à la
reconnaissance des mots, a été conseillé. Les experts ont
tous insisté sur la nécessité de mener de front plusieurs
apprentissages complémentaires, de combiner le travail sur le code et le
travail sur le sens96(*).
Il est tout de même peu probable que ces dispositions
pertinentes ne soient pas valables pour l'enseignement-apprentissage de la
lecture en classe de 3ème car ce savoir-faire est un
comportement en devenir. Par ailleurs, nous convenons avec les experts que nous
avons susmentionnés que :
Lire n'est pas deviner. Plus le lecteur est expert, moins
il devine97(*).
A notre avis, deviner n'est qu'un moyen pour résoudre
une difficulté et non un mode d'apprentissage, car l'apprenti lecteur se
sert soit du décodage, soit du devinement ou de la reconnaissance au
cours de la lecture d'un texte.
En somme, nous avons indiqué qu'il a été
établi depuis 1985, que lire c'est comprendre. Si lire c'est comprendre,
apprendre à lire, c'est apprendre à comprendre. Nous
considérons, à la lumière des travaux de Jean Foucambert
(1980) et de ceux de l'équipe Charmeux (1987) que la
compréhension est le résultat d'opérations mentales non
évidentes, complexes et nombreuses. Elles requièrent des
compétences correspondantes qu'il faut travailler à
développer et non s'en tenir spécialement aux sons.
CHAPITRE VIII
RECOURS AUX INNOVATIONS PEDAGOGIQUES
Afin de revisiter de façon heureuse les pratiques
pédagogiques actuelles, nous avons eu recours à la méthode
expérimentale. Elle comprend :
Premièrement, un test de pré-apprentissage dont
le but est d'établir au début de l'expérimentation le
niveau des résultats aussi bien des apprenants des groupes
expérimentaux que de ceux des groupes témoins.
Deuxièmement, une intervention pédagogique
particulière. Elle se traduit par la mise en oeuvre du protocole
expérimental uniquement dans les classes expérimentales. Ce
protocole est constitué des innovations que nous avons jugées
pertinentes, et que nous avons introduites aux pratiques pédagogiques
actuelles dans les groupes expérimentaux.
Troisièmement, un test de post-apprentissage qui,
administré à la fois aux apprenants des groupes
expérimentaux et à ceux des groupes témoins dans les
mêmes conditions, permet à la fin de l'expérimentation de
comparer les résultats par l'analyse de variance.
Dans ce dispositif expérimental, le recours aux
innovations pédagogiques constitue notre point d'orgue. Elles
contribuent à l'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture dans les classes de
3ème des collèges d'enseignement général
en Afrique noire. Il convient de les introduire aux pratiques
pédagogiques actuelles car les disciplines desquelles est issue la
didactique de la lecture sont plus nombreuses aujourd'hui qu'il y a une
vingtaine d'années.
L'enseignement-apprentissage de la lecture
bénéficie actuellement des apports des autres domaines de la
science, fait appel à divers champs
épistémologiques : littérature et métadiscours
critiques, sciences du langage, sciences humaines, sciences de
l'éducation et nouvelles technologies éducatives.
Les innovations pédagogiques concernent la
préparation écrite, la conduite des séances,
l'exploitation ultérieure des textes aussi bien en lecture
expliquée qu'en lecture suivie et dirigée et des enjeux
innovants. Il convient de préciser que ce découpage traditionnel
en lecture expliquée et lecture suivie et dirigée s'avère
inefficace de nos jours.
1. La préparation écrite
Nous avons montré l'importance de la fiche de
préparation écrite au chapitre I. S'astreindre à en
rédiger une pour chaque cours est sans doute l'une des règles
d'or du métier d'enseignant.
La préparation écrite comprend le choix des
textes et l'élaboration de la fiche de préparation écrite.
Le choix des textes, faut-il le rappeler, concerne à la fois la lecture
expliquée et la lecture suivie et dirigée.
A.
Le choix des textes en lecture expliquée
La littérature définit les critères de
choix des textes pour la lecture expliquée. Nous partageons les
critères de choix des textes qui sont définis ainsi qu'il
suit :
Trois critères commandent le choix des textes de
lecture expliquée. Le passage à expliquer doit être
intéressant, adapté et de longueur raisonnable98(*).
Un texte est intéressant lorsqu'il suscite un certain
enthousiasme chez l'apprenant. Pour cela, il ne doit être ni difficile
d'accès, ni abstrait. Dans tous les cas, il est préférable
qu'il ne renvoie pas à un référent totalement inconnu des
apprenants.
Un texte est adapté lorsqu'il prend en
considération le niveau de développement intellectuel et
culturel, le rythme d'acquisition et la motivation des apprenants auxquels il
est destiné. Le choix d'un texte doit tenir compte à la fois de
ce que les adolescents de la classe de 3ème sont, de ce
qu'ils savent et de ce qu'ils veulent lire.
Un texte est dit de longueur raisonnable pour les apprenants
de la classe de 3ème lorsqu'il a environ vingt lignes. Une
telle longueur permet au professeur de faire faire aux apprenants une
étude détaillée qui aborde la typographie, la ponctuation,
le lexique, la syntaxe, la structure, le thème et les
références culturelles qui transparaissent au fil des lignes du
texte.
En plus de ces exigences, il serait bon que le choix des
textes tienne compte de deux contraintes liées aux genres
littéraires et au type de texte car ils doivent également
être diversifiés.
En situation d'enseignement-apprentissage, il est avantageux
que l'apprenti lecteur soit familiarisé avec les différents
genres littéraires (poétique, dramatique ou romanesque) et les
différents types de textes (narratif, descriptif, argumentatif,
explicatif, injonctif, informatif ou fonctionnel).
L'expérience montre en effet qu'en se familiarisant
avec un seul type de texte, un lecteur débutant acquiert des
compétences qu'il a de la peine à transférer en vue de la
lecture des autres types de texte. D'ailleurs, personne ne saurait lire de la
même manière un dialogue, un texte injonctif ou un poème,
chaque type de texte ayant sa structure interne et ses mécanismes de
fonctionnement.
Il est également important que l'apprenant soit par
ailleurs confronté aux textes relatifs aux problèmes
d'éducation en matière de population, aux problèmes
d'éducation à la santé, à la vie familiale,
à la protection de l'environnement, à la culture de paix, aux
sciences et technologies, et à tous les enjeux des temps modernes, en
vue de son insertion harmonieuse dans le tissu social et l'espace francophone
auxquels il appartient.
Nous partageons, à propos de la diversité des
textes, la position définie dans Didactique du
français : Etat d'une discipline pour laquelle
Enseigner la lecture de l'école primaire à
l'université serait donc apprendre à lire99(*).
Apprendre à lire à quelqu'un, c'est faire de lui
un lecteur polyvalent, c'est-à-dire armer celui-ci d'un dispositif
méthodologique lui permettant de parcourir tout type d'écrit et
d'en tirer la substance.
Cela suppose qu'en situation d'enseignement-apprentissage, il
devrait être confronté à divers genres littéraires,
à différents types de textes et à de multiples situations
et enjeux auxquels il pourra faire face car la lecture est avant tout une
activité sociale avant d'être une activité
pédagogique.
B.
Le choix des textes en lecture suivie et dirigée
Pour éviter tout malentendu dans l'analyse qui va
suivre, il est utile de faire la distinction entre la lecture suivie et
dirigée et l'étude d'oeuvre intégrale. La lecture suivie
et dirigée vise la découverte de l'oeuvre en la faisant lire page
après page par les apprenants et en commentant par la suite ce qui vient
d'être lu.
Dans la pratique, comme on ne peut lire toute l'oeuvre en
classe page après page, les professeurs délimitent les passages
qu'ils font lire par les apprenants chez eux. En classe, on ne se contente que
de quelques extraits choisis par le professeur.
L'étude d'une oeuvre intégrale, comme son nom
l'indique, appelle une lecture intégrale de l'oeuvre par les apprenants,
une évaluation de leur réception première, et une analyse
de l'oeuvre considérée comme un « tout de
signification ».
L'objectif de la lecture suivie et dirigée est d'amener
en quatre ans un élève du collège qui ne sait pas lire
seul une oeuvre complète à une pratique autonome de lecture. Il
convient pour cela d'établir une progression souple par
exemple :
- en classe de 6ème, étudier des
oeuvres complètes courtes comme des recueils de contes ;
- en classe de 5ème, aborder des oeuvres
romanesques longues mais de contenu simple et attrayant comme le roman
d'aventures ;
- en classe de 4ème, étudier les
textes de structure plus complexe et à des sujets adaptés aux
centres d'intérêt des apprenants dans la vie ;
- en classe de 3ème, amener les apprenants
à discriminer les différents genres littéraires notamment
le genre romanesque du genre dramatique et affiner leur maîtrise de la
lecture fonctionnelle par un travail approfondi sur les types de lecture
diversifiés.
Par ailleurs, la littérature de jeunesse constitue un
excellent palliatif au manque d'oeuvres. Depuis deux siècles, la
littérature adressée aux adolescents ou que les jeunes ont
reconnue pour leur, est riche de chefs-d'oeuvre. Elle s'est constituée
comme un univers où les thèmes, les personnages, les situations
et les images ne cessent de se répondre.
Ce monde imaginaire, qui vient compléter le monde
réel et permettre de mieux le comprendre, ne s'ouvre ni ne se clôt
avec un texte, ni même avec l'oeuvre d'un auteur. Il faut le rappeller la
littérature adressée aux jeunes ne s'est jamais située en
dehors de la littérature que lisent les adultes.
En revanche, la littérature dite de jeunesse est
simplement celle qui se porte seulement vers les lecteurs qui n'ont pas les
mêmes interrogations sur le sens du monde que celles de leurs parents et
qui n'ont pas non plus la même expérience de la langue.
Il convient par ailleurs de préciser que le trajet de
lecture de l'adolescent de la classe de 3ème doit être
varié et permettre la rencontre des différents genres
littéraires et éditoriaux ordinairement adressés à
l'adolescence (bandes dessinées, contes, poésies, romans et
récits illustrés, théâtre).
Lire deux oeuvres par an en classe de 3ème
nous paraît insuffisant. Cette pratique conduit à renvoyer vers la
famille la responsabilité de former l'adolescent à la lecture des
autres oeuvres. Nous avons indiqué que le milieu socioculturel de
résidence est souvent non lecteur. Dans ce cas précis, nous nous
demandons comment confier au milieu de résidence de l'apprenant une
responsabilité pour laquelle il ne dispose pas de compétences
requises pour l'assumer.
L'idéal serait plutôt de faire lire au moins une
oeuvre par mois ou le cas échéant un livre tous les deux mois aux
adolescents de la classe de 3ème afin qu'ils
acquièrent l'habitude de la lecture car nous avons noté que l'on
ne devient un lecteur qu'en lisant.
Les textes de la collection « Le
caméléon vert » par exemple par leur coût
raisonnable, leur disponibilité dans les librairies et les centres de
lecture en Afrique noire, leur volume et leurs contenus facilement accessibles
aux adolescents peuvent faire l'objet des bibliothèques de classe ou
à défaut des coins lecture dans les classes de
3ème.
Les professeurs dans ce cas pourraient se donner le devoir de
les faire découvrir et les faire aimer par les adolescents de la classe
de 3ème des collèges d'enseignement
général de la ville de Brazzaville. Par ce moyen, ils pourraient
contribuer à stimuler le besoin de lire des adolescents, leur
désir de création, d'échange et de comparaison des
textes.
En somme, le choix des textes doit être bien
pensé car il conditionne un enseignement-apprentissage efficace de la
lecture. A notre avis l'enseignement-apprentissage efficace de la lecture est
induit en partie par la nature de la fiche de préparation écrite.
Nous rappelons que chaque professeur a l'obligation d'en élaborer une
avant toute prestation en classe devant les apprenants, quel que soit la
discipline ou le niveau d'enseignement.
2. Elaboration de la fiche de préparation
écrite
La fiche de préparation occupe une place de choix dans
le dispositif pédagogique et administratif de la vie d'une classe. Elle
est un document obligatoire que le professeur est tenu d'élaborer chaque
fois qu'il se propose de dispenser un enseignement.
Une fiche pédagogique doit permettre de :
- traduire la réflexion relative aux actions
pédagogiques à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs
préalablement fixés ;
- atténuer la part d'improvisation qui subsiste
toujours en cours de séquence ;
- anticiper les difficultés qui surviennent souvent en
cours de réalisation des activités pédagogiques ;
- savoir où l'on va pour conduire sereinement les
apprenants vers les objectifs que le professeur s'est assigné au
départ ;
- favoriser une plus grande disponibilité pour
l'écoute et l'observation des apprenants.
Nous optons pour la fiche horizontale dont le contenu tient
compte des capacités et des besoins réels des apprenants. Elle
n'est qu'un mode de présentation qui nous paraît plus
adapté car il met face à face les stratégies
d'enseignement-apprentissage, les tâches d'apprentissage, les
activités d'évaluation et la gestion du temps. Comme toutes les
fiches de préparation écrite, elle comprend l'en-tête et le
corps de la fiche.
L'en-tête (ou partie administrative) comporte les
éléments d'identification qui sont le numéro, la classe,
l'effectif, le matériel pédagogique et didactique requis, la
documentation consultée et le temps imparti à la leçon. Il
indique par ailleurs la discipline, la sous-discipline éventuelle,
l'objectif ou les objectifs généraux et spécifiques ainsi
que leur commentaire.
Le commentaire d'un objectif pédagogique doit :
- préciser l'intention du professeur ;
- clarifier les concepts utilisés ;
- suggérer les démarches
méthodologiques ;
- spécifier l'étendue du champ de
l'objectif ;
- indiquer les objets et éventuellement les
critères ou le mode d'évaluation.
Le corps (ou partie pédagogique) de la fiche a
l'avantage de présenter, de la gauche vers la droite, six colonnes
pour :
- les objectifs opérationnels ;
- les stratégies d'enseignement;
- les activités d'apprentissage ;
- les activités d'évaluation ;
- le minutage du cours ;
- les observations.
La fiche de préparation écrite spécifie
l'objectif pédagogique visé. De l'objectif découlent
naturellement les termes du contrat didactique impliquant professeur et
apprenants. Le contrat didactique fait référence à toutes
les obligations que se donnent les partenaires de l'acte pédagogique.
Il convient d'être modeste dans la définition des
objectifs pédagogiques. Il est bon de se garder d'envisager des
objectifs pédagogiques trop ambitieux sans tenir compte de ce que la
lecture n'est pas un acquis culturel dans notre environnement.
L'environnement (étant) l'ensemble des êtres
et des choses qui composent l'espace proche ou lointain de l'homme, sur
lesquels il peut agir mais qui réciproquement peuvent agir sur lui et
déterminer ainsi totalement ou partiellement son existence et son mode
de vie100(*).
Il est souhaitable de se limiter à améliorer les
performances des apprenants en lecture par un entraînement technique
régulier, et à diversifier les situations de lecture pour
créer et entretenir leur besoin de lire.
Par exemple, les exposés sur les personnages, les
thèmes, la langue de l'écrivain, la structure du texte, les
champs lexicaux et sémantiques peuvent constituer des objectifs simples
mais efficaces dans le renforcement des compétences de lecteur des
apprenants de la classe de 3ème.
En somme, l'expérience montre que plus un objectif
pédagogique est complexe, plus il pose de problème dans sa
réalisation. Plus il est simple, plus il est facilement
réalisable et aisément évaluable. Sa bonne formulation
suggère l'item d'évaluation ou tout au moins ses
éléments constitutifs. L'item d'évaluation doit être
en congruence avec l'objectif qu'il est censé évaluer. Il doit
tenir compte de ce que les apprenants sont des adolescents et de ce qu'ils
savent. Pour être valide, son contenu doit être
représentatif des savoirs et savoir-faire contenus dans le cours.
La formulation de l'objectif est déterminante et
éclaire la préparation écrite qui devrait présenter
les étapes suivantes : le contrôle des pré-requis, les
acquisitions nouvelles, l'évaluatioin.
A.
Le contrôle des pré-requis
En vue des acquisitions nouvelles, il est prévu sur la
fiche le contrôle des bases culturelles et linguistiques indispensables
à la compréhension du texte de lecture. Le contrôle des
pré-requis est une évaluation diagnostique qui, comme le dit
Charles Delorme (1987),
Se veut un traitement d'information à la fois
récapitulatif des divers moments du cursus d'apprentissage -
l'élève recense les processus et les produits de son travail
antérieur - et incitatif à des prises de décision en vue
de consolider ou étendre la qualité des acquis101(*).
Cette évaluation permet de construire une relation
cohérente entre la qualité du parcours réalisé et
la nature de l'itinéraire de remédiation et d'approfondissement.
Notre expérience personnelle nous a permis de constater qu'en lecture,
on peut bien se passer de ce contrôle. Certains apprenants qui ne
réussissent pas à cette étape, réalisent parfois
des acquisitions surprenantes au cours de l'exploitation du texte
d'étude.
A notre avis, il serait plus bénéfique de
procéder plutôt à l'identification des sources, du type, du
thème du texte ou du genre littéraire auquel le texte appartient.
Cette pratique a le mérite d'habituer les apprenants à prendre
rapidement conscience des pistes susceptibles de favoriser leur entrée
dans le texte d'étude.
Une telle habitude a pour vocation d'éclairer le texte,
d'attirer l'attention ou de séduire l'apprenant d'entrée de jeu.
Elle favorise par ailleurs la mise en oeuvre de l'approche textuelle de la
lecture par opposition à l'approche dogmatique.
B.
Acquisitions nouvelles
Les activités d'apprentissage désignent les
mécanismes que les apprenants mettent en oeuvre. Ils vont des processus
mentaux aux manipulations diverses qui, en congruence avec les consignes de
l'enseignant, permettent à l'apprenant de changer ses
représentations. En lecture, elles regroupent les réactions des
apprenants en réponse aux consignes que leur destine le professeur.
Les stratégies d'enseignement font
référence aux méthodes, aux procédés, aux
moyens et aux attitudes par lesquels l'enseignant assure son acte
pédagogique. Ils définissent les choix méthodologiques
opérés par le professeur. En lecture, le choix des
stratégies d'enseignement se résume ordinairement en consignes
que le professeur module sous forme de tâches d'apprentissage,
préférables au questionnement morcelé, évasif et
peu efficace.
Pour mieux orienter et faciliter la tâche de
l'apprenant, il serait bon que le processus d'évaluation formative
accompagne les différentes phases de l'apprentissage. Cette
évaluation a pour rôle d'informer sur une performance et
d'orienter les activités correctives de l'apprentissage ou de
l'opération en cours car le professeur doit s'assurer qu'elle conduit
bien vers le but visé.
Ainsi, l'évaluation formative est indispensable pour
accompagner, orienter et éventuellement réorienter les
apprentissages. C'est elle qui aide le mieux l'apprenant à se situer
dans son parcours d'apprentissage, à se remettre en cause afin de mieux
s'impliquer dans son processus de formation.
C.
L'évaluation sommative
L'évaluation sommative102(*) dont le but est d'estimer la
mesure du comportement recherché, doit figurer en bonne place sur la
fiche de préparation écrite. Nous l'avons noté plus haut,
il ne s'agit pas d'effectuer une somme exhaustive mais davantage de s'assurer
de la présence solide d'un acquis cognitif et procédural. Il est
nécessaire que l'item d'évaluation, faut-il le rappeler, soit en
congruence avec l'objectif pédagogique visé. Il est vrai que ce
sont les objectifs généraux qui devraient faire l'objet
d'évaluations sommatives.
Ainsi, l'évaluation sommative est dans la mesure du
possible basée sur des critères définis et
nécessaires pour déterminer le degré d'acquisition des
compétences et mesurer les résultats, en particulier dans le
cadre du contrôle continu. Toutefois, il importe que les objectifs
opérationnels soient évalués en vue de la
régulation des apprentissages. Dans ce cas, l'évaluation
sommative gagne à être dispensée à l'aide des
protocoles souples et à passation rapide.
Il convient de rappeler qu'en fin d'apprentissage, une
évaluation sommative peut devenir diagnostique (ou pronostique) et
orienter les activités futures du professeur.
En général, le minutage du cours favorise une
gestion rationnelle du temps imparti à chaque tâche
d'apprentissage, à toute phase et à chaque activité
d'enseignement-apprentissage.
Il est souhaitable qu'il soit réservé sur une
fiche de préparation une partie destinée aux observations. Les
observations rendent compte des remarques faites par le professeur sur les
aptitudes ou les faiblesses des apprenants à propos de tel ou tel aspect
du texte. Elles peuvent donner lieu à la mise en place d'une
véritable pédagogie différenciée.
La pédagogie différenciée ne consiste pas
à mettre en oeuvre un dispositif particulier pour chaque apprenant mais
à varier les stratégies pour adapter à chaque situation
les démarches les plus appropriées. Lorsque l'enseignement porte
sur un savoir savant, le professeur peut être le dispensateur du savoir
et l'apprenant, l'agent de sa propre formation. Nous rappelons que le savoir
désigne un ensemble des connaissances acquises par l'apprentissage ou
l'expérience.
