Le sujet du bien-être subjectif était au
départ un domaine beaucoup plus abordé par les philosophes avant
qu'il soit par la suite transcendé en psychiatrie et en économie
(par exemple Adam Smith et Karl Marx, cité par Sen, 1987). C'est
à partir de 1950, que les sociologues et les économistes
parviennent à l'abordé (Conceição & Bandura,
2008, p.7). En effet, depuis l'analyse pionnière d'Easterlin (1974) sur
l'interaction entre la croissance économique et le bien-être
subjectif des citoyens d'un pays, les économistes ont embrassé le
bien-être subjectif comme un résultat économique important
pour l'utilité individuelle (Brown & Tierney, 2006). Ainsi, la
question du bien-être subjectif à ce jour n'est plus une
idée neuve dans le monde entier mais la problématique de sa
mesure reste préoccupante et cela a donné lieu à des
nombreux colloques dont les derniers sont organisés entre autres par
l'OCDE et l'Union européenne, d'abord à Rome (mai 2007) puis
à Istanbul (juin 2007) et à Bruxelles (automne 2007).
Ces tables rondes ont suscité de nombreuses
réactions qui ont permis de poser clairement la question de savoir :
Est-ce possible de mesurer le bien-être subjectif ? Est-ce souhaitable ?
A quoi bon ? Comment le mesurer? (Globeco, 2009-2010 ; Conal, 2010). Toutes ces
questions suscitent des réactions et permettent de comprendre que la
conception du Bien-être qui se reposant sur les indices purement
économiques reste incomplète si l'on ne prend pas en compte la
dimension psychologique, sentimentale et cognitive. C'est-à-dire le
bien-être subjectif (Bakhshi & Radja, 2002). Effectivement l'une des
raisons motivant les mesures du SWB est le faite que les gens rejettent
l'affirmation selon laquelle l'accès aux ressources matérielles
rassemble tout ce qui fait une vie digne (Conal, 2010). Par exemple, la
comptabilité nationale ne parvient pas à fournir une bonne mesure
du bien-être subjectif; « la variable la plus couramment
utilisée est le PIB par tête qui ne prend en compte que les biens
et services marchands et méconnaît toute la dimension sociale du
développement (GIP SPSI57, 2007, p. 1).
L'autre exemple est le faite que dans la plus part des pays
du monde, en ce qui concerne la stratégie de développement, le
plus souvent, on accentue beaucoup sur la réalisation d'une union plus
étroite entre les pays, les membres d'une organisation, la sauvegarde et
la promotion des idéaux et les principes du patrimoine commun; la
sauvegarde et le développement des droits de l'homme et des
libertés fondamentales; la tolérance, la protection et le respect
de l'identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse de chaque
individu et de toute personne appartenant à une minorité
nationale sur leur territoire respectif,
-' 53 -'
sans oublié l'éducation, la
sécurité, la liberté de communiquer et de participer
à la bonne gouvernance, y compris l'atteinte des 8 objectifs du
millénaire (réduire l'extrême pauvreté et la faim,
assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir
l'égalité des sexes, réduire la mortalité
infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida,
le paludisme et d'autres maladies, préserver l'environnement, mettre en
place un partenariat mondial).
La plupart des aspects cités ci-haut sont
considérés comme essentiels à la stabilité,
à la sécurité démocratique et à la paix du
continent (Conseil de l'Europe, 199558 ; Unesco, 1999) et donc une
meilleure condition pour le bien-être. Mais, Diener & Tov (2007)
signalent que dans cette définition, il manque le bien-être
subjectif et il faut l'ajouter. Cela montre l'importance des données
purement subjectives dans les stratégies de développement dit
durable en gros l'atteinte des objectifs du millénaire (Angner, 2010).
Raison pour laquelle aujourd'hui, les organisations internationales, les
gouvernements, les médias et les chercheurs en économie, en
psychologie, sociologie, médecine s'intéressent de plus en plus
à la mesure du SWB, de la qualité de la vie, de la satisfaction
de la vie et le bonheur des individus.
Parmi ces chercheurs, et décideurs on trouve Par
exemple Diener (2000) ; Van Praag & al (2000); Veenhoven (2007a) ;
Dominique (2009) ; Stiglitz & al (2009) ; Angner (2010) ; Dolan & al
(2011) ; OCDE (2011). Cela montre un intérêt croissant de la
mesure de bien-être subjectif (SWB). Même s'il ya encore un
débat sain sur les limites de l'information fournit par les mesures de
SWB, mais ces informations peut être convenablement utilisé
à des fins scientifiques et politiques (Dolan & al, 2011) tels que :
l'évaluation des politiques publiques, la construction de statistique,
le complément des mesures du bien-être (Van, 2009). Ceci montre
qu'il y a donc une acceptation croissante des mesures du SWB. Celui-ci fournis
des informations significatives (Van, 2009).
