Le manuel scolaire à l'école primaire: effets et limites( Télécharger le fichier original )par Elhabib STATI Université Hassan 1er de Settat - Maroc - Master 2010 |
B. Les limites du manuel scolaire :Pour que l'élève construise du sens, il faut au préalable que les savoirs qui lui sont enseignés soient insérés dans une situation d'apprentissage significative. Comme le rappelle Fabre, la question du sens se joue à un triple niveau, celui de la signification ou de la validité des savoirs (fonction épistémologique), celui de la manifestation ou de la motivation pour l'élève (fonction psychologique) et celui de la référence (fonction sociale)12(*).Partant de ces fonctions, on peut citer certaines limites des manuels scolaires utilisés dans notre école primaires. La limite épistémologique :La majorité des acteurs rencontrés estiment que les critères évoqués par les inspecteurs pour sélectionner et définir un bon manuel portent davantage sur la forme que sur le contenu. Cependant, le choix d'un bon manuel doit se fonder sur ce qu'il transmet aux élèves. Il est vrai que l'élève s'intéresse à la forme du manuel, mais ce n'est là qu'un élément marginal qui doit complèter l'essentiel, à savoir le contenu. Il ne suffit pas d'avoir des manuels avec des lettres claires et lisibles et des textes accompagnés d'images... il faut s'interroger sur ce que ces textes et ses supports véhiculent comme savoirs et valeurs. C'est la question clé qui nous permet de valider le contenu d'un manuel. On constate que le livre au programme à la première année du primaire, par exemple, ne permet pas à l'élève , dans le milieu urbain comme dans le milieu rural d'enrichir suffisamment son vocabulaire. En effet,chaque qui y étudiée est suivie automatiquement de trois images contenant cette lettre et de trois activités typiques : « Qu'est-ce que c-est ? », « Que fait-il/elle » ou « Je lis et je lie »13(*).Sauf que sur les cahiers d'exercices le maître doit diversifier les activités d'apprentissage pour entraîner l'élève à lire, à écrire, à copier et à s'exprimer. le manuel scolaire est censé diversifier les situations d'apprentissage ; il devrait proposer à l'élève des activités de lecture , d `écriture et d `expression. Dans ce cadre, à quoi sert un texte de lecture s'il ne donne pas à l'élève la possibilité d'exploiter les phrases de ce texte pour l'apprentissage de la grammaire et de la conjugaison et surtout pour des productions écrites. Dans un manuel de langue arabe de la 6ème année, la première unité traite des « valeurs islamiques et l'humanité » alors que la production écrite,dans cette même unité, porte sur la description d'un personnage, d'un lieu ou d'une chose. Quelle relation y a-t-il entre ces deux activités ? Autre remarque, les auteurs du manuel scolaire de la 5ème année de la langue française14(*) ont réussi, selon plusieurs professeurs de la matière, à bien choisir les poèmes, ce qui n'est pas le cas s'agissant des autres textes. En outre, plusieurs professeurs de la 2ème année primaire n'approuvant pas la façon dont les auteurs présentent les leçons de la multiplication et de la soustraction. Pour cette raison, les auteurs du manuel des langues devraient être conscients de ce travail de structuration et veiller à la cohérence de chaque unité d'apprentissage. Ce travail ne peut être fait que par des auteurs qui ont la compétence de produire des textes cibles, courts et pertinents. Les leçons de maths,quant elles, doivent être présentées d'une manière plus simple et plus attirante. * 12 Fabre .M, « Situations-problèmes et savoir scolaire ». Paris : Presses universitaires de France, 1999. * 13 Le manuel scolaire de la langue arabe (1ière année primaire). * 14 Mes apprentissages en français. |
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