Quand une séquence donne lieu à un savoir
être, le professeur peut devenir observateur et l'apprenant auteur de sa
propre formation. Le savoir être fait référence au
savoir-vivre. Il indique les connaissaces des usages à respecter en
société.
Pour une séquence d'enseignement, objet de savoir-faire
de la part des apprenants, ils peuvent être acteurs de leur formation et
le professeur en devient le régulateur. Le savoir-faire indique
l'habileté à mettre en oeuvre son expérience et ses
connaissances, ses compétences ou son adresse.
Les observations constituent pour l'enseignant un
véritable carnet de bord. Elles comprennent des remarques sur les
apprenants et particulièrement ceux en difficulté, le savoir
à dispenser, les choix didactiques et méthodologiques ainsi que
le matériel didactique et pédagogique
préconisés.
En somme, l'élaboration d'une fiche de
préparation fait partie des pratiques de classe. Elles sont un ensemble
de méthodes, de techniques, d'attitudes, de procédés et de
stratégies qui, mis en oeuvre fondent l'acte
d'enseignement-apprentissage dans une séquence didactique.
La mise en oeuvre d'une séquence didactique requiert
que l'enseignant dispose de savoirs, de savoir-faire et de savoir être
lui facilitant la conduite des séances.
Les indications relatives à la fiche de
préparation que nous proposons, présentent simplement les grandes
articulations d'un cours de lecture car établir une fiche
pédagogique ne saurait être la vocation d'un travail de recherche.
Elles comprennent les objectifs de la leçon et son
déroulement.
Objectifs de la leçon
Les objectifs de la leçon expriment les intentions du
professeur. Il s'agit en effet des capacités que le professeur se
propose d'installer chez les apprenants de la classe de 3ème
au terme de son acte d'enseignement-apprentissage. Ils varient en fonction de
la nature du texte et du type de lecture.
Déroulement
Contrôle des pré-requis
En lecture, le contrôle des pré-requis est une
sorte d'anticipation sur le texte. Il s'agit de faire indiquer les sources du
texte, le genre littéraire ou le type de texte (si la
présentation matérielle du texte le permet) et le thème
à partir du titre du texte (si ce dernier est idéologique).
Les sources du texte font référence à
l'auteur, l'oeuvre, la maison d'édition, l'année de publication,
si ces éléments sont indiqués à la fin du texte. Un
titre est dit idéologique lorsqu'il éclaire, motive, crée
des attentes stimulantes ou suggère des hypothèses que la lecture
permettra de vérifier, c'est-à-dire de confirmer ou d'infirmer le
cas échéant.
Acquisitions nouvelles
- Introduction
A partir des informations collectées au contrôle
précédent, le professeur fait situer le texte.
- Lecture magistrale
Même si la lecture à haute voix n'est pas une
pratique sociale très répandue en dehors de l'école, elle
contribue fortement à la mise en mémoire d'un texte par les
apprenants. Il convient de préciser que la lecture à haute voix
est une mise en voix du texte qui ajoute à l'émission intonative
de base de la lecture courante, des valeurs expressives spécifiques qui
permettent d'éclairer la compréhension du texte par les
apprenants. Les valeurs expressives spécifiques désignent les
accents d'insistance, les variations rythmiques, le jeu sur les
intensités,...
- Questions de compréhension
Ces questions visent la compréhension globale du
texte.
- Examen détaillé
L'examen détaillé comprend le découpage
du texte en séquences, l'analyse de chacune d'elles et un
résumé partiel.
Première séquence
- Délimitation de la séquence de la ligne 1
à la ligne x ;
- Lecture de la séquence délimitée
:
Elle est faite soit par un ou plusieurs élèves,
soit par le professeur.
- Analyse détaillée de la
séquence :
Elle vise la compréhension à la fois globale et
détaillée. Partant de la sensibilité personnelle des
apprenants, le professeur les amène à installer des automatismes,
et les aide à pratiquer une lecture personnelle. Il est
systématiquement fait recours aux références biographiques
et historiques indispensables à la construction progressive du sens,
à la découverte des caractéristiques formelles et des
faits de langue (lexique, traits énonciatifs, moyens stylistiques).
L'analyse détaillée conduit pour l'essentiel
à deux activités importantes : l'observation et
l'interprétation. Observer c'est s'arrêter sur les
éléments présents dans le texte. Ils sont de deux
ordres : les éléments de contenu et ceux de forme
d'expression.
Les éléments de contenu sont les thèmes,
les figures de style et les éléments d'intertextualité.
Les éléments de forme d'expression sont le mode de
présence de l'énonciateur, les faits de langue lexicaux et
grammaticaux, la construction des phrases, les rythmes et les
sonorités.
Interpréter c'est partir des observations pour
construire une signification ou des significations successives car, nous
l'avons déjà rappelé, un texte reste avant tout un tissu
de sens.
- Résumé de la séquence :
Le résumé est fait en une ou plusieurs phrases.
Il est un exercice de compréhension et de reformulation de la
séquence que les apprenants ont parcourue.
Deuxième séquence
- Délimitation de la séquence de la ligne x
à la ligne y ;
- Lecture de la
séquence délimitée :
Elle est faite soit par un ou plusieurs apprenants, soit par
le professeur.
- Analyse détaillée de la séquence.
- Résumé de la séquence.
N.B : L'étude des séquences suit exactement
la même démarche. Après l'étude de la
dernière séquence, il convient d'aborder la synthèse du
texte.
Synthèse
Elle comprend la reconstitution de la structure du texte,
l'idée principale du texte et un résumé du texte par une
illustration. A cette occasion, le professeur intervient sur les
problèmes de prononciation, de lexique et de syntaxe.
Lecture individuelle
Elle fait référence à la lecture des
apprenants.
Discussion socioculturelle
Elle porte sur un problème de société
évoqué dans le texte.
Exploitation ultérieure du texte
Elle vise le prolongement de l'étude du texte
après la classe : elle peut être constituée soit des titres
d'autres textes du même auteur soit des titres d'autres auteurs ou des
titres d'arts visuels portant sur le même thème. A cet
effet, les apprenants peuvent être invités
à établir une fiche de lecture selon le modèle suivant par
exemple.
Siècle :
Titre de l'extrait :
Titre de l'oeuvre :
Auteur :
|
Fiche n° :
Date de publication :
|
Où ? Quand ?
Personnages : Genre du texte :
|
Résumé :
Mots nouveaux à apprendre : Mot :
Emplois dans des phrases :
Phrase intéressante à retenir (ou structure
grammaticale intéressante) :
Procédé littéraire intéressant
(éventuellement ; à retenir pour une exploitation
ultérieure en expression écrite) :
|
3. La conduite des séances
La conduite des séances implique la mise en oeuvre des
étapes constitutives de la leçon qui sont le contrôle des
pré-requis, les acquisitions nouvelles et les activités
d'évaluation. Quelle que soit la séance, l'évaluation
pronostique (ou diagnostique) s'impose au début.
Ce contrôle n'est pas la traditionnelle révision
de la dernière leçon sans lien logique avec celle du jour.
L'évaluation pronostique porte sur la maîtrise des connaissances
sans lesquelles, il n'est pas possible de suivre de façon heureuse
l'objet d'apprentissage des acquisitions nouvelles.
Nous avons indiqué précédemment qu'en
lecture, le contrôle des pré- requis est une sorte d'anticipation
sur le texte. Elle porte soit sur les sources, soit sur le thème du
texte d'étude ou même sur le titre, lorsqu'il est
idéologique c'est-à-dire lorsqu'il éclaire, motive ou
crée des attentes stimulantes.
La conduite de la séance varie selon qu'il s'agit de la
lecture expliquée ou de la lecture suivie et dirigée. Même
si nous avons montré les limites du découpage traditionnel
lecture expliquée d'une part, et lecture suivie et dirigée
d'autre part, nous le maintenons tout de même pour les besoins d'analyse
car il a encore cours dans les classes en Afrique noire à l'heure
actuelle.
A.
Conduite de la séance de lecture expliquée
L'essentiel en classe de 3ème est de faire
de l'apprenant un lecteur actif et capable, à partir des textes qui
deviennent plus complexes, de repérer des détails pour les
transformer en indices, de formuler des hypothèses y compris à
propos d'un texte argumentatif simple, de construire le sens en mobilisant des
savoirs et des références culturelles.
Pour ce faire, nous partageons l'avis des auteurs
d'Enseigner le français au collège et au lycée
(1996) qui propose le déroulement suivant :
- la perception globale du texte ;
- l'analyse de détail ;
- la synthèse des remarques103(*).
En effet, la perception globale fait référence
à l'introduction, la lecture magistrale, la lecture individuelle et la
vérification de la compréhension globale du texte. L'introduction
vise la situation et la présentation de l'auteur du texte. Elle
contribue par ailleurs à la mise en place de la culture
littéraire de l'apprenant.
Une culture littéraire se constitue par la
fréquentation régulière des oeuvres. Elle suppose une
mémoire des textes, mais aussi de leur langue, une capacité
à retrouver, chaque fois qu'on lit, les résonances qui relient
les oeuvres entre elles. Elle est un réseau des références
autour desquelles s'agrègent les nouvelles lectures.
Si l'on souhaite que les adolescents de la classe de
3ème puissent adopter un regard réflexif sur ce qu'ils
lisent, il est nécessaire que dès la classe de
4ème qu'ils aient constitué un capital de lecture sans
lequel l'explication de texte resterait un exercice formel.
Constituer un capital de lecture suppose qu'ils aient
visité de nombreux auteurs illustres de la littérature
française, de la littérature africaine, de la littérature
de jeunesse et particulièrement ceux qui font autorité dans leur
genre.
Le tableau chronologique de la page suivante, peut permettre
à un apprenant de collège et particulièrement celui de la
classe de 3ème d'enregistrer ses premières notions de
mise en perspective littéraire historique.
Savoir
|
Epoque
|
Moyen âge
|
XVIè siècle
|
XVIIè siècle
|
XVIIIè siècle
|
XIXè siècle
|
XXè siècle
|
XXIè siècle
|
Texte...
OEuvre...
Auteur...
OEuvres du même auteur....
|
|
|
|
|
|
|
|
La lecture magistrale désigne celle du professeur. Elle
doit être sobre mais expressive car elle traduit son degré de
compréhension du texte. Elle favorise la compréhension du texte
par les apprenants car un texte bien lu est à moitié
expliqué, prétendent les pédagogues.
La lecture individuelle indique celle des apprenants. Il
serait bon qu'elle soit suscitée par une consigne précisant la
tâche à réaliser. Par exemple, « lire
silencieusement le texte afin de relever les noms des personnages et ce que
fait chacun d'eux ».
La vérification de la compréhension globale du
texte permet au professeur de s'assurer que le texte a été
effectivement lu par les apprenants. Il convient que cette vérification
conduise le professeur à faire indiquer le type de texte et ses
caractéristiques, le genre littéraire auquel il appartient, le
thème et le centre d'intérêt, ou à faire faire un
résumé de l'action.
Après la perception globale du texte, intervient
l'analyse de détail. Elle vise prioritairement le repérage des
indices de sens (personnages, idées-clés,
événements, intention et circonstances de communication,
enchaînements des événements...), des indices
d'articulation logique (mots de liaison) ainsi que ceux d'articulation
rhétorique (figures de style) aux fins de cerner le texte dans son fond
et dans sa forme car l'analyse doit faire des éléments
constitutifs du texte le matériau de la communication et non des fins en
soi. A ce stade, le texte est subdivisé en ensembles ayant chacun une
unité de signification appelés séquences. L'étude
de chaque séquence se déroule ainsi qu'il suit :
- lecture individuelle de la séquence ;
- réalisation de la tâche relative à
ladite séquence ;
- résumé.
Il est nécessaire de réaliser, à
l'occasion de l'étude de chaque séquence une évaluation
formative104(*) qui, au
fil du développement du cours révèle les
difficultés des apprenants, oriente et facilite les réajustements
nécessaires. Elle permet par ailleurs de limiter les effets
négatifs des mauvaises notes sur les apprenants, en particulier leur
impact démotivant.
Enfin, la synthèse des remarques comprend quatre
étapes :
- la mise en évidence de la structure ou le plan du
texte ;
- la formulation de l'idée principale ou la
dominante ;
- le résumé du texte par une
illustration ;
- la relecture finale du texte.
L'évaluation, étant une mise à
l'épreuve pour l'apprenant et une confrontation entre le but poursuivi
et le résultat obtenu, est étroitement liée à tout
acte d'enseignement-apprentissage. Elle permet de :
- juger l'apprenant et d'apprécier son degré de
réussite ;
- fournir à ses parents (ou tuteurs), à
l'administration et à la société le bilan des efforts et
les possibilités de l'apprenant ;
- apprécier l'efficacité des méthodes
pédagogiques ainsi que des supports pédagogiques et
didactiques.
Ainsi, à la fin de la séance l'évaluation
sommative permet de mesurer le degré d'acquisition de connaissance et
d'atteinte de l'objectif, c'est-à-dire vérifier que l'objectif
est atteint partiellement, totalement, ou pas du tout. Pour être valide,
l'item d'évaluation doit être en congruence avec l'objectif
visé et refléter la substance des savoirs et savoir-faire
capitalisés au cours de la séance.
A cet effet, il convient de privilégier la mesure
à interprétation critériée au détriment de
celle à interprétation normative et de respecter les
étapes de la démarche évaluative. La mesure à
interprétation critériée permet de juger la performance de
l'apprenant non pas par rapport à celle de ses camarades mais par
rapport à un seuil de performance préalablement établi.
La mesure à interprétation normative consiste
à comparer la performance de l'apprenant à celle de ses camarades
et du groupe auquel il appartient. Cette interprétation aboutit à
des décisions de type classement ou sélection.
La démarche évaluative comprend la mesure, le
jugement et la décision qui peut être soit d'ordre
pédagogique, soit d'ordre administratif. La mesure consiste à
assigner un nombre à un évènement selon une règle
logiquement acceptable. C'est l'étape au cours de laquelle des
informations utiles reliées à l'objet d'évaluation sont
recueillies, puis organisées en prévision de leur
interprétation.
Le jugement consiste à émettre un avis par des
appréciations sur la performance de l'apprenant, sur la valeur de son
travail. Il s'agit à cette étape de se prononcer sur la situation
de l'apprenant lorsque l'enseignant la considère comme satisfaisante ou
non, en tenant compte des résultats de la mesure et de diverses
considérations pertinentes.
La décision consiste, sur la base de la mesure et du
jugement à prononcer soit le passage en classe supérieure ou le
redoublement, soit le renvoi d'un apprenant dont le travail s'avère
insuffisant ou l'octroi d'un diplôme en classe de 3ème
à un apprenant dont le travail est jugé satisfaisant.
La discussion socioculturelle que nous proposons à la
fin d'une séance de lecture est l'occasion de faire discuter les
apprenants et particulièrement les adolescents sur la manière
dont ils vivent les problèmes exposés dans le texte.
Par exemple, s'il est énoncé dans un texte que
l'anophèle femelle transmet le paludisme, la discussion socioculturelle
doit pouvoir amener les lecteurs à prendre les résolutions afin
de changer de comportement. Après l'étude d'un tel texte, les
apprenants devraient être amenés à curer les caniveaux le
long de leur rue, tout au moins devant leur maison d'habitation, à
protéger les puits et les latrines, à débarrasser leur
concession des boîtes de conserve vides qui constituent ordinairement les
gîtes à moustiques.
L'exploitation ultérieure doit donner l'occasion aux
apprenants de prolonger le travail sur le texte et plus
généralement sur l'écrit après les classes car en
Afrique noire les occasions de lecture et d'exploitation de l'écrit ne
sont pas nombreuses.
Comme à la fin de la classe de 3ème,
certains apprenants s'engageront vraisemblablement dans la vie active et
d'autres poursuivront leurs études au lycée, il convient d'armer
les premiers pour en faire des lecteurs autonomes. La perspective
d'entrée au lycée doit inciter à installer chez les
seconds tous les pré-requis linguistiques et culturels
nécessaires à une étude proprement littéraire des
textes.
Ainsi, il est nécessaire de familiariser les apprenants
de la classe de 3ème avec les deux modalités de
lecture en usage dans la vie active : la lecture compréhension et
la lecture communication.
Enfin, nous nous demandons et à juste titre d'ailleurs
si on peut mettre en oeuvre de façon heureuse les programmes par
objectifs en s'aidant des méthodes requises pour l'application des
programmes par listes de contenus. Ce type de programme consacre le
cloisonnement des disciplines et favorise la logique interne des disciplines
alors que de nos jours, c'est le décloisonnement et
l'interdisciplinarité qui sont envisagés dans le cadre de la mise
en place des compétences transversales qui doivent favoriser à
leur tour l'émergence des compétences de vie courante.
Les programmes par objectifs concernent les capacités
à installer chez les apprenants. Il s'agit de susciter les processus
mentaux de l'apprenant en vue de la mobilisation des capacités
nécessaires à la manifestation de la compétence que vise
l'objectif poursuivi.
Nous précisons que pour pallier le morcellement des
apprentissages qu'implique l'approche par objectifs, il est utile de recourir
aux tâches d'intégration ou à l'approche par
compétences. La tâche d'intégration désigne une
activité de synthèse qui mobilise plusieurs compétences
appartenant à des champs disciplinaires parfois différents. Elle
vise un enseignement décloisonné. Elle ne se contente pas de
juxtaposer diverses capacités liées aux différentes
composantes (orthographe, grammaire, conjugaison, vocabulaire, étude de
texte).
En revanche, la tâche d'intégration relie ces
diverses composantes entre elles, elle les associe et les fédère
en fonction de l'objectif commun pour aboutir à une production
écrite le plus souvent et éventuellement orale.
L'approche par compétences vise le développement
global de l'apprenant, celui-ci pouvant s'éduqer lui-même. Elle a
le mérite de viser l'installation chez l'apprenant de l'aptitude
à mobiliser un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir
être intégrés et appropriés pour résoudre des
problèmes. Elle introduit le principe de situation et de famille de
situations, se révèle proche de l'apprenant et donne du sens aux
apprentissages que ce dernier réalise.
L'énoncé d'une compétence comporte
l'activité, l'objet et la famille de situations en ce qui concerne une
compétence générale ou une situation précise dans
le cadre d'une compétence située. La classe de situations
désigne l'ensemble de situations concernant un même objet ou
plusieurs objets appartenant au même domaine. La situation désigne
l'ensemble de circonstances qui appartiennent à une famille de
situations.
L'activité renvoie à ce que l'apprenant doit
faire pour traiter une situation. La mise en oeuvre d'une compétence
suppose la disponibilité d'un certain nombre de ressources : elles
sont de deux ordres :
- Les ressources internes comprennent les ressources
cognitives (connaissances), les ressources connatives (dispositions mentales
à réaliser la tâche), les ressources corporelles (tout ce
qui au niveau physique permet d'entrer dans l'activité à
réaliser).
- Les ressources externes concernent les savoirs
codifiés (savoirs contenus dans le programme d'étude), les
ressources matérielles, les ressources spatiotemporelles et les
ressources humaines.
Les méthodologies d'application des programmes par
listes de contenus nous paraissent anachroniques pour la mise en oeuvre des
programmes axés sur les objectifs. Les méthodes actives et
participatives paraissent les plus adaptées à la mise en oeuvre
des programmes par objectifs. L'approche par compétences requiert quant
à elle la méthode constructiviste.
Dans une perspective de construction des connaissances, il
s'agit de proposer une approche constructiviste qui accorde une priorité
particulière au caractère actif de l'apprenant par rapport aux
objets d'apprentissage, c'est-à-dire des savoirs codifiés.
Nous définissons avec Piaget (1963) la dimension
constructiviste du développement des connaissances à travers le
double processus d'adaptation : l'assimilation et
l'accommodation105(*).
Il faut le rappeler, l'assimilation désigne l'action de
l'individu sur les objets qui l'entourent en fonction de ses connaissances et
de ses aptitudes. L'accommodation quant à elle, fait
référence à l'action du milieu sur l'organisme qui
déclenche des ajustements actifs chez le sujet. Ainsi donc, pour
Piaget :
L'apprentissage est une modification des structures
internes de l'organisme106(*).
Le constructivisme que requiert l'approche par
compétences peut prendre des connotations différentes, allant du
constructivisme radical au constructivisme social en passant par le
constructivisme écologique et bien d'autres encore.
Pour élaborer les stratégies
d'enseignement-apprentissage dans la perspective de la mise en oeuvre d'un
programme par objectifs ou par compétences, il est utile de tenir compte
de l'intention pédagogique, de la situation dans laquelle va s'exercer
l'objectif ou la compétence, du type de savoir à solliciter, des
capacités et des besoins réels des apprenants ainsi que des
ressources à mobiliser.
Il ne s'agit donc pas d'établir un cadre
général qui ne saurait contenir tous les moyens de mise en oeuvre
de tous les objectifs de lecture. On ne peut étudier de la même
façon et en utilisant les mêmes outils une poésie et une
scène de théâtre ou un texte relevant du schéma
narratif. Aucune approche méthodologique ne saurait être valable
pour tous les enseignants, adaptée à tous les apprenants et
convenable à toutes les situations d'enseignement-apprentissage.
