3. La gestion du temps dans les entretiens
D'une manière assez générale, les
rencontres ont lieu une fois toutes les deux semaines pour un entretien
d'environ une heure et demie. Cependant, ce sont des données restant
modulables par le médiateur au vu de la situation. Comme je l'ai
exposé dans la première partie, les configurations familiales
rencontrées peuvent être multiples. Dans une famille
monoparentale, où l'un des parents a obtenu l'hébergement
principal des enfants, il peut arriver que le domicile de l'autre parent soit
éloigné de celui-ci, dans ce cas le médiateur doit prendre
en compte cette situation géographique. Afin que la médiation
puisse se mettre en place, il est parfois nécessaire de faire varier la
fréquence des entretiens et leur durée. Par exemple, dans une
telle situation, le médiateur peut accepter de recevoir les parents sur
un temps supérieur à une heure et demie. La fréquence des
entretiens peut se trouver modifiée également en fonction des
possibilités des parents.
Dans le cas d'une succession, afin de réussir à
réunir l'ensemble de la fratrie, il est possible que le médiateur
ait à se déplacer, si cette solution permet de régler le
litige. La rencontre peut se faire sur une ou deux journées. Cependant,
plus les personnes à rassembler sont nombreuses, plus il est difficile
de convenir des dates, du lieu et de la durée des entretiens. Le
médiateur peut adapter le processus à ces situations complexes
afin de mener à bien la médiation.
Dans le cadre de médiation internationale, il arrive
que le médiateur soit sollicité par l'un des parents vivant en
France, pour régler un litige avec l'autre parent vivant à
l'étranger. Dans ce cas, il arrive que le médiateur se
déplace pour une durée plus au moins longue, afin de
réunir les deux parents dans un lieu plus proche pour les deux.
Dans le cadre d'entretiens avec différents
médiateurs, l'un d'entre eux m'a fait part d'une situation qui,
exposée ici, permettrait une meilleure compréhension du sujet.
Madame A est d'origine Allemande et Monsieur F est d'origine
française. De leur union est née une petite fille, Lina. Ils
résident tous les trois en Allemagne. Au moment de la séparation,
Monsieur F quitte l'Allemagne avec Lina, ce qui va être perçu par
la maman comme un rapt d'enfant. Celle-ci porte plainte, plainte qui remonte
jusqu'à Interpole. Monsieur F de son côté rencontre le juge
des enfants et le juge aux affaires familiales car il considère que sa
fille serait en danger avec sa maman. Cependant, le papa est d'accord sur le
fait que, pour le bon épanouissement de Lina, il est important qu'elle
entretienne une relation avec sa maman. Le juge aux affaires familiales enjoint
alors les parents à une mesure de médiation familiale. Un
médiateur est donc nommé pour la médiation. Madame A donne
son accord mais souhaite voir sa fille à cette occasion.
La première rencontre à lieu à
Strasbourg, à mi-parcours entre le domicile du papa en France et celui
de la maman en Allemagne.
Le médiateur débute la médiation par un
premier entretien où sont présents Lina et son papa. Puis a lieu
un deuxième entretien avec la maman et Lina. Lors de cet entretien, Mme
A refuse de s'exprimer en français et à l'issue de celui-ci
Monsieur F ne se dit pas prêt pour la médiation et repart avec
l'enfant.
Il s'en suit un référé au juge aux
affaires familiales et une mesure conservatoire visant au placement de Lina.
Le médiateur et les parents décident d'une
nouvelle rencontre deux semaines plus tard, rencontre à laquelle
n'assistera pas Lina (qui est alors placée).
La rencontre a lieu, et elle vise à rétablir un
lien entre les parents, mais la maman ne souhaite toujours pas parler
français, la rencontre est donc reportée. Une rencontre est alors
fixée la semaine suivante, en présence de la petite fille. Au
cours de cette journée, lors du temps de midi, les parents et le
médiateur se rendent à la brigade des mineurs pour rencontrer
Lina et partager un repas « en famille ». Durant
l'après midi, chaque parent va passer deux heures avec l'enfant en
présence du médiateur.
Le lendemain, le médiateur distingue
immédiatement un changement de position dans le discours des parents,
une reconnaissance mutuelle et même une certaine convivialité
entre eux. Après 45 minutes de médiation, les parents ont
trouvé des accords qui seront entérinés.
Je pense, ici, que sans une certaine mobilité et
adaptabilité du médiateur, le processus n'aurait pu se mettre en
place.
Dans tous les cas, la durée et la fréquence des
entretiens sont des éléments adaptables du processus, et il
relève de la fonction du médiateur d'y réfléchir
avec chaque famille, au vu de la situation-problème. Cette
adaptabilité permet à certaines familles de mettre en place un
processus de médiation familiale.
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