UNIVERSITE PUBLIQUE DU SUD AUX CAYES
LA LEGISLATION HA?TIENNE À L'EPREUVE DE LA
VIOLENCE CONJUGALE.(Cas de la ville des Cayes 2008-2010)
Mémoire pour l'obtention du grade de
licenciée en Sciences Juridiques
Présenté par :
Sagine BEAUZILE
Sous la direction de : Me Anthony
GEDEON
Promotion :
2006-2010
26 Janvier 2011
Les Cayes, Haïti
MÉMOIRE SOUTENU À L'UPSAC
Le 28 janvier 2012
Membres du Jury :
Président : Rev Père Yves Voltaire,
Recteur de l'UPSAC
Directeur de mémoire : Me Anthony
Gédéon, Doyen de la FSJ de l'UPSAC
Lecteur critique : Rev Père René
Aubain, Professeur de méthodologie
Je dédie ce travail à :
· Mes soeurs Esther et Dornane Kathiana Beauzile
· Mon très cher ami Evins Nazaire
· Ma seconde Mère Mme Guy Civil
· Mes meilleurs amis Darlène Jean Louis, Nerlande
et Love Valéry Civil, Simon Marjorie, Naromy et Jems Chacha, Gerlet
Raymond, Raymond Bergeot, Lorizor Luxandra, Placide Metchell Rhéaldyn,
Rév Père Cherfils Marc Fredner, Rév Père Exantus
Wilson
· Ma cousine préférée Patricia
Zamor
· Mes cousines et cousins Judelyse, Judith, Medgine,
Taciana, Claubert, Evins Mauriette
· Mes tantes Claudette Délinois, Bernadette
Davilmar
· Mon fils adopté Davilmar Luckens
· Ma marraine Mme Raymond Louis
· ET á mes collègues de travail Me
Rose-Marthe Louisjeune, Me Chaudry Joseph Waller, Me Yo's Gerlye Myrtil
REMERCIEMENTS
Tout d'abord, nous disons un grand merci à Dieu pour sa
magnificence, sa grandeur et ses bienfaits envers nous.
Nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance au
révérend Père Yves VOLTAIRE le Recteur de l'UPSAC,
à Maitre GEDEON Anthony Doyen et directeur de notre mémoire, au
lecteur critique le révérend Père AUBAIN Jean René
pour leurs attentions, leur soutiens et leurs conseils nous permettant de
mener à terme ce travail de recherche.
Ensuite, nous tenons à remercier toutes les personnes
(professionnels, proches, amis) qui, grâce à leurs conseils,
à leurs commentaires et à leur soutien chaleureux, m'ont permis
d'élaborer ce mémoire. Et aussi à toutes les institutions,
tous les répondants de l'enquête qui nous ont permis d'alimenter
notre recherche.
Ne pouvant pas les citer tous, nous tenons à souligner
le soutien de tous nos professeurs plus particulièrement Me JEAN LOUIS
Marcello, Me CHERY Joseph Roosval, Me VAVAL Pierre Ezéchiel, Me BELLEVUE
Sténio qui nous ont beaucoup aidé et guidé dans nos
recherches. Leurs conseils nous ont été profitables. Un grand
merci aussi au Révérend Père JEAN FRANCOIS Rubens qui nous
a donné son aide sur les plans logistique et méthodologique. Nous
remercions également tous les répondants qui nous ont permis de
réaliser notre enquête.
Nos remerciements vont aussi directeur du Réseau Sud
pour la Défense des Droits Humains (RSDDH) Me Yonel Myrtil qui nous a
permis non seulement de faire des expériences dans ce domaine mais aussi
de consulter des documents et également à Me Vaval Pierre
Ezéchiel de l'Association pour la Promotion de la Justice dans le Sud
(APJS) qui nous a fourni des documents et des données.
Nous voulons dire merci également à madame Donna
Plotkin de la section Des droits de l'homme de la mission des Nations Unies
pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Au bout du compte, j'exprime toute ma gratitude à nos
chers parents plus spécialement à ma mère madame Emildor
BEAUZILE qui s'est sacrifiée corps et âme pour faire de moi ce
que je suis. Et enfin nos camarades et nos collègues.
Sigles et Abréviations
Art : Article
CEDAW : Convention sur l'Élimination de toutes
les formes de
à l'Égard
des Femmes
CHREPROF : Centre Haïtien de Recherches et d'Actions
pour la Promotion
Féminine
CONAP : Coordination Nationale pour le Plaidoyer pour
les Droits des
Femmes
EMMUS III : Enquête de Mortalité,
Morbidité et Utilisation des Services,
2000
GDALE : Groupe D'Anarchistes de Lille et des Environs
Résumé
La violence conjugale est restée sous silence pendant
trop longtemps, alors qu'elle devrait être un sujet de
préoccupation pour tout le monde. Dans plusieurs cultures, la femme ne
pouvait pas jouir de tous ces droits, son mari détenait tout le pouvoir.
Il n'y a pas trop longtemps qu'on a commencé à chercher des
moyens pour la contrer, mais il reste encore beaucoup de chemins à
parcourir.
La montée de ce phénomène en Haïti,
nous force à questionner la législation haïtienne afin d'en
trouver la cause. Par ce travail, nous voulons apporter notre contribution
à la lutte contre la violence conjugale afin de permettre enfin à
la famille de s'épanouir pleinement pour le bonheur de tous.
L'intérêt social consiste à découvrir pourquoi ce
sont les femmes qui sont victimes le plus souvent tout en essayant d'apporter
des éléments de solutions à ce problème. Aussi,
l'application des normes internationales et nationales contre la violence
conjugale s'avère-t-elle nécessaire et même indispensable
pour enrayer ce mal. C'est pourquoi nous avons choisi de traiter ce
sujet : « La législation haïtienne à
l'épreuve de la violence conjugale ». La ville des
Cayes de 2008 -2010 nous servira de champ d'application.
Concepts Clés
Loi- Mariage- Violence conjugale
Ranmase lide
Depi lontan, vyolans konjigal la ap fè raj nan fanmiy
yo men yo pat bal okenn enpòtans. Paske nan plizyè kilti, fanm
pat gen dwa, alòske gason te ka fè sa l' vle . Sa pa fè
trò lontan yo kòmanse pale sou vyolans konjigal la, yo
kòmanse ap chache mwayen pou yo lite kont li. Men malgre tout efò
ki fèt, vyolans konjigal la toujou fò nan fanmiy yo e se fanm yo
ki toujou viktim.
Lè n'ap gade jan vyolans konjigal la ap evolye nan peyi
Dayiti nan de dènye ane sa yo, sitou nan vil Okay, nou chwazi etidye
tèm sa a pou nou wè kisa nou ka pote nan lit a. Paske nou
konstate de jou an jou anpil nan fanmy yo kontinye ap soufri anba vyolans
konjigal. Leta nou an gen anpil feblès nan domèn sa. Se
poutèt sa, nou pral fè yon analiz sou lwa ki egziste yo, gade
kijan yo aplike yo nan peyi a. Nou vle chache tou problèm ki anpeche
lwa yo aplike kòm sa dwa epi poukisa se fanm yo ki plis viktim.
Konsa, nou jije li nesesè pou lwa yo aplike
kòmsa dwa pou nou pa gen vyolans konjigal ankò. E se
poutèt, sa nou te chwazi travay sou sijè sa :
« vyolans konjigal anndan legislasyon nou an».
Lavil Okay nan ane 2008 -2010 ap sèvi nou kòm kad pou travay sa
a.
.
Mo kle yo
Lwa- Maryaj- Vyolans konjigal
Introduction Générale
1. OBJET D'ETUDE : la législation
haïtienne à l'épreuve de la violence conjugale
Dans le monde entier, depuis des temps immémoriaux, la
violence conjugale sévit dans de nombreuses familles. Elle est
présente dans toutes les sociétés1(*) et au sein de toutes les classes
sociales2(*). Elle touche
les gens de tous âges, hommes où femmes. Personne n'est donc
à l'abri, ni aucun pays n'est exempt. Aux Etats-Unis, en France comme en
Haïti, les femmes sont constamment exposées aux actes de violence
masculine. Par conséquent, la violence conjugale est un fléau
mondial répandu à travers le monde notamment en Haïti. Selon
Kay Fanm, une organisation de défense des droits des femmes, la violence
envers les femmes est un problème sérieux en Haïti. La
violence conjugale et « passionnelle » fait partie du
quotidien des femmes haïtiennes3(*). Elle est l'une des
réalités tragiques qui menacent de plus en plus
l'équilibre de la cellule familiale.4(*)
Notre travail, traite principalement de la violence conjugale
au sein des couples hétérosexuels, c'est-à-dire la
violence exercée par un partenaire sur l'autre. À l'occasion,
nous parlerons de la violence exercée par les hommes à l'endroit
des femmes. Car dans la réalité, plus de femmes que d'hommes sont
victimes des actes de violence conjugale et les conséquences sont plus
sérieuses pour le sexe féminin que pour le sexe masculin. La
violence conjugale se présente sous plusieurs formes: morale, physique,
économique, verbale, psychologique, sexuelle, politique et religieuse.
Les femmes sont humiliées, battues, maltraitées
exploitées, violées, abusées, agressées et
même tuées par leur mari.
Beaucoup d'efforts sont consentis pour que les
sociétés admettent l'égalité des femmes avec les
hommes, mais sans grands effets. Dans beaucoup de pays, spécialement
Haïti, un changement de mentalité est un long processus. Même
chez les femmes aujourd'hui encore, certaines ont peur ou hésitent
à dénoncer les actes de violence qu'elles subissent. Par
conséquent, aux grands maux les grands remèdes : des mesures
drastiques et nécessaires s'imposent pour freiner ce
phénomène qui cause tant de ravages dans les vies, dans les
familles et dans la société haïtienne.
2. PROBLEMATIQUE
La violence conjugale est très compliquée. Elle
tire son origine dans le patriarcat. L'homme veut toujours dominer sa femme.
L'éducation, la famille, le milieu social, les genres d'amis
fréquentés, l'école sont autant de facteurs qui peuvent
générer la violence conjugale. Car, lorsqu'un enfant ne
reçoit pas une éducation parfaite, grandit dans un environnement,
un entourage belliqueux, fréquente n'importe qui, l'on ne peut attendre
en retour que violence de la part de cet enfant.
La violence conjugale reste un tabou jusqu'à
présent. Pourtant, il doit préoccuper tout le monde. De par son
ampleur, on peut même avancer qu'elle est devenue une culture. En
Haïti, la violence conjugale est considérée comme une
affaire familiale.
Malgré les exploits réalisés,
pour renforcer les lois en vue de la combattre, rien n'a changé. Les
gouvernants imbus de cette évolution, ne font rien de concret. Certains
juges paraissent malhonnêtes quand ils statuent sur des cas relatifs
à la violence conjugale faite aux femmes. Cette situation fait
problème et suscite notre questionnement : l'évolution
phénoménale de la violence conjugale en Haïti plus
particulièrement aux Cayes, véritable défi pour la
société, ne mérite-t-elle pas une solution
urgente ?
3. HYPOTHÈSE
En réponse à notre question de recherche, nous
soutenons l'hypothèse suivante : L'évolution du
phénomène de la violence conjugale est liée à la
non-application des conventions nationales et internationales signés et
ratifiées par Haïti sur l'élimination de toutes les formes
de discriminations et de violence à l'égard des femmes.
4. OBJECTIF
L'objectif général de notre recherche
consiste à faire une analyse approfondie sur la législation
haïtienne face à la violence conjugale qui est le lot de la
quasi-totalité des familles dans le but d'éliminer toutes les
formes de discriminations au foyer. Les objectifs secondaires sont les
suivants :
1. Montrer l'évolution du phénomène de la
violence conjugale en Haïti plus particulièrement dans la ville des
Cayes.
2. Présenter le cadre juridique de la violence
conjugale en Haïti
3. Faire une analyse critique de la violence conjugale en
Haïti à partir des textes de lois
4. Formuler des propositions pour contrer ce
phénomène
5. MÉTHODE
Pour ce travail, nous allons utiliser la méthode
hypothético-déductive c'est-à-dire nous allons faire une
enquête aux Cayes (centre-ville) auprès de quelques familles.
À partir de ces résultats analysés, critiqués, nous
allons dégager des éléments de solutions
considérés comme notre participation dans la lutte active pour
l'éradication de la violence conjugale dans les familles
haïtiennes.
6. PLAN
Notre travail s'articulera autour de deux grandes parties
comprenant chacune deux chapitres. Dans la première, nous montrerons
l'évolution du phénomène de la violence conjugale plus
particulièrement dans la ville des Cayes et nous aborderons le cadre
juridique relatif à ce phénomène. Dans la deuxième,
nous critiquerons la législation face à la réalité
de la violence conjugale en Haïti plus particulièrement au
centre-ville des Cayes. Puis, nous ferons des propositions capables d'aider
l'Etat haïtien dans sa recherche de solutions pour freiner ce fléau
puisqu'il est le premier responsable du bien-être de tous.
Puisse ce travail de recherche contribuer à
éradiquer la violence conjugale pour enfin trouver un climat de paix
dans les familles haïtiennes, une relation conjugale solide. Une lutte
longue ! Mais certes passionnante puisqu'il s'agit du respect des humains,
de la dignité de la personne des femmes et de l'équilibre de la
société par le truchement de la famille !
Première partie : L'évolution ou
ampleur du phénomène de la violence conjugale en Haïti.
La violence conjugale est un phénomène
répandu à travers le monde plus spécialement en
Haïti. Elle est présente dans la vie de beaucoup de couples,
mariés ou non. Elle se manifeste sous plusieurs formes. Et le nombre de
cas ne cessent d'augmenter quotidiennement.
Cette première partie de notre travail consistera
à montrer l'évolution de la violence conjugale en Haïti.
Elle comprendra les deux premiers chapitres de l'étude dont le premier
s'attachera à faire l'historicité de la violence conjugale en
Haïti et le second considèrera la manière dont la
législation haïtienne aborde la violence conjugale.
Chapitre 1: Historique de la Violence Conjugale en
Haïti
À travers ce chapitre, nous montrerons
l'évolution du phénomène de la violence conjugale en
Haïti plus précisément dans la ville des Cayes. Avant
d'entrer d'emblée dans le vif du sujet, nous allons définir la
violence conjugale et la violence domestique puis, nous essayerons de faire une
brève historicité de la violence conjugale. Ensuite, nous ferons
ressortir les différentes formes de manifestations de la violence
conjugale, et enfin nous exposerons l'ampleur de la violence conjugale sur le
plan international et sur le plan national.
1.1 Définitions
Il importe de définir au préalable la violence
conjugale et la violence domestique dans le cadre de notre travail puisque les
formes se rapprochent beaucoup et même se confondent parfois.
1.1.1 Définition de la violence conjugale
La violence conjugale concerne la violence entre conjoints
mariés ou non, entre ex-conjoints séparés ou
divorcés. Car d'après nous, la violence conjugale ne s'exerce pas
seulement dans les familles unies par les liens du mariage. Selon un article de
l'encyclopédie libre Wikipédia, « la
violence conjugale est la violence au sein du couple. C'est un processus au
cours duquel un partenaire exerce dans le cadre d'une relation
privilégiée une domination qui s'exprime par des agressions
physiques, psychologiques, sexuelles, économiques ou
spirituelles »5(*).
1.1.2 Définition de la violence domestique
Le terme «violence domestique» est utilisé
pour recouvrir des situations variées qui ont lieu dans la sphère
privée et qui sont caractérisées par leur
brutalité. L'expression est utilisée au sens étroit pour
désigner les incidents relatifs aux attaques physiques :
«cela peut prendre la forme de violations physiques et sexuelles,
comme le fait de pousser, pincer, cracher, donner des coups de pied, de poing,
frapper avec la main ou avec un objet, étouffer, brûler,
ébouillanter ou envoyer de l'acide»6(*).
Dans notre travail, la violence domestique désigne
l'ensemble des agressions subies par les femmes dans leur vie de couple par
leur partenaire. Elle comprend la violence conjugale et la violence familiale.
Cette violence s'exerce au sein du foyer familial et les enfants et d'autres
membres de la famille sont parfois également concernés7(*). La violence conjugale englobe
toute une série d'actes physiques, verbaux, psychologiques,
économiques, sexuels, religieux. Et la violence familiale est celle
exercée à l'encontre de la femme par son mari ou son partenaire
et aussi par d'autres membres de sa famille comme son père, ses
frères, ses oncles, ses cousins. La violence familiale se manifeste sous
forme d'inceste, toutes sortes de menaces, de viol, d'injures, d'humiliation.
La violence domestique est donc exercée non seulement par le
partenaire de la femme mais aussi par ses proches parents.
Dans cette première section, nous avons défini
et distingué la violence conjugale de la violence domestique. Et
maintenant, nous allons retracer l'histoire de la violence conjugale en
Haïti.
1.2 - Survol historique de la
violence conjugale en Haïti
La violence conjugale n'est pas un phénomène
nouveau. Elle est ancrée dans les traductions religieuses et les
règles juridiques. Depuis des milliers d'années, des femmes sont
victimes d'actes violents de la part de leur conjoint. Elle a été
tolérée pendant très longtemps au cours de l'histoire.
Elle est un phénomène universel qui n'épargne aucune
couche sociale, elle touche tous les groupes ethniques et culturels
indistinctement. Dans plusieurs pays, elle a été
considérée comme un fait normal. Par exemple, au XIIIème
siècle la coutume du Beauvaisis affirme : « Il
est bien à l'homme de battre sa femme, sans mort et sans meshaing (sans
mauvais traitement) quand elle dénie son mari8(*).
De même, au XVIIIème siècle, le droit de
Bruges permettait au mari de maltraiter sa femme : « Le mari qui
bat sa femme, la blesse, la taillade de haut en bas et se chauffe les pieds
dans son sang, ne commet pas d'infraction s'il la recoud et si elle survit
»9(*). La loi romaine, à cette
époque, autorisait le mari à tuer sa femme si elle a commis
l'adultère ou encore ce dernier pouvait la corriger si elle buvait du
vin. Au Moyen Âge, l'État comme l'Église confèrent
encore au mari le droit de battre sa femme. La période de la Renaissance
n'apporte pas beaucoup de changements. L'homme est le maître absolu qui
peut contrôler et châtier son épouse s'il le juge
nécessaire. En Haïti, l'ancien article 284 du Code
pénal stipule « que le meurtre commis par
l'époux sur son épouse, ainsi que sur le complice ou sur l'un
d'eux à l'instant où il les surprend en flagrant délit
dans la maison conjugale, est excusable10(*)».
Pour plus de clarté, nous allons diviser l'histoire de
la violence conjugale en trois tranches : le système patriarcal,
l'Etat, la religion qui pour nous résument l'histoire en Haïti.