Nous rappelons que la méthode d'enseignement est un
ensemble de conceptions pédagogiques liées à des
finalités éducatives. On ne peut imaginer une méthodologie
générale, indépendante de l'objet à enseigner et du
contexte de réalisation de l'enseignement-apprentissage. Dans le
triangle didactique, le pôle des savoirs oriente la méthode. On
l'appelle action didactique pour souligner la multiplicité des variables
qui entrent en jeu dans la démarche et la variété des
choix possibles.
La méthodologie désigne l'ensemble de
méthodes scientifiques et techniques, ainsi que des outils issus d'une
culture professionnnelle. L'enseignement fait référence au
processus de transmission de connaissances et de savoirs extérieurs au
sujet apprenant. Les enseignants, pour être efficaces, doivent savoir
qu'ils éduquent autant qu'ils enseignent et que les apprenants ont des
profils et des styles d'apprentissage différents. Il revient donc aux
enseignants de faire appel à des stratégies didactiques et
pédagogiques diverses pour atteindre tous les
« types » d'apprenants et répondre par la même
occasion à leurs divers besoins d'apprentissage.
Du côté des apprenants, nous notons que
l'intériorisation se fait par l'apprentissage, la pratique et la
résolution de problèmes de lecture sur le terrain. Nous avons
indiqué, à l'occasion de la définition des concepts, que
l'enseignement et l'apprentissage vont de pair parce que les uns enseignent et
les autres apprennent. D'où les binômes enseignement-apprentissage
et enseigner-apprendre.
En dépit de l'existence de ce binôme, nous ne
devons pas perdre de vue que « apprendre » est un processus
complexe et qui se trouve parfois outrageusement simplifié au point de
confondre l'enseignement et l'apprentissage. Il convient de noter que tout ce
qui est enseigné est loin d'être appris, tellement les facteurs
qui interviennent dans l'apprentissage sont multiples. Il y a des facteurs
internes à l'apprenant. Ils vont de l'hérédité de
l'intelligence « innéisme », du sexe, de la
structure mentale, et des représentaions individuelles, à la
perception des manières d'apprendre.
En dehors des facteurs internes à l'apprenant il y a
aussi des facteurs qui lui sont externes notamment les infuences familiales et
les influences sociales.
En somme, décrire une action didactique c'est planifier
le contenu à enseigner (objectif didactique) en tenant compte des
besoins de l'apprenant, des contraintes institutionnelles et
matérielles, de la situation d'enseignement-apprentissage, du style de
l'enseignant, des ressources, des supports utilisés (manuel, ordinateur,
vidéo etc.), du profil et de l'activité des apprenants.
B.
Conduite de la séance en lecture suivie et dirigée
La lecture débouchant sur une compréhension
assurée du texte, est l'objet premier de cette activité. Nous
suggérons qu'en plus de la lecture suivie et dirigée que l'on
débute l'étude des oeuvres intégrales en classe de
3ème pour préparer les apprenants à aborder
avec efficacité les études littéraires au lycée.
Dans ce cas, il serait souhaitable que l'étude d'une
oeuvre intégrale permette à la lecture de trouver sa
véritable dimension : le lecteur doit voir sa curiosité
satisfaite et ses compétences améliorées. Cela suppose
l'observation de trois principes : l'entrée dans l'oeuvre, la
vision d'ensemble de l'oeuvre, l'appropriation des mécanismes de
fonctionnement de l'oeuvre.
L'entrée dans l'oeuvre
L'étude du paratexte a pour vocation d'éclairer
l'oeuvre, d'attirer et de séduire le lecteur car le paratexte
délivre des informations porteuses de sens et crée des attentes
stimulantes. L'analyse approfondie de l'incipit a une double fonction. Le
début d'une oeuvre est censé capter l'attention du lecteur et lui
fournir les informations nécessaires à la construction de la
fiction.
Nous précisons que le paratexte fait
référence au titre, au sous-titre éventuel, à
l'illustration de couverture, à la préface, à la
4ème de couverture, à la table des matières et
à la liste des personnages pour une pièce de
théâtre.
La vision d'ensemble de l'oeuvre
Nous avons indiqué dans les pratiques
pédagogiques actuelles que la raison d'être de l'étude
d'une oeuvre intégrale est de promouvoir par une vue d'ensemble
l'appréhension de son sens général. Il est utile de faire
apparaître la structure de l'oeuvre. Un tableau - dans lequel figurent en
regard des chapitres, les principaux événements, les personnages
qui prennent part à ces actions, le moment et la durée de
celles-ci, les lieux où elles se déroulent, le point de vue
à partir duquel elles sont narrées - permet d'avoir la vision
d'ensemble de l'oeuvre et de tracer la continuité de la construction de
celle-ci ou d'en repérer les ruptures.
La comparaison du début et de la fin du texte
mérite de mettre en évidence les diverses modifications des
situations et leur enchaînement. L'analyse du système des
personnages et de leurs relations est censée offrir le même
intérêt.
L'appropriation des mécanismes de fonctionnement d'une
oeuvre intégrale
L'étude d'une oeuvre intégrale suppose une
lecture critique et attentive des procédés de fonctionnement de
celle-ci. Elle ne doit en aucun cas suivre avec complaisance la trame d'une
fiction ou s'accommoder du choix préalable de fragments.
La maîtrise de ces procédés constitue une
expérience pour le lecteur et lui offre la possibilité de
réinvestir ces savoirs lors d'autres lectures. Elle permet l'acquisition
des méthodes et d'outils qui pourront être
réutilisés dans l'exploration ultérieure des dimensions
historiques, sociales, philosophiques que les oeuvres littéraires sont
censées porter en elles.
En fin de compte, la conduite d'une séance de lecture
suivie et dirigée ne se prête pas à une démarche
très rigoureuse. Toutefois, quelques principes de base s'imposent. Le
texte entier ne pouvant être lu en classe, le professeur se contentera de
larges extraits choisis parmi les plus intéressants. En classe de
3ème, l'étude des morceaux choisis est l'occasion de
réfléchir collectivement sur les enjeux esthétiques,
psychologiques, moraux et physiologiques qui sont au coeur d'une ou de
plusieurs oeuvres. Pour faire parcourir le morceau choisi, le professeur
dispose de cinq moyens :
- la situation du morceau dans toute l'oeuvre ;
- la lecture du professeur ;
- la lecture silencieuse des apprenants ;
- le résumé partiel du professeur ;
- la lecture à haute voix des apprenants.
Nous avons déjà noté que la lecture
à haute voix n'est pas très répandue en dehors de
l'école dans la vie quotidienne. Toutefois, on y fait appel parfois pour
communiquer une information, s'exprimer à propos d'un texte que les
interlocuteurs n'ont pas à leur disposition. La lecture à haute
voix doit donc faire l'objet d'un apprentissage, elle n'est pas la
conséquence évidente du savoir-faire.
La lecture à haute voix consiste à mettre en
voix un texte. Elle doit être apprise car elle ajoute à
l'émission intonative de base de la lecture courante des valeurs
expressives spécifiques qu'un apprenant de la classe de
3ème doit pouvoir maîtriser pour dire avec aisance un
texte ou déclamer un poème.
Ainsi, la séance de lecture suivie et dirigée en
classe de 3ème particulièrement est l'occasion de
former l'élocution des apprenants en sollicitant d'eux une participation
importante aux exercices phonétiques. Le texte peut être
partiellement dramatisé. Les apprenants peuvent aussi faire des
exposés sur une séquence particulière. Les passages non
lus en classe peuvent faire l'objet d'un travail à la maison :
résumés, reconstitutions, recherche de certains indices ou
discussions socioculturelles.
Pour améliorer la conduite des séances de
lecture, nous convenons avec Kathy Grapez (2004) que la pédagogie
différenciée, développée dans les années
1970 par Louis Legrand, chercheur à l'Institut National de Recherche
Pédagogique (INRP) constitue un palliatif au rigide style
éducatif actuel107(*). A notre avis, le recours à la
pédagogie différenciée offre de nombreux avantages.
Premièrement, elle vise, faut-il le rappeler, à
adapter les méthodes pédagogiques à
l'hétérogénéité des apprenants, afin de
garantir l'égalité de chances pour tous et réduire le taux
d'échecs scolaires.
Deuxièmement, elle préconise l'accompagnement du
travail des apprenants par le tutorat ou le conseil méthodologique pour
que l'école soit, selon Philippe Meirieu (1987), son propre
recours108(*).
Troisièmement, elle permet de considérer
l'apprenant dans sa totalité par la prise en compte des rythmes
biologiques et des stades de développement de l'enfant mis en
lumière par le psychologue suisse Jean Piaget (1967)109(*).
Elle implique enfin de former les enseignants à la
culture pédagogique, au travail en équipe et à leurs
nouvelles responsabilités en matière de prise en charge des
apprenants et particulièrement ceux en difficulté d'apprentissage
du langage écrit en vue de garantir l'équité et
l'égalité de chance pour tous car nous croyons aujourd'hui en
l'éducabilité de tous.
Apprendre à lire des textes littéraires doit
conduire à mettre en relation des expériences personnelles des
textes et du monde, de les organiser en systèmes, de percevoir les
dimensions historiques.
Ces réseaux sont organisés, pour explorer un
genre, pour apprécier les divers traitements d'un personnage, pour
élucider une procédure narrative, l'usage du temps et des lieux
pour estimer la place d'une oeuvre au sein de la production d'un auteur, dans
une collection ou dans un espace littéraire donné. Ces mises en
réseaux engendrent des investigations et des interrogations qui
favorisent une nouvelle réception des oeuvres. La lecture d'une nouvelle
oeuvre doit conduire au rapprochement de celle-ci des autres oeuvres
littéraires ou relevant des arts visuels.
Chaque lecture est le lieu de réinvestissement des
lectures anciennes et le tremplin pour de nouvelles lectures. Telle oeuvre
trouve des échos dans telle autre. Ainsi, l'établissement des
résonances et des liens propices à des mises en réseaux,
à la constitution des constellations paraît importante.
Le parcours de lecture doit permettre de construire des
échos entre les oeuvres lues et, quelquefois, entre celles-ci et les
autres oeuvres d'art rencontrées par ailleurs (peinture, photographie,
musique, architecture), entre celles-ci et les connaissances construites en
histoire, en géographie ou en science.
Ainsi, ces indications qui contribuent à enseigner
autrement pourraient dynamiser l'enseignement-apprentissage de la lecture et
rompre avec la monotonie qui caractérise actuellement la pratique de
cette discipline scolaire en classe de 3ème en Afrique noire
en général.
4. L'exploitation ultérieure du texte de lecture
Comme la lecture n'est pas un acquis culturel dans la
société africaine en général et congolaise en
particulier, il importe de prévoir les activités de prolongement
de la lecture après le cours tant en lecture expliquée qu'en
lecture suivie et dirigée.
A.
L'exploitation ultérieure du texte en lecture expliquée
Dans la pratique, la récitation et la rédaction
constituent les seuls prolongements de la lecture expliquée. En
réalité, le résumé de texte, l'établissement
d'une fiche de lecture, les exercices de réemploi et de discussion
socioculturelle pourraient offrir des opportunités de prolongement de la
lecture après le cours. Les activités de modification de texte,
de changement de point de vue, d'imagination de la suite d'un texte pourraient
constituer des occasions de création de nouveaux textes.
B.
L'exploitation ultérieure du texte en lecture suivie et
dirigée
L'exploitation ultérieure des textes lus permet de
concrétiser la liaison lecture écriture en amenant la lecture
suivie et dirigée sur les activités de production écrite
qui sont de réelles créations. Tout texte se nourrissant des
autres, les apprenants peuvent être invités à produire des
textes à partir d'un modèle lu, à changer de point de vue,
à transposer un texte étudié dans un autre genre, à
modifier un texte pour en produire un autre, à imaginer la partie
manquante d'un texte existant, ou à rédiger une discussion
socioculturelle suscitée par le texte étudié.
Le plaisir d'écrire vient naturellement de celui de
lire. Les compétences d'écriture sont pour l'essentiel
dépendantes de celles de lire et particulièrement de
l'accumulation des lectures. Toutefois, écrire à partir des
oeuvres littéraires n'est que l'un des axes possibles de
l'activité de production des textes.
C'est au moment où il écrit que l'adolescent
peut comprendre comment fonctionnent les systèmes énonciatifs des
oeuvres qu'il a lues : la place du narrateur, le narrateur omniscient, le
récit à focalisation interne, le récit à
focalisation externe. Il apprend également à interpréter
l'écart entre le déroulement chronologique des
événements et le temps du récit qui orchestre les
changements de rythme, des variations sur les durées, des analepses et
des prolepses, des accélérations et des omissions. Il en est de
même pour le traitement des lieux.
L'objectif poursuivi n'est pas seulement de conduire
l'adolescent à lire en situation de classe. Il est tout aussi
décisif qu'il devienne un lecteur autonome et que l'exercice de lecture
personnelle devienne pour lui familier. Dans ce cas, il convient de favoriser
le système de prêt à domicile et d'échange de livres
entre apprenants d'un même niveau. L'appui des bibliothèques de
quartiers et des bibliobus que le projet franco- congolais de lecture publique
est en train de mettre en place à Brazzaville, pourrait être
décisif à cet effet.
La discussion socioculturelle sur le contenu du texte ou un
aspect pourrait, comme nous l'avons précédemment noté,
permettre d'analyser comment l'apprenant vit les problèmes de
société évoqués dans le texte de lecture. A
l'instar des solutions préconisées dans un texte, il peut
s'approprier des compétences techniques permettant la résolution
des problèmes de société auxquels il fera face plus tard.
Un tel exercice offre l'opportunité d'assurer le passage des objectifs
cognitifs aux objectifs affectifs et psychomoteurs à travers les
tâches d'intégration. Il faut préciser que la tâche
d'intégration est un palliatif au morcellement des savoirs liés
à l'approche par objectifs. Selon la taxonomie de Bloom (1969)110(*), les objectifs du domaine
cognitif sont reliés à l'activité intellectuelle et aux
processus mentaux. Ils sont liés à la connaissance.
Dans le domaine affectif, la taxonomie de Krathwohl
relève une hiérarchie d'objectifs mettant en relief un sentiment,
une émotion ou une idée d'acceptation ou de refus111(*).
Les spécialistes des sciences de l'éducation
doivent à Harrow la taxonomie du domaine psychomoteur la plus
développée à ce jour. Elle est
constituée de l'ensemble hiérarchique des mouvements humains,
volontaires et observables qui appartiennent au domaine de l'apprentissage.
En définitive, la définition correcte des
objectifs d'apprentissage et leur communication aux apprenants au début
du cours constituent le gage de la réussite de l'acte
pédagogique. La connaissance de ce vers quoi ils sont conduits est un
facteur de motivation et, partant, d'engagement des apprenants qui doivent
mobiliser leurs acquis dans une situation d'enseignement-apprentissage qui est
souvent complexe. Nous appelons contrat didactique les obligations que se
donnent les partenaires de la relation pédagogique. Ce contrat est
induit par la communication de l'objectif pédagogique aux apprenants au
début du cours.
5. Des enjeux innovants
De nombreuses pistes s'offrent aux professeurs de
français pour enseigner et faire apprendre sans manuels. L'exploitation
des contes, de la chanson et de l'image est un prétexte indiqué
pour préparer les apprenants de la classe de 3ème
à la lecture, à l'expression et à la production de
l'écrit. Par exemple, le scénario suivant peut tout à fait
amener les professeurs et les apprenants de la classe de 3ème
à modifier profondément leur comportement vis-à-vis de
l'écrit.
Le professeur fait observer l'image qui doit
impérativement être affichée au tableau. Puis il fait
procéder d'abord à une observation libre. Les apprenants disent
ce qu'ils voient ou ce que l'image évoque pour eux. Leurs observations
sont écrites au tableau par le professeur. Elles seront relues d'abord
par le professeur puis par les apprenants.
Par la suite, le professeur guide l'entretien et provoque les
questions. C'est l'observation dirigée. Les questions seront
orientées en fonction du texte que les apprenants et leur professeur se
proposent d'élaborer et des thèmes à développer. Le
professeur veille à ce que le maximum d'apprenants parle. Il reprendra
les termes incorrectement prononcés.
En guidant les apprenants, le professeur va faire
élaborer un texte qu'il écrira au fur et à mesure des
propositions au tableau. Il n'hésitera pas à écrire les
phrases complexes et à employer des termes que certains apprenants ne
connaissent pas forcément. Lorsque le texte sera écrit au
tableau, le professeur le relira et le fera relire par quelques apprenants. Il
proposera quelques activités relatives aux compétences de lecteur
à partir du texte écrit au tableau.
Le texte collectivement produit sera recopié et
gardé en classe. Au fur et à mesure des leçons, les autres
textes viendront s'ajouter aux premiers et constitueront « le livre
de la classe de 3ème », que la classe pourra
échanger contre ceux d'autres classes, d'autres établissements,
d'autres départements, d'autres régions ou d'autres pays.
De temps à autre, il sera bon de varier de support. A
la place de l'image, le professeur pourra présenter un chant, un
poème ou un livre, dire un conte, raconter ou faire raconter un
événement. Suivant le même schéma
pédagogique, un texte sera établi et servira de support aux
leçons d'expression orale, de lecture, de langue et de production de
l'écrit.
L'initiation des apprenants de la classe de
3ème aux activités parascolaires faisant partie d'un
projet de lecture, favorise un apprentissage efficace de cette discipline. Il
s'agit des clubs de lecture et de théâtre, des ateliers
d'écriture et de photo, et la consommation des médias par
l'écoute, la lecture, et le visionnage des films. Ces initiatives
doivent être ponctuées d'activités pédagogiques de
réinvestissement.
Ainsi, pour disposer des enseignants capables de telles
initiatives, il est important de recourir à une formation de haut niveau
aussi bien en matrice disciplinaire qu'en didactique des disciplines et en
évaluation. Toutefois, quelle que soit l'efficacité de la
formation des professeurs, elle ne saurait les dispenser de la
nécessité de recourir aux innovations pédagogiques.
En somme, les suggestions susmentionnées pourraient
contribuer à l'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture car aujourd'hui plus qu'hier, la
didactique des disciplines se nourrissant des apports de nombreuses sciences,
la rénovation pédagogique devrait s'imposer comme une attitude
permanente d'actualisation puisque les enseignants n'appliquent pas une
méthode sans la modifier, comme l'affirme IPAM
(1995) :
Leur bon sens, leur expérience, leur connaissance
du milieu et surtout les réactions de leurs apprenants les poussent
à utiliser une méthodologie adaptée112(*).
En somme, en considérant les difficultés
apparaissant dans le maniement des outils pédagogiques, anciens et/ou
innovants par les enseignants africains en général et congolais
en particulier, ces suggestions pourraient être prises en compte dans la
reformulation des modules de formation des enseignants face aux objectifs
disciplinaires, notamment ceux de la lecture.
CHAPITRE IX
PERSPECTIVES
L'amélioration de la qualité de
l'enseignement-apprentissage de la lecture requérant l'innovation des
grands champs pédagogique et didactique, mais aussi un milieu de
résidence propice à la lecture, un minimum de support pluriel
d'enseignement-apprentissage, la nécessité d'un nouveau profil
d'enseignants et le recours à l'approche par les compétences, les
perspectives concernent tous ces domaines.
1. Les grands champs pédagogique et didactique
Cette rubrique comprend les propositions relatives aux
composantes de l'acte de lecture, aux méthodes d'apprentissage,
à l'approche des textes et à l'évaluation.
A.
Composantes de l'acte de lecture
La question des composantes de l'acte de lecture est
supposée résolue au sortir de l'enseignement primaire. La
persistance des difficultés de lecture particulièrement à
l'enseignement secondaire premier cycle nous amène à l'aborder
dans les perspectives de la présente étude.
La lecture étant un acte de synthèse, nous le
décrivons d'abord avant de formuler quelques propositions par la suite.
Ce sont les yeux qui perçoivent les signes sur le papier. Les yeux
procèdent par bonds et arrêts successifs. Au cours des pauses, ils
parcourent les mots et groupes de mots. Ces ensembles graphiques sont transmis
au cerveau qui les reconnaît, les interprète et le lecteur y
découvre un sens.
L'amélioration de la capacité globale de lecture
d'un individu passe par la pratique systématique des exercices
d'entraînement progressifs qui mettent en jeu différentes
composantes de l'acte de lecture : vitesse, compréhension et
efficacité.
Vitesse de lecture
Les résultats de la vitesse de lecture à eux
seuls sont révélateurs de la façon dont est
appréhendé l'écrit. Afin d'exercer l'angle de vision d'un
lecteur, il convient de le soumettre aux exercices en relation avec ce que les
pédagogues appellent l'oeil panoramique.
