DEDICACE
Je dédie ce mémoire à mon père feu
Alpha Coulibaly dont l'affection et le soutien tant moral que
matériel ne m'ont jamais fait défaut durant tout mon cycle
fondamental et secondaire.
Que son âme repose en paix; et qu'il retrouve dans ce
modeste travail, la récompense de ses nombreux sacrifices.
REMERCIEMENTS
- Je tiens à exprimer ma très vive
reconnaissance :
A ma mère Gnine COULIBALY, à ma femme Djaminatou
SISSOKO, à mes enfants : Habibatou , Youma , Mama GNINE ,
Alpha Junior dont l'affection et le soutien tant moral que
matériel ne m'ont jamais fait défaut durant tout mon cycle.
Qu'ils retrouvent la récompense de leurs nombreux sacrifices et de leur
patience.
A mes oncles :
- Ousmane COULIBALY Infirmier à Ségou.
- Ibrahim Remy DOUMBIA D.G. E.S.E.T. Bamako.
Pour leurs bons conseils tout au long de mon cycle.
- A mes frères et soeurs : Modibo COULIBALY
à Ségou ; Oumou COULIBALY à Bougouni.
- A tous mes amis pour leur soutien moral.
- A Mahamadou KOÏTA Direction des Approvisionnements
Trans. Rail.
- A Moumine DIARRA Président de L'UMAV
- A Al Mahamoud Kalle MAÏGA Gestionnaire à CFAO
MOTORS
- A Ibrim Abba KONTAO Directeur AIEL.
- A Issa DIARRA Ateliers Centraux Trans. Rail, korofina.
- A Marc KONE consultant au CABINET GUIMBALA.
- A Youssouf DIARRA Comptable à L'UMAV.
- A Fanta BAH secrétaire à L'UMAV.
- A Samba DIARRA (UMAV).
- A Diarra KONE Commerçant en face de la COUR
SUPRÊME.
- A Ousmane Dama COULIBALY Major à l'I.O.T.A
- Au Capitaine Sidi Agaly YATTARA Major à l'I.O.T.A
- A Amadou DIARRA Boulanger à Lafiabougou
- A Chouaybou MANGANE Ingénieur des Eaux et
Forêts Kayes
- A Bourama SIDIBE Professeur de l'Enseignement Secondaire
Général.
Pour leur encouragement et leur disponibilité. Qu'ils
trouvent tous ici ma profonde reconnaissance.
- Au Dr Ahmadou A. DICKO, mon Directeur de mémoire,
qui a consenti des efforts appréciables pour me guider. Je le remercie
pour sa disponibilité sans faille.
- Au Dr Abdoulaye DIALLO (science de l'éducation)
qui m'a aidé à initier ce thème et dont la
disponibilité et les conseils ne m'ont pas fait défaut.
- Au Président de L'AOPPN M. Jean COULIBALY.
- Au Président de L'AOPPRK (Koulikoro) M. Mamadou L.
DOUMBIA
- Au Président de la CNOP Ibrim COULIBALY
- Au Directeur de L'AOPPN M. Lassine SIDIBE.
- Au Coordinateur de L'AOPPN Mamoudou TOGO.
- Au Charge de formation de L'AOPPN Solomane DIARRA.
- A Yves Schaeffer Assistant Français à
l'AOPP
- A Mme Anne Représentante de l'AFDI
- Au Technicien Céréales M.
Mady SIDIBE.
- A l'Animateur de Koulikoro M. Ibrahim DEMBELE.
- A la Secrétaire Djénéba SIBY.
- A La Comptable Fanta LANDOURE.
- A Moctar DIARRA Commissions Légumes
- A tout le personnel de l'AOPPN avec lequel j'ai eu à
travailler et qui a beaucoup contribué à la confection de ce
mémoire.
- Mes remerciements vont également à tous
les professeurs de la FLASH et de l'ENSUP et particulièrement :
Aux professeurs : Dr. Nampaka O. KONE (sociologue), Dr.
Bourema THERETA (sociologue), Dr. BOUARE (économiste), Dr. Nafet
KEÏTA (anthropologue)
· A tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à l'élaboration de ce mémoire.
Que tous trouvent dans ce modeste travail
l'expression de ma profonde reconnaissance.
LISTE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS
AOPP : Association des organisations
Professionnelles Paysannes
AOPPRK : Association des Organisations
Professionnelles Paysannes
de la région de Koulikoro
OP : Organisation Paysanne ou des
Producteurs
AFDI : Agriculteurs Français pour
le Développement International.
SODEFITEX : Société de
Développement de la Filière Textile
FNPC : Fédération
Nationale des Producteurs de Coton
AFD : Agriculteurs Français pour
le Développement
GPC : Groupement des Producteurs de
Coton
CDF : Code Domanial et Foncier
OGM : Organismes
Génétiquement Modifiés
FLO : Organisme de Certification
International
S N V : Organisation Néerlandaise
pour le Développement
MAE-MAE : Mouvement
pour une Agriculture Equitable
LES MOTIVATIONS DU CHOIX DU THEME :
Malgré un cadre institutionnel et législatif
favorable nous constatons que les communautés rurales sont lentes
à réagir aux changements. La décentralisation et les
opportunités qu'elle offre, interpellent les organisations de la
société civile à être plus actives dans la
participation à la gestion des affaires de la vie publique. Pour ce
faire, il est nécessaire que les organisations communautaires et leurs
partenaires rassemblent leurs forces pour mieux représenter les
intérêts de la population. Notre perplexité face à
leur fonctionnement quotidien et face aux explications que l'on donne des
difficultés rencontrées au sein des organisations communautaires
a besoin d'être renseignée ; dans le but de contribuer
à la promotion d'une société civile forte et dynamique
capable de jouer pleinement son rôle à l'intérieur d'un
environnement décentralisé en pleine mutation où doit
émerger des communes efficaces.
Donc la volonté de mieux connaître les OC
(Organisations communautaires) est à l'origine de cette étude.
OBJECTIFS :
L'objectif de cette étude est de dresser un tableau
qui fera ressortir les grands problèmes vécus par les
organisations communautaires, mais qui respectera également la
diversité des conditions.
1. Identifier les obstacles pour
préparer les organisations communautaires à s'engager dans la
Gouvernance interne et l'action civique au niveau local et national.
Préparer les organisations communautaires à
adopter des stratégies autonomes de génération de
ressources pour une soutenabilité pérenne de leurs
activités.
2. Promouvoir un environnement propice et réceptif
à l'exercice des activités des organisations communautaires et
organisations non gouvernementales
SOMMAIRE
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
.................................2
Chapitre I : Définition des mots
clés ................................................3
Chapitre II : Présentation de l'AOPP
et du programme de
professionnalisation
.....................................................................6
Chapitre III : Rôles des
organisations paysannes .................................12
DEUXIEME PARTIE : CADRE PRATIQUE
..................................14
Chapitre I : Méthodologie
............................................................15
Chapitre II : Traitement des données
..............................................19
Chapitre III : Réflexions critiques
et suggestions ................................32
CONCLUSION
........................................................................79
BIBLIOGRAPHIE
...................................................................82
ANNEXES
RESUME
L'étude du thème
« Problématique de la structuration et du renforcement
de capacités des organisations communautaires »
laisse apparaître que le développement des organisations paysannes
exige la mise en place de leaderships paysans et leur participation active aux
programmes de développement. Ce-ci dit, ils doivent prendre
réellement en main leur processus de développement. Ainsi, dans
cette étude, nous avons dans une première partie défini
les mots clés, présenté l'AOPPN et son programme de
professionnalisation. Et les rôles des organisations paysannes. Dans une
seconde partie, nous avons présenté la méthodologie, le
traitement des données enfin, des réflexions critiques et
suggestions.
L'objectif de la présente étude est d'effectuer
l'évaluation quantitative et qualitative de la structuration et du
renforcement de capacités des OP.
Il ressort de l'analyse des données que les objectifs
fixés et réalisés varient d'un indicateur à un
autre.
En considérant les variables sociologiques
telles :
- Le sexe, le taux de pourcentage est de 83 %
d'hommes contre 17 % de femmes enquêtés ; le
niveau d'instruction est de 17 % d'alphabétisés
et 17 % de niveau primaire, 32 %
secondaire ; 17 % supérieur ; 17
% non alphabétisé.
Selon la variable situation matrimoniale, nous avons
83 % de mariés contre 17% de
célibataires. S'agissant de l'existence de comité de gestion ou
bureau, toutes les OP en sont dotées à 100 %.
Toutefois, l'engouement qu'ont les producteurs paysans à se constituer
en association ne se traduit pas toujours par une performance. Cette
donnée pose un problème d'appui institutionnel aux OP
enquêtées. En revanche, 58 % des bureaux
enquêtés estiment avoir le souci de la participation de tous
à la gestion des OP tandis que 42 % pensent
l'inverse.
A la lumière des données nous avons fait des
analyses critiques des causes de contre performance et les éventuelles
menaces pour nos valeurs culturelles.
Ainsi fort de ces critiques, nous avons fait des suggestions
de performance en perspective et exposé des propositions paysannes pour
une gestion pacifique et durable des ressources foncières au Mali.
Enfin nous nous sommes fait le devoir de présenter dans
ce modeste travail le projet de sécurité alimentaire de
l'AOPPN ; le point de vue du Mouvement pour une agriculture
équitable (MAË - MAË) visant un commerce
équitable.
Nous espérons qu'une telle étude approfondie,
permettra de réussir une programmation optimale de cette activité
capitale qu'est l'agriculture pour l'économie malienne
(43%) : (Source D.N.S.I.).
Sans avoir la prétention de passer notre
société au scanner pour débusquer le secret du
développement de l'occident, disons que le
« nombre d'or » de notre
progrès démocratique et économique se trouve dans une
disposition des esprits mentale, morale qu'on peut appeler
« tiers facteur
culturel » agissant comme aspirateur et
régulateur du capital et du travail. Ce ressort qui nous fit riche dans
un monde de pauvres, est l'essor dans nos sociétés de la
confiance réciproque, « celle qui existe
entre un homme et une femme ; entre parents et enfants ; entre
citoyens d'une même patrie etc..». Ainsi à
la lumière de ce constat, on mesure déjà mieux la nature
de la crise actuelle. Notre conscience citoyenne dépérit.
Pour une agriculture moderne et performante, il faudra
renforcer les capacités institutionnelles des OP, mettre en place une
politique de sécurité alimentaire bien réfléchie,
et une commercialisation encouragée à hauteur de souhait des
paysans. Ceci favorisera l'organisation par filières des organisations
de producteurs dans le cadre du conseil supérieur de l'agriculture, qui
s'occupera essentiellement à fournir le paysan malien en
équipement agricole.
INTRODUCTION :
La pauvreté a toujours existé au Mali, elle
n'est devenue un phénomène très visible de
société que ces dernières années suite à la
fragilisation progressive des relations de
solidarité préexistantes. Les programmes
d'ajustement structurel et la baisse des prix des matières
premières dont les plus importantes sont les productions agricoles qui
ont accentué le phénomène surtout dans le milieu rural. Il
demeure encore cependant un fond de valeurs sociales traditionnelles et
séculaires qui font que l'individu peut encore difficilement se
démarquer du groupe dans les campagnes. Ainsi les tentatives pour s'en
sortir sont réfléchies presque toujours dans le cadre du groupe
d'où cette tendance naturelle à se mettre ensemble au sein de
structures organisées pour mener des actions.
Aussi ces dernières années, toutes les mesures
entreprises soi-disant pour améliorer le sort des plus faibles se sont
transformées en action de détournement et d'accaparement de la
part d'une élite urbaine. La plus récente illustration a
été l'exercice d'élaboration de la
Stratégie Nationale de Lutte Contre la
Pauvreté (SNLP) en 1998 par l'Etat et
les ONG ; exercice auquel aucune organisation paysanne n'a
été conviée ; bien que tous les documents montrent
que les ruraux sont les plus nombreux et que le pourcentage de pauvres est
très élevé en milieu rural par rapport au milieu urbain
(80%).
C'est dans un contexte aussi trouble où la
lutte contre la pauvreté a tendance à devenir une
nouvelle marchandise à vendre sur le dos des paysans. Ainsi,
des organisations paysannes qui avaient entrepris un regroupement ont pu avoir
accès à une ligne d'appui institutionnel qui leur ont permis
d'ériger la première faîtière d'OP du Mali
réellement représentative, reconnue et respectée comme
telle. Dans cette étude nous porterons un accent particulier sur
l'Association des Organisations Professionnelles Paysannes de la région
de Koulikoro (A.O.P.P. R.K).
Nous allons traiter le thème selon le plan
suivant :
La première partie : Cadre
théorique sera constituée de :
Chapitre 1 : Définition des mots
clés ; Chapitre 2 : Présentation de
l'AOPPNet son programme de professionnalisation ; Chapitre
3 : Rôles des organisations paysannes.
La deuxième partie intitulée :
Cadre pratique se compose comme suite :
Chapitre 1 :
Méthodologie ; Chapitre 2 : Traitement des
données ; Chapitre 3 : Réflexions critiques
et suggestions.
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
CHAPITRE I : DEFINITION DES MOTS CLES
Organisation : ensemble de personnes
et/ou groupes qui, conformément à des règles et
procédures communément acceptées, s'efforcent de
réaliser un ou plusieurs objectifs pré-établis.
Institution :
1. ensemble de normes et de comportements
qui persistent dans le temps en servant des buts appréciés
collectivement.
2. organisation qui a acquis un certain
degré de valeurs et de stabilité au point d'être
durable.
Ressemblance et différence entre organisation
et institution :
|
Pas d`institution
|
Institution
|
Pas d'Organisation
|
Les gens dans la rue
Des individus
Une soirée
|
Mariage
Langue
Argent
|
Organisation
|
Une société
Un projet
Une nouvelle organisation
|
Eglise
Conseil des anciens
Service civil
|
Réseau : Coopération
formelle ou informelle de trois organisations ou plus, ayant un
intérêt commun, pour atteindre un but commun implicitement ou
explicitement formulé.
Développement organisationnel :
Prise de mesures en vue d'améliorer la capacité de
l'organisation à réaliser ses objectifs, vision et mission.
Développement institutionnel :
Création ou renforcement d'un réseau d'organisations
pour générer, allouer ou utiliser efficacement des ressources
humaines, matérielles ou financières en vue d'atteindre des
objectifs spécifiques de manière durable.
Mission : Raison d'être de
l'organisation.
Vision : Idéal, rêve de
société que l'organisation veut réaliser à travers
sa mission.
Produits : Ce qui résulte
des activités d'une organisation et qui sont tangibles
(physique). Exemples : équipements agricoles, crédits,
chaussures, biscuits...
Services : Ce qui résulte
des activités d'une organisation et qui ne sont pas
tangibles. Exemples : lobby, conseils, informations,
formations...
Ressources : Moyens humains,
matériels, financiers, technologiques dont dispose l'organisation pour
réaliser ses objectifs et mission.
Acteurs : Personne ou organisation
jouant ou pouvant jouer une part déterminante dans un problème,
dans une action.
Facteurs : Agent ou
élément ou ressource ou paramètre (politiques,
économiques, sociales, culturels, écologiques, physiques,
technologiques) agissant ou pouvant agir positivement ou
négativement sur les objectifs, mission, vision.
Stratégie : manière dont
les objectifs seront atteints. Plan d'action à long terme d'une
organisation pour réaliser ses objectifs avec les moyens disponibles
et/ou mobilisables.
Structure : Division formelle et
informelle et la coordination des activités et des
responsabilités
Personnel : Personnes travaillant comme
employés pour une organisation.
Style de management/direction : types
caractéristiques de comportements du/de la ou des dirigeants (es).
Culture : Normes et valeurs
partagées dans l'organisation. Manière dont les choses sont
faites (et vues) dans l'organisation.
Problème organisationnel :
Situation interne qui entrave ou qui peut entraver le
développement de la structure.
Question de base : Synthèse des
principaux problèmes organisationnels, présentée sous
forme de question sur lequel se focalise l'analyse organisationnelle.
Analyse interne : Etude des
différentes parties de l'organisation en vue de déterminer les
forces et les faiblesses.
Analyse externe : Etude des
différentes parties de l'environnement de l'organisation en vue de
déterminer les opportunités et les menaces.
Force : Caractéristique interne
qui contribue substantiellement à la mission de l'organisation.
Faiblesse : Caractéristique
interne qui influence négativement et substantiellement le
fonctionnement de l'organisation.
Opportunité : Est un fait ou un
développement externe qui peut être réellement
utilisé pour apporter une contribution substantielle à la mission
de l'organisation.
Menace : Est un fait ou un
développement externe qui influence ou peut influencer
négativement, substantiellement et réellement les performances de
l'organisation.
Option stratégique : Choix de
combinaison d'opérations pour atteindre un objectif.
Capacité : Potentiel de bon
fonctionnement d'une structure, son aptitude à employer ses
compétences et ses ressources pour atteindre ses objectifs et
répondre aux attentes de ses parties prenantes (moyens humains
matériels et financiers, compétences : savoir-faire, savoir
être, savoir).
Renforcement de capacités :
Processus visant l'amélioration des performances de
l'organisation en augmentant ses potentialités en termes de ressources
et de gestion.
Apprentissage : Acquisition de nouvelles
connaissances/idées (informations utiles savoir, savoir être et
savoir faire).
Faîtière : Ensemble des OP
regroupées volontairement pour une vision et une mission commune.
CHAPITRE II : PRESENTATION DE L'AOPPN ET DU
PROGRAMME DE PROFESSIONNALISATION
2-1. Présentation
Depuis les années 1980 suite à
l'avènement des programmes d'ajustement structurel et du retrait
progressif de l'Etat de la plupart des missions qui étaient siennes. La
majeure partie des structures organisationnelles paysannes
érigées par les administrations et les programmes de
développement agricole n'ont pas résistés. D'autres
organisations plus indépendantes et fondées sur des
intérêts partagés de leurs membres ont commencé
à émerger et certaines commençaient déjà
à se rassembler et à former des ensembles.
C'est ainsi qu'avant la fin de la décennie 1980,
l'Etat malien pensa à chapeauter tous ces mouvements paysans qui
pullulaient ; ainsi a été créé le
réseau des chambres d'agricultures avec comme définition
« la chambre d'agriculture est l'expression de l'universalité
du monde rural et unique cadre de représentation de défense des
intérêts et de règlement des problèmes qui se
posent au monde rural », doté d'une administration, d'un
budget et d'un siège fourni par l'Etat. Curieusement dans les textes la
représentation les OP n'était que la sixième dans les
instances de décision ce qui rendait nulle leur efficacité dans
la structure.
C'est dans une telle situation que des OP non satisfaites de
ce sort qu'on voulait leur réserver, ont décidé de se
rencontrer d'abord pour échanger sur leurs problèmes puis
progressivement naissait l'idée d'une faîtière :
l'AOPPN.
C'est en janvier 1993 que pour la première fois s'est
tenue à Zura dans la 4ème Région du Mali une
première réunion d'OP composée de syndicat de cotonnier,
de groupements de banques de céréales, d'associations des
producteurs de céréales, d'éleveurs, de
coopératives de maraîchers - planteurs, d'associations
villageoises.
Deux autres rencontres ont suivi et ont permis de mûrir
l'idée de se constituer en fédération. Le groupe a pris
d'abord le nom de commission paysanne qui a institué une
régularité dans les rencontres entre OP.
Dans la même période certaines des OP dans cette
dynamique avaient des partenariats en particulier avec des AFDI (Agriculteurs
français et Développement International) qui savaient que la
coopération française avait pris une option nette en faveur du
soutien financier à la professionnalisation des regroupements de petits
producteurs en Afrique.
Les AFDI en collaboration avec ce qui était alors la
« commission paysanne du Mali » décidèrent le
montage d'un programme de professionnalisation qui a eu son financement.
L'avantage avait été que le programme a été
bâti en souplesse autour d'idées- forces.
Ces grandes orientations laissaient assez de marges pour des
OP ne se trouvant pas encore dans une structure formelle qui n'ont pas un
programme fixe et qui ont très peu de compétence en gestion de
fonds.
Ainsi il a été décidé pour que le
programme soit une réussite de le doter non seulement d'un fonds
d'appui souple mais aussi d'une cellule technique et d'un dispositif de
décision entièrement entre les mains des paysans
eux-mêmes.1(*)
- Le fonds d'appui aux initiatives paysannes est de l'argent
disponible et accessible aux OP à condition qu'elles-mêmes jugent
pertinente la réalisation de l'action en question. Il est ouvert
à l'ensemble des OP du Mali sur la base de leurs demandes
- La cellule technique : constituée d'un
expatrié paysan français avec une longue expérience dans
les OP et d'un leader paysan Malien recruté pour la circonstance. Ces
deux seraient entièrement à la disposition des OP pour les
tâches administratives et la tenue de la comptabilité.
- Le dispositif de décision : il est
composé de responsables paysans au nombre d'une personne par
région, désignée par les OP de cette région.
L'ensemble de ces délégués paysans se réunit et
statue sur la validité ou non des demandes des OP sur la base de
critères déterminés de façon consensuelle entre les
OP.2(*)
Les critères qui avaient été
définis et auxquels les demandes devaient répondre au moins
sont :
- Que la demande vienne d'une OP sur la base de
préoccupations réelles.
- Que l'action en question soit une activité de paysans
et entre dans le cadre de ce qu'ils font habituellement.
- Que l'action puisse donner envie aux autres paysans de
bouger, de faire la même chose ou d'autres choses plus
intéressantes ;
- Que l'action puisse aller dans le sens du changement des
relations avec les autorités et les services techniques.
- Que la demande ait été examinée
analysée et approuvée par les paysans à la base.
2-2 Les réalisations
Ce qui était une commission paysanne a tôt fait
de se lancer dans le programme de professionnalisation en question, il est
devenu nécessaire de le formaliser, ainsi est née l'AOPP
(Association des Organisations Professionnelles Paysannes) du Mali dotée
de textes légaux en mille neuf cent quatre vingt quinze.
Différentes activités ont été
conçues et mises en oeuvre notamment des ateliers paysans sur : la
décentralisation enjeux et perspectives ; la gestion du terroir,
les droits et devoirs du paysan, la production et la commercialisation ;
la constitution de faîtière ainsi que des ateliers. D'autres
thèmes plus spécifiques, ont été aussi
réalisés, des sessions de formation aux techniques agricoles et
en langues nationales ; pendant la même période une
stratégie de collaboration avec les services techniques trop frileuse
à l'égard des OP était mise en oeuvre par les associations
aux différentes activités qu'organisait l'AOPPN.
Successivement des commissions de travail sont apparues
à la suite des besoins et uniquement à la demande des OP de
base : d'abord la commission formation, puis la commission
céréales, la commission coton, la commission fruits et
légumes qui avaient pour rôle de pousser les réflexions et
les stratégies sur des questions particulières. La
dernière-née des commissions en rapport direct avec l'état
actuel de développement de l'AOPPN, est la commission communication.
Pendant la première phase prévue pour trois
ans mais qui dura quatre ans avec un montant de : 77.000.000
FCFA y compris le fonctionnement de la cellule technique beaucoup
d'activités furent réalisées mais les relations
restèrent tendues avec la chambre d'agriculture qui voyait
émerger un rival sérieux et certaines administrations du
ministère de l'agriculture qui refusaient de reconnaître l'AOPPN
en se retranchant derrière l'existence de la chambre d'agriculture du
Mali.
L'évaluation de la première phase a
montré que ce programme avait été une réussite
totale ce qui a motivé la conduite d'une seconde phase de (3)trois ans
avec un financement de 292.400.000 F CFA ce programme qui
devait prendre fin en août 2002 sera finalement prolongé jusqu'en
décembre 2002.
Ce qui est important c'est qu'au cours de cette seconde phase
l'AOPPN a acquis une grande audience par la pertinence des actions visibles
qu'elle menait sur le terrain.
Ainsi la chambre d'agriculture accepta finalement un
rapprochement et commença à collaborer en respectant
l'identité de faîtière indépendante de l'AOPPN. Le
ministère de l'agriculture a commencé à recevoir les
responsables de l'AOPPN pour discuter des problèmes de l'agriculture du
pays.
Les branches d'activités sont devenues nombreuses et
vont des essais de nouvelles variétés, la production et la
diffusion de semences certifiées au plaidoyer pour l'élaboration
d'une politique agricole cohérente au Mali, des actions syndicales, des
formations sur les enjeux internationaux (intégration
sous-régionale, OMC, Mondialisation) etc. en collaboration avec
l'AOPPN.
Les adhésions se multipliant de jour en jour les
actions ont été régionalisées pour être
toujours proches avec les réalités de la base. Ainsi est
née l'AOPP régionale dans chaque région du Mali dont celle
de Koulikoro (AOPPRK).
A l'instar des autres AOPP régionales, aucun
débat important, qu'il s'agisse de gouvernance, de
sécurité alimentaire, de foncier etc., n'est tenu sans la
participation de l'AOPPRK.