1.2.1 - Le Système Patriarcal
Le concept « patriarcat » vient du latin
« patriarkhês » : père, chef de
famille venant de pater et du
grec « grecarkhê » signifiant pouvoir,
commandement. En fait, le patriarcat est un système social dans lequel
l'homme, en tant que père, est dépositaire de
l'autorité au sein de la famille ou, plus largement, au sein du clan. La
perpétuation de cette autorité est fondée sur la
descendance par les mâles, la transmission du patronyme et la
discrimination
sexuelle. Les femmes sont subordonnées à l'homme qui
possède de l'autorité : Le père, le mari, ou à
défaut le frère. Le patriarcat est apparu avec la période
néolithique et aurait été favorisé par la
découverte du lien entre l'acte sexuel et la naissance ainsi que du
rôle supposé prépondérant du géniteur
apportant la semence, la femme n'étant considérée que
comme un simple réceptacle11(*). Le patriarcat désigne une forme
d'organisation sociale et juridique fondée sur la détention de
l'autorité par les hommes.12(*)
C'est un véritable système où le pouvoir
politique, économique et social est organisé par et pour les
hommes au détriment des individus que ce système classe comme
dominé. Dans les représentations patriarcales dominantes, l'homme
est fort, intelligent, aime le bricolage et les voitures puissantes. Il est
hétérosexuel et son vagabondage sexuel est une preuve de ses
qualités viriles même s'il est appelé à devenir chef
de famille plein de sagesse. La femme est, à l'opposé, douce et
compréhensive. Elle est l'assurance du repos de l'homme, tient le foyer
et assure les tâches ménagères. L'une de ses principales
fonctions sociales est d'enfanter et de s'occuper de ses enfants alors qu'elle
doit être toujours belle et disponible sexuellement pour son homme. Les
dominées du système patriarcal sont mises sous la tutelle et la
dépendance des hommes hétérosexuels. Cette domination se
traduit par des oppressions multiformes. Elle débute par une
éducation différenciée en fonction du sexe biologique. Les
petits garçons jouent avec des objets guerriers (armes, voitures) et
leur agitation est vue comme un signe d'éveil alors que les filles
doivent être sages et jouer avec les symboles de leur futur
« rôle de la femme » (poupées, objets de la
cuisine). Ce sont là les premières violences psychologiques et
symboliques qu'une société patriarcale fait subir aux enfants par
la médiation des parents et de la famille, de l'école, de la
télévision.13(*)
Dans le rapport du Secrétaire général de
l'ONU, le patriarcat est considéré comme une cause universelle de
la violence à l'égard des femmes :
« la généralisation de la violence contre les
femmes à l'ensemble des pays, cultures, races, classes sociales et
religions témoignent en effet de l'enracinement du
phénomène dans le patriarcat. »14(*). Un mal aussi grave
trouve en partie son explication dans la mesure où l'on prend conscience
de ses racines profondes dans l'histoire. Si la violence conjugale a
réussi à traverser les civilisations et des siècles, c'est
sans doute grâce à l'appui des structures sociales, politiques,
économiques et religieuses qui se sont renforcées mutuellement
pour produire et maintenir des rapports de domination et de pouvoir des hommes
sur les femmes15(*).
Le système patriarcal a profondément
marqué les cultures, les sociétés et les églises.
Il a oppressé les femmes par ses mauvaises structures, ses lois, sa
politique. La lutte contre le système patriarcal qui persiste encore
aujourd'hui concerne tout le monde et les hommes en particulier qui doivent se
défaire de leur schème social de genre. En Haïti, la
violence conjugale est caractérisée par la brutalité des
hommes envers la femme. Cela est dû à l'influence du
système patriarcal qui domine encore la société
haïtienne.
1.2.2 - L'État
L'État, de par son attitude, est
considéré comme un facteur qui a toléré la
violence conjugale pendant des siècles. De l'indépendance
jusqu'au milieu du XXème siècle, l'égalité surtout
politique n'existait pas entre l'homme et la femme. Elle était
privée de presque tous ses droits. La violence conjugale était
admise par l'Etat. La femme appartenait à ses parents, à son mari
ou à Dieu. Un coup d'oeil sur les différents constitutions et
codes nous en convaincra.
1.2.2.1 Les constitutions
Les vingt-deux constitutions d'Haïti ont
prôné la liberté et l'égalité entre les
Haïtiens. Et pourtant, on dirait que les femmes ne faisaient pas partie
des Haïtiens. La royauté de Christophe n'est
héréditaire qu'en faveur des seuls enfants males et
légitimes à l'exclusion des femmes16(*). Pendant
toute l'époque de la royauté christophienne, les femmes
étaient exclues des droits politiques. Elle ne pouvait pas être
candidate aux postes électorales, ni être ministre ou
député. Ce n'est qu'en 1946 qu'elles aient pu jouir de leur droit
d'être élues à certaines fonctions électives et
nominatives. Ensuite, la conquête du suffrage universel par décret
du Président provisoire Joseph Nemours Pierre Louis leur a permis de
voter pour la première fois le 22 septembre 1957.
En effet, nous n'avons connu qu'une seule présidente
de la République en 1990 à savoir Madame Ertha Pascale Trouillot
de 13 Mars 1990 au 7 Février 1991. Elle est aussi la seule femme
à être juge et membre de la Cour de Cassation en Haïti de
1986 à 1990. Et jusqu'à présent, nous avons eu deux femmes
comme première ministre : Madame Claudette Werleigh de Novembre
1995 au 7 Février 1996 et Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis du
6 septembre 2008 au 30 octobre 2009. De nos jours, la vie politique est encore
dominée par les hommes. Dans les partis politiques, au gouvernement, au
parlement, dans les collectivités territoriales, on compte plus d'hommes
que de femmes. Et qu'en disent les Codes ?
1.2.2.2 Les Codes Pénal et Civil
La femme n'avait pas la jouissance de ses droits civils non
plus. Le Code Pénal et le Code Civil haïtien font d'elle une
incapable, une mineure. Elle devait obéissance à son mari et
n'avait pour seul droit que se soumettre. Elle ne pouvait pas administrer ses
propres biens, ester quelqu'un en justice sans le consentement préalable
de son mari. C'était l'activité du mari qui prévalait.
Le Code Pénal haïtien établissait une
distinction de degré et de culpabilité dans l'adultère
selon qu'il est commis par l'homme ou la femme. Une femme coupable
d'adultère est punie d'un emprisonnement allant de trois mois à
deux ans tandis que pour un même délit le mari est
condamné à l'amende. Et encore, il faut que ce délit soit
commis dans le toit conjugal. Le meurtre commis par l'époux sur son
épouse de même que sur son complice surpris en flagrant
délit d'adultère au domicile conjugal est excusable selon
l'article 269 du Code Pénal17(*). Tandis que le meurtre commis par la femme
était condamnable. Certaines de ces dispositions de lois ne sont
disparues que récemment.
En 1944, soit le 11 janvier, est sorti un décret-loi
fixant un nouveau statut de la femme mariée qui travaille. Ce
décret lui accorde sous certaines conditions le droit de disposer
librement du produit de son travail. Avec ce décret, la femme peut
administrer ses propres biens. Mais l'article premier de ce même
décret stipule que la femme mariée qui pratique une industrie,
exerce une profession ou loue ses services dans l'Administration Publique ou
dans les entreprises privées, a sur la portion de son salaire ou de
revenu de son travail, non affectée à sa part contributoire aux
charges du ménage, pour les mêmes droits d'administration et de
disposition que confère l'article 1234 du Code Civil (1er et
2ème alinéa), à la femme séparée
de biens, tel d'en faire le dépôt en Banque ou dans une maison de
commerce à son crédit personnel ou de l'employer en acquisition
des valeurs mobilière. Commentant ce texte, les juristes Ertha Pascal et
Ernst Trouillot établissent que la femme mariée qui travaille a
sa part contributoire aux charges du ménage mise de côté,
jouit des mêmes droits d'administration et de disposition que
confère l'article 1234 du Code Civil18(*).
Le premier gouvernement provisoire de Joseph Nemours Pradel a
non seulement permis par la loi du 25 janvier à la femme le droit de
voter mais aussi il a dispensé la femme mariée qui a
légalement la jouissance et l'exercice des droits politiques de toute
autorisation maritale pour exercer lesdits droits19(*). C'est la loi du 8 octobre
1982 qui émancipe la femme d'une manière
générale.
1.2.3 L'Église
L'église maintient dans ses structures, dans sa
hiérarchie, dans ses cadres, la totale subordination de la femelle au
mâle20(*). Pour
certaines, ce sont les femmes qui sont porteuses de la violence conjugale. Le
mariage n'est que le contrat d'indépendance de l'épouse
vis-à-vis de l'époux quel que soit son comportement. Au
XVème siècle, l'église a émis une ordonnance
précisant quand et comment un homme pouvait effectivement battre sa
femme. Dans la bible rien n'a changé. Plusieurs passages ont un impact
défavorable sur le vécu des femmes, ils laissent entrevoir que
les femmes ont moins d'importance et de valeur que les hommes. Jusqu'à
présent, certaines églises relatent encore la soumission de la
femme à son mari. « Femme, soyez soumise à
vos maris comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme comme Christ
est le chef de l'église qui est son corps et dont il est le sauveur, or
de même que l'église est soumise à Christ, les femmes
doivent l'être à leurs maris en toutes choses » (Eph5,
22-24) Les religions s'opposent à la reconnaissance
légale des autres formes d'union. Les églises ont
cautionné pendant trop longtemps l'expression d'une culture masculine.
En maintenant la femme sous la tutelle de son mari jusqu'à nos jours, on
dirait qu'elle veut sauvegarder sa propre hiérarchie.
À travers les différents âges de
l'histoire, la violence conjugale a été cautionnée par des
institutions telles l'État, l'Église et les législations
qui en fait, devraient défendre et protéger la femme. Elles l'ont
tenue soumises à leur mari. Jusques à quand cette
mentalité cèdera-t-elle la place à une vision du monde ou
chaque personne sera enfin reconnue comme partenaire égal. Maintenant,
nous allons constater les diverses manifestations de la violence conjugale
1.3 - Les manifestations de la violence conjugale
La violence conjugale est la forme de violence domestique la
plus répandue dans notre pays. Pour certains, elle se borne seulement
à la violence physique. Nous voulons leur faire savoir qu'outre de la
violence physique, la violence conjugale revêt de nombreux visages comme
la violence morale, psychologique, économique sexuelle, verbale et
même religieuse.
Pour réaliser ce travail, nous avons mené une
enquête dans la ville des Cayes auprès de quelques familles ainsi
que dans deux institutions telles que le Réseau Sud pour la
Défense des Droits Humains et l'Association pour la Promotion de la
Justice dans le Sud. Les résultats des différentes formes de
manifestations de la violence conjugale, seront reproduits dans des
tableaux variés. Car c'est en écoutant les victimes que nous
avons pu déchiffrer et distinguer les différents types de
violence conjugale.
Dans cette section, quelques données recueillies de la
part de quelques victimes de la violence conjugale sont reportées en
annexes.
1.3.1. Violence Physique
C'est la forme de violence la plus reconnue en Haïti et
la plus visible. Elle atteint le corps de la personne directement en laissant
souvent des traces : fractures, meurtrissures, lésions et
même décès. Elle se manifeste par l'usage de certains
objets comme arme à feu, armes tranchantes, coups portés au moyen
d'une ceinture. La personne violente peut donner des coups de poings, des
gifles, des coups de pieds, des sévices, des mutilations, des
étranglements à l'autre personne. Cependant, on doit souligner
que ce sont les femmes qui sont le plus souvent victimes de cette sorte de
violence. Généralement, les hommes sont plus violents, ils
peuvent par conséquent contraindre la femme soit par leur physique, soit
par leur force. Elle est aussi la forme de violence la plus facile à
dépister. Le pourcentage des victimes est de 66% pour les femmes et de
51% pour les hommes.
1.3.2. Violence verbale
L'éducation, l'art de parler, le respect mutuel jouent
un rôle important dans une famille ou dans un foyer. Si dans la vie d'un
couple, il n'y a pas un respect réciproque, certainement il n'y a pas
d'avenir. C'est dans ce cas qu'on peut parler de la violence verbale qui se
caractérise précisément par un ensemble de propos
malsains, grossiers, des insultes graves et publiques que l'un des partenaires
ou bien les deux à la fois se lancent. Rares sont ceux qui injurient
l'autre de façon discrète. Et les insultes qu'ils
profèrent à haute voix sont parfois fausses et l'autre se sent
alors honteux, humilié. Les victimes de la violence verbale se
questionnent toujours et vivent dans le doute.
Au cours de notre enquête nous avons enregistré
plusieurs cas de violence verbale et cette fois-ci ce sont les hommes qui en
sont davantage victimes. La violence verbale met la victime dans une situation
embarrassante. Quand il s'agit d'une victime féminine, le mari parle
plus fort que la femme pour l'empêcher de parler. Au contraire, il
affiche parfois à sa femme un silence méprisant, il ne
répond pas à ses questions, ne l'écoute pas et refuse tout
dialogue. Le pourcentage de victimes de cette catégorie de violence est
de 48% pour les femmes et 51% pour les hommes.
1.3.3 Violence psychologique
La violence psychologique se coïncide souvent avec la
violence verbale. Elle la complète. Le compagnon violent renvoie
à la victime une image d'incompétence, de nullité. Il
l'atteint dans son image à travers le regard des autres. La victime perd
alors progressivement confiance en elle-même et en ses
possibilités. Peu à peu s'installent en elle l'intimidation, le
désespoir, une acceptation passive de la situation. Elle s'isole,
s'enferme dans la honte, n'ose plus prendre d'initiative. Cette forme de
violence peut conduire à la dépression, à l'alcoolisme, au
suicide même. Elle est plus intolérable pour la victime
féminine. Elle perturbe beaucoup plus son équilibre
psychologique.
La violence psychologique est difficile à discerner et
à repérer par la victime. Elle nuit à sa santé
mentale et affective. Presque toutes les femmes interrogées ont subi des
violences psychologiques. Elles sont nombreuses à dire qu'elles se
sentent humiliées, méprisées, dégradées,
vexées. Le pourcentage s'élève à 55% pour les
femmes et 43% pour les hommes.
1.3.4 Violence économique
L'argent joue un rôle important dans la vie de tout un
chacun. Tout le monde en fait usage. Il se retrouve presqu'au centre de tous
les conflits et situations de violence conjugale. Dans certains couples, la
violence surgit quand il manque d'argent. Ainsi la violence économique
s'exprime par le fait que l'un des partenaires ne peut pas subvenir aux besoins
de sa famille ; l'un d'entre eux refuse de souffrir, oblige l'autre
à faire parfois ce qu'il ne désire pas. Dans ce cas, ce sont les
femmes qui sont victimes car la majorité des femmes haïtiennes ne
travaillent pas. La violence économique consiste notamment à nier
à la femme le droit d'accéder aux ressources de base et d'en
avoir la libre disposition.21(*)
La violence économique dépossède la
victime de toute possibilité d'autonomie financière. Elle est
plus dure pour la victime féminine. L'homme veut toujours
contrôler les revenus de sa femme. Pourtant, ils refusent souvent que
leur femme soit au courant de leurs moyens financiers. Certaines femmes
affirment que leur mari les prive de leurs moyens financiers en leur disant
qu'elles ne peuvent pas contrôler leur argent. Dans ce cas, les femmes
sont maintenues par leur mari dans une totale dépendance
économique. Ce pourcentage se chiffre à 52% pour les femmes et
34% pour les hommes.
1.3.5 Violence sexuelle
Le sexe est l'élément primordial et même
indispensable au sein d'un couple. La violence sexuelle est cette forme de
violence la plus cachée, la plus discrète. Elle se manifeste
par le viol, les agressions sexuelles, la contrainte. On peut parler
également de violence sexuelle quand il y a transmission du VIH/sida ou
toute autre maladie sexuellement transmissible quand le partenaire refuse
d'utiliser de préservatif, ou qu'il n'avertit pas sa compagne qu'il est
ou pourrait être porteur d'une maladie. Même dans le mariage, on
n'a pas le droit de contraindre quelqu'un à accepter une relation
sexuelle. Il faut toujours respecter le consentement de l'autre.
Cela ne fait pas trop longtemps qu'on reconnaît le viol
entre époux. C'était en janvier 2006, en Haïti, que les
femmes ont d'ailleurs commencé à dénoncer le viol
conjugal22(*). Ce sont les
femmes encore qui sont victimes en majorité de la violence sexuelle. Son
partenaire, son époux, son compagnon la viole toujours
c'est-à-dire elle subit des rapports sexuels contre son gré.
Quand elle refuse, son partenaire lui fait savoir que c'est son devoir envers
lui et c'est son droit. La violence sexuelle contraint la victime
à avoir une relation sexuelle indépendamment de sa
volonté. Le pourcentage est de 45% pour les femmes et 14% pour
les hommes.
1.3.6 Violence religieuse
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La religion occupe une grande place dans toute
société. D'ordinaire la disparité de foi n'empêche
pas à un couple de s'unir. Mais le plus souvent, le conflit de religion
survient après le mariage. L'un oblige l'autre de professer sa religion
et voilà la guerre. La violence religieuse concerne les cas où
l'homme se moque des croyances religieuses de la femme ou les dénonce et
inversement ou lui interdit l'autre d'aller à l'église ou dans un
temple de son choix. La violence religieuse vise à briser la
foi religieuse de l'autre. Le pourcentage s'élève
à 41 % pour les victimes féminines et 29% pour les victimes
masculines.
La description ainsi que le pourcentage affiché pour
chaque forme de violence conjugale laissent présager le ravage de ce
fléau au sein des couples. Nous allons en mesurer l'ampleur tant sur le
plan international que sur le plan national.
1.4 Ampleur de la violence conjugale en Haïti
Dans cette partie, nous allons montrer l'ampleur de la
violence conjugale tant sur le plan international que sur le plan national.
1.4.1 Ampleur de la violence conjugale sur le plan
international
Aujourd'hui encore, il y a des pays qui ne reconnaissent pas
la violence conjugale comme un crime. Dans l'ensemble des pays de l'UE, 1 femme
sur 5 au moins subit au cours de sa vie des violences infligées par son
mari ou par son compagnon. En Europe, chaque semaine, une femme est tuée
par son conjoint23(*). En
France, la seule véritable enquête nationale sur les violences
envers les Femmes, l'ENVEFF, a été publiée en juin 2001 et
a fait l'effet d'une bombe : une femme sur 10 est victime de violences
conjugales, 6 femmes en meurent chaque mois. Des chiffres confirmés par
le sondage IPSOS/Marie-Claire ont été publiés en
février 2005 : « 10% des femmes interrogées
affirment qu'au cours de leur vie actuelle ou passée, il leur est
déjà arrivé « plusieurs fois » que
leur partenaire les gifle ou les frappe ou qu'il les oblige
« plusieurs fois » à faire l'amour alors qu'elles
leur avaient dit ne pas le vouloir. ».
D'après l'enquête ENVEFF, Le profil de
l'agresseur concerne majoritairement des hommes bénéficiant par
leur fonction professionnelle d'un certain pouvoir. On remarque une proportion
très importante de cadres (67 %), de professionnels de la
santé (25 %) et de membres de la police ou de l'armée.
70 % des agressions conjugales se sont produites alors qu'aucun des deux
partenaires n'avait bu.
- En Allemagne, 14,5% des femmes ont subi des violences
sexuelles par des membres de la famille. 3 femmes sont assassinées tous
les quatre jours par les hommes avec lesquels elles vivaient : soit
près de 300 par an.
- En Norvège 10 000 femmes reçoivent, par
année, des soins pour dommages corporels engendrés par la
violence conjugale.
- En Finlande : 22% des femmes qui vivent en couple
disent avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles.
- En Grande-Bretagne, les femmes battues représentent
près de 1/4 de la totalité des femmes.
- En Belgique : Une femme sur 5 est victime de violence
domestique.
- En Lettonie, il n y a pas de loi pour protéger les
femmes. Il n'existe aucune structure d'hébergement pour elles. En cas de
violence, l'auteur peut être retenu pour trois heures en garde à
vue24(*).
