2ème PARTIE : LA RELATION INFLATION-CROISSANCE
ECONOMIQUE : UNE APPROCHE ECONOMETRIQUE DANS LE CADRE DES PAYS DE L'UEMOA
Considérant l'analyse de la partie
précédente, le seuil de l'inflation dépend de la structure
de l'économie. C'est pourquoi, dans cette partie avant d'évaluer
le seuil de l'inflation nous analysons succinctement le cadre économique
de l'UEMOA en examinant a le respect de la cible 3%, fixé par la
commission de l'UEMOA. Ensuite, nous déterminerons dans une approche
économétrique le seuil de l'inflation de l'UEMOA.
Chapitre 3 : L'analyse de la structure économique
de l'UEMOA
L'analyse de la relation entre l'inflation et la croissance
économique dans les pays de l'UEMOA passe par une présentation
du cadre macroéconomique et de l'évolution de ces deux variables
économiques dans le contexte de cette zone. Ce chapitre s'attèle
à donner les fondements éventuels d'une présomption d'un
effet de seuil de l'inflation sur la croissance économique. C'est
à juste titre que nous relevons ici les spécificités du
cadre macroéconomique et examinons le lien entre l'inflation et la
croissance dans cette zone.
3.1. Les spécificités du cadre économique
des pays de l'UEMOA
Composée de huit (8) économies
à savoir celle du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte
d'Ivoire, de la Guinée Bissau, du Mali, du Niger, du
Sénégal et du Togo qui sont fortement dépendantes des
chocs d'offre exogènes (aléas climatiques, variations erratiques
des cours des matières premières, hausse brutale du prix du
pétrole,....), cette zone a dû faire face à des
fluctuations diverses asymétriques auxquelles la politique
monétaire commune a eu à répondre. En particulier, la
forte spécialisation agricole déterminée par la
géographie favoriser l'occurrence des chocs asymétriques (S.
Guillaumont (2002)). En effet, à l'instar des économies
sahéliennes, celles des pays de la zone UEMOA sont relativement proches
les unes des autres, mais se distinguent des économies des pays
« côtiers ».
3.1.1. L'analyse
du cadre macroéconomique des pays de l'union
Nous nous intéressons ici à examiner
le respect de la cible de 3% fixé par la commission de l'UEMOA avant de
présenter succinctement la politique monétaire de l'union.
v Le pacte de convergence
Les pays de l'UEMOA ont adopté, en 1999, un
pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de
solidarité. Le but premier du pacte est d'imposer des contraintes aux
politiques budgétaires nationales de manière à
préserver la crédibilité et la convertibilité de la
monnaie commune. Les pays membres de l'Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine (UEMOA) sont en effet engagés dans une
démarche d'harmonisation des politiques économiques qui prolonge
une coopération longtemps limitée à la monnaie et au
régime de change.
Parmi les critères dits de « premier
rang » figurent le ratio du solde budgétaire de base
rapporté au PIB nominal, le taux d'inflation, le ratio de l'encours de
la dette publique totale rapporté au PIB nominal et la non accumulation
d'arriérés de paiement intérieurs et extérieurs sur
la gestion de la période courante.
Tableau
1 : Les pays ayant respecté les critères primaires
(1 er rang) de convergence de l'UEMOA
Critères primaires
|
Norme
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Solde budgétaire de base rapporté au
PIB nominal
|
>=0
|
3
|
3
|
3
|
3
|
4
|
3
|
3
|
4
|
Inflation
|
<=3
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
3
|
3
|
5
|
Encours dette/PIB
|
<=70
|
5
|
4
|
4
|
4
|
4
|
5
|
4
|
5
|
Arriérés des paiements
|
<=0
|
1
|
3
|
3
|
3
|
3
|
4
|
3
|
3
|
Source : Commission bancaire de l'UEMOA
(2006)
Dans l'ensemble, le non respect des critères
ne semble pas dû à un manque de volonté politique, mais
principalement au manque de vigueur de l'activité économique et
à la forte vulnérabilité des économies aux chocs
extérieurs, en particulier les chocs naturels pour certains (Niger), des
termes de l'échange pour d'autres (Mali, Burkina, Cote d'Ivoire, etc.)
