0.2 Problématique
Pour un PVD disposant de très peu de capitaux, le
recours aux aides extérieures lui permet de franchir la contrainte
budgétaire instantanée. Il peut s'attendre à une
croissance élevée dans la mesure où l'entrée des
capitaux permet l'abaissement du taux d'intérêt et par
conséquent la hausse du volume de la production agrégée.
Selon H. Chenery et A. Strout (1966), la situation de sous-
développement des pays pauvres est caractérisée par la
diminution de leurs possibilités de développement, par le manque
de l'épargne, le manque des devises étrangères donc
l'impossibilité d'importation. Le rôle de l'APD est de
combler l'écart entre l'épargne et l'investissement.
L'ASS a reçu une part non négligeable de l'APD
pour la promotion du développement à travers l'investissement.
Paradoxalement, la croissance d'Afrique en général a
diminué en moyenne malgré l'augmentation de cette aide par
rapport au revenu. Ces fonds d'aide n'ont pas contribué à
réduire la pauvreté de manière significative.
Selon l'OCDE, l'APD a atteint un montant de 79 ,5 milliards de
dollars en 2004 et 106 milliards de dollars en 2005 alors qu'en 2001 l'ASS
bénéficiait d'une APD de 14,6 milliards de dollars provenant des
sources bilatérales et multilatérales. Les nouvelles
données publiées par l'OCDE montrent une croissance continue de
l'APD en 2009 malgré la crise financière. Le total de l'APD
versé par les pays donateurs membres du CAD a augmenté de 0,7% en
terme réel mais la hausse est de 6,8% une fois la dette est
abandonnée.
L'aide représente moins de 1% des dépenses
gouvernementales en moyenne parmi les pays de l'OCDE alors que les gros efforts
sont encore nécessaires pour atteindre les OMD.
Bien qu'il y ait une augmentation considérable de l'APD
vers l'Afrique, le CAD constate que celle-ci est moindre par rapport à
l'objectif qu'il s'est fixé. En 2009, les apports bilatéraux vers
l'Afrique ont augmenté de 27 milliards de $, soit une progression de 3 %
en taux d'intérêts réels par rapport à 2008, dont
24milliards de $ sont alloués à l'ASS, soit 5 ,1% de plus
qu'en 2008.
L'augmentation des flux d'aide et de la dépendance
vis-à-vis de l'aide a conduit à une multiplication des travaux
sur l'effet de l'aide publique au développement dans des nombreux pays
pauvres. La volonté de comprendre les effets de l'aide ont
suscité des débats sur la définition de
l'efficacité de l'aide publique au développement et ses
critères d'évaluation.
Les études les plus connues sur l'efficacité de
l'APD sont celles des économistes de la Banque mondiale qui ont
été les premiers à suggérer que les liens entre la
croissance économique et l'aide étaient trop faible en
particulier dans un environnement des politiques publiques déficientes
(Burnside et Dollar,1997).
Depuis la Déclaration de Paris de 2005 sur
l'efficacité de l'APD, les débats se sont focalisés sur
l'efficacité ou l'inefficacité de l'APD sur la croissance
économique ou sur l'investissement, sur les formes d'aide comme l'aide
bilatérale ou multilatérale, et sur la composition de l'APD entre
autre les dons et les prêts (OCDE, 2003). Certains travaux
réalisés estiment que le processus de démocratisation peut
être amélioré par l'APD conditionnée. D'autres
estiment que l'APD sous forme de dons est plus efficace pour orienter
l'économie vers un développement durable. Pour les partisans des
prêts, ils estiment que les prêts reçus sont orientés
vers les dépenses de consommation au lieu des investissements.
Ayant reconnu les problèmes des pays pauvres, beaucoup
d'initiatives ont été reprises en matière de l'APD. Les
plus récentes concernent l'octroi de 0,7% du RNB par les pays donateurs
à l'APD destinée aux pays pauvres afin de réduire la
pauvreté dans le monde. Si l'APD peut promouvoir la croissance
économique et le développement humain, elle ne le fait pas de
manière efficace dans tous les pays. Ce manque d'efficacité est
attribué, dans pas mal des cas, à des facteurs comme les
institutions qui demeurent incapables d'accroitre la productivité de
l'APD, une capacité d'absorption insuffisante, la multiplicité
des donateurs aux exigences et objectifs variés, le manque de
coordination et d' harmonisation entre les politiques des différents
donateurs et la prise en compte des politiques nationales des pays
bénéficiaires dans la formulation des stratégies des
donateurs.
Les pays fragiles ayant des institutions moins solides et
moins efficaces pour faire face à la lutte contre la corruption, ces
Etats risquent de ne pas rendre l'APD efficace. L'analyse de Burnside et Dollar
(1997,2000) est au coeur du débat de l'efficacité de l'APD qui a
animé la communauté internationale dans les années1999.
Ainsi, cette analyse marque un tournant dans l'étude de
l'efficacité de l'APD puisqu'elle aborde la question des
conditionnalités macroéconomiques favorables à une plus
grande efficacité. Ainsi, étudier l'efficacité de l'APD
dans les pays fragiles de l'Afrique Subsaharienne nous est parue indispensable
car, malgré les conditionnalités exigées par les bailleurs
pour rendre l'APD efficace, cette région reste décevante en
matière de promotion de la croissance économique soutenue et du
développement.
L'objectif principal de ce travail est d'analyser si l'APD a
eu un impact significatif sur la croissance économique. Etant
donné que ces pays ont été dévastés par des
guerres civiles et la pauvreté que les autres pays du monde.
Au cours de notre travail, nous cherchons à
répondre au questionnement suivant: Est-ce que l'APD est efficace
pour promouvoir la croissance économique dans les Etats fragiles de
l'ASS ? La fragilité des Etats influe-t- elle sur
l'efficacité de l'aide publique au développement ?
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