1.4.2 Ampleur de la violence conjugale sur le plan
national
La violence conjugale est présente dans la
société haïtienne. En 2000, le MSPP a réalisé
la troisième « Enquête sur la Mortalité, la
Morbidité et l'Utilisation des Services » (EMMUS III) dans
laquelle un module a été mis en place pour évaluer la
violence à l'égard des femmes, sur la tranche d'âge de 15
à 49 ans. Elle a révélé que 35% des femmes
haïtiennes ont déclaré avoir subi des violences physiques
causées par leur mari ou une autre. Concernant les violences sexuelles
causées par le mari ou le partenaire, Haïti est apparu avec les
indices les plus élevés (17%), suivi par la Bolivie (15%), la
Colombie (12%) et le Pérou (10%). Les indices les plus bas viennent de
la République Dominicaine (6%)25(*). Selon l'enquête de CHREPROF, 36% des femmes
interrogées ont dit être victimes de violences causées par
le conjoint ou mari. En 2005, elle atteint entre 58 et 59% des cas
documentés par deux organisations féminines haïtiennes,
Solidarite Fanm Ayisyèn et Kay Fanm. Selon Marie Françoise
Metellus du Bureau des Questions de Genre de la MINUSTAH, « en
Haïti la violence conjugale est souvent considérée
comme normale ». Pour Mme Metellus, « lorsqu'un homme
bat sa femme, on estime qu'il la punit d'avoir fait quelque chose26(*) ». Selon
l'étude de la SOFA, huit femmes sur dix sont victimes de la violence
conjugale.
Aux Cayes, selon les résultats de l'Association pour
la Promotion de la Justice dans le Sud au cours de ces trois dernières
années, le taux des cas de violence enregistrés augmentent sans
cesse. D'octobre 2007 à mars 2010, l'APJS a enregistré 79 cas
dont 4 garçons et 75 femmes. Au Réseau Sud pour la
Défense des Droits Humains, les résultats sont plus
néfastes que ceux de l'APJS. Au cours de ces deux dernières
années, le réseau a pu enregistrer 86 cas dont 2 garçons
de janvier 2008 à mars 2010. Lors de notre travail sur le terrain, le
nombre de cas de violence graves a augmenté excessivement de septembre
2009 à mars 2010. On a enregistré 77% de femmes victimes et 33%
d'hommes victimes de violence conjugale.
L'ampleur de la violence conjugale, telle que nous venons de
le constater, semble révéler un certain comportement
socioculturel ou mieux d'une certaine mentalité. La législation
haïtienne, en ce cas, intervient-elle pour cautionner cette
mentalité ou la réprimer ? Le deuxième chapitre
traitera la violence conjugale selon la législation haïtienne.
Chapitre 2: La violence conjugale selon la
législation
Dans ce chapitre, nous allons évoquer les textes de loi
relatifs à la violence conjugale tant sur le plan international que sur
le plan national. Il ressort de notre enquête que la grande
majorité des actes de violence conjugale est dirigé contre les
femmes. Pourtant, il y a des textes de loi nationaux et internationaux qui sont
contre la violence exercée sur les femmes dans le monde. Est-ce alors la
teneur de ces lois qui est inapplicable ou ces lois ne sont-elles tout
simplement pas appliquées par les responsables, notamment les
responsables Haïtiens ?
2.1 La Législation Internationale
En vertu de la hiérarchie des normes, la Constitution
de 1987 dans son article 276-2 prescrit : « Les
traités ou accords internationaux une fois sanctionnés dans les
formes prévues par la Constitution, font partie de la législation
du pays et abrogent toutes les lois qui leur sont contraires ».
Autrement dit, les traités ratifiés par Haïti sont
incorporés dans l'ordre juridique interne haïtien, et font
autorité. Nous allons analyser les principaux instruments
internationaux qui ont été adoptés par Haïti. Il
s'agit de la Convention de Belém Do Para, La Convention sur
l'Elimination de toutes les Formes de Discriminations A l'Egard des Femmes
(CDAW), les différentes Conventions Internationales sur l'Elimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
2.1.1 La Convention de Belém Do Para
C'est une convention interaméricaine pour la
prévention, la sanction et l'élimination de la violence contre la
femme adoptée à Belém Do Para, Brésil le 9 juin
1994 lors de la vingt quatrième session ordinaire de l'assemblée
générale et qui est entrée en vigueur le 5 mars 1995.
Cette convention a été ratifiée par Haïti le 3 avril
1996.27(*)Elle oblige
à tous les Etats parties de condamner toutes les formes de violences
contre la femme et d'adopter tous les moyens appropriés et sans
délais injustifiés une politique qui vise à
prévenir, à sanctionner et à éliminer la
violence.
Elle reconnaît expressément la relation entre la
discrimination et la violence contre les femmes, et indique que la
violence est une manifestation des rapports de pouvoir historiquement
inégaux entre les hommes et les femmes, ainsi que le droit des femmes de
vivre dans un climat libre de violence inclut celui d'être libre de toute
discrimination, d'être valorisée et de bénéficier
d'une éducation dénuée de stéréotypes en
matière de comportement28(*).
Elle définit la violence contre les femmes comme
« tout acte ou comportement fondé sur la condition
féminine qui cause la mort, des torts ou des souffrances physiques,
sexuelles ou psychiques à la femme, aussi bien dans sa vie publique que
dans sa vie privée »29(*). Elle établit que la violence contre les
femmes les affecte de multiples façons, imposant des restrictions
à l'exercice d'autres droits fondamentaux, de nature civile et
politique, ainsi qu'à l'exercice de leurs droits économiques,
sociaux et culturels30(*). Elle prescrit que les États parties doivent
agir avec la diligence requise pour prévenir la violence contre la
femme, mener les enquêtes nécessaires, sanctionner les actes de
violence exercés, et punir les actes de violence commis dans les
sphères publiques et privées, se produisant dans le ménage
ou dans la communauté, perpétrés par des individus ou des
agents de l'État31(*).
En fait, Haïti doit respecter les principes de cette
convention pour éliminer la violence contre la femme pour une justice
saine et équitable. Par cette convention, les Etats parties se sont en
outre à engagées à adopter les mesures
législatives ou autre qui s'avèrent nécessaires pour
donner effets à cette convention32(*).
2.1.2 Le CDAW
Cette convention a été adoptée par
l'Assemblée Générale des Nations-Unis le 18
décembre 1979, entrée en vigueur le 3 septembre 1981. Cette
convention a été signée par Haïti le 18 juillet 1980,
ratifiée le 7 février 198133(*). Elle plaide pour la protection
juridictionnelle des droits des femmes sur un pied d'égalité avec
les hommes, pour la garantie de leurs droits par le truchement des tribunaux
nationaux compétents et d'autres institutions publiques, la protection
effective des femmes contre tout acte de discrimination.34(*) Elle demande aussi
l'abrogation de toutes les dispositions pénales qui constituent une
discrimination à l'égard des femmes et la reconnaissance
de l'égalité de la femme.35(*)
2.1.3 La convention internationale sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes.
Cette convention comporte plusieurs résolutions
relatives à notre sujet : 34/180, 48/104.
2.1.3.1 Résolution 34/180
Cette résolution a été adoptée et
ouverte à la signature, à la ratification et à
l'adhésion le 18 décembre 1975 entrée en vigueur le 3
septembre 1981 et ratifiée par Haïti le 8 juillet 1995. Selon cette
Convention, tout État partie doit prendre toutes les mesures
appropriées pour éliminer les modèles de comportement
socioculturels et les stéréotypes qui encouragent la
discrimination contre la femme sous toutes ses formes.
A cet effet, les Etats parties condamnent la discrimination
à l'égard des femmes sous toutes ses formes, conviennent de
poursuivre par tous les moyens appropriés une politique visant à
éliminer la violence des femmes par l'abrogation de toutes les
dispositions pénales qui constitue une discrimination à
l'égard des femmes.
Elle stipule dans son article 16 que les Etats parties
prennent toutes les mesures appropriées pour éliminer la
discrimination à l'égard des femmes dans toutes les questions
découlant du mariage et dans les rapports familiaux et, en particulier,
assurent sur la base de l'égalité de l'homme et de la
femme36(*).
2.1.3.2 Résolution 48/104
Prise le 20 décembre 1993, cette résolution a
pour but de prévenir la violence contre les femmes et de les encadrer.
Le terme « Violence à l'égard des femmes »
désigne tous les actes de violence dirigés contre le sexe
féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou
des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques y compris les menaces de
tels actes la contrainte ou la privation arbitraire de liberté que ce
dans la vie publique ou privée37(*). Elle précise les actes de cette
violence :
§ La violence physique, sexuelle et psychologique
exercée au sein de la famille y, compris les coups, les sévices
sexuels infligé aux enfants de sexe féminin au foyer, les
violences liées à la dot, le viol conjugal, les mutilations
génitales et autres pratiques traditionnelles préjudiciables
à la femme, la violence non conjugale, et la violence liée
à l'exploitation ;
§ La violence physique, sexuelle et psychologique
exercée au sein de la collectivité, y compris le viol, les
sévices sexuels le harcèlement sexuel et l'intimidation au
travail, dans les établissements d'enseignement et ailleurs, le
proxénétisme et la prostitution forcée ;
§ La violence physique, sexuelle et psychologique
perpétrée ou tolérée par l'Etat ou qu'elle
s'exerce38(*).
Les Etats devraient condamner la violence à
l'égard des femmes et à ne pas invoquer de
considérations de coutume, de tradition ou de religion pour se
soustraire à l'obligation de l'éliminer. Les Etats devraient
mettre en oeuvre sans retard par tous les moyens appropriés une
politique visant à éliminer la violence des femmes.39(*)
Ces textes ont force de loi en Haïti ? Par
conséquent, la législation haïtienne en a -t-elle tenu
compte ?
2.2 La Législation Nationale
Dans cette section, nous relèverons les principaux
instruments nationaux relatifs à la violence conjugale exercée
à l'endroit des femmes en considérant les plus importants. Ce
sont : la Constitution du 29 mars 1987, des décrets lois
haïtiens, des textes de Droit Civil, des textes de Droit Pénal, des
textes du Droit du travail. Ensuite, nous sélectionnons les principales
institutions publiques et privées haïtiennes qui ont la charge de
faire respecter les droits de l'homme plus précisément les droits
de la femme comme l'Office de Protection des citoyens, la Police Nationale
d'Haïti, le Ministère à la condition féminine, La
SOFA, ENFOFANM, KAY FANM.
2.2.1 La Constitution Haïtienne du 29 mars 1987
Notre pays a connu 22 constitutions dont la dernière a
été adoptée le 10 mars 1987 par une Assemblée
Constituante et plébiscitée lors d'un référendum le
29 mars 1987. L'élaboration de cette constitution établit
l'égalité des sexes : «Les haïtiens sont
égaux devant la loi, sous réserve des avantages
conférés aux haïtiens d'origine qui n'ont jamais
renoncé à leur nationalité.»(Art 18)
Ensuite, elle protège l'homme en général :
la Police est créée pour la garantie de l'ordre public et
la protection de la vie et des biens des citoyens. (Art 269-1). Elle
fait obligation à l'Etat de garantir le droit à la vie, à
la santé, au respect de la personne humaine, à tous les citoyens
sans distinction, conformément à la déclaration
universelle des droits de l'homme. (Art 19). L'article 260 accorde une
protection égale à toutes les familles qu'elles soient
constituées ou non dans les liens du mariage40(*).
Donc, la constitution haïtienne du 29 mars 1987 consacre
sans équivoque le principe de l'égalité de l'homme et de
la femme devant la loi et l'égalité de droits en matière
de protection et de jouissance des droits de la personne (articles 17,18, 19,
28, 32.1, 32.6). Et qu'en disent les codes ?
2.2.2 Le Code Civil haïtien
Avant d'aborder le code civil haïtien, il convient de
jeter un coup d'oeil sur le décret du 8 octobre 1982 qui vient renforcer
les dispositions de la constitution. Ce décret est favorable aux femmes
et est très important pour elles. Car elle est venue leur apporter la
possibilité de jouir de tous les droits à l'égard des
hommes dans le mariage. Avant ce décret, les femmes vivaient en marge
dans la société, elles étaient chosifiées,
maltraitées par les hommes plus précisément par leur mari.
C'était l'autorité maritale qui prévalait. Le
décret d'amendement de 1982 avait encore placé le mari dans une
position d'autorité par rapport à sa femme,
particulièrement en ce qui avait trait à l'administration des
avoirs et des ressources au sein du mariage41(*). La femme était soumise aux désirs de
son mari. Il s'agissait d'une tutelle exercée par son mari qui
régnait sur la communauté en maitre et seigneur. Il prenait
toutes les décisions sans l'aval de son épouse. La femme ne
pouvait pas ester en justice, faire le commerce sans le consentement
préalable de son mari.
Mais à la publication de ce décret, la teneur
a changé : l'autorité maritale est remplacée par
l'autorité parentale. La femme n'est plus une incapable, une mineure et
l'administration de la communauté est devenue
conjointe: « le mariage crée entre l'homme et la
femme des droits réciproques : vie commune, fidélité,
mesure et assistance. »(art 1) L'articlé
deuxième se lit comme suit : « le mariage
n'affecte plus la capacité des époux. La femme à l'instar
de l'homme, a le plein exercice de sa capacité
juridique ». Ce décret abroge
plusieurs articles du Code civil et donne à la femme un statut conforme
à la Constitution et élimine toutes les formes de
discrimination à son égard. Qu'en est - il du Code Civil
haïtien ?
Le Code civil haïtien est issu du code de
Napoléon. Ce dernier avait une inspiration patriarcale fondée sur
la puissance maritale. Il présentait le mari comme le chef de la famille
et de la femme en particulier. La femme avait pour obligation formelle de se
soumettre à son mari en toutes choses. L'article 373 de ce Code
octroyait au père seul toute l'autorité pendant le mariage. Le
mari contrôlait toutes les actions de sa femme et avait le pouvoir sur
tous ses biens. « La femme ne peut donner,
aliéner, hypothéquer, acquérir à titre gratuit ou
onéreux, sans le concours du mari dans l'acte ou sans consentement par
écrit». (art.217) Ces deux articles sont
retranscris typiquement dans le Code civil haïtien. En fait, Haïti
avait adopté ce code civil le 22 mars 1816 par le président
Alexandre Pétion qui a décidé que le Code civil de 1804
servirait de base aux décisions judiciaires dans les cas douteux de
jurisprudence non prévus par les lois en vigueur en Haïti.
Ainsi, les Codes civils de Pétion et de Boyer
étaient un décalque du Code civil de Napoléon. De
surcroît, le code de Boyer véhiculait une philosophie sexiste en
témoignent les articles 197, 198, 199, 201, 202, 789. L'article 789, en
effet, le résume comme suit : « Les
témoins appelés pour être présents aux testaments
devront être males, majeurs, haïtiens jouissant des droits
civils». Ce préalable établi, venons
maintenant au Code civil haïtien.
Ce Code a été partiellement amendé par le
décret du 8 octobre 1982. Il comportait des dispositions
discriminatoires à l'égard des femmes qui étaient
fondées sur des stéréotypes de leur rôle social,
notamment, l'obligation du mari de protéger sa femme et de veiller
à ses besoins, et l'obligation de la femme d'obéir à son
mari et de vivre et de le suivre là où il décide de
résider42(*).
Plusieurs articles du code civil manipulaient les droits des femmes, entre
autres, l'article 197 « le mari doit protection
à sa femme, la femme obéissance à son
mari », et plus précisément l'article
199 « la femme ne peut ester en jugement sans l'autorisation
de son mari, quand même elle serait marchande publique, ou non commune ou
séparée de bien ». Ces deux articles sont
abrogés par l'article 2 du décret du 8 octobre 1982.
Quant aux dispositions discriminatoires qui subsistent dans le
Code civil, elles sont prises en compte dans le cadre de la Réforme
judiciaire qui s'opère actuellement et qui envisage une refonte des
Codes juridiques haïtiens.
2.2.3 Le Code Pénal haïtien
En dépit des avances de la Constitution, du
décret du 8 octobre 1982 et du Code civil, l'ardeur de la violence
conjugale n'a pas diminué. Face à cette situation de nombreuses
mesures ont été prises. Le décret du 6 juillet 2005 a
modifié quelques articles du Code pénal. Le 11 août 2005,
est apparu dans le moniteur un décret modifiant le régime des
agressions sexuelles et éliminant les discriminations contre les femmes.
Ce décret a été longuement préparé et
discuté au cours des années 2004-2005 par les cadres et
conseillers juridiques des deux ministères, par les ministres
eux-mêmes, Me Bernard Gousse et Madame Adeline Magloire
Chancy, avec la contribution des organisations de la société
civile notamment des organisations de femmes réunies dans la CONAP.
Les articles de ce décret ont été
introduits dans le Code pénal haïtien. « Dans l'ensemble,
le Décret opère une modification du régime juridique des
agressions sexuelles. Il consacre ainsi un véritable changement de
paradigme dans la mesure où on passe d'une conception juridique dont
le pater familias est l'épicentre à une philosophie
pénale fondée sur la personne. Il s'agit d'un tournant important
dans l'évolution de la philosophie pénale
haïtienne »43(*). Ce décret, en effet, a introduit des
changements dans les dispositions du Code pénal haïtien en vigueur
concernant les peines infligées pour des actes de violence sexuelle
contre les femmes et a modifié d'autres dispositions qui étaient
jugées discriminatoires et en violation avec les obligations
contractées par Haïti dans la Convention de Belém do
Pará44(*).
Par exemple, avant la promulgation de ce Décret, le
viol appartenait à la catégorie des « attentats
aux moeurs » et la sentence était limitée
à une peine de
« réclusion »45(*). Á présent le
Code pénal comprend des dispositions spécifiques permettant de
sanctionner les auteurs de violence. Le viol n'est plus assimilé
à un attentat aux moeurs mais à une agression
sexuelle : « Quiconque aura commis un crime de viol
sera coupable de toute agression sexuelle consommée ou tentée
avec violence, menaces, surprise ou pression psychologique contre la personne
de l'un ou de l'autre sexe, sera puni de dix ans de travaux
forcés46(*) ».
Il est inséré dans l'article 280 une section 4
bis intitulée « Attentat Aux
Moeurs ». L'article 269 du Code
pénal se lit désormais comme
suit « le meurtre par le conjoint de l'un ou
de l'autre sexe sur son conjoint n'est pas excusable, si la vie du conjoint qui
a commis le meurtre n'a pas été mis en péril dans le
moment où le meurtre a eu
lieu ». En fait, les articles 269, 278, 279, 280, 281, 282,
283, 284, 285, 286 et 287 du code pénal haïtien sont
abrogés.
En outre, la loi sur l'adultère reflétait un
traitement inégal entre les femmes et les hommes et prescrivait que
l'époux qui commet un meurtre sur son épouse, à l'instant
où il la surprend en flagrant délit dans la maison conjugale, est
excusable, alors qu'une femme trouvée dans la même situation
pourrait être condamnée à une peine de prison d'un maximum
de deux ans47(*). En ce
sens, le décret du 6 juillet 2005 est venu dépénaliser
l'adultère de la femme et du même coup a entraîne
l'abrogation de toutes les dispositions Sont abrogées également
les excuses qui étaient accordées au conjoint qui a
assassiné sa conjointe et son complice.
Ce décret loi a été, en fait,
élaboré en vue d'un plan national de lutte contre la violence
faite aux femmes. Il a engagé l'Etat, la société civile,
les organisations de femmes avec le soutien des agences des Nations Unies et
des coopérations internationales. Il a modifié certains articles
concernant les actes de violence exercés contre la femme ainsi que les
peines pour viol. De la réclusion, la peine est passée à
dix ans de travaux forcés.
Toutefois, la réforme sera complétée par
une loi-cadre comportant l'abrogation de toutes les formes de violence à
l'égard des femmes, y compris la violence domestique et le
harcèlement sexuel actuellement en cours d'élaboration.