et des conflits (Cote d'Ivoire, Guinée Bissau, Togo). En outre, l'on
peut constater que la majorité des pays ont particulièrement des
difficultés à respecter la norme de 3% fixé par la
commission. Ce fait pourrait traduire le fait que ce taux ne serait pas
optimal.
v Une politique monétaire commune
La politique monétaire consiste à réguler
l'évolution de la masse monétaire en fonction d'objectifs tels
que la stabilité des prix ou la relance de l'activité
économique (Faugère, 1994). Dans la pratique, certaines banques
centrales articulent leur politique monétaire autour d'un objectif final
unique (la stabilité des prix), d'objectifs intermédiaires (par
exemple, des règles d'évolution de la masse monétaire) et
d'instruments (taux d'intérêt et réserves obligatoires).
Les pays de l'UEMOA ont une politique
monétaire commune. L'objectif principal de la politique monétaire
conduite par la BCEAO est la préservation de la valeur interne et
externe de la monnaie. De façon spécifique, elle vise
l'ajustement de la liquidité globale de l'économie en fonction de
l'évolution de la conjoncture économique pour assurer une
stabilité des prix et promouvoir la croissance économique.
Cette politique a connu depuis la réforme de
1975, une modification en Octobre 1989, puis un renforcement en Octobre 1993.
Le nouveau dispositif de gestion monétaire de l'UEMOA se fonde sur un
recours accru aux mécanismes de marché, privilégiant
ainsi les méthodes de régulation indirecte de la
liquidité. Cette politique repose sur :
- L'utilisation de taux d'intérêt directeurs
propres à l'institution d'émission ;
- Le marché monétaire
rénové ;
- La libéralisation des conditions de banques.
Plus généralement, les
innovations portent sur le remaniement de la grille des taux directeurs de la
BCEAO, avec l'instauration d'un taux de prise de pension, dont
l'évolution est adaptée à celle du taux de marché
monétaire, qu'il influence et pour lequel il peut servir de signal. Le
marché monétaire a également subi de profonds changements,
dans le but de constituer un instrument privilégié de gestion des
trésoreries bancaires et des interventions de l'institut de
l'émission. La banque centrale y participe désormais comme
intervenant. Le volume de la nature de ses interventions est
déterminé en fonction des orientations qu'elle propose d'impulser
au marché et au comportement des banques, au regard de ses objectifs en
matière de politique de la monnaie et du crédit et de la
situation conjoncturelle de liquidité.
La coopération monétaire existant
avec la France est illustrée par l'existence du mécanisme dit du
« compte d'opérations », qui contribue à
garantir le maintien d'une parité fixe entre le franc CFA et l'Euro.
Dans ce cadre la recherche de la stabilité des prix apparait comme un
objectif susceptible d'assurer la soutenabilité à long terme du
taux de change et la compétitivité des économies de
l'Union.
Ainsi, la politique monétaire se caractérise par
une croissance modérée de la masse monétaire, un revenu de
seigneuriage faible et une relative autonomie de la banque centrale par rapport
à chaque Etat membre.
A l'instar de la plupart des banques centrales, la
politique monétaire de la BCEAO s'est fixé pour objectif
principal la stabilité des prix. Pour atteindre cet objectif, la banque
centrale agit notamment sur le niveau de la liquidité globale qui
devrait avoir un impact sur l'évolution de l'inflation et la croissance
économique.
La monnaie en circulation échappe au pouvoir
discrétionnaire de chaque pays et l'évolution de la masse
monétaire s'y trouve régulée en fonction de
l'évolution prévisible du PIB en volume et d'une cible
d'inflation voisine de celle des économies européennes, gage de
préservation du rapport de change fixe envers l'euro.
Selon la théorie économique, en
régime de change de fixes, la banque centrale intervient sur le
marché des changes pour empêcher la dépréciation du
taux de change. Pour cela, elle offre des devises et demande de la monnaie
nationale. Dans ce contexte la masse monétaire en circulation dans le
pays se trouve donc réduite. La diminution de la masse monétaire
signifie un recul de l'offre de monnaie et implique une hausse des taux
d'intérêt sur le marché monétaire. Cette situation
pourrait engendrer une baisse de la demande effective.
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