I.2.2. Quelques résultats
empiriques sur l'efficacité de l'APD
Les théories sur les déficits ont donné
l'impulsion de multiples études empiriques sur l'efficacité de
l'APD. Nombreux d'entre elles ont pris en compte l'hypothèse selon
laquelle l'APD exerce un impact positif sur l'investissement et la croissance
économique. Néanmoins, Rahman (1968), Griffin (1970), Griffin et
Enos (1970), Gupta (1970) et Weisskopf (1972) n'ont observé aucune
relation statistiquement positive entre ces deux variables, contrairement
à ce que laissait supposer le modèle de Harrod- Domar
(1946-2000). Ce modèle consiste à dire que la croissance
économique est fonction de nombre de machine en stock.
Les études économétriques sur les
approches de la relation entre APD et croissance économique,
menées dès les années 1980, n'ont pas dégagé
des preuves concluantes étayant l'hypothèse de déficit.
Sur un échantillon de 63 PVD, Mosley (1987) n'a conclu à aucune
relation statistiquement significative entre l'APD et la croissance
économique.
De même, les études empiriques
réalisées au cours des années 1990 et 2000 tendent
également à jeter le doute sur l'efficacité de l'APD en
termes de la promotion de la croissance économique des pays
bénéficiaires.
Ainsi, d'après l'étude de Boone (1996), qui
s'est fondé sur les données de panels concernant 91 pays
destinataires de l'APD sur une période de 1971 à 1990, les
preuves de l'impact de l'APD sur l'investissement et la croissance
économique sont insuffisantes. Easterly (1999, 2001 et 2003) a abouti
aux mêmes conclusions que Boone et Mosseley.
Dans l'étude de 1999, l'auteur affirmait qu'il
n'existait aucune base empirique témoignant d'une relation
proportionnelle à court terme entre la croissance économique et
le besoin d'investissement. Dans les ouvrages ayant suivi 2001 et 2003, il a
testé empiriquement l'hypothèse selon laquelle l'APD favorise
l'investissement et la croissance économique. Là encore, il n'a
pas pu observer de relation entre l'APD et l'investissement, sauf pour 6 des 88
pays bénéficiaires.
Par contre, une analyse de l'effet de l'APD sur le budget en
Ouganda, en Zambie, et au Malawi menée par Overseas Development
Institute sur la période 1990-2000 ; constate que c'est l'Ouganda
qui a bénéficié de l'effet sur la croissance
économique le plus fort (Fagernaïs et Roberts, 2004). Ces
écarts s'expliquent par le fait qu'au Malawi et en Zambie, l'APD
continue d'être affectée à des programmes de
développement spécifiques, alors qu'ils ne sont pas les plus
efficaces pour la croissance économique (Gupta, Powell et Yang,
2006).
De plus, l'agence française de développement et
al. (2005), qui a examiné à la fois l'impact de l'aide sur la
croissance économique et la capacité des pauvres à
cueillir les fruits du processus de croissance économique, constate que
l'APD a alimenté l'accélération de la croissance
économique des pays africains.
De là même, c'est en Ouganda que l'APD a produit
un effet remarquable sur la croissance économique par le biais de la
reconstruction, de l'amélioration de la gestion économique, des
programmes sociaux et des progrès dans l'administration publique. Au
Ghana, l'APD exerce une influence à la fois sur le soutien à la
stabilisation macroéconomique et la stimulation des programmes sociaux.
Le Mozambique offre également un bon exemple d'efficacité de
l'APD sur la période de 25 ans.
De surcroit, Devarajan et al. (2001), sur une étude
menée sur dix pays africains qui ont reçu l'aide programme au
cours de la période 1999, ont observé que seuls trois d'entre eux
(le Mali, le Ghana et l'Ouganda) ont réussi à se réformer
et que l'APD avait retardé les réformes dans 4 autres (le Congo,
le Kenya, le Nigeria et la Tanzanie). En revanche, Dunning (2004), a
étudié la relation entre APD et la démocratie sur 48 pays
du continent africain au cours de la période 1975-1986 et n'a
observé aucune relation significative entre l'APD et la
démocratie, mais il a dégagé une corrélation
positive et statistiquement significative sur une période de 1987-1997.
De même Dovoodi, Trongson et Asawanuchit( 2000), sur la
période 1960-2002 avec un échantillon de 46 pays de l'Afrique
subsaharienne, révélaient qu'en moyenne le ciblage des
dépenses sociales s'est révélé inefficace pour la
promotion de la croissance économique. Cependant, des études
ultérieures remettent en cause ces constats. Ainsi, des études
par pays de la Zambie, du Sénégal, et du Burkina Faso soulignent
l'importance de l'APD à des programmes de santé et de
l'éducation lesquels étayent l'action du capital humain
intervenant dans le processus de croissance économique (AFD et al.,
2005).
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