2.2.4 Code du travail haïtien
Les codes du travail haïtien comportaient des
dispositions discriminatoires à l'égard des femmes qui
travaillaient spécialement des femmes mariées. Le Code de 1961
affirmait l'égalité des sexes en matière d'accès
à l'emploi, de traitement et de salaire: « Pour
un travail de valeur égale, la femme recevra un salaire égal
à celui payé au travailleur du sexe masculin48(*) ». Ce code du
travail permet à la femme d'ester en justice dans le cadre de ses
activités salariales sans l'autorisation de son mari. L'article 330
interdit, dans sa première partie, toute discrimination entre les femmes
mariées et celles qui sont célibataires quant à la mesure
de leurs droits et obligations et quant aux conditions effectives du
travail.
Ces multiples dispositions législatives ont certes des
répercussions sur la lutte des droits de la femme. Il existe, cependant,
d'autres institutions haïtiennes qui oeuvrent dans le même domaine
qu'il convient de mentionner.
2.3 Les institutions haïtiennes pour le respect
et la protection des droits de la
Femme en particulier
Dans cette section, nous retenons deux grandes
institutions : les publiques et les privées chargées de
protéger et de faire respecter les droits de l'homme et de la femme en
Haïti.
2.3.1 Les institutions publiques
Il incombe à tous les citoyens de respecter et de faire
respecter leur droit. Cependant cette grande responsabilité revient aux
autorités étatiques du pays car elles ont le monopole du pouvoir
de prendre les mesures appropriées pour faire respecter les droits de
l'homme et ceux de la femme en particulier. Parmi ces institutions nous
sélectionnons les plus importantes. Ce sont l'Office de la Protection
du Citoyen (OPC), la Police Nationale d'Haïti (PNH), le Ministère
à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCDF).
2.3.1.1 L'Office de la Protection du Citoyen (OPC)
L'OPC est créée en 1997 par la Constitution du
29 mars 1987 en vue de protéger tout individu, adulte ou enfant, homme
ou femme, contre toutes formes d'abus de l'Administration publique. C'est une
entité indépendante de l'État qui a pour mission de
recevoir et de traiter les plaintes déposées par la population
sur les actes de mauvaise conduite ou d'abus commis par des agents de
l'État, y comprises les plaintes relatives aux droits de la personne.
Elle a créé une unité d'enquête et de recherche sur
la situation des femmes et des enfants. Son intervention en faveur des
plaignants se fait sans aucun frais, quelle que soit la juridiction (article
207 de la Constitution). Il est de la responsabilité de l'OPC de
recevoir les plaintes des femmes victimes d'exaction, d'actes de violence ou de
discrimination de la part d'autorités ou agents de l'Etat. Sa
compétence couvre l'ensemble des Ministères et des Institutions
autonomes d'État mais il n'intervient pas dans les conflits
privés.
2.3.1.2 La Police Nationale D'Haïti (PNH)
L'article 269 de la Constitution haïtienne du 29 mars
1987 stipule clairement que la Police est créée « pour
garantir l'ordre public et protéger la vie et les biens des
citoyens. » La loi du 29 novembre 1994 portant sur la création
de la PNH, en son article 7 déclare que « Les
policiers ont pour mission d'assurer la protection et le respect des
libertés des personnes, des vies et des biens, de garantir la
sûreté des institutions de l'Etat et de maintenir l'ordre, la
paix, la sécurité, la tranquillité et la salubrité
publique ». Donc de par ces responsabilités,
la Police nationale d'Haïti détient l'autorité d'intervenir
en vue de la protection de la femme contre tous les actes de violence qu'elles
auraient subis. Elle a pour rôle aussi de rechercher les contraventions,
les délits et les crimes commis en vue de la découverte et de
l'arrestation de leurs auteurs (article 273 de la constitution de 1987). Par
conséquent, la Police devrait toujours intervenir dans les conflits
conjugaux afin de protéger la victime homme ou femme. En ce sens, La
police est l'institution la mieux placée pour exercer la plus grande
influence sur la vie quotidienne des citoyens et citoyennes.
2.3.1.3 Le Ministère à la Condition
Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF)
Le MCFDF a été créé le 8 novembre
1994 à la faveur de l'intensification du mouvement féministe en
Haïti et de la conjoncture de la préparation de la IVème
conférence mondiale sur les femmes tenue en septembre 1995 à
Beijing en Chine. Ce ministère est aujourd'hui bien implanté
grâce au Décret du 22 Décembre 2005 relatif à sa
réorganisation et à son fonctionnement. Il s'emploie à la
mise en oeuvre de sa mission qui est « de formuler,
d'appliquer, d'orienter et de faire respecter la politique du Gouvernement, en
oeuvrant à l'émergence d'une société
égalitaire pour ses composantes des deux sexes ; d'orienter la
définition et l'exécution des politiques publiques
équitables à l'échelle nationale ».
(art.2)
Le MCFDF s'est doté d'une Direction de promotion et de
défense des droits des femmes qui enregistre les cas de violence et les
réfère aux services pertinents (surtout des ONG). Le
ministère travaille principalement à la promotion des
modifications législatives, à des campagnes de prévention,
à la coordination et au développement de politiques publiques sur
la violence à l'égard des femmes. Conforté par le
Décret du 22 décembre 2005, ce ministère constitue le
principal mécanisme national chargé d'élaborer et
d'assurer l'application des politiques d'égalité et de promotion
des droits des femmes.
2.3.2 Les institutions privées
Outre les institutions publiques, il existe aussi des
institutions privées travaillant au niveau national pour le respect
des droits de la femme et l'égalité des sexes. Parmi ces
institutions privées, nous signalons quatre en fonction de leur
renommée : ENFOFANM, KAY FANM, SOFA, FANM YO LA.
Ces organisations intègrent le Comité Directeur de la
(CONAP) qui est un espace de concertation pour la défense des Droits des
Femmes et qui regroupe aussi plusieurs organisations basées hors de
Port-au-Prince.
2.3.2.1 ENFOFANM
ENFOFANM est une organisation de Défense des Droits des
Femmes haïtiennes spécialisée dans le domaine de
l'information et de la formation des femmes. Créée en 1987,
elle est la seule structure féministe qui mette à la disposition
du public en général et des femmes chercheuses en particulier un
centre de documentations spécialisées pour/par et sur les
femmes. Elle estime que l'accès à l'information permettra
aux femmes de jouer pleinement leur rôle en qualité
d'actrices dans le développement démocratique du pays. EnfoFanm
intervient dans quatre domaines: documentation et archives; formation;
communication; et plaidoyer en faveur des droits des femmes.
2.3.2.2 KAY FANM
KAY FANM est aussi une organisation féminine
fondée en 1984 qui reçoit et donne appui aux femmes victimes de
violence, et entretient un centre d'hébergement pour les victimes. Elle
étend ses activités dans les domaines de la
Réhabilitation des femmes et des fillettes violentées, la
Promotion des droits des femmes, l'incitation aux initiatives
génératrices de revenus et de la formation. L'organisation joue
le rôle d'un lobby politique de défense des
intérêts des femmes, tout en fournissant des soins et des services
essentiels aux femmes haïtiennes qui cherchent refuge après avoir
été victimes de violence. Kay Fanm est un des membres
fondateurs de
la
Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes.
A travers ses activités, elle fournit un accompagnement
aux femmes, fillettes et adolescentes victimes d'agressions sexuelles, de
maltraitance et de violence conjugale. L'accompagnement se fait tant
au niveau des services de soins médicaux et psychologiques, les
recours judiciaires et conseils juridiques, la médiation de couple que
la thérapie de groupe. Elle met en place des structures
économiques telles jardins collectifs, microcrédits, ateliers de
production, services de restauration et d'hébergement afin de rendre les
femmes autonomes.
2.3.2.3 Solidarité Des Femmes Haïtiennes
(SOFA)
SOFA est une autre organisation féminine fondée
en 1986 qui offre des services intégraux aux femmes et filles victimes
de violence à travers le pays. Cette organisation compte plus de 5.000
membres et s'implique dans la lutte contre la pauvreté et dans les soins
de santé en Haïti. Elle mène un travail de plaidoyer
auprès des pouvoirs publics afin qu'ils prennent en compte les droits
des femmes et des populations vulnérables. SOFA travaille dans 21
centres d'accueil pour les femmes victimes de violences. Elle enregistre tous
les cas de violence et assure la coordination avec les services d'appui
médical, psychologique et juridique.
En collaboration avec les écoles, SOFA sensibilise les
jeunes à la problématique de la violence faite aux femmes. En
outre, elle élabore des programmes éducatifs sur le thème
du droit à une vie sans violence, par le biais notamment
d'émissions radiophoniques. Enfin, SOFA pousse les décideurs
politiques à prendre en compte des intérêts des femmes et
des jeunes filles dans la législation haïtienne.
2.3.2.4 Collectif Féminin pour la Participation
Politique des femmes (FANM YO
LA)
Créée en 1999, Fanm Yo La s'est
fixé pour objectif d'augmenter l'accès des femmes aux postes de
pouvoir et de responsabilité politique en Haïti. Ses
activités s'intensifient lors des périodes
électorales : analyse de la réglementation
électorale, formation des femmes, promotion de la participation des
électrices, candidates et observatrices ainsi que collecte de
données sexospécifiques. Fanm Yo La encourage le regroupement de
candidates et fournit un appui aux femmes élues.
Voilà en gros, le cadre juridique qui règlemente
la violence conjugale et les institutions tant publiques que privées qui
prétendent prendre fait et cause de la lutte des femmes pour le respect,
la protection et la promotion de leurs droits. Sont-elles, toutefois,
adéquates et efficaces pour combattre, ou du moins, pour freiner la
violence conjugale ? Pour nous en rendre compte, nous allons les
confronter à la réalité de la violence conjugale sur le
terrain particulier de la ville des Cayes.
Deuxième partie : Analyse critique de la
violence conjugale en Haïti plus particulièrement dans la ville
des Cayes.
Tout travail scientifique exige une analyse approfondie en vue
de vérifier l'adéquation entre l'hypothèse et les
objectifs poursuivis. C'est pourquoi, dans cette partie, nous nous proposons
dans un premier temps, de rapporter les résultats de l'enquête que
nous avons administrée pour la réalisation de cette étude
afin de faire ressortir les facteurs générateurs de la violence
conjugale et leurs impacts. Dans un deuxième temps, nous allons
confronter la loi avec la réalité de la violence conjugale pour
pouvoir mieux dégager les propositions en vue de la prévention de
la violence conjugale et l'élimination radicale de la violence à
l'égard des femmes.
Chapitre 3 : Enquête sur la
réalité de la violence conjugale dans la
ville des Cayes
Dans ce chapitre, nous allons, à partir d'une
enquête, identifier les facteurs générateurs de la violence
conjugale ainsi que les causes de cette violence.
3.1 Présentation de l'outil de
l'enquête
Dans cette section, il convient tout d'abord de
délimiter le terrain, de parler de la population choisie, de montrer la
technique utilisée pour l'élaboration de l'outil de
l'enquête, d'interpréter et d'analyser les résultats de
cette enquête dans le but de découvrir l'ampleur du
phénomène de la violence conjugale tout en cherchant ses causes,
et de les confronter à la législation haïtienne.
3.1.1 Délimitation du terrain : deux
institutions de la ville des Cayes
Nous avons effectué notre enquête sur un secteur
géographique bien défini, il s'agit de la ville des Cayes. Cette
démarche consiste à aborder notre sujet d'une manière plus
concrète. En effet, durant ces deux dernières années, le
taux de plaintes de violence conjugale enregistré au Réseau Sud
pour la Défense des Droits Humains soit un pourcentage de 79% et
à l'Association pour la Promotion de la Justice dans le Sud soit un taux
de 60% n'a cessé d'augmenter et que ce sont les femmes qui sont
victimes.
3.1.2 Population choisie
Le concept de violence conjugale s'étend dans cette
enquête à toute relation de couple, avec ou sans lien
légal, avec cohabitation. De prime à bord, nous n'avions pas
l'intention de choisir une population bien définie. Mais au cours de
l'enquête, face à la complexité du travail auprès
des couples mariés et des couples vivant en concubinage, nous avons
détecté plusieurs cas de divorcés victimes de la violence
conjugale. Nous avons choisi d'interviewer des familles, des prestataires de
services, des défenseurs des droits humains, dans le but de savoir non
seulement s'ils sont victimes de violence conjugale mais aussi comment ils
conçoivent ce phénomène.
Au début nous avons questionné 4
défenseurs de droits humains, 30 familles, 5 taximen, 3
ébénistes, 5 avocats, 6 secrétaires, 2 comptables, 20
enseignants(es), 10 commerçants (es), 6 ménagères, 4
marchandes ambulantes « Madan Sara ». Nous avons
découvert 23 couples mariés, 17 couples vivant en concubinage et
10 divorcés. Ce qui donne un ensemble de 102 personnes
interviewées.
3.1.3 Technique utilisée
Afin de recueillir ces données, nous avons
utilisé la méthode qualitative et quantitative. La
première permet de faire une investigation plus détaillée
selon les perspectives des interviewés reflétant la
complexité de la situation. Elle permet aussi de comprendre les
dimensions subjectives et symboliques du comportement humain en plus d'aborder
un thème qui, en général, reste dans la sphère
privée. La méthode quantitative quant à elle, nous permet
de recueillir des informations sur la prévalence de la violence
conjugale, ses diverses formes et ses causes. Nous choisissons l'entretien semi
directif qui permet de saisir du sens c'est-à-dire d'évaluer quel
sens la personne donne au sujet.
3.1.4 L'élaboration de l'outil de
l'enquête
L'élaboration de l'outil de l'enquête a
été faite de manière minutieuse. Il s'agissait de
préparer un entretien semi directif qui consistait en un questionnaire
comprenant trois thèmes. Chaque thème sera à son tour
développé par deux types de questions ouvertes et semi ouvertes.
Ce questionnaire a été par la suite enrichi par d'autres
entretiens qui se sont naturellement imposés au cours de
l'enquête. Ces différents thèmes et types de questions nous
permettra de vérifier notre hypothèse. Ces entretiens ont
été enregistrés. A chaque entrevue, la
confidentialité des questionnaires et des réponses a
été accentué. Pour les besoins de la cause, cet outil
d'enquête apparaîtra en annexe.
Ceci dit, nous allons maintenant procéder à
l'analyse et à l'interprétation de l'enquête qui s'est
déroulée au sein de la ville des Cayes pendant une période
de deux mois.
3.1.5 Analyse et Interprétation des
résultats de l'enquête
Pour analyser et interpréter les résultats de
l'enquête, nous procèderons de la manière suivante :
D'abord, nous exposerons le thème, puis l'objectif poursuivi par ce
thème. Ensuite, nous exposerons les résultats sous formes de
tableau suivi d'une brève analyse et interprétation.
Thème 1 : Vérification de la
manifestation de la violence conjugale et ses différentes
formes.
a) Par ce thème, nous entendons
poursuivre l'objectif suivant :
Vérifier l'importance de la violence conjugale
et découvrir son ampleur sous ses différentes
formes.
b) Résultats :
Types de
violence
|
Quantité/Echantillon : 102
FemmesHommes6735
|
Pourcentage
FemmesHommes
|
Pourcentage global
Femmes et hommes
|
physique
|
4418
|
66%51%
|
60%
|
verbale
|
3220
|
48%55%
|
51%
|
|
|
Psychologique
|
3715
|
55%43%
|
51%
|
|
|
Economique
|
3512
|
52%34%
|
46%
|
|
|
Religieuse
|
2810
|
41%29%
|
37%
|
|
|
Sexuelle
|
305
|
45%14%
|
34%
|
c) Analyse et interprétation des
résultats
Cette enquête nous a permis de constater que le taux de
violence est très élevé et augmente durant ces deux
derniers mois. De toutes ces violences, la physique est la plus
élevée, soit un pourcentage de 66% chez les femmes sur un
échantillon de 44 sur 67 et de 51 % chez les hommes soit 18 sur 35. En
second lieu, vient la violence verbale : elle atteint un taux de 55% chez
les hommes et 48% chez les femmes. C'est seulement dans cette forme de
violence que le pourcentage d'hommes victimes est supérieur à
celui des femmes. En troisième lieu, arrive la violence psychologique
avec un taux de 55% chez les femmes et 43% chez les hommes. En quatrième
lieu, la violence économique se présente avec un pourcentage de
52% chez les femmes et 34% chez les hommes. En cinquième position, vient
la violence religieuse avec un taux de 41% chez les femmes et 29% chez les
hommes. Et enfin, la violence sexuelle affiche un pourcentage de 45% chez les
femmes et 14% chez les hommes. Cependant, ce dernier pourcentage reste
à désirer parce qu'elle est la forme de violence la plus
cachée. Les victimes, par pudeur, n'aiment pas en parler.
D'une manière globale, hommes et femmes confondus, nous
obtenons le classement suivant : violence physique 60%, violence verbale
et psychologique 51%, violence économique 46%, violence religieuse 37%
et violence sexuelle 34%. Nous avons recueillis ces résultats de la part
de certaines victimes, car toutes n'avaient pas la capacité de
déceler les formes de violence conjugale. La plupart d'entres elles
confondent la violence conjugale avec la violence physique. Certaines
réduisent la violence sexuelle au viol.
Les victimes peuvent subir plusieurs types de violence
à la fois, par exemple, physique, verbale et psychologique. En dehors de
notre constat, les enquêtés affirment que la violence conjugale
devient de plus en plus fréquente durant ces derniers jours et on en
entend parler même dans les familles où tout allait toujours bien.
Les hommes deviennent de plus en plus violents, est-ce à cause de la
situation économique dégradante du pays ? Pourtant la
violence économique n'est pas la plus importante. Au cours de cette
enquête, nous avons ressenti que les femmes réagissent rarement
aux violences de leurs partenaires. Elles sont plus actives quand il s'agit de
violences physique et verbale ou d'autres cas de violences graves comme menace
avec une arme. En fait, les multiples facettes de la violence conjugale nous
ont permis de mieux comprendre ce phénomène.
Thème 2 : caractéristiques sociales
des répondants
a) Dans ce thème, nous voulons
atteindre le but suivant:
Découvrir les caractéristiques sociales
des répondants afin de savoir dans quelle catégorie de couples se
manifeste le plus la violence conjugale et de tester la connaissance des
victimes sur l'existence des textes de lois.
b) Résultats :
Dans ce deuxième tableau, nous classons les 102
interrogés en catégories sociales : 46 mariés, 34
concubins, 22 divorcés.
Libellé
|
Quantité/Echantillon : 102
FemmesHommes
|
Pourcentage
FemmesHommes
|
Pourcentage global
Femmes et hommes
|
Conjoints
|
30/4616/46
|
65%35%
|
45%
|
Concubins
|
14/3420/34
|
41%59%
|
33%
|
Divorcés
|
12/2210/22
|
55%45%
|
22%
|
% employés
|
30/6720/35
|
45%57%
|
49%
|
% de professionnels
|
33/6718/35
|
49%51%
|
50%
|
% de plaignants
|
20/675/35
|
30%14%
|
25%
|
|
|
% ayant connaissance de la loi
|
30/6710/35
|
45%29%
|
39%
|
c) Analyse et interprétation des
résultats
46 personnes mariées dont 30 femmes et 16 hommes ont
été interrogés. Dans les institutions et dans les foyers,
on retrouve plus de femmes mariées que d'hommes mariés avec un
pourcentage de 65% contre 35%. En Haïti, la forme d'union la plus courante
est le concubinage ou le placage. Pourtant la loi haïtienne
reste muette sur ce sujet. 14 sur 34 concubines victimes soit un pourcentage
de 41%, et 24 sur 34 soit un taux de 59% de concubins victimes. Le pourcentage
de victimes à vivre en concubinage est plus élevé chez les
hommes que chez les femmes.
Le tableau révèle que la violence au sein des
couples mariés est aussi forte que dans les couples concubins. Elle se
manifeste également au niveau des divorcés et des ex-concubins.
