Chapitre 2 : Le lien entre l'inflation et la croissance
économique : De la controverse au consensus
Le fait que l'inflation serait nécessaire ou nuisible
pour la croissance économique a généré un
débat tant théorique qu'empirique. Plusieurs études
empiriques ont confirmé soit une relation positive ou négative
entre ces deux variables macroéconomiques. En outre, avec le temps un
consensus a été élaboré selon lequel :
l'inflation stable et faible promeut la croissance économique et vice
versa (Mubarik, 2005). Cette nouvelle orientation a soulevé la question
de l'évaluation du niveau d'inflation considérée comme
faible.
Ce chapitre rappellera d'abord les divergences tant
théoriques qu'empiriques avant de présenter le consensus qui s'en
est suivi.
2.1. Les divergences dans l'approche de la relation inflation
croissance économique
2.1.1. Bref rappel de la
dialectique théorique
La question de la relation entre l'inflation et la croissance
économique a fait l'objet de débat entre les monétaristes
et les structuralistes. En effet, les structuralistes soutiennent que
l'inflation est essentielle pour la croissance économique tandis que les
monétaristes considèrent l'inflation est nuisible au
progrès économique. Il y a deux aspects dans ce
débat : d'abord en ce qui concerne l'existence ou non de la
relation et sa nature et ensuite le sens de la causalité.
Toutefois, il convient de rappeler que ce débat est
issu de la réflexion sur la recherche de la meilleure politique
économique qui pourrait résorber la crise économique de
1929. En fait, les monétaristes s'opposent à la théorie
des keynésiens qui pensent que la politique monétaire
(expansionniste) pourrait résorber la crise car selon ces derniers, elle
aurait des effets sur l'évolution des prix.
La théorie économique aborde essentiellement
l'impact de la politique monétaire sur l'inflation à travers le
lien entre l'évolution de la masse monétaire et les prix. Pour
les monétaristes, l'inflation est un phénomène strictement
monétaire. Ainsi, Milton Friedman, dans les années 1950, montre
que la quantité de monnaie en circulation dans une économie
n'influe, dans le moyen et long terme, que sur le niveau des prix sans affecter
le niveau de l'activité.
Par ailleurs, les keynésiens, qui estiment que la
politique monétaire peut être utilisée pour une relance
conjoncturelle, c'est-à-dire, qu'une hausse de la masse monétaire
a des effets positifs sur l'activité économique à court
terme, n'occultent également pas que celle-ci est suivie d'un
accroissement de l'inflation. L'approche keynésienne a été
confortée par les travaux de Phillips. La courbe de Phillips montre
qu'en longue période, il existe une relation inverse entre
l'évolution de la production et celle de l'inflation. Cette
pensée dominante au cours des années 1960 et 1970 admettait qu'un
gouvernement par une politique expansionniste, pouvait réduire le
sous-emploi en acceptant un peu d'inflation supplémentaire ou, en menant
une politique restrictive, réduire la hausse des prix en acceptant un
peu plus de chômage.
Par la suite les travaux de Friedman (1968) et de
Phelps(1968), ont montré que la relation décroissante entre
l'inflation et chômage découlant de la relation de Phillips
n'était qu'au mieux transitoire. Le phénomène de
stagflation (l'inflation élevée des années 1970
conjuguée à une baisse de l'activité) a
ébranlé la thèse de l'existence d'une relation
négative stable à long terme entre l'inflation et le
chômage issue de la courbe de Phillips.
En réalité, la prise en compte de l'inflation
anticipée a permis à Milton Friedman de développer la
thèse de la verticalité de la courbe de Phillips à long
terme, impliquant, à cet horizon , l'absence d'effet des impulsions
monétaires sur l'activité économique.
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