2.3 Développement de
l'agriculture en tant que secteur à part entière de
l'économie
Il est certes admis que dans une économie en pleine
croissance, la part du secteur agricole dans l'économie est vouée
à la décroissance. La Banque Mondiale dans son Rapport sur le
Développement dans le Monde (RDM) distingue trois catégories de
pays : les pays à vocation agricole, les pays en transition et les
pays urbanisés. Dans ces groupes de pays, la contribution de
l'agriculture au PIB est, en moyenne, respectivement de plus de 40 %, 20 % et 8
%. Tandis que la part moyenne d'actifs occupés dans le secteur agricole
est respectivement de 34 à 64 %, 43 % et 22 %.La raison vient des
caractéristiques propres de l'agriculture qui est une activité
dotée d'une productivité relativement faible. La BM résume
mieux cela lorsqu'elle énonce une des hypothèses
formulées par les économistes : « la croissance de
la productivité agricole est intrinsèquement lente ».
Il pourrait ainsi paraître difficile de se baser sur l'agriculture pour
réaliser des objectifs de croissance et de développement
soutenus.
Mais dans un contexte de décollage économique,
l'agriculture peut s'avérer un secteur en tête de
l'économie. Il existe des exemples où l'agriculture a crû
plus rapidement que l'industrie. « Au Chili et au Brésil,
l'agriculture s'est développée plus rapidement que l'industrie
pendant la décennie 1990 ». Le RDM fait état d'une
forte population rurale vivant en dessous du minimum acceptable.
L'activité majeure de ces ruraux demeure l'agriculture. Ainsi,
« du simple fait de sa taille, le secteur agricole est capital pour
le développement, au moins à moyen terme».
La BM note également que dans les pays où la
croissance non agricole s'est accélérée, l'écart
entre revenus urbains et revenus ruraux s'est accentué. En effet, les
mécanismes de redistribution du fruit de cette croissance ne sont pas
toujours favorables au monde rural. Le développement du secteur agricole
pour lui-même permettrait ainsi d'élever le niveau de vie des
personnes vivant en milieu rural. En plus, les politiques qui consisteraient
à taxer le secteur agricole ont eu un effet positif sur la croissance de
nombreux pays industrialisés d'aujourd'hui. Mais ces politiques peuvent
être désastreuses si elles sont mises en application
immédiatement après la réalisation des investissements. Le
risque est élevé que la poule soit tuée avant d'avoir
pondu les oeufs d'or. D'ailleurs, comme le montre une étude menée
par KRUEGER, SCHIFF, VALDÈS (1998) et d'autres, il existe une relation
négative entre les politiques de taxation et la croissance globale de
l'économie. Une croissance plurisectorielle s'impose ainsi pour assurer
un développement harmonieux de l'économie. Le secteur agricole
doit ainsi être développé pour son plein
épanouissement.
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