Exercer le champ de vision d'un individu vise à
accroître le nombre de signes perçus à chaque fixation car
l'oeil, comme nous l'avons noté, opère par bonds et arrêts
successifs au cours de la lecture. L'action sur l'empan visuel d'un apprenant
entraîne l'amélioration de sa vitesse de lecture. L'ampleur du
champ perçu par un lecteur est directement en liaison avec sa
compréhension.
Compréhension
La compréhension désigne la capacité du
lecteur à découvrir le sens qu'est censé véhiculer
un texte. C'est pourquoi en même temps qu'il importe d'exercer l'oeil
panoramique d'un apprenant, il faut accroître son agilité visuelle
c'est-à-dire entraîner son oeil à distinguer de plus en
plus sûrement les différences et les ressemblances des signes
graphiques pour éviter les confusions.
Les confusions sont constituées de la substitution des
lettres par l'incapacité de distinguer les lettres de formes voisines,
l'inversion des lettres dans les syllabes, les omissions de lettres ou de
syllabes. Ces manifestations font partie des paramètres qui
caractérisent le dyslexique. La dyslexie est une difficulté
durable d'apprentissage de la lecture et d'acquisition de son automatisme chez
les enfants intelligents et indemnes de tout trouble sensoriel ou
psychologique.
La compréhension d'un texte est également
tributaire de la capacité du lecteur à anticiper, à
émettre des hypothèses de lecture et à les vérifier
par la suite. Il s'agit de reconnaître les indices perceptifs et les
indices de sens pour prévoir le contenu qui suit à partir de ce
qui précède.
Ainsi, il faut habituer l'apprenti lecteur à travailler
à la fois sur l'anticipation et la structuration du texte, en tenant
compte de la cohérence sémantique et de tous les
éléments fournis par l'écrit (indices grammaticaux,
indices visuels : lettres majuscules et signes de ponctuation) pour
construire le sens du texte. Par ailleurs, agrandir le faisceau de vision d'un
individu est important pour accroître son efficacité de
lecture.
Efficacité de lecture
L'efficacité de la lecture d'un individu est le rapport
de sa vitesse d'exécution par la compréhension. Elle est fonction
de son agilité intellectuelle car découvrant les derniers mots
d'une phrase par exemple, il faut qu'il se souvienne des premiers pour pouvoir
découvrir le sens du passage en cours de lecture.
Il importe donc de développer la capacité de
rétention de l'apprenti lecteur par l'exercice de son empan
mnémonique, c'est-à-dire la quantité de données
susceptibles d'être fugitivement stockées par la mémoire du
sujet. Il convient de stimuler progressivement l'apprenti lecteur pour qu'il
parvienne à dépasser environ huit mots dans un message
signifiant. Il est donc indispensable d'exercer un lecteur à augmenter
son empan mnémonique.
En définitive, la pratique régulière des
exercices d'entraînement progressifs de la lecture peut contribuer
à prévenir des difficultés d'apprentissage de la lecture.
Il est donc utile d'agir sur les aptitudes partielles en relation avec les
composantes de l'acte de lecture.
Nous restons conscients que ce n'est pas par la combinaison de
savoir-faire accumulés qu'un apprenti lecteur atteint une
capacité globale. Il est donc indispensable de prévoir aussi et
le plus fréquemment possible en classe de 3ème des
exercices au cours desquels l'apprenant se trouve confronté à un
texte complet. Ce qui peut permettre de mesurer sa capacité
réelle de lecture : vitesse, compréhension et
efficacité.
B.
Méthodes d'apprentissage
Au sortir de l'enseignement primaire, les aprenants auraient
pu être déjà des lecteurs compétents or, ils ne le
sont pas toujours. En analysant les causes de leur échec, la question de
méthodes est évoquée. Elle mérite donc d'être
abordée.
Les méthodes d'apprentissage de la lecture sont le
résultat des recherches sur les mécanismes mis en jeu dans l'acte
de lecture pour faire d'un apprenant un lecteur. Faire d'un apprenant un
lecteur consiste à l'aider à développer les
habiletés qui rendent efficace le travail de l'oeil et du cerveau.Trois
méthodes d'apprentissage de la lecture sont en concurrence : la
méthode synthétique, la méthode globale et la
méthode mixte. Nous les présentons d'abord avant de nous
prononcer sur la validité de chacune d'entre elles.
La méthode synthétique
Nous rappelons que la méthode synthétique, que
les pédagogues appellent aussi méthode syllabique, part de la
lettre, passe à la syllabe, puis au mot et à la phrase. Nous
constatons qu'elle propose les éléments, les réunit et les
synthétise.
Il lui est reproché de ne pas tenir compte de la
psychologie et des intérêts des apprenants, de les habituer
à une lecture monotone et souvent hachée. Toutefois, elle
présente quelques mérites : premièrement, elle est
d'un emploi facile. Deuxièmement, en communiquant aux apprenants la
connaissance ferme des lettres et des syllabes, elle forme à une bonne
orthographe.
La méthode globale
A l'inverse de la méthode synthétique, elle part
de la phrase pour descendre au mot, puis à la syllabe et à la
lettre. Elle est d'un maniement délicat. Sa mise en oeuvre requiert une
initiation particulière de l'enseignant, une classe à effectif
réduit, et un matériel didactique important.
L'un des inconvénients de la méthode globale est
qu'un apprenant qui apprend les phrases, finit par savoir le texte par coeur.
Son attention est davantage attirée par la vue globale des graphismes
que par la décomposition écrite. C'est ce qui semble expliquer
certaines difficultés des apprenants en orthographe. Cependant, en
présentant des mots que l'apprenant comprend, cette méthode a
l'avantage de lui inculquer le goût et le plaisir de lire.
La méthode mixte
Elle fait des emprunts à la méthode globale et
à la méthode synthétique. Le mot est
présenté dans son contexte. L'apprenant s'habitue à le
reconnaître dans sa physionomie propre. Par la suite, il faut l'amener
à l'analyser afin que les éléments en soient solidement
acquis, pour qu'il sache en faire la synthèse et retrouver la forme
globale.
Nous remarquons que chacune de ces méthodes,
présente des avantages et des inconvénients. Les instructions
officielles laissent toute liberté de choix aux enseignants. Pour nous,
la vraie solution se trouve dans une méthode vivante et active qui
requiert constamment la participation de l'apprenant, sa contribution effective
dans la construction et la consolidation de son savoir-lire.
Dans tous les cas, le succès de
l'enseignement-apprentissage de la lecture dépend à la fois de la
compétence et du dévouement de l'enseignant. Le milieu de vie de
l'apprenant et sa fréquentation scolaire comptent également pour
beaucoup dans l'apprentissage de la lecture comme dans celui des autres
disciplines scolaires. Lorsque ces conditions sont réunies, les
progrès dans l'apprentissage de la lecture sont assurés quelle
que soit la méthode employée.
Il convient d'avancer lentement en apprentissage de la
lecture, de varier les procédés, d'user largement de la
répétition, de préférer la lecture individuelle
à la lecture collective et de diversifier les formes et les types de
textes car personne ne peut lire de la même manière un dialogue,
un texte narratif ou un poème. Chaque type de texte ayant sa structure
interne et son mécanisme particulier de fonctionnement du
matériau de communication qui le constitue, mérite d'être
abordé de façon spécifique. Les stratégies
d'appropriation d'un texte sont en cohérence avec la nature de celui-ci,
celle qui semble efficace pour un texte peut se révéler
inefficace pour un autre.
En définitive, il n'existe pas de méthodologie
unique et valable pour tous les textes, il y a des démarches
spécifiques à chaque type de texte. Le professeur ne doit pas
appliquer une méthodologie figée et unique quel que soit
l'écrit mais il doit utiliser des techniques adaptées au type de
texte pour lire et donc comprendre plus rapidement.
Les grandes articulations d'une leçon de lecture
restent cependant les mêmes. Il s'agit d'observer le texte pour
reconnaître sa forme et le type auquel il appartient, et construire du
sens à partir d'indices prélevés du texte. Un accent
particulier doit être mis sur la cohérence sémantique, le
repérage des structures d'articulation logique pour mieux rendre compte
du sens qu'est censé véhiculer un texte.
L'apprenant de la classe de 3ème est
censé maîtriser la combinatoire. Il a des attitudes de lecteur, on
peut dire qu'il sait lire. Quand on sait lire, les objectifs d'apprentissage de
la lecture doivent être différents : identifier avec
sûreté le type de texte. Lire vite. Adapter sa vitesse de lecture
à ses intentions. Lire des textes longs. Dire un texte.
Identifier avec sûreté un type de texte :
avoir en mémoire suffisamment d'indices (silhouette, emploi des
temps...) pour reconnaître un texte de type narratif, descriptif,
argumentatif, injonctif, informatif, fonctionnel ou historique.
Lire vite : prélever le plus possible d'indices
dans un minimum de temps et les associer pour avoir une compréhension
plus rapide d'un texte.
Adapter sa vitesse de lecture à ses intentions :
lire vite en diagonale pour rechercher une information dans un texte, lire
rapidement la table des matières d'un livre pour retrouver la page qui
correspond à une attente, à un besoin d'information ou lire
lentement un poème pour en apprécier le rythme.
Lire des textes longs pour dédramatiser le passage de
la lecture des extraits à celle des contes, des nouvelles, des romans,
des pièces de théâtre ou des recueils de poèmes.
Dire un texte : transmettre oralement ce qu'on a appris
d'un texte à un tiers. Cela sous-entend qu'il faut lire silencieusement
d'abord un texte avant de le dire.
Dans ces conditions, toute explication de mot ou expression
doit être succincte, puisque le professeur vise à obtenir une
bonne compréhension du texte en vue d'une meilleure lecture, et non
l'acquisition de mots nouveaux et encore moins des termes apparentés. La
leçon de lecture ne doit pas se transformer en un exercice de
vocabulaire pour lequel l'emploi du temps assigne un temps précis.
Pour habituer les apprenants de la classe de
3ème à une lecture personnelle, le professeur peut
indiquer la veille le texte du lendemain. Les apprenants auront le loisir de le
lire attentivement, de noter les mots et expressions qu'ils ne saisissent pas
très bien.
Le professeur doit faire prendre conscience que bien lire ne
consiste pas seulement à adopter le ton qui convient au texte, à
réaliser les inflexions que réclame le sens du texte, mais aussi
à ne pas omettre les liaisons indispensables et à s'abstenir d'en
faire d'autres par erreur.
Le professeur doit savoir insister sur la lecture expressive
car elle fait valoir les mots essentiels de la phrase, traduit les sentiments
par les intonations, les inflexions et les pauses suggérées par
le sens et non toujours indiquées sur le texte. Tout en exigeant une
articulation nette, une prononciation impeccable, le professeur proscrira le
ton déclamatoire qui paraît ridicule, bannira toute
précipitation dans le débit comme toute lenteur
exagérée. A ce propos, Frère Macaire (1980) affirme
que le rythme moyen d'une bonne lecture expressive « se situe
entre 130 et 140 mots à la minute »113(*).
Le professeur n'oubliera pas que l'acquisition aisée de
la lecture expressive repose sur un processus d'audition et d'imitation
plutôt que d'explication. Il s'appliquera à la prononciation, au
rythme et au débit de la phrase que doivent mettre en valeur les faits
et les sentiments.
Au cours de la lecture, le professeur se gardera
d'arrêter un apprenant pour de légères peccadilles, mais il
attendra la fin de la lecture ou du paragraphe pour lui signaler ses erreurs.
Une bonne pratique consiste à intéresser tous les
élèves de la classe à la lecture de leur camarade, en leur
chargeant une fois le texte lu, d'en faire la critique.
En contexte d'enseignement-apprentissage, le professeur a
l'obligation de veiller à ne pas aborder que des textes se
référant à la vie quotidienne et à leur
environnement immédiat. Aux textes descriptifs, il
préfèrera les autres types de textes.
Comme il est souhaitable de développer chez les
apprenants le goût et le sens du beau, le professeur se
préoccupera de l'illustration, des dessins, des photographies et des
reproductions des tableaux. Pour un professeur, évaluer de
manière réfléchie ses stratégies, ses
méthodes et ses techniques, permet d'accroître et d'étoffer
son répertoire d'approches pédagogiques et, partant
l'efficacité de son enseignement-apprentissage.
Il existe cinq principales stratégies
d'enseignement-apprentissage parmi lesquelles l'enseignant est tenu de choisir
celle qui s'adapte le mieux à la phase de la situation
d'enseignement-apprentissage qu'il se propose de mettre en oeuvre. Il s'agit de
l'enseignement direct, l'enseignement indirect, l'enseignement interactif,
l'étude ou pratique indépendante, et l'apprentissage
expérientiel.
L'enseignement direct est fortement axé sur le
professeur et comprend une vue d'ensemble, un mini-exposé (enseignement
magistral), des exercices d'entraînement, des comparaisons, des
démonstrations, des activités de pré-lecture,
pré-écoute et pré-projection.
L'enseignement indirect est une stratégie
axée sur l'apprenant. Les méthodes d'enseignement indirect sont
très efficaces lorsqu'il s'agit de chercher à faire
réfléchir les apprenants ; lorsqu'on cherche des
résultats touchant les attitudes, les valeurs ou les relations
interpersonnelles des apprenants.
Dans l'enseignement direct, faut-il le rappeler, la
démarche est aussi importante que le produit, et l'accent est mis sur
une compréhension personnalisée et sur la rétention
à long terme des concepts ou des généralisations. Il
s'agit pour un apprenant de développer la capacité de poursuivre
sa formation durant toute sa vie car nous l'avons déjà
mentionné, la lecture est un comportement en devenir,
c'est-à-dire qui ne saurait être acquis une fois pour toute la
vie.
L'enseignement indirect se focalise sur la résolution
de problèmes, les techniques de lecture, la discussion guidée, la
réflexion personnelle, le schéma conceptuel, et l'acquisition de
concepts.
En apprenant aux apprentis lecteurs des techniques de lecture,
on les aide à mieux comprendre et interpréter ce qu'ils lisent.
Ils apprennent à distinguer l'information pertinente de l'information
qui ne l'est pas, à trouver les idées-clés, les
thèmes, les implications, etc.
L'enseignement interactif s'adresse à des
groupes d'apprenants. Avant de se mettre à l'ouvrage, les membres du
groupe doivent savoir ce que l'on attend d'eux, de combien de temps ils
disposent pour mener leur tâche à bien, et quels sont les
critères et les méthodes d'évaluation. L'enseignement
interactif se pratique avec les pairs et dans les groupes d'apprentissage
coopératif. Il se réalise à l'aide du
remue-méninge, des discussions ouvertes, des tables rondes et des
entrevues.
L'étude ou pratique indépendante fait
référence à la gamme de méthodes d'enseignement qui
encouragent chez l'apprenant l'initiative personnelle, la confiance en soi et
l'auto-perfectionnement. L'étude ou pratique indépendante peut
consister à apprendre en coopération avec un autre apprenant ou
au sein d'un petit groupe ; elle comprend également les
activités entreprises par un apprenant seul.
L'apprentissage autonome a des implications dans le domaine de
la prise de décision, car les individus sont censés analyser des
problèmes, réfléchir, prendre des décisions et agir
selon l'objectif qu'ils se seront fixé. Pour pouvoir prendre la
responsabilité de leur vie à une époque de changement
social aussi rapide, les apprenants ne devront jamais cesser d'apprendre. Comme
la plupart des aspects de la vie de tous les jours sont sans doute
appelés à changer profondément, l'apprentissage autonome
devrait permettre aux apprenants de mieux s'adapter aux contraintes qu'imposent
le travail, la famille et la société.
L'étude ou pratique indépendante est
constituée d'une trousse d'activités, des contrats
d'apprentissage, des devoirs, des projets de recherche, des apprentissages et
des pratiques autonomes ainsi que de l'enseignement assisté par
ordinateur.
L'enseignement expérientiel est un
enseignement axé sur l'apprenant.Il met l'accent sur la démarche,
et non sur le résultat ; il favorise beaucoup la
compréhension et l'assimilation. Il motive davantage les apprenants en
faisant appel à leur participation active et en leur demandant de
décrire mutuellement ce qu'ils font.
Ce type d'enseignement procède par induction. Selon
l'approche inductive, à partir d'illustrations ou d'exemples, on tire
une règle, un concept ou une généralisation. Cette
approche repose sur l'activité ; il amène l'apprenant
à réfléchir sur une expérience et à
appliquer ses conclusions à d'autres contextes.
L'enseignement expérientiel comprend trois
étapes : la préparation, l'expérience et
l'objectivation. La préparation renvoie à l'amorce, aux
objectifs, aux règles de conduite, et à l'introduction du
vocabulaire essentiel. L'expérience fait référence
à ce que l'apprenant fait une activité. L'objectivation
désigne le partage, l'analyse, l'inférence et l'application de
l'information.
Ainsi, les stratégies à adopter pour
enseigner-apprendre la lecture doivent être tributaires de l'objectif que
l'on vise, du type de lecture, du genre de lecture, de la modalité de
lecture ainsi que de la situation et du contexte dans lesquels la lecture a
lieu. Les types de lecture sont la lecture pour la recherche, la lecture
pour l'exploration, la lecture pour le repérage. Les genres de lecture
sont la lecture en diagonale, la lecture sélective, et la lecture
intégrale. Les modalités de lecture sont la lecture
compréhension et la lecture communication.
A la suite de la présentation de ces stratégies
d'enseignement-apprentissage, notre attention est particulièrement
retenue par l'enseignement expérientiel. En se fondant sur cette
stratégie, nous constatons que l'on pourrait retenir une situation
d'enseignement-apprentissage à trois temps. Il s'agit de retenir pour
toute situation d'enseignement-apprentissage trois phases : la
préparation, la réalisation et l'intégration.
La phase de préparation consiste en une prise de
contact avec l'objet d'apprentissage qui, dans le cas de notre étude est
le texte de lecture. Cette phase vise à motiver l'apprenant à
construire ses savoirs. Alors que l'apprenant s'apprête à
construire ses savoirs, le professeur joue le rôle d'agent catalyseur.
Dans cette phase, les actions de l'apprenant et du professeur concernent
principalement le contrat didactique - c'est-à-dire les dispositions
particulières que prendra chaque acteur de la relation
pédagogique à la suite de la communication de l'objectif du cours
-, le contrôle des pré-requis cognitifs et affectifs, la
tâche d'apprentissage, les conditions de réalisation, les
critères d'évaluation et la planification du travail
c'est-à-dire l'anticipation des stratégies.
En somme, les anciennes appellations (communication de
l'objectif d'apprentissage, motivation, révision fonctionnelle,
contrôle des pré-requis) fusionnent pour constituer ce qui
convient d'être appelé phase de préparation.
La phase de réalisation correspond quant à elle,
à l'ancienne appellation de leçon du jour ou d'acquisitions
nouvelles. Cette phase consiste en l'appropriation de l'objet d'apprentissage,
c'est-à-dire la compréhension maîtrisée du texte
dans le cadre de la lecture. Cette étape vise à guider
l'apprenant dans la construction de ses savoirs : concepts, processus,
stratégies, etc. Alors que l'apprenant construit activement ses savoirs,
le professeur a un rôle d'agent facilitateur. A cette étape, les
actions de l'apprenant et du professeur concernent principalement les
apprentissages, l'organisation et la gestion des ressources, les
stratégies cognitives et métacognitives, la verbalisation des
difficultés et des besoins.
Enfin la phase d'intégration. Dans cette phase, il
s'agit de la prise de conscience des apprentissages réalisés.
Cette étape vise à guider l'apprenant à intégrer et
transférer ses savoirs. Elle est destinée à amener
l'apprenant à prendre conscience des apprentissages
réalisés dans le but d'un transfert. La capacité de
transférer témoigne ordinairement du niveau de
développement d'une compétence. Alors que l'apprenant fait le
point sur ses nouveaux savoirs, le professeur a un rôle d'agent
intégrateur à ce stade du déroulement de la situation
d'enseignement-apprentissage.
Les actions de l'apprenant et du professeur concernent
principalement les progrès réalisés, la reconnaissance de
la justesse des démarches et stratégies utilisées, les
activités de réinvestissement ou de transfert.
Ainsi, à la phase de l'ancienne évaluation, on
peut désormais réaliser l'intégration qui, en plus du
contrôle traditionnel des acquis scolaires, préconise
également l'évaluation des stratégies utilisées et
consacre la nécessité d'envisager le réinvestissement ou
le transfert. Une telle nécessité vise à accroître
le sens que l'apprenant peut donner au savoir qu'il acquiert.
La principale innovation que nous apportons aux
méthodes d'apprentissage de la lecture tient de ce qu'il faut combiner
désormais les différentes stratégies d'enseignement avec
les étapes de la démarche méthodologique de la
leçon de lecture. En effet, à chaque étape classique du
déroulement de la séance, il convient d'y introduire la
stratégie d'enseignement la plus adaptée afin de mieux la
dynamiser et la rentabiliser.
Une fois qu'une stratégie d'enseignement est introduite
à une étape donnée, il importe alors de prévoir la
modalité de travail qui convient le plus. Il n'est pas superflu de
rappeler que cela doit être accompagné de consignes très
précises à l'instar du projet de fiche que nous joignons en
annexe.
C.