2-3 Quelques acquis concrets de l'AOPPN
L'AOPPN dans la mise en oeuvre de ses stratégies a pu
concevoir et mettre en oeuvre certains instruments de travail qui sont entrain
de prouver chaque jour leur efficacité :
· Les commissions
de travail actuellement en place et leurs rôles :
Ces commissions ne sont pas des organes statutaires de
l'AOPPN. Elles sont mises en place pour jouer des fonctions spécifiques
et interviennent dans des domaines de compétences de l'association.
Actuellement, il existe six commissions :
· Commission Formation :
Sa création a été motivée par un
double constat ; les formations agricoles proposées par les centres
spécialisés de l'état sont destinées uniquement aux
techniciens et non aux paysans, les besoins réels de ces derniers ne
sont pas satisfaits. De plus, les paysans ne participent pas à la
définition de leurs propres besoins de formation ni aux décisions
concernant la programmation et la tenue des sessions à plus forte
raison l'évaluation de l'impact réel de ces formations. C'est
pourquoi suite aux demandes réitérées des OP de base qui
désiraient disposer de formations adaptées à leurs
attentes et à leurs besoins que l'AOPPN a décidé de mettre
en place une commission dont l'objectif est de capitaliser les besoins, de
programmer, d'organiser des formations pour les paysans de base et leurs
responsables ; puis réfléchir à une politique de
formation pour les paysans.3(*)
· Commission de réflexion sur les centres de
formation :
Cette sous-commission a été créée
au sein de la commission formation. Elle est chargée de capitaliser les
expériences de formation des paysans au sein des OP à
l'intérieur et à l'extérieur du pays pour produire un
document de référence sur les propositions de l'AOPPN en
matière de formation au métier de paysan, au métier de
salarié des organisations paysannes et à la responsabilité
dans les organisations paysannes
Elle a pu réaliser un travail consistant qui
actuellement sert de cadre de référence pour l'AOPPRK en ce qui
concerne les questions de formation.
· Commission Céréales :
Face aux nombreuses difficultés vécues par les
céréaliers ( baisse des rendements, non maîtrise de
certaines techniques, manque d'information sur le secteur
céréalier national, manque d'organisation des producteurs pour la
commercialisation, problèmes d'accès au crédit, aux
intrants...), l'AOPPN a créé la commission
céréales. Après une évaluation sérieuse du
contexte, la commission a défini les axes de travail suivants :
la fumure organique, l'adoption des semences certifiées, la
commercialisation, l'accès des producteurs au crédit et
l'équipement.
· Commission coton :
La culture du coton est un enjeu de taille dans l'agriculture
malienne, en effet l'état malien a pris depuis de nombreuses
années une option claire en ce qui concerne la promotion de la culture
du coton. Le succès de cette culture a été cependant
dû en grande partie au fait que les paysans qui n'avaient pas
accès autrement aux engrais pouvaient en se lançant dans la
culture du coton disposer d'intrants pour produire des cultures
vivrières telles que le maïs, le mil ... . L'effondrement du
système coton par suite des subventions des pays
développés a non seulement réduit à néant
les revenus des producteurs de coton mais risquait aussi de mettre en
péril la production vivrière très liée à
celle du coton c'est la raison pour laquelle l'AOPPN a souhaité mettre
en place une commission coton afin de fournir un cadre approprié de
réflexion aux producteurs.
·
Commission Fruits et Légumes : 4(*)
Cette commission a été mise en place suite aux
demandes des OP pour répondre au manque d'organisation des producteurs
et à la nécessité de valoriser la production, la
conservation, la transformation et l'exportation des fruits et
légumes :
·
Commission Elevage :
L'élevage représente une activité
importante pour le Mali par l'importance du cheptel. Pourtant la
productivité du bétail reste médiocre pour certaines
raisons qui sont : la mauvaise qualité et la
cherté de l'alimentation du bétail (rations non
équilibrées) ; l'amenuisement des pâturages et leur
appauvrissement. Suite à ces constats posés par les OP, l'AOPP a
choisi de mettre en place des commissions élevage dans chaque
région afin que celles- ci travaillent sur les problèmes
spécifiques à l'élevage dans leur zone agro
écologique.
Les rôles globaux assignés à ces
commissions régionales sont entre autres :
§ Réfléchir à l'organisation de la
commercialisation des produits de l'élevage ;
§ Favoriser l'organisation des OP (achats groupés
d'aliments...) ;
§ Organiser des formations (production de foin de
qualité...) ;
§ Sensibiliser des éleveurs sur les enjeux actuels
de l'élevage ;
§ Organiser des campagnes de vaccination ;
§ Gérer les conflits entre agriculteurs et
éleveurs.
Ces commissions sont très récentes, en dehors de
la commission élevage de Koulikoro qui a développé
certaines initiatives en matière de formation en santé animale,
l'alimentation des animaux et l'amélioration génétique de
la race bovine à travers l'insémination artificielle, les autres
n'ont pas mené d'actions significatives pour le moment.
· Commission Information Communication :
En mars 2002, l'AOPPN a décidé de mettre en
place une Commission Information -Communication afin d'élaborer une
stratégie cohérente en matière de circulation des
informations et de promotion de l'association car le niveau de
développement exigeait cela. Ainsi a-t-elle réunit
différentes personnes intervenant dans ce domaine au Mali et à
l'étranger dans un atelier. L'objectif était de faire le point
sur le potentiel dont elle dispose.
Cette commission, la plus jeune a déjà
commencé à former les responsables et le personnel de l'AOPPRK
aux stratégies de communication les plus performantes pour une
faîtière ; de même que sur le plaidoyer et le lobbying. Elle
a aussi pour mission de promouvoir la vision de l'A.O.P.P.N par rapport
à l'agriculture malienne.
· La vision de l'AOPPN par rapport à
l'agriculture malienne :
L'AOPPN est une faîtière d'organisations de
petits paysans, elle se devait d'avoir ses visions propres sur l'agriculture du
pays mis à mal par 40 ans d'errements des pouvoirs publics qui ont eu
pour objet une paupérisation toujours croissante de la majorité
de la population constituée de petits paysans. Ainsi pour l'AOPPN le
développement du secteur rural et partant de l'économie nationale
très dépendante de ce secteur ne pourra se faire que
par :
La Promotion d'une agriculture (activités
agro-sylvo-pastorales) paysanne, familiale et multifonctionnelle,
intégrant différentes spéculations avec des rôles
spécifiques dans le système de production.
Cette vision intègre au-delà des fonctions
économiques, celles sociales et même culturelles. Il s'agit pour
l'AOPPN de préserver un mode de vie qui n'a jamais été
fermé au progrès bien au contraire mais que des interventions
chaotiques ont mis très à mal.
· Pour défendre cette vision l'AOPPN a
défini ses ambitions :
- Etre un cadre de concertation représentatif, avoir
une capacité de mobilisation opérationnelle, améliorer les
conditions de vie des ruraux et valoriser le métier de paysan.
- Etre une force de proposition et une instance paysanne de
référence incontournable pour des questions politiques et de
développement au niveau local, régional et national.
CHAPITRE III : RÔLE DES ORGANISATIONS
PAYSANNES
3-1 La valorisation du métier de
paysan :
Ce rôle est sans doute le plus méconnu mais
semble-il le plus important face aux réalités quotidiennes que
vivent les acteurs du monde rural au mali. En se mettant ensemble, en faisant
des actions concrètes en montrant la fierté d'appartenir
à ce secteur et surtout en essayant de prouver qu'il existe d'autres
façons de faire, les OP ont commencé à donner une image
positive du paysannat face à des stéréotypes de
l'intelligentsia urbaine et bureaucratique ; stéréotypes
issus de l'époque coloniale et des types des distorsions culturelles
qui en ont résulté et dont l'intelligentsia a
complètement hérité. Il faut ajouter à cela le type
de formation reçu par cette intelligentsia qui inconsciemment les pousse
à tout faire exactement comme les ex- colonisateurs ; et qui ne se
gênent pas souvent de critiquer dès lors que cela arrange leurs
intérêts politiques. IL n'y a pourtant pas lieu de se voiler la
face l'élite africaine n'a rien inventé elle s'est
contentée de reconduire l'économie de la traite agricole issue de
la colonisation ; cette approche a marché tant que cela a suffit
à leur payer les salaires.
Depuis la fin de la période coloniale en Afrique
l'image normale des paysans avait tendance à être uniquement
celle d'individus mal habillés qui dorment dans des chaumières,
qui ne peuvent se permettre de manger que des céréales ou des
racines selon ce qu'ils produisent. Les OP sont entrain de lutter contre
cela.5(*)
3.2 Comment rendre service aux membres :
C'est le rôle le plus courant et c'est à ce
niveau que certaines OP montrent une certaine spécialisation Mais aussi
c'est en voulant embrasser trop d'activités, qu'il y a souvent une
dispersion des énergies ; les priorités étant
nombreuses et quelquefois multiformes, il parait difficile souvent aux OP de se
focaliser sur une ou deux grandes préoccupations. Les OP font de
l'approvisionnement en intrants-équipements, du conseil agricole, de la
commercialisation et même du crédit agricole ce qui souvent rend
extrêmement complexes leurs manoeuvres.6(*)
3.3 Défendre leurs
intérêts :
Ce rôle spécifique existe de fait dans la
quasi-totalité des OP. Tout dépend du domaine et des limites sur
lesquelles ce rôle s'exerce. Du groupement de base à la
fédération nationale, on rencontre ainsi plusieurs formes de
défense d'intérêts des adhérents et même des
non- adhérents. Si au niveau local la défense des
intérêts des adhérents est souvent sujette à des
oppositions farouches entre OP ; la plupart des luttes syndicales d'OP
dépassant le niveau local en raison de l'extension du champ des
intérêts peuvent profiter si elles aboutissent à d'autres
OP et même à des producteurs non militants ; d'où
l'apparition d'un certain niveau de service public.
3-4 La participation à la
gouvernance :
C'est le rôle le plus récent et sans doute le
plus inattendu, mais aussi celui qui ouvre le plus de perspectives pour des
changements réels dans les approches en matière du
développement rural. La décentralisation a permis aux OP,
pratiquement les seuls groupes organisés à son avènement
de se faire une place de choix dans la gouvernance locale. Cette prouesse
peut-elle être rééditée à d'autre niveau plus
supérieur ? La question mérite qu'on s'y
arrête.7(*)
La plupart des observateurs des péripéties et
des errements que vit l'Afrique sont convaincus qu'il n'y aura de solution
durable pour ce continent que lorsque apparaîtront de véritables
corporations organisées, de votants pouvant à tout moment changer
le cours des choses et faire basculer les pouvoirs politiques qui ne se
préoccupent pas assez des intérêts de la majorité
des populations. A peine en dix ans d'existence les partis politiques issus du
multipartisme ont largement déçu ; ceci se mesure aux
records de taux d'abstention lors des scrutins. Les OP sans perdre leur
identité et leur âme semble être aujourd'hui des
challengers sérieux dans l'arène de la démocratie.
Le PASE (programme d'appui au système d'exploitation)
soutenu par la coopération française et qui concerne plus
particulièrement les régions cotonnières du Mali. L'AOPPN
a été acceptée par l'état et le bailleur de fonds
comme maître d'ouvrage. L'élaboration d'un plan de formation pour
la formulation d'une politique agricole au Mali.
3.5. Les limites des OP :
En cherchant à se prendre entièrement en charge
par la mise sur pied de structures auxquelles elles croient, en voulant mettre
en avant et défendre leur identité d'acteurs institutionnels
économiques et politiques, les OP font face à plusieurs
écueils et faiblesses.
Parmi les faiblesses marquantes on peut dire que les OP n'ont
ni les capacités, ni les moyens financiers de leurs multiples ambitions.
Cette situation ne changera pas de sitôt tant qu'on n'aura pas
défini si les paysans sont les vrais acteurs ou de simples sujets de
leur propre développement. A cela on peut ajouter les difficultés
internes de leadership, la dispersion des forces et le manque de
stratégie efficace, la non - maîtrise d'un environnement
institutionnel hostile.
DEUXIEME PARTIE : CADRE PRATIQUE
CHAPITRE I : METHODOLOGIE
1-1. La problématique :
Après mûre réflexion, des organisations
non gouvernementales ont décidé d'expérimenter des types
d'organisations communautaires en les rapprochant davantage des
bénéficiaires tout en responsabilisant les communautés
dans leur gestion. Les populations y ont adhéré sans
réserve, si bien que le nombre va croissant d'année en
année. Cependant il faut reconnaître que l'appropriation de ces
organisations par les populations n'est pas totale.
La question principale est de savoir si ce formidable espace
de liberté et de changement que constitue l'organisation communautaire
est favorable à la pérennisation des activités ou
s'exprime à leur détriment.
Cet état de fait est-il dû à une
insuffisance institutionnelle (auto gouvernance) ?
Les difficultés de gestion sont-elles liées
à une faible cohésion des organisations au niveau de la
structuration communale.
Les organisations communautaires ont-elles une capacité
financière pour faire face au nouveau contexte de libéralisme
économique ?
1-2. Description du milieu d'étude :
Koulikoro
1-2-1. Limites administratives, superficie et
données socio - démographiques.
Avec une superficie de 90.210km2, la région
administrative de Koulikoro avec ses 1.900 villages ne représente que
les 5% du territoire national. Elle s'étend de la frontière
guinéenne sud à celle de la Mauritanie au nord sur trois grandes
zones agro climatiques : nord Guinéen, soudanien, et sahélien au
nord.
Elle a une population totale de 1.565.838 habitants repartie
entre 50,6% de femmes et 49,4% d'hommes. Le taux de croissance annuel est de
2,5%. 64,7% de cette population est jeune et son taux d'urbanisation est de
16,1% contre 83,9% de ruraux repartis selon une densité de 17,4
habitants au km2. La dimension des ménages est de 7 personnes et le taux
net d'émigration - immigration est de -1,07%.
La population est repartie comme telle :
Les Malinkés : à cheval sur le
haut Niger entre Bamako et Siguiri en Guinée- Konakry ;
Les Bambaras : plus nombreux entre Koulikoro
et le Kaarta en passant par le Bélédougou;
Les Somonos : le long du fleuve Niger,
Les Sarakolés et les Maures : dans la
partie septentrionale de la Région (cercles de Nara et Banamba)
principalement ;
Les Peuls : densément
représentés dans le cercle de Nara mais sont
disséminés un peu partout dans la région.
Celle-ci se repartie dans les trois secteurs d'activité
:
Ø Secteur primaire : 88,9%;
Ø Secteur secondaire : 2,6%;
Ø Secteur tertiaire : 8,5%.
Les principales activités économiques sont :
l'agriculture et l'élevage qui occupent plus de 90% des exploitations.
D'autres activités non moins importantes telles que, le petit commerce,
la pêche et l'artisanat occupent plus de 5% de la population et
contribuent de façon appréciable à l'amélioration
de leurs revenus et de leurs conditions d'existence.
1-2-2. Les organisations socioprofessionnelles :
Dans la région, selon les inventaires faits par la
chambre régionale d'agriculture à Koulikoro, il existe 3132
organisations socioprofessionnelles.8(*)
1-3. Hypothèses :
1. La faible participation des organisations communautaires et
leurs fédérations aux instances de gouvernance des institutions
d'appui au monde rural (recherche, conseil agricole et rural) explique les
difficultés d'assumer leur fonction de représentation et de
défense des intérêts de la profession agricole au service
des producteurs disposant de ressources propres.
2. La faible participation des organisations communautaires et
de leurs fédérations à l'élaboration et au suivi
des politiques agricoles en matière de législation, de foncier,
et de commercialisation justifie les difficultés d'organiser les
organisations communautaires en filière au niveau local, régional
et national afin de rendre des services appréciables et de
générer des revenus pour leurs membres.
A) Les outils de la recherche
:
Sur le terrain, les enquêtes se sont
déroulées avec les membres des OP et exploitants de l'AOPPRK.
Pour la collecte des informations beaucoup plus quantitatives
auprès des membres de bureau d'organisations paysannes, nous avons aussi
utilisé un questionnaire plus détaillé qui doit permettre
de collecter beaucoup de données utiles pour la réalisation de
nos objectifs d'étude. (cf.annexe).
B) Visite du Site :
Selon les principes de la recherche, indépendamment du
guide d'entretien et du questionnaire, pour infirmer ou confirmer certaines
informations collectées, l'enquêteur n'est convaincu que lorsqu'il
a vu ses objectifs réalisés sur le terrain pour mieux
apprécier la maîtrise des outils de gestion.
C) Sondages
ponctuels :
Des sondages ponctuels ont été faits de
façon informelle, pour choisir un des acteurs et à lui poser des
questions sur l'efficacité des OP. L'avantage d'une telle technique est
qu'elle permet souvent de déceler certains obstacles que les
échantillons enquêtés taisaient. Cette méthode a
été utilisée au niveau de deux (2) membres de la
commission de travail d'OP retenues pour l'étude.
1-4. Déroulement de l'étude :
1-4-1. Echantillonnage :
Notre étude a porté sur les OP de l'association
des organisations professionnelles paysannes de Koulikoro. Elle est
composée de 28 OP parmi lesquelles nous avons choisi de travailler sur
12 OP tirées au hasard. Les questionnaires ont été
adressés aux membres des différents bureaux.
A la première phase, (préparation de
l'étude) nous avions eu des rencontres avec les responsables de l'AOPP
Nationale : Président, Directeur ou secrétaire
Exécutif, Coordinateur, secrétaire aux relations
extérieures, chargé de commission formation et des techniciens de
commission afin d'harmoniser les points de vue sur la compréhension du
thème d'étude.
A la deuxième phase, compte tenu du volume du travail
et des contraintes financières, nous avons été
appuyés par les assistants de terrain (animateurs)
expérimentés dans les enquêtes de terrain avec les
paysans.
La troisième phase, fut celle du traitement
informatique des données. Elle a été consacrée
à la saisie et au traitement des données
collectées.9(*)
1-4-2. Difficultés rencontrées lors de
l'étude :
L'exécution de cette étude n'a pas
été sans difficultés :
Ø La bibliographie disparate au sein des Structures
de l'AOPPN : Rapports semestriels des ateliers, Projets, etc.
Ø Les difficultés de déplacement dans la
région pour la collecte de certaines données compte tenu de nos
maigres moyens financiers et logistiques.
Ø L'absence de certains responsables d'OP au moment des
enquêtes et entretiens.
Ø Malgré ces difficultés, nous sommes
parvenus à faire ce travail avec le dévouement de ceux en charge
des diverses responsabilités régionales et locales à
travers la région (c'est à dire des présidents et les
animateurs) ;
-La difficulté d'accès aux informations
auprès des paysans, se disant fatigués par les ONG qui sont
toujours venues les faire parler sans jamais trouver de solution à leurs
problèmes. Que chacun d'eux, trouve là l'expression de nos
remerciements et de notre reconnaissance pour leur disponibilité.
CHAPITRE II : TRAITEMENT DES DONNEES :
2-1. Analyses quantitatives des
données :
· Les problèmes de gestion et du respect des
statuts et règlements des OP ;
· Le faible niveau de formation des leaders ruraux pour
répondre aux exigences du désengagement de l'Etat et le
libéralisme économique ;
· Les difficultés d'accès à
l'équipement au crédit, surtout d'investissement ;
L'absence de véritables entreprises
agricoles ;
· La diversité des intervenants et l'absence
d'harmonisation des approches dans le milieu rural :
· L'absence de statuts juridiques spécifiques au
métier d'agriculteur ;
· L'utilisation conflictuelle du foncier et des
ressources faute de réglementation appropriée.
Nous avons combiné les traitements quantitatif et
qualitatif, les uns servant d'appui aux autres (Freyssinet-Dominjon,
1997). 1(*)0
Tableaux des résultats de
l'enquête :
N°1. L'échantillon selon le
sexe :
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Masculin
|
10
|
83 %
|
Féminin
|
2
|
17 %
|
Total
|
12
|
100 %
|
Commentaire : selon la variable
sociologique sexe nous avons 83% d'hommes enquêtés et 17% de
femmes d'enquêtées.
N°2. Niveau d'instruction :
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
primaire
|
2
|
17 %
|
secondaire
|
4
|
32 %
|
supérieur
|
2
|
17 %
|
Alphabétise
|
2
|
17 %
|
Non alphabétisé
|
2
|
17 %
|
Total
|
12
|
100 %
|
Commentaire : Le tableau ci- dessus nous
indique qu'il y a 49%d'instruits contre 51%de peu ou non instruits dans les
OP. 1(*)1
N°3. Situation matrimoniale :
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Marié
|
10
|
83%
|
Célibataire
|
2
|
17%
|
Divorcé
|
0
|
0%
|
Veuf /Veuve
|
0
|
0%
|
Total
|
12
|
100 %
|
Commentaire : La situation matrimoniale
donne le résultat suivant : 83% de mariés pour 17%de
célibataires.
N°4. Avez-vous un comité de
gestion ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
12
|
100%
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
12
|
100%
|
Commentaire : Nous constatons que toutes
les OP ont un comité de gestion.
N°5. Le niveau de formation de l'OP est-il
suffisant pour assurer le désengagement de l'Etat et le
libéralisme économique ?
Réponses
|
Effectifs
|
Pourcentage %
|
Oui
|
0
|
0%
|
Non
|
12
|
100%
|
Total
|
12
|
100%
|
Commentaire : Il apparaît que toutes
les personnes enquêtées affirment que le niveau de formation des
OP n'est pas suffisant pour assurer la relève de l'ETAT.
N°6. Le dossier de reconnaissance légale
de l'OP a-t-il un coût ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
12
|
100%
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
12
|
100%
|
Commentaire : Chacune a son dossier de
reconnaissance légale. Le coût varie de 30 000 F CFA à 100
000 F CFA.1(*)2
N°7. Votre bureau a-t-il le souci de la
participation de tous les membres ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
7
|
58%
|
Non
|
5
|
42%
|
Total
|
12
|
100%
|
Commentaire : En ce qui concerne la
gouvernance interne 58%estime qu'elle est partagée, contre 42%qui
soutiennent l'inverse. Cela nous conforte dans notre hypothèse lorsque
nous affirmons que les OP sont peu impliquées dans les programmes de
développement local.
N°8. Les OP sont-elles organisées par
filières au niveau de l'AOPP ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
0
|
0%
|
Non
|
12
|
100%
|
Total
|
12
|
100%
|
Commentaire :
Les membres interrogés estiment à 100% que les OP
ne sont pas organisées par filières au niveau de
l'AOPPRK.
N°9. Les femmes occupent-elles des postes de
responsabilité ?
Réponses
|
Présidence
|
Vice-présidence
|
Secrétaire Administrative
|
Trésorière
|
Total
|
Oui
|
27%
|
37%
|
18%
|
18%
|
11
|
Non
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Commentaire : Il y a deux femmes dans le
bureau exécutif de quatorze membres deux secrétaires à la
promotion féminine. Mais dans les bureaux d'associations il n'y a pas de
femmes. C'est dire que le genre féminin n'est pas très visible
dans les OP.
N°10. Bénéficiez-vous des
microprojets, dons legs, jumelage, autres.
Réponses
|
Micro projets
|
Dons
|
Legs
|
Jumelages
|
Autres
|
Total
|
7
|
2
|
1
|
1
|
5
|
Pourcentage
|
58%
|
25%
|
8%
|
8%
|
42%
|
Commentaire :
58% des enquêtés bénéficient de
financement de micro projets contre 25%de dons ; 8% de legs ;
8% du jumelage ; 42% d'autres. Les conditionnalités de
paiement sont aujourd'hui à l'origine de l'exode vers les villes.
N°11. Y a t il une législation
appropriée du foncier en prévision des conflits ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
0
|
0%
|
Non
|
12
|
100%
|
Total
|
12
|
100%
|
Commentaire :
Toutes les OP Enquêtées affirment qu'il n'y a pas
de législation appropriée du foncier en prévision des
conflits, (100%). Ceci nous conforte dans notre hypothèse.
N°12. Les membres de votre bureau savent-ils monter
des dossiers de projet ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
4
|
33 %
|
Non
|
8
|
67 %
|
Total
|
12
|
100 %
|
Commentaire :
33% des enquêtés affirment qu'ils savent monter
des dossiers de projet contre 67% des membres des OP qui pensent l'inverse.
Cela est un réel problème pour les négociations
partenariales.
N°13. Le syndicat agricole a-t-il un cadre
juridique ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
2
|
17 %
|
Non
|
10
|
83 %
|
Total
|
12
|
100 %
|
Commentaire :
Dans cette diversité syndicale du moment, 83%des membres
trouvent que celui de l'agriculture n'a pas de cadre juridique contre
17%.1(*)3
N°14. Le PASAOP répond-t-il aux
préoccupations des OP aujourd'hui ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
5
|
42 %
|
Non
|
7
|
58 %
|
Total
|
12
|
100 %
|
Commentaire :
58%des membres enquêtés pensent que le PASAOP ne
répond pas aujourd'hui aux préoccupations des OP contre 42%. Ce
qui implique qu'elles ne sont pas suffisamment impliquées dans les
programmes de développement.
