I.1.3. SITUATION DE LA PRODUCTION
ET DE L'USAGE DES SEMENCES AMELIOREES EN R.D. CONGO
L'analyse de la situation semencière en R.D.Congo
montre que la pénurie en semences peut être justifiée par
les facteurs suivants :
- Une offre en semences insuffisante ;
- Une faible capacité de mise en oeuvre des projets et
une faible contribution du secteur de la recherche dans la diffusion des
semences (MALUMBA, 2007).
Des enquêtes de terrain ont permis de constater qu'il
n'existe aucune structure véritablement organisée pour la
production des semences maraîchères certifiées en R.D.
Congo. Dans le pays il a existé entre 1990 et 1994 quelques huit fermes
semencières qui travaillaient avec le SENASEM (Service National de
Semences) exclusivement pour la production des semences vivrières.
En dépit de leur existence et d'une certaine
production, ces structures ont manifesté beaucoup de faiblesses dont des
productions très limitées, l'absence de synergie avec les autres
composantes de la filière semencière en l'occurrence la recherche
et la vulgarisation (VANOUNOU, 1997).
En 1996 déjà, il n'y avait que quatre fermes qui
étaient opérationnelles et d'ailleurs pour une production totale
de 1.000 tonnes de semences vivrières (toutes espèces) contre un
besoin national total estimé à 127.000 tonnes (MALUMBA, 2007).
Depuis la situation s'est empirée et on assiste
à des efforts très éparpillés. D'une part il y a la
FAO qui finance des petits projets de multiplication et de distribution des
semences dans l'hinterland des grandes villes. D'autre part on note quelques
groupes privés comme la SOTRACEN (Société de Trading en
Afrique Centrale) et CEPROSEM (Centre de production de semences)
localisés à Kinshasa et actifs dans la production des semences
maraîchères.Nous aimerions donner quelques détails sur ces
2 groupes privés.
1° SOTRACEN
La SOTRACEN dont le siège est sur le boulevard du 30
juin (Gombe/n°53) a démarré ses activités en 1987
avec comme mission principale la production des semences
maraîchères et vivrières en particulier le maïs. Elle
a disposé au total de 58 ha. Les cultures maraîchères
faites pour la production des semences sont notamment la tomate, le poivron,
l'aubergine, le concombre, le gombo, le piment Cayenne, la pastèque.
Au sujet de la production, il n'a pas été facile
d'avoir des données d'autant qu'il nous paraît que les
statistiques n'ont pas été formellement tenues. Des dires des
agronomes, on a obtenu en moyenne par bloc de 1ha, 32kg de semences de
tomate caraibo, 50kg de semences d'amarante, 70kg de semences de piment Cayenne
et 45kg de semences de gombo clemson. Si ces chiffres sont vrais, l'explication
de ces rendements relativement faibles se trouve en partie dans les
difficultés d'arrosage qui se faisait, selon les dires des agronomes,
à la main avec des arrosoirs et à partir d'un cours d'eau distant
de 50 à 100m du champ.
Quant aux prix, la SOTRACEN vend à 1$ les 5g de presque
toutes les semences sauf celles d'amarante, de pointe noire, de morelle et
d'épinard vendues à 1$ les 25g.Les prix ainsi pratiqués
dénotent que le kg de semences de tomate, d'aubergine et de poivron
p.ex. reviennent à 200$ et le kg d'amarante, de pointe noire,
d'épinard et de morelle à 40$. Ce qui est de loin plus cher que
les semences importées. A ce sujet la mercuriale de Vikima seeds, une
société de production de semences maraîchères au
Danemark, indique des prix de 28$ à 32$ le kg pour la tomate, 29$ le kg
de poivron, 4$ le kg pour le gombo et l'épinard.
2° CEPROSEM
Le CEPROSEM dont les bureaux et les champs sont situés
à Kimbondo a démarré ses activités en octobre
2005.Il se consacre principalement à la production des semences
maraîchères. C'est sur un terrain de 7.5ha aménagés
en parcelles de 12.5ares que cela se fait.
Il est repris au tableau 1, les chiffres de toutes les
productions obtenues ainsi que les superficies exploitées pour quelques
cultures depuis que CEPROSEM a démarré ses activités en
octobre 2005.
Tableau 1 : Productions obtenues et superficies
exploitées de diverses cultures pour chaque saison
culturale.
