Justice politique et prévention des conflits dans les sociétés pluriethniques: cas de la politique de l'équilibre régional au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Alain Patrick YODOU SIBEUDEU Université catholique d'Afrique centrale - Master II en sciences sociales, option: gouvernance et actions publiques 2011 |
Paragraphe 2- L'égale répartition des biens et charges sociaux entre les différentes communautés ethniques et la prévention des conflits ethniquesSi la distribution égalitaire des biens et des charges entre les différents groupes ethniques du Cameroun est a priori impossible vu leur grand nombre, l'arbitrage des revendications concurrentes entre ces groupe doit en revanche permettre l'accès de tous ceux-ci au même titre aux avantages sollicités pour prévenir les confrontations entre eux. D'où l'analyse que nous faisons ici de (1) l'égalité de chances offert à tous les groupes ethniques, et (2) de la juste redistribution des biens et des charges sociaux à ces différents groupes. II. 1- La PER et l'égale attention à tous les groupes ethniquesLe rôle de l'égalité des chances est de neutraliser les effets des origines sociales afin de rétablir une véritable égalité des chances dans la distribution des positions sociales. Cette conception rawlsienne exige en effet que les institutions agissent sur les causes structurelles de l'inégalité pour rétablir des conditions plus égalitaires. L'intervention par exemple de celles-ci dans le domaine éducatif, en plus d'assurer le rattrapage scolaire, doit surtout concerner le contenu même du savoir scolaire transmis. Le traitement différentiel quant à lui stipule que les distributions, sont justes si elles se font au plus grand bénéfice des plus défavorisés. Quant aux limites imposées prenant en compte la contrainte économique vis-à-vis d'une orientation de réduction des inégalités. De ce point de vue, toute nouvelle répartition des bénéfices d'une création de richesse est juste, si elle n'entraîne pas une régression de la situation des plus mal lotis. Même si les mieux lotis régressent. Cette répartition est injuste en revanche, si les plus mal lotis régressent, quand bien même on enregistrerait une progression du revenu moyen de l'ensemble des individus. La situation la plus juste serait dans ce cas celle qui provoque la plus grande progression des plus défavorisés. À la lumière des principes de justice de Rawls, la stabilité d'une société s'apprécie, non pas à partir de la progression de l'ensemble de la population appréhendée collectivement, ni à celle de la moyenne ; mais à l'aune de l'attention faite aux plus défavorisés de ses membre82(*). Ce qui justifie la régulation différentielle des groupes ethniques par l'état du Cameroun. Ainsi, les groupes ethniques de l'état camerounais, qui, de par leur « nation » sont différents, s'accordent-ils sur les points communs de leur vivre ensemble, notamment sur ceux de ces points qui rendent possible la coexistence pacifique de toutes les communautés ethniques, et la stabilité politique83(*). * 82 (Cf.) Rawls, Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1987, p. 106. * 83 (Cf.) Rawls, Libéralisme politique, Paris, PUF, 1995, p. 172. |
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