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Déterminants de la pénétration des investissements directs étrangers au Bénin

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par Tchadaré AGBANGBATIN
Université de Parakou ( Bénin ) - Maà®trise 2010
  

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Section 3 : Revue de la littérature

Paragraphe 1 : Approche théorique des IDE

Les bases scientifiques des IDE ont été construites à partir de trois grands courants de pensée : le courant traditionaliste soutenu par l'école de la dépendance ; le courant des modernistes par l'école de la modernisation ; et celui des intégrationnistes à travers l'école de l'intégration. Dans cette partie, nous présenterons à la suite de ces trois principales écoles, la théorie « push-pull » qui traite essentiellement des facteurs déterminant l'entrée des IDE sur un territoire donné.

A. Ecole de la dépendance

L'école de la dépendance était florissante entre les années 1960 et 1980. Les théories de la dépendance considèrent que l'exploitation par les pays industrialisés est la cause première du sous développement. La principale contribution de l'école de la dépendance dans le domaine de l'IDE a été de concentrer sa pensée sur les conséquences de l'investissement direct étranger dans les pays en voie de développement et de faire une analyse critique des paradigmes de développement du monde occidental qui considèrent l'IDE comme étant un élément certainement positif. Elle regroupe deux grandes théories : les théories de la dépendance ou néo marxiste avec Gunder Frank, Samir Amin, Pierre Samala et celles de la structure avec Celso Furtado, F. H. Cardozo, A. Cordoba, A. Quijano, O. Sunkel.

Les marxistes affirment que les pays en voie de développement sont exploités par le moyen du commerce international qui mène à la détérioration des termes de l'échange (un échange inégal dans le langage marxiste), soit par les sociétés multinationales qui exportent les profits à l'extérieur des économies en voie de développement. L'investissement étranger y est perçu comme un instrument de domination impérialiste.

Les structuralistes voient à travers la délocalisation un moyen pour les firmes multinationales d'exploiter la main-d'oeuvre bon marché de la périphérie et d'obtenir les matières premières au plus faible coût possible. Ils stipulent que les avantages que les nations périphériques retirent de la présence du capital étranger sont illusoires, à côté de quelques emplois précaires et mal rémunérés, et que sa présence crée de forts liens de dépendance et détruit les économies traditionnelles. Elle ne critique pas entièrement le capitalisme mais souligne plutôt que les périphéries ne gagnent pas autant du capitalisme que le centre.

Pour l'école de la dépendance, l'investissement étranger apporte plus d'inconvénients que d'avantages et ne fait que renforcer le sous-développement. Cependant, il est largement reconnu aujourd'hui que l'investissement direct étranger est indispensable à la croissance et au développement économique.

B. Ecole de la modernisation

L'école de la modernisation8(*) s'est développée avant l'école de la dépendance et elle garde encore beaucoup d'influence jusqu'à ce jour. Les théoriciens de la modernisation proclament qu'il existe un ordre naturel par lequel les pays accèdent à des étapes de développement plus élevées. Ces théoriciens recommandent que les pays en voie de développement suivent la voie des pays développés et surmontent les barrières endogènes pour suivre un développement à motivation exogène par le moyen de l'industrialisation, la libéralisation et l'ouverture de l'économie.

L'école de la modernisation considère l'IDE comme une condition préalable et un catalyseur pour une croissance et un développement durables. Pour que l'IDE puisse jouer son rôle crucial, les économies doivent être libérées des interventions déformantes de l'Etat et ouvertes à l'investissement et au commerce étranger. Dans l'école de la modernisation on retrouve deux approches, d'une part celle du marché parfait, et d'autre part celle du marché imparfait.

Les théories du marché parfait découlent des théories du libre-échange en utilisant des analyses d'équilibre général. Elles supposent une concurrence parfaite dans laquelle tous les participants sont des acteurs économiques n'ayant pas d'influence sur les prix, ni monopoles, ni oligopoles et qui peuvent librement entrer ou sortir du marché. Les approches initiales comme la théorie des mouvements de capitaux assimilent en gros les investissements directs à des investissements de portefeuille et les expliquent par les différentiels de taux internationaux, c'est-à-dire par la possibilité de tirer un meilleur rendement du capital investi. Ainsi les firmes multinationales transfèrent leurs investissements des pays où le capital est abondant, donc moins bien rémunéré, vers les pays où il est rare, donc mieux rémunéré.

