Justice politique et prévention des conflits dans les sociétés pluriethniques: cas de la politique de l'équilibre régional au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Alain Patrick YODOU SIBEUDEU Université catholique d'Afrique centrale - Master II en sciences sociales, option: gouvernance et actions publiques 2011 |
III. LA DÉFINITION DES CONCEPTSL'étude des sociétés pluriethniques soulève des problèmes divers. Pour répondre au défi lancé à la pensée au sujet de ces types de société, il convient de ne limiter pour ce qui est du cas typique de la PER, la réflexion à l'examen de problèmes particuliers à cette analyse. C'est ce qui justifie l'effort de définition de la terminologie propre à ce champ d'étude que nous entreprenons ici pour cerner les réalités juridico-politiques et anthropo-sociologiques qui sont en jeu dans la dimension pluriethnique des tensions sociales au Cameroun. Ainsi allons-nous définir tour à tour les concepts de la justice politique, de la prévention des conflits, de la société pluriethnique et de la politique de l'« équilibre régionale ». III. 1- La justice politiqueLe concept de justice politique renvoie à l'ensemble des principes qui définissent et réglementent la redistribution des ressources sociales au sein d'une collectivité. C'est le résultat d'une série de choix collectifs sur ce que doivent être les clefs de répartition équitable entre les membres d'une société. Pour ce faire, il s'appuie sur des principes comme l'égalité des droits ou l'équité des situations, principes découlant des valeurs de la société, pour déterminer les formes de solidarités collectives. Ainsi comprise, la justice politique représente l'ensemble des choix qui vont régir la définition des droits d'accès aux ressources d'une collectivité. Autrement dit, elle est une codification des règles sociales de répartition ou de redistribution des biens et charges au sein de la société. III. 2- La prévention des conflitsLa prévention désigne l'action destinée à empêcher le développement ou la réalisation d'un mal, d'une chose fâcheuse. Le terme conflit pour sa part fait référence à une vive opposition entre personnes, un antagonisme, une lutte armée entre deux ou plusieurs entités. Sur la base de la signification de ces deux termes, l'on peut concevoir le concept de la prévention des conflits comme l'ensemble des mesures adoptées pour éviter l'éclatement des antagonismes entre des personnes ou des groupes. Autrement dit, il est une analyse de la situation conflictogène du milieu auquel l'on s'intéresse4(*). Ce concept s'oriente vers deux axes complémentaires que sont la prévention opérationnelle directe et la prévention structurelle. De ces deux axes, c'est-à-dire la prévention opérationnelle directe ou prévention immédiate qui vise à réduire les risques de violence en résolvant une crise immédiate, et la prévention structurelle qui, elle, s'attaque aux causes profondes des conflits armés5(*), c'est la seconde qui nous intéresse davantage. Car nos « efforts sont actuellement centrés sur le moyen de progresser dans la mise en oeuvre d'une stratégie de prévention structurelle, qui traiterait des causes politiques, sociales, culturelles, économiques, environnementales et autres causes structurelles qui sont souvent à la base des symptômes immédiats de conflits armés ». * 4 (Cf.) Le Rapport Brahimi, adopté lors du Sommet du Millénaire en septembre 2000. * 5 (Cf.) Les conclusions de la Commission Carnegie. |
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