N°15. Une nouvelle politique agricole est-elle
nécessaire aujourd'hui au Mali ?
Réponses
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
12
|
100 %
|
Non
|
0
|
0 %
|
Total
|
12
|
100 %
|
Commentaire :
Tous les acteurs interrogés soutiennent qu'une nouvelle
politique agricole est nécessaire aujourd'hui au Mali. Cela ne fait
qu'étayer notre hypothèse selon laquelle les OP manquent d'appui
institutionnel poussé.
2-2. Analyses qualitatives des
données :
Nos villageois aujourd'hui s'adaptent à un nouveau type
d'insécurité. Mais pour la plupart d'entre eux la subsistance est
un problème majeur, seul peut résoudre le travail entrepris en
coopération avec les autres membres de la parenté et grâce
au concours des forces émanant des divinités.
Les fondements de la société sont
bouleversés. Aux contrées plus ou moins clairement
définies et exploitées par des groupes que reliaient entre eux la
parenté ou la religion, se substituèrent de nombreuses communes
occupées chacune par une population ayant droit de cité. La
différence peut paraître minime, mais les malentendus qui en
résultent peuvent prendre des proportions inquiétantes.
Les villageois étaient habitués à payer
le tribut, mais les taxes sont de nature différente. Elles obligent
à payer une somme en échange de la vente de sa propre
subsistance, de nouvelles récoltes, du produit de son travail ou de ses
marchandises acquises à meilleur compte en vue de réaliser un
profit. L'argent ainsi gagné est utilisé pour acheter des
vêtements importés, des articles de luxe, des activités de
prestige.
La révolution technologique et la compétition
sont une réalité pour les paysans. Avec l'introduction des
cultures industrielles, l'activité sociale dans les villages
s'éloigne de celle traditionnelle. De nouvelles idées, de
nouvelles demandes, de nouvelles valeurs ont vu le jour. La structure familiale
est bouleversée du fait de l'introduction de la main d'oeuvre dans une
situation particulière où il est difficile de travailler
près de la famille : exode. 1(*)4
Cependant les vieilles idées résistent à
ces changements et les considèrent comme indésirables. Les
idées ne jouent pas un rôle non moins important que les faits. La
rivalité de deux civilisations crée des difficultés
particulières pour ce peuple qui vit cette dynamique. Il s'agit d'une
réévaluation qui met l'accent sur la tradition et manifeste le
désir et le droit de bénéficier de la gamme
complète offerte par le milieu sociologique.
Dans l'état actuel de la société
caractérisé par les valeurs occidentales et la morale, les
objectifs à atteindre se confondent avec des réalisations
toujours plus grandes : la richesse et l'aisance.
En effet, force est de considérer nos pratiques
traditionnelles de parenté afin de mieux comprendre nos
réalités et mieux nous comprendre nous-mêmes dans nos
sociétés, le vrai pauvre est celui qui n'a pas de parenté
= l'esprit de famille et le principe de la réciprocité enracinent
les rapports économiques dans le maillage des rapports sociaux.
Compte tenu du poids de ce cadre social et culturel,
les maliens ont tendance à prendre leur distance à l'égard
d'un modèle de développement pour lequel les
inégalités socio-économiques sont
considérées comme un des véritables moteurs du
progrès. Ils mettent en cause une modernisation économique
imposant la destruction du lien social. Très peu de maliens sont
disposés à assurer une modernité aliénante qui vise
à instaurer une manière d'être et d'agir centrée sur
l'individualisme propre à l'occident moderne. Dans les villages, au
coeur de la déchéance multiforme, des acteurs témoignent
de l'inventivité des sociétés et de leurs capacités
d'innovation face aux mécanismes de paupérisation.
L'ampleur des changements impose un nouveau regard sur
l'économie réelle de ces sociétés. Ainsi, les
schémas d'analyse classique s'avèrent-ils inadaptés
lorsque, par exemple des acteurs
économiques ne sachant ni lire ni écrire les langues occidentales
se propulsent au centre des mécanismes d'accumulation des
ressources ; sans ignorer le dynamisme des femmes qui investissent
massivement les entreprises informelles en plein essor dans les villes et
l'impact que cela peut avoir sur les structures familiales. Les
capacités d'innovation, la réinvention des traditions, sont la
réponse des sociétés au resserrement des contraintes
structurelles et leur riposte à la violence d'un capitalisme sans
entrave. Les pratiques populaires sont les formes concrètes d'une socio
économie enracinée dans le développement solidaire. Dans
un contexte où les programmes élaborés par les experts
s'appuient sur des hypothèses prétendument scientifiques,
affirmant l'universalité de l'homme économique opposé
à l'homme africain, ces expériences doivent être
perçues comme une véritable solution de rechange à la
structuration d'une nouvelle économie barbare se construisant sur les
ruines de la société. Les formes de créativité qui
se déploient en marge du
système dominant, sont un mode de subversion du système
occidental de développement. Ces tactiques et stratégies
multiformes sont le signe de la renaissance des sociétés et
cultures traditionnelles. Face à l'esprit de violence et d'exclusion des
développeurs, la paysannerie organise la rupture et la
déconnexion. Elle rêve d'autre chose que la modernité
aliénante qui détruit les valeurs fondamentales chères
à l'homme africain. C'est pourquoi le secteur agricole apparaît
comme l'activité de l'avenir dans un monde globalisé s'obstinant
à faire croire que le seul moyen de développement est la
croissance économique. Cette croissance économique est
nécessaire au développement mais elle n'est pas
le développement. 1(*)5
De plus en plus, en entretenant l'illusion du fatalisme des
paysans, et du traditionalisme des sociétés pour entretenir la
répétition des formes culturelles des développeurs, on se
dispense de réfléchir sur le potentiel de
créativité des acteurs confrontés aux contraintes
structurelles qui les obligent à se redéfinir.
Pour étouffer le débat sur la violence
engendrée par le rôle croissant de l'argent dans nos
sociétés, certains pour expliquer vulgairement la pauvreté
des paysans passent par le fait qu'ils s'obstinent à s'accrocher
à leurs croyances ancestrales, tandis que les cadres urbains acceptent
de subir les pressions communautaires qui à travers les obligations de
la parenté, empêchent toute capacité d'épargne et
tout investissement productif. D'autres, à l'heure où le spectre
de Malthus hante les institutions financières internationales, s'en
prennent au lit des paysans jugé trop fécond : la femme et
la famille deviennent des cibles des politiques de population. Le discours
néo-libéral lie étroitement l'accroissement
démographique et la dégradation de l'environnement. On choisit
d'oublier l'emprise des programmes de développement qui étouffe
les efforts des paysans et qui les maintient dans la pauvreté. 1(*)6
Pour continuer de se différencier, l'AOPPRK doit sans
relâche améliorer la qualité de son service à ses
OP. L'adaptation du concept de modernité aux spécificités
locales est une voie qu'elle peut choisir. La création d'infrastructures
logistiques doit s'inscrire pleinement dans la démarche des partenaires.
C'est l'AFDI qui doit orchestrer les différents projets de modernisation
dans les filières en collaboration avec d'autres. Elle apporte son
savoir-faire au Mali il y a neuf ans. Pour susciter l'intérêt des
OP membres l'AOPP doit maintenir un climat de confiance et accroître leur
participation aux activités. Les actions en faveur des adhérents
ne doivent pas se limiter à la tenue d'Assemblées
Générales, à l'envoie des documents annexes (convocation,
programme, comptes rendus) et à l'organisation de voyages. Pour
répondre aux attentes des adhérents en termes d'informations et
d'activités, l'Association, doit pouvoir organiser des foires et
proposer des services adaptés aux envies des adhérents et
à leurs centres d'intérêt : Excursions, voyages
organisés.
Aussi l'envoi systématique d'un journal interne aux
adhérents de l'AOPPRK doit être encouragé par le
président car il permettra d'apporter un nouveau souffle à
l'Association.
Au Mali, il y a une solidarité forte. Les
professionnels de l'agriculture au Mali, doivent faire face à des
conflits d'intérêts entre leurs activités et cette
solidarité. En d'autres termes, dès qu'un agriculteur
réalise ses premières récoltes, se pose
inévitablement la question de savoir s'il faut en vendre pour
réinvestir ou si, par solidarité, les redistribuer à son
entourage. Trop souvent, la réponse est la redistribution.
Parallèlement, le principe de l'intérêt
général, qui sous-tend les fondements des démocraties
occidentales, fait cruellement défaut dans notre pays : le Mali.
Or, c'est bien l'intérêt général qui crée les
conditions favorables à l'investissement des activités via un
cadre légal et réglementaire, des règles comptables, des
infrastructures industrielles technologiques de transport etc. C'est dire que
le rôle des partenaires qui fournissent des infrastructures est
essentiel
L'autre grand frein aux investissements est l'absence de
relations commerciales entre les pays. Il n'existe pas, au Mali de zones de
marché commun : les hommes circulent sans arrêt, mais pas les
marchandises. Le tableau que nous dressons paraît sombre. Mais le
paysannat malien a besoin d'abord d'infrastructures matérielles et de
règles de droit applicable pour attirer et conserver les
investissements. Puis, toutes les initiatives qui peuvent favoriser la fonction
entrepreneuriale doivent être les bienvenues : Comme les clubs
d'entreprises ! L'AOPPRK doit être capable de tisser des réseaux
d'affaires.
A l'AOPPRK, les responsables des ressources humaines doivent
tisser des liens entre eux afin de faire reconnaître le métier
d'agriculteur comme créateur de valeur. De partager leurs
expériences avec d'autres professionnels d'un même métier,
de réfléchir aux nouveaux enjeux
et de déterminer des plans d'action pour les années
à avenir. Le tout, dans le cadre convivial, propice au dialogue.
2-2-1. AOPPRK : une organisation
rationnelle :
L'approche sectorielle par filière et les fonctions
économiques sont plébiscitées. Cette approche
présente plusieurs avantages :
- Facilité de mobilisation des efforts sur une accroche
concrète liée à une production.
- Facilité à concentrer des efforts sur un
objectif commun circonscrit à identifier les principales contraintes, et
à trouver des réponses immédiates rendant service aux
membres.
- Impacts visibles : avec la maîtrise des
coûts de production et l'amélioration des revenus. La
crédibilité de l'organisation paysanne vis à vis de ses
membres s'entrouvre renforcée. La base financière de l'OP
disposant de ressources propres est plus solide et permet d'avoir davantage de
poids économique et politique dans les négociations.
2-2-2. Les limites de l'approche filière :
A ce niveau, l'OP gère des risques désormais
économiques du fait du montant en jeu, et la non maîtrise des
prix. Les limites concernant aussi la réduction de la fonction de l'OP
à la dimension « produit ». L'approche
filière, plutôt centrée sur le produit et non le
producteur, manque de cohérence avec les réalités de
l'exploitation familiale. Cette vision restreinte semble moins adaptée
pour les réflexions sur les grands enjeux des politiques agricoles et ne
permet pas de lever l'ensemble des contraintes (foncier, financement, formation
et conseil gestion des ressources naturelles, politiques agricoles,
négociation internationale) qui limitent les investissements
productifs.
Autre limite et non des moindres est
que : le développement des OP axé sur les
filières et orienté vers des résultats économiques
laisse entrevoir une dynamique de rivalité entre producteurs et la perte
de l'esprit coopératif. 1(*)7
2-2-3. La Nécessaire combinaison des approches et
fonctions :
L'approche géographique territoriale à
l'avantage d'être plus cohérente avec la réalité de
l'exploitation familiale (diversité des problèmes et
activités) avec les réalités socio-économiques
(gestion des ressources, décentralisation....), elle permet d'avoir une
approche plus globale du développement.
Les fonctions de représentation et de défense
des intérêts des OP font consensus : les activités de
représentation et de défense des OP favorise la construction
d'une vision commune à plus long terme du développement.
Elle participe à faire reconnaître le
métier d'agriculteur, à accroître le poids de l'OP vis
à vis des partenaires extérieurs et à rendre l'OP
incontournable dans les débats sur les enjeux nationaux.
L'identité du mouvement s'en trouve renforcée.
Mais pour l'approche territoriale et comme pour les fonctions
de représentation, il y a encore des problèmes de maturité
institutionnelle et technique sur les thèmes de portée
générale.
2-2-4. L'approche territoriale a les limites et les
défauts de ses avantages :
- Elle est plus difficile à mener du fait de
l'hétérogénéité et de la dispersion des
activités ;
- La faible visibilité et l'identité confuse
créent des problèmes de représentation et des conflits de
leadership ;
- La faible efficacité économique des
activités (petites et nombreuses) va de pair avec le faible pouvoir de
négociation.
- Les fonctions de représentation rencontrent quant
à elles des réticences en interne et en externe.
1. En interne : il est
difficile de mobilier les membres sur des fonctions aux objectifs lointains ne
répondant pas au problème de court terme et les coûts
engendrés entraînent des risques de dépendance et de
récupération politique (cf annexe).
2. En externe : quand l'OP est plus
claire sur son identité, elle peut déplaire aux partenaires et
être privée de ses sources de financement (cf annexe).
2-2-5. Le type d'appui aux OP :
Toutes les OP maliennes ne sont pas regroupées au sein de
l'AOPPRK pour défendre leurs intérêts dans la
diversité. Ce choix dénote du caractère familial et non
spécialisé de l'exploitation agricole malienne qui doit faire
face à des risques économiques et climatiques certains. 1(*)8
L'AOPPRK a choisi le caractère
généraliste de l'organisation. Il a l'avantage de donner une
certaine légitimité pour traiter des questions de politique
agricole : comme la gestion du foncier, l'accès au crédit et
à l'information, la sécurité alimentaire la construction
d'une vision du monde rural. En plus, la vision3(*)
« Généraliste » peut prendre facilement
en compte des dimensions socioculturelles de l'agriculture et à une
capacité plus large de mobilisation en faisant fonctionner la
solidarité entre producteurs pour défendre la cause d'une
filière. Par exemple la défense de la filière coton lors
de la crise cotonnière (1999-2000). Enfin l'OP généraliste
a une capacité à intervenir dans le règlement des conflits
entre organisations de producteurs. Exemple entre riziculteurs et
éleveurs de la zone office du Niger. Une telle forme d'organisation
n'occulte pas les problématiques des filières. Par exemple
l'AOPPN a en son sein six commissions de travail par filière (coton
céréales, fruits et légumes, élevage,
pêche).
2-2-6. Appuis aux niveaux de Structuration :
Au Mali, les OP doivent être appuyées à
tous les niveaux de façon simultanée, en respectant des principes
tels :
a) La cohérence : le niveau
national assure un rôle de coordination comme l'élaboration
concertée d'un plan de développement, mais avec souplesse pour
que chaque niveau puisse l'adapter à ses réalités et
à son territoire.
b) La subsidiarité : si le
niveau national peut permettre de définir des orientations
générales, le niveau le plus adapté doit ensuite
être responsabilisé dans le pilotage et la mise en oeuvre des
activités.
c) L'autonomie : dans la mesure
o ù elle respecte ses engagements vis à vis de la
faîtière, chaque OP conserve la liberté de mener d'autres
activités et négocier d'autres appuis.
En somme, il y a un besoin simultané d'un appui
institutionnel (renforcement du Leadership, des capacités
organisationnelles et structuration des Op.) et d'appuis productifs. En effets,
les investissements productifs (aménagement de bas-fonds, recherche,
mécanisation, conseils technique économiques), sont
nécessaires pour améliorer la productivité et donc le
revenu des paysans. Mais la gestion efficace de ces
améliorations techniques et de ces aménagements repose
sur des producteurs organisés, qui se sont fixés des
règles internes et des objectifs, propres. Après avoir surtout
favorisé les investissements productifs. Aujourd'hui au Mali, les
bailleurs de fonds privilégient les appuis institutionnels.
L'équilibre nécessaire aux OP n'est pas encore trouvé.
2-2-7. A chaque OP ses réalités et ses
appuis :
Les OP sont complémentaires dans leurs approches et
fonctions. Elles doivent agir successivement et parfois simultanément.
Toutes les OP sont nécessaires à différents niveaux. Il ne
saurait y avoir d'OP type à appuyer, ni de fonction type encore moins
d'approche unique. Les institutions sont heureusement diversifiées pour
faire face aux nombreux défis et enjeux. Il n'y a pas de trajectoire
type à suivre non plus. Les OP ne suivent pas une succession
d'étapes préétablies ; L'appui doit être par
conséquent modulable ; caractéristique qui ne correspond pas
forcement aux souhaits de certains bailleurs soucieux d'avoir des programmes
clairs, faciles à gérer et à transposer d'un milieu
sociologique à un autre ; on remarque que la diversité des
dispositifs d'appui est indispensable, si l'on veut travailler en prise sur la
réalité.
2-2-8. Vérification des hypothèses de la
recherche :
Dans l'ensemble, 28 OP constituent l'AOPPRK et sont reparties
dans les cercles de la région.
Notre première hypothèse selon
laquelle « La faible participation des organisations communautaires
et leurs fédérations aux instances de gouvernance des
institutions d'appui au monde rural (recherche, conseil agricole et rural)
explique les difficultés d'assumer leur fonction de
représentation et de défense des intérêts de la
profession agricole au service des producteurs disposant de ressources propres
» se trouve confirmée selon les données du tableau N°5
où 100% des membres enquêtes affirment que le niveau de formation
des O P n'est pas suffisant pour assurer la relève de l'Etat et pour le
tableau N° 7 42% des enquêtés pensent que la gouvernance
interne n'est pas partagée contre 58%
La deuxième
hypothèse : « la faible participation des
organisations communautaires et de leurs fédérations à
l'élaboration et au suivi des politiques agricoles en matière de
législation, de foncier, et de commercialisation justifie les
difficultés d'organiser les organisations communautaires en
filière au niveau local, régional, national afin de rendre des
services appréciables et de générer des revenus pour leurs
membres » est confirmée selon les tableaux N°8 ;
N°11 ; N°14 ; N°15 respectivement : 100% des
personnes estiment que les OP ne sont pas organisées par
filières ; 100% affirment qu'il n'y a pas de législation
appropriée du foncier en prévision des conflits ; 58%
pensent que le PASAOP ne répond pas aujourd'hui aux
préoccupations des OP contre 42% ; 100% des acteurs
interrogés soutiennent qu'une nouvelle politique agricole est
nécessaire aujourd'hui au Mali.
Nous estimons qu'à partir de ces quelques
données nos hypothèses s'en trouvent vérifiées.
Néanmoins nous espérons qu'elles seront mieux approfondies par
d'autres études pour le bonheur de cette couche importante de la
population malienne à la recherche de son bien-être.
CHAPITRE III : REFLEXIONS - CRITIQUES ET
SUGGESTIONS :
3-1. Réflexions critiques :
Le manque de confiance affaiblit le civisme et donc la
politique, mais il débilite aussi les relations entre partenaires, entre
génération, il compromet la transmission des valeurs
patrimoniales qu'encourage l'hiatus entre l'écrit des uns et le
« vidéo » des autres. Il affecte les relations
commerciales par l'anémie du contrat sur parole et la croyance à
sa place d'un juridisme proliférant.
3-1-1. Analyse de causes de contre - performance des
O.P. :
Nous pensons que les organisations féminines ont
été créées, manipulées, de façon
irrationnelle et non conséquente. Des considérations subjectives
et personnelles jouent énormément, faussant les prévisions
et déclenchant une incompréhension totale. Les pistes
dégagées par nos décideurs pour les organisations non
gouvernementales féminines sont purement et simplement boudées
par les populations. Nous risquons d'assister à une
perpétuelle remise en cause des différentes orientations visant
toujours un rattrapage après les protestations des Associations.
Même là on tente de jeter la poudre aux yeux des populations et
peut être de nos décideurs.
En plus des pistes dégagées, la meilleure
attitude pour leurs orientations serait de partir des rapports objectifs entre
genres selon la capacité des uns et des autres sur des bases
scientifiques, rationnelles et pédagogiques.
Ainsi on constate que des flots d'organisations
féminines continuent à se déverser sur nos régions
qui, déjà connaissent une saturation de leurs communes pendant
que la portion congrue est allouée aux femmes rurales à cause
desquelles les fonds sont disponibles et sans la participation active
desquelles, tout le reste est commérage.
Pour des intérêts inavoués et sordides,
les hommes et certaines traditions sont critiquées à tort ;
oublis délibérés, erronés, ostracisme,
superposition de droits, c'est là l'orientation diabolique ;
Sachant bien que la majorité des femmes ne s'éloigne jamais de
leur mari qu'elles considèrent comme des partenaires éternels
irremplaçables. Annonçant ainsi l'attachement à leur
culture qui, elle aussi a son identité.
Les conséquences sont énormes pour nos
sociétés :
- Le taux de divorce élevé ;
- Valeurs culturelles foulées au pied,
- La minorité acquise ne pouvant pas constituer une
classe ;
- Passage à vide pour le développement.
- Division à couteau tiré des genres ;
- Soumission dangereuse pour nos structures sociales
- Le recul sur la pointe des pieds de la
«solidarité » ;
- La tendance au non-mariage ;
- L'adultère ;
- Une société abâtardie au bord de
l'implosion.
Ce système de cloisonnement et de sélection
perfide dans l'approche genre favorise tous les dérapages coupables
auxquels nous assistons aujourd'hui. Finalement, l'implication effective de
tous les genres dans les orientations souhaitées s'avère
très nécessaire.
De même il est à signaler des conflits de
compétence en matière de droit entre droit positif, celui
coutumier et islamique.
Il faut avoir un comité de valeurs pour
réinstaurer l'humanisme. Nous assistons à un déficit de
l'expression démocratique quand l'occident dans un continent (à
80%) pauvre se présente en modèle. Le malentendu entre nos
civilisations et celles occidentales est l'expression de
référence = il faut réfléchir sur les
communautés et concevoir la réalité, les principes et non
l'inverse. Nos valeurs sont des règles générales que nous
devons redynamiser. Dans une communauté l'expression de
l'individualisme, du «moi », du «je » chasse la
solidarité. Pour réussir, nous devons avoir une
personnalité doublée d'une conscience vive, d'une raison
agissante (sens de la responsabilité) ; et d'une
responsabilité. Quand un africain démissionne pour cause de
moyen, il trahit sa source, nous devons toujours avoir les moyens de ce que
nous devons faire.
Chaque développeur a son «Afrique » (son
image de l'Afrique) nous constatons que l'Afrique devient un centre
d'intérêt pour tout le monde, mais ce qui dérange, c'est
qu'aucun n'a un intérêt épistémologique pour
l'Afrique c'est à dire chercher à comprendre les fondements et
les fonctionnements de ce continent. Ce n'est pas nouveau car Victor Hugo
dans son premier discours devant l'assemblée ne disait-il pas que
l'Afrique est une mort immense ?
Ce qu'il faut constater, c'est que les Africains ont un
rapport avec le travail c'est à dire qu'en Afrique l'idée de
rentabilité est absente. Sans avoir la prétention de
maîtriser le catholicisme, le Pape, un jour disait que « le
développement c'est l'homme et tout l'homme » il ne pourrait
se résumer à la satisfaction immédiate des biens
matériels. Sans souhaiter une remise en cause
généralisée, il faut changer les mentalités refaire
tout le logiciel africain. La démocratie ne confère pas la vertu
aux hommes.
Il y a de la tradition dans toutes les choses du monde. Il
faut mettre les choses dans leur contexte et ne pas les prendre pour de
l'argent comptant.
3-1-2. Les menaces pour nos valeurs culturelles :
Qu'est ce que l'on remarque ? Des ONG, des Associations,
dont les performances en matière de résultat ne sont pas
satisfaisantes, se retrouvent financées ! C'est un hymne à
la désagrégation de nos valeurs culturelles sous-tendues par la
solidarité seule richesse qui reste à nous africains et maliens.
Ces ONG et Associations aujourd'hui ressemblent à un festival de
larrons.
Elles favorisent tous les dérapages ; ni les
simples membres des Associations, ni les populations de nos localités
encore moins l'Etat n'a eu le courage de fustiger certains objectifs. Mais face
aux merveilles de l'argent, il est pratiquement difficile de déceler les
dérapages coupables qui foisonnent dans les objectifs de certaines ONG
manipulées.
Le partenariat dynamique axé sur de tels rapports, ne
vise que le seul intérêt de l'extérieur au détriment
de notre stabilité sociale qui est en train d'être secouée
dans ses fondements par la perfidie et l'irresponsabilité de certains
concitoyens.
On a utilisé et on continue d'utiliser des femmes pour
régler le compte à certains hommes ; l'idéal de
complémentarité et d'entraide tant prôné par nos
coutumes et traditions devient une chimère ; car les unes voulant
dominer les autres par l'acquisition de certains droits à tout prix.
Ces inquiétudes avaient pourtant commencé
à se dissiper grâce à la perspicacité, à
l'honnêteté et au sens élevé des valeurs humaines de
certaines traditions et us. Au train où vont les choses, nous nous
posons des interrogations.
