La question de la décroissance chez les verts français( Télécharger le fichier original )par Damien ZAVRSNIK Université Aix- Marseille - Diplôme d'études politiques 2012 |
Un réservoir de militants presque inchangéL'autre élément marquant de la sociologie des adhérents Verts concerne la classe d'âge élevée des militants. Le parti écologiste semble frappé par une incapacité structurelle à recruter et à fidéliser les jeunes adhérents. Les variations de la structure d'âge des Verts entre 1989 et 1998 sont tout à fait représentatives (cf. tableau 4). Tableau 4 : Adhérents Verts par classe d'âge, en %, en 1988 et 1998. D'après Boy, D., et alii, op. cit., p. 20. On retrouve en effet les mêmes proportions décalées d'une classe d'âge. La structure d'âge est simplement corrigée par les dix années écoulées, ce qui traduit un vieillissement des adhérents inquiétant pour un jeune parti. Ce constat tient au fait que le parti n'arrive pas ou peu à fidéliser ses nouveaux adhérents comme nous l'avons déjà évoqué plus haut. L'Audit participatif interne a ainsi montré que « depuis la création des Verts, le nombre d'anciens adhérents (c'est-à-dire d'adhérents qui ont quitté le parti) est largement supérieur au nombre actuel de membres du parti ! ». En outre l'A.P.I démontre que le vieillissement du parti Vert se poursuit : l'âge moyen des adhérents est passé de 39 ans en 1990 à 47 ans en 2002. Il était permis d'espérer un certain renouvellement des militants avec l'enthousiasme qu'a suscité Europe Ecologie parmi les jeunes. Or ce ne semble pas être le cas, les adhérents et sympathisants d'Europe Ecologie se déclarant à 49% âgés de plus de 50 ans295(*). Les quadragénaires restent majoritaires tandis que les jeunes sont très peu nombreux. Sur la base de ce constat, l'analyse d'Agnès Roche et Jean Luc Bennahmias parait pertinente : « jusqu'à la fin des années quatre-vingt, les écologistes sont grosso modo la "génération 68", qui a aujourd'hui environ 45 ans »296(*). En effet les militants écologistes seraient peu ou prou, faute de renouvellement majeur, toujours les mêmes à la différence près qu'ils ont vieilli. Le fait que les Verts français soit un parti composé majoritairement de militants à fort capital culturel et issus de la « génération 68 » ou « post-soixante-huitarde » donne quelques éléments d'explication sur la sensibilité à la décroissance. Ces caractéristiques laissent penser que les militants écologistes seraient moins concernés par les bread and butter issues et concentreraient leur attention sur des valeurs postmatérialistes comme l'antiproductivisme. A défaut de cristalliser en clivage structurant l'espace politique comme le pensait Inglehart, les valeurs postmatérialistes sont bien présentes dans les motivations des militants Verts. Les membres des générations du baby-boom, de mai 68 ou des années suivantes continuent d'être surreprésentés au sein du parti. Ils restent pour la plupart animés par l'esprit contestataire des années soixante-dix, période de leur socialisation politique. Or la décroissance ne fait que prolonger ce rêve d'un monde radicalement différent. Les militants Verts sont donc sociologiquement prédisposés à être sensibles aux thèmes de la décroissance * 295 Enquête interne Europe Ecologie, 2010, ibid * 296 ROCHE, Agnès, BENNAHMIAS, Jean-Luc, Des Verts de toutes les couleurs, Histoire et sociologie du mouvement écolo, op.cit., p. 117 |
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