Chapitre II : aide publique
au developpement et la fragilite en afrique subsaharienne : ANALYSE
descriptive
Ce deuxième chapitre analyse de façon
descriptive l'évolution de l'APD, sa relation avec l'évolution du
taux de croissance du PIB dans les pays de l'ASS subdivisés en trois
catégories : les pays relativement stables, les pays post-conflit
et les pays en conflit armé. Enfin, ce chapitre illustre la relation
entre l'APD et les indicateurs de la fragilité.
II.1. Evolution de l'aide publique
au développement et du PIB
Théoriquement, toute augmentation de l'APD devrait
être suivie de la hausse du PIB en passant par l'épargne et
l'investissement. La réduction de la pauvreté se traduisant par
la hausse du PIB. La promotion des investissements financés par les flux
d'épargne extérieure sous formes d'APD font croitre la production
agrégée du pays bénéficiaire de l'APD. Cependant,
les pays ayant reçu des APD massives ne sont pas ceux qui ont
affichés la croissance économique.
Les pays de l'ASS ont connu une tendance négative de
leur PIB durant les années 1980, suite à la mise en place des
Programme d'Ajustement Structurel. Ces mêmes programmes qui consistaient
en la réduction des dépenses publiques, ce qui a entrainé
des conséquences néfastes sur les investissements publics qui ont
subi le même sort, ont débouché sur la baisse du PIB.
II.1.1. Structure de l'aide
publique au développement
L'APD octroyée par les pays donateurs aux PVD
récipiendaires, est généralement composée d'aides,
de dons, d'aides humanitaires et de prêts concessionnels et elle est
essentiellement axée sur la réalisation d'infrastructures, les
programmes sectoriels, les domaines sociaux, les projets de
développement et la réduction de la pauvreté.
Selon le rapport de la CNUCED (2006), depuis 1960, l'Afrique a
reçu 580 milliards de $ d'APD. Les flux d'aide, liés aux
programmes d'ajustement du FMI et de la BM, ont continué d'augmenter
pendant toutes les années 1980 mais en privilégiant de
façon marquée l'ASS. La part de l'ASS dans l'aide totale a
augmenté régulièrement pour passer de 16% en 1974 à
28% en 1992 (pour atteindre près de 21 milliards de $). L'on a ensuite
enregistré un fléchissement marqué qui a duré
jusqu'en 2000 (l'APD tombant à moins de 12 milliards de $), suivi en
2002 par une reprise qui a dépassé le chiffre
précédemment atteint. Ce même rapport continue d'annoncer
que rares sont les pays de l'ASS qui ont été
épargnés par la contraction de l'aide des années 1990.
L'aide à la région a été fournie
essentiellement sur un plan bilatéral. Pour le même rapport, l'APD
multilatérale à l'ASS est passée à un peu moins du
cinquième du total pour les années 1970 à près de
40 % au début des années 1990 (l'APD multilatérale
résistant mieux à la baisse que les flux bilatéraux) avant
de diminuer à nouveau (CNUCED, 2006).
D'après la BM(2003) et l'ONU(2002), la reprise de
l'aide à la région a eu un élément
multilatéral plus marqué, sa part atteignant près de 30%
du total, essentiellement en raison de la place accrue
représentée par l'allégement de la dette (et ce en
dépit du principe selon lequel l'allégement de la dette viendrait
compléter l'aide plutôt que de s'y substituer). Bien que, dans les
pays donateurs, les idées reçues tendent à
considérer l'aide essentiellement comme une réponse aux besoins
de l'Afrique, l'APD à ce continent (en prix courants) a
généralement été bien inférieure à
celle accordée à l'Asie. Entre 1960 et 2004, l'Asie a reçu
environ 40 milliards de $ d'APD de plus que l'Afrique (CNUCED, 2006).
Le même rapport énonce que l'APD à l'ASS a
atteint son maximum pendant les années 1990 (5,5% du PIB) mais, en
dépit de l'augmentation ultérieure des flux nominaux, sa part a
diminué depuis lors sous l'effet de la reprise économique.
Cette part a été en hausse pendant toute cette
période et a atteint 5% pendant les années 1990,
reflétant, pour l'essentiel, la dégradation de la situation
économique dans la région de l'ASS. L'augmentation de
l'allégement de la dette accordée aux PPTE au cours de la
période 1990-2004 a plus que doublé le ratio entre leur APD et
leur PIB pour le porter à environ 11%.
Il importe pour les décideurs africains que l'aide soit
prévisible mais, en réalité, elle a
généralement été extrêmement instable, plus
encore que pour les pays en développement d'autres régions. En
fait, comme les flux d'aide sont importants par rapport aux autres variables
macroéconomiques, cette instabilité peut devenir
générale, ce qui ne manque pas d'avoir des conséquences
négatives pour la mobilisation des ressources internes et les
perspectives de croissance économique (CNUCED, 2006).
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