Nous demandons d'instaurer un débat franc sur les
activités de certaines ONG et Associations autorisées dans le
pays car mieux vaut mourir de faim que de goûter à certains plats
indigestes.
Cette approche ne conviendra pas à certains, passés
maîtres dans la défense des intérêts sordides et dans
la duplicité.
La grande interrogation que nous posons est la suivante :
est-ce que certains cadres souhaitent vraiment l'épanouissement de leur
société ?
Les femmes rurales ont des droits légaux ; des
responsabilités religieuses, politiques et l'indépendance
économique. A la base de chaque culte secret des hommes, on trouve des
femmes. Le secret le plus profond, c'est la dépendance ultime de l'homme
vis à vis de la femme.
En somme, les femmes rurales ne sont pas un groupe
sacrifié, comme le furent les femmes dans certaines
sociétés occidentales. Les hommes ritualisent plutôt qu'ils
ne nient leur dépendance fondamentale vis à vis de la femme. Des
hommes de nos jours comme il est surtout question d'eux, dans leurs
activités politiques, éprouvent la nécessité de
maintenir des relations avec leur groupe de parenté.
Ce qui fait d'eux des génies en relations
interpersonnelles.
Le Mali qui est qualifié de Nation, c'est le pays
où la parenté est très importante. Quand les droits
concernent les aspects les plus importants de la vie, l'instinct de groupe de
parenté refait surface.
Les communautés locales sont fondamentalement
bâties sur les relations entre des groupes sociaux dont les principes ne
sont pas économiques. Il s'agit des communautés fondées
dans l'espace par d'autres liens que ceux de la
« propriété » et qui
exploitent leur espace et l'espace environnant.
Ainsi nous tenons à souligner qu'il n'y a pas de
villages spécifiquement composés d'hommes, ni de villages
uniquement habités par les femmes. Les hommes et les femmes forment la
communauté où chacun joue son rôle.
Mais sommes-nous tous unanimes à reconnaître que
le rôle de la femme est immense dans la famille, le village, la commune
voire dans le pays, aussi bien sur le plan social, économique que
politique. Et que cependant dans les sphères de la prise de
décisions, la femme est absente en milieu rural qu'on peut, parler et
faire à sa place ?
Les nouveaux défis du développement des
organisations communautaires sont la réalisation du processus du
développement, son avenir et le nouveau partenariat fondé sur le
respect et la confiance mutuelle qui doivent désormais régir les
rapports entre les organisations communautaires et les partenaires.
En analysant l'avenir du processus, il ressort que le
développement des organisations paysannes doit continuer à mettre
en exergue le leadership et la participation des populations. Les dirigeants
politiques et leurs peuples doivent partager des valeurs communes et oeuvrer
ensemble pour atteindre les objectifs de développement.
Pour que les OP prennent réellement leur processus de
développement en main, il leur faut fixer leurs propres objectifs de
développement. En cela, la confiance en soi et l'estime de soi qui
repose sur une compréhension et un respect réel de l'histoire et
des cultures du milieu constitue la force motrice majeure d'un
développement approprié par les populations.
Les ONG ne devraient plus se contenter de reconnaître la
différence, la diversité et l'identité des OP d'un simple
point de vue culturel et historique. Elles devraient aussi les
reconnaître comme étant indispensables au développement du
pays ; développement qui relève lui aussi des questions
mondiales qui doivent être traitées par le pays et ses
partenaires.
Pour un pays à majorité agriculteurs, le
développement de cette activité doit être la principale
préoccupation dont moins de 55% des acteurs ne disposent ni de machines
agricoles, ni de tracteurs, ni de multiculteurs, ni de moissonneuses, ni de
batteuses mais aussi de matériaux de construction. (Cf. : documents
AOPPN)
Les avantages de la mécanisation permettront en effet
d'améliorer le niveau de vie du paysan, d'augmenter la
productivité, de réduire les coûts de production tout en
libérant du temps pour permettre au paysan de mener d'autres
activités afin d'améliorer ses revenus.
Autant d'avantages qui peuvent cadrer avec la politique
actuelle de la mondialisation.
3-2. Suggestions :
Dans ce volet nous pensons que la mesurabilité d'une
performance passe nécessairement par la vérification des
indicateurs tels :
3-2-1. L'auto gouvernance de l'O.P. :
Pour que votre organisation paysanne soit
démocratiquement et efficacement gérée, il faut qu'elle
remplisse certaines conditions et qu'elle respecte des normes.
L'auto gouvernance démocratique est la manière
par laquelle une organisation communautaire (O.C) se gère, s'organise et
fonctionne avec les organes de gestion sur la base des règles de
conduite qu'elle aurait elle-même initiées et
élaborées.
C'est seulement à cette condition que l'organisation
paysanne devient responsable dans ses prises de décision pour ce qui
concerne la conduite de ses affaires propres, de la gestion courante de ses
affaires économiques politiques, sociales, organisationnelles et
autres.
Nous allons examiner l'indicateur auto gouvernance dans ses
éléments constitutifs et dans ses critères de mesure de
performance.
Les indicateurs de la gouvernance :
Ces éléments s'articulent autour des points
suivants :
Les Etapes de la réunion ou Assemblée
générale. 1(*)9
Ù Avant la réunion/AG il
faut :
· Choisir les cibles ;
· Elaborer un projet d'ordre du jour ;
· Diffuser l'information sur le lieu, la date et le
moment ;
· Une organisation matérielle ;
Ù Le jour de la
réunion/AG :
· Accueil et mise en place des participants ;
· Tenue de la liste des participants ;
· Choix du présidium (Président et
secrétaire de séance) ;
· Vérification du quorum (par le président
qui assure la police des débats) ;
· Adoption de l'ordre du jour ;
· Conduite de la réunion ;
· Distribution de la parole par le président qui
assure la police des débats.
· Evaluation des points de l'ordre du jour ;
· Récapitulation des principales décisions
ou recommandations ;
· Tenue de procès-verbal (P.V.) ;
· Date de la prochaine réunion. AG ;
Ù Après la
réunion :
· Désorganisation
· Auto évaluation.
- Création et Structuration de l'O.P.
Ù L'Adhésion libre et
volontaire :
Le citoyen décide de participer à une
association. Il doit avoir des motivations : intérêts,
objectifs ou problèmes à résoudre ; pour cela il
adhère librement en prenant la carte de membre, registre de membre. Il
signe un contrat social qui se matérialise par :
- Le statut et le règlement intérieur ;
- La vision, la mission, les objectifs et les
activités de l'association.
Ù La société civile est fondée sur
le principe que les citoyens se rassemblent d'une manière volontaire
pour traiter leurs problèmes communs. Cette adhésion volontaire
implique une protection et une promotion de la liberté d'association par
le système politique. Les personnes qui se rassemblent volontairement
sont plus décidées à participer aux affaires publiques que
celles qui y sont contraintes.
Ù Le statut et règlement
intérieur (SRI) :
C'est là un contrat social énonçant les
instances, organes ainsi que leurs attributions et fonctionnement. Son
élaboration doit se faire de façon participative,
démocratique.
Le SRI doit comprendre les éléments
suivants :
· Le siège de l'OP
· Une vision claire et un objectif
déclaré
· L'alternance (3 ans à 5 ans)
· Le mode d'élection (scrutin secret)
· La structuration de l'OP
· La fréquence des rencontres statutaires
· Types et fréquence des cotisations
statutaires2(*)0
· Nombre et responsabilités des comités
· Rôles et responsabilités des membres des
organes
· Les sources de revenu de l'association
· Les sanctions en cas de violation du SRI
· La dissolution et la dévolution des biens
· Les dispositions finales
Ù La Procédure de Création d'une
OP :
· Assemblée Constitutive
· Elaboration du SRI
· AG d'approbation du SRI
· Mise en place des instances
· Recherche de la reconnaissance légale
· Elaboration des plans d'activités et
programmation (à moyen et long terme).
3-2-2. Les indicateurs de performance :
- Adhésion libre et volontaire
- Election démocratique
- Tenue régulière des réunions
statutaires
- Participation des membres aux AG (75 %)
- Tenue des réunions (au moins 6 fois dans
l'année)
- Existence de récépissé
- Taux de participation aux réunions du bureau (80
%)
3-2-3. La gestion saine et efficace :
La gestion saine est le rassemblement des ressources
nécessaires (humaines, matérielles, financières et
informationnelles), de manière à parvenir à des
résultats organisationnels bien déterminés dont l'aptitude
à mesurer les objectifs ainsi que la performance des personnes qui en
sont chargées.
La gestion saine et efficace implique l'aptitude à
élaborer un plan stratégique définissant les objectifs
généraux qu'une organisation désire atteindre à
long terme, les ressources nécessaires pour y parvenir, les
responsabilités de chaque membre de l'organisation dans
l'exécution de ce plan plus vaste et un système de
suivi-évaluation des résultats atteints et les systèmes de
gestion et procédure appropriée et performants concrets.
Pour mieux étayer l'indicateur gestion efficace et
saine nous aborderons des composantes et des critères de mesure de
performance.
Les composantes :
· La planification stratégique
· Le plan d'action
· Le budget
· Le manuel de procédures organisationnelles et
administratives
· Le manuel de procédures techniques et
financières
· Le genre
· La gestion et résolution des conflits.
3-2-3-1. Les éléments ou outils de la
gestion saine :
a-) La planification
stratégique :
C'est le procédé par lequel un OP
prépare, élabore et s'assigne des objectifs conformément
aux aspirations profondes de ses membres.
L'analyse de l'environnement interne de l'OP et ses relations
avec l'extérieur fait partie intégrante du processus de
planification stratégique. Pour qu'une planification stratégique
acquière une force d'application, il faut qu'elle soit approuvée
et adoptée en assemblée générale des membres.
· La projection des activités/actions dans 3
à 5 ans ;
· Les acteurs potentiels ;
· Le plan de financement ;
· Le budget prévisionnel
· Le système de suivi et d'évaluation.
b-) L'utilité d'une planification
stratégique :
· La planification établit un schéma
directeur
· Il évite de naviguer à vue
· Implique tous les acteurs d'où la participation,
la responsabilisation et la transparence.
· Affiche une réelle volonté de changement
qualitatif par les acteurs.
· Assure la crédibilité et la
pérennité de l'organisation.
· Garantit le partenariat
3-2-4. Le plan d'action :
C'est l'outil opérationnel et de précision pour
la mise en oeuvre d'un programme. Il précise dans le temps et dans
l'espace en quantité les activités à réaliser.
C'est la traduction quantitative des actions à réaliser. Il fait
ressortir par rapport à chaque objectif spécifique les
activités, leur durée, les acteurs ; leurs rôles et
responsabilités et les résultats attendus à court terme
(un an tout au plus). 2(*)1
a-) Les éléments d'un plan
d'action :
Il s'agit de :
- Actions ou domaines d'intervention
- Activités prévues
- Période
- Résultats attendus
- Indicateurs de progrès
- Acteurs et responsabilités
b-) L'utilité d'un plan d'action :
Il permet de :
- Déterminer la succession chronologique des actions
- 3(*)Préciser les activités concrètes
à entreprendre
- Exécuter de façon suivie la planification
stratégique
- Mettre à l'aise le gestionnaire dans
l'exécution du plan stratégique.
Le plan est un outil qui sert à prévoir et
contrôler les ressources financières de l'OP. Il est une
prévision des recettes et des dépenses nécessaires
à la réalisation des activités d'une organisation et ce
pour une période donnée (mois, trimestre, année...)
C'est une prévision des moyens (recettes) dont dispose
l'OP et de l'utilisation (dépenses) de ces moyens. Le budget doit
être en fonction des activités de l'OP.
Il est aussi l'expression en terme financier d'un plan ou d'un
programme.
3-2-5Les éléments du budget :
Ce sont :
· Investissement
· Equipement
· Opération/Activité
· Frais d'administration, les charges et frais de
fonctionnement.
L'utilité du budget
- Informer sur le coût des opérations
- Permettre d'apprécier l'efficacité et
l'efficience des investissements
- Met en confiance le gestionnaire dans l'exercice de ses
fonctions
- Permet l'atteinte des objectifs et des buts de l'OP.
3-2-6. Le manuel de procédures
organisationnelles ; Administratives, techniques et
financières :
Le manuel est un outil de gestion qui permet
d'institutionnaliser un ensemble de systèmes et de procédures de
gestion des ressources (financières, matérielles, humaines et
informationnelles) pour atteindre des résultats bien
déterminés avec le suivi de la performance des personnes
chargées d'atteindre ces résultats.
· Eléments d'un manuel de procédure
· Présentation de l'OP (création, but)
· Présentation de l'organisation administrative
(structure organique, rôles et responsabilités, les relations).
· Politiques et pratiques administratives (gestion du
personnel, évaluation)
· Procédures d'information et de circulation des
documents.
· Procédures comptables d'achat des biens et
services, procédures de contrôle (financier)
· Les fiches et outils d'application.
3-2-7. L'utilité et outils d'application :
- Atteinte des objectifs
- Meilleur fonctionnement de l'OP
- La crédibilité de l'OP
- La Gestion efficace des ressources de l'OP
- Gain de temps
- Compréhension et cohésion à
l'intérieur de l'OP
- Suivi de la performance du personnel et des organes.
- La capacité de collecter, analyser et utiliser
efficacement l'information et de diffuser tant à des fins internes
qu'externes.
3-2-8. Le genre :
La participation des femmes et des minorités ou des
groupes défavorisés est un indice d'une large participation aux
prises de décision interne de l'organisation. Elle garantit en outre que
les droits des groupes défavorisés seront respectés et que
leurs intérêts seront pris en compte par l'ensemble des
membres.
3-2-9. La gestion et la résolution des
conflits :
C'est la capacité à gérer et à
résoudre les conflits internes de façon pacifique pour prouver
que les règles internes établies pour assurer la gestion d'une
organisation sont efficaces et que les membres sont solidaires les uns et des
autres.
3-2-10. La gestion administrative et financière de
l'OP :
A ce niveau nous nous intéresserons aux aspects
administratifs et financiers.
a) Les éléments d'une
gestion administrative
Ce sont :
· Le statut et règlement intérieur
· L'organigramme
· Le manuel de procédure administrative
· Le procès-verbal des réunions et
assemblées générales
· Les rapports d'activité (activités
programmées, les réalisations, les difficultés
rencontrées, les solutions, les recommandations, la programmation des
activités futures).
· Les correspondances/arrivées/départ
consigner dans un registre
· Les outils de programmation (plan stratégique,
plan d'action
b) Le Contenu d'un Statut et
Règlement Intérieur (SRI)
Ù Le Statut :
- La vision, la mission, les objectifs de l'OP
- L'alternance ou les élections démocratiques
périodiques d'où la limitation des mandats des organes
- La structuration de l'OP : Instances et Organes
- La périodicité et la fréquence des
contributions des membres
- Les ressources et les dépenses
- La dissolution2(*)2
Ù Le Règlement
Intérieur :
- La périodicité des réunions des
organes
- Le nombre et a responsabilité des membres qui doivent
siéger dans ces organes
- La majorité qualifiée des membres pour la
prise de décision
- La gestion interne des conflits
- La discipline/Sanction
- Les dispositions générales
- La fonction du SRI
- Un contrat social entre les membres d'une OP
- Le Statut doit annoncer les instances et organes avec leurs
attributions et fonctionnement
- Le Règlement intérieur complète le
statut et précise le fonctionnement des instances et organes, leurs
attributions et les règles de Gouvernance.
c) L'importance d'un SRI :
C'est un :
- Document de référence
- Suscite le civisme des membres
- Support de décisions et de gestion
- Légitimité de l'Association
- Légalité de l'OP
- Discipline dans l'OP
- Transparence au sein de l'OP
- Cohésion au sein de l'OP
d) L'organigramme :
Il peut être peu explicite sur les tâches de
chaque agent, chaque agent pouvant définir son rôle en fonction de
sa personnalité et de ses compétences, il est souple
modifiable ; les communications peu définies, le pouvoir de
décision est dans ce cas largement distribué à chaque
échelon. Il correspond à la logique du coût et de
l'efficacité.
3-2-11. Les éléments de la gestion
financière :
a) Les Outils de Gestion :
Ils se caractérisent par l'inventaire du patrimoine de
l'OP
- Les emplois
- Les immobilisations : terrains, locaux,
véhicules, machines, mobiliers, animaux.
- Les stocks : fournitures de bureau,
céréales, prêts et avances : crédits pour
achat ;
- Disponibilités : banque, caisse, CCP
b) Les Ressources :
Elles se composent de :
- Le Capital
- Les dettes et emprunts (long, moyen et court terme)
- Le rapport financier
- Le journal de caisse
- Le journal de banque
- La fiche de stocks
c) Les Pièces justificatives :
- Les reçus
- Les factures
- Les bordereaux
- Les bons de commande, de crédit ou de sortie.
3-2-12. L'action civique :
Définitions :
Nous allons tenter des essais de définition de l'action
civique afin de faire ressortir ses composantes, les droits et devoirs du
citoyen les éléments de la stratégie ; brèves
qu'est-ce qu'un citoyen ? 2(*)3
L'action civique est la capacité des couches
marginalisées ou des avantages à défier le statut qu'en
devenant conscientes de leur propre pouvoir, leur propre force, y compris la
capacité de définir et de préciser leurs problèmes
et à y faire face afin de les résoudre.
C'est aussi la capacité des citoyens à
s'organiser collectivement pour changer les rapports de pouvoir existants ne se
donnant pas une capacité institutionnelle durable pour identifier,
articuler et agir sur les préoccupations, leurs intérêts et
aspirations, y compris la capacité à réaliser des
résultats spécifiques en terme de changement politique,
économique et social.
C'est également le processus dans lequel un ou des
groupes applique un ensemble de connaissances et de techniques pour influencer
les prises de décisions publiques en vue d'atteindre un changement
social, économique ou politique bien défini.
Bref, toutes les actions entreprises par les citoyens (soit
directement soit à travers leurs associations bénévoles)
visant à apporter, à sécuriser le bien public. L'action
civique est l'action de promouvoir ou de défendre l'intérêt
individuel et/ou collectif du citoyen. C'est donc un acte public et doit
être l'initiative de la communauté. Elle se fait auprès des
autorités compétentes (Etat, sociétés mixtes, ONG,
CTD etc.)
En somme, l'action civique est un droit fondamental et un
devoir du citoyen dans un système de gouvernance partagée. Elle
formalise la citoyenneté.
A- fonctions :
L'action civique a deux fonctions principales :
1°) Elle intensifie la participation des
citoyens ou de la société civile à la formulation de
politiques nationales ou à la mise à l'écart des
contraintes institutionnelles ou juridiques.
2°) Elle répond aux forces de
l'Etat et du marché en effectuant un suivi de leur gestion des affaires
publiques.
B- Les Composantes de l'Action Civique :
Elles sont essentiellement au nombre de cinq (5)
· Les Acteurs
· Le Cadre légal
· Les Objectifs spécifiques
· Les Actions
· Les résultats
1°) Les Acteurs :
· Les citoyens préparés et aptes à
agir (prêts à exercer leurs droits, devoirs)
· La société civile renforcée (qui
rassemble, mobilise, les acteurs efficacité de l'auto gouvernance
démocratique.
· Les décideurs et détenteurs des pouvoirs
(organes du pouvoir : et ou CTD, force du marché, institutions
traditionnelles.
2°) Le Cadre Légal :
· Etat démocratique, Etat de droit ;
· Respect des droits et devoirs civiques ;
· Un Etat au service du citoyen et non l'inverse.
Bref, les lois et autres textes légaux qui
régissent la vie de l'Etat et du Citoyen.
3°) Les Objectifs
Spécifiques :
· Changement de politique et de réformes
· Respect des normes réglementaires2(*)4
· Acquérir des biens publics au profit de la
société
4°) Les Actions :
Des actions publiques à travers les mécanismes
et démarches du Plaidoyer
5°) Les Résultats
mesurables :
· Résultats quantifiables et mesurables
bénéfiques aux citoyens et à la société.
· Résultats visibles sur la politique et le
comportement des décideurs
· Ces résultats doivent constituer des acquis pour
les citoyens et la société.
Toutefois, signalons qu'il est nécessaire de savoir
qu'une action civique ne saurait être efficace sans la connaissance et
l'application d'un certain nombre de droits et devoirs.
3-2-13. Les Droits et Devoirs :
1°) Les droits de la personne
humaine :
Dans le but de familiariser les citoyens avec les droits et
devoirs du citoyen, la constitution du Mali du 25 février 1992 consacre
tout un chapitre à travers les articles de 1 à 24. Ces droits
sont énoncés dans la DUDHP (Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme des Peuples) du 10 décembre 1948. Ce
sont :
· Les droits civils :
Ils sont consacrés par l'article 1 de la
Constitution : « La Personne humaine est sacrée
et inviolable ».
· Les Droits politiques (charte des partis et
code électoral) :
La démocratie plurielle repose sur la liberté
des convictions politiques et la liberté d'adhérer et de militer
au sein du parti et son choix. Le vote est un devoir constitutionnel et civique
pour tous les citoyens ; la liberté de réunion,
d'association, de manifestation, de cortège, le droit de grève,
la liberté syndicale.
· Les Droits Economiques :
La Constitution du 25 février 1992 du Mali stipule dans
son article 1 : le droit de propriété (artistique et
littéraire) : Nul ne peut être exproprié que pour
cause d'utilité publique et contre une juste et préalable
indemnisation ; la liberté d'entreprise et de création est
aussi reconnue par la même constitution à travers l'article 14.
· Les Droits Sociaux :
La Constitution reconnaît le droit à la
santé, l'éducation, le logement, les loisirs, la formation et la
protection sociale (Article 17-18-19 de la constitution du 25 février
1992), au travail, à un environnement sain.
La liberté syndicale et le droit de grève sont
reconnus aussi dans les articles 20 et 21 de la constitution du 25
février 1992 ; la liberté de penser, la liberté de
conscience, la liberté de religion et de culte, la liberté
d'aller et de venir ; la liberté de résidence ; le
droit à la défense ; le droit à
l'inviolabilité du domicile ; le droit à la garantie du
secret de la correspondance et de la communication...
· Les Droits Culturels :
La liberté de création artistique, culturelle,
littéraire, scientifique philosophique sont reconnus par la dite
constitution. 2(*)5
2°) Les Devoirs :
Dans la Constitution du 25 février 1992 six articles
seulement font l'objet des devoirs du citoyen
a) Respect de la Constitution et des
lois ;
b) Défendre la Patrie ;
c) Apporter son concours en cas de
calamité naturelle ;
d) OEuvrer pour le bien commun (initiative,
programmation des actions de développement) ;
e) Remplir les obligations civiques (Etat
civil, recensement, vote) ;
f) S'acquitter de ses obligations fiscales
(impôts et taxes).
3-2-14. Les droits et devoirs des O.P. dans la
commune :
· A la reconnaissance légale
· De participer à titre consultatif à
l'élaboration des programmes de développement communal.
· De donner son avis à toute réalisation
à caractère collectif.
· Demander à ses frais ou consulter à la
mairie les documents suivant procès-verbal et délibération
du conseil communal, les budgets et compte les arrêtés communaux,
recours aux autorités compétentes contre certaines
décisions du conseil communal,
· D'initier, d'entretenir des relations de partenariat au
niveau communal et au-delà.
Par ailleurs les OP ont des devoirs vis-à-vis de la
Commune. Il s'agit entre autres de :
· La contribution à la promotion de la
citoyenneté
· La participation effective à la
réalisation des objectifs de développement de la Commune.
· La défense et la promotion des
intérêts de leurs adhérents.
· La contribution active à la promotion de la
solidarité communale.
3-2-15. Les droits et devoirs des O.P. au niveau supra
communal :
· Les OP ont le droit de se regrouper en
fédération et de rechercher la reconnaissance légale.
· Elles ont le devoir de promouvoir le renforcement de la
société civile.
En conclusion disons que les stratégies d'application
de l'action civique exigent :
- Un environnement juridique et institutionnel
réceptif.
- La connaissance des droits et devoirs
- La maîtrise des outils et des démarches du
plaidoyer
Ce qui implique que l'exercice des droits et devoirs est une
exigence de l'Etat de droit que l'on doit entretenir. Cependant, un village
abusif des libertés peut amener l'individu à entrer dans
l'illégalité voire perdre sa citoyenneté. Il en est de
même pour les regroupements d'organisations paysannes ou
fédérations qui peuvent perdre leur reconnaissance légale.
Toutefois, il existe des voies de recours en cas de perte injuste de la
citoyenneté (tribunaux civils et administratifs
3-2-16. Le plaidoyer :
Le plaidoyer est une stratégie pour effectuer un
changement de politique ou une réponse et qui utilise un ensemble de
techniques bien comprises d'outils et de tactiques et en même temps
rassemblent toutes les ressources nécessaires pour influencer les
acteurs publics qui ont le pouvoir de faire aboutir le changement de politique
souhaité.
Les Conditions d'une Campagne de plaidoyer
- Les citoyens doivent être préparés et
aptes ;
- La société civile renforcée ;
- Les outils et démarches du plaidoyer
maîtrisé.