Ces situations de violence se présentent le plus souvent quand la
victime a la garde des enfants et qu'elle n'a pas tous les moyens
nécessaires pour subvenir à leurs besoins. De ce fait, elle se
trouve dans l'obligation de s'adresser à son ex-conjoint. Sur 22
divorcés, nous avons récupéré un pourcentage de 55%
chez les femmes et 45% chez les hommes. La plupart des répondants ont
un niveau d'études élevé. Les femmes sont aussi
éduquées que les hommes. Mais le pourcentage de femmes qui
travaillent est inférieur à celui des hommes. Sur les 67 femmes
interviewées, 30 ont un emploi soit de 45% tandis que sur les 35 hommes
questionnés, 20 sont rémunérés ; ce qui donne
un taux de 57%. En effet, on enregistre beaucoup plus de cas de violence dans
les couples qui n'ont pas d'emploi et dans les couples qui sont encore aux
études. Les femmes qui n'ont pas d'entrées financières
subissent les actes de violence les plus graves de la part de leur mari. Par
conséquent, la violence conjugale ne respecte pas la hiérarchie
sociale, les femmes cadres subissent elles aussi des violences.
Les victimes de la violence conjugale refusent de porter
plainte contre les agresseurs et celles qui voudraient le faire ne savent pas
où aller directement. Certaines d'entre elles vont à la police,
d'autres auprès des tribunaux ou des organisations oeuvrant dans le
domaine des droits de l'homme et/ ou bien auprès des organisations
féminines. Sur les 67 femmes interrogées, 20 ont porté
plainte contre leur agresseur ; ce qui représente un taux de 30%.
Sur les 35 hommes 5 ont porté plainte soit un pourcentage de 14%.
Finalement, moins de 50% des victimes ne savent pas que la loi traite de ce
sujet.
Au tribunal, les agresseurs ne sont pas
généralement punis et les femmes sont le plus souvent
ridiculisées par des juges masculins49(*). Globalement, le pourcentage s'élève
à 45% pour les conjoints, 33% pour les concubins, 22% pour les
divorcés, 49% pour les employés, 50% pour les professionnels, 25%
pour les plaignants, 39% pour les ayant connaissance de la loi.
Thème 3 : Causes de la violence
conjugale
a) Dans ce thème, les
différentes questions développées nous amèneront
à :
Découvrir les causes de la violence conjugale
et sa persistance.
b) Résultats :
Causes identifiées par
Femmes et hommes
|
Quantité/ Echantillon102
FemmesHommes6735
|
Pourcentage
FemmesHommes
|
Pourcentage global
Femmes et hommes
|
Inapplication de la loi
|
6028
|
90%80%
|
86%
|
Passivité de l'Etat haïtien
|
5520
|
82%57%
|
74%
|
|
|
Inégalités économiques entre l'homme et
la femme
|
5219
|
78%54%
|
70%
|
|
|
Pouvoir de domination
|
51
|
76%
|
|
|
Manque d'éducation et de dialogue au foyer
|
5018
|
75%51%
|
67%
|
|
|
Autres
|
3515
|
53%43%
|
49%
|
c) Analyse et interprétation des
résultats
Les entretiens menés ont révélé
de multiples causes. Mais il ressort que presque toutes les victimes avaient
un point commun : la non-application des textes de lois. L'inapplication
des textes de lois relatifs à la violence conjugale
révèle-t-elle effectivement la faiblesse de la législation
en la matière ou l'incapacité de l'Etat à appliquer ces
lois ? C'est ce point que nous allons éclaircir par l'analyse des
causes de la violence conjugale.
L'inapplication des textes de lois est l'une des principales
causes de la violence conjugale en Haïti. Cette violence a des racines
sociales et historiques profondes et se manifeste dans des rapports de forces
inégaux entre l'homme et la femme50(*). Ainsi de nombreux experts croient que la violence
conjugale est liée aux inégalités et au
déséquilibre au sein de notre société. Pourtant le
pays, outre que ses lois nationales et son cadre légal, a signé
et ratifié de nombreux traités et accords internationaux en
matière des droits de l'homme et la femme en particulier. En effet, dans
notre pays, les lois réprimant la violence conjugale sont très
mal appliquées à cause d'un manque d'une réelle
volonté politique.
Haïti a récemment promulgué le
décret du 6 juillet 2005 modifiant le Code pénal dans ses
articles sur les agressions sexuelles et sur l'élimination des
discriminations contre la femme. Ce décret accorde une
considération égale à la femme et à l'homme en ce
qui concerne l'adultère. Il apporte un recours légal aux femmes
en cas de violations de leur droit. Cependant, l'application de ce nouveau
décret reste un défi. Dans les tribunaux, on s'en moque bel et
bien51(*). Au lieu de
blâmer l'agresseur ou de le punir, des magistrats rendent plutôt la
femme responsable de l'agression qu'elle a subie. Souvent les poursuites
judiciaires et les condamnations prononcées contre les agresseurs sont
des simulacres. La femme victime vit toujours des moments de peur, de crainte
quand elle continue à vivre avec ce partenaire violent au sein de sa
famille. Sur 67 femmes interviewées 60 soit 90% affirment que les lois
relatives à la violence conjugale ne sont pas appliquées tandis
que chez garçons 28 sur 35 soit 80% font le même constat.
Une autre cause de la violence conjugale est la
passivité de l'Etat haïtien face aux instruments internationaux
qu'il a signés et ratifiés. Il ne fait rien pour
améliorer les conditions des femmes. Il ne tient pas compte non plus de
la structure des familles haïtiennes. La preuve en est bien claire car le
pays n'a pas un code de famille52(*). Ses obligations envers les femmes sont très
limitées. Il la considère d'ailleurs inférieure à
l'homme. Lorsqu'il s'agit des cas de violence surtout conjugale envers la femme
l'Etat se décharge de ses responsabilités sur les organisations
féminines et sur les ONG. Selon le rapport du secrétaire
général sur les violences à l'égard des femmes,
l'inaction de l'Etat revient à laisser en place les législations
et mesures discriminatoires qui compromettent les droits fondamentaux des
femmes et les marginalisent53(*). La famille n'est pas sous le contrôle de
l'Etat vraiment. 55 sur les 67 femmes questionnées (82%) et 20 sur 35
hommes (57%) le dénoncent.
Les inégalités économiques entre l'homme
et la femme constituent aussi une cause de violence conjugale au sein du foyer.
Selon notre enquête et même dans la réalité et
surtout en Haïti, les moyens économiques des femmes sont
inférieurs à ceux des hommes. Celles qui travaillent sont non
seulement minoritaires mais aussi gagnent moins d'argent que leur mari. Les
femmes représentent les grandes sphères économiques bien
qu'elles travaillent dans le secteur agricole et dans le commerce. Les hommes
occupent tous les grands postes. Etant donné qu'il leur manque de
ressources financières, les femmes ne peuvent pas réagir comme
elles le désirent. Et les hommes profitent de cette dépendance
économique pour maltraiter leur femme. Ils se comportent comme des
bourreaux au foyer surtout quand c'est seulement lui qui travaille. Et la peur
oblige la femme bien des fois à se soumettre. Sur les 67 femmes, 52
l'affirment soit un pourcentage de 78% pour les femmes et de 54% pour les
hommes.
Un autre facteur de la violence conjugale est le pouvoir de
domination. Depuis l'existence du monde, l'homme veut toujours dominer la femme
dans tous les domaines. Au sein du foyer, l'homme est considéré
comme le chef de la famille et la femme doit être sous sa tutelle. En
conséquence, elle lui doit obéissance et soumission. Cette
mauvaise répartition du pouvoir au foyer favorise le plus souvent la
violence conjugale. Aussi, la plupart des hommes trouvent-ils tout à
fait légitime le fait de dominer leur femme et ne souhaitent pas que ce
sujet soit remis en question voire accepter une certaine égalité
avec la femme. Ils occupent la première place au foyer un point et c'est
tout. Jusqu'à présent, l'Etat accorde aux hommes le plein
pouvoir. La justice est masculinisée et machiste.
La violence conjugale constitue un abus de pouvoir. Ce
pouvoir de domination vient du système patriarcal qui se fonde sur le
besoin de dominer pour survivre. Tout le pouvoir revient à l'homme et
à la femme la soumission, la subordination, l'obéissance. La
place de la femme est dans le foyer occupant ses enfants, prenant soin de la
famille. Ce pouvoir de domination reste un grave problème à
résoudre. Car malgré les grandes évolutions des textes de
lois, les hommes maintiennent et affichent une certaine
supériorité vis-à-vis des femmes. En
général, la domination de l'autre est le point de départ
de toute violence conjugale. Selon certaines études, les hommes qui
pensent avoir le droit de contrôler la vie de leur partenaire par
exemple, décider pour elle si elle peut travailler à
l'extérieur ou sortir en soirée avec des amis, sont plus enclins
que d'autres à infliger de mauvais traitements à leur
partenaire54(*).
Par ailleurs, le manque d'éducation et de dialogue au
foyer est considéré aussi comme cause de violence conjugale. En
Haïti, les familles ne sont pas vraiment construites sur une base solide.
Dans la réalité, la violence conjugale tire son origine aussi
dans le passé des partenaires. C'est-à-dire, ils sont enclins
à répéter les scènes de violence dont ils
étaient témoins dans leur propre famille. Le manque
d'éducation joue un rôle important dans le rapport des
partenaires. Car ils ne savent pas comment dialoguer, ni résoudre un
conflit pacifiquement. Les partenaires violents ont souvent une mauvaise
interprétation des échanges verbaux, ils disent ce qu'ils
veulent, ils déshumanisent l'autre. Ainsi les frustrations
accumulées de par et d'autre bloquent littéralement le dialogue
au lieu de s'ouvrir pour s'accommoder et se réconcilier. Par
conséquent, la vie au foyer devient intolérable et se prête
à la violence. Elle atteint un pourcentage de 75% chez les femmes et 51%
chez les hommes.
Dans l'ensemble, 86% des 102 victimes questionnées
considèrent l'inapplication des textes de lois comme une cause profonde
de la violence conjugale. Toutes les causes révélées par
l'enquête abondent dans le même sens ; d'autres causes
jugées importantes se sont imposées ; elles affichent un
pourcentage de 53% chez les femmes et 43% chez les hommes.
3.2 Autres facteurs
Il existe d'autres facteurs chez l'individu qui peuvent
être néanmoins considérés comme des causes
liées à la violence conjugale. On peut les classer en trois
catégories : Facteurs rendant la femme plus vulnérable aux
violences de la part des hommes, Facteurs favorisant le risque de violence de
la part des hommes envers les femmes, Facteurs relatifs aux membres de la
famille favorisant le risque de violence de la part des hommes à
l'égard des femmes.
3.2.1 Facteurs rendant la femme plus vulnérable aux
violences55(*)
Dans la réalité, il existe des facteurs qui
rendent la femme plus vulnérable aux violences de la part des hommes.
Parmi eux, on peut citer l'âge, le fait d'être témoin ou
victime de violence dans l'enfance, la consommation de l'alcool, de la drogue,
l'autonomie ou la recherche de l'autonomie, la pauvreté, le mariage, le
divorce, le veuvage.
A) L'âge
La plupart des jeunes couples ont toujours du mal à
s'entendre car ils n'étaient pas vraiment mûrs pour ce genre de
vie. Il leur manque la capacité de bien réfléchir, de bien
administrer leur foyer, de bien gérer un conflit. D'ailleurs,
l'expérience le montre : les femmes mariées entre 25 et 45
ans ont moins le risque d'être violentées par leur partenaire
intime parce que plus maîtresses d'elles- mêmes, plus
pondérées et plus stables dans leur vie sentimentale.
B) Témoin ou victime de violences dans
l'enfance
Un individu dont les parents avaient l'habitude de se
quereller ou qui étaient souvent témoins des scènes de
violences entre ses parents aurait tendance à devenir violent. Un enfant
élevé dans une famille monoparentale serait plus enclin à
la violence. Il peut aussi devenir violent s'il avait subi des mauvais
traitements durant son enfance, s'il appartenait à des groupes sociaux
marginalisés et s'il avait vécu dans un mauvais entourage.
C) Consommation de l'alcool et de la drogue
Celui qui est alcoolique ou bien toxicomane, qui a un faible
niveau éducatif et qui n'a pas de ressources financières peut
devenir violent. Ainsi, l'alcool, la drogue, le manque de ressources
pécuniaires peuvent être des facteurs de violence conjugale.
D) Recherche d'autonomie
La plupart des communautés marginalise encore les
femmes et légitime la violence masculine. Certaines femmes se trouvent
dans l'obligation d'abandonner leur emploi sous les pressions de leur mari.
D'autres malgré les dire de leur mari et malgré les actes de
violence qu'elles subissent maintiennent encore leur emploi. Elles exercent
quand bien même leur profession. Des recherches montrent que les femmes
plus instruites sont exposées à un plus grand risque de violence
et notamment de violence sexuelle de la part de leur partenaire intime. Parce
qu'elles deviennent plus autonomes, elles résistent davantage aux normes
patriarcales. Pour reprendre le contrôle, certains hommes recourent alors
à la violence.
E) La pauvreté
Jusqu'à présent, les femmes sont isolées
des grandes activités du pays. C'est pourquoi la majorité des
femmes haïtiennes sont pauvres. On ne lutte pas vraiment pour une vraie
égalité entre l'homme et la femme. Les femmes sont peu
présentes dans le marché du travail haïtien. Les hommes sont
beaucoup mieux rémunérés dans des postes à
profession égale. Il est rare de trouver en Haïti une femme qui
possède beaucoup plus d'argent que son mari. Cette pauvreté chez
la majorité des femmes haïtiennes augmente le taux de violence
conjugale.
F) Le mariage
La violence conjugale est la forme de violence domestique la
plus répandue à travers le monde. Quelle que soit la forme
d'union, la femme doit se soumettre à son mari et la situation semble
pire quand elle est mariée. Les hommes veulent toujours avoir le
contrôle des biens de la famille ; à eux seuls
reviennent les pouvoirs de décision. La femme mariée n'a pas le
droit et ne peut pas prendre une bonne décision pour la famille. On
dirait que le mariage infantilise la femme.
G) Le divorce
Généralement les femmes divorcées
subissent de la part de la société plus de violence que les
célibataires du même âge. Elles sont souvent mises en
quarantaine et représentent une proie plus facile pour l'homme
puisqu'elles sont donc en situation de faiblesse pour avoir divorcé.
3.2.2 Facteurs favorisant le risque de violence56(*)
Mis à part les facteurs qui rendent la femme plus
vulnérable aux violences des hommes, il y a aussi des facteurs qui
favorisent le risque de violence de la part des hommes envers les femmes. Ce
sont : l'absence d'emploi et les facteurs psychologiques.
a) L'absence d'emploi
L'absence d'emploi constitue un facteur favorisant le risque
de violence de la part des hommes. Quand il perd son emploi ou ne gagne pas
assez d'argent pour subvenir aux besoins de sa famille, il devient violent.
Pourtant, il doit donner à manger chaque jour à ses enfants et
s'occuper convenablement de sa famille sans avoir vraiment de quoi. En plus, le
fait d'être en chômage le rend davantage violent si, de
surcroît, sa femme travaille. Il devient complexé et perd alors
confiance en lui-même.
B) Les facteurs psychologiques
Il y a des facteurs psychologiques qui peuvent rendre l'homme
violent. Quand l'homme devient stressé, déprimé, quand il
perd l'estime de soi, il peut devenir violent envers sa femme. Certains hommes
impulsifs, agressifs de par leur nature deviennent très violents dans
une situation dont il perd le contrôle et dans laquelle il se sent
diminué.
3.2.3 -Facteurs relatifs aux membres de la famille
favorisant le risque de violence dans le couple
La situation économique et certaines circonstances
peuvent obliger un couple à accueillir d'autres membres de sa famille
élargie soit un père, une mère, un frère etc. Le
plus souvent la présence de ces personnes trouble l'harmonie familiale
du couple par leur intrigue surtout si l'un des partenaires ne travaille pas
où est en situation de faiblesse. Ces genres de situation enveniment le
climat familial et débouchent très souvent sur la violence.
Aussi, une mal compréhension des définitions des taches
ménagères, une mal entente et une gestion non concertée
dans la formation des enfants peuvent également créer une
situation de violence dans la famille.
À travers des analyses, études et observations
nous avons pu déterminer les facteurs générateurs de la
violence conjugale. Ces causes de la violence conjugale ont rapport avec la
non-application des textes de lois contre la conjugale qui se manifeste par la
passivité de l'Etat haïtien vis-à-vis des différents
engagements pris tant au niveau international que national. Cela confirme donc
notre hypothèse de travail. L'Etat haïtien ne peut- il pas prendre
des mesures plus concrètes pour éradiquer ce mal qui ronge notre
société depuis des siècles ? Le prochain et dernier
chapitre apportera des éléments de solutions.
Chapitre 4 : Pour l'éradication de la
violence conjugale
Après avoir analysé et interprété
le phénomène de la violence conjugale sous toutes ses formes,
nous sommes en mesure, croyons-nous, de formuler à l'État
quelques propositions en vue d'éliminer ce fléau qui
détruit la personnalité des femmes, avilit ceux qui le
soutiennent et le pratiquent, et du coup, ruine la société. Dans
ce domaine, l'intervention de l'État s'articulera autour de trois
points : l'application des lois en vigueur, l'organisation de la justice
et la protection de la famille.
4.1 - Application des lois en vigueur contre la
violence conjugale
En tant que premier responsable du bien-être de tous
les citoyens, l'État doit jouer un rôle de premier chef dans
l'élaboration des lois et dans l'application des instruments nationaux
et internationaux en vue d'éliminer la violence conjugale et freiner la
violence à l'égard des femmes. Il lui revient donc de tout mettre
en oeuvre afin de favoriser un climat de paix où la famille puisse
grandir, remplir sa vocation et où les femmes et les hommes puissent
s'épanouir dans l'égalité, le respect mutuel et la
reconnaissance des droits de chacun.
Haïti a effectivement signé et ratifié
beaucoup de traités internationaux pour contrecarrer la violence contre
les femmes. Il lui reste donc à les fondre avec les lois nationales pour
une meilleure application. En fait, Haïti a opéré une
avancée importante grâce au décret du 6 juillet 2005 qui
modifie le Code pénal en ce qui concerne les viols, les agressions
sexuelles, l'infidélité des époux. Cependant, il doit
convertir ce décret en loi dont la teneur, pour être plus
adaptée et plus applicable, sera complétée par les points
suivants :
§ Condamner la violence conjugale comme un crime
§ Reformer les lois et mettre un dispositif pour les
faire appliquer effectivement
§ Renforcer les sanctions pénales contre les
auteurs de la violence contre la femme
§ Promouvoir le droit des femmes à la protection
équitable.
De nombreux pays traitent maintenant la violence domestique
comme un crime appelant une solution légale. Après avoir
nié son existence pendant longtemps sous prétexte de ne pas
intervenir dans les affaires familiales, une prise de conscience des effets de
cette violence apparaît progressivement. Dans les pays où la
violence domestique est vue comme un problème sérieux, il existe
une forte pression populaire pour y trouver des solutions légales. Par
exemple, certains pays ont inclus la violence dans les lois existantes sur le
viol. Ce fut le cas du Canada où, en 1983, une loi a
considéré comme crime les agressions sexuelles qu'un homme ou une
femme pouvait faire subir à son partenaire57(*). D'autres ont des lois qui
facilitent l'intervention de l'État et de ses agents. À
Porto-Rico, il existe une loi concernant la prévention et l'intervention
dans les cas de violence domestique (Loi 54 du 15 août 1989) alors que
dans certaines provinces d'Australie, les pouvoirs de la police en
matière d'intrusion ont été étendus afin de
l'autoriser à entrer dans le domaine privé même en
matière de suspicion des formes de violence58(*).
