III. 3- La société pluriethnique
Les situations de contacts entre groupes ont le plus souvent
abouti à la coexistence, au sein d'une même structure politique,
l'État classique notamment, de groupes territorialisés ou non,
différenciés selon des clivages linguistiques, religieux,
socio-économiques et politiques. Les termes utilisés pour
désigner ces groupes différenciés par des
réalités culturelles propres sont très variés. Sans
prétendre à une quelconque exhaustivité, il faut rappeler
que l'on parle de minorités linguistico-culturelles, de minorités
ethnico-culturelles, de minorités nationales, d'ethnies, de
communautés ethnico-nationales, de mouvements régionaux,
autonomistes, indépendantistes etc. Les théories de la
dépendance, du colonialisme intérieur et le paradigme
centre-périphérie nous renseignent cependant que ces
réalités culturelles convergent toutes vers deux types de
sociétés que sont la société pluriethnique et la
société polyethnique.
La société pluriethnique fait
référence à une société dont la descendance
ancestrale plus ou moins connue des populations est différente. Elle est
une société dans laquelle coexistent à l'intérieur
d'un Etat donné, plusieurs nations. Dans ce cas, c'est l'incorporation,
volontaire ou non (par constitution d'une fédération ou par un
processus de conquête), de diverses nations au sein d'une entité
politique plus vaste qui est la source du pluralisme culturel. C'est l'exemple
du Canada avec le cas du Québec, et de l'Union européenne si elle
devenait une fédération dans le futur.
Une société polyethnique, en revanche, est une
société où la source de la diversité culturelle
renvoie à l'immigration. Le pluralisme culturel résulte ici du
fait qu'un pays a accepté ou accepte encore d'accueillir des immigrants.
Ceux-ci n'occupent en effet pas un territoire défini, mais sont plus ou
moins disséminés sur le territoire national.
Les aspirations de ces deux types de groupes culturels que
l'on retrouve au sein des sociétés polyethnique et pluriethnique,
sont foncièrement différentes. Dans la situation de la
société pluriethnique, nous avons affaire à des
« minorités nationales » dont le principal souci est
de se préserver comme des « sociétés
distinctes » à côté d'autres cultures. La
principale revendication de celles-ci serait alors l'autonomie. En ce qui
concerne le second cas qui est celui de la société polyethnique
par contre, on a plutôt affaire à des « minorités
culturelles » qui veulent s'intégrer dans la
société. Le cas qui nous intéresse dans le cadre de notre
analyse, est le premier, c'est-à-dire la société
pluriethnique ou multinationales dont un exemple typique est la
société camerounaise : État caractérisé
par sa multiplicité de groupes ethniques.
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