Les Différentes Phases d'un Processus de Plaidoyer
Le plaidoyer est un outil qui doit être utilisé
par les Organisations Paysannes pour influencer les décisions et
politiques des décideurs. Sa mise en oeuvre peut être parfois
longue et complexe ou comporte plusieurs phases qui sont entre
autres : 2(*)6
· L'identification du problème : Il sera
question de déterminer quelle politique, quel problème sera
identifié et priorisé.
· L'évaluation de l'environnement externe :
Ici il faut définir les alliés et adversaires potentiels.
Ù L'analyse et la formulation de la
politique :
Il s'agit de trouver des réponses aux questions
suivantes :
Quelle est la position du groupe vis-à-vis d'une
certaine politique, loi ou réforme ?
La question a-t-elle fait l'objet d'une bonne
recherche ?
Peut-elle être appuyée par des faits, des
arguments de droits ?
Ù L'analyse des besoins en
ressources
Là, il s'agira d'identifier, de mobiliser toutes les
ressources nécessaires en vue de contenir les besoins matériels
financiers et de la question ou de la politique identifiée et
priorisée. Une fois que ces besoins en ressources sont identifiés
et solutionnés, il sera en ce moment question de la vraie
stratégie qui mènera aux résultats.
Les Stratégies Opérationnelles
Certes, il existe plusieurs types de
stratégies :
A) La stratégie de règlement des
litiges :
Il s'agit de saisir les juridictions pour soutenir ou
défier une législation existante. Elle est l'arène
politique la moins utilisée.
B) L'analyse des besoins en
ressources :
Les organisations spécialisées fournissent des
données de recherche, des documents d'appui aux décideurs de
l'Etat ainsi qu'au public sur des questions de politique et projet de loi.
C) La stratégie de la
collaboration :
Elle sera utilisée, lorsque les OP et l'Etat se mettent
d'accord sur des politiques bien définies. Les OP collaborent avec
l'Etat dans sa prestation de services publics où les OP peuvent
être sollicitées pour participer à la formulation des plans
de développement locaux.
Exemple : C'est me cas de l'AOPP avec l'APCAM qui est
d'actualité avec le PASAOP.
D) La Stratégie de la
Contestation :
Dans celle-ci, il s'agit d'attirer l'attention des
décideurs sur les impacts négatifs d'une politique à
travers les médias nationaux et internationaux afin de faire pression
pour obtenir le changement souhaité.
E) La stratégie de
persuasion :
Elle peut prendre deux formes :
- La tactique de négociation
Ici, la capacité du groupe doit lui permettre de
démontrer sa force (mobilisation) pour se donner une meilleure position
afin de traiter d'égale à égale avec le décideur
voire même à être reçu à un niveau
supérieur de la prise de décision.
- La tactique musclée
Là, il s'agira de faire des démonstrations de
force pour obtenir le changement d'une réforme ou d'une politique
donnée (formation de coalition, des marches, des meetings, des efforts
de mobilisation pendant la campagne).
F) Le cercle vertueux :
C'est un circuit participatif et itératif d'une action
civique dynamique conduisant à la citoyenneté. Il est
focalisé sur les principaux éléments :
a) Les acteurs : Il s'agit des
citoyens qui maîtrisent leurs droits et devoirs et aptes à agir
b) La société civile
renforcée : C'est la stratégie qui consiste en la
préparation et l'acquisition des aptitudes du citoyen et son cadre de
participation à l'action civique.
G - Le plaidoyer politique efficace :
Il est une série d'activités avec des objectifs
des moyens utilisés par les acteurs pour obtenir des réformes et
des changements politiques bien définis. Elle renforce la
société par la mobilisation de ses membres et augmente sa
crédibilité. 2(*)7
Somme toute, chaque élément à lui seul
n'est pas suffisant pour réussir l'action civique. Il faut
nécessairement une corrélation entre ces trois principaux
éléments.
Critères de mesure de performance de l'action
civique :
Sous Indicateurs
|
Normes/Unité de mesure
|
Identification des problèmes politiques
|
Nombre de problèmes identifiés
|
Réalisation :
|
Formation, Animation, Appui-Conseil
|
Analyse des problèmes identifiés
|
Nombre de problèmes identifiés et
analysés
|
Formulation de stratégie et plan d'action
|
Exigence de plan d'action et de
stratégie Formulée
|
Réalisation : appui Conseil
|
Formation, animation,
|
Plaidoyer/Lobbying
|
Nombre de plaidoyer/lobbying réussi.
|
Stratégie : Formation, animation appui Conseil
|
Nombre de Contacts effectués auprès des
autorités compétentes
|
3-2-17. Le leadership féminin :
Cette étude nous permet de mieux cerner les aspects qui
bloquent la participation des femmes et les contextes actuels; les facteurs
favorables à cette implication sont : 2(*)8
Ù Les Facteurs de blocage :
Parmi ces facteurs, nous pouvons citer :
- La tradition
- La répartition sociale du travail
- La phallocratie
- Le faible taux d'alphabétisation des femmes
- La sous scolarisation des filles
- La surcharge du calendrier de travail des femmes
- Le manque de confiance des femmes en elles-mêmes.
- Ù Les Facteurs pouvant
favoriser :
- Sur le plan national
· L'instauration de l'Etat de droit (existence et
respects des textes justes)
· La gouvernance démocratique comme mode de
gestion des OC ou autre unité sociale
· Existence de nombreuses associations
féminines
- Sur Le Plan international
· Mobilisation internationale contre l'exclusion
· Soutien et promotion des partenaires à l'aspect
genre dans le développement
Ù L'importance et la Stratégie
d'implication des femmes :
- Importance de l'implication des femmes
· Les femmes représenteraient plus de la
moitié de la population soit 51 % au Mali.
- Leurs rôles dans les sphères sociales,
économiques et politiques seraient prépondérants.
Ù Stratégie d'implication des
femmes :
- Reconversion des mentalités des hommes et des
femmes
- Relèvement du taux de scolarisation des filles
- Faire de l'implication des femmes des critères d'aide
et d'appui
- Promouvoir les femmes à des postes de
responsabilité dans les organes de gestion.
3-2-18. Mobilisation des ressources :
C'est la capacité dont dispose une communauté,
un groupement, une association à pouvoir identifier et mettre en oeuvre
les stratégies les plus efficaces pour assurer la pérennisation,
la durabilité et la promotion d'une activité/action à
partir des ressources qu'elle aurait elle-même
générées.
Pour qu'une organisation paysanne (OP) soutienne ses
activités, il faut bien qu'elle suive un processus tel :
1) L'OP prend conscience d'un problème
réel, d'un défi à relever (le rôle de l'agent
d'appui étant de susciter ou d'aider dans la prise de conscience
à travers les séances de sensibilisation, animation).
2) L'OP identifie et priorise ses
problèmes (le technicien d'appui à ce niveau forme et appui les
membres de l'OP à s'approprier quelques outils simples de diagnostic
participatif tel l'arbre à problème et la matrice des contraintes
et des opportunités).
3) L'OP dégage des solutions possibles
au problème prioritaire et élabore un plan d'action.
4) Les membres de l'OP décident de
s'organiser et d'agir selon les étapes
suivantes :
- La naissance ou l'émergence d'une motivation
collective face à un problème de l'OP
- La mobilisation des membres de l'OP autour des objectifs du
plan d'action
- La mise en place d'un dispositif organisationnel pour
conduire les actions.2(*)9
Annexe : Tableau relatif à la mesure de la
performance :
Sous indicateurs
|
Normes/Unités de mesure
|
Cotisations statutaires
|
Taux de recouvrement des cotisations statuaires
|
Réalisation : Animation, Appui Conseil
|
|
Contributions/interne, externe
|
Nombre, nature des dons et legs internes et externes
|
Réalisation : Animation, Appui, Conseil
|
|
Les A R G
|
Existence de diverses sources
|
Réalisation : Animation, Appui, Conseil
|
Revenus
|
Conception de micro-projet
|
Nombre, nature de projets élaborés
|
Réalisation : Animation, Appui, Conseil
|
Nombre de projets soumis et négociés
Nombre de projets financés
Nombre de projets exécutés;
|
NB : Les stratégies d'application
passent par la conscientisation, la sensibilisation des membres de l'OP sur
l'impossibilité de l'assistanat continu et perpétuel ; par la
formation des membres des OP sur les outils de la soutenabilité. La
conception de micro-proojet, la nécessité partenariale, les AGR
et les payements des cotisations statutaires ; par la valorisation des
ressources humaines, matérielles.
3-2-19. Les types de mobilisation :
1) La mobilisation
organisationnelle :
Les paysans doivent s'organiser et mettre en place une
structure de gestion des activités. Cette institution ainsi
créée doit comporter tous les mécanismes et espace
d'échange pouvant favoriser la communication et l'information des
membres de l'organisation (OP) sur la bonne/mauvaise marche de
l'activité.
2) La Mobilisation institutionnelle :
Il s'agit pour l'OP d'avoir son statut et règlement
intérieur et son récépissé, un minimum de
capacités logistique pour son fonctionnement.
3) La mobilisation comportementale :
Les comportements et les attitudes des membres de l'OP doivent
cadrer avec leurs moyens et rester dans la limite de leur vision. Les membres
de l'organisation doivent dans les actes quotidiens qu'ils posent avoir le
souci permanent de préserver et de promouvoir les acquis.
4) La soutenabilité
financière :
L'OP doit avoir de l'initiative pour pouvoir mobiliser les
ressources financières internes (cotisations statutaires, contributions,
les activités génératrices de revenus).
3(*)0
Les cotisations statutaires :
Il s'agit pour les membres de l'OP de recouvrer
régulièrement le montant exact contenu dans les SRI, les
cotisations annuelles par membre, les frais d'adhésion (carte de membre)
et les ressources découlant des sanctions contenues dans le SRI.
Les Contributions :
Là, il s'agit des dons et legs, des cotisations
occasionnelles provenant des membres des OP.
-Les AGR : Il s'agit pour les OC et les OP d'initier des
activités pouvant constituer des sources de revenus : champs
collectifs, travail collectif rémunérés etc.
Les ressortissants :
L'apport fait aux OP par des ressortissants peut être en
nature ou en numéraire.
- Les partenaires financiers.
Lorsque toutes les possibilités financières
internes et locales sont épuisées et que les moyens du moment ne
suffisent pas pour la réalisation de l'activité, alors l'OP doit
savoir constituer un dossier de micro-projet pour solliciter l'appui des
partenaires.
3-2-20. Conception d'un document de
Microprojets :
Le microprojet est une petite activité initiée
par l'OP et limitée dans le temps dans l'espace, répondant
à un besoin spécifique de celle-ci. Son élaboration doit
être collective depuis l'identification des besoins jusqu'à leur
expression en terme d'objectif à atteindre. Un document de projet doit
comporter les éléments tels :
- Le Titre du Projet
Il s'agit de noter concrètement ce que l'OP veut
faire.
Exemple : l'achat d'intrants pour l'OP de Sibi
- La Date de démarrage et de
définition.
L'OP doit noter dans son document de projet quand est-ce que
le projet commencera et prendra fin.
Exemple : Du 1er janvier 2005 au 31
décembre 2005.
- Cibles bénéficiaires
Il s'agit de noter ici les bénéficiaires directs
du projet.
Exemple : Commission filière coton de l'AOPP.
- Zone d'intervention
Il faut préciser le lieu d'exécution du
projet
Exemple : Village de Sibi.
- Contexte/identification
Comme la solution au problème identifié, notons
enfin les avantages liés à la réalisation du projet tout
en spécifiant l'impact du projet sur les bénéficiaires.
Exemple : L'achat d'intrants (engrais) pour l'OP de Sibi
village situé à quelques Kms de Bamako permettra :
- De rapprocher l'intrant des producteurs cotonniers
- De rehausser le niveau de productivité des champs
- De diminuer le coût de production du coton
- De renforcer la marge bénéficiaire des
producteurs
- De relever le niveau de vie des producteurs et du coup de la
Commune
Le but
Il s'agit de montrer la finalité du projet en
question.
Exemple : La constitution de ce stock d'intrants à
Sibi vise à soulager le maximum de producteurs en effet d'amener les
communautés à prendre en charge leur propre
développement.
· Les objectifs :
Il s'agit de répondre à la question :
Qu'est-ce qu'on veut faire concrètement ?
Exemple : Constituer un stock d'intrants à Sibi
d'ici le 31 décembre 2005
- Mettre en place un comité de gestion, le former en
technique de suivi-gestion des intrants.
· Les activités :
Il faut ici décrire des événements
importants à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs.
Exemple : d'activité
- Faire l'étude de faisabilité/technique.
· Les résultats
attendus :
Il s'agit de dire ce qu'on atteindra concrètement
c'est-à-dire le but.
Exemple de résultats attendus
- Le stock d'engrais constitué d'ici le 31
décembre 2005
- Le comité de gestion mis en place et fonctionnel
· Les indications de
résultats :
Ce sont des critères qui permettent d'évaluer
le projet :
Exemple :
- Nombre de tonnes d'engrais stocké
- Existence d'un comité de gestion fonctionnel
- Nombre de membres de comité de gestion
formés
· Les ressources :
(Humaines - matérielles et financières)
Il s'agit d'évaluer les besoins du projet en terme de
moyen humain matériel et financier. 3(*)2
Exemple : pour la constitution du stock d'engrais
à Sibi.
Les ressources suivantes sont nécessaires :
- Construction d'un magasin
- 7 hommes par jour
- Achat d'engrais
- Transport
Le secteur des micros et petites entreprises (MPE)
agroalimentaires a montré sa capacité à fabriquer des
produits de qualité, liés aux terroirs africains et à
leurs racines culturelles alimentaires.
3-2-21. Négociation partenariale :
Le financement recherché par l'OP de Sibi est
estimé à 15 000 000 Fcfa et fera l'objet d'une négociation
partenariale sur la base de document de projet élaboré qui doit
être précisé et clair.
Pour ce faire l'OP doit maîtriser tout le processus par
lequel elle doit connaître les bailleurs et se faire connaître.
- Connaître le donateur
Un dossier de demande d'aide doit être
rédigé dans le langage du donateur. C'est lui qui a l'argent et
qui décide. Il vous faut donc connaître :
· Son non exact et son adresse
· Son idéologie c'est-à-dire pourquoi
exactement il vous aiderait.
· Les types de projets qu'il finance en
priorité
· Ses critères de sélection de ses
projets
· Le seuil pour ses financements
· Les procédures à suivre
· Ses délais de transfert de fonds après
décision positive
· Son système de suivi et d'évaluation
- Connaître le donataire
De son côté, le financier veut savoir avant tout
s'il peut vous faire confiance. Il recherche donc à connaître
· Qui êtes-vous ?
· Le passé et les espaces de votre groupement
(OP)
· Si le projet que vous soumettez à son
financement est valable. Si l'organisation technique est satisfaisante.
· Si vous avez prévu un plan d'exécution
réaliste des actions que vous voulez entreprendre.
· L'importance de la participation locale de
l'investissement humain et l'apport financier des populations et de
l'organisation.
· Si les opérations que vous voulez mener sont
rentables sur le plan économique, financier ou social et pour cela
qu'est-ce que cela pourra produire si les financements sont donnés.
· Le montant exact qu'on lui demande et la durée
pendant laquelle son appui est nécessaire.
Bref il veut tester votre confiance et vos
compétences
- Schéma de présentation d'un dossier de
demande de financement
Ce dossier doit être élaboré dans le cadre
du schéma suivant
· Présentation de l'OP (association)
· Titre du projet
· Objectifs
· Justification du projet
· Organisation
· Moyens
· Plan opérationnel
· Les coûts (budget)
NB : En sus de la maîtrise des
techniques de négociations, certaines qualités sont
indispensables lorsqu'on est face à un donateur. Il s'agit entre autre
de :
- La maîtrise du dossier à présenter
- La personnalité du ou des membres de l'OP qui vont
défendre le dossier
- La capacité d'écoute et de synthèse
- Savoir convaincre.
3-2-22. La structuration professionnelle :
L'enjeu ressorti de l'atelier national sur la mise en place de
l'interprofession du coton porte sur le rôle des syndicats et de la
future faîtière des coopératives. Il s'agissait de profiter
de l'expérience sénégalaise pour comprendre :
a. Pourquoi mettre en place une
faîtière de coopératives et comment la structurer ?
- pour assurer une bonne circulation de l'information et une
bonne représentation de la base
Ø au niveau de l'interprofession
Ø dans les conseils d'administration des
sociétés cotonnières
- pour dégager des ressources financières
suffisantes au bon fonctionnement de la faîtière et pour permettre
l'entrée des producteurs au capital des sociétés
cotonnières
b. Quel est l'intérêt des
coopératives par rapport aux organisations existantes (AV, APC)?
- en terme juridique
- en terme économique
en terme de démocratie interne3(*)3
- En réalité les groupements de producteurs de
coton ne sont pas des structures coopératives. Les structures ayant
existé dans la zone cotonnière étaient les Associations de
Base de Producteurs (ABP) auxquelles tout producteur pouvait adhérer.
Les ABP de la zone cotonnière ont connu une responsabilisation
progressive en passant du niveau I au niveau II grâce à une
politique d'alphabétisation et de post-alphabétisation mis en
oeuvre par la SODEFITEX (société de développement de la
filière textile).
Dans le cadre du transfert de la gestion du crédit
intrants aux producteurs, des problèmes sont intervenus face auxquels il
était devenu nécessaire de mettre sur pied une
représentation professionnelle crédible pouvant être
l'interlocutrice de la SODEFITEX et des autres acteurs
intéressés par le développement du coton au
Sénégal. Ainsi le processus d'organisation et de
professionnalisation des producteurs a abouti en 1998, à la mise en
place des structures de la Fédération Nationale des Producteurs
de Coton (FNPC) dont l'adhésion est strictement réservée
aux producteurs de coton.
Les producteurs ont été interrogés
pendant les phases d'une étude commanditée par la SODEFITEX avec
l'appui financier de l'AFD, sur les modalités de création et de
fonctionnement d'une telle organisation. L'atelier national de validation a
regroupé 400 producteurs représentant l'ensemble des zones de
production cotonnière.
3-2-23. Schéma organisationnel de la FNPC et
rôle de chaque niveau :
§ GPC (Groupement de Producteurs de Coton) au niveau
village : c'est la structure de base de l'organisation dont les membres
sont les producteurs individuels. Il est dirigé par un bureau
composé d'un président, d'un secrétaire, d'un
trésorier et d'un délégué tous élus
démocratiquement, à bulletin secret. Cette équipe est
complétée par deux techniciens villageois non élus,
choisis de façon consensuelle parmi les membres
alphabétisés du GPC : le Relais Technique de Production
Cotonnière et le gestionnaire. Le premier est chargé de la
vulgarisation de l'itinéraire technique du coton au niveau de son
GPC ; le deuxième s'occupe de la gestion du crédit du GPC.
Il joue tous les deux un rôle important dans la commercialisation du
coton graine.
§ Délégation de zone au niveau du
centre : les délégués élus des GPC se
rencontrent au niveau du centre pour élire démocratiquement deux
délégués ayant pour rôles de faire circuler
l'information du sommet à la base et de la base au sommet. Rappelons ici
que chaque centre d'encadrement est divisé en deux zones, et chacun des
délégués de centre élus répond au nom d'une
zone.
§ Union au niveau du secteur : Au niveau de chaque
secteur d'encadrement, es délégations des centres composent
l'union du secteur. Les délégués des centres se retrouvent
pour élire les membres du bureau de l'union qui est composé d'un
président, d'un vice- président, d'un trésorier et d'un
secrétaire. Le Président de l'union est automatiquement membre du
conseil d'administration de la FNPC
§ La Fédération est présidée
par un Conseil d'Administration composée de 16 présidents
d'union. Le CA est dirigé par un comité exécutif
composé d'un président, d'un 1er vice-président
qui est en même temps le trésorier et un second
vice-président. Un comité technique de trois membres existant en
son sein interpelle la fédération sur tous les problèmes
techniques.
3-2-24. La circulation de l'information au sein de
la FNPC :
Pour être opérationnels les différents
niveaux du schéma organisationnel de la FNPC correspondent au
schéma administratif de la SODEFITEX qui joue un rôle important
dans son fonctionnement. Au niveau du comité de gestion de chaque GPC,
le délégué élus est son correspondant à la
délégation du centre (un centre regroupe plusieurs GPC) où
il participe à l'élection du délégué de
centre pour lequel il peut postuler. Les délégués
élus au niveau des centres se retrouvent au niveau des secteurs pour
élire le bureau de l'union dont le président est d'office membre
du conseil d'Administration de la fédération.
Les délégués de chaque zone ont pour
rôle de faire circuler les informations de l'union vers les GPC et
vice-versa. Chaque délégué de zone a été
doté d'un vélo et chaque président d'union d'une moto pour
une meilleure circulation de l'information. Des émissions radio en
direct sont réalisées au cours desquelles le Président de
la FNPC ou la SODEFITEX sont interpellés par les producteurs sur
certaines questions.
3-2-25. Mobilisation des ressources financières
nécessaires au bon fonctionnement de la faîtière et
pour la participation au capital des sociétés
cotonnières :
En vue de son fonctionnement et de sa participation au capital
de la société cotonnière, la FNPC a fixé une
cotisation annuelle de 1500 F/membre/an individuel repartie comme
suit :
§ 200 F pour la carte de membre
§ 300 F pour le fonctionnement de l'organisation
§ 1000 F pour participer au capital
Après la première année cette cotisation
est de 1300F/an pendant 4 ans période après laquelle la carte de
membre doit être renouvelée.
3-2-26. Système de suivi de la gestion de
l'OP et informations sur les résultats économiques aux
membres :
Dans certaines OP il existe des commissaires aux comptes mais
dans d'autres non ; dans tous les cas, chaque membre du GPC a
accès au compte bancaire pour des besoins de contrôle ;
l'agent de la SODEFITEX fait aussi le suivi de la gestion de l'OP.
L'Assemblée Générale qui se réunit
généralement pour des prises de décisions a lieu le plus
souvent pour le recensement des besoins en vue de l'élaboration du plan
de campagne, faire la situation du crédit et pour faire le bilan de
campagne. Elle est aussi l'occasion de donner les informations sur les
résultats économiques de l'exercice aux membres.3(*)4
3-2-27. Les services rendus aux membres par les GPC et
leurs revenus :
Les GPC garantissent l'accès de chaque producteur de
coton au crédit de campagne, de moyen terme ou de long terme. Le relais
technique villageois est formé pour donner le conseil agricole de
proximité aux producteurs. Le GPC s'occupe de la commercialisation
primaire du coton et fait le recensement des besoins des producteurs.
Le revenu du GPC provient du surplus après les
pesées au pont bascule. Certains GPC mènent des activités
génératrices de revenu (achat et location de boeufs de labour
...).
3-2-28. Commercialisation
· La totalité des groupes estime que
connaître une bonne manière de vendre ou d'acheter a un impact sur
le revenu des producteurs.
· La totalité des groupes estime ne pas avoir
suffisamment d'informations pour préparer et exécuter une
campagne de commercialisation.
· Les prix sur les marchés sont connus par la
radio et les forains.
· L'utilisation des mercuriales est courante et permet de
connaître les prix de vente en fonction des marchés et donc de
décider du moment de la vente. La connaissance du prix sur le
marché de proximité permet d'abord de savoir quelle
quantité ont doit vendre pour obtenir la somme dont on a besoin.
· L'OMA est connu de l'ensemble des groupes à
travers ses émissions radio sur les prix des céréales et
des produits maraîchers. Les émissions radio sont jugées
bonnes, le canal de diffusion adapté (mais pas assez de stations radio).
Le bulletin est peu connu. Les producteurs qui l'ont vu estiment qu'il devrait
être traduit en langue locale.
3-2-29. Les insuffisances du code foncier actuel au
Mali :
A) Constats :
- Les textes de lois sur le foncier et les ressources
demeurent fortement méconnus de la majorité des acteurs ruraux.
Sur un ensemble de 200 participants à raison d'environ 50 par
région, seulement 2 % ont pris connaissance du Code domaniale et foncier
de 1986, 3% ont lu le code foncier actuel et 5 % ont lu la charte pastorale de
2001.
- Dans la plus part des cas, ceux qui ont affirmé
connaître ces textes sont des représentants des structures
techniques conviés audits ateliers : DRAER, DRAMR, DRCN, ONG,
conseil de cercle, bureau d'étude locaux, direction des domaines de
l'Etat, parquet.
- La présence de ces personnes ressources à
côté des acteurs ruraux, a imprimé une forte dimension
d'échange à ces ateliers qui sont devenus du coup de
véritables espaces « du donner et recevoir »
d'où chacun est ressorti avec le sentiment d'avoir acquis de quoi
alimenter les échanges au niveau des membres de base de son institution.
