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Justice politique et prévention des conflits dans les sociétés pluriethniques: cas de la politique de l'équilibre régional au Cameroun.

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par Alain Patrick YODOU SIBEUDEU
Université catholique d'Afrique centrale - Master II en sciences sociales, option: gouvernance et actions publiques 2011
  

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I. 2- L'ethnicisation de l'arène politique au Cameroun

Suite à la libéralisation démocratique au début des années 1990, tous les groupes ethniques nourrissent l'ambition d'accéder au pouvoir, ou tout au moins d'y prendre part. Les revendications concrétisées dans les manifestations politiques et les lettres ouvertes et mémorandums de certains groupes ethniques au chef de l'état justifient ce phénomène. C'est le cas du mémorandum adressé au Président par les élites de la région de l'Adamaoua le 4 octobre 1991, la lettre ouverte des étudiants de la région de l'Est au président de la république pour mentionner la sous représentation de leurs ressortissants dans les hautes sphères décisionnelles de l'État. Si les auteurs de ces correspondances font tous état de la sous-représentassions des ressortissants de leur région dans les postes politico-administratifs, ceux de la province de l'Est mettent davantage le doigt sur la situation de délaissement et d'exclusion de leurs populations sur le plan éducatif, économique, social, infrastructurel etc.29(*)

A côté de ces revendications, il faut noter la virulente confrontation qui oppose le groupe ethnique Bamiléké à celui Béti, motivés tous deux par l'ambition de contrôler le pouvoir politique. Ceux-ci font à cet effet, usage de toute sorte de subterfuge pour atteindre leur fin. C'est ainsi que, dans le but de mettre leurs populations en mouvement, les intellectuels et politiques Bamiléké vont s'affairer à convaincre les citoyens issus de l'ethnie Bamiléké qu'ils méritent mieux que leur situation actuelle ; et que la non amélioration de cette situation est due au blocage des autres groupes ethniques adverses. En outre, Ils décrient les décisions administratives par les lettres ouvertes aux autorités. Ils disent en effet que ces décisions administratives sont antibamiléké et soutiennent qu'elles sont la manifestation pure et simple de la haine de l'autorité politique majoritairement représentée par l'ethnie Béti exprimée à l'encontre des ressortissants de l'ouest Cameroun. C'est ce qui justifie par exemple la lettre des « intellectuels Bamiléké » rendue publique par le COSIBA, en 1990, pour attirer l'attention du chef de l'État sur cette sorte d'apartheid pratiqué contre les Bamiléké, et pour l'inviter à y mettre fin30(*).

En retour, les intellectuels et acteurs politiques Béti vont quant à eux, installer dans l'esprit des membres de l'ethnie Béti, l'idée selon laquelle ils sont en danger perpétuel. D'où leur ambition de les en éloigner. Le danger indiqué ici est représenté par les Bamiléké qui sont identifiés comme des envahisseurs hégémoniques qui pratiquent un tribalisme à outrance contre les Béti. C'est ce qui les amène à soutenir que le bamiléké ne connaît que son frère ; et que S'il arrive au pouvoir, rien ne sera laissé aux autres, les béti en particulier. C'est ce qui justifie les menaces d'embrasement total qu'ils brandissent en vu de mettre en garde tous ceux qui s'attaqueraient aux Béti. L'arme de la sécession est également mise en avant ici. Et ce, sous le prétexte que la partition du territoire camerounais profiterait largement aux Béti qui possèdent plus de 40% de l'espace géographique de ce territoire contre seulement 10% pour les Bamiléké. Et, ce sont les Bamiléké, soutiennent-ils, qui ont besoin de ce territoire riche en ressource naturelles pour développer l'économie dont ils disent avoir le monopole. En fin de compte, l'ethnicisation de l'arène politique par les politiques laisse nettement entrevoir la menace d'affrontements ethniques qui pèse sur le Cameroun. L'expression des groupes ethniques autochtones et de la minorité anglophone n'en est pas moins un danger à ce sujet.

* 29 (Cf.) Monda, Idem, pp. 27-28.

* 30 (Cf.) Mbonda, Ibidem, p. 29.

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