La reconnaissance de la violence domestique par quelques pays
comme un crime signifie que la loi criminelle s'y applique afin de
protéger la victime, punir l'agresseur et l'empêcher de
récidiver. En Pologne, l'article 184 du Code pénal a prévu
dans la punition infligée au criminel du genre le paiement de
dédommagement à la victime. De même, dans de nombreux
autres pays européens, le cadre légal de poursuites à
intenter contre les auteurs de violence physique ou sexuelle est en voie de
révision afin de clarifier les définitions légales de la
violence, les responsabilités des agresseurs et les
intérêts des victimes. En Argentine, par exemple, la loi sur la
violence familiale permet l'éloignement de l'agresseur de son domicile,
une participation obligatoire à des programmes de
rééducation et une compensation à la victime59(*). Toujours dans le cadre de
l'application de la loi, il faudrait à l'État, penser à
un code de famille.
4.1.1 Créer un Code de famille haïtienne
Haïti ne s'est pas encore doté d'un code de
famille comme référence en cas de violence conjugale. Pourtant de
nombreux pays en possèdent déjà depuis fort longtemps.
Par exemple, la France qui, peu avant la seconde guerre mondiale, a
promulgué le décret-loi du 29 juillet 1939 relatif à la
famille et à la natalité française. Ce décret-loi,
communément appelé Code de la famille, a encouragé le
repeuplement de la France60(*). En 1956, est créé le code de la
famille et de l'aide sociale61(*). Ce code a pris son nom actuel en 200062(*). Il règlemente tout ce
qui touche à la famille dont les aides sociales aux personnes.
Haïti ne pourrait-elle pas suivre cet exemple ? Son code, entre
autres, viserait à :
§ Assurer le bien-être des familles
haïtiennes
§ Harmoniser les rapports entre couples
§ Eliminer les discriminations entre les familles
qu'elles soient constituées dans les liens du mariage ou non
§ Régulariser la situation légale des
couples qui vivent en concubinage
§ Veiller à garantir l'équité de
genres : la promulgation des lois relatives à ce domaine,
l'adoption des programmes gouvernementaux visant à renforcer la
capacité économique ainsi que la capacité intellectuelle
de la femme en matière juridique par la diffusion des connaissances
juridiques.
§ Promouvoir des rencontres inter couples pour favoriser
des échanges d'expériences et de support mutuel.
En outre, il faudrait envisager un programme de
vulgarisation de ce code afin de sensibiliser la population sur les termes
propres aux droits des femmes, sur la réalité de la violence
conjugale, sur l'importance de la paix et de l'harmonisation dans les foyers et
finalement sur le respect de la dignité de la personne humaine.
4.2 - L'organisation de la justice
L'application de la loi en Haïti comme dans tous les
domaines reste un défi surtout sur le plan judiciaire. Le
ministère de la justice haïtienne doit collaborer avec ses
partenaires des provinces afin d'identifier les questions en commun et
d'échanger des renseignements sur l'ensemble des aspects de
l'application de la loi et de l'administration de la justice dans les cas de
violence conjugale. Ceci amènera nécessairement l'État
à réformer le système judiciaire en vue de le rendre plus
apte à fournir une justice impartiale. Cette réforme se portera
sur la formation des principaux agents responsables de traiter les cas de la
violence conjugale, sur la création des tribunaux spéciaux pour
juger ces cas. Il s'agira, en outre, de nommer des femmes juges pour les cas de
violence perpétrés sur la personne des femmes, de renforcer les
structures nationales chargées de protéger les victimes, de
criminaliser la violence conjugale, de promouvoir la sécurité de
la victime et de préserver la confiance dans l'administration de la
justice.
4.2.1 - Former les principaux responsables de la justice
sur la violence conjugale
Le traitement des incidences de la violence conjugale exige
une préparation spéciale car le personnel judiciaire ordinaire
n'est pas toujours compétent pour entendre toutes les affaires. Par
conséquent, il serait opportun à l'État d'instituer dans
les tribunaux une section réservée au traitement de la violence
conjugale, notamment la violence sur les femmes. C'est dans cet ordre
d'idée que nous proposons aux autorités concernées
d'établir un programme de formation permanente pour toutes les
personnes, les policiers sur le décret et sur la manière de
procéder. Ces policiers recevront particulièrement une formation
leur permettant de contrôler leurs réactions vis-à-vis des
victimes et à ne pas brutaliser davantage les femmes placées
sous leur vigilance. D'ailleurs, ils seront tenus responsables de leurs actes
de malversations et de mauvaise conduite. Cette formation touchera
également le personnel médical et médico-légal, les
travailleurs sociaux afin qu'ils puissent détecter au cours de
l'exercice de leur fonction des cas de violence, garantir la
sécurité des femmes victimes et finalement recueillir, conserver
et présenter les éléments de preuve.
4.2.1.1 - Créer des tribunaux spéciaux
pour les cas de violence conjugale
Il n'y a aucun tribunal pour trancher les cas de violence
conjugale. Tout le monde le constate et fait valoir que jusqu'à
présent les mesures prises par les autorités étatiques du
pays ne suffisent pas pour répondre aux besoins des victimes dont le
taux ne cesse d'augmenter. C'est pourquoi il importe à l'État
haïtien d'instaurer un véritable organisme qui, dans toute son
organisation et dans toute son efficacité, répondra aux
problèmes de tous ordres que comportent les conflits familiaux. Ce
tribunal requerra donc un personnel adéquat affecté
précisément aux cas de violence conjugale.
Ces tribunaux spécialisés permettront aux
autorités judiciaires de bien appréhender dans son ensemble le
phénomène de la violence conjugale. Ils auront pour mission de
traiter tous les cas de violence conjugale et familiale,
d'accélérer le déroulement du procès, de fournir un
meilleur service et soutien aux victimes, de mettre les victimes en situation
de confiance, de tenir les agresseurs responsables de leurs actes, de
prévoir une peine pour chaque type de violence conjugale, de
protéger les victimes. Ils réduiront ainsi le taux de
procès qui n'aboutissent pas et désencombreront les cellules des
prisons ou les gardes à vue.
Ces tribunaux seront composés surtout de juges femmes
formées pour ces genres de cas, des salles d'audience, d'une
unité spéciale chargée d'offrir aux conjoints violents un
programme de rééducation et aussi un programme de
« détraumatisation » pour les femmes et les enfants
victimes de violence conjugale comme cela se pratique au Canada63(*).
4.2.1.2 - Nommer des femmes juges pour des cas de
violence contre les femmes
Il est évident que l'État doive entreprendre une
réforme judiciaire qui serait une démarche incontournable pour
l'avènement d'une société fondée sur la notion
d'équité64(*). Cette réforme rendra le système
judiciaire plus apte à fournir une justice impartiale qui respecte les
lois et les Conventions en matière des droits des femmes. Elle
favorisera aussi la formation et la nomination des femmes juges pouvant statuer
spécifiquement sur les cas de violence conjugale afin de promouvoir
l'égalité au sein du système et de rendre le travail plus
léger. Ces femmes juges seront chargées de résoudre les
cas de conflits familiaux, de prévenir la violence et de préparer
les futurs conjoints. Enfin, cette réforme promouvra le rôle actif
des femmes dans leurs rapports avec le système judiciaire civil et
pénal de façon à ce qu'elles puissent examiner les options
qui leur sont offertes et faire des choix quant à leur
sécurité65(*).
4.2.2 - Renforcer les structures nationales chargées
de protéger les femmes
En Haïti, il existe plusieurs organisations qui ont pour
mission de protéger et de défendre les droits des femmes. Elles
ont besoin d'être aidées dans leurs tâches. Cette aide
consistera à :
§ Encourager l'émergence d'associations de
défense des droits des femmes à travers le pays en leur
fournissant aide et assistance financières et techniques.
§ Améliorer les compétences des juges, des
commissaires du gouvernement, des agents de police en vue de leur permettre de
répondre aux besoins des femmes victimes et de garantir leurs droits par
une éducation professionnelle, par une formation et autres programmes de
renforcement des capacités.
§ Améliorer le traitement donné aux
employés du système judiciaire, de la police nationale, des
services sociaux en leur accordant un salaire raisonnable et des
matériels adéquats pour lutter contre les actes de violence et de
discrimination commis à l'endroit des femmes.
§ Agir de concert avec les organisations de
défense des droits des femmes en élaborant des politiques de
prévention, en vulgarisant des documents sur la manière de
promouvoir la sécurité des femmes dans leur foyer, dans la
collectivité et en détention, en multipliant des émissions
sur des notions de base sur le droit en vue de former et d'informer la
population de leurs droits et devoirs
§ Financer les programmes d'actions des associations
féministes contre la violence et la discrimination à
l'égard des femmes haïtiennes.
4.2.3 - Assurer la protection des victimes et les
accompagner pour les suites de droit
Une victime doit toujours se sentir en sécurité,
sinon elle devient plus vulnérable. Sa protection devrait être
l'objectif premier des systèmes juridiques. Pour atteindre cet objectif,
il faudrait :
§ Offrir aux victimes une assistance légale
effective leur permettant de déposer plainte devant les tribunaux
réservés à cet effet
§ Créer des centres spécialisés
chargés de fournir des services multidisciplinaires, qu'ils soient
judiciaires, médicaux et psychologiques, aux victimes de violence
§ Attribuer à l'agresseur seul la
responsabilité de ses actes
§ Mettre des lieux d'accueil sûrs à la
disposition des femmes qui fuient la violence afin qu'elles puissent se
rétablir physiquement et moralement.
4.3 - Protection de la famille
Selon la Déclaration des droits de l'homme,
« La famille est l'élément naturel et fondamental de la
société et a droit à la protection de la
société et de l'État »66(*). Mais auparavant, elle a
stipulé dans l'article 12 que « la famille est une des
sphères de vie où chacun a droit à la protection contre
toute ingérence arbitraire ». La Convention des droits de
l'enfant, de son côté, accorde une plus grande importance à
la famille dans son préambule : « elle n'est pas
seulement l'unité fondamentale de la société mais aussi
« le milieu naturel pour la croissance et le bien-être de tous
ses membres, et en particulier des enfants ». Elle recommande le
milieu familial pour l'épanouissement harmonieux de la
personnalité de l'enfant. Et surtout on sait que la famille assure la
stabilité de la société. En plus des rôles
importants dévolus à l'État dans l'application des lois,
l'organisation des tribunaux pour traiter les cas de violence conjugale,
l'État a aussi une fonction déterminante à remplir
auprès des familles pour qu'elles puissent remplir convenablement leur
mission, si effectivement il veut combattre la violence conjugale et la
violence contre les femmes en général. De ce fait, l'État
prendra des mesures politiques, économiques, sociales et juridiques
ayant pour but de renforcer l'unité et la stabilité de la famille
afin qu'elle puisse sa fonction spécifique.
4.3.1 - Harmonisation de la famille
« La famille, bien plus qu'une simple unité
juridique, sociologique ou économique, constitue une communauté
d'amour et de solidarité, apte de façon à enseigner et
transmettre des valeurs culturelles, éthiques, sociales, spirituelles et
religieuses essentielles au développement et au bien-être de ses
propres membres et de la société »67(*). Et en vertu de cette mission
fondamentale, « la société et de façon
particulière l'État et les organisations internationales doivent
protéger la famille par des mesures politiques, économiques,
sociales et juridiques, qui ont pour but de renforcer l'unité et la
stabilité de la famille : afin qu'elle puisse exercer sa fonction
spécifique »68(*). Ces mesures comporteront les points
suivants :
§ Affirmer et promouvoir l'égalité de
l'homme et la femme dans le cadre de la famille
§ Contrôler le bien fondé d'une famille
§ Établir des règles de vie en commun
§ Intervenir dans les conflits familiaux
§ Faciliter aux partenaires des recours fiables en cas de
conflits
§ Promouvoir la protection économique, juridique
et sociale de la vie familiale
§ Protéger les enfants.
4.3.2 - Encadrements des enfants
Les enfants méritent beaucoup d'attentions. Ils ont
besoin, pour se développer, de l'encadrement de leurs parents
constituant une famille au sein de laquelle il doit se sentir à l'aise
et recevoir les principes de base pour pouvoir socialiser, s'adapter et vivre
en famille et en société. En effet, la famille est la meilleure
institution capable d'inculquer une bonne éducation aux enfants. Pour
ce, il incombe à l'État de :
§ Pouvoir établir un climat de
sécurité, de paix et d'amour dans les foyers
§ Contrôler le comportement de parents envers les
enfants
§ Instaurer un service efficace pour les familles en
difficulté afin d'empêcher aux enfants de subir des mauvais
traitements
§ Préserver les droits des enfants.
Bien que le mariage sous sa forme traditionnelle connaisse des
difficultés, il est cependant, évident que cette institution
véhicule encore certaines valeurs
indiscutables : « Communauté de vie entre un homme
et une femme », il vise le bien-être des conjoints. C'est au
coeur de ce bien-être que les enfants trouveront un foyer accueillant
propice à leur éducation et à leur épanouissement.
Aujourd'hui, écrasée par le poids des tensions de tous ordres, la
famille s'éclate et les partenaires affrontent toutes sortes de conflits
préoccupants quant à l'avenir de la société et
à l'équilibre de ses membres.
Devant la violence domestique, physique, verbale,
psychologique et autre dont sont victimes les conjoints, l'absence ou du moins
l'inapplication des lois, le silence ou la négligence de l'Etat
interpellent. Les personnes ne sont plus respectées, la discrimination
sexuelle « répand la terreur », les femmes sont
violées, agressées, battues par leur partenaire, bafouées
par des juges incompétents et machistes. Autant de difficultés
qui ébranlent la famille et méritent d'être prises en
considération par toute la société.
Par ce travail, nous voulons, comme participation
personnelle, attirer l'attention de l'Etat sur le danger que
représentent la violence conjugale, la violence contre les femmes et la
violence tout court. Quant à la société haïtienne, il
lui revient en premier lieu de créer des structures, d'encourager des
organisations capables de redresser les moeurs et d'encadrer la famille pour
une nouvelle société haïtienne.
Conclusion Générale
Au terme de ce travail, il convient de rappeler la
démarche, de présenter les résultats obtenus. Ce
mémoire est une étude sur la législation
haïtienne à l'épreuve de la violence conjugale en
Haïti. La violence conjugale reste une problématique
à laquelle toute famille peut être confrontée. Elle
traverse les clivages sociaux. Donc, elle n'épargne aucun couple ni ne
fait aucune discrimination. Dans notre étude, il ressort que ce sont les
femmes qui sont majoritairement victimes, et encore le nombre ne cesse
d'augmenter. Ceci explique que non seulement les hommes deviennent de plus en
plus violents, mais encore la société reste indolente
vis-à-vis de ce phénomène.
La violence conjugale est considérée comme un
sérieux problème en Haïti. Des recherches montrent qu'elle
est la forme de violence domestique la plus répandue en Haïti. Le
nombre de femmes battues s'accroît progressivement au détriment de
leurs droits fondamentaux. Pourtant, il est partout reconnu et admis que les
femmes sont égales aux hommes. Malheureusement ce n'est que
velléité et verbiage en dépit des textes de lois assez
évolués.
La présente étude décrit les
différentes facettes de la violence conjugale. Elles sont au nombre de
six. Ces types de violence se produisent de manière continue au sein de
la famille et se renforcent mutuellement. Mais de toutes les violences, la
physique est de loin la plus virulente puisqu'elle est l'expression la plus
fréquente de la violence conjugale. Elle attaque directement le corps,
le physique de la victime ; l'agresseur la frappe non seulement à
l'aide de ses membres mais aussi par l'emploi de certains objets. La plupart
des victimes en ignorent les autres manifestations pourtant c'est à
travers leurs réponses que nous avons pu déceler les cinq autres
types de violence conjugale.
Pendant longtemps la violence conjugale a été un
sujet tabou. Elle restait dans la sphère privée seulement que
l'Etat prétendait pouvoir régler, résoudre au sein de la
famille. La violence conjugale, en effet, n'est pas un phénomène
nouveau. Le système patriarcal, l'Etat, l'Eglise sont autant de facteurs
qui l'ont toléré pendant des siècles. Dans ce travail, le
système patriarcal est considéré comme le premier facteur
pouvant faire l'objet d'une historicité de la violence conjugale. En
fait, le patriarcat est un système social qui soutient et consacre la
prédominance des hommes, amène une concentration du pouvoir et de
privilèges entre leurs mains et par conséquent, entraine le
contrôle et la subordination des femmes dans des rapports sociaux
inégalitaires entre les sexes69(*). Le système patriarcal pèse encore sur
les sociétés d'aujourd'hui.
L'Etat, considéré comme le second facteur par
son silence trop prolongé, privait la femme de tous ses droits en la
contraignant à l'obéissance et à la soumission
à son mari. Aucune peine n'était prévue pour l'homme qui
maltraitait sa femme. En d'autres termes, il a légalisé la
violence conjugale. Quant à l'église, le troisième
facteur, elle continue encore bien que de manière discrète
à entretenir ce climat en ordonnant la femme à se soumettre
à son mari. Il l'établit chef de la famille par souci de
préserver sa propre hiérarchie. La violence conjugale se produit
dans toutes les sociétés. Mais elle varie d'une
société à l'autre. Son ampleur en Haïti, par exemple,
n'est pas identique à celle qui sévit au Canada.
Nous nous sommes évertués à
présenter le cadre juridique de la violence conjugale sur un double
plan : international et national. Car Haïti dans sa constitution
garantit non seulement aux femmes les mêmes droits que les hommes mais
aussi il est engagé par les plus importants instruments internationaux
relatifs à la protection des femmes. En effet, pendant ces
dernières années des progrès spectaculaires tels que la
création du MCDF et une nouvelle législation modifiant quelques
articles du Code pénal haïtien ont été
enregistrés dans la lutte de la violence contre la femme et la violence
au sein du couple. Néanmoins, malgré ces progrès la
situation n'a pas réellement changé. La violence conjugale bat
son plein. On rencontre souvent et partout des victimes de la violence
conjugale. Pourquoi en dépit les évolutions des textes de lois
la violence conjugale persiste-t-elle encore ?
Pour le besoin de la cause, c'est-à-dire pour
être plus concret, nous avons circonscrit notre travail dans la ville des
Cayes. La violence physique est la forme la plus remarquée, la plus
présente tandis que la violence sexuelle est la plus cachée. La
violence conjugale, en effet, constitue un phénomène complexe qui
renferme plusieurs causes. Dans une immense majorité de cas, elle est
le fait d'un homme envers sa femme dont la principale cause est la non
application des textes de lois y relatives. Ce qui rend les femmes plus
vulnérables, les agresseurs ne sont pas réellement punis. En
seconde cause, nous signalons la passivité de l'Etat haïtien qui ne
respecte pas et ne fait pas respecter les instruments internationaux qu'il a
signés et ratifiés. Une troisième cause est la
mentalité machiste qui veut que la femme soit dominée.
D'ailleurs, cette mentalité croit fermement que la femme est
inférieure, incapable et par conséquent, faite pour être
dominée. L'Etat ne prend pas en outre, les mesures efficaces pour lutter
contre ces stéréotypes qui imprègnent toutes les strates
de la société haïtienne.
Les actes de violence subies et enregistrées
s'avèrent très coûteux sur le plan social, humain et
économique. Car elle affecte non seulement les personnes touchées
mais aussi toute la société. La violence conjugale a des
retombées négatives sur le couple en général, sur
les enfants, sur la victime, sur la société et même sur
l'agresseur. Il est donc nécessaire que des mesures drastiques soient
prises pour contrer la violence conjugale. L'Etat haïtien doit respecter
ses engagements dans la lutte contre la violence sur les femmes et plus
spécifiquement au sein du couple.