L'approche du marché imparfait regroupe la théorie de l'organisation industrielle, la théorie de la firme, la théorie de l'internalisation, de la localisation et de la mondialisation. Selon la théorie de l'organisation industrielle les facteurs macro et micro-économiques sont responsables des déviations à partir du modèle du marché parfait dans la vie réelle, en particulier les barrières à l'entrée et les coûts des transactions. Grâce à ces imperfections du marché, les firmes peuvent plus efficacement se diversifier ou s'intégrer verticalement ou horizontalement au lieu de se faire la concurrence. Selon la théorie de l'organisation industrielle, les firmes choisissent d'investir en un lieu à cause de son avantage comparatif. La théorie de la firme examine les éléments qui influent sur le choix que fait une firme de ses instruments d'investissement à l'étranger, depuis la vente d'un brevet ou d'une marque déposée jusqu'à un IDE à 100 % dans une filiale. La théorie de l'internalisation affirme que les firmes maintiennent les opérations au niveau interne par une filiale à 100 % parce qu'elles veulent contrôler les risques et conserver une part du marché. Selon cette théorie, les firmes décident d'investir à l'étranger en vue de s'assurer de la proximité des ressources (matières premières, main-d'oeuvre) et des marchés. "La globalisation réelle se définit comme l'interconnexion des marchés de facteurs et de produits à travers les échanges et l'investissement direct étranger. Ce processus de globalisation entraîne la substitution de l'internationalisation par l'intégration des marchés, or l'investissement direct étranger est le principal support de cette intégration. Il existe donc une corrélation positive entre le développement de la globalisation et l'évolution des flux d'IDE."9(*)

Aucune théorie de l'école de la modernisation ne parle des inconvénients des flux d'IDE que ce soit pour le pays d'origine ou le pays d'accueil. Selon les théoriciens de cette école, la décision d'investir à l'étranger est un choix motivé par la maximisation du profit qui est l'essence même du capitalisme. Les flux d'investissement direct sont d'un apport positif pour les pays d'accueil car ils permettent aux pays hôtes d'avoir accès au capital, aux technologies et au marché mondial y inclus les emplois générés et les revenus tirés par l'Etat de ces investissements.

C. Ecole de l'Intégration

Les théories de l'intégration rendent compte de la multiplicité des variables hétérogènes qui entrent dans le processus de l'IDE. Ces théories tiennent compte des variables macro, méso et micro économiques qui déterminent l'IDE. Le niveau macro couvre l'ensemble de l'économie, le niveau micro désigne la firme et le niveau méso représente les institutions liant les deux, par exemple les agences du gouvernement qui publient la politique de l'investissement pour les entreprises. La théorie de l'intégration éclaire davantage le point de vue du pays hôte sans tomber dans le piège de le présenter comme une victime, comme le fait la théorie de la dépendance. L'école de l'intégration cherche à analyser l'IDE du point de vue des pays hôtes ainsi que celui des investisseurs. Cette école regroupe trois grandes théories: le paradigme OLI (propriété, localisation, internalisation) de John. Dunning10(*), le paradigme ESP de Koopman et Montias et la théorie de l'adaptation institutionnelle à l'IDE.

Dunning dans Son paradigme «éclectique» (paradigme OLI) publié en 1977, intègre plusieurs approches théoriques. Partant du concept de marché imparfait, il conceptualise un paradigme réunissant trois avantages : les avantages spécifiques à la firme (Ownership), les avantages comparatifs de la localisation géographique du pays hôte (L) et les avantages de l'internalisation (I).

· Avantages Spécifiques à la firme (O)

Précédemment appelés avantages monopolistiques ou avantages compétitifs, les avantages spécifiques constituent les compétences distinctes détenues par la firme qui s'installe à l'étranger : possession d'une technologie plus avancée, facilité particulière d'accès aux ressources financières, existence d'économies d'échelle, différenciation du produit, etc.

· Avantages comparatifs de la localisation (L)

Il s'agit de l'avantage comparatif du pays d'accueil. Les avantages sont relatifs au coût et à la disponibilité des facteurs du produit, aux particularités du système institutionnel (fiscalité, réglementation du travail, degré de restriction aux échanges), à la langue, à la culture, etc.

· Avantages de l'internalisation (I)

Ce sont des avantages relatifs à l'intégration horizontale ou verticale des coûts liés aux imperfections du marché des biens et des facteurs de production.

