CHAPITRE II: ANALYSE DES RISQUES DANS LES INSTITUTIONS
DE MICRO-FINANCE
Section 1 : Contexte d'évaluation du
risque
L'importance des événements risques varie selon
leurs fréquences et impacts. La gestion des risques doit
déterminer la priorité avec laquelle une institution de
micro-finance attribue ses ressources à sa gestion. Si le risque est
considéré comme un problème au sein de
l'établissement ou non, cela dépend de son évaluation et
le seuil qui lui est attribué. La bonne mise en oeuvre de ces
procédures d'évaluation des risques et leur pertinence doivent
être testées en permanence. Pour cela les institutions de
micro-finance développent des mécanismes de gestion du risque.
On peut citer trois mécanismes de gestion des
risques:
· contrôles internes
· audit interne
· audit externe
Le contrôle interne est le premier mécanisme de
gestion des risques et il est mis en oeuvre par tout le personnel de
l'institution de micro-finance. De plus, s'il est efficace il va permettre
d'identifier, de mesurer et d'atténuer les risques opérationnels.
Le contrôle interne est un outil mis en place et utilisés par les
dirigeants afin de contrôler les activités de l'institution de
micro-finance. Ce contrôle doit permettre d'atteindre les objectifs
fixés par l'institution en corrigeant les contradictions des
systèmes mis en oeuvre et en détectant les anomalies.
Le contrôle interne est composé de trois
types:
· contrôle de prévention : permet
d'éviter les incidents avant qu'ils ne se produisent,
· contrôle de détection : identifie les
incidents lorsqu'ils surviennent c'est à dire après qu'ils se
sont produits,
· contrôles de correction : mesures correctives
prises afin de réparer les incidents et d'éviter qu'ils ne se
reproduisent.
Un audit externe est un examen formel et indépendant
des états financiers et opérationnels d'une structure, il
effectue par un organisme extérieur à l'institution. Il donne de
la crédibilité aux états financiers, garantie une
transparence de l'utilisation des fonds vis à vis des bailleurs. Il
permet également d'identifier les faiblesses dans les systèmes de
contrôles internes. Les audits ne donnent pas toujours les
résultats escomptés en matière d'aide aux organismes. Ceci
est dû au fait que ces audits proviennent d'exigences extérieures
à l'institution, comme celles des bailleurs et des investisseurs. Ils
sont ainsi perçus comme ayant peu de valeur.
L'audit interne et externe a pour but de produire des rapports
dont leur objectif est que les institutions de micro-finance, et plus
particulièrement les dirigeants, prennent des mesures correctives afin
d'atténuer les risques repérés.
Les provisions pour créances douteuses sont une notion
très importante pour une institution de micro-finance. Un
provisionnement bien adapté donne une bonne indication sur la
capacité de l'institution de micro-finance à gérer les
impayés qui sont le risque principal de son activité. Il est
important que la politique de provisionnement soit reliée à la
fois à l'historique des pertes et à la situation actuelle du
portefeuille de crédit et notamment au Portefeuille à Risque
(PAR). En d'autres termes il est nécessaire d'ajuster les provisions
à l'état du portefeuille. Ainsi, le provisionnement doit se
fonder sur les pertes des dernières années et sur l'encours moyen
de l'année. Dans le cas où l'institution de micro-finance n'a pas
de politique d'abandon de créance, il faut alors relier le pourcentage
de provisionnement à la part des crédits qui se sont
avérés irrécouvrables. Certaines institutions de
micro-finance ne gardant pas l'historique de leur activité, ils peuvent
faire une estimation du provisionnement à partir du taux de recouvrement
dont la définition est la suivante: (Montant recouvré sur une
période) / (Montant décaissé sur cette même
période).
Certaines institutions de micro-finance manquent de politique
d'abandon de créance. Ceci est dû au fait que les institutions de
micro-finance ont le sentiment que reconnaître un crédit comme
étant une créance douteuse peut signifier vis à vis des
agents de crédit et des emprunteurs que l'institution ne se soucie plus
du remboursement de ce prêt. Les conséquences de cette absence de
politique sont une baisse de la qualité de portefeuille et une
surestimation des produits et des actifs de l'institution.
Il y a des institutions de micro-finance qui ont
développé une politique d'épargne obligatoire ou
volontaire, c'est à dire une épargne sans prêt.
L'épargne peut malheureusement poser des problèmes de
sécurité et de gestion mettant en difficulté à la
fois les épargnants et les institutions de micro-finance. Pour palier
à ces risques, les réglementations locales imposent
généralement une agrégation aux institutions de
micro-finance. Ces agrégations sont des systèmes conformes aux
normes comptables. La pratique de l'épargne fait apparaître de
nouveaux risques pour l'institution de micro-finance. Le risque le plus
important est le risque de liquidité qui empêche des
décaissements immédiats. La gestion des disponibilités est
donc très importante au sein d'une institution de micro-finance
pratiquant l'épargne.
Le cadre de gestion des risques présente une nouvelle
approche du contrôle interne, supérieure car
intégrée à tous les niveaux de l'institution. Le processus
itératif de gestion des risques implique le conseil d'administration et
les dirigeants dans le processus d'identification et d'évaluation des
risques, ainsi que dans l'élaboration de politiques, procédures
et systèmes opérationnels sains. Ensuite, les mécanismes
de contrôle interne testent et évaluent la capacité de
l'institution de micro-finance à réduire le risque. La mise en
oeuvre et l'amélioration de ces politiques, procédures et
systèmes impliquent le personnel opérationnel dans le processus
de contrôle interne, ce qui permet à l'institution d'avoir un
retour sur sa capacité de gestion des risques sans nuire au service
client ni causer de difficultés opérationnelles. Le conseil
d'administration et la direction sont informés des résultats de
l'évaluation et y répondent comme il se doit, poursuivant ainsi
le processus continu d'évaluation des risques et de mise en oeuvre des
contrôles.
Pour remplir leur double mission de pérennisation et
d'aide aux populations à faibles revenus, les institutions de
micro-finance doivent être doter d'un cadre d'évaluation des
risques qui comporte deux composantes majeures :
- La viabilité financière
- Le développement institutionnel
Une norme d'évaluation des risques d'une institution
financière traite seulement du premier point. Pour évaluer le
diagnostic financier d'une banque ou d'une institution financière, il
est nécessaire de prendre en compte la gestion des actifs et passifs, en
intégrant le risque sur crédit ainsi que les risques
opérationnels comme la fraude et l'inefficacité.
L'évaluation des risques en micro-finance nécessite
également la prise en compte des perspectives de développement
institutionnel. Comme les institutions de micro-finance se soustraient de plus
en plus de la dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds au
profit d'une autonomie financière durable ; une vision claire, des
systèmes de gouvernance fiables et efficaces, et un personnel
compétent deviennent des déterminants cruciaux pour une meilleure
gestion des risques.
Ce cadre cohérent d'évaluation de risques des
institutions de micro-finance présente une analyse objective des
problématiques de développement institutionnel et de
viabilité financière, en distinguant quatre types de risques
à savoir : risques institutionnels, risques opérationnels,
risques de gestion financière et risques externes.
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