Approche des textes
La classe de 3ème représente une
étape décisive pour la maîtrise des discours. Le principal
objectif pratique de la lecture consiste à consolider l'autonomie des
apprenants face à des textes divers. Les apprentissages se focalisent
sur la compréhension et la pratique des textes argumentatif, descriptif,
narratif, explicatif et fonctionnel. Les lectures doivent être nombreuses
et diversifiées, incluant la littérature pour la jeunesse, les
textes documentaires et les images.
Le choix des textes et des oeuvres doit porter sur divers
types et genres notamment l'autobiographie, la poésie, le roman, la
nouvelle et le théâtre.
L'autobiographie : l'étude de l'autobiographie
permet d'engager la réflexion sur le discours autobiographique et
d'observer comment le narratif s'y associe à l'argumentatif.
La poésie : en poésie, il importe de mettre
l'accent sur la poésie lyrique et la poésie engagée y
compris le texte de chanson.
Le roman et la nouvelle : il est nécessaire de
poursuivre l'étude des formes narratives, en diversifiant les textes et
les pratiques de lecture.
Le théâtre : dans ce genre, il s'agit
surtout d'analyser la relation entre le canal verbal et le canal visuel, et
familiariser les apprenants avec les modes de communications auditif et
visuel.
En somme, le choix des textes et d'oeuvres doit tenir compte
de la littérature pour la jeunesse, des textes porteurs des
références culturelles, des textes documentaires et des images.
L'idéal est de familiariser les apprenants de la classe de
3ème avec divers types de textes et différents genres
littéraires afin qu'ils acquièrent des mécanismes qu'ils
auront à réinvestir en vue de la lecture de tout type
d'écrit.
D.
Evaluation
En situation d'enseignement-apprentissage, il existe plusieurs
formes d'évaluation. Les formes les plus utilisées sont
l'évaluation pronostique ou diagnostique, l'évaluation formative
ou formatrice, et l'évaluation sommative ou régulatrice.
En lecture, toutes ces formes d'évaluation portent
uniquement sur l'acte global de lecture. Il importe d'évaluer aussi en
contexte d'enseignement-apprentissage les composantes de l'acte de lecture.
Elles se déclinent en vitesse de lecture, oeil habile, oeil panoramique,
mémoire fidèle et capacité d'anticipation.
Evaluation de la vitesse de lecture
Une évaluation de départ permet à
l'apprenant de la classe de 3ème de faire le point de sa
vitesse de lecture. L'allure de « 180 mots (900 signes) à la
minute au minimum 114(*) » étant nécessaire, il
s'agit pour lui d'essayer, grâce aux exercices d'entraînement de
parvenir à 260 mots (1300 signes) à la minute. Pendant
l'entraînement, trois règles d'or peuvent faire progresser. Il
s'agit de : lire des yeux, être attentif, ne pas revenir inutilement
en arrière.
Evaluation de l'habileté de l'oeil :
évaluer régulièrement l'habileté de son oeil permet
de prendre conscience de ses progrès, et de renforcer son adresse et sa
précision. Un texte suivi de questions à choix multiples ou des
affirmations à propos desquelles il faut répondre par vrai ou
faux, et le mot témoin constituent des outils d'évaluation de
cette habileté.
Evaluation de l'agilité visuelle
Evaluer son agilité visuelle ou son empan visuel permet
de s'exercer à saisir le maximum de signes graphiques à chaque
arrêt de l'oeil. Il s'agit en effet d'élargir son champ de vision.
Les exercices de reconnaissance des mots après un balayage des lignes de
mots et expressions et ceux portant sur le repérage des intrus sont des
items d'évaluation de cette faculté.
Evaluation de la mémoire
Evaluer sa mémoire c'est tester sa capacité de
rétention. Exercer sa mémoire immédiate permet
d'accroître son efficacité en lecture. Les activités de
reconnaissance des mots et celles portant sur le mot témoin constituent
d'excellents moyens d'évaluation de cette faculté.
Evaluation de la capacité d'anticipation
Evaluer sa capacité d'anticipation consiste à
tester son aptitude à prévoir ce qui suit à partir de ce
qui précède : indices de sens, indices grammaticaux, indices
de forme. Les indices de sens concernent le contexte et la logique de
l'écrit. Les indices de forme font référence à la
silhouette que prend le texte. Les indices grammaticaux désignent les
lettres majuscules et les signes de ponctuation. Le texte à trous et le
texte puzzle offrent des opportunités d'évaluation de cette
faculté.
Ainsi, l'évaluation des composantes de l'acte de
lecture permet de contrôler la manière de lire, d'accroître
l'habileté visuelle et intellectuelle, de fortifier la mémoire et
de renforcer la capacité d'anticipation d'un apprenti lecteur par la
prise de conscience de l'importance des composantes dont la somme constitue
l'acte de lecture.
Après avoir présenté les propositions
d'innovation relatives aux grands champs pédagogique et didactique, aux
stratégies d'évaluation des compétences de lecteur, nous
abordons celles qui concernent le milieu de résidence de l'apprenant,
son niveau d'équipement en support pluriel d'enseignement-apprentissage
de la lecture, et le recours à un nouveau profil d'enseignants.
2. Utilité de la contribution du milieu
Les résultats de l'enquête que nous avons
exposés au chapitre IV à propos du milieu de résidence de
l'apprenant ont montré qu'il offre de bonnes conditions
matérielles de vie. En revanche, il n'assure pas toujours les conditions
intellectuelles de l'apprentissage de la lecture. Les suggestions suivantes
pourraient contribuer à améliorer le milieu d'origine de
l'apprenant en vue de l'apprentissage efficace et de la pratique effective de
la lecture.
L'apprentissage de la lecture nécessite une
véritable collaboration entre l'école et le milieu. Certains
éléments du milieu comme le niveau d'études de la
mère, sa catégorie socioprofessionnelle, le niveau
d'études du père, sa catégorie socioprofessionnelle, son
statut matrimonial, la disponibilité d'une salle d'études et
d'une table de travail, le moyen d'information choisi, le moyen
d'éclairage utilisé devraient favoriser l'apprentissage de la
lecture.
C'est la raison pour laquelle il serait bon que
l'apprentissage de la lecture tienne compte de la nature du milieu auquel
appartient l'apprenant. Globalement, le milieu doit favoriser l'apprentissage
de la lecture au triple plan affectif, cognitif et d'action.
A.
Contribution du milieu au plan affectif
La contribution du milieu au plan affectif fait
référence à l'encadrement que les adultes doivent apporter
à l'adolescent, à son incitation à l'apprentissage de la
lecture par les parents. Nous nous en tenons au rôle que les parents d'un
apprenant sont censés jouer dans sa réussite scolaire et
particulièrement en lecture.
La première forme d'aide au travail scolaire qu'une
famille peut apporter à un apprenant est de s'y intéresser. Le
faire signifie instaurer le dialogue entre les parents et le professeur,
participer aux activités que l'établissement organise. La
conviction d'un adolescent de la classe de 3ème que son
père (ou tuteur) collabore avec son établissement est le gage de
la réussite pour ce dernier. Jacques Fijalkow [sd], parle à ce
propos de :
La rencontre triangulaire enfant, parent et maître
au terme de laquelle le rôle du maître consiste à ce que
résulte un contrat d'apprentissage entre les trois partenaires115(*).
Un tel contrat rassure l'apprenant que ses parents (ou
tuteurs) et son enseignant désirent tous qu'il réussisse. Il a
tout intérêt à s'engager dans les apprentissages scolaires.
Le père prend conscience qu'il ne s'agit nullement de :
Enquêter de façon plus ou moins
policière sur les contenus d'apprentissage, mais de se faire expliquer
par l'enfant lui-même ce qui se passe, s'il a envie116(*).
Il s'agit plutôt de rester disponible à toutes
les demandes éventuelles d'un apprenant, à ses propositions de
raconter et de partager son expérience de lecteur. Cela implique que les
parents sont alphabétisés et sont d'un certain niveau de culture.
Or, en République du Congo singulièrement et en
Afrique noire en général, dans les zones rurales tous les parents
ne disposent pas de ces atouts. Seule une minorité de parents est
lettrée, ce qui rend très complexe l'aide attendue des parents en
ce qui concerne les apprentissages scolaires. C'est dans ce sens que Marc
Talansi (1989) a pu écrire que Brazzaville, capitale de la
République du Congo, ne constitue pas un milieu propice à la
lecture117(*).
Il est surtout hors de question de donner l'impression
à un adolescent qu'il est contrôlé. La surveillance
implique la méfiance et provoque le mensonge. Ce n'est ni par le
contrôle, ni par la menace, qu'un parent (ou tuteur) peut aider un
adolescent à travailler, mais par une attention soutenue sur son
travail.
Il n'est pas souhaitable que les membres de la famille portent
essentiellement leur attention sur les résultats positifs qu'un
adolescent obtient. Il serait bon qu'ils s'intéressent plutôt
à ce qu'il ne sait pas faire pour l'encourager à
persévérer. Le contraire risque de le traumatiser et provoquer en
lui un désintérêt pour la lecture.
Il est plutôt recommandé que les parents (ou
tuteurs) suscitent chez l'adolescent l'envie de lire pour que celui-ci se sente
intégré dans l'univers du lire/écrire, c'est-à-dire
du monde de l'écrit. Pour ce faire, il serait souhaitable qu'ils
accompagnent l'adolescent dans son travail. Celui-ci a besoin d'être
rassuré qu'il dispose des moyens pour réussir à
l'école.
Les parents devraient aider l'adolescent à surmonter
ses difficultés de lecture. Elles sont de trois dimensions :
cognitive, affective et opératoire. Les premières sont
liées aux règles de fonctionnement des objets de lecture et des
stratégies de construction du sens.
Les deuxièmes sont relatives à ce que
l'adolescent de la classe de 3ème à Brazzaville se
sent très souvent étranger à l'univers du
lire/écrire car il a peur de la lecture et de la langue dans laquelle
les textes sont écrits.
Les troisièmes concernent les mauvaises habitudes
acquises pendant les premiers apprentissages : la lecture
linéaire, les capacités perceptives insuffisamment
développées, le déchiffrage, l'oralisation, le manque de
projets de lecture, la sub-vocalisation, le manque de variation de modes, de
types et de supports de lecture, comme nous l'avons indiqué dans les
pratiques pédagogiques actuelles.
Aussi, les parents peuvent-ils aider l'adolescent à
préparer la lecture et le prolongement des activités de la
lecture à la maison. Pour lui montrer l'importance capitale de la
lecture en tant qu'une arme sociale, ils peuvent attirer son attention sur tout
ce qui est écrit à la maison ainsi que dans la rue, sur les
publicités à la télévision, sur les notices des
produits pharmaceutiques et les modes d'emploi des appareils
électroménagers ; l'attention étant :
Un processus de sélection des différentes
informations qui se présentent à l'esprit, celui-ci se focalisant
sur certaines d'entre elles, jugées pertinentes, signifiantes, au
détriment des autres qui sont écartées118(*).
Les parents devraient par ailleurs initier l'aprenti lecteur
à utiliser le dictionnaire, à faire quelques-unes de ses
recherches dans des encyclopédies, à visiter les lieux de lecture
comme les bibliothèques, les centres de lecture et les centres de
documentation et d'information, à la recherche d'ouvrages documentaires
permettant de trouver des réponses aux problèmes qui se posent
à lui.
Il est désormais acquis que l'apprentissage de la
lecture ne saurait se limiter uniquement aux livres de lecture et à la
classe. Il existe d'autres supports et d'autres lieux de lecture. Les supports
de lecture désignent les livres, les revues, la
télévision, l'ordinateur et les affiches. Les lieux de lecture
font référence aux bibliothèques, aux librairies et aux
kiosques à journaux. C'est certainement pour cela que Marc Talansi
(1989) préconise que :
Il est souhaitable qu'une bibliothèque soit
implantée dans chaque établissement pour permettre à
chaque apprenant, au moment où son esprit est encore malléable,
de faire de la lecture un besoin permanent dans sa vie119(*).
C'est probablement dans ce sens que le projet franco-congolais
de lecture publique120(*) vise à :
- réhabiliter le réseau de lecture publique sur
l'ensemble du territoire national ;
- mettre en place les bibliothèques pilotes
départementales ;
- constituer un réseau de bibliothèques
partenaires associées.
Dans le cadre de ce projet, treize (13) bibliothèques
fonctionnaient à Brazzaville et quelques-unes dans les chefs-lieux de
département de la République du Congo, au moment de la
réalisation de l'étude qui a abouti à
l'élaboration du présent manuel.
Il s'agit d'aider l'apprenant à s'approprier des
stratégies de construction de sens, de savoirs et de faire de
l'école non seulement le lieu de l'apprentissage de la lecture, mais
celui de la découverte du livre et du plaisir de lire. Dans ce sens,
Isabelle Iam suggère :
De prévoir dans le temps scolaire, des moments de
lecture libre, de lecture extensive, de type bibliothèque,
intégrés à la vie de la classe, si toutefois
l'architecture scolaire et les pesanteurs administratives le
permettent121(*).
Les parents ont l'obligation d'aider l'adolescent à
découvrir lui-même la nature et les causes de ses
difficultés de lecture. A partir du moment où il les comprend,
les solutions seront non seulement aisées à trouver mais beaucoup
plus efficaces, car c'est lui-même qui doit résoudre les
problèmes d'apprentissage qu'il rencontre. Cela n'est possible que s'il
a confiance en ses propres capacités à les résoudre.
Permettre à un adolescent d'avoir ce type de confiance,
telle est la tâche essentielle des parents. Ils doivent l'accompagner
dans l'exploitation des pistes allant vers une amélioration de ses
performances, sans prétendre les améliorer eux-mêmes ou les
faire améliorer par un spécialiste. Il n'y a pas de solutions
miracles qui peuvent dispenser un adolescent du travail personnel. Tout
dépend des conditions de travail et de l'ambiance affective dans
laquelle il se déroule. Il faut, comme le suggère Eveline
Charmeux (1998) :
Assurer l'enfant sur ses chances de
réussir122(*).
En dédramatisant l'échec, en le
dépersonnalisant, en faisant apparaître sa relativité, et
en aidant l'adolescent à s'approprier des stratégies pour
réussir, les parents lui rendent un service utile. Il est important de
faire prendre conscience à l'adolescent qu'apprendre ce n'est pas
qu'acquérir des contenus tout faits, c'est aussi s'approprier les moyens
de les construire c'est-à-dire les connaissances procédurales.
Ainsi, tout le confort matériel et intellectuel dont
dispose une famille devrait être mis à contribution en vue de la
réussite scolaire de l'enfant, et particulièrement à sa
réussite en lecture, discipline transversale et compétence
fondamentale.
En résumé, il convient de mettre l'adolescent en
confiance et de lui montrer que sa famille l'aime et voudrait qu'il sache lire
et bien lire, dans son propre intérêt, eu égard au
rôle fondamental que joue la lecture au plan de la réussite
scolaire et de l'ascension sociale d'un individu.
B.
Contribution du milieu au plan cognitif
Les adultes lettrés ont le devoir d'aider l'adolescent
à comprendre comment fonctionne l'écrit, à disposer des
supports de lecture à la maison, à varier ses conduites de
lecture pour les adapter aux différents supports et aux divers types de
projets de lecture, car elle peut en viser plusieurs :
- chercher des informations ;
- analyser un texte ;
- prendre des notes, résumer et synthétiser des
données ;
- écrire, communiquer ;
- créer.
La lecture peut se faire selon plusieurs
modalités : lecture recherche, lecture compréhension,
lecture sélection (ou lecture repérage).
Ainsi, il est nécessaire que le choix du support et de
la conduite de lecture se fassent en fonction de l'objectif visé car
c'est en tenant compte de celui-ci que l'on se donne des moyens pour
l'atteindre.
C.
Contribution du milieu au plan de l'action
Il est souhaitable que les adultes qui savent lire et
écrire, amènent l'adolescent à découvrir ses
mauvaises habitudes de lecture généralement dues aux conditions
dans lesquelles les apprentissages premiers se sont déroulés. Une
telle découverte semble être la condition indispensable d'une
amélioration de la qualité de la lecture.
En somme, l'aide du milieu socioculturel concerne
l'environnement matériel et affectif, et l'aide à la
compréhension des mécanismes de la lecture. La
représentation que l'adulte se fait de l'adolescent doit être
positive et la confiance inébranlable à sa réussite. Seule
l'aide du milieu socioculturel au double plan matériel et affectif ne
peut favoriser l'apprentissage de la lecture, tout apprentissage
requérant aussi la disponibilité d'un minimum de support pluriel
d'apprentissage.
3. Importance du support denseignement-apprentissage
Nos résultats de l'enquête ont établi que
le manque de matériel didactique et pédagogique ne favorise pas
l'enseignement-apprentissage et la pratique de la lecture. L'analyse suivante a
pour objectif de montrer l'importance d'un minimum de support pluriel
d'enseignement-apprentissage de la lecture, même si le manque de celui-ci
ne constitue plus de nos jours un handicap insurmontable car des pistes pour
enseigner et apprendre le français sans manuels existent à la
lumière de nombreux travaux sur la question.
Actuellement la littérature distingue quatre
catégories de support : les manuels classiques, les manuels
d'inspiration actuelle, les méthodes à prétention
scientifique et les outils d'aide à l'apprentissage123(*).
Les manuels classiques visent la mise en place des
mécanismes de base de la compréhension de l'écrit.
Très souvent, ils mettent l'accent sur la capacité à
oraliser n'importe quel texte afin de permettre une compréhension dont
les spécialistes pensent qu'elle ne peut apparaître qu'à
partir de l'oralisation.
Les manuels d'inspiration actuelle se caractérisent par
l'introduction de certaines données nouvelles comme les bandes
dessinées, les reproductions de journaux, de magazines, de recettes de
cuisine et de textes fonctionnels dans les manuels.
Les méthodes à prétention scientifique
sont multiples. Une analyse minutieuse de cette catégorie conduit
à constater que les données scientifiques dont ces
méthodes se réclament ne concernent jamais directement la lecture
en tant que telle. Elles sont l'oeuvre de médecins, spécialistes
des enfants en difficulté, de psychologues ou de linguistes, chacun
mettant en oeuvre ses propres hypothèses, à partir de sa propre
spécialité, sans se soucier des autres dimensions de la
lecture.
Les outils d'aide à l'apprentissage sont
constitués du multimédia, des fichiers, des didacticiels et des
cédéroms. Malheureusement, ces outils sont encore trop chers eu
égard au niveau de développement économique actuel des
parents d'élèves en Afrique noire francophone subsaharienne. Nous
ne pouvons conseiller l'utilisation d'un tel matériel au moment
où le ratio livre/élèves est encore d'environ un livre
pour quinze124(*) en
République du Congo, par exemple.
En réalité, lire est une activité
beaucoup plus complexe que ne le pensent certains pédagogues et
concepteurs de manuels scolaires. L'analyse de la lecture fait appel à
des données scientifiques appartenant à des disciplines
diverses : psychologie, physiologie de la perception, linguistique ..., et
son apprentissage ne peut être défini sans les données
nouvelles de la psychologie de l'enfant et des théories de
l'apprentissage.
A cause de l'insuffisance de manuels liée aux
dispositions mentales des apprenants et à l'état de
paupérisation de leurs parents, il est possible d'envisager d'autres
procédés d'enseignement-apprentissage comme nous l'avons
noté au chapitre VIII.
Le professeur de français peut recourir aux coupures de
journaux et aux bandes dessinées. Il est vrai que les bandes
dessinées et les planches que les associations non gouvernementales
(ONG) et les organismes internationaux distribuent dans les villes d'Afrique
noire ne sont pas initialement conçues pour l'enseignement-apprentissage
de la lecture.
A défaut des manuels de lecture, ce type de support
peut tout à fait servir à l'enseignement-apprentissage et
à la pratique de la lecture dans les classes de 3ème
qui sont celles d'examen d'Etat en Afrique noire francophone. Nous avons
indiqué que le conte, l'image et le texte de chanson peuvent constituer
des supports d'enseignement-apprentissage de la lecture dans les classes de
3ème où les apprenants aiment la musique et les
chansons de variété.
Ainsi, le manque de manuel ne doit plus constituer
actuellement un handicap insurmontable à l'enseignement-apprentissage de
la lecture. De nombreuses possibilités d'enseignement-apprentissage de
la lecture sans livres existent de nos jours. Il s'agit simplement de savoir
les utiliser. En dépit de l'existence de ces possibilités, le
Gouvernement congolais prend des initiatives pour trouver des solutions au
manque de manuels scolaires dans les classes.
En effet, la Convention n° AG/DGEF/1M/291098-3 entre
l'Agence de la Francophonie (ACCT) et le Ministère congolais de
l'Enseignement Fondamental et Secondaire a pour objet l'émergence des
capacités nationales dans le secteur de l'édition, de la
distribution et l'impression en vue de disposer durablement de manuels
scolaires au profit des élèves et des enseignants.