Des acteurs ruraux ont pris connaissance de l'existence des certaines loi sur
le foncier dont ils n'avaient jamais entendu parler auparavant. A titre
d'illustration, les textes de lois cités lors des ateliers, en
réponse à la sous question qui invitai les participants à
lister les lois qu'ils connaissaient sur le foncier et la gestion des
ressources naturelles, avaient valeur de révélation pour bien des
acteurs ruraux : Ordonnance N° 00/027 du 27 mars 2000 portant
CF ;
- Loi N° 95 - 032 du 20 mars 1995 fixant les conditions
de gestion de la pêche et de la pisciculture.
- Loi N° 95 - 031 du 20 mars 1995 fixant les conditions
de gestion de la faune et de son habitat.
- Loi N° 96 - 050 du 16 octobre 1996 portant principe de
constitution et de gestion des collectivités territoriales.
- Les décrets 040 ; 108 ; 111 ;
112 ; 113 ; 114 et 115 du 06 mai 2002 relatifs à
certains articles du CDF.
- Code minier, Code de l'eau, code forestier.
B) Usage des textes :
1,5 % seulement des participants ont avoué avoir
recours au code foncier ou à la charte pastorale pour régler un
problème concret.
Ce score nous semble d'autant plus indicatif et
compréhensible que ces textes demeurent méconnus.
C) Critiques des textes de loi sur le
foncier :
Malgré la méconnaissance des textes, des
critiques suivantes sont formulées :
A Koulikoro le principal reproche formulé, concerne la
gestion des conflits fonciers par la justice et les textes de loi en tant que
tels. Au cours des procès fonciers, on déplore le fait que
« les assesseurs désignés n'aient pas une
maîtrise suffisante des droits coutumiers pour mieux éclairer la
cour ». Ceci pose un problème de choix de Ces auxiliaires de
justice et constitue une lacune à combler. 3(*)5
3-3. Propositions paysannes pour une gestion pacifique
et durable
des ressources
foncières au Mali :
3-3-1. Sortir le foncier
rural de l'informel : Statut de l'exploitation familiale et
formalisation des actes fonciers :
De l'avis des organisations de producteurs, pour contribuer
fortement et durablement à la pacification de la gestion du foncier
rural, il faut à tout prix faire « sortir le foncier de
l'informel » et lui accorder ainsi qu'à l'exploitation
agricole familiale un véritable statut :
· N'est-ce pas surprenant, alors que la structure
économique et sociale de base de la société malienne est
l'exploitation familiale3(*), que cette entité ne bénéficie
d'aucune reconnaissance légale ? Remédier à cette
situation, permettrait parallèlement de s'attaquer aux problèmes
fonciers : l'État doit impérativement et urgemment doter
l'exploitation familiale d'un statut juridique sur lequel pourra reposer un
système d'enregistrement des exploitations familiales et de
leurs propriétés foncières, ainsi que des règles
équitables et viables de gestion du foncier. Le terroir sur lequel sont
enracinées ces exploitations familiales doit lui aussi être
reconnu et protégé.
· Par ailleurs, alors que la ressource foncière se
raréfie et que la compétition foncière s'accentue, les
transactions foncières entre agriculteurs demeurent informelles. Elles
sont de ce fait l'objet de renégociations, de manipulations, qui
conduisent à de nombreux conflits quelquefois meurtriers. Pour
éviter ce type de conflits, l'État se doit de mettre à la
disposition des agriculteurs des outils simples de formalisation des
transactions foncières permettant de sécuriser leur accès
au foncier. Pour résoudre les conflits existants, il doit
également favoriser la formalisation des procédures locales de
conciliation. 3(*)6
3-3-2. Statut de l'exploitation familiale et
sécurisation foncière :
Au Mali, la gestion du foncier rural demeure fortement
influencée par les règles coutumières, pour lesquelles la
terre constitue un patrimoine communautaire : la "propriété"
du foncier est généralement du ressort du collectif familial et
quelquefois du collectif villageois. Dans de nombreuses zones, les terroirs
sont saturés et les terres agricoles sont totalement appropriées
en tant que patrimoines fonciers familiaux. L'exploitation familiale constitue
le niveau le plus fréquent de gestion de la ressource foncière
(du patrimoine foncier familial), c'est pourquoi les OP demandent à
l'État de doter l'exploitation familiale d'un statut juridique.
Associé à une politique foncière adéquate, ce
statut permettra d'attacher à un collectif familial un patrimoine
foncier et des règles de gestion précises de ce patrimoine.
Il permettra de s'attaquer progressivement à
tout un ensemble de problèmes fonciers que rencontrent aujourd'hui les
ruraux : afin d'éviter la multiplication des conflits de
délimitation, les limites des patrimoines fonciers de chaque
exploitation familiale pourront être très progressivement
clarifiées et matérialisées, ainsi que les droits qui
y sont attachés ; afin d'éviter le morcellement des
patrimoines au-delà du seuil de rentabilité pour les
exploitants, les règles d'héritage du foncier pourront
être clarifiées, en intégrant la question de
viabilité économique de l'exploitation ; afin
d'éviter les ventes ou les dons abusifs réalisés sans
l'accord du collectif familial, des règles d'aliénation des
patrimoines fonciers seront définies ; afin d'éviter les
spoliations, les conditions d'expropriation pour cause d'intérêt
public seront révisées ; pour éviter la
spéculation foncière, les conditions de taxation pourront
être examinées.
Puisque ces exploitations familiales sont établies sur
un terroir, sa reconnaissance et sa protection sont une
nécessité. Cette étape est une occasion pour l'État
de s'impliquer dans la résolution des nombreux (et souvent violents)
conflits inter villageois et de prévenir l'apparition de conflits
similaires à l'avenir. Les limites précises du terroir seront
progressivement déterminées et ses frontières seront
matérialisées.
Cette démarche repose sur des mécanismes
d'enregistrement qu'il faudra construire. Une « carte
d'identité » de l'exploitation familiale et un cadastre du
terroir sur lequel sera enregistré l'ensemble des patrimoines fonciers
devront être établis. Les modalités de tenue d'un tel
cadastre doivent être étudiées de manière
approfondie. Il devra être évolutif car les transactions
foncières sont nécessaires pour permettre le maintien et
l'agrandissement de l'exploitation familiale et lutter contre le
morcellement ; il devra également être conçu pour
être le plus simple et le moins coûteux possible, afin de s'adapter
à la faiblesse des ressources humaines et financières locales.
3-3-3. Formalisation des transactions foncières et
des procédures locales de conciliation :
La nature des transactions foncières (don ou
prêt) et les droits qui y sont attachés sont souvent flous et de
ce fait, fréquemment objets de conflits. Il arrive par exemple que des
familles, exploitant des terrains depuis plusieurs décennies, soient
sommées de déguerpir. Du fait du caractère informel et
imprécis des transactions et des règles coutumières, il
est difficile d'arbitrer ce type de conflits : Exploitent-ils un terrain
donné ou prêté ? S'il y a eu don, le donateur avait-il
l'accord des ayants droits pour le donner ? Le terrain
« donné » peut-il être hérité
par la génération suivante ou revient-il à la famille
du donateur ? Peut-il être vendu à un tiers ? S'il y a
eu prêt, peut-on mettre en location une parcelle de ce terrain ? Etc.
3(*)7
Pour éviter que de telles situations se multiplient
à l'avenir, l'administration devrait aider à la formalisation de
ces transactions foncières : des attestations certifiées
devraient être délivrées, en s'assurant que la nature
exacte des droits transmis et leur temporalité y serait clairement
indiquée et que l'ensemble des ayants droits soit informé et en
accord avec la transaction.
Un autre problème que rencontre l'exploitation
familiale est la vente abusive du capital foncier familial ou villageois par
certains gestionnaires familiaux ou chefs de village peu scrupuleux. Il s'agit
quelquefois de ventes au sein de la communauté rurale, qui sont conclues
sans que l'ensemble des ayants droits n'ait été consulté.
Mais très fréquemment, ces manipulations sont liées
à l'irruption de hauts fonctionnaires, riches citadins, hommes
politiques et notables ou d'opérateurs de l'agro business dans le
marché foncier des localités situées à la
périphérie des grandes villes ou dans les zones
aménagées : ces derniers disposent de moyens financiers sans
commune mesure avec ceux des locaux et profitent de ce pouvoir pour corrompre
des chefs d'exploitations ou de village en difficulté.
Pour y remédier, plusieurs mesures devraient être
prises :
- La formalisation des ventes, qui ne doivent
être autorisées qu'à travers la signature de certificats de
vente pour lesquels il sera nécessaire de consulter l'ensemble des
ayants droits (y compris les femmes qui sont fréquemment
marginalisées) ;
- Le renforcement de la
décentralisation, en autorisant les communes à se doter
de restrictions si le niveau de saturation de la ressource foncière le
requiert. Celles-ci devraient pouvoir limiter le marché des droits
d'usage à la communauté rurale si nécessaire : seul
le marché des titres fonciers, assorti de taxes foncières pour
éviter la spéculation, ou la délivrance de baux de longue
durée, incluant des modalités claires de redistribution des
bénéfices, serait ouvert à tous. Pour toute
délivrance de titre ou de bail de longue durée, un système
de préemption devrait permettre aux membres de la communauté
rurale de bénéficier de la priorité. Là où
les ressources foncières sont abondantes, les communes devraient au
contraire pouvoir soutenir les migrants qui voudraient s'y installer.
Pour faciliter le règlement définitif des
multiples conflits liés aux transactions foncières, aux
règles d'héritage, aux questions de délimitation des
terrains ou de terroirs, l'État devrait également soutenir la
formalisation des procédures de conciliation locale. Etant
donné la lenteur des procédures judiciaires et leur manque
d'équité, l'État devrait donner la
priorité à la conciliation locale, en lui donnant une
reconnaissance juridique : les acteurs en conflit devraient pouvoir
rédiger des Procès Verbaux de conciliation et les faire certifier
par les instances communales ; ces PV devraient être soigneusement
enregistrés et archivés par une instance
précisément identifiée. Ainsi, les fréquents
rebondissements de conflits liés à des procédures de
conciliation informelles et imprécises seraient évités.
3(*)8
Pour que la mise en oeuvre de ces orientations soit possible,
l'État doit définir en concertation avec les collectivités
territoriales et les autres acteurs ruraux les institutions, les principes, les
procédures et les ressources financières affectées
à la gestion du foncier. Pour les organisations de producteurs, il est
clair que cette gestion doit s'appuyer en premier lieu sur le niveau local.
Mais le rôle de l'État est non moins important : il doit
endosser le rôle d'arbitre, garant des droits et devoirs de chacun
à chaque niveau.
3-3-4 «Gérer les
ressources foncières au niveau local » :
Décentralisation, concertations et réglementations locales
Les modes extensifs de production auxquels obéissent la
plupart des systèmes d'agriculture et d'élevage au Mali exigent
l'occupation de vastes espaces et conduisent à l'épuisement des
réserves de terres agricoles, au rétrécissement des aires
de pâturage, à l'exploitation d'espaces anciennement
réservés aux pêcheurs. La croissance démographique
aidant, la compétition entre utilisateurs des ressources naturelles
s'amplifie et s'envenime : on déplore quotidiennement des conflits
d'usage liés à la divagation d'animaux dans des zones de culture,
à la mise en culture d'espaces de pâturage et de couloirs
d'accès aux points d'eau et aux pâturages, à l'occupation
de sites de pêche par des cultures ou des troupeaux, etc.
De plus, les coutumes qui réglementaient l'exploitation
des ressources naturelles sont de moins en moins respectées. Concernant
l'activité de cueillette et de pêche par exemple, ces
réglementations traditionnelles permettaient et permettent encore dans
certains terroirs : d'éviter le gaspillage des ressources en
interdisant leur exploitation précoce (date d'ouverture de la cueillette
et de la pêche) ; d'éviter l'exclusion en autorisant toute la
population villageoise à les pratiquer ; de renforcer les liens de
proximité par l'invitation des villages voisins ; etc. Avec
l'affaiblissement progressif de ces réglementations locales, qui se
traduit par la corruption de certains gestionnaires traditionnels et
l'incivisme grandissant des populations, l'adoption de comportements
préjudiciables aux intérêts communautaires se
répand : cueillette précoce, surexploitation de massifs
forestiers, pêche clandestine et utilisation d'engins de pêche non
conventionnels, multiplication de la location de points d'eau à des
pêcheurs itinérants par des gestionnaires traditionnels de l'eau,
violation des réglementations locales des bourgoutières par des
Dioros, etc. Cette situation est à l'origine de nombreux conflits.
3(*)9
Afin de renverser cette tendance et de favoriser le retour
vers une gestion pacifique et durable des ressources naturelles, les
organisations paysannes pensent qu'il faut promouvoir une gestion locale
concertée de la ressource foncière : renforcer les
réglementations locales positives qui existent encore, soutenir les
démarches volontaristes et participatives d'aménagement de
l'espace, renforcer le rôle des institutions décentralisées
dans la gestion foncière.
Lorsqu'elles existent encore, les réglementations
locales positives de gestion des ressources naturelles doivent être
renforcées (conservation des réserves
forestières ; fixation des dates d'ouverture de la pêche, de
la cueillette, de la chasse, d'entrée et de sortie des
bourgoutières ; etc.) en s'appuyant sur les autorités
traditionnelles impliquées dans la gestion des ressources
naturelles (tels que les Alamodiou, cercle de Bankass ; les
Ogokanas, cercle de Koro ; les chefs traditionnels, région de
Sikasso), mais aussi en responsabilisant les leaders locaux et les associations
de la base (responsabilisation effective des organisations de pêcheurs
dans le contrôle de la conformité des engins de pêche par
exemple).
Lorsque ces règles n'existent pas ou plus ou ne sont
plus adaptées, il faut alors travailler à les (re)définir.
Afin de favoriser la conciliation des usages sur le terroir, les
démarches d'élaboration concertée de plans
d'aménagement de l'espace devraient être soutenues ou
initiées par les pouvoirs publics. Ces démarches devront
reposer sur la consultation des populations qui seront invitées à
réfléchir aux modes d'exploitations des ressources, aux espaces
alloués aux différentes activités d'exploitation, aux
règles qui s'appliquent sur ces différents espaces et notamment
aux régulations à instaurer (priorité à la
communauté rurale si besoin). Pour être efficaces, elles
mobiliseront également les services techniques, les acteurs
traditionnels et les acteurs organisés (notamment les organisations
d'agriculteurs, d'éleveurs, de pêcheurs, de chasseurs, les ONG).
Dans ces processus de concertation, une attention particulière devra
être portée aux questions d'accès aux ressources des
populations « marginalisées » : les femmes en
particulier, mais aussi les jeunes, sont souvent défavorisées
pour l'accès à la ressource foncière.
Comme dit précédemment, pour favoriser le retour
à une gestion locale des ressources foncières, l'État doit
clarifier en concertation avec les collectivités territoriales et les
autres acteurs ruraux les institutions, les principes, les procédures et
les ressources financières affectées à la gestion du
foncier. Les collectivités territoriales doivent être au centre de
ce dispositif. Elles doivent disposer de la capacité d'édicter
des règles et d'établir des sanctions. Mais des articulations
avec le « village » et la « communauté
rurale » doivent être définies. Des dispositifs
consultatifs ou d'appui à la commune à un niveau plus local
pourraient être mis en place. La commune ne doit pas définir seule
les règles mais en concertation avec le « local ».
Ces règles devraient être validées également
à une échelle supérieure car l'État doit toujours
être présent afin de garantir l'équitable traitement de
l'ensemble des citoyens sur le territoire national.
3-3-5.
« l'élaboration concertée de la politique
Foncière » : Une première relecture des
législations foncières en vigueur :
En l'état actuel des choses, bien que ces textes ne
soient pas toujours appliqués, les organisations paysannes ont
effectué une première relecture des textes législatifs
traitant de la question foncière : le Code Domanial et
Foncier, la Charte Pastorale, ainsi que les textes de la
décentralisation. Les cas spécifiques de la zone Office du Niger,
des zones septentrionales, des zones transfrontalières et des zones
d'exploitation des ressources minières sont également l'objet de
propositions. Toutefois, l'intention véritable est d'ouvrir un
débat qui devrait aboutir plus largement à la redéfinition
concertée de la politique foncière du Mali.
3-3-6. Le Code Domanial et Foncier (CDF) :
Au regard des exigences du contexte de décentralisation et
des insuffisances constatées dans le CDF, les propositions suivantes ont
été formulées : 4(*)0
(i) Le transfert de la gestion du foncier et des
ressources naturelles aux collectivités territoriales
décentralisées :
Le transfert de compétence aux collectivités
territoriales est stipulé par les textes de la décentralisation
(loi n° 96 050 et ses articles 22 et 23 entre autres). Bien que les
communes rurales aient été mises en place depuis 1997, ce
transfert n'est pas effectif en 2004. Il s'avère en outre contradictoire
avec le CDF qui désigne l'État comme propriétaire de
toutes les terres non immatriculées du territoire national. Cette
situation conduit au développement de conflits de compétences
entre structures de l'État et collectivités territoriales, comme
constaté par exemple à Bourem en 2000/2001. Les organisations
paysannes soutiennent la décentralisation de la gestion du foncier, qui
va dans le sens d'une gestion plus flexible, plus proche du terrain, prenant
mieux en compte la diversité des règles locales. Pour les OP, le
CDF doit être révisé ou abrogé et les textes de la
décentralisation doivent s'appliquer pleinement. 4(*)1
(ii) La protection des terroirs villageois et des
exploitations familiales contre la spéculation
foncière :
Les articles 13 à 25 du CDF précisent les
conditions de conversion de droits d'usage provisoires en droits réels
de propriété privée, à travers l'obtention d'un
titre de concession rurale. La facilité de la procédure
d'obtention de ce titre conduit à sa prolifération dans maints
terroirs des régions de Koulikoro, Sikasso et Ségou. Ces
ponctions, qui rétrécissent les réserves de terres
agricoles, n'ont pratiquement pas de retombées économiques :
les attributaires ont généralement des visées
spéculatives et il est rare qu'ils exploitent leurs concessions. Ces
articles du CDF représentent donc une menace sérieuse pour la
sécurité foncière des ruraux et pour le
développement des zones rurales. Les OP demandent une révision de
cette législation afin de protéger les terroirs et les
exploitations familiales de la spéculation foncière. Les
procédures d'obtention de la concession doivent être revues :
il faudrait prendre en compte la détention de droits
« coutumiers » et l'accord des ayants droits ;
préciser les procédures d'obtention de la terre de la part des
détenteurs coutumiers et formaliser ces transactions. Des mesures
doivent être prises pour que les concessionnaires déjà
installés soient incités à exploiter ou à permettre
l'exploitation de leurs terrains. Pour réduire la spéculation, le
meilleur moyen est de toute évidence la mise en place d'un impôt
foncier local adapté aux différents droits sur la terre (droits
d'usage coutumiers, concession...). Plus le droit est sécurisé
par l'État, plus la contrepartie, c'est-à-dire l'impôt, est
élevée.
(iii) L'examen des droits coutumiers au regard de
critères d'équité :
L'imprécision du Code Domanial et Foncier par rapport
aux droits coutumiers prête à confusion. Le CDF stipule dans son
article 43 que « Les droits coutumiers exercés collectivement
ou individuellement sur les terres non immatriculées sont
confirmés ». De quels droits s'agit-il ? Comment
interpréter une telle législation dans un contexte dominé
par la diversité des droits coutumiers dont certains se
caractérisent par leur iniquité manifeste ? Faut-il
confirmer des droits de propriété acquis à la suite de
spoliations foncières opérées par les colonisateurs
d'antan au profit de leurs alliés et au détriment de
communautés entières ? Faut-il aussi confirmer des droits de
propriétés acquis par suite d'une mauvaise interprétation
du statut de gestionnaire traditionnel de terres communautaires dont
certains chefs profitent pour brader des portions de terres collectives, louer
des plans d'eau à des opérateurs allochtones, etc., au
détriment du reste de leur communauté ? Certains droits
« dits » coutumiers ont été
dévoyés et ne garantissent plus un traitement équitable
des membres de la communauté villageoise. 4(*)2
Les droits coutumiers doivent être l'objet d'un examen
critique au regard de critères d'équité, à l'issue
duquel pourra être décidée leur confirmation ou leur
révision. Ceci s'avère d'autant plus urgent dans les
régions du Nord (zones de Gao, Tombouctou) où le processus de
développement de bien de localités est bloqué à
cause d'inextricables problèmes fonciers, rendant impossible
l'exploitation de milliers d'hectares ayant bénéficié
d'investissements de plusieurs millions de Fcfa, ainsi que l'aménagement
de multiples autres zones à fortes potentialités agricoles.
L'État doit cesser d'ignorer ces problèmes et agir malgré
les susceptibilités locales.
3-3-7. La Charte pastorale :
Les OP ont plusieurs propositions à formuler concernant
la Charte pastorale. Leur première demande porte sur la promulgation
rapide de ses décrets d'application, qui sont attendus depuis son
adoption en 2001. Certains articles devraient en outre être
révisés :
(i) La gestion des
bourgoutières : Les articles s'y
référant (art. 33, 38, 39 et 40) prêtent à
confusion car la définition précise des termes
« communautaire et privé » n'est pas donnée.
Pour les bourgoutières privées, s'agit-il de bourgoutières
régénérées faisant l'objet d'un titre formel de
propriété, ou de bourgoutières où les Dioros ont
des droits d'usage quasi exclusifs ?
(ii) L'accès aux espaces pastoraux non
domaniaux : l'art. 42 de la Charte qui ordonne
l'ouverture des champs récoltés au profit des pasteurs n'est pas
réaliste. En effet, dans la pratique, les résidus de
récolte sont la propriété de l'exploitant qui peut en
disposer comme bon lui semble. Il aurait été plus
intéressant que la Charte renforce ici le principe habituel de la
négociation entre usagers (à travers par exemple les
contrats de fumure habituellement négociés entre agriculteurs et
pasteurs) dans le sens des orientations évoquées dans le
plaidoyer.
(iii) La gestion des
conflits : en matière de
prévention et de gestion des conflits, des ambiguïtés
existent entre les art. 71 à 76 de la Charte et les articles 45, 48, 52
et 72 de la loi 95-034 du code des collectivités territoriales. En effet
selon ce code, le maire est officier de police judiciaire (art.52). Ses
attributions sont, entre autres, la publication et l'exécution des lois
et règlements (art.45), la prévention ou la réparation des
dommages en cas de divagation des animaux (art. 48). En outre les conseillers
de village, de fraction et de quartier doivent obligatoirement être
consultés en ce qui concerne les litiges domaniaux et fonciers (art.72).
Au contraire, la Charte dévolue la gestion des conflits aux
« comités de gestion des conflits » que les
collectivités territoriales devront mettre en place. La coexistence de
ces différents niveaux de gestion peut conduire à des conflits de
compétence et aboutir à un imbroglio juridique sans issue.
3-3-8. Le cas spécifique de l'office du
Niger :
Dans l'euphorie de la nouvelle politique continentale du
NEPAD, l'État ouvre de plus en plus le marché foncier aux gros
investisseurs nationaux ou étrangers. La mise de l'Office du Niger dans
le panier du NEPAD, permet désormais à ces opérateurs
d'accéder à des milliers d'hectares sécurisés par
l'État, comme c'est le cas, entre autres, de la COVEC, une compagnie
chinoise qui bénéficie d'un bail emphytéotique sur une
superficie de 1000 ha ! La COVEC a aménagé les terres
pour faire une ferme expérimentale mécanisée avec la
volonté d'aménager plus tard 10 000 Ha. Mais en fait,
elle est incapable de les cultiver et elle sous-loue ses terrains à des
paysans. Non seulement c'est interdit, mais c'est injuste car les paysans
payent plus cher que si l'Office leur louait directement ces terres. L'exemple
est instructif pour l'État quant au modèle d'agriculture
à promouvoir : la mécanisation avec l'agro business n'est pas la
solution !
Pendant ce temps, l'Office ne garantit pas la
sécurité foncière des milliers d'exploitants familiaux qui
exploitent ces terres depuis des décennies. Quelle que soit la
durée d'établissement d'un exploitant sur les terres de l'Office,
il peut en être évincé totalement pour non paiement de la
totalité de la « redevance eau ». La situation de
cette campagne est l'illustration criarde de cette injustice que toutes les
organisations de producteurs dénoncent solidairement avec le SEX.AG.ON.
Cette menace permanente d'éviction, en plus d'être injuste,
représente un facteur de démotivation évidente des
producteurs : elle bloque l'investissement et empêche la modernisation de
l'exploitation familiale.
Cette situation contre productive doit cesser !
L'État doit cesser de soutenir de gros opérateurs privés
qui vont épuiser les ressources sans créer suffisamment de
richesses et d'emplois pour développer le monde rural. L'État
doit investir dans la modernisation de l'exploitation familiale. Pour cela, il
doit immédiatement engager une révision du décret de
gérance des terres. Il doit établir la transparence dans les
attributions de terrains. Pour répondre aux nombreuses demandes
d'attribution, des aménagements complémentaires de terres
irriguées devraient être réalisés à
destination des exploitants familiaux.