En fait, une perception claire de l'application du droit de la
femme, victime de la violence conjugale, devrait nous inciter à
garantir que toutes les femmes puissent exercer leur droit et vivre dans un
climat de paix. Etant donné que la famille est la base de la
société, ce climat de paix tant recherché ne sera pas
établi tant que le partenaire masculin ne reconnaît ni n'accepte
la valeur du partenaire féminin. Cette reconnaissance sera un signe de
civilité et de civilisation, et en plus, une solide pierre d'attente
pour le développement du pays qui exige d'ailleurs le partenariat de
l'homme et de la femme sur la base de
l'égalité : « à compétence
égale, salaire égale ». C'est notre voeu pour notre
chère Haïti.
Il est important que chacun de nous oeuvre
énergiquement pour mettre fin aux violations des droits de la personne
dont l'homme et la femme sont victimes. Mais il est de la responsabilité
de l'Etat haïtien de prendre en charge ce problème qui ronge le
tissu social. Le pays doit trouver des moyens de poursuivre et d'intensifier
les actions menées en faveur des droits de la femme. L'Etat a la
responsabilité de prévenir, réprimer et éliminer la
violence conjugale. De plus, sans la participation de tous indistinctement on
ne pourra jamais arriver à l'éradication de la violence
conjugale. D'ailleurs, l'Etat seul possède les moyens coercitifs pour
parvenir à une telle fin. Ensuite, l'Etat haïtien doit
élaborer en toute urgence un Code de la Famille Haïtienne dont nous
sommes volontaire dans la rédaction.
Enfin de compte, nous voulons que notre mémoire soit
à la fois un document de référence offrant au public en
général une information juste et actuelle sur la
problématique de la violence conjugale et un guide de travail qui peut
aider les Avocats, les Doyens, les Commissaires, les juges, les instances
concernées, les époux et tous les citoyens à lutter
rapidement et efficacement contre les évènements de la violence
conjugale par les textes de lois, par des instruments nationaux et
internationaux. Nous espérons avoir fait de mieux pour faire comprendre
que la violence conjugale constitue une atteinte grave à la
dignité, à l'épanouissement et à l'honneur du
couple. Trop de citoyens en pâtissent sans qu'ils ne s'en rendent compte
malheureusement. Notre mission ne s'achève pas avec ce mémoire,
nous allons continuer à lutter pour le respect des droits de la femme
contre la violence conjugale et pour une société haïtienne
équilibrée.
ANNEXES
Les réponses ont été
données en créole et traduites par nous en français. Pour
être plus précis et plus court nous reproduisons seulement les
textes français.
ANNEXE 1 : Questionnaires
Enquête auprès d'un échantillon de
familles haïtiennes dans le centre-ville des cayes
Période : septembre 2009- mars 2010
THÈME 1 : IMPORTANCE DU PHENOMENE DE LA VIOLENCE
CONJUGALE ET SES FORMES.
A-IMPORTANCE DU PHENOMENE DE LA VIOLENCE CONJUGALE
1) Avez-vous déjà entendu parler de la violence
conjugale ?.....................................
2) Si oui, où l'avez
entendu ?......................................................................................
3) Qui sont le plus souvent victimes de la violence conjugale
?.................................
4) Selon vous, c'est un phénomène nouveau
?...........................................................
5) Pensez-vous qu'il existe seulement en
Haïti ?..................................................
6) Ce phénomène existe-t-il toutes les familles
haïtiennes ?......................................
B- SES FORMES
1) Savez-vous ce que c'est la violence
conjugale ?....................................................
2) Avez-vous l'habitude de disputer avec ton partenaire ?
..................................
3) Êtes-vous déjà victime de la violence
conjugale ?.................................................
4) Si oui, comment cela a manifesté ?
............................................................
5) Arrive-t-il que votre partenaire veut avoir des rapports
sexuels contre votre
gré ?.........................................................................................................................
6) Que se passe-t-il dans ce cas ?
...............................................................
THÈME 2 : CARACTERISTIQUES SOCIALES DES REPONDANTS ET
LEUR CONNAISSANCE SUR LES TEXTES DE LOIS.
A-CARACTERISTIQUES SOCIALES DES REPONDANTS
1) Age du (de la)
répondant(e) ?.......................................................................
2) Etat
Civil ?..............................................................................................................
3) Niveau
d'études ? .................................................................................
4) Activités
professionnelles?.....................................................................................
5) Nombre
d'enfants?..................................................................................................
6) Date de vie
commune ?...........................................................................................
B-LEUR CONNAISSANCE SUR LES TEXTES DE LOIS
1) Connaissez-vous l'existence des textes de lois sur la
violence Conjugale ?..........
2) Pensez-vous que la loi haïtienne joue bien sa
partition dans les situations de violence
conjugale ?................................................................................................
3) Avez-vous porté plainte et où ça
?.........................................................................
4) Si non, pourquoi tu ne le
fais ?..............................................................................
5) Avez-vous déjà jugé avec ton
partenaire pour des actes de violence
conjugale ?..............................................................................................................
6) Êtes-vous toujours
satisfaite ?.................................................................................
THÈME 3 : CAUSES DE LA VIOLENCE CONJUGALE
1) Quelles sont les causes de la violence
conjugale ?.................................................
2) Pourquoi d'après vous se phénomène
persiste ?.....................................................
ANNEXES 2 : Extraits d'entretiens
enregistrés
1) Voici une des témoignages d'une victime
féminine de violence physique : « je suis
mariée depuis dix ans, mère de deux enfants. Mon mari est un juge
et moi je suis comptable. Il ne veut pas que j'aille travailler par jalousie.
Dans ma vie de couple, je suis victime de la violence conjugale à
maintes reprises et c'est pour la première fois que j'avoue cette
vérité. Mon époux me bat à l'heure voulue le plus
souvent avec son arme à feu. Actuellement je souffre d'une
céphalée intense. Car je reçois toujours des coups
à la tête et c'est rarement qu'il me donne des coups de pieds et
de poings. Je ne sais quoi faire dans cette situation puisqu'il est juge j'ai
peur de porter plainte contre lui et j'ai peur aussi de ses
menaces. »
2) Un des cas de la violence morale. Il s'agit d'une victime
masculine : « je vis en concubinage il y a cinq ans,
père de sept enfants. Je suis un contremaitre maçon et elle une
couturière. Ma concubine est très stupide et peu cultivée.
Elle ne parvient jamais à résoudre un conflit familial dans le
calme. On dirait qu'elle n'a pas la capacité de gérer un
problème. Quand on est en train de chercher une solution à nos
différends elle m'insulte toujours, médit de moi publiquement et
à haute voix, me profère des propos malsains, me dénigre
et tout le monde croit en ce qu'elle dit ».
3) Un des cas de violences psychologiques que nous avons
enregistré au cours de notre
enquête : « Je suis mariée il y a 8 ans.
J'ai trois enfants, je suis secrétaire et je travaillais dans une des
institutions bancaires de la ville. Mon mari est agronome. J'ai
abandonné ma profession, mon travail car à maintes reprises mon
mari m'ordonnait de laisser mon travail à cause du
stéréotype qui existe quand on est secrétaire.
Après plusieurs années de dénigrements, d'humiliations, de
menaces et d'intimidations, j'ai dû laisser mon emploi. Maintenant je ne
travaille plus. Je n'ai plus confiance en moi. Je ne fréquente aucune
autre université. Je suis vraiment tourmentée et inquiète
pour mon avenir. »
4) Recueillons les propos d'une femme victime de la violence
économique « je me suis mariée depuis quinze ans
j'ai quatre enfants. Mon mari est comptable et moi institutrice. Nous n'avons
pas un compte collectif mais j'avais droit de signature sur le compte de mon
mari et inversement. Je travaillais et lui aussi. Cela fait quatre
années que j'ai perdu mon emploi. Depuis lors mon mari changeait de
comportement. Autrefois nous vivons à l'aise mais à
présent la situation est pire. Qui pis est, il a fait des retraits
exorbitants sur mon compte sans que je le sache et met des restrictions sur son
compte. Quand je lui parlais à ce sujet il a décidé de
laisser le toit conjugal et que je ne sais pas à présent ou il
est. Pourtant je dois prendre soin des enfants et avec l'aide de qui ? Je
ne sais quoi faire. »
5) un des cas de violence sexuelle « je
suis mariée depuis vingt-cinq ans. Au commencement, je pouvais faire le
sexe chaque jour et plusieurs fois. Et cela fait quelques mois que je ne peux
pas le faire comme auparavant. Mon mari n'arrive pas à me comprendre.
Quand je ne peux pas il me viole en me contraignant. Il me dit toujours que son
mariage doit être consommé. Je n'ai pas le droit de refuser. C'est
pourquoi il s'était marié avec moi. Il doit faire le sexe quand
il a envie. Il n'a pas besoin de mon consentement. Que dois-je faire pour
remédier à cette situation ? »
6) Reportons les propos d'une victime de la violence
religieuse : « je me suis mariée depuis quelques
temps. Je suis catholique et mon mari est protestant. Nous nous sommes unis
dans les liens du mariage à l'église catholique après
notre entente. Je lui disais toujours que je suis et je serai toujours
catholique et qu'un dimanche je peux l'accompagner dans son culte et vice
versa. Il était complètement d'accord. Mais le mariage il veut
que je renonce à ma religion pour la sienne. Je refuse depuis lors je ne
peux pas me rendre librement à l'église et agir ma foi. Quand je
dois aller à la messe il faut que je le surveille.
Aidez-moi. »
7) Un de nos cas sur les inégalités
économiques : « nous nous sommes mariés
depuis 17 ans et nous avons 5 enfants. Mon mari a un emploi et moi non. Mais
c'est lui qui refuse que j'aille travailler car je suis réceptionniste.
Il se comporte très mal envers moi il me considère comme une
enfant qui doit obéir à tout ce qu'il me dit. Qui pis est, il a
une autre femme avec qui il a 2 autres enfant. Quand je lui parle à ce
sujet il me maltraite et me dit que je n'ai pas le droit de m'immiscer dans ses
affaires car je suis pauvre et que je ne peux pas contrôler son argent.
Pourtant nos enfants souffrent ainsi que moi. Je suis complètement
désespérée. »
8) Un des cas divers que nous avons recueilli lors de notre
enquête. « J'ai six ans de vie commune avec mon
mari.je suis secrétaire et lui comptable. Je n'ai pas encore
décroché mon diplôme du BAC 1 car j'étais enceinte
de lui. Nous avons à présent trois enfants. Cela fait deux
années qu'il me maltraiter il a commencé à m'injurier
à me dévaloriser puis tout d'un coup me frapper. J'avais des
soupçons qu'il entretenait des relations intimes avec l'une de ses
collègues de travail. J'ai vite informé et je trouve que c'est
vrai. Quand je lui parle il m'injure me dévalorise en me disant que je
n'ai de valeur à ses yeux car je n'ai pas encore décroché
mon diplôme du BAC 1 et la fille qu'il entretient des relations intimes
maintenant est philosophe et gestionnaire. Je n'ai pas le droit de le
surveiller. Mais cela me fait vraiment mal. A chaque fois que je lui ai dit que
je vais composer les examens d'état de fin d'études scolaires il
refuse. J'ai porté plainte contre lui plusieurs fois au tribunal.
Après je me suis rendu auprès du Doyen du tribunal qui est son
ami. Il nous a convoqués. Mon mari mentait dans tout ce qu'il dit et
avoue au doyen qu'il n'a aucune fille autre que moi.et le doyen soit disant en
blaguant me dit que mon mari peut avoir une autre fille car il est homme c'est
à moi que revient la fidélité. Il ne dit rien de concret
au sujet des actes de violence que je subis. Je regrette cette démarche.
Il me demande de respecter mon mari et il ne le blâme pas
vraiment. »
ANNEXE 3 : les conventions
internationales
1) La convention de Belém Do Para
§ ne pas commettre d'acte de violence et à ne pas
pratiquer la violence contre les femmes et à s'assurer que les
autorités, les fonctionnaires et les agents et institutions respectent
cette obligation;
§ agir avec la diligence voulue pour prévenir la
violence contre la femme, mener les enquêtes nécessaires et
sanctionner les actes de violence exercés contre elle;
§ incorporer dans leur législation nationale des
normes pénales, civiles et administratives ainsi que toute autre norme
qui s'avère nécessaire pour prévenir, sanctionner,
éliminer la violence contre les femmes, et à arrêter les
mesures administratives pertinentes;
§ adopter les dispositions d'ordre juridique pour obliger
l'auteur des actes de violence à s'abstenir de harceler, d'intimider et
de menacer la femme, de lui nuire ou de mettre sa vie en danger par n'importe
quel moyen qui porte atteinte à son intégrité physique ou
à ses biens;
§ prendre toutes les mesures appropriées, y
compris celles d'ordre législatif, pour modifier ou abroger les lois et
règlements en vigueur ou pour modifier les pratiques juridiques ou
coutumières qui encouragent la persistance ou la tolérance des
actes de violence contre la femme;
§ instituer des procédures juridiques
équitables et efficaces à l'intention de la femme qui a
été l'objet d'actes de violence, notamment l'adoption de mesures
de protection, la réalisation d'instructions opportunes et
l'accès effectif à ces procédures;
§ mettre au point les mécanismes judiciaires et
administratifs nécessaires pour assurer que la femme sujette à
des actes de violence soit effectivement dédommagée, qu'elle
reçoive des réparations ou bénéfice d'une
compensation par tout autre moyen équitable et efficace;
§ adopter les mesures législatives ou autres qui
s'avèrent nécessaires pour donner effet à la
présente Convention70(*).
2) La Convention Internationale sur l'Elimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
(Résolution 34/180)
§ Le même droit de contracter mariage ;
§ Le même droit de choisir librement son conjoint
et de ne pas contracter mariage que de son libre et plein
consentement ;
§ Les mêmes droits et les mêmes
responsabilités au cours du mariage et lors de sa dissolution ;
§ Les mêmes droits et les mêmes
responsabilités en tant que parents, quel que soit leur état
matrimonial, pour les questions se rapportant à leurs
enfants ; dans tous les cas, l'intérêt des enfants est la
considération primordiale ;
§ Les mêmes droits de décider librement et
en toute connaissance de cause du nombre et de l'espacement des naissances et
d'avoir accès aux informations, à l'éducation et aux
moyens nécessaire pour leur permettre d'exercer ces droits ;
§ Les mêmes droits et responsabilités en
matière de tutelle, de curatelle, de garde et d'adoption des enfants, ou
d'institutions similaires, lorsque ces concepts existent dans la
législation nationale ; dans tous les cas, l'intérêt
des enfants est la considération primordiale
§ mêmes droits personnels au mari et à la
femme, y compris en ce qui concerne le choix du nom de famille, d'une
profession et d'une occupation ;
§ Les mêmes droits à chacun des époux
en matière de propriété, d'acquisition, de gestion,
d'administration, de jouissance et de disposition des biens, tant à
titre gratuit qu'à titre onéreux71(*).
3) La Convention Internationale sur l'Elimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
(Résolution 48/104)
§ Envisager lorsqu'ils ne l'ont pas encore fait, de
ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes
discrimination à l'égard des femmes, d'y adhérer ou de
retirer les réserves qu'ils y ont faites ;
§ S'abstenir de tout acte de violence à
l'égard des femmes ;
§ Agir avec la diligence voulue pour prévenir les
actes de violence à l'égard des femmes, enquêter sur ces
actes et les punir conformément à la législation
nationale, qu'ils soient perpétrés par l'Etat ou par des
personnes privées ;
§ Prévoir dans la législation nationale
pénale, civile, du travail ou administrative les sanctions voulues pour
punir et réparer les torts causés aux femmes soumises à
la violence ; les femmes victimes d'actes de violence devraient avoir
accès à l'appareil judiciaire et la législation nationale
devrait prévoir des réparations justes et efficaces du dommage
subi ; les Etats devraient en outre informer les femmes de leur droit
à obtenir réparation par le biais de ces
mécanismes ;
§ Examiner la possibilité d'élaborer des
plans d'action nationaux visant à promouvoir la protection de la femme
contre toute forme de violence, ou d'inclure des dispositions à cet
effet dans les plans existants, en tenant compte, le cas échéant,
la coopération que sont en mesure d'apporter les organisations non
gouvernementales, notamment celles qu'intéresse plus
particulièrement la question ;.
§ Elaborer des stratégies de prévention et
toutes mesures de caractère juridique, politique, administratif et
culturel propres à favoriser la protection des femmes contre la violence
et à garantir que les femmes ne se verront pas infliger un surcroit de
violence du fait de lois, mode de répression ou d'interventions d'un
autre ordre ne prenant pas en considération les caractéristiques
propre à chaque sexe ;
§ Dans toute la mesure du possible, compte tenu des
ressources dont ils disposent, et ayant recours au besoin à la
coopération internationale, assurer aux femmes victimes d'actes de
violence et, le cas échéant, à leurs enfants une aide
spécialisée, y compris réadaptation, assistance,
assistance pour les soins aux enfants , traitement,, conseils, services
médico-sociaux et structures d'appui, et prendre toutes autres mesures
voulus pour promouvoir la réadaptation physique et
psychologique ;
§ Inscrire au budget national des crédits
suffisants pour financer les activités visant à éliminer
la violence à l'égard des femmes ;
§ Veiller à ce que les agents des services de
répression ainsi que les fonctionnaires chargés d'appliquer des
politiques visant à prévenir la violence à l'égard
des femmes ,à assurer les enquêtes nécessaires et
à punir les coupables reçoivent une formation propre à les
sensibiliser aux besoin des femmes ;
§ Adopter toutes les mesures voulues notamment dans les
domaines de l'éducation, pour modifier les comportements sociaux et
culturels des hommes et des femmes et éliminer les
préjugés, coutumes et pratiques tenant à l'idée que
l'un des deux sexes est supérieur ou inférieur à l'autre
ou à des stéréotypes concernant les rôles masculins
et féminins ;
§ Favoriser la recherche, rassembler des données
et compiler des statistiques se rapportant à l'incidence des
différentes formes violence à l'égard des femmes, y
compris en particulier la violence au foyer, et encourager la recherche sur les
causes, la nature, la gravité et les conséquences de violence
à l'égard des femmes , ainsi que sur l'efficacité des
mesure prises pour prévenir et réparer violence à
l'égard des femmes , lesdites statistiques et les conclusions des
travaux de recherche étant à rendre publiques'
§ Adopter des mesures visant à éliminer la
violence à l'égard des femmes particulièrement
vulnérables ;
§ Inclure dans les rapports présentés en
application des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme des
éléments d'information concernant la violence à
l'égard des femmes et les mesures prises pour donner effet
à la présente Déclaration ;
§ Encourager l'élaboration des directives voulues
pour aider à la mise en oeuvre des principes énoncés dans
la présente Déclaration ;
§ Reconnaitre l'importance du rôle que jouent les
mouvements des femmes et les organisations non gouvernementales du monde
entier s'agissant de faire prendre conscience du problème de la violence
à l'égard des femmes et d'y remédier ;
§ Faciliter et encourager les travaux des mouvements de
femmes et des organisations non gouvernementales et coopérer avec eux
sur les plans local, national et régional ;
§ Encourager les organisations intergouvernementales
régionales dont ils sont membres à inclure s'il y a lieu
l'élimination de la violence à l'égard des
femmes dans leurs programmes72(*).
ANNEXE 4 : Préambule de la Charte des
droits de la famille
Trois ans après le Synode sur la famille, à la
demande même des évêques participants, le Saint-Siège
a publié un document officiel sous formes de Charte ; cette charte
est présentée « par le Saint-Siège à
toutes les personne, institutions et autorités
intéressées à la mission de la famille dans le monde
d'aujourd'hui ».