Ainsi, selon Dunning, la firme décide d'investir à l'étranger si elle réunit simultanément les trois types d'avantage O, L et I. Dunning étudie les flux d'investissement d'un double angle, du côté des investisseurs (avantages spécifiques de la firme O) et du côté du pays d'accueil (avantage à la localisation). Sa théorie représente une synthèse des théories du capital, de l'avantage technologique, de la localisation et de l'internalisation. Cette théorie appartient à la vision libérale qui voit à travers l'IDE une opération bénéfique et pour l'investisseur et pour le pays d'accueil. L'investisseur cherche un profit maximum et le pays hôte reçoit le capital, la technologie et un marché plus large.

Le paradigme «ESP« d'après Montias et Koopman permet de comprendre les flux d'IDE à partir de l'évolution des variables structurelles d'un pays : l'environnement (E), le système (S) et le politique (P). L'environnement comprend les ressources naturelles et humaines et les infrastructures technologiques. Le système concerne les institutions politiques, économiques et sociales. Le politique inclut les actions spécifiques gouvernementales afin de réaliser leurs objectifs économiques et sociaux.

La théorie de l'adaptation institutionnelle à l'IDE, créée par Wilhelms Saskia et Witter Stanley, étudie la capacité d'un pays d'attirer, d'absorber et de préserver l'IDE. Les flux d'IDE dépendent de quatre institutions :

le gouvernement (G), le marché (M), l'éducation (E) et le milieu socio-culturel (S) selon l'équation : IDE = 130 + 131 G + 132 M + 133 E + 134 S.

Le paradigme ESP et la théorie de l'adaptation institutionnelle analysent l'importance des institutions du pays d'accueil dans la détermination des flux d'IDE. Les auteurs de ces deux théories acceptent l'hypothèse que l'IDE est un catalyseur pour la croissance économique et proposent des éclairages pour attirer, absorber et préserver les flux d'IDE. Ce qui distingue la théorie de l'intégration de l'IDE des théories précédentes est qu'elle accorde plus d'importance au niveau méso, l'espace dans lequel les variables macro et micro se rencontrent et les secteurs privé et public sont en interaction.

Parmi les trois grandes écoles présentées, seule l'école de la dépendance rejette l'importance de l'IDE pour les pays d'accueil. Elle considère que l'IDE renforce la dépendance et le sous-développement et n'apporte aucun apport incitatif à la croissance économique du pays hôte. Par contre, les deux autres écoles voient à travers l'IDE un élément positif, voire un catalyseur pour la croissance et le développement. L'école de l'intégration propose même des analyses relatives aux institutions des pays d'accueil en vue d'attirer, d'absorber et de préserver l'IDE.

D. La théorie « push-pull »

Des études ayant analysé les déterminants des IDE du point de vue de l'économie d'accueil indiquent deux principaux groupes de facteurs : les "pull factors" et les "push factors"11(*).

Les « pull factors » sont les facteurs qui attirent les investisseurs (effets positifs sur les IDE). Ils reflètent les différentes opportunités qu'offre une économie et les risques encourus par les investisseurs. Les « pull factors » sont les facteurs qui attirent les IDE. Les travaux sur les déterminants des IDE montrent que les « pull factors » sont des indicateurs macroéconomiques (PIB par tête, taux de croissance de l'économie), le degré d'ouverture de l'économie et l'indice de risque politique. D'autres « pull factors » peuvent être l'avantage comparatif en termes de coût de production, la stabilité politique et économique, en particulier l'absence d'hyperinflation et une bonne sécurité civile, la présence d'infrastructures (transport et information), un bon système éducatif, un bon cadre de travail, un environnement sécurisant pour les investissements, un marché local en pleine croissance, l'existence d'un bon système bancaire et financier, l'existence d'activités de substitution aux importations, les politiques incitatives.

Les « push factors » en revanche sont les facteurs répulsifs, autrement dit les facteurs qui découragent les investisseurs. Ce sont des facteurs relatifs aux coûts d'opportunité et qui décrivent l'environnement macroéconomique de l'investissement.

* 8 Saskia Wilhelms, l'investissement direct étranger et ses éléments déterminants dans les économies naissantes, Agence des Etats Unis pour le développement international, Juillet 1998, pp9-10.

* 9 Yves Crozet, Les grandes questions de l'économie internationale, Nathan, 1997, p138.

* 10 Louis Muchielli, De nouvelles formes de multinationalisation, Problèmes économiques, Juillet 1991,

pp25-32.

* 11 Voir par exemple Merlevede et Schoors (2004), Wilhelms et Witter (1998), Boudjedra (2004).

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