N°
|
CULTURES
|
ANNEE 2005 - 2006
|
ANNEE 2006 - 2007
|
Saison B
|
Saison C
|
Saison A
|
Saison B
|
Saison C
|
Semences
(Kg)
|
Superficie (ares)
|
Sem. (Kg)
|
Sup. (ares)
|
Sem. (Kg)
|
Sup. (ares)
|
Sem. (Kg)
|
Sup. (ares)
|
Sem. (Kg)
|
Sup. (ares)
|
1
|
Amarante gombe
|
69,2
|
4,41
|
-
|
-
|
768,6
|
124,5
|
285,9
|
50
|
-
|
-
|
2
|
Epinard local
|
10
|
1,56
|
64,6
|
3,9
|
25,6
|
4,37
|
107,6
|
13,65
|
-
|
-
|
3
|
Chou pointe noire
|
-
|
-
|
19
|
5,88
|
-
|
-
|
15,2
|
18,25
|
17,5
|
10,17
|
4
|
Oseille locale
|
27
|
10,5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
729,6
|
239
|
-
|
-
|
5
|
Aubergine black beauty
|
40,5
|
12,5
|
11,9
|
20,8
|
11,6
|
37,5
|
-
|
-
|
67
|
37,5
|
6
|
Aubergine barbentane
|
17
|
37,5
|
2
|
4,23
|
0,45
|
29,95
|
-
|
-
|
24,1
|
59,21
|
7
|
Gombo clemenson
|
41,5
|
25
|
4
|
3,58
|
100
|
37,5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
8
|
Gombo puso
|
-
|
-
|
4,5
|
1,7
|
40
|
12,5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
9
|
Haricot vert cora
|
49,9
|
12,5
|
5,8
|
7,92
|
87,3
|
37,5
|
-
|
-
|
373,1
|
36,2
|
10
|
Haricot vert minkoti
|
2,5
|
0,12
|
-
|
-
|
-
|
-
|
44 ,4
|
4,9
|
-
|
-
|
11
|
Piment cayenne
|
0,85
|
1,8
|
-
|
-
|
16,1
|
12,5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
12
|
Piment safi
|
4,3
|
3,6
|
-
|
-
|
2,2
|
10,63
|
-
|
-
|
-
|
-
|
13
|
Tomate caraïbo
|
0,2
|
50
|
1,4
|
15,23
|
17,9
|
75
|
5,2
|
50
|
30,6
|
62,5
|
14
|
Tomate roxana
|
0,3
|
0,44
|
5,6
|
19,42
|
0,8
|
12,5
|
1,5
|
12,5
|
16
|
172,76
|
15
|
Tomate xina
|
6
|
3,75
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Source : CEPROSEM, 2007
Des données de production des semences
rapportées dans le tableau n°1, on peut constater que :
- Pour l'ensemble des espèces exploitées par
CEPROSEM,la production s'est améliorée de 2005-2006 à
2006-2007 .Au fil des temps,le centre a,non seulement augmenté les
superficies mais aussi maîtrisé les paramètres et les
techniques .Ceci peut être apprécié dans le rendement
à l'unité de surface.
- Pour la tomate en particulier, le rendement moyen le plus
élevé obtenu en 2005-2006 a été de près de
30kg à l'ha avec la variété Roxana en Saison C.En
2006-2007, C'est de 50kg à l'ha avec la variété Caraibo en
saison C.Le centre a même enregistré des rendements
dérisoires de moins de 10kg à l'ha voire moins de 1kg.Il y a
probablement lieu de croire que la production semencière est plus
délicate que la production des légumes.
La faible production observée particulièrement
sur la tomate au cours des saisons A et B serait due aux pluies abondantes et
aux attaques des araignées rouges, chenilles et maladies cryptogamiques.
En effet les pluies occasionnent par leurs gouttes la chute des fleurs et par
l'ambiance humide l'infestation des ravageurs et la prolifération des
maladies.
La saison C paraît être la plus propice à
la production des semences maraîchères. Elle coïncide avec la
saison sèche.
En ce qui concerne les prix, CEPROSEM vend entre autres les
semences de :
- Tomate (Caraïbo) à 2 $ pour les 5 g ;
- Aubergine à 1 $ pour les 5 g ;
- Amarante (Gombe) à 0,5 $ pour les 25 g ;
- Gombo puso à 2 $ pour les 25 g ;
- Etc.
En plus du fait que la production locale en semences
maraîchères soit inexistante, il est étonnant de constater
également l'insuffisance au Congo des structures qui s'adonnent à
l'importation et à la distribution des semences au niveau national.
Face à cette insuffisance, les producteurs recourent
à l'utilisation des semences récoltées sur certains pieds
à la fin des divers cycles de production, sans sélection
préalable et sans tenir compte de la dégénérescence
et des défauts de production que peut induire l'utilisation d'une
semence dont les qualités ne sont pas assurées (MALUMBA,
2007).
Dans l'ensemble du pays, l'utilisation des
variétés améliorées est insignifiante. Le non
recours à ce matériel est d'ailleurs une de
caractéristiques de l'agriculture traditionnelle de subsistance, type
d'agriculture prédominant en R.D.Congo particulièrement en ce qui
concerne les cultures vivrières alimentaires. La situation peut
être relativisée pour certaines espèces. On observe par
exemple que pour le manioc, l'usage des clones améliorés a
été très répandu surtout après les attaques
de l'anthracnose, de la cochenille farineuse et de la mosaïque virale dont
cette culture a été l'objet dans tout le pays dans les
années 1970 à 1980 (KATANGA, 2004).
Il est important de relever aussi que dans une étude
sur l'expansion de semences améliorées de haricot au Sud-Kivu, on
a constaté que l'usage des variétés
améliorées a été très élevé
dans les sites proches des centres de recherche et de plus en plus faible au
fur et à mesure qu'on s'en éloigne. La même situation
s'observe aussi dans l'Hinterland minier du Sud de la Province du Katanga
où l'utilisation des variétés améliorées est
très courante de la part des agriculteurs à cause d'une
présence importante des structures de production et des maisons de vente
des semences ainsi que de la proximité de la Zambie et de l'Afrique
Australe où l'usage des variétés améliorées
est très élevé et la filière semencière est
bien organisée. Tel n'est pas le cas dans les milieux ruraux
éloignés de cette zone. Outre l'éloignement par rapport
aux centres de recherche, on peut évoquer parmi les raisons de la faible
utilisation, le prix élevé de la semence. A titre illustratif
pour un Kg de tomate coûte selon la variété entre 40 et
50$ en importation, de chou de chine coûte 20 à 25$ et 1kg de chou
pommé selon la variété entre 60$ (Copenhague) et 300$ (KK
cross) selon la variété (KATANGA, 2004).
|
|