2.2.3 Agriculture et formation du
capital
Dans les premières phases du développement
économique, les besoins en capital sont immenses pour le pays. Il y a
nécessité de capitaux pour la création directe d'emplois
non agricoles par la construction d'usines et par l'acquisition de machines.
Le capital nécessaire au développement
économique provient généralement de trois sources :
l'aide étrangère, les investissements étrangers et
l'épargne nationale. Les deux premières sources ont l'avantage
d'apporter des capitaux importants sans peser sur la consommation
intérieure. Mais dans le cas particulier de l'aide, elle peut être
assortie de restrictions politiques et économiques
désavantageuses mettant en mal l'indépendance du pays.
L'investissement étranger quant à lui nécessite, pour une
grande efficacité, le développement au préalable des
infrastructures (routes, communication, énergie).
Un pays à faible revenu décidant de ne pas
recevoir ou de moins solliciter l'aide étrangère devra ainsi
faire appel à ses ressources propres notamment son secteur agricole qui
est prépondérant. CHENERY et SYRQUIN (1975) ont souligné
que l'agriculture devrait être source de transferts de capital et de main
d'oeuvre vers les zones urbaines pour encourager le développement
général de l'économie.
De nombreux mécanismes existent pour faire passer les
ressources créées dans le secteur agricole vers le secteur
industriel. MELLOR (1970) distingue quatre formes par lesquelles l'agriculture
peut contribuer à la formation du capital : taxation des
bénéfices agricoles, modification des termes de l'échange,
compression des investissements dans l'agriculture, marché rural des
biens industriels.
1.
Taxation des bénéfices agricoles
La taxation du secteur agricole est par exemple un moyen de
transférer le surplus financier du secteur agricole vers l'industrie.
L'exemple du Japon est souvent présenté à cet effet. Pays
à revenu faible et à population très dense au
19e siècle, le Japon a su axer son développement sur
le secteur agricole. Le gouvernement a joué un rôle actif dans
l'investissement consacré à l'infrastructure et aux industries.
À la fin du 19e et au début du 20e
siècle, c'est le gouvernement qui a fourni le tiers ou la moitié
environ des investissements totaux dans le pays. Pendant ce temps, les recettes
fiscales provenaient de 50 à 80 % du secteur agricole. La part de
l'agriculture dans les revenus fiscaux de l'état entre 1888-1892
était de 80% et elle était encore de 40% en 1918-1922. Ces
ressources ont été très importantes pour financer les
investissements publics et les services de base comme l'éducation et la
recherche. La mise en place de cette structure fiscale a été
centrale. Elle a permis d'extraire une part du surplus de l'agriculture pour
financer l'industrialisation.
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