3-4. Le projet de sécurité alimentaire
de l'AOPP4(*)3.
3-4-1. Caractéristiques de l'agriculture familiale
et paysanne :
Centrée sur les exploitations familiales, l'agriculture
familiale et paysanne est le type d'agriculture concernant plus 99% de la
paysannerie malienne sur laquelle repose plus de 75% de l'économie
malienne. L'exploitation familiale est l'unité de production qui emploie
toute une famille sous l'autorité d'un chef de famille qui a le
devoir d'assurer le bien être de chaque membre de la famille. Pour
l'AOPP, l'agriculture de notre pays renferme beaucoup d'autres choses que
l'aspect économique et donc en voulant transformer cette agriculture
sans prendre en compte les autres aspects, on crée des problèmes
sociaux très graves.
Elle est caractérisée par trois dimensions
indissociables qui font d'elle une entité précieuse pour notre
pays (par son caractère créateur d'emplois, de richesses et de
liens sociaux). Il est par conséquent vital de la sauvegarder avec
toutes les énergies dans un monde qui change brutalement et contre les
intérêts des plus vulnérables.
Les trois dimensions en question sont : la dimension
productive ; la dimension sociale et territoriale ; et la dimension
humaine.
3-4-1-1. La dimension productive :
De l'accession de notre pays à l'indépendance
à nos jours, l'agriculture a toujours été à la
hauteur du rôle que les grands programmes de développement lui ont
confié. Elle s'est adaptée à toutes les techniques
culturales dictées par les vulgarisateurs. En prenant comme exemple le
cas de l'Office du Niger, on est passé d'une tonne et demi à six
tonnes à l'hectare dans les exploitations familiales rien qu'avec
l'introduction de nouvelles techniques et des semences
améliorées ; donc c'est dire que l'agriculture familiale est
en mesure d'assurer l'autosuffisance alimentaire de ce pays si elle est
soutenue.
Face aux aléas climatiques, et aux besoins alimentaires
et financiers, la diversification est une pratique qui n'est plus à
enseigner. La jachère, le respect de certains arbres durant le
défrichement et les outils de travail font que l'agriculture familiale
est respectueuse de l'environnement géographique.
3-4-1-2. La dimension sociale et
territoriale :
Le fait que l'exploitation familiale repose sur la main
d'oeuvre familiale, tous les jeunes en âge de produire y sont directement
insérés. C'est le 1er secteur de l'offre de l'emploi
au Mali ; tous les jeunes ruraux ont un emploi ! La grande question
qui se pose aujourd'hui est l'inexistence de certains services de base en
milieu rural qui pourraient inciter les jeunes à demeurer dans leur
terroir (eau potable, électricité, téléphone,
télévision, loisirs divers).
En milieu rural des activités annexes à
l'agriculture sont développées pour soutenir le revenu
agricole : artisanat, petit commerce. L'agriculteur est aussi un
éleveur, souvent pêcheur et vis vers ça.
3-4-1-3. La dimension humaine :4(*)4
Tout actif agricole appartient à la cellule
familiale : tous pour la famille, et la famille pour chacun. Chacun a
droit à une retraite en fonction de la disponibilité de la main
d'oeuvre. En cas d'invalidité, c'est la famille qui détient
l'assurance. On est jamais chef d'exploitation, parce qu'on maîtrise
mieux l'activité, c'est par l'ancienneté et chacun respecte son
aîné pour être en retour, respecté de ses cadets.
3-4-2. Les atouts et contraintes :
La défense de ce type d'agriculture exige de mieux
connaître tous ses contours. Elle présente des atouts, mais les
contraintes sont aussi énormes.
A/ Les atouts :
Les atouts dont dispose l'agriculture familiale et paysanne
sont, sur tous les plans, favorables à son essor ; ainsi :
Même en l'absence des résultats de la recherche,
les paysans maliens ont toujours su innover par de nouvelles pratiques pour
s'adapter au contexte environnemental et même social ;
Grâce à l'alphabétisation, et à la
formation scolaire, beaucoup de jeunes diplômés ou
néo-alphabètes sont mobilisables en milieu rural ; donc une
ressource humaine riche diverse et formée.
Le Mali, malgré qu'il soit un pays sahélien
dispose d'énormes potentialités en ressources hydrauliques de
surface, de sous-sol, de bas-fonds aménageables, qui peuvent être
mobilisées pour des activités agricoles ;
Il existe dans tous les terroirs du Mali des exemples de
réussites des exploitations familiales et paysannes, grâce
à une grande créativité et à un savoir-faire
millénaire ;
La culture malienne est garante de la protection de la faune
et de la flore dont la cellule familiale est dépositaire : il est
interdit d'abattre certains arbres pendant le défrichement ou certaines
espèces animales pendant la chasse ;
Il existe une cohésion et une solidarité dans le
fonctionnement des familles et des villages ; cet état de fait
naturel fait qu'on ne doit pas dissocier la fonction sociale et la fonction
économique de notre agriculture au risque de mettre en péril la
stabilité sociale qui fait la gloire de notre pays et dont il a tant
besoin en cette époque de mondialisation
néo-libérale ;
Il existe aujourd'hui dans nos terroirs des structures
organisées, dynamiques, issues de la base et qui se mettent ensemble et
tentent de se faire entendre au niveau national comme c'est le cas de l'AOPP,
sur les attentes réelles des exploitations familiales par rapport
à l'élaboration d'une politique agricole cohérente dans
notre pays. 4(*)5
B/ Contraintes :
Les insuffisances et les problèmes que connaît
l'agriculture familiale et paysanne sont aujourd'hui bien connus des acteurs
que sont les organisations paysannes; ce qui est déjà un grand
pas vers la recherche des solutions si les niveaux de décision politique
développait une réelle capacité d'écoute à
l'endroit des producteurs ruraux.
Les contraintes liées au développement de
l'agriculture familiale et paysanne sont d'ordre social, culturel, naturel et
politique et se résument comme suit :
§ L'influence des aléas climatiques, la
dégradation de l'environnement (érosion, baisse de la
biodiversité)
§ Le faible taux d'alphabétisation en milieu
rural, (17%)
§ La pression démographique galopante (plus de
90% de la population sont concentrées sur
34% du territoire),
§ La sous-exploitation des ressources en eau et des
terres sahéliennes, l§ es actifs agricoles dans l'exploitation
familiale et paysanne ne sont pas les décideurs et n'ont pas très
souvent la possibilité de faire progresser leur initiative ;
§ § Les paysans peu considérés et pas
assez consultés même pour les décisions qui les
concernent ;
§ Faible soutien public aux exploitations
familiales ; la libéralisation de l'économie nationale a
été effectuée au détriment du prix au producteur,
ce qui empêche l'exploitation familiale de réaliser des
bénéfices et d'investir pour l'avenir ;
(100% des OP demandent une formation plus
poussée) ;
§ L'enclavement des zones de production fait le bonheur
des intermédiaires dans la commercialisation des produits ; des
productions abondantes se perdent (mangue, pastèques, tomate etc.) par
manque de circuits fiables de commercialisation et d'unité de
transformation ;
§ Le développement du
néo-libéralisme (accords commerciaux de libres échanges,
dumping des produits agricoles des pays développés sur les
marchés des pays pauvres) fausse les règles saines des
échanges entre nations et conduit aussi à des privatisations peu
réfléchies et inquiétantes pour l'avenir ;§
Ouverture du marché national aux importations alimentaires, ce qui
induit une compétition très inégale avec la production
locale ;
§ § L'accès et la circulation de
l'information sont difficiles en milieu rural ;
§ Difficultés d'accès aux matériels
agricoles et aux intrants ;
§ Le système de crédit rural est
inadapté et son accès est difficile pour les paysans :
les taux d'intérêt sont assez élevés et la
durée de remboursement (trois à quatre ans maximum) pose des
problèmes de surendettement dans les zones où les paysans ont
accès au crédit (zone cotonnière, et Office du
Niger).
§ Abandon de la profession agricole par certains jeunes
ruraux (exode rural)
C/ Les défis :4(*)6
§ Inventaire et mise à disposition des ressources
existantes sur lesquelles on peut s'appuyer,
§ Sensibiliser les actifs agricoles et les chefs de
famille aux vertus du dialogue § Acquérir et transmettre des
savoir-faire nécessaires
§ Favoriser la transmission d'acquis et
d'expériences à travers des visites, expérimentations,
échanges et formations
§ S'appuyer sur des réalisations réussies
déjà effectuées
§ Accompagner les initiatives qui prolongent
l'activité agricole
§ Adapter l'agriculture aux ressources disponibles
/conditions du milieu
§ Connaître les conditions de production,
l'environnement agricole, ses acteurs
§ Être capable de faire connaître les
différentes actions
§ Développer des savoirs être face aux
interlocuteurs des paysans
§ Être capable de toucher tous les publics
paysans
§ Mettre beaucoup l'accent pour les ruraux sur
l'alphabétisation en langues nationales
§ Relever le défi de la maîtrise totale de
l'eau.
§ D) Le génie génétique et
les organismes génétiquement modifies (OGM) :
a/ Définition :
C'est un nouveau phénomène issu des grands
progrès des connaissances sur les techniques d'amélioration des
plantes et des animaux.
Cependant les OGM diffèrent fondamentalement de toutes
les autres pratiques des bios technologies par le fait que leur principe repose
sur l'introduction de transformation majeure non naturelle et parfois contre
nature dans le patrimoine génétique des plantes et des animaux
Bref : une culture génétiquement
modifiée est une plante dans laquelle un gène (ou plusieurs) a
été inséré artificiellement et non par
pollinisation.
Exemple :
On a transféré un gène de poisson dans
une variété de tomate,
Un gène de méduse dans une variété
de pomme de terre,
Des gènes de plantes insecticides dans des plantes
alimentaires comme le coton et maïs. On veut même transférer
des gènes humains chez des porcs afin de pouvoir les abattre et greffer
leurs organes chez des humains malades qui ont besoins de don d'organe. On veut
aussi fabriquer des plantes qui produiront des médicaments et des
vaccins malgré le fait que les techniques ne sont pas encore au point
à ces niveaux.
b/ Quels rôles doivent jouer les pouvoirs
publics dans ce problème ?
· Les peuples doivent voter pour assurer leur
sécurité et protégé leurs
intérêts (malheureusement en Afrique ça ne passe pas
très souvent ainsi.)
· les pouvoirs publics doivent faire front avec leurs
peuples pour refuser d'aller dans un esclavage nouveau
Si demain le Mali devait cultiver des semences
brevetées que nous payerons au prix fort et avec les risques pour notre
santé tout le peuple malien devra savoir que ce n'est pas par une
décision souveraine de notre pays ni à cause de nos
intérêts économiques mais parce que le gouvernement
américain le veut et incite nos responsables politiques à suivre
sa volonté.
C'est la raison pour laquelle les décideurs ont
l'obligation d'être vigilants à tous les niveaux et de voter des
lois responsables qui préservent les intérêts de notre
pays. 4(*)7
Ø Le rôle de l'expert face au citoyen :
ï Catégorie d'acteurs la mieux informée
dans les pays (expertise): porte d'entrée possible mais aussi
barrière possible)
ï Ethique comme principe dans la recherche
ï Devoir d'informer conformément aux engagements
de l'Etat dans les conventions (Informations justes et fiables).
ï Peu d'informations sur les OGM aujourd'hui au Mali
ï Processus d'élaboration du cadre
législatif en cours sans l'implication des populations
concernées.
ï Plusieurs études et précautions avec des
débuts de réponses à certaines préoccupations des
citoyens.
ï Principes de précaution face aux doutes
réels actuels
3-5. Une agriculture équitable :
1°) Droit à la
Sécurité Alimentaire :
a) Définition :
Le droit d'assurer à tous les êtres humains,
à tout moment, un accès physique et économique a une
nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leur
besoin énergétique et leur préférence alimentaire
pour mener une vie saine et active (Déclaration de Rome sur la
sécurité alimentaire, FAO, 1996)
b) Modèle d'agriculture
favorisée :
Le droit à la sécurité alimentaire passe
obligatoirement par le développement et la protection d'une agriculture
nationale durable, visant à répondre aux besoins nutritifs de la
population par l'accessibilité à des produits nationaux
diversifiés et de qualités en quantité suffisante.
c) Moyens pour soutenir ce droit :
Parmi les moyens préconisés pour lutter contre
la faim dans le monde, la mise en place de politiques commerciales nationales
et internationales de sécurité alimentaire primordiale.
Ces politiques permettent aux pays :
- De déterminer le volume de production nationale par
produit agricole nécessaire à la consommation
intérieure.
- D'ouvrir leur marché en fonction des besoins non
comblés par la production nationale, tout en protégeant la
stabilité de leur agriculture4(*)8
2°) Droit à l'Intégralité du
Territoire National :
a) Définition :
Droit d'utiliser de façon optimale et d'occuper
pleinement le territoire d'un pays.
b) Modèle d'Agriculture
favorisée :
Le droit à l'intégralité du territoire
national permet un modèle de développement qui favorise :
- La répartition de la population sur l'ensemble du
territoire
-Le développement et le maintien de milieux
socio-économiques diversifiés et dynamiques.
- Un meilleur partage de l'utilisation des ressources du
milieu parmi la population
Les activités agricoles soutiennent la vie
économique, sociale et culturelle des communautés. Une
agriculture de type familiale, distribuée sur l'ensemble du
territoire.
- Contribue au dynamisme des communautés rurales.
- Freine la concentration des populations dans les grands
centres urbains
- Favorise la cohabitation harmonieuse des agriculteurs avec
la population rurale et urbaine
c) Moyen pour soutenir ce droit :
Pour maintenir une agriculture sur l'ensemble du territoire
les mesures suivantes sont essentielles :
- La valorisation des ressources naturelles par les
communautés.
- Des politiques prenant en compte le développement
local.
3°) Droit à l'Intégrité du
Territoire Agricole :
a) Définition :
Le droit de protéger les ressources du territoire, en
terme de quantité et de qualité, afin d'assurer la
pérennité de la production agricole.
b) Modèle d'Agriculture
favorisée :
Ce droit implique l'adoption par les exploitants de
mesure de protection et de conservation des ressources. Ces mesures touchent
toutes les activités humaines afin de maintenir l'utilisation agricole
et fertilité des sols, assurer la qualité de l'eau, combattre la
désertification, favoriser la diversité et la santé des
écosystèmes
c) Moyen pour soutenir ce droit :
Ce droit peut être soutenu par :
- Le maintien de la ferme familiale dont dépendent les
ressources de la famille qui veillera à la protection et à la
conservation de ces ressources.
- Un prix équitable pour les produits agricoles :
un prix qui couvre le coût de production incluant ceux liés
à la protection des ressources ; 4(*)9
4°) Droit à la protection de l'agriculture
familiale :
a) Définition :
Le droit de protéger des entreprises de dimension
humaine, dont le capital est détenu en majorité par des personnes
ayants un lien de parenté qui réalise l'essentiel du travail, en
assume la gestion et la prise de décision
b) Modèle d'agriculture
favorisée :
Il permet le maintien d'un grand nombre de fermes qui
s'intègrent harmonieusement dans leur milieu et favorisent la
prospérité de l'agriculture, tout en protégeant les
ressources naturelles.
b) Moyen pour soutenir ce droit :
Accès :
- Aux ressources nécessaires à la
production : ressources naturelles, intrants, technologies, capital.
- Aux marchés et à l'information
nécessaire à la détermination des conditions de vente.
- A un cadre législatif qui soutient l'ensemble des
activités liées à une agriculture équitable.
5°) Droit à un Prix Equitable pour les
produits de la ferme :
a) Définition :
Le droit d'obtenir un prix qui couvre le coût de la
production, incluant un revenu équitable pour l'exploitant, les
dépenses liées à la protection de l'environnement et les
investissements nécessaires pour maintenir l'exploitation agricole
dynamique et pleinement fonctionnelle pour les générations
futures.
b) Modèle d'agriculture
favorisée :
Il permet le maintien et le développement de fermes
familiales viables.
Pour soutenir ce droit, seules des mesures permettant
d'établir un meilleur rapport de force entre les divers acteurs de la
chaîne agro-alimentaire peuvent soutenir ce droit. Les systèmes
collectifs de mise en marché sous la responsabilité des
agriculteurs, le « Commerce Equitable » et l'augmentation
de la consommation « Responsable » sont des moyens
efficaces pour soutenir ce droit.
6°) Le droit à la gestion du marché
intérieur :
La gestion du marché intérieur se traduit par
diverses mesures qui favorisent la production et la consommation nationale au
détriment des produits d'importation.
a) Modèle d'agriculture
favorisée :
Il est une condition essentielle au développement de
l'agriculture d'une nation et de la sécurité alimentaire de sa
population. Il constitue un droit indiscutable pour protéger la
structure agraire d'un pays, son autonomie et sa souveraineté
alimentaire. 5(*)0
b) Moyen pour soutenir ce droit :
Des mécanismes de régulation de l'offre des
produits agricoles sont les moyens à privilégier. Ces Avantages
sont :
- Le contrôle de la production et des importations, ils
permettent d'éviter des surplus sur le marché ainsi que
l'entrée des produits à des prix sous les coûts de
production.
- Ils assurent davantage un prix équitable pour les
produits de l'exportation agricole favorisant la pérennité de
l'agriculture et un niveau de vie des agriculteurs comparables à celui
du reste de la société.
-Ils permettent aux consommateurs d'avoir accès
à des produits nationaux, contribuant ainsi à leur
sécurité alimentaire.
- Sauvegardent des droits à la base de l'agriculture
équitable et cela tant pour les petites exploitations du sud, que pour
les fermes familiales du nord. (Document : les droits de
MAÉ-MAÉ.
3-6. Commerce équitable :
Plusieurs enjeux ont été identifiés
concernant le commerce équitable :
(i) Enjeu de la
certification :
Les coopératives et leurs unions peuvent être
certifiées par FLO (l'organisme de certification international) mais pas
les syndicats :
a - Quelles exigences spécifiques du
commerce équitable en matière de démocratie interne
et en terme économique ?
(ii) Enjeu de la qualité :
Les consommateurs du commerce équitable sont exigeants
en matière de qualité car ils payent plus cher que les autres
consommateurs. Les producteurs de Kita impliqués dans le projet ont
rédigé avec la CMDT une Charte interprofessionnelle de
qualité. Il s'agit de mieux connaître les exigences du commerce
équitable au niveau :
b - des techniques de culture (traitements et
entretiens, semences) ?
c - des méthodes pour obtenir un coton
de qualité et éviter les pollutions (matériel de
récolte, classement, stockage villageois, conservation, gardiennage,
enlèvement, transport, stockage industriel, maintien de la
qualité dans toutes les étapes de la transformation).
(iii) Enjeu du marché.
d - Les étapes de la transformation du
coton graine et les débouchés ?
e - Le mécanisme de prix
équitable ? (Au Mali, 20% du prix CMDT en plus +
prime pour des actions collectives de l'organisation)
(iv) Enjeu des alliances
sous-régionales
f - Quels intérêts communs
peut-on défendre ensemble (qualité, prix ?)
g - Quelles informations aurait-on besoin
d'échanger ?
Nous avons constaté à travers les débats
que l'histoire du commerce équitable du coton au Sénégal
est identique à celle du Mali. Tout comme à la CMDT au Mali,
à la SODEFITEX au Sénégal, le Projet commerce
équitable du coton est logé au sein du service de formation et du
conseil agricole de la direction de la production cotonnière.
Dans le Projet commerce équitable du Coton, des
exigences existent en matière de démocratie interne et de
gestion. A ces exigences, il faut ajouter les conditions optimales et
minimales telles que le respect du genre, le travail des enfants, la
protection de l'environnement, la production du coton de qualité.
Les 20% des ristournes
générés sont utilisés au niveau de l'OP pour des
investissements collectifs. Le respect des itinéraires techniques pour
la production d'un coton de qualité et les étapes de la
transformation du coton du commerce équitable sont les mêmes que
celles du coton conventionnel. Le mécanisme de fixation du prix tient
compte du coût de production.5(*)1
Au Sénégal, le coût de production est de
238 F. Ce prix est majoré de 20% pour
l'achat du coton équitable.
La commission déplore la non couverture des OP
productrices par son programme de visite. Les trois GPC retenus dans le cadre
du projet commerce équitable du coton se trouvant dans la zone du
Kédougou (SENEGAL). Il faut cependant signaler que ces trois GPC
viennent de bénéficier d'une pré certification lors de la
visite d'inspection de FLO. Pour ce qui est de certaines préoccupations
de la mission notamment les enjeux relatifs aux alliances sous
régionales, ces questions demeurent entières pour des raisons que
nous venons d'évoquer ci - haut. Une organisation de producteurs dont le
dynamisme ne peut être déclenché que par des
activités initiées et entretenues par eux- mêmes,
soutenues certainement par les bailleurs de fonds.
CONCLUSION
Cette étude relative à l'une des
préoccupations majeures de l'AOPP n'a aucunement la prétention de
bouleverser son organisation fonctionnelle. Cependant mondialisation oblige, il
faut aider cette organisation faîtière à se faire une place
de choix dans un Mali en pleine mutation.
En effet, l'AOPPRK doit faire face à des exigences de
plus en plus croissantes, imposées par son rôle dans l'orientation
de politique agricole pour un développement durable.
Selon nos moyens de bord, nous avons fait une analyse, au
terme de laquelle, un certain nombre de problèmes d'insuffisances a
été signalé. A chacun d'eux nous avons fait des
propositions de solutions sur la base des informations recueillies :
Ø Le problème de gouvernance interne ;
Ø Le problème de Gestion Financière et
Administrative ;
Ø Le non-respect des textes par les membres des
O.P. ;
Ø Le problème d'animation de programme dans les
O.P
Ø L'Etat est souvent incapable de créer un
contexte favorable au développement des O.P. d'où la
réticence à se désengager de certaines fonctions et des
actes politiciens qui peuvent susciter leur incompréhension.
Ø La problématique du foncier et de la
commercialisation.
Les risques majeurs sont notamment l'instabilité
politique qui peut compromettre les orientations politico stratégiques
hypothéquant du coup le développement socio-économique en
cours.
Les aléas naturels comme la sécheresse
endémique ou les criquets dans les régions sahéliennes
peuvent annihiler les efforts des paysans et minimiser les impacts des O.P.
Au plan institutionnel, le mauvais fonctionnement des organes
de l'O.P. peut constituer un frein à son évolution.
Les OP. , ont besoin de formation liée à
l'alphabétisation et à la technique professionnelle.
Les membres des O.P. doivent avoir la maîtrise des
connaissances des textes de base (règlement intérieur, statut),
le rôle de représentation, l'élaboration de programme et du
compte rendu des activités, l'animation des organes, la
comptabilité et gestion d'une entreprise agricole, la négociation
et la gestion des contrats, la fixation de prix et de marketing pour plus de
sécurité.
Pour vivre de son métier un agriculteur doit composer
avec de nombreux paramètres :
- fertilité des sols ;
- accès aux intrants ;
- évolution des techniques ;
- stockage ;
- prix des produits ;
- commercialisation ...
- la mise en oeuvre de stratégies
professionnelles ;
- la structuration des activités
économiques ;
- la gestion des dispositifs de formation ;
- la défense syndicale ;
- la participation des fédérations à
l'élaboration des politiques agricoles nationales et aux débats
sur l'intégration régionale et le commerce
international ;
- l'AOPPRK doit rechercher davantage de nouveaux partenaires
au moment où elle voit le nombre de ses adhérents fortement
augmenté.
- améliorer les capacités techniques des
producteurs (moyens de production, conditions de récolte et de stockage,
étude des coûts) ;
- renforcer ses O.P par
l'établissement de contrats producteurs exportateurs,
- la mise en place d'une assistance juridique ; suivie de
taxabilité des produits ;
- faire reconnaître la représentativité
des commissions de travail et à terme, permettre l'assainissement des
relations commerciales au sein des filières.
Pour se faire, il faut un renforcement des compétences
des responsables élus des fédérations, de leurs
collaborateurs salariés en répertoriant les compétences,
ainsi qu'à la sécurisation financière des organisations
communautaires.
Le lien ombilical entre collectivités locales et l'Etat
doit être maintenu par la technique de transfert de compétence
suivant les responsabilités partagées ; par le biais de
financement. L'Etat doit transférer des impôts aux
collectivités locales en mettant un fonds de dotation de
décentralisation et un fonds d'équipement des
collectivités locales ; ces fonds font souvent l'objet de
malversations importantes.
Mais qui peut moraliser ces coopératives
aujourd'hui ? Surtout pas l'Etat, encore moins les cadres.Cette situation
si on ne prête pas attention, risque d'être un grand obstacle pour
l'épanouissement des organisations communautaires dans notre pays.
On peut aujourd'hui considérer que toutes les approches
en matière de développement ont été
expérimentées en Afrique à part donner la gestion des
moyens à ceux qui produisent réellement les biens ; si cette
injustice n'est pas corrigée la fin des errements n'est pas pour
demain.