C'est pourquoi, les mesures subjectives font de plus en plus
l'objet des nombreuses discussions entre les économistes, les
psychologues et les décideurs public. Ces discussions ont mis en
évidence le potentiel des mesures subjectives et ses déterminants
sous-jacents (ISWB, 2011). Les plus fréquemment citées par la
Commission Stiglitz & al (2009) qui stipule que «la recherche a
montré qu'il est possible de collecter des données significatives
et fiables sur le SWB aussi bien que sur le bien-être objectif ». Le
Bien-être subjectif comprend différents aspects «
(évaluation cognitive de sa vie, le bonheur, la satisfaction,
émotions positives telles comme la joie et la fierté, et les
émotions négatives comme la douleur et d'inquiétude):
chacun d'eux doit être évaluée séparément
pour dégager une appréciation plus
57 Groupement d'intérêt public
Santé-Protection sociale Internationale
58
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/convention.htm
-' 54 -'
complète de la vie des gens ... [SWB] devraient
être inclus dans de plus grande envergure enquêtes menées
par les services statistiques officiels » (Dolan & al, 2011, p.
3).
Les mesures subjectives offrent les informations que les
mesures objectives n'offre pas. L'importance de la mesure du SWB est de prendre
en compte les opinions individuelles et de comprendre comment l'individu se
sent dans la vie, dans la société où il vit, la
façon dont elle répond à ses attentes. Car selon Robin
& al (2008, p. 113), « la prise en compte de
l'intérêt du citoyen dans la décision publique passe par
l'estimation des préférences individuelles pour orienter certains
choix publics en matière de régulation des marchés ou de
mise à disposition de biens publics. Ce qui permet de tirer des
leçons.
L'une des raisons de mesurer le SWB d'une
société, c'est de vérifier si les changements
organisationnels, les nouvelles politiques et stratégies de
développement que certains pays adaptent ou mettent en place atteignent
ou pas leur objectif59. Par exemple, Barbara & al (2005/2006)
prennent en compte les changements de la gestion du programme de la
sécurité sociale adopté par les décideurs
politiques et observent les conséquences de ces changements sur le
bien-être subjectif des futurs retraités. Ces résultats ont
servi aussi les décideurs politiques de revoir leur stratégie
managériale afin de déduire les éléments essentiels
qui peut contribuer à améliorer le SWB. C'est pour dire
qu'étudier le SWB et mesurer empiriquement sa répartition entre
les individus et les pays puis évaluer son évolution dans
l'espace et dans le temps est riche d'enseignement (Frey & Stutzer, 2002;
Argyle & Crossland, 1987; Veenhoven, 1997; Diener, 2000).
Comprendre le mécanisme de la mesure du SWB
permettrait aux Etats de concentrer leurs efforts sur les
éléments gâchettes60 des autres
déterminants du SWB. Cela permettrait aux Etats d'investir en terme de
travail et de financement ; soit dans le secteur professionnel, si le
déterminant principale (l'élément gâchette) est le
domaine professionnel ; soit sur le développement des réseaux
sociaux, si le déterminant activateur (l'élément
gâchette) des autres déterminants est lié à la
relation entre les individus ; soit de concentrer ses efforts sur le
ministère de l'éducation ou un ministère qui reste
à créer que nous appelons le ministère du
développement personnelle pour concentrer l'estimation de soi et la
valorisation de l'individu, si ce déterminant est un
élément gâchette.
Donc, toute la politique et toute l'économie d'un
pays, au lieu d'être dispersé dans toutes les directions, pourrait
connaitre le secteur sur lequel il devrait agir pour réenclencher
59 C'est-à-dire est-ce que le
bien-être subjectif des individus s'améliore ou à tendance
à s'empirer avec le temps. Cela permet donc de comprendre et avoir des
données statistiques sur l'aspiration des individus, et peut servir de
guide dans la mise en place d'une politique de développement en vue
d'améliorer le bien-être subjectif des individus.
60 Les déterminants qui vont
stimuler les autres déterminants du bonheur subjectif.
--' 55 --'
le SWB au sein de sa population. Si le SWB est ainsi
réactivé, il s'en suivra, par voie de conséquence, une
reprise d'activité économique. C'est pour dire que, quand les
gens sont heureux, ils produisent de la valeur ajoutée, mais quand ils
sont dépressifs, ils deviennent improductive et représentent dans
ce cas un cout pour l'économie. Par exemple, l'OCDE utilise les
données agrégées sur SWB pour éclairer ses
politiques macroéconomiques61 (Brown & Tierney, 2006).
Cette politique est prometteuse. Par exemple, une entreprise ou une institution
ou encore un état qui offre un programme de développement
personnel basé sur le management transformationnel62, le
développement basé sur les forces63 et le travail en
équipe64, cela peut contribuer au SWB des employés et
par la suite contribuer au succès de leur travail, à la
création des valeurs ajoutées et à la relance des
activités économique (voir le site franco-québécois
de référence sur l'économie du bonheur)65.