Au terme de cette convention, l'Agence se propose de mettre
à la disposition du projet congolais d'appui à l'édition
et à la distribution de manuels scolaires son fonds d'aide au manuel
scolaire. Le but de ce fonds est de favoriser l'accès au manuel
scolaire, grâce à l'appui accordé à l'édition
et à l'impression locale du Sud et au développement du
partenariat Sud-Sud et Nord-Sud.
Le fonds d'aide poursuit particulièrement les objectifs
suivants :
- subventionner la création, l'actualisation,
l'adaptation ou la réimpression de manuels afin d'abaisser le coût
de production et le prix de vente ;
- favoriser la diffusion et la distribution des manuels afin
qu'ils parviennent au plus grand nombre possible de parents
d'élèves à un prix de vente qui puisse correspondre
à leur pouvoir d'achat ;
- appuyer la formation des maîtres à
l'utilisation et à l'évaluation des manuels de manière
à améliorer aussi bien la compétence des enseignants que
la qualité des ouvrages produits ;
- appuyer la formation aux métiers du livre.
Dans le cadre de cette convention, il s'est
réalisé la publication d'une collection complète de
manuels de français pour l'Enseignement fondamental
dénommée « Horizons d'Afrique » et celle
d'une collection complète de manuels de mathématiques
d'après le programme CONFEMEN. Il reste à souhaiter qu'une telle
initiative, qui pour l'instant n'intéresse que l'Enseignement primaire,
soit étendue à la publication d'une collection de manuels de
français pour l'enseignement secondaire premier cycle.
Le Projet d'Appui à l'Education de Base (PRAEBASE) se
propose à travers sa composante « Amélioration de la
qualité de l'éducation » de pourvoir les
élèves congolais, pendant quatre ans, en manuels de
français, de mathématiques et d'éducation civique, morale
et pour la paix à raison de :
- à l'enseignement primaire : 1 livre par
élève ;
- à l'enseignement secondaire premier cycle : 1
livre pour deux élèves.
Au-delà des enjeux des supports
d'enseignement-apprentissage susmentionnés, de l'insuffisance des
manuels liée à l'état de pauvreté des parents
d'élèves et en considérant toutes les difficultés
auxquelles sont confrontés les professeurs chargés des classes de
3ème en français que nous avons observés, il
serait possible d'envisager un nouveau profil d'enseignants de
français.
4. Nécessité d'un nouveau profil des
enseignants
Loin d'être des éternels manoeuvres d'application
de pratiques et d'outils conçus par d'autres à leur place, ces
enseignants auraient un comportement de construction vivante et autonome de
leur classe. Une telle approche nous semble raisonnable car
Apprendre c'est construire son savoir et le seul outil qui
puisse aider à cette construction, c'est le cerveau de celui qui
apprend125(*).
Comme cette construction n'est ni spontanée ni facile,
elle requiert l'intervention de l'enseignant dont la tâche n'est point
uniquement de transmettre le savoir, mais de réunir les conditions
nécessaires à sa construction par l'apprenant lui-même. Ces
enseignants auraient comme options fondamentales :
- une exigence de formation théorique qui leur permette
de maîtriser parfaitement ce qu'ils ont à enseigner ;
- une volonté de travailler en équipes, pour
échanger et confronter observations, résultats et
expériences ;
- une conception de l'apprentissage qui prenne
réellement en compte les apprenants, ce qu'ils sont et ce qu'ils savent,
en relation avec les connaissances actuelles sur le fonctionnement de
l'apprentissage et de la construction des connaissances ;
- une volonté de lutter contre l'échec scolaire,
à la lumière d'une analyse rigoureuse et scientifique des causes
de celui-ci.
- une volonté de concevoir leur matériel
didactique et autres supports d'enseignement-apprentissage ;
- une idée assez haute de leur métier et la
conviction qu'il est difficile d'espérer développer l'autonomie
des apprenants si les enseignants ne sont pas autonomes eux-mêmes.
Les professeurs de ce profil pourraient contribuer à
faire varier les pratiques de lecture des apprenants de la classe de
3ème. Ils pourraient imaginer de nouvelles approches du texte
littéraire.
Le recours au conte, à la poésie, à la
chanson et au support iconographique pourrait faire aimer la lecture par les
apprenants et contribuer à leur faire changer de comportement
vis-à-vis de la lecture afin de vaincre la désaffection qu'ils
éprouvent pour l'écrit en général.
En définitive, la refondation de l'école
africaine en général et congolaise en particulier passe par le
renouvellement du profil des enseignants et le recours à l'approche par
compétences. Seuls, le renouvellement du profil des enseignants et le
recours à l'approche par compétences permettront à
l'école de jouer son véritable rôle de moteur de la
société.
5. Nécessité du recours à l'approche par
compétences
Dans le cas de la République du Congo, dont les
programmes d'étude sont écrits selon l'approche par objectifs, il
s'agit tout simplement de les transformer en programmes écrits selon
l'approche par compétences. Les objectifs généraux seront
transformés en compétences générales et les
objectifs spécifiques en compétences situées.
L'objectif général n° 3 relatif
à la lecture intitulé « comprendre des supports
écrits » deviendrait par exemple « comprendre des
supports écrits à l'occasion de l'exploitation des textes et des
iconographies ». Aux compétences situées, on ajouterait
des compétences transversales. Ces dernières ne sont pas des
finalités mais des opérateurs de compétences,
c'est-à-dire des moyens pour arriver à traiter des situations
décrites dans le profil de l'apprenant. Le profil devant être
écrit en termes de description de situations que l'apprenant, au terme
de sa formation, doit être capable de traiter.
Le profil de l'apprenant ne doit être écrit ni en
termes de compétences ni en termes d'objectifs. Ce type de profil
génère ordinairement de très forts taux d'échec
scolaires car il permet de réaliser des objectifs pour des objectifs ou
des compétences pour des compétences. Dans l'approche par
compétences, les profils décrivent les situations et les classes
de situations que les apprenants doivent être capables de traiter au
terme de leur formation.
Nous avons indiqué que l'approche par
compétences a le mérite d'introduire dans le dispositif
d'enseignement-apprentissage le principe de situation. La prise en compte de la
situation dans laquelle doit s'exercer la compétence permet de donner du
sens aux apprentissages. Dans la perspective d'une mise en oeuvre heureuse de
l'approche par compétences, le déroulement d'une séance
d'enseignement-apprentissage pourrait être le suivant :
a)- la préparation : la prise de contact avec
l'objet d'apprentissage
Cette phase vise à motiver l'apprenant à
construire ses savoirs. L'apprenant s'apprête à réaliser
des nouveaux apprentissages et le professeur joue le rôle de catalyseur.
Les actions de ces deux partenaires concernent principalement les buts
poursuivis, la motivation, les savoirs internes (cognitifs et affectifs), la
tâche, les conditions, les critères d'évaluation et la
planification du travail (anticipation des stratégies).
b)- la réalisation : l'appropriation de l'objet de
l'apprentissage
Cette phase vise à guider l'apprenant dans la
construction de ses savoirs (concepts, processus, stratégies, etc.).
L'apprenant construit activement ses savoirs. Le professeur a un rôle
d'agent facilitateur. Les actions de l'apprenant et du professeur concernent
principalement les apprentissages, l'organisation et la gestion des ressources,
les stratégies cognitives et métacognitives, la verbalisation des
difficultés et des besoins.
c)- l'intégration : la prise de conscience des
apprentissages réalisés
Cette phase vise à conduire l'apprenant à
intégrer et transférer ses savoirs. Elle est destinée
à amener l'apprenant à prendre conscience des apprentissages
réalisés dans le but d'un transfert. La capacité à
transférer témoigne du niveau du développement d'une
compétence.
L'apprenant fait le point sur ses nouveaux savoirs. Le
professeur a le rôle d'agent intégrateur. Dans cette phase, les
actions de l'apprenant et du professeur concernent essentiellement les
progrès réalisés, la reconnaissance et la justesse des
démarches et des stratégies utilisées, les
activités de réinvestissement ou de transfert.
En définitive, aujourd'hui plus qu'hier, la
priorité de l'école est d'apprendre aux enfants à parler
et à lire juste en vue de la résolution de leurs problèmes
de la vie scolaire et parascolaire. Parler juste, c'est s'exprimer avec la
volonté d'affirmer son pouvoir de parole mais aussi avec l'infinie
considération que l'on doit à autrui. Lire juste, c'est parcourir
tout texte avec le respect que l'on doit au texte et, partant, à son
auteur. Des trois fonctions de l'école, instruire, former,
éduquer, c'est donc bien la 3ème qui devient
aujourd'hui prioritaire.
CONCLUSION
Au terme de notre étude sur
l'enseignement-apprentissage de la lecture en classe de 3ème
dans quelques établissements scolaires de l'Afrique noire et
singulièrement de Brazzaville, il convient de formuler quelques
observations et d'en dégager leur impact.
L'amélioration de l'enseignement-apprentissage de la
lecture est sans doute tributaire du changement de comportement des professeurs
et des apprenants vis-à-vis de l'acte de lecture. Ce changement
dépend pour l'essentiel des facteurs milieu de résidence,
disponibilité d'un minimum de support pluriel
d'enseignement-apprentissage, amélioration et actualisation
fréquentes des pratiques pédagogiques et pratique
régulière de la lecture.
La lecture ne désigne pas seulement les
mécanismes de déchiffrage, mais la compréhension et la
maîtrise des textes écrits, vecteurs incontournables de la
réussite scolaire, de l'insertion sociale et souvent de
l'épanouissement personnel.
Ainsi, l'apprenant doit chercher dans les signes écrits
une information, au lieu de s'attacher au passage des signes graphiques aux
sons, ce qui peut aboutir à une lecture mécanique à peu
près dénuée de compréhension. A ce propos, Henri
Giraud (1972) affirme et nous sommes de cet avis que :
Il faut habituer l'enfant à faire l'économie
des signes sonores, et l'amener à lire relativement vite126(*).
Cela n'exclut pas, évidemment, la lecture à
haute voix qui est la lecture pour les autres : communication d'une
information, ou une invitation à partager une émotion
esthétique.
Nous avons essayé de montrer avec Emile Javal (1978) et
François Richaudeau (1988) que ce sont les yeux qui perçoivent
les signes sur un support. Ils procèdent par bonds et arrêts
successifs. Au cours des pauses, ils voient des mots ou des groupes de mots.
Ces ensembles graphiques sont transmis au cerveau, qui les reconnaît et
les interprète. Le lecteur découvre un sens aux signes graphiques
ou il le construit lui-même d'une façon personnelle. Ainsi, la
lecture est une activité idéo-visuelle. Pour être efficace,
l'enseignement-apprentissage de la lecture requiert que :
- certains éléments du milieu favorisent
à la fois la pratique et l'enseignement- apprentissage de la
lecture ;
- la possession d'un minimum de support pluriel
d'enseignement-apprentissage soit effective, même si son manque ne
constitue plus un handicap incontournable ;
- une actualisation et une adaptation des pratiques
pédagogiques aux avancées des différents domaines de la
science soient une attitude de tous les instants.
A propos des innovations pédagogiques, le choix des
textes mérite d'être repensé. En effet, au lieu d'enseigner
la lecture, il s'agit plutôt de former un lecteur polyvalent. Ainsi, en
situation d'enseignement-apprentissage, l'apprenant doit être
confronté aux différents genres littéraires et aux
différents types de textes. Les principaux genres littéraires
à aborder sont : le genre poétique, le genre romanesque et
le genre dramatique. Les types de texte les plus usuels à
présenter sont le texte descriptif, le texte historique, le texte
narratif, le texte injonctif, le texte argumentatif et le texte informatif.
A l'heure actuelle, il est important d'insister sur le texte
fonctionnel parce qu'il a une prise réelle sur la vie sociale de
l'apprenant. Il s'agit par exemple du mode d'emploi d'un appareil
électroménager, d'une notice de produit pharmaceutique, d'une
recette de cuisine ou d'un curriculum vitae.
Aussi faut-il convenir avec IPAM (1986) que, quel que soit le
type de texte ou le genre d'extrait choisi, il importe qu'il soit motivant,
adapté, de longueur raisonnable et de préférence d'auteur.
Il est utile de rappeler que le choix des textes de lecture doit tenir compte
aussi des intérêts et des motivations des apprenants car
« véhiculant les intérêts et les fantasmes des
apprentis lecteurs » comme le mentionne Eveline Charmeux (1998), la
lecture leur est facilement accessible « pourvu que ce soient ces
intérêts et ces fantasmes qui nourrissent les textes de leur
apprentissage »127(*). Ces intérêts et ces
fantasmes sont fréquents dans la littérature de jeunesse. Nous
avons abondamment exposé les caractéristiques de ce genre
littéraire au chapitre VIII.
Il serait bon que les objectifs visés tiennent compte
de ce que la lecture est avant tout, comme l'a précisé Jean
Foucambert (1980), une activité sociale avant d'être une
discipline scolaire128(*). Et dans le cas de la République du Congo
comme celui de toute l'Afrique noire, les objectifs poursuivis ne doivent pas
perdre de vue que la lecture n'est pas un acquis culturel.
Dans la préparation écrite, les
stratégies didactiques doivent considérer qu'il s'agit de
conduire l'apprenant à construire son savoir car apprendre, ce n'est pas
seulement acquérir des savoirs, mais c'est aussi les construire
soi-même. Apprendre c'est également modifier son comportement, ses
représentations et ses schèmes d'action de façon durable.
Ce processus est d'autant plus complexe qu'il comporte des
facteurs internes et externes à l'apprenant lui-même. S'agissant
des facteurs externes, nous avons énuméré les influences
familiales et les influences sociales. En ce qui concerne les facteurs
internes, nous avons montré le rôle de
l'hérédité dans l'intelligence. Pour apprendre à
lire aux adolescents de la classe de 3ème, il n'est pas
absolument nécessaire de les considérer comme des individus qui
ont tout à apprendre, ni de les obliger à lire des histoires qui
ne tiennent aucun compte de leurs réalités et de celles de leurs
parents.
Il est tout à fait possible de les habituer à
l'idée que l'essentiel est le sens du texte. Dans ces conditions, le
débat sur les méthodes est inapproprié, comme le montre le
constat ci-après :
Les discussions sur les avantages et les
inconvénients des méthodes de lecture nous paraissent
désuètes129(*).
Des enquêtes ont montré en France que, pour des
enfants sans difficulté particulière, les résultats
étaient identiques quel que fût le procédé
employé130(*).
Les controverses à propos des méthodes
d'enseignement-apprentissage de la lecture ont longtemps caché aux
pédagogues d'autres aspects importants du problème. L'aptitude
à la lecture comporte les facteurs psychophysiologiques,
psycholinguistiques et psychologiques.
Dans le cas de la République du Congo et de l'Afrique
noire en général, les facteurs socioculturels ont longtemps
été occultés dans l'enseignement-apprentissage de la
lecture. Il s'agit d'installer les adolescents issus pour la plupart de la
tradition orale dans l'univers du lire/écrire. Il faut d'abord les
conforter dans leur langue maternelle car la maîtrise d'une langue
première facilite l'acquisition d'une seconde.
Les activités d'enseignement-apprentissage
méritent d'être organisées autour des tâches
d'apprentissage pour favoriser l'émergence et la consolidation des
mécanismes de lecture. Les mécanismes de lecture font
référence à la prise d'indices (linguistiques et
paralinguistiques), au balayage, à la discrimination, à
l'identification, à la mémorisation immédiate, à
l'anticipation, à la formulation d'hypothèses et leurs
vérifications.
Il serait souhaitable que les tâches d'apprentissage
visent les compétences d'orientation et de repérage dans
l'univers du lire/écrire, les compétences à construire du
sens à partir de ce que l'on voit ainsi que les compétences
d'ordre langagier. Les compétences d'orientation et de repérage
impliquent de se sentir à l'aise dans les lieux, les objets, les
situations de lecture ainsi que dans la diversité des types de discours.
Les compétences d'ordre sémiotique supposent
d'avoir des capacités perceptives : ampleur du champ visuel et
finesse de discrimination. Elles impliquent aussi l'aptitude à formuler
des hypothèses et leurs vérifications. Les compétences
d'ordre langagier font référence à la diversité de
types de discours, de faits de discours et de langue, objets d'une saisie
visuelle dans une organisation spatiale donnée. Elles visent aussi le
fonctionnement linguistique diversifié dont les variations sont
liées aux situations sociales de la communication et aux projets
d'action du producteur d'écrits.
L'évaluation de tout acte pédagogique
étant une nécessité, le processus d'évaluation doit
être intégré à celui d'enseignement-apprentissage.
En effet, la culture d'évaluation fait cruellement défaut
à l'ensemble du système éducatif de l'Afrique noire tout
au moins pour le moment. Elle mérite d'être installée dans
tous les dispositifs d'enseignement-apprentissage. L'évaluation,
lorsqu'elle revêt une fonction d'aide à l'apprentissage, encourage
une collaboration professeur et apprenant. Cette dernière permet
à l'apprenant de se responsabiliser face à ses apprentissages.
Le champ disciplinaire « lecture » devrait
être appréhendé par le filtre de l'apprentissage. Un accent
particulier devrait être mis sur l'installation chez l'adolescent ou
l'adolescente de la classe de 3ème des stratégies de
lecture qui sont au nombre de trois, comme le préconise Anne Torunczyk
(2000), à savoir :
- La reconnaissance de mots que l'apprenant a
mémorisés ;
- le décodage syllabe après
syllabe ;
- le devinement lorsque le mot est plus complexe et le
contexte le permet131(*).
Dans le même ordre d'idées, il convient
d'éduquer l'apprenti lecteur à éviter les écueils
qui consistent en des fréquents retours en arrière inutiles, la
sub-vocalisation et la précipitation qui freinent sa vitesse
d'exécution de la lecture. Il serait bon de proposer
à l'apprenant des exercices d'entraînement progressifs
portant sur les compétences de lecteur : la vitesse, l'oeil habile,
l'oeil panoramique, la capacité à anticiper et à
reconstituer, et l'entraînement total, comme l'affirme Brigitte Chevalier
(1986)132(*).
Par ailleurs, la leçon de lecture devrait être
aussi une modeste leçon de littérature. Elle doit montrer comment
les phrases s'ordonnent dans un paragraphe, comment les paragraphes sont mis en
ordre entre eux dans un passage et quel est le lien qui permet d'établir
la cohérence du texte. Ce dernier étant à la fois un tissu
de sens et un matériau de la communication.
Il serait nécessaire que les activités de
prolongement de la lecture préparent l'apprenant à l'autonomie
car il s'agit surtout de le doter d'un dispositif méthodologique
particulier lui permettant d'exploiter, de s'approprier sa lecture et de la
réinvestir dans un travail personnel car
Savoir travailler de façon indépendante,
c'est savoir se servir des écrits disponibles pour les comprendre et
construire, à partir d'eux, des productions adaptées à ses
besoins133(*).
L'analyse des résultats comparatifs des groupes
expérimentaux et témoins montre que les apprenants, qui avaient
les compétences sensiblement identiques au départ, ont tous plus
ou moins amélioré leurs compétences en lecture. Toutefois,
ceux des groupes expérimentaux ont globalement plus perfectionné
les leurs que leurs camarades des groupes témoins. Les
améliorations concernent particulièrement la vitesse de lecture,
la prise d'indices, le balayage, la capacité à anticiper et
à reconstituer, à formuler des hypothèses et leurs
vérifications ainsi que la représentation que les apprenants se
font de la lecture.
La mise en oeuvre de nouvelles pratiques pédagogiques
nous a donné par ailleurs l'occasion d'observer l'éclosion des
comportements nouveaux et l'émergence d'une relation nouvelle de
l'apprenant à l'écrit. A notre avis, elles ont le mérite
d'initier les apprenants à se prendre en charge et à faire de la
lecture un véritable outil d'investigation et d'appropriation de la
culture.
Nous sommes conscients que les innovations pédagogiques
n'échappent pas aux risques des dérives de toute innovation. Les
contraintes rencontrées dans la mise en oeuvre, des habituels obstacles
institutionnels et psychologiques peuvent déformer les projets
initialement satisfaisants. Toutefois, vu l'accueil que nous ont
réservé les expérimentateurs et leurs apprenants, nous
nous demandons, à juste titre, si les pratiques pédagogiques que
nous avons fait expérimenter, ne pourraient pas être
généralisées dans toutes les classes en Afrique noire,
à condition de bien aménager un processus progressif, en
commençant par un nombre limité d'établissements scolaires
et évaluer à chaque fois leur impact.
Naturellement, tous les aspects de l'acte de lire n'ont pu
être analysés et tous les problèmes que suscite
l'enseignement-apprentissage de la lecture n'ont pas été
résolus non plus. Tout cela n'est pas possible dans une étude
unique. Les résultats auxquels nos sujets expérimentaux sont
parvenus restent modestes. Ils s'intègrent toutefois parmi ceux
qu'expose la littérature. Leur mérite est qu'ils sont obtenus
dans un contexte particulier où la lecture n'est pas un acquis culturel
et où domine la tradition orale. En effet, en République du
Congo, le français est une langue seconde. Elle se parle et s'enseigne
dans un contexte multilingue où l'espace linguistique national est
composé, en plus du français, de deux langues nationales et de
près d'une quarantaine de langues vernaculaires, comme nous l'avons
mentionné à l'introduction. La situation est quasi identique dans
nombre de pays d'Afrique noire.
