5.2. En Tunisie :
En Tunisie, les sols affectés par les sels couvrent
environ 1,5 million d'hectares, soit à peu près 10 % de la
surface du pays. On les rencontre dans l'ensemble du territoire mais c'est
surtout dans le Centre et le Sud que l'aridité du climat cause leur
extension. Plusieurs formations géologiques constituent des sources de
sels solubles. Les eaux de ruissellement et de drainage, enrichies en
éléments solubles, s'écoulent vers les parties basses des
bassins versants. À partir de là, deux cas de figure se
présentent : soit le bassin versant possède un exutoire et les
sels migrent alors plus bas - c'est le cas de la vallée de la Mejerda ;
soit le bassin-versant est endoréique et une sebkha se forme dans la
partie la plus basse. Ces phénomènes se produisent toute
l'année dans la partie aride de la Tunisie et pendant la saison
sèche dans la partie méditerranéenne. Ils sont soit
naturels, soit provoqués par l'irrigation. Sur le plan
géochimique, les solutions (d'eaux de surface, souterraines ou de sol)
évoluent, au cours de leur concentration, selon la voie saline neutre,
ce qui signifie que l'on observe, avec l'augmentation du facteur de
concentration, la précipitation de certains sels dans un ordre
déterminé (calcite, gypse, etc.) avec celle du NaCl en dernier
lieu.(LTIFI, 2008)
En agriculture irriguée, les eaux de 2 à 3,5 g/l
sont les plus employées. Les eaux de 3,5 à 4,5 g/l viennent en
second lieu. Mais certains puits de plus de 7 g/l sont également
utilisés (ENNABLI, 1995). A l'image des sols, les eaux
en Tunisie ont un faciès géochimique chloruré-sodique au
nord, chloruré-sulfaté-sodique au centre et
sulfaté-chloruré-sodique au sud (HACHICHA,
1998). Mais des dégradations de qualité se traduisent
par des faciès chlorurés sodiques plus marqués ont
été observées surtout près des côtes
(HACHICHA et JOB, 1995).
Plusieurs périmètres irrigués sont soumis
à de graves problèmes qui se traduisent par une
dégradation des sols et une baisse de productivité, en
l'occurrence, la remontée de la nappe phréatique, la salinisation
des sols et une progressive réduction de rendements. Les
périmètres les plus affectés par ces
phénomènes sont les régions qui n'arrivent pas à
évacuerles eaux excédentaires, à savoir la vallée
de la Mejerda dans le nord et les oasis dans le sud (HACHICHA,
2002).
Prés de 100 000 ha des périmètres
irrigués sont profondément touchés par l'importance de la
salinisation. 75% des sols sont dans un intervalle allant du moyennement
à fortement sensibles à la salinisation.(LTIFI,
2008)
L'application du bilan de sels (MHIRI et AL.,
1998) a montré une salinisation pour les
périmètres irrigués de la basse vallée de la
Mejerda et une accumulation de 113000 tonnes de sels qui a été
marquée.
En 1993, HACHICHA a décrit le
périmètre de Mornaguia (basse vallée de la Mejerda)
irrigué depuis 1983, où la salinisation des sols s'est
manifestée dans le secteur en pente de BouHnach, par suite du transfert
des eaux de drainage naturel durant la saison pluvieuse des parcelles amont
vers les parcelles situées plus bas. Ce cas illustre bien les risques de
salinisation par transfert latéral des sels accumulés dans le
sous sol à l'échelle d'un périmètre
irrigué.
En 1992, Bach Hamba a montré qu'il
existe une relation entre la salinité de la nappe et la salure de sols
pour les profondeurs allant de 50 cm à 200 cm. De même dans cette
étude une cartographie du risque de salinisation a été
menée. Les risques de salinisation sont manifestés sur plus de
deux tiers de périmètre.
Ben Hassine (2000) a montré que le
risque de salinisation des sols à partir des eaux de la nappe est
faible. En effet la salinisation à partir des eaux souterraines a
été étudiée par corrélation simple entre la
profondeur du plan d'eau et sa salinité d'une part et la
conductivité électrique de trois horizons du sol (0-20, 20-40 et
40-60 cm) de l'autre part. Les résultats se sont avérés
peu significatifs dans la majorité des cas.
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