I.4.3.
L'incinération
Les ordures sont en grande partie combustibles.
L'incinération est envisagée comme moyen de leur
élimination. La technique artisanale rencontre beaucoup de
difficultés parce que :
Ø Seuls les papiers sont inflammables ;
Ø D'autres ordures comme des verres cassés et
les produits métalliques sont parfaitement inertes ;
Ø Des matières plastiques qui dégagent
beaucoup de chaleur s'incinèrent une fois portées à hautes
températures.
Parmi les outils utilisés à
l'incinération moderne des ordures ménagères, on peut
citer les fours fixes, les fours tournants et les fours à grille
mobile.
A Kinshasa à l'époque coloniale, le
caractère biodégradable des déchets des marchés
communaux et les difficultés de les évacuer quotidiennement tous
les après-midi, après chaque fermeture, avaient conduit les
autorités communales à implanter de petits fours
incinérateurs sur le site pour brûler les immondices. A cette
époque, les déchets n'étaient pas composés de
grandes quantités de matières en plastique. Aujourd'hui, cette
pratique polluerait probablement davantage l'air avec l'incinération de
sachets plastiques qui produisent des gaz à effet de serre. Cette
pratique n'existe plus (Lelo Nzuzi, 2008).
La seule et l'unique expérience post-coloniale
d'implantation d'un four incinérateur public date de 1999 avec
l'Hôtel de Ville de Kinshasa. Il était à briques
réfractaires avec une capacité de 8 m. L'Hôtel de Ville
l'avait construit à proximité de l'espace maraîcher du pont
Kiyimbi à Matete avec pour objectif de brûler les rébus des
déchets ménagers déposés auprès des
maraîchers. Pendant les essais, cette pratique d'élimination
gêna davantage la population avec des rejets toxiques dus au mauvais
brûlage. Du coup, elle s'affola de la pollution et
l'expérimentation s'arrêta. Abandonné, le four sera
démoli quelques années après par les lotisseurs
anarchiques qui sont venus implanter des magasins sur le site (Lelo Nzuzi
op.cit).En ce qui concerne les ménages et les vendeurs de rue, ils
incinèrent régulièrement leurs déchets après
les travaux collectifs de salubrité.
I.4.4. L'enfouissement
L'enfouissement est une technique qui peut être
pratiquée soit à grande échelle, lorsqu'on enterre les
tonnages importants des ordures ramassées dans plusieurs parties de
l'agglomération soit au niveau des ménages qui disposent des
étendues convenables des parcelles, ceux des quartiers et des communes
périphériques notamment.
Photo 3 :Site d'enfouissement des
déchets à Kinshasa
Source : Photo Holy (2010)
Lorsque la ville avait encore en 1989, près de 3,5
millions d'habitants, le rapport de CNAEA (1990), cité par Kamena
(1999), avait mentionné que près de 30% des Kinois enfouissaient
leurs ordures ménagères dans la cour. Ce qui représentait
environ 113 000 tonnes par an. Les rapports du PNA en 1996 indiquaient que
1,5 millions d'habitants enfouissaient leurs déchets ménagers. Ce
qui représentait environ 168 000 tonnes par an. Si ces chiffres
représentent la situation en général pour toute la ville,
il y a aussi des études spécifiques qui confirment les faits.
A Makala par exemple, 44% des ménages enfouissaient
leurs déchets dans la cour(Monsengo, 1996), cité par Nzuzi Lelo.
Dans le bidonville de Bribano à Kingabwa, 83% de ménages les
enfouissent dans la parcelle et à Masina, ils sont 7% à les
éliminer de la même manière. Et plus tard, après
leur décomposition, la décharge parcellaire cède sa place
au potager. Comme l'impose la tradition du jardin de case ; les
ménages kinois, pauvres et riches, se dotent des jardins et
élevages parcellaires lorsqu'ils ont de l'espace. Ils plantent les
légumes à l'ancien emplacement du trou à ordures. A
Ngaliema, 91% des ménages ont un jardin parcellaire. (Lelo Nzuzi et
Tshimanga Mbuyi, 2004).
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