Nous avons indiqué que nous aurions aimé
étendre cette étude à tout le département scolaire
de Brazzaville, mais la modicité de notre budget de recherche ne pouvait
nous le permettre. Nous espérons qu'un échantillon plus large
pourrait permettre de mieux évaluer les résultats de la
présente étude. Cependant, la mise en oeuvre de nouvelles
pratiques pédagogiques nous a permis de prendre conscience qu'enseigner
à lire à un adolescent, est un exercice subtil et complexe qui ne
saurait se réduire à l'application mécanique de quelques
recettes surannées. Il n'existe, comme l'affirme IPAM (1993), aucune
méthodologie totalement adaptée aussi bien à tous les
professeurs qu'à tous les contextes de réalisation ou à
toutes les situations d'enseignement-apprentissage134(*).
En effet, l'acte pédagogique est complexe parce qu'il
concilie la psychologie et l'intérêt de l'apprenant tout comme le
savoir à dispenser, la compétence de l'enseignant ainsi que les
finalités et les buts éducatifs de la société dans
laquelle a lieu l'enseignement-apprentissage. L'enseignement est une entreprise
humaine et sociale qui requiert de nombreuses interactions entre professeurs,
apprenants et savoir d'une part, un renouvellement constant de pratiques
d'autre part. En conséquence, nous considérons que la recherche
pédagogique devrait être une quête de tous les instants, car
l'enseignement-apprentissage de la lecture dépasse le cadre de la
pédagogie.
En effet, à propos de l'enseignement-apprentissage de
la lecture, et il en est de même pour d'autres sous-disciplines du
français, nous reconnaissons que la rénovation procède
à la fois de la réflexion pédagogique, des recherches
psychologiques et du développement de la linguistique. La
littérature constate par ailleurs que :
Les recherches sur l'apprentissage de la lecture sont
beaucoup plus avancées que celles sur son enseignement135(*).
Ce constat fait sur l'enseignement-apprentissage de la lecture
au cycle préscolaire nous paraît tout aussi pertinent pour
l'enseignement secondaire. Nous avons indiqué que les difficultés
accumulées en lecture au primaire ne sauraient se transformer en
succès, sans un travail de longue haleine. Nous savons que les
difficultés de lecture des apprenants des classes de
3ème sont tributaires pour l'essentiel des premiers
apprentissages qu'il faut corriger en vue d'un parcours de formation
efficace.
Ainsi, nous considérons à sa juste valeur
l'importance de l'enseignant et la nécessité pour ce dernier de
construire ses pratiques d'enseignement et de les actualiser le plus
fréquemment possible. Il ne devrait pas nécessairement faire
appel aux pratiques surannées que les habitudes scolaires lui
proposent.
En revanche, à partir d'objectifs clairs qu'une bonne
formation lui aura permis de maîtriser, et en relation étroite
avec les savoirs des apprenants, il doit élaborer ses stratégies
d'approche d'enseignement-apprentissage de la lecture. Celles-ci devraient
s'appuyer sur son souci d'amener les apprenants à trouver du sens
à l'enseignement qu'ils reçoivent. Les savoirs des apprenants
renvoient à ce qu'ils sont, ce qu'ils savent, ce qu'ils font et les
représentations qu'ils ont construites dans leurs expériences.
En somme, pour développer le goût de la lecture
chez les apprenants et les professeurs, il importe de recourir aussi à
l'approche par compétences. Elle peut offrir à tout enseignant
les moyens de donner du sens aux enseignements qu'il dispense. Dans la
perspective de la réforme des curricula, le choix de l'approche par
compétences peut constituer l'un des axes de la refondation du
système éducatif congolais et, partant ceux des Etats de
l'Afrique noire en général.
BIBLIOGRAPHIE
La présente bibliographie est constituée de
trois rubriques : les manuels scolaires, les manuels de
référence et les périodiques.
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2.
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INDEX DES NOTIONS ABORDEES
analyse des résultats 20,23,151, 254
approche des textes 227
attribution des scores 70
choix des textes 39, 40, 194, 195, 197, 234, 250, 277, 279
choix du test statistique 103
coefficient de variation 102, 103, 106, 107, 108, 178
compétence 67, 93, 109, 145, 180, 183, 186, 210, 211,
212, 216, 230, 244, 246, 247, 255
composantes de l'acte de lecture 227
contexte 11, 12, 16, 17, 19, 20, 22, 30, 38, 50, 182, 188,
190, 215, 230, 233, 234, 235, 253, 255
contribution du milieu 26, 99, 236
définition des concepts 213
Délimitation du sujet 9, 277
Difficultés rencontrées 24, 277
discussion des résultats 135
Echantillon expérimental 71, 273
enjeux innovants 193, 223, 279
enquête 22, 23, 24, 26, 69, 70, 71, 75, 77, 84, 85, 86,
90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 98, 106, 118, 236, 241
Evaluation 32, 234, 235, 261, 280
exploitation ultérieure du texte 47, 78, 221, 279
facteurs dépendants 178
facteurs indépendants 26, 27, 175
facteurs non significatifs 114, 175
facteurs principalement significatifs 114, 175
facteurs secondairement significatifs 114, 175
fiche pédagogique 46, 47, 198, 202
fondements théoriques 20, 103
graphiques 16, 55, 62, 63, 105, 110, 122, 179, 188, 227, 228,
235, 249
hypothèses 16, 19, 22, 23, 29, 33, 54, 57, 66, 68, 75,
87, 99, 113, 118, 119, 182, 203, 206, 228, 242, 252, 254, 268
instruments d'enquête 26, 57, 67, 68, 71, 73, 75
intérêt de l'étude 19, 277
interprétation des résultats 122, 133, 136, 138,
141, 143, 148
mémoire 21, 61, 64, 65, 95, 180, 182, 203, 207, 229,
231, 234, 235
méthodes 9, 13, 14, 15, 17, 24, 29, 114, 177, 200, 202,
209, 210, 212, 213, 214, 218, 219, 227, 229, 230, 241, 242, 251, 252, 261
méthodologie 20, 51, 52, 68, 87, 99, 100, 212, 213,
224, 231, 255, 261, 277, 278
partage traditionnel établi 53, 278
population cible 68, 70
pratiques pédagogiques 18, 19, 20, 24, 26, 29, 56, 57,
87, 100, 113, 116, 117, 118, 125, 151, 153, 154, 156, 157, 173, 175, 180, 182,
183, 184, 193, 217, 238, 249, 250, 254, 255
pré-enquête 22, 23, 26, 57, 67, 68, 69, 71, 73,
86, 278
problématique 16
questionnaire 23, 39, 52, 58, 68, 69, 72, 73, 75, 87, 167,
278
supports d'apprentissage 87, 244
tests 23, 26, 58, 60, 61, 68, 69, 72, 73, 75, 85, 86, 87, 100,
104, 115, 175, 278
traitement des données 27, 70, 86, 87, 88, 96, 100,
105, 116, 121, 278
vérification des hypothèses 57, 113
zones sociolinguistiques 10, 71, 164
INDEX DES AUTEURS CITES
A. CLAUSE 42
Alain BENTOLILA 186
André NTSILA 222
Anne Torunczyk 20, 22, 43, 188, 189, 253
Antoine MAKONDA 76
Antoine PROST 191, 256
Benjamin BLOOM 222
Bernard Malonga 20, 22
Brigitte Chevalier 20, 21, 61, 63, 181, 186, 188, 253
Cécile Bauvillain 26
Célestin Freinet 14, 15, 44
Charles DELORME 46
Emile Javal 20, 22, 62, 180, 249
Eveline Charmeux 20, 21, 188, 240, 250
Frédérique Cuisiniez 20, 22, 109
Frère Macaire 232
Gérard Calot 103
Gérard Vigner 17, 20, 21, 66, 181, 182
Gordon Mace 88
Harrow 223
Henri Giraud 255
Jacques DAVID 195
Jean Foucambert 15, 16, 20, 21, 60, 67, 109, 187, 188, 192,
251
Jean Piaget 218, 223
Jean-Jacques LARAME 61
Jean-Louis CHISS 195
Jean-Marie Adiafi 32, 97
Jésus Alegria 26
Kathy CRAPEZ 185
Krathwohl 222
Marc Talansi 20, 22, 42, 96, 237, 239
Michel Loriaux 113, 175
Michèle Bedouet 20, 22, 94, 109, 115
Mukala Kadima-Nzuji 95, 185
Noëlle Pardon 20, 21, 61
Olivier CLOUZOT 238
Ovide Decroly 14
Peter Bryant 191
Philippe Jonnaert 12
Philippe Meirieu 46, 219
Pierre Dagnelie 114, 176, 177
Roger Mucchielli 68
Sylvain Bemba 20, 22, 42
Yves REUTER 195
INDEX DES TABLEAUX
Tableau n°1
|
Echantillon expérimental
|
69
|
Tableau n°2
|
Taille de l'échantillon
|
69
|
Tableau n°3
|
Taux de scolarisation des filles
|
72
|
Tableau n°4
|
Distribution des apprenants selon le sexe
|
72
|
Tableau n°5
|
Distribution des apprenants selon l'âge
|
73
|
Tableau n°6
|
Distribution des apprenants selon l'arrondissement
|
73
|
Tableau n°7
|
Distribution des apprenants selon la disponibilité d'un
cadre d'études
|
74
|
Tableau n°8
|
Distribution des apprenants selon la disponibilité
d'une table d'études
|
74
|
Tableau n°9
|
Distribution des apprenants selon le type de lecture
|
74
|
Tableau n°10
|
Distribution des apprenants selon la possession du manuel de
lecture
|
75
|
Tableau n°11
|
Distribution des apprenants selon la possession du roman au
programme
|
75
|
Tableau n°12
|
Distribution des apprenants selon la possession de la
pièce de théâtre au programme
|
76
|
Tableau n°13
|
Distribution des apprenants selon l'abonnement à une
bibliothèque
|
77
|
Tableau n°14
|
Distribution des apprenants selon le moyen d'information
utilisé
|
77
|
Tableau n°15
|
Répartition des apprenants selon le moyen
d'éclairage utilisé
|
78
|
Tableau n°16
|
Répartition des pères selon la catégorie
socioprofessionnelle
|
78
|
Tableau n°17
|
Répartition des pères selon le niveau
d'études
|
79
|
Tableau n°18
|
Répartition des pères selon le statut
matrimonial
|
79
|
Tableau n°19
|
Répartition des mères selon la catégorie
socio professionnelle
|
80
|
Tableau n°20
|
Répartition des mères selon le niveau
d'études
|
80
|
Tableau n°21
|
Répartition des apprenants selon
l'établissement
|
81
|
Tableau n°22
|
Répartition des apprenants selon le type de classe
|
81
|
Tableau n°23
|
Répartition des apprenants selon la classe
|
82
|
Tableau n°24
|
Distribution des moyennes de la variable « oeil et
esprit exercés » selon l'âge
|
120
|
Tableau n°25
|
Distribution des moyennes de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'âge
|
121
|
Tableau n°26
|
Distribution des moyennes de la variable
« entraînement total » selon l'âge
|
122
|
Tableau n°27
|
Distribution des moyennes de la variable « oeil et
esprit exercés » selon l'arrondissement de résidence
|
124
|
Tableau n°28
|
Distribution des moyennes de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'arrondissement de résidence
|
126
|
Tableau n°29
|
Distribution des moyennes de la variable
« entraînement total » selon l'arrondissement de
résidence
|
127
|
Tableau n°30
|
Distribution des moyennes de la variable « oeil et
esprit exercés » selon la profession du père
|
129
|
Tableau n°31
|
Distribution des moyennes de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » selon la profession du père
|
131
|
Tableau n°32
|
Distribution des moyennes de la variable
« entraînement total » selon la profession du
père
|
132
|
Tableau n°33
|
Distribution des moyennes de la variable « oeil et
esprit exercés » selon l'établissement
|
134
|
Tableau n°34
|
Distribution des moyennes de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » selon l'établissement
|
135
|
Tableau n°35
|
Distribution des moyennes de la variable
« entraînement total » selon
l'établissement
|
136
|
Tableau n°36
|
Distribution des moyennes de la variable « oeil et
esprit exercés » selon la classe
|
138
|
Tableau n°37
|
Distribution des moyennes de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » selon la classe
|
139
|
Tableau n°38
|
Distribution des moyennes de la variable
« entraînement total » selon la classe
|
141
|
Tableau n°39
|
Distribution des moyennes de la variable « oeil et
esprit exercés » selon le type de classe
|
142
|
Tableau n°40
|
Distribution des moyennes de la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » selon le type de classe
|
143
|
Tableau n°41
|
Distribution des moyennes de la variable
« entraînement total » selon le type de classe
|
144
|
Tableau n°42
|
Effets conjugués des facteurs type de classe,
arrondissement de résidence et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
148
|
Tableau n°43
|
Effets conjugués des facteurs type de classe, moyen
d'information utilisé et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
149
|
Tableau n°44
|
Effets conjugués des facteurs type de classe, moyen
d'éclairage utilisé et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
150
|
Tableau n°45
|
Effets conjugués des facteurs type de classe,
profession du père et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
151
|
Tableau n°46
|
Effets conjugués des facteurs type de classe, niveau
d'études du père et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
152
|
Tableau n°47
|
Effets conjugués des facteurs type de classe, statut
matrimonial du père et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
153
|
Tableau n°48
|
Effets conjugués des facteurs type de classe,
profession de la mère et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
154
|
Tableau n°49
|
Effets conjugués des facteurs type de classe, niveau
d'études de la mère et la variable « oeil et esprit
exercés » du test de post-apprentissage
|
155
|
Tableau n°50
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement de
résidence, type de classe et la variable « capacité
à anticiper, à reconstituer » du test de
post-apprentissage
|
156
|
Tableau n°51
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement de
résidence, profession du père et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
|
157
|
Tableau n° 52
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement de
résidence, niveau d'études du père et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
|
159
|
Tableau n°53
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement de
résidence, statut matrimonial du père et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
|
160
|
Tableau n°54
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement de
résidence, profession de la mère et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
|
161
|
Tableau n°55
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement de
résidence, niveau d'études de la mère et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
|
162
|
Tableau n°56
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement, moyen
d'éclairage utilisé et la variable « capacité
à anticiper, à reconstituer » du test de
post-apprentissage
|
163
|
Tableau n°57
|
Effets conjugués des facteurs arrondissement de
résidence, abonnement à une bibliothèque et la variable
« capacité à anticiper, à
reconstituer » du test de post-apprentissage
|
164
|
Tableau n°58
|
Effets conjugués des facteurs établissement,
type de classe et la variable « entraînement total »
du test de post-apprentissage
|
165
|
Tableau n°59
|
Effets conjugués des facteurs établissement,
profession de la mère et la variable « entraînement
total » du test de post-apprentissage
|
165
|
Tableau n°60
|
Effets conjugués des facteurs établissement,
niveau d'études de la mère et la variable
« entraînement total » du test de
post-apprentissage
|
166
|
Tableau n°61
|
Effets conjugués des facteurs établissement,
arrondissement de résidence et la variable
« entraînement total » du test de
post-apprentissage
|
167
|
Tableau n°62
|
Effets conjugués des facteurs établissement,
moyen d'information utilisé et la variable
« entraînement total » du test de
post-apprentissage
|
168
|
Durée : 1heure
Matériel : Texte :
Documentation :
Programme de français,
Guide pédagogique du programme
ANNEXE
Niveau :
Discipline : Français
Objectif général n° 2 :
Objectif spécifique n°2.1 :
Date :
Fiche n°
Effectif : G : F :
Objectifs opérationnels
|
Stratégies d'enseignement
|
Activités d'apprentissage
|
Evaluation
|
Temps
|
Observations
|
A la fin de la séance, l'apprenant doit
être
capable ...
|
I- Phase de préparation
Contrôle des
pré-requis
Stratégie : Brainstorming.
Modalité de travail : Travail
individuel.
|
Réponses aux questions
R1-
R2-
|
Evaluation diagnostique
Q1-
Q2-
|
5min
|
|
Contrat didactique :
Communiquer l'objectif d'apprentissage aux apprenants.
Critères
d'évaluation :
Communiquer les critères d'évaluation
Planification des
stratégies :
Indiquer l'ordre des stratégies à mettre en
oeuvre
|
Verbaliser et reproduire l'objectif dans les cahiers.
Appropriation des critères d'évaluation.
Intériorisation de l'ordre des stratégies.
|
Validation la verbalisation des apprenants.
Contrôle de la maîtrise des critères
d'évaluation.
Contrôle de l'intériorisation de l'ordre des
stratégies.
|
5min
|
|
II- Phase de réalisation
Acquisitions nouvelles :
Stratégie:
Modalité de travail : Travail en groupes
Consigne : Dicter les tâches et les
consignes
|
|
|
|
|
- Lecture silencieuse
|
Tâche n°1 : Lecture silencieuse.
Consigne : Lire le texte des yeux.
|
Vérification de la lecture.
silencieuse des apprenants.
|
3 min
|
|
- Questions de contrôle
|
Tâche n°2 : Réponses aux
questions.
Consignes : Répondre aux questions de
contrôle.
|
Correction des réponses des apprenants.
|
|
|
- Etude détaillée
1ère partie : L1... Lx
|
Tâche n°3 : Exploitation du passage de
La...Lx
Consigne :
Lire silencieusement le passage.
Répondre aux questions.
Etablir la synthèse du passage.
|
Vérification de la lecture silencieuse.
Validation des réponses.
Validation de la synthèse.
|
3 min
|
|
2ème partie: Lx...Ly
|
Tâche n°4: Exploitation du passage Lx...Ly
Consigne :
1- Lire silencieusement le passage.
2- Répondre aux questions.
3- Etablir la synthèse du passage.
|
Vérification de la lecture silencieuse.
Validation des réponses.
Validation de la synthèse.
|
3min
|
|
3ème partie : Ly...Lz
|
Tâche n°5 : Exploitation du passage
Ly...Lz
Consigne :
Lire silencieusement le passage.
Répondre aux questions.
Etablir la synthèse du passage.
|
Vérification de la lecture silencieuse.
Validation des réponses Validation de la
synthèse.
|
3min
|
|
Synthèse
générale
Stratégie:
Modalité de travail : Travail en groupes
Consigne : Dicter les tâches et les
consignes
|
Tâche n°6: Elaboration de la synthèse
générale.
Consigne :
Relire tout le texte
Etablir la synthèse générale à l'aide
des synthèses partielles.
|
Vérification de la relecture
Validation de la synthèse.
|
3 min
10 min
|
|
III- Phase d'intégration
Discussion socioculturelle
Stratégie:
Modalité de travail : Travail en groupes
Consigne : Dicter les tâches et les
consignes
Evaluation sommative
Stratégie:
Modalité de travail : Travail en groupes
Consigne : Dicter les tâches et les
consignes
Exploitation ultérieure du
texte
|
Tâche n°7 : Réalisation de
la discussion socioculturelle.
Consignes : Présenter le thème de la
discussion.
Tâche n°8 : Relever des indices de sens
liés au thème du texte.
Consigne : Dicter les consignes.
Tâche n°9 : Recherche des champs lexicaux
du thème du texte.
Consignes : Rechercher les mots de la même
famille que celui du thème du texte.
|
Vérification de la pertinence des propositions des
apprenants.
Vérification de la pertinence des propositions des
apprenants.
Vérification des productions des apprenants.
|
10min
5 min
|
Travail extrascolaire à corriger
ultérieurement
|
Table des matières
REMERCIEMENTS
7
INTRODUCTION
9
1. Délimitation du
sujet
10
2.
Définition des concepts
11
3.
Problématique
16
A. Contexte de l'étude
16
B. Enoncé de la question de recherche
18
C. Hypothèse générale
19
4. Objectifs et intérêt de
l'étude
19
5.
Méthodologie
20
A. Fondements théoriques
20
B. Méthodologie de collecte des
données
22
C. Méthodologie d'analyse des
résultats
23
6. Difficultés
rencontrées
24
7. Principales
articulations
26
CHAPITRE I PRATIQUES PEDAGOGIQUES
ACTUELLES
27
1. Les supports pédagogiques
actuels
27
A. L'extrait du programme
28
a)- Le profil des élèves au sortir du
1er cycle du secondaire
28
b)- Les Objectifs d'apprentissage
28
B. L'extrait du guide pédagogique
32
a)- Orientations générales et
présentation du programme
32
b)- Commentaire des objectifs
pédagogiques
34
2. La préparation
écrite
37
A. Le choix des textes
37
B. L'élaboration de la fiche de
préparation écrite
38
a)- L'incohérence des objectifs
pédagogiques
38
b)- Le manque de stratégies
d'enseignement-apprentissage
41
c)- La non-application du processus
d'évaluation
43
d)- Les autres défauts de la fiche de
préparation écrite
45
3. Le mauvais déroulement des
séances
46
A. Le manque de support
d'enseignement-apprentissage
46
B. L'utilisation irrationnelle du tableau noir
47
4. Le manque de
professionnalisme
48
A. Le défaut de maîtrise de la
méthodologie en lecture expliquée
49
B. Le défaut de maîtrise de la
méthodologie en lecture suivie et dirigée
50
5. Le partage traditionnel
établi
51
CHAPITRE II MISE AU POINT DES INSTRUMENTS
DE COLLECTE DES DONNEES ET PRE-ENQUETE
55
1. Mise au point des instruments de
collecte des données
55
A. Le questionnaire
55
B. Les tests
58
a)- Variable « oeil et esprit
exercés »
60
b)- Variable « capacité à
anticiper, à reconstituer »
63
c)- Variable « entraînement
total »
65
2.