Certes on entend souvent cette
assertion : « mais les bailleurs de fonds ne
peuvent pas venir donner directement les moyens à la
base » ; à cela on peut répondre que s'il
n'y avait pas autant de poches qui souhaitent être remplies en cours de
chemin, il y a longtemps qu'on aurait trouvé la formule.
Est-ce que les élites africaines sont
définitivement convaincues peut être même inconsciemment que
tout ce qui est bien leur revient de droit et que tout ce qui est misère
doit être le lot normal des paysans ? La question mérite
qu'on s'y arrête car sa clarification permettra de jeter un jour nouveau
sur les causes profondes et enfouies de la marche à reculons que ce
continent a entamé depuis son indépendance.
Le discours d'un vieux paysan du village de Siby au Mali
résume bien ce que le paysan pense de plus en plus de l'élite
africaine et de tous ceux qui disent faire du développement en
Afrique :
« Ils nous voient sous le soleil, sous la
pluie, l'échine pliée pendant des heures et des heures dans nos
champs, la plupart du temps le ventre creux ; ce sont nos fils et nos
frères, ils disent toujours nous vouloir du bien quand ils viennent vers
nous, mais ils ne veulent du bien qu'à eux- mêmes Ils n'ont aucune
pitié de nos peines, de nos souffrances et de nos
malheurs »
Ceci veut dire en substance, que la plupart des courtiers au
développement dans l'exécution des projets pensent plutôt
à se faire la poche et non à chercher à résoudre
les problèmes des paysans. C'est dire qu'ils sont les mieux
placés à identifier leurs propres besoins.
Selon Samir Amin = « le développement
est en panne, sa théorie en crise, son idéologie l'objet de
doute. L'accord pour constater la faillite du développement en Afrique
est hélas général. »
5(*)2
Le développement de l'agriculture malienne
passe certainement par le renforcement de capacités institutionnelles,
mais la dotation en matériels ou équipements agricoles semble
être la clé de sa réussite.
BIBLIOGRAPHIE
ï AOPPN comité de pilotage (année
2004.) : Propositions paysannes pour une gestion pacifique et durable des
ressources foncières au Mali.
ï Arlea, Paris, 1998, Philippe Enge LARD L'Afrique,
miroir du monde,.
ï Axelle Kabou : Et si l'Afrique refusait le
développement, l'harmattan, paris, 1991,
ï Catherine Coquery VIDROVITCH : Pour une histoire
du développement, Etat, sociétés, développement,
l'harmattan, Paris, 1998, p : 3,
ï Cheibane COULIBALY : Politiques Agricoles et
Stratégies Paysannes au Mali, 1910-1915 le règne des mythes
à l'Office du Niger,
ï Georges BALANDIER : Sens et puissance,
op.cit.p.126.
ï Hazoume, Alain et égard, Afrique, un avenir en
sursis, paris, l'harmattan, 1988.
ï Jean Marc ELA : Le développement de
l'homme africain, 2001.
ï Jean Marc ELA : Restituer l'histoire aux
sociétés africaines, l'harmattan, Paris, 2000.
ï La Revue : grain de sel n°28
« L'appui aux Organisations Paysannes »
ï Le monde, 28 février, 1990.
ï Le monde diplomatique (octobre 1998)
P : 3.
ï Ngoupandé, Jean-Paul : l'Afrique sans la
France, paris, Albin Michel, 2oo2.
ï Philippe LEYMARIE : Une Afrique appauvrie dans la
spirale des conflits, in manière de voir n° 25, février
1995.
ï Philippe LEYMARIE : L'Afrique a la dérive,
in manière de voir n°29, février 1996.
ï Paul Bohanann : L'Afrique et les africains,
Ed : inter - nationales, 1972.
ï Samir AMIN : La faillite du développement
en Afrique et dans le tiers monde, l'harmattan, paris, 1989.
ï Smith, Stephen, négrologie, pourquoi, l'Afrique
meurt, paris, Calmann - LEVY, 2003.
Documents
Rapports d'activités 2004 AOPP.
Save the children, annual report for the period 1 january 31
december 2001.
Les droits de MAË-MAË, 15 octobre 2004.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
.................................................................................I
REMERCIEMENTS......................................................................II
SIGLES ET
ABREVIATIONS.........................................................IV
LES MOTIVATIONS DU CHOIX DU
THEME.....................................V
LES
OBJECTIFS...........................................................................V
SOMMAIRE..............................................................................VI
RESUME.................................................................................VII
INTRODUCTION..........................................................................1
PREMIERE PARTIE :CADRE THEORIQUE
...................................2
CHAPITRE I : Définition des mots
clés .............................................3
CHAPITRE II : Présentation de l'AOPP et du
Programme de
Professionnalisation.....................................................................6
2.1.
Présentation............................................................................6
2.2. Les
Réalisations......................................................................7
2.3. Quelques acquis concrets de
l'AOPP..............................................8
CHAPITRE III : Rôles des Organisations
Paysannes...........................12
3.1. La valorisation du métier de
paysan..............................................12
3.2. Rendre des services accessibles aux
membres..................................12
3.3. La défense des
intérêts.............................................................12
3.4. La Participation à la gouvernance.......
.........................................13
3.5. Les Limites des O.P.
...............................................................13
DEUXIEME PARTIE : CADRE PRATIQUE
...................................14
CHAPITRE I : Méthodologie
........................................................15
1.1. La
problématique.....................................................................15
2 .1 Description du milieu d'étude :
Koulikoro.......................................15
1.2.1. Limites administratives, superficie, et données
sociodémographiques...15
1.2.2. Les organisations socio-
professionnelles.....................................16
1.3.
Hypothèses.........................................................................16
1.4. Déroulement de
l'étude...........................................................17
1.4.1 Echantillonnage
...................................................................17
1.4.2 Difficultés rencontrées lors de
l'étude..........................................17
CHAPITRE II : Traitement des
données..........................................19
2.1. Analyses quantitatives des
données...............................................19
2.2. Analyses qualitatives des
données................................................24
2.2.1. Une Organisation
Rationnelle...................................................27
2.2.2. Les limites de l'approche
filière................................................28
2.2.3. La nécessaire combinaison des approches et
fonctions......................28
2.2.4. L'approche Territoriale a les limites et les
défauts de ses avantages......29
2.2.5. Les types d'appuis aux O.P.
....................................................29
2.2.6. Appuis aux niveaux de
structuration...........................................30
2.2.7. A Chaque O.P. ses réalités et ses
Appuis......................................30
2.2.8. Vérification des hypothèses de la recherche
................................30
CHAPITRE III : Réflexions - critiques et
Suggestions........................32
3.1. Réflexions -
critiques...............................................................32
3.1.1. Analyse de causes de contre- performance des O.P.
.........................32
3.1.2. Les menaces pour nos valeurs
culturelles.....................................33
3.2.Suggestions...........................................................................36
3.2.1. L'auto- gouvernance de l'O.P.
.................................................36
3.2.2. Les indicateurs de
performance.................................................38
3.2.3. La gestion saine et
efficace......................................................38
3.2.3.1. Les éléments ou outils de la gestion
saine...................................39
3.2.4.. Le Plan
d'action...................................................................39
3.2.5. Les éléments du
Budget...........................................................40
3.2.6. Le Manuel de Procédure Organisationnelle,
Administrative, Technique et
Financière..................................................................................40
3.2.7. L'utilité et Outils
d'application..................................................41
3.2.8 Le
genre.............................................................................41
3.2.9. La gestion et la résolution des
conflits..........................................41
3.2.10. La gestion administrative et financière de
l'O.P. ...........................41
3.2.11. Les éléments de la gestion
financière........................................43
3.2.12. L'action
civique..................................................................43
3.2.13. Les droits et
devoirs............................................................45
3.2.14. Droits et devoirs des O.P. dans la
commune.................................46
3.2.15. Les droits et devoirs des O.P. au niveau Supra
communal................47
3.2.16. Le
Plaidoyer.....................................................................47
3.2.17. Le leadership
féminin...........................................................49
3.2.18. Mobilisation des
ressources.....................................................50
3.2.19. Les types de
mobilisation......................................................56
3.2.20. Conception d'un document de
microprojet..................................52
3.2.21.. Négociation
Partenariale.....................................................54
3.2.22.. La Structuration
Professionnelle............................................55
3.2.23. Schéma organisationnel de la FNPC et rôle de
chaque niveau..........56
3.2.24. La circulation de l'information au sein de la
FNPC.......................57
3.2.25. Mobilisation des ressources financières
nécessaires au bon fonctionnement de la faîtière et pour la
participation au capital des sociétés
cotonnières...............................................................................58
3.2.26. Système de suivi de la gestion de l'O.P. et
l'information sur les résultats économiques aux membres
............................................................58
3.2.27. Les services rendus aux membres par les GPC et leurs
revenus.........58
3.2.28. Commercialisation
..............................................................58
3.2.29. Les insuffisances du code foncier actuel au
Mali............................59
3.3. Propositions Paysannes pour une gestion Pacifique et
durable des ressources foncières au
Mali..........................................................................60
3.3.1. Sortir le foncier rural de l'informel :
Statut de l'exploitation familiale et formalisation des
Actes................................................................60
3.3.2. Statut de l'exploitation familiale et sécurisation
foncière..................61
3.3.3. Formalisation des transactions foncières et des
procédures locales de
conciliation..............................................................................62
3.3.4. « Gérer les ressources
foncières au niveau local » : Décentralisation,
concertations et réglementations
locales.............................................63
3.3.5. « L'élaboration Concertée de la
Politique foncière » : Une
première
Relecture des législations foncières en
vigueur......................................65
3.3.6. Le code Domanial et foncier ( C D F
)........................................66
3.3.7. La charte
pastorale..............................................................68
3.3.3. Le cas spécifique de l'office du
Niger........................................68
3.4. Le Projet de sécurité Alimentaire de
l'AOPP...................................69
3.4.1. Caractéristique de l'agriculture familiale et
paysanne.......................69
3.4.1.1. La dimension
productive......................................................70
3.4.1.2. La dimension sociale et
territoriale..........................................70
3.4.1.3. La dimension
humaine.........................................................70
3.4.2. Les Atouts et
Contraintes.......................................................71
3.5. Une Agriculture
Equitable.........................................................74
3.6. Commerce
Equitable...............................................................77
CONCLUSION...........................................................................79
BIBLIOGRAPHIE.......................................................................82
TABLE DES
MATIERES...............................................................83
ANNEXES
ANNEXES
Cycle de vie d'une organisation
Maturité
5
Adolescence
Maturité dépassée
4
6
Aristocratie
Allez-Y
3
8
Enfance
Pré Bureaucratie
2
9
Séduction
Post bureaucratie
1
10
TEMPS
SOURCE : SNV
Regroupement des forces et faiblesses en vue de
l'élaboration des options stratégiques :
Theme
|
Forces
|
Faiblesses
|
Opportunité
|
Menaces
|
Mobilisation des ressources
|
On a des élus et un personnel capable de monter des
projets et mobiliser les ressources
Tous les membres payent leurs cotisations
|
- Faible taux de participation des ressources internes aux
activités de l'organisation.
- Pas de stratégie de mobilisation des ressources
propres
Les cotisations ne sont a payées dans les délais
impartis
- Manque de siège équipé
- Insuffisance d'organisation du personnel pour développer
des stratégies de mobilisation des ressources
|
Existence des organes PASOP ; PASE
- Partenariat AFDI/BN
- Possibilité pour l'AOPPRK de mener les activités
génératrices de revenus
- Introduction des Meso du niveau des OP de la base
- Partenariat avec la SNV
- Futur programme Néerlandais d'appui aux OP dans la
région
|
Recherche ressources orientées vers l'extérieur
- Peu d'activités à la base qui engendre la
démotivation des OP
- Dépendance financière vis à vis de
l'AOPPRK, par rapport aux programmes de formation des OP à la base.
- Conception et gestion des programmes de formations/
activités par le niveau national
- Faible taux de financement affecté au volet appui aux
réseaux des chambres d'agriculture et OP (PASAOP)
|
Satisfaction des besoins des OP
|
Existence de programme 2002-2004-09-28 Existence de la commission
d'élevage
Existence de l'idée d'une mission conforme avec les
besoins et les attentes des membres en conformité avec les contextes
socio politiques
Existence d'un personnel et des élus capables de monter
des projets
|
Programme non exploiter
Programme 2002-2004 non budgétisé
Insuffisance d'organisation du personnel
Les dirigeants consacrent-la presque totalité de leur
temps sur la vie interne de l'association
La réflexion interne ne prenne pas en compte le long
terme
Aucun plan de développement pour les jeunes et les
femmes
Toutes les OP n'ont pas bénéficiés les
formations
Il existe du besoin autre que les formations non satisfaites
Pas de stratégies de mobilisation des ressources
|
|
|
Communication interne
|
Existence d'un programme triennal 2002-2005
Existence d'un animateur communicateur
La tenue régulière des activités
statutaires
Existences d'une commission d'élevage
Les responsables sont convaincus de leur vision de
l'agriculture
Les adhérents se mobilisent à tous les niveaux pour
défendre l'association
Meilleure circulation de l(information dans la région
Les décisions sont prises de façon
collégiale
|
Insuffisance d'exploitation du programme triennal
Le programme 2002-2004 n'a pas été
budgétisé
Le non suivi de l'atelier de concertation avec les partenaires
en 2002 Insuffisance de communication et manque de siège
Pas de manuel de procédure administrative et
financière
Pas et journal de banque
Faible représentativité dans certains cercles
Le suivi des activités est faible
Aucun plan de développement des femmes et des jeunes
n'existe
Les réflexions internes ne prennent pas en compte le long
terme
La mission n'est pas connue de tous les membres
Les dirigeants ne font pas de tournées dans les OP
à la base
|
Renforcement du leader chips et de l'influence de
l'AOPPRKà travers le cadre de concertation
Soumission du projet en renforçant la concertation avec
les opérateurs
Existence du PASE, PASAOP
Partenariat avec le AFDI/BN
|
Faible stratégie d'information et de communication
AOPPRK n'est pas présent dans tous les cercles
Mauvaise circulation de l'information par les radios dès
fois
Insuffisance des informations à la base ;
|
Communication externe
|
Insuffisance des moyens de communication externe
Pas de siège
Les responsables consacrent la totalité de leur temps sur
la vie interne de l'organisation
Les réflexions internes ne prennent pas en compte la
communication en long terme
|
Poursuite du partenariat CTA
Formation de l'animateur communicateur et les responsables de
l'AOPPRK renforcer les relations entre l' AOPPRK et les radios de
proximité
Existence du PASE, PASAOP
|
Mauvaise circulation de l'information par les radio quelque
fois
Insuffisance dans le choix des informations
Mauvaise identification des informations à la base
Faible stratégie d'information et de communication
externe
|
|
Source :S.N.V.
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX MEMBRES DES ORGANISATIONS
PAYSANNES DE L'AOPP
Ce questionnaire est relatif à la structuration, et au
reforment de capacités des organisations paysannes de l'AOPPRK
(Association des Organisations Professionnelles Paysannes de la Région
de Koulikoro). Il s'inscrit dans le cadre de l'élaboration de mon
mémoire de fin d'étude à la FLASH section Sociologie.
QUESTIONNAIRE
Identification de l'enquête
Nom :........................................
Prénom : .....................................
Sexe : M F
Niveau d'instruction
PRIMAIRE SECONDAIRE SUPÉRIEUR
Spécialité
Alphabétisé
Non alphabétisé
Situation matrimoniale
Marié Célibataire Divorcé Veuf (ve)
1- Les actes posés par votre bureau
sont-ils documents ?
Oui
Non
2- Le bureau fait-il le compte rendu des
réunions et assemblées générales de façon
régulière aux adhérents ?
Oui
Non
3- Les rapports d'activité sont-ils
publics ?
Oui
Non
4- Faites-vous une publication
régulière des rapports moraux et financiers de l'OP ?
Oui
Non
5- Chaque adhérent peut-il y avoir
accès quand il le désire ?
Oui
Non
6- Les mouvements de fonds et
d'équipement sont-ils matérialisés par un
écrit ?
Oui
Non
7- Des postes clés sont-ils
occupés par des femmes (en pourcentage) tels:
Présidence
Vice-présidence
Secrétariat administratif
Trésorier
8- Les besoins spécifiques des femmes
sont-il pris en compte dans vos planifications ?
Oui
Non
9- Votre OP fait-elle des ressources externes
telles
Oui
Non
10- Votre OP génère-t-elle des
ressources internes telles :
a. cotisation
b. champ collectif
c. contribution
d. Autres
11- Bénéficiez- vous de ressources
externes ?
e. financement de micro - projets
f. subventions de l'Etat
g. dons
h. legs
i. jumelage
j. Autres
12- Les membres de votre OP savent-ils monter un
dossier de projet ?
Oui
Non
13- Votre OP a-t-elle
bénéficié de formation en action civique ?
Oui
Non
14- Avez vous une maîtrise du processus
technique du plaidoyer ?
Oui
Non
15- Y- a- t - il une législation
appropriée du foncier rural en prévision des conflits ?
Oui
Non
16- Existe-t-il des textes qui régissent
les prestations des services privés en milieu rural ?
Oui
Non
17- Les syndicats agricoles ont-ils un cadre
juridique ?
Oui
Non
18- Le niveau de formation des membres de l'OP
est-il suffisant pour répondre aux exigences du désengagement de
l'Etat et du libéralisme économique.
Oui
Non
19- Avez vous un plan de communication
interne ?
Oui
Non
20- Votre OP fait-elle un
suivi-évaluation de ses activités ?
Oui
Non
21- Le PASAOP répond-t-il à
l'attente des OP ?
Oui
Non
22- Une nouvelle politique agricole n'est-elle
pas nécessaire de nos jours au Mali ?
Oui
Non
23- Avez-vous un comité de gestion ?
Oui
Non
Si oui, quelle est sa composition ?
...................................................................
24- Le dossier de reconnaissance légale
de l'OP a-t-il un coût ?
Oui
Non
Si oui
Combien....................................................................................
25- Existe-t-il un statut et Règlement
Intérieur pour votre OP ?
Oui
Non,
Justifiez votre réponse.
................................................................................
Est-il respecté par tous les membres
Oui
Non
26- Votre bureau a-t-il le souci de la
participation de tous les membres ?
Oui
Non
Si oui, justifiez votre réponse
..........................................................................
27- Au niveau de l'AOPP les OP sont-elles
organisées par filières ?
Oui
Non
Si oui les quelles ?
.....................................................................................
................................................................................................
28- Y- a-t-il suffisamment de transparence dans
la gestion des avoirs de l'organisation Paysanne ?
Oui
Non
Si oui, effectuez-vous les dépenses dans le cadre strict
de la planification annuelle ?
Oui
Non
29- En dépit des coûts des
activités réalisez-vous un bénéfice
conséquent ?
Oui
Non
Si non justifiez votre
réponse.......................................................................................
30- les membres de l'OP ont-ils une
capacité d'écoute et de synthèse ?
Oui
Non
Si non justifiez votre réponse
.........................................................................
31- Avez-vous facilement accès à
l'équipement agricole ?
Oui
Non
Si non justifiez votre réponse
...........................................................................
32- Y-a-t-il de véritables entreprises
agricoles dans votre Association ?
Oui
Non
Si oui
lesquelles ?.................................................................................
33- Aujourd'hui, un statut juridique
spécifique au métier d'agriculture est-il
nécessaire ?
Oui
Non
Justifiez votre réponse
.........................................................
34- Votre OP a-t-elle des difficultés de
contractualisation des prestations ?.
Oui
Non
Justifiez votre réponse
...................................................................................
35- Dans votre association, y-a-t-il un cadre de
concertation entre les prestataires privés, services publics,
parapublics et les bénéficiaires ?
Oui
Non
Justifiez votre réponse
.................................................................................
36- La participation financière de l'OP
s'élève à combien (pourcent)
10% 30% 50% plus de 50%
Justifiez votre réponse
.................................................................................
37- Y-a-t-il des salariés dans votre
OP ?
Oui
Non
Si non pourquoi ........
..................................................................
38- Quels sont vos moyens d'information et de
communication ?
................................................................................................
39- Que pensez-vous des OGM (Organismes
Génétiquement Modifiés)........................
40- Avez-vous des critiques à formuler
sur la loi coopérative.
................................................................................................
................................................................................................................................................................................................
* 1 Document : Rapport
d'activités 2004 AOPP
* 2 Document : Rapport
d'activités 2004 AOPP
* 3 Document : Rapport
d'activités 2004 AOPP
* 4 Document : Rapport
d'activités 2004 AOPP
* 5 Document : Rapport
d'activités 2004 AOPP
* 6 Document : Forum rural
européen : Organisations communautaires et sociétés
civiles
* 7 Document : Rapports
d'activités 2004 : AOPP
* 8 Document : Rapports
d'activités 2004 : AOPP
* 9 Données sur le
terrain
* 10 Données sur le
terrain
* 11 Données sur le
terrain
* 12 Données sur le
terrain
* 13 Données sur le
terrain
* 14 Document : L'Afrique
et les Africains, Paul BOHANANN
* 15 « L'Afrique
à la dérive » in manière de voir n°29,
février 1996
Catherine Coquery - Vidrovitch, Pour une histoire de
développement, Etat, Sociétés, Développement,
L'harmattan, Paris 1998, P.3
Le développement de l'homme Africain, Jean Marc Ela
* 16 « l'Afrique
à la dérive » in manière de voir n°29,
février 1996
Catherine Coquery - Vidrovitch, Pour une histoire de
développement, Etat, Sociétés, Développement,
L'harmattan, Paris 1998, P.3
Le développement de l'homme Africain, Jean Marc Ela
* 17 Sens et puissance, OP.CIT
p126, George BALANDIER
Document : Revue grain de sel n°28 : L'Appui aux
Organisations Paysannes
* 18 Document :
Revue grain de sel n°28 : L'Appui aux Organisations Paysannes en
question
* 19 Document : Save the
children, annual report for the period 1 january 31 december 2001
* 20 Save the children, annual
report fort the périod 1 juanuary 31 december 2001
* 21 Save the children, annual
report fort the périod 1 juanuary 31 december 2001
* 22 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 23 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 24 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 25 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 26 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 27 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 28 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 29 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 30 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 32 Save the children, annual
report for the period 1 january 31 december 2001
* 33 Document Rapport
d'activités 2004 - AOPP.
* 34 Document Rapport
d'activités 2004 - AOPP.
* 35 Document Rapport
d'activités 2004 - AOPP.
* 3 « Exploitation
familiale » : le terme ici est utilisé au sens large et
concerne l'agriculteur et sa famille, l'éleveur ou le pasteur et sa
famille et bien évidement les exploitations combiné avec
agriculture, élevage et pêche ; la famille est
également entendu au sens large puisqu'il peut s'agir d'un
ménage, d'un segment de lignage...
* 36 Propositions paysannes
pour une gestion pacifique et dural des ressources foncières au Mali
* 37 Propositions paysannes
pour la gestion pacifique et durable des ressources foncières au Mali
AOPP
* 38 Proposition paysannes pour
la gestion pacifique et durable des ressources foncières au Mali :
AOPP
* 39 Les Dioros sont les
gestionnaires traditionnels des bourgoutières
* 40 4Proposition
paysannes pour la gestion pacifique et durable des ressources foncières
au Mali : AOPP
* 41 Conflit entre les
élus communaux et les responsables administratifs et techniques à
propos d'une décision du Maire interdisant la capture des reptiles par
des opérateurs privés sur le territoire communal, annulée
par le préfet et le chef du service local de la conservation de la
nature sous prétexte que la mairie n'était pas compétente
en la matière. Grâce à cette confusion, les
opérateurs ont ramassé tous les reptiles des communes de Bourem
et Téméra et ils évoluaient toujours à
l'intérieur du cercle dans les communes de Bamba et de Tarkint au moment
du séjour de la mission d'enquête (août 2003).
* 42 A titre d'illustration,
le Projet d'Aménagement de Petits Périmètres
Irrigués Villageois (PAPIV) est pratiquement paralysé à
cause de revendications de droits formulées par des chefs de terre
locaux après l'aménagement des périmètres !
Les petits exploitants sont très souvent sommés de
déguerpir par ces derniers. Sur l'ensemble des PIV
aménagés par le Projet (une trentaine environ), deux seulement
sont exploités.
* 43 Document : Rapports
d'activités 2004 AOPP.
* 44 Document : Rapports
d'activités 2004 AOPP
* 45 Document : Rapports
d'activités 2004 AOPP
* 46 Document : Rapports
d'activités 2004 AOPP
* 47 Document : Rapports
d'activités 2004 AOPP
* 48 Document : Les droits
de MAE-MAE, 15 octobre 2004
* 49 Document : Les
droits de MAE-MAE, 15 octobre 2004
* 50 Document : Les droits
de MAE-MAE, 15 octobre 2004
* 51 Document : Rapport
d'activités 2004 - AOPP
* 52 La faillite du
développement en Afrique et dans le tiers monde, l'harmattan, Paris,
1989
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