Chapitre I
FONDEMENT THEORIQUE DU ROLE DES INVESTISSEMENTS DANS LE
SECTEUR AGRICOLE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
I.1. INTRODUCTION
Il existe une certaine unanimité au sein des
économistes sur l'importance du secteur agricole dans une
économie en développement. De la pensée des physiocrates
jusqu'aux écrits des auteurs comptemporains, le secteur agricole demeure
un pilier important sur lequel doit s'appuyer tout décollage de
l'économie.
Les historiens font d'ailleurs remarquer que dans nombreux
pays dits développés d'aujourd'hui, la révolution agraire
a été un préalable à la révolution
industrielle. Cette vision justifie la place centrale qu'occupe l'agriculture
dans la théorie du développement.
L'agriculture soutenue par l'augmentation des investissements
aura comme effet, l'augmentation sensible de la part des produits agricoles
transformés en produits différenciés à forte valeur
ajoutée. L'investissement dans le secteur agricole permet aussi
l'amélioration de la productivité agricole et porte sur le
développement de l'agriculture business et des agro-industries. Cet
investissement tien aussi des forces économiques, sociales et politiques
positives qui donnent un nouvel élan à la croissance et au
développement à savoir le potentiel que représentent les
marchés agro-alimentaires nationaux, les possibilités de
substitution des importations de produits alimentaires à forte valeur
ajoutée et les taux rapides d'urbanisation sur le pays. Puisque
l'investissement joue un rôle clé dans la croissance
économique, nous sommes amenés à nous demander par quels
mécanismes il peut agir sur la création de richesses ? Nous
verrons que, l'investissement est source de croissance parce qu'il stimule la
demande globale dans un pays.
I.2. L'INVESTISSEMENT DANS LE SECTEUR AGRICOLE
L'investissement correspond aux
dépenses destinées à augmenter le potentiel productif dans
une entreprise, mais également à la réalisation
d'équipements collectifs par l'Etat.
Le rapport entre l'investissement et la
croissance agricole n'est pas évident sur le plan statistique. Rares ont
été les projections qui analysaient les implications de la
croissance agricole au niveau de l'investissement. Depuis les années 60,
les modèles de croissance économique du type Harrod/Domar relient
la croissance à long terme de la production totale à des
changements dans le capital immobilisé, mais il est difficile
d'établir une relation ayant réellement une valeur statistique
entre les investissements et la production agricoles, au niveau global. En
effet, il est difficile d'une part de définir l'investissement agricole
et d'autre part, de le mesurer ? Dans un petit nombre de pays en
développement seulement, les statistiques de la comptabilité
nationale indiquent la formation de capital par secteur et, quand c'est le cas,
les chiffres sont difficiles à interpréter. La formation brute du
capital fixe dans l'agriculture, en pourcentage du produit intérieur
brut(PIB), est très variable et sa relation avec la croissance ne
ressort pas clairement. Cela est dû aux difficultés que pose, sur
le plan méthodologique, l'évaluation des investissements dans
l'économie non commerciale et à l'influence d'autres facteurs
tels que l'emploi d'intrants ; les conditions climatiques et les
variations de la qualité et de la productivité du capital ainsi
que les décalages très divers entre les investissements et le
résultat obtenu pour différents types d'investissements. Peu
études économétriques sont réalisées car
elles demandent une grande quantité de données et elles sont
couteuses. Les résultats n'ont pas toujours une grande valeur
statistique. Au niveau supérieur de ségrégation ou dans un
projet particulier, l'analyse des couts-avantages est une activité de
routine et les difficultés diminuent, sans toute fois disparaitre.
D'après BINSWANGER(1993), la croissance agricole est le résultat
combiné d'une série de relations de cause à effet qui
s'enchainent, notamment des facteurs exogènes et des
possibilités, grâce aux interventions du secteur public face aux
réactions du secteur privé et des agriculteurs.
I.2.1. FACTEURS EXOGENES
Ces facteurs sont l'environnement agro-économique
naturel, la croissance démographique, les progrès automatiques
des technologies et les possibilités commerciales internationales. La
dotation en ressources naturelles a une grande influence sur les
décisions d'investissement. Les investissements réalisés
par les secteurs publics et privés sont fortement influencés par
le patrimoine naturel, favorisant les régions les plus positives que
négatives sur la croissance économique. La croissance de la
production doit être étayée par une demande effective et
une main d'oeuvre active. En ce sens, la population peut être un
élément moteur. En revanche, elle peut être une entrave
où la malnutrition ou la mauvaise santé réduisent
l'efficacité de la main d'oeuvre, si le nombre d'inactifs qui sont
tributaires du système productif devient excessif, et les populations
qui n'ont pas accès aux technologies appropriées ou à des
incitations endommagent l'environnement. Dans de nombreux pays en
développement, ce sont les effets négatifs de la croissance
démographique qui prédominent. Le système commercial
international détermine les possibilités qu'ont les pays de tirer
profit de leurs avantages comparatifs et conditionne la structure de
l'investissement agricole et les scénarios de croissance. Par exemple,
après les négociations du cycle d'Uruguay de l'accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce(GATT), les
échanges des produits agricoles modifieront la structure de la
production agricole et créeront des possibilités de croissance
agricole dans quelques pays, alors que dans d'autres, ils entrainent des
ajustements. On peut encore accentuer considérablement la
libéralisation des échanges de produits agricoles, d'où
peut venir une croissance agricole supplémentaire dans quelques pays et
une amélioration du bien être des consommateurs dans d'autres. Les
modifications autonomes des technologies dérivant de la recherche
fondamentale ou stratégie ou encore de ses retombées peuvent
créer des possibilités d'investissement et de la croissance
agricole. Les possibilités naissent quand des progrès
technologiques sont accomplis, même s'ils ne sont pas toujours
bénéfiques du point de vue social ou écologique. On peut
prendre pour exemple les filets synthétiques dans le secteur des
pèches, le sirop de glucose dans les industries consommatrices de sucre
ou les progrès biotechnologiques en matière d'élevage.
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