Pré-enquête
65
A. Population-cible
66
B. Instruments d'enquête
66
CHAPITRE III COLLECTE DES DONNEES
71
1. Administration du
questionnaire
71
2. Administration des
tests
82
CHAPITRE IV TRAITEMENT DES DONNEES ET
PRESENTATION DES RESULTATS
85
1. Traitement des
données
85
A. Le traitement des données
qualitatives
86
B. Le traitement des données
quantitatives
98
2. Présentation des
résultats
104
A. Tableaux synoptiques des résultats
104
a)- Etablissement 1
104
b)- Etablissement 2
105
c)- Etablissement 3
106
B. Graphiques
109
3. Vérification des
hypothèses de recherche
112
CHAPITRE V EFFETS DES FACTEURS
INDEPENDANTS SUR LES RESULTATS
119
1. L'effet de
l'âge
119
2. L'effet de l'arrondissement de
résidence
124
3. L'effet de la profession du
père
128
4. L'effet de
l'établissement
133
5. L'effet de la
classe
137
6. L'effet du type de
classe
142
CHAPITRE VI EFFETS CONJUGUES DES FACTEURS
QUALITATIFS SUR LES VARIABLES QUANTITATIVES
147
1. Le croisement du facteur type de
classe avec d'autres facteurs qualitatifs et la variable « oeil et
esprit exercés »
147
2. La combinaison du facteur
arrondissement de résidence avec d'autres facteurs qualitatifs et la
variable « capacité à anticiper, à
reconstituer »
155
3. Le croisement du facteur
établissement avec d'autres facteurs qualitatifs et la variable
« entraînement total »
164
CHAPITRE VII INTERPRETATION DES RESULTATS
ET DISCUSSION
169
1. Interprétation des
résultats
169
A. Facteurs dont l'effet est non significatif
169
B. Facteurs secondairement significatifs
170
C. Facteurs principalement significatifs
171
2. Discussion des
résultats
180
CHAPITRE VIII RECOURS AUX INNOVATIONS
PEDAGOGIQUES
187
1. La préparation
écrite
188
A. Le choix des textes en lecture
expliquée
188
B. Le choix des textes en lecture suivie et
dirigée
190
2. Elaboration de la fiche de
préparation écrite
192
A. Le contrôle des pré-requis
194
B. Acquisitions nouvelles
195
C. L'évaluation sommative
195
3. La conduite des
séances
200
A. Conduite de la séance de lecture
expliquée
201
B. Conduite de la séance en lecture suivie
et dirigée
209
4. L'exploitation ultérieure du
texte de lecture
212
A. L'exploitation ultérieure du texte en
lecture expliquée
212
B. L'exploitation ultérieure du texte en
lecture suivie et dirigée
213
5. Des enjeux
innovants
214
CHAPITRE IX PERSPECTIVES
217
1. Les grands champs pédagogique
et didactique
217
A. Composantes de l'acte de lecture
217
B. Méthodes d'apprentissage
219
C. Approche des textes
227
D. Evaluation
228
2. Utilité de la contribution du
milieu
229
A. Contribution du milieu au plan affectif
230
B. Contribution du milieu au plan cognitif
234
C. Contribution du milieu au plan de l'action
235
3. Importance du support
denseignement-apprentissage
235
4. Nécessité d'un nouveau
profil des enseignants
238
5. Nécessité du recours
à l'approche par compétences
240
CONCLUSION
243
BIBLIOGRAPHIE
251
1. Manuels scolaires
251
a- Lecture expliquée
251
b- Lecture suivie et dirigée
251
2. Manuels de référence
251
a- Ouvrages généraux
251
b- Ouvrages spécifiques à la
lecture
256
3. Périodiques
258
a- Articles généraux
258
b- Articles spécifiques à la
lecture
259
INDEX DES NOTIONS ABORDEES
261
INDEX DES AUTEURS CITES
263
INDEX DES TABLEAUX
265
* 1. Martin GUIMFAC, 2000,
L'Enseignement-apprentissage de la lecture expilquée en 6ème
dans un contexte de classe à large effectif, (Mémoire de
D.E.A), Brazzaville.
* 2. La République du
Congo est un Etat d'Afrique centrale limité à l'ouest par le
Gabon, au nord par le Cameroun et la République centrafricaine, à
l'est et au sud par la République Démocratique du Congo, au
sud-ouest par l'enclave de Cabinda et l'océan Atlantique.
* 3. La constitution du 20
janvier 2002 de la République du Congo stipule en son article 6 :
la langue officielle est le français. Les langues nationales
véhiculaires sont le lingala et le kituba.
* 4. Le bambara
désigne la langue du groupe mandé, principale langue du Mali,
parlée aussi au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, en Gambie et au
Sénégal.
* 5. Le wolof fait
référence à la langue nigéro-congolaise du groupe
ouest-atlantique parlée au Sénégal (langue nationale
à fonction véhiculaire), en Mauritanie et en Gambie.
* 6.Philippe, JONNAERT
(2002), Compétences et socioconstructivisme, Bruxelles,
Editions de Boeck Université.
* 7. IPAM (1993),
Guide pratique du maître, Paris, EDICEF, pp. 191-211.
* 8.
« Lecture : La méthode globale, c'est
fini », Le Parisien, N° 19051, du jeudi 8/12/05,
p. 1O.
* 9. Eveline, CHARMEUX
(1998), Apprendre à lire, Echec à l'échec, Paris,
Editions Milan, p.28.
* 10. Ibid.
* 11. IPAM (1993), op.cit,
p.205.
* 12. Jean, FOUCAMBERT
cité par M. WAMBAC (2001), Méthodologie des langues. La
pédagogie de convergence à l'école fondamentale,
Bruxelles, Claver, p.4.
* 13. Jean,
FOUCAMBERT, cité par Noëlle PARDON (1993),
Diagonales, n°25, janvier, p. 33.
* 14. CONFEMEN (1995),
L'éducation de base : vers une nouvelle école,
Dakar, S.T.P, p. 15.
* 15. Gérard, VIGNER
(1979), Lire : du texte au sens, Paris, Clé international,
Paris, p.79.
* 16. IPAM (1995), Guide
pratique du maître, Paris, EDICEF, p. 189.
* 17. Idem.
* 18. Ibidem.
* 19. Programmes des classes
de troisième des collèges, Paris, Arrêté du 15
août 1998, p.181.
* 20. IPAM (1996),
Enseigner le français au collège et au lycée,
Paris, EDICEF, p. 13.
* 21. Charmeux, EVELINE
(1988), La lecture à l'école, Paris, Nathan.
* 22. Charmeux, EVELINE
(1989), La lecture au collège, Paris, Cedic.
* 23. Charmeux, EVELINE
(1988), Apprendre à lire, échec à
échec, Paris, Editions Milan.
* 24. Gérard, VIGNER
(1979), Lire : du texte au sens, Paris, Clé
International.
* 25. Noëlle, PARDON
(1993), « Lecture : les compétences à
développer », Diagonale, n°95.
* 26. Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège : Textes et exercices
d'entraînements progressifs, Niveau 2, Paris, Nathan.
* 27. Anne, TORUNCZYK
(2000), L'apprentissage de l'écrit chez les adultes. Cheminements su
savoir lire-écrire, Paris, L'Hamattan.
* 28. Emile, JAVAL (1996),
Physiologie de la lecture et de l'écriture, Paris, Editions
Retz.
* 29. Michèle,
BEDOUET et Frédérique, CUISINIEZ (1997), Lire : soyez
efficace et rapide, 2ème édition, Paris, Editions
ESF.
* 30. Ibidem.
* 31. IPAM (1996),
op.cit.
* 32. La
3ème en français, (1990) Paris, EDICEF.
* 33. Le français
en 3ème, (2001), Paris, EDICEF.
* 34. A.C.C.T (1994),
Horizons d'Afrique, Perspectives francophones, CM2,
6ème année, Paris, EDICEF.
* 35. IPAM (1996),
Enseigner le français au collège et au lycée,
Paris, EDICEF, p.34.
* 36. A., CLAUSE (1978),
« Le milieu, moyen et fin de la culture », cité dans
IPAM, Pédagogie pour l'Afrique Nouvelle, Paris, EDICEF, p.
106.
* 37. IPAM (1996),
op.cit.
* 38. Sylvain, BEMBA,
ETUMBA (1985), Brazzaville, n° 807 et 808, septembre.
* 39. La Semaine
Africaine (1986), Brazzaville, n° 1688 du 18 au 24
décembre.
* 40. Marc, TALANSI
(1989), « Qui lit quoi au Congo ? », Notre
librairie, Paris, n°92/93, p.192.
* 41. Anne TORUNCZYK (2000),
L'apprentissage de l'écrit chez les adultes, Cheminements du savoir
lire écrire, Paris, L'Harmattan/Montréal (Qc), L'Harmattan
Inc, p. 14.
* 42. Philippe, MEIRIEU
(1987), « Pédagogie et évaluation
différenciée », L'évaluation en
questions, Paris, Editions ESF, p.155.
* 43. Philippe, MEIRIEU
(1987), op.cit.
* 44. Charles, DELORME
(1987), L'évaluation en questions, Paris, Editions ESF, p.
85.
* 45. IPAM (1996), op.cit.
p.35.
* 46. IPAM (2001), Le
français en 3è, Paris, EDICEF.
* 47. IPAM (2001), La
troisième en français, Paris, EDICEF.
* 48. La Nouvelle
Méthode de Français (1997), 4è/3è, manuel de
l'élève, Paris, Editions Nathan.
* 49. Jean, FOUCAMBERT
(1980), La Manière d'être lecteur, Paris, Editions
Sermap, OCDL, p. 137.
* 50. Jean-Jacques, LARAME
(1992), Les tests de sélection dévoilés, Paris,
Editions de l'Ecrit, p. 10.
* 51.Noëlle, PARDON
(1993), « Lecture : les compétences à
développer », Diagonales, Paris, EDICEF, n° 25,
janvier 1993, p. 34.
* 52.Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Textes et exercices
d'entraînement progressifs, Niveau 2, Paris, Nathan, p. 15.
* 53.Emile, JAVA L (1978),
Physiologie de la lecture et de l'écriture, Paris, Editions
RETZ.
* 54.Michèle, BEDOUET
et Frédérique, CUISINIEZ (1997), Lire : soyez rapide et
efficace, 2ème édition, Paris, Editions ESF, p.
19.
* 55. Michèle,
BEDOUET et Frédéric, CUISINIEZ (1997), op.cit. p. 35.
* 56.Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Guide
méthodologique, Niveau 2, Paris, Editions Nathan, pp. 14 - 20.
* 57.Emile, JAVAL (1978),
op.cit.
* 58. F, MACAIRE (1993),
Notre beau métier, Paris, Les classiques africains, p. 403.
* 59. Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Guide méthodologique,
Niveau 2, Paris, Nathan, p. 16.
* 60.Gérard, VIGNER
(1979), Lire : du texte au sens, Paris, Editions Clé
International, p. 53.
* 61. Le test de CLOSURE est
un exercice inventé par William TAYLOR aux Etats-Unis d'Amérique
en 1953. Par la suite, cet exercice a été transposé pour
la langue française par Gilbert de LANDSHEERE. Il désigne un
texte auquel il manque certains mots qu'il faut trouver.
* 62. Roger, MUCCHIELLI
(1978), Le sondage d'opinion, Applications pratiques, Paris, les
éditions ESF, p. 123.
* 63. Source : Annuaire
statistique 2001 - 2002 du Service des études et de la planification
scolaires d'avril 2003 de la République du Congo.
* 64. Antoine, MAKONDA
(2004), « Point sur la scolarisation des filles au Congo »,
Colloque sur la scolarisation des filles, Pointe-Noire, le 16
février.
* 65. Gordon, MACE (1988),
Guide de l'élaboration d'un projet de recherche, Québec,
Les Presses de l'Université de Laval, p.93.
* 66. Michèle,
BEDOUET et Frédérique, CUISINIEZ (1974), op.cit.
* 67. Mukala, KADIMA-NZUJI
(2004), «Paroles et musique : pérennité du lien»,
Notre librairie, n° 154, avril-juin, p.17.
* 68. Michel, LORIAUX en
collaboration avec Grégoire, BALARD et Dominique, REMY (1988-1989),
Méthode d'analyse statistique multi variée à
l'étude des interrelations en population et développement,
Louvain, Centre International de Formation et de recherche en population, p.
59.
* 69. Gérard, CALOT
(1973), Cours de statistique descriptive, Paris, Dunod, p. 67.
* 70. Jean, FOUCAMBERT
(1980), La Manière d'être lecteur, Paris, Editions
Sermap. OCDL.
* 71. Michèle,
BEDOUET et Frédérique, Cuisiniez (1997), Lire : soyez
rapide et efficace, 2ème édition, Paris, Editions
ESF, p. 39.
* 72. Michel, LORIAUX ;
Grégoire, BALLARD et Dominique, REMI (1988-1989), Méthodes
d'analyse statistique multi variée à l'étude des
interrelations entre population et développement,
Louvain-La-Neuve, Centre International de formation et recherche en population
et développement en association avec les Nations Unies.
* 73. Pierre, DAGNELIE
(1975), Théorie et méthodes statistiques,
Applications agronomiques, GREMBLOUX, Les presses Agronomiques.
* 74. Programmes des classes
de troisième des collèges(1998), Arrêté du 15
septembre, p. 181.
* 75. Michèle,
BEDOUET, et Frédérique, CUISINIEZ (1997), op.cit. p.12.
* 76. IPAM (1996), op.cit,
p. 26.
* 77. Cf. supra Chapitre IV
intitulé Traitement des données, p.93.
* 78. Michel LORIAUX;
Grégoire BALARD et Dominique REMI (1988), op.cit.
* 79. Pierre, DAGNELIE
(1975), Théorie et méthodes statistiques,
Applications agronomiques, Grembloux, Les Presses Agronomiques.
* 80. Pierre, DAGNELIE
(1975), op.cit.
* 81. Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Guide méthodologique,
Niveau 2, Paris, Nathan, p. 14.
* 82. Emile, JAVAL (1978),
Physiologie de la lecture et de l'écriture, Paris, Retz.
* 83. Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Guide méthodologique,
Niveau 2, Paris, Editions Nathan, p. 14.
* 84. Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Guide
méthodologique, Niveau 2, Paris, Editions Nathan, p.
13.
* 85. Gérard, VIGNER
(1979), Lire : du texte au sens, Paris, Clé International,
p. 53.
* 86. Gérard, VIGNER
(1979), op.cit. p. 53.
* 87. Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Guide méthodologique,
Niveau 2, Paris, Nathan, p. 3.
* 88. Mukala, KADIMA-NZUJI
(2004), op. cit, p.17.
* 89. Kathy, CRAPEZ
(avril-juin 2004), « Relever le pari de l'égalité de
chance à l'école pour tous », Label France,
Magazine trimestriel d'information du ministère français des
Affaires étrangères, Paris, n° 54, p. 24.
* 90. Alain, BENTOLILA [sd],
« Former des lecteurs polyvalents », dans Lecture,
Paris, Association pour le développement d'auxiliaires
pédagogiques et technologies d'enseignement, p. 22.
* 91.Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Niveau 2, Guide
méthodologique, Paris, Editions Nathan, p. 11.
* 92. Jean, FOUCAMBERT
(1980), La manière d'être lecteur, Paris, Editions
Sermap, OCDL, p. 137.
* 93. Brigitte, CHEVALIER
(1986), Bien lire au collège, Guide méthodologique,
Niveau 2, Paris, Nathan, p. 3.
* 94. Anne, TORUNCZYK
(2000), op.cit.
* 95.Peter, BRYANT (1992),
« Lecture et Ecriture », Les Entretiens Nathan,
Paris, p. 8.
* 96.Antoine, PROST (2004),
« Apprentissage de la lecture : les recommandations des
experts », La classe maternelle, Paris, n° 127, mars
2004, pp. 10 - 11.
* 97.Ibidem.
* 98. IPAM (996),
Enseigner le français au collège et au lycée,
Paris, Edicef, pp. 35-36.
* 99.Jean-Louis
CHISS ; Jacques DAVID et Yves REUTER (1995), Didactique du
français : état d'une discipline, Paris, Nathan, p.
37.
* 100. IPAM (19787),
Pédagogie pour l'Afrique nouvelle, Paris, Edicef, p. 106.
* 101. Charles, DELORME
(1987), op.cit.
* 102. Cf. supra Pratiques
pédagogiques actuelles, p. 29.
* 103. IPAM (1996), op.
cit. pp. 35 -36.
* 104. Cf. supra Pratiques
pédagogiques actuelles, p. 27.
* 105. Jean, PIAGET (1987),
La psychologie de l'intelligence, Paris, Armand Colin, pp. 133
-134.
* 106. Piaget J., 1935,
La naissance de l'intelligence chez l'enfant, Paris, Delachaux et
Niestlé, p.123.
* 107. Kathy, GRAPEZ
(2004), « La pédagogie moderne au secours de
l'école pour tous », Label France. Magazine
trimestriel d'information du ministère français des Affaires
étrangères, n°54, avril-juin, pp. 18-20.
* 108. Phillipe, MEIRIEU
(1987), op.cit.
* 109. Jean, PIAGET (1987),
La psychologie de l'intelligence, op.cit. p.134.
* 110. Benjamin, BLOOM
(1969), Taxonomie des objectifs pédagogiques, Montréal,
Education Nouvelle.
* 111. André,
NTSILA ; Joachim, MANDAVO et Aubin, LOUMOUAMOU (2002), Les objectifs
d'apprentissage : Définition et formulation,
Brazzaville, INRAP, p. 26.
* 112. IPAM (1995),
Guide pratique du maître, Paris, EDICEF, p. 215.
* 113. Frère,
Macaire, Notre beau métier, Paris, Editions Les Classiques
africains, 1980, p. 203.
* 114. Brigitte, Chevalier
(1986), Bien lire au collège, Textes et exercices
d'entraînement progressifs, livre de l'élève, Niveau
2, Paris, Editions Nathan, p.3.
* 115. Jacques, FIJALKOW
([sd]), Lecture, Association pour le développement
d'auxiliaires pédagogiques et de technologies d'enseignement,
Paris, p. 36.
* 116. Eveline, CHARMEUX
(1998), Apprendre à lire, échec à l'échec,
Paris, Editions Milan, p. 119.
* 117. Marc, TALANSI
(1989), « Qui lit quoi au Congo ? », Notre
librairie, Paris, n° 92/93, p. 193.
* 118. Olivier CLOUZOT
(1999), Former autrement, Apprentissages intellectuels, Langage et
structuration des connaissances, Paris, Les éditions
d'Organisation, p. 41.
* 119. Marc, TALANSI
(1989), op.cit.
* 120. Convention n°
0124/C/2000 du 2 mars 2000 portant création du projet franco congolais
de lecture publique.
* 121. Lecture,
Association pour le développement d'auxiliaires pédagogiques et
de technologies d'enseignement, Paris, [sd], p. 67.
* 122. Eveline, CHARMEUX
(1998), Apprendre à lire, Echec à l'échec, Paris,
Editions Milan, p. 127.
* 123. Eveline, CHARMEUX
(1987), Apprendre à lire : échec à
l'échec, Paris, Editions Milan, 1987, p. 21.
* 124 Source :
Direction des Etudes et de la Planification scolaires de la République
du Congo.
* 125. Eveline, CHARMEUX
(1987), op.cit, p. 23.
* 126. Henri, GIRAUD
(1972), Un nouvel enseignement du français, Editions du
Centurion, p. 94.
* 127. Eveline, CHARMEUX
(1998), Apprendre à lire, Echec à l'échec, Paris,
Editions Milan, p. 129.
* 128. Jacques, FOUCAMBERT
(1980), op.cit.
* 129. Henri, GIRAUD
(1972), op.cit. p. 74.
* 130 Idem, p. 85.
* 131. Anne, TORUNCZYK
(2000), op.cit.
* 132. Brigitte, CHEVALIER
(1986), op.cit.
* 133.Texte sur
l'apprentissage continué de la lecture au collège,
« Commission horizontale de français », (1984),
Ministère Français de l'Education Nationale, Direction des
collèges, 2 mai.
* 134. IPAM (1993),
Guide pratique du maître, Paris, p. 117.
* 135. Antoine, PROST
(2004), « L'apprentissage de la lecture : les recommandations
des experts », La classe maternelle, n° 127,
mars, p. 10.
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