Le texte du préambule, reproduit ici, est le texte
original daté du 22 octobre et rendu public le 24 novembre 1983 ;
nous l'empruntons à la Documentation Catholique, vol.80 (1983)
p.1154
Considérant que :
a) Les droits de la personne, bien qu'exprimés en tant
que droits de l'individu, ont une dimension foncièrement sociale qui
trouve dans la famille son expression innée et vitale ;
b) La famille est fondée sur le mariage, cette union
intime et complémentaire d'un homme et d'une femme qui est
établie par le lien indissoluble du mariage librement contracté
et affirmé publiquement, et qui est ouverte à la transmission de
la vie ;
c) Le mariage est l'institution naturelle à laquelle
est confiée exclusivement la mission de transmettre la vie
humaine ;
d) La famille, la société naturelle, existe
antérieurement à l'Etat ou à toute autre
collectivité et possède des droits propres qui sont
inaliénable ;
e) La famille, bien plus qu'une simple unité juridique,
sociologique ou économique, constitue une communauté d'amour et
de solidarité, apte de façon unique à enseigner et
à transmettre des valeurs culturelles, éthiques, sociales,
spirituelles et religieuses essentielles au développement et au
bien-être de ses propres membres et de la société
f) La famille est le lieu où plusieurs
générations sont réunis et s'aident mutuellement à
croitre en sagesse humaine et à harmoniser les droits des individus avec
les autres exigences de la vie sociale ;
g) La famille et la société, unies entre elles
par les liens organiques et vitaux, assument des rôles
complémentaires pour défendre et promouvoir le bien de toute
l'humanité et de chaque personne ;
h) L'expérience de différentes cultures au long
de l'histoire a montré, pour la société, la
nécessité de reconnaitre et de défendre l'institution de
la famille ;
i) La société et, de façon
particulière et les organisations internationales, doivent
protéger la famille par des mesures politiques, économiques,
sociales et juridiques, qui ont pour but de renforcer l'unité et la
stabilité de la famille afin qu'elle puisse exercer sa fonction
spécifique ;
j) Les droits et les besoins fondamentaux, le bien-être
et les valeurs de la famille, bien qu'ils soient, dans certains cas,
progressivement mieux sauvegardés, sont souvent menacés par des
lois, des institutions et des programmes socio-économiques ;
Beaucoup de familles sont contraintes à vivre dans des situations de
pauvreté qui les empêchent de remplir leur rôle avec
dignité ;
k) L'église catholique, sachant que le bien de la
personne, de la société et son bien propre passent par la
famille, a toujours considéré qu'il appartient à sa
mission de proclamer à tous les hommes le dessein de Dieu, inscrit dans
la nature humaine, sur le mariage et sur la famille, de promouvoir ces deux
institutions et de les défendre contre tous ceux qui leur portent
atteinte.
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JEAN BAPTISTE, Sylviane, Plaidoyer pour une plus large
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VI- LES PRINCIPAUX SITES D'INTERNET
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Encyclopédie en ligne wikipédia :
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battues : crainte et silence »
http://www.panosinst.org/productions/femmes_vihenfantsenvironnement/femmebattues.php,
17 avril 2006.
Welzer-Lang D. (1997), « L'utilité du viol
chez les hommes »,
http://tahin-
party.org/textes/impp50-85.pd, consulté le: 9 janv. 2007
TABLE DES MATIERES
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
ABREVIATIONS ET SIGLES V
RESUME VI
RANMASE LIDE VII
INTRODUCTION GENERALE VIII
Première partie
L'EVOLUTION DU PHENOMÉNE DE LA VIOLENCE
CONJUGALE EN
HA?TI..........................................................................................................12
Chapitre: Historicité de la violence
conjugale en Haïti..................................13
1.1 -
Définitions 13
1.1.1 -
Définition de la violence conjugale 13
1.1.2 -
Définition de la violence domestique 13
1.2 -
Survol historique de la violence conjugale en
Haïti 14
1.2.1 -
Le système patriarcal 15
1.2.2 -
L'Etat 17
1.2.3 -
Les constitutions 17
1.2.4 -
Les codes civil et pénal 18
1.2.5 -
L'église 19
1.3 -
Les manifestations de la violence conjugale
20
1.3.1 -
Violence physique 21
1.3.2 -
Violence verbale 21
1.3.3 -
Violence psychologique 22
1.3.4 -
Violence économique 22
1.3.5 -
Violence sexuelle 23
1.3.6 -
Violence religieuse 24
1.4 - Ampleur de la violence conjugale 24
1.4.1 - Au niveau international 24
1.4.2 - Au niveau national 25
Chapitre II : La violence conjugale selon
la législation..................................27
2.1 - La Législation Internationale
27
2.1.1 - La Convention De Belém Do Para 27
2.1.2 - La Convention Internationale sur l'élimination
de toutes les formes de violence et de discrimination à l'égard
de la femme (CDAW) 29
2.1.3 - La Convention Internationale sur l'Elimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes 29
2.1.3.1 - Résolution 34/180 29
2.1.3.2 - Résolution 48/104 30
2.2 - La Législation Nationale
31
2.2.1 - La constitution du 29 mars 1987 31
2.2.2 - Les textes de Droit Civil 32
2.2.3 - Les textes de Droit Pénal 34
2.2.4 - Les textes de Droit du Travail 36
2.3 - Les institutions haïtiennes pour le
respect et la protection des droits de l'Homme et de la femme en
particulier.....................................................................36
2.3.1 - Les institutions publiques 36
2.3.1.1 - L'Office de la Protection du Citoyen (OPC) 37
2.3.1.2 - La Police Nationale D'Haïti (PNH) 37
2.3.1.3 - Le Ministère à la Condition
Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF) 38
2.3.2 - Les institutions privées 38
2.3.2.1 - ENFOFANM 38
2.3.2.2 - KAY FANM 39
2.3.2.3 - SOFA 39
2.3.2.4 - FANM YO LA 40
Deuxième partie
ANALYSE CRITIQUE DE LA VIOLENCE CONJUGALE AUX CAYES ET
PROPOSITIONS POUR UNE FAMILLE
UNIFIEE...............................................41
Chapitre III : Enquête effectuée
dans la ville des Cayes 42
3.1 - Présentation de l'outil de
l'enquête 42
3.1.1 - Délimitation du terrain 42
3.1.2 - La population choisie 42
3.1.3 - La technique utilisée 43
3.1.4 - Elaboration de l'outil de l'enquête 43
3.1.5 - Analyse et interprétation des résultats de
l'enquête 43
3.2 - Autres facteurs 51
3.2.1 - Facteurs rendant la femme plus vulnérable
à la violence 52
a)
L'âge 52
b)
Témoin ou victime de violence pendant l'enfance
52
c)
Consommation de l'alcool, de la drogue pendant
l'enfance 53
d)
Recherche d'autonomie 53
e)
Pauvreté 53
f)
Mariage 53
g)
Divorce 54
3.2.2 - Facteurs favorisant le risque de la violence
envers les femmes 54
3.2.3 - Absence d'emploi 54
3.2.4 - Facteurs psychologiques 54
3.2.5 - Facteurs relatifs aux membres de la famille
favorisant le risque de la violence dans
le
couple.................................................................................................55
Chapitres IV : Pour l'éradication de
la violence conjugale 56
4.1 - Rôle de l'Etat dans
la résolution de la violence conjugale 56
4.1.1 - Appliquer les lois en vigueur contre la violence
contre les femmes 56
4.1.2 - Créer un code de famille haïtienne 58
4.2. - L'organisation de la justice 58
4.2.1 - Former les principaux responsables de la justice sur
la violence conjugale 59
4.2.1.1 - Créer des tribunaux spéciaux pour les
cas de violence conjugale 59
4.2.1.2 - Nommer des juges femmes pour statuer des cas de
violence contre les femmes 60
4.2.2 - Renforcer les structures nationales
chargées de protéger les femmes 61
4.2.3 - Assurer la protection des victimes et
les accompagner pour les suites de droits..........62
4.3 - Protection de la famille 62
4.3.1 - Harmoniser la famille 63
4.3.2 - Encadrer les enfants 63
CONCLUSION GENERALE 65
ANNEXES 69
BIBLIOGRAPHIE 80
TABLE DES MATIÈRES 85
* 1 Rapport de 1996 du
Rapporteur spécial des Nations Unies sur la violence à
l'égard des femmes, soumis à la Commission des Nations
Unies sur les droits de la personne (E/CN.4/1996/53), par. 22. Se reporter
aussi à Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique,
La violence familiale au Canada : un profil statistique,
1999, p. 17-19.
* 2 Statistique Canada,
Centre canadien de la statistique juridique, La violence familiale au
Canada : un profil statistique, 2000, p. 16. Voir aussi Linda MacLeod,
Pour de vraies amours... Prévenir la violence conjugale,
Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme, juin 1987, p.
21; Linda MacLeod, La femme battue au Canada : un cercle vicieux,
Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme, janvier 1980, p.
14-16.
* 3 JEANTY, Yolette,
Andrée, « Haïti : l'organisation Kay Fanm dit Non
à la violence! Oui pour le vivre ensemble » dans Kay
Fanm, Alter Presse, 25 novembre 2005, p.2-5,
http://www.alterpresse.org/
imprimer.
php 3id_id article=3657
* 4 ASMA, Ridane et WAFA,
Attyaoui, « Violence conjugale Rompre le mur du
silence », dans le Renouveau, janvier 2010, 2-12p.
www.le renouveau.com.tn/index2php.
* 5WIKIPEDIA,
définitions de la violence conjugale,
http://fr.m.wikipédia.org/wiki/violence_conjugale,4p.
* 6United
Nations Office at Vienna, Strategies for confronting domestic violence : a
ressource manual, Centre for Social Development and Humanitarian
Affairs, United Nations Publication, New York, 1993,
7p.
* 7Conseil de l'Europe,
Rapport de la commission sur l'égalité des chances pour les
hommes et pour les
femmes, doc 9525,17 juillet 2002, 7p.
* 8LAUGREA, Kathleen ;
CLAUDE, Bélanger et WRIGHT, John, « Existe-t-il un consensus
social pour
définir la Problématique de la violence
conjugale », dans Santé mentale, Québec,
vol no 2, 1996, pp.
93-113
* 9 Ibid. 113p.
* 10 PIERRE-LOUIS, Menan,
Code Pénal haïtien, Ed Delta, P-Au-P, 1996, art 284, 136 p.,
(à l'avenir
PIERRE-LOUIS, Code Pénal)
* 11 Groupe d'Anarchistes de
Lille et des Environs, « Contre le patriarcat sous toutes ses
formes », in La Sociale, spéciales luttes
anti-patriarcales,Lille, déc. 2006, p. 7 (à l'avenir :
GDALE, « Contre le patriarcat sous toutes ses formes)
* 12 PIERRE Bonte et,
MICHEL, Izard, Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie,
Presses universitaires de France, Paris, 1991, p.455.
* 13 GDALE, Contre le
patriarcat sous toutes ses formes, p.8
* 14 Nations Unies,
rapport du Secrétaire général sur la violence faite aux
femmes . New York, 1996, 32p.
* 15 Assemblée des
Evêques du Québec, Réflexion pastorale sur la violence
conjugale, Montréal, 1989, p.23.
* 16 JOSEPH, Louis Janvier,
les constitutions d'Haïti, 1805-1885, Tome I, éd.
Flammarion, Paris, 1886,
rééditions Flandri, 1997, pp30-41.
* 17HANNIBAL, Price,
Dictionnaire de législation administrative haïtienne,
2e Ed, revue et corrigé Imp.
Chéraquit, P-Au-P, 1923, p.9.-
* 18 TROUILLOT, Ertha,
Pascal et TROUILLOT, Ernst, Code de Lois usuelles, Ed Henri Deschamps,
P- au- P., 1978, pp. 358-361.
* 19 CLEMENT,
Célestin, Compilation pour l'histoire, T.1, P-Au-P, Imp
Théodore, 1958, pp.93-94
* 20 JACQUES, Leclerc, La
famille dans Leçons des droits naturels, Québec, Namur,
1958, 283p.
* 21 SALTMAN, L,et al.,
Intimate partner violence surveillance: Uniform definitions and
recommended Data elements, version 1.0 (Atlanta center For disease control
and prevention, National center for injury, Prevention and Control, New
York, 2002, pp. 35-42.
* 22 SOFA, rapport sur la
violence conjugale, P-au-P, Haïti, 16 juillet 2006, 17p.
* 23 VERMOT-MANGOLD, Ruth-Gaby,
Commission Européenne pour l'égalité des
chances-Conseil de l'Europe, Suisse, juillet 2002, 1-19p.
* 24Extrait du site
d'Arte.tv ; http://www.arte.tv/fr/histoire société
/Quand _20des_20p_C3_A8res_20se_20
Vengent/ Violence_20conjugales/813722, CmC=813708.html.
* 25 EMMUS, III, Rapport
d'enquête sur la violence contre les femmes, P-au-P, Haïti,
2000, 16p.
* 26 United Nation
Stabilisation Mission in Haïti, (MINUSTAH), Pour que cessent les
violences faites aux
femmes, P-au-P, Haïti, 26 novembre 2006,
5p.
* 27 René Garcia
Préval, « décret 3 avril 1996 », dans le
Moniteur, no 66A, P-Au-P, 9 sept 1996, pp. 1-7.
* 28 Voir la Convention de
Belém do Pará, Préambule, articles 4 et 6. La Commission a
discuté les graves conséquences que peuvent exercer la
discrimination contre les femmes et les notions
stéréotypées de leur rôle dans la
société, notamment la violence à leur égard. Voir
CIDH, décision sur le fond. Rapport N° 4/01, Maria Eugenia Morales
de Sierra (Guatemala), 19 janvier 2001, para. 44
* 29 Ibid. art.1.
* 30 Ibid. Préambule,
art. 4 et 5.
* 31Ibid. arts 2 et 7.
* 32 Voir en annexe 3
* 33 Assemblée
générale des Nations Unies « CEDAW »
dans le Moniteur no 38,11 mai 1981, P-Au-P, p.7
* 34 Ibid. art 2 alinéa
3
* 35 Ibid. art 2 alinéa
7
* 36 Voir en annexe 3
* 37 Assemblée
générale des Nations Unies, Déclaration sur
l'élimination de la violence à l'égard des
femmes, Résolution 48/104, 20 déc.
1993, art. 1 et 2
* 38Ibid. art 2
* 39 Voir en annexe 3
* 40CEDH, Constitution de la
république d'Haïti du 29 mars 1987, Imp. Henry Deschamps, P-au-P,
Haïti, 28 avril 1987, 140p.
* 41Par exemple, l'article 8
prescrit que « les époux administrent conjointement la
communauté. En cas de désaccord, le mot du mari
prévaut, sous réserve de la disposition prévue à
l'article 6 », et l'article 5 « ils choisissent de concert
la résidence de la famille. Cependant, le domicile conjugal demeure
celui de mari».
* 42Arts 197 et 198 du Code
civil d'Haïti, 27 mars 1825
* 43 Alter Presse
Haïti, un tournant dans la philosophie pénale
haïtienne, lundi 23 juillet 20007 autour du décret 6 juillet
2007, exposé des motifs
* 44 BONIFACE, Alexandre,
« Décret modifiant le régime des agressions sexuelles
et éliminant en la matière les discriminations contre la
femme», dans Le Moniteur No. 60 (Journal officiel de la
République d'Haïti), 11 août 2005; le Décret modifie
des articles du Code pénal, soit: 269, 270, 278, 279, 280, 281, 282, 283
et abroge les articles 284, 285, 286, et 287.
* 45 Ibid. 190. Les articles
279 et 20 du Code pénal haïtien, 11 août 1835.
* 46 Code pénal
haïtien art 278
* 47 Voir les articles 269 et
285 du Code pénal haïtien, 11 août 1835
* 48 JEAN-FREDERIC,
Salés, Code du travail de la république d'Haïti,
presse de l'université Quisqueya, P-Au-P, Haïti, 1992, art
317.
* 49 Thèse de Me JEAN
BAPTISTE, Sylviane, Plaidoyer pour une plus large participation des
femmes dans la magistrature haïtienne , Les Cayes, Haïti, 2007,
63p. (à l'avenir : Me Jn Baptiste, Plaidoyer pour une
plus large participation des femmes )
* 50Assemblée
générale des Nations Unies, Déclaration sur
l'élimination de la violence à l'égard des
femmes, 1993, 12p.
* 51 Me Jn Baptiste,
Plaidoyer pour une plus large participation des femmes, 63p.
* 52 Par exemple code de
famille canadienne, code de famille et de l'action sociale française.
* 53 Assemblée
générale des Nations Unies, Étude approfondie de toutes
les formes de violence à l'égard des femmes : Rapport du
Secrétaire général, 6 juillet 2006, 38p.
* 54 DeKeseredy, Walter
S. et Kelly, Katherine, `'Woman Abuse in University and College Dating 4,
relationship: The Contribution of the Ideology of Familial
Patriarchy», in The Journal of human justice ,vol.
2, printemps 1993, pp. 33 et 45.
* 55 JOSSE, Evelyne,
« document de formation pour les professionnels algériens en
charge des femmes victimes de violence conjugale art 109 »,
Algérie, Octobre 2007 p.19
* 56
Ibid. p 20
* 57 Soraya Smaoun, Le
violence envers les femmes en milieu urbain, analyse du problème selon
une perspective de genre, Nairobi, Kenya, avril 2000, 49p.
* 58 Ibid. 19p.
* 59 Ibid. 22p.
*
60Wikipédia,« Code de l'action sociale et de
famille », France, 18 mai 2011, http://fr.wikipedia.org./wiki.
/code de l'action sociale et des familles, pp.
3-6
* 61 Journal officiel de la
République française , «
Décret
no 56-149 du 24 janvier 1956 portant codification des textes
législatifs concernant la famille et l'aide
sociale» [
archive],
dans le
JORF
no 23, 28 janvier 1956, pp. 1109- 1136
* 62Idem., «
Ordonnance
no 2000-1249 du 21 décembre 2000 relative à la
partie Législative du code de l'action sociale et des
familles» [
archive],
dans le
JORF
no 297 , 23 décembre 2000, pp. 20471-20473.
* 63 Bien que le
Québec ne se soit pas doté de tribunaux spécialisés
en matière de violence conjugale, les intervenants judiciaires peuvent
cependant compter sur les Services correctionnels du Québec qui ont
élaboré et implanté un Service d'évaluation pour la
mise en liberté provisoire des conjoints violents. Ce service fournit un
éclairage à la cour en évaluant la situation du
prévenu, en recommandant des conditions appropriées tout en
procédant à la référence de la personne
contrevenante à des ressources spécialisées, le cas
échéant. Ministère la justice du Canada,
« dans rapport final du groupe de travail
Fédéral-Provincial-Territorial Spécial chargé
d'examiner les politiques et les dispositions législatives concernant la
violence conjugale » , 1983, Canada, 147p.
* 64 ALEXIS, Jacques
Édouard, « la réforme du système judiciaire,
clé de voute du nécessaire réaménagement de notre
société », In forum citoyen pour la défense
de la justice , p. 28
* 65 Fonds des Nations Unies
pour l'Enfance-Centre de recherche Innocenti-Florence -
Italie, « La violence domestique à l'égard des
femmes et des filles », J u i n 2 0 0 0 80p.
* 66 Déclaration
universelle des droits de l'homme, article 16-3
* 67 Voir annexe 4,
Préambule de la Charte des droits de la famille
* 68Ibid
* 69Comité des
affaires sociales de Assemblée des Evêques du Québec,
« réflexion pastorale sur la violence conjugale »,
dans Violence en Héritage, Montréal, 1989, p 30.
* 70Ibid. art. 7.
* 71Ibid. art. 5
* 72Déclaration sur
l'élimination de la violence à l'égard des femmes,
Résolution 48/104 de l'Assemblée générale du 20
décembre 1993 article 4
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