Blocages et
dysfonctionnements de la démocratie basiste
Malgré quelques percées électorales, les
Verts peinent à s'implanter durablement dans le paysage politique
français. Les commentateurs politiques ont vite appris à
qualifier les écologistes d'éternels
« amateurs », incapables de capitaliser leur potentiel
électoral en raison de leurs multiples et récurrentes divisions.
La cacophonie souvent reconnue chez les Verts est intrinsèquement due
aux déficiences de leur organisation qui n'arrive pas à
réguler la multiplicité des objectifs assignés au parti.
Non seulement l'organisation Verte est source de blocage dans la perspective
d'efficacité électorale mais elle ne permet pas non plus
d'établir une démocratie interne satisfaisante.
Le formalisme démocratique du parti amène en
réalité à un fonctionnement opaque. Peu de militants
maitrisent l'ensemble des règles tandis que près de la
moitié ne prend pas part aux débats internes. Le faible niveau de
participation interne ainsi que le nombre total limité
d'adhérents (le parti peine à atteindre les dix mille membres)
est en partie lié au niveau d'investissement élevé
demandé à chaque militant écologiste. La culture des Verts
impose en effet la règle implicite de la participation active à
la vie interne du mouvement. La nécessité d'un investissement
important conduit alors une partie des adhérents à se
désengager soit par manque de temps disponible soit par mauvaise
compréhension des codes et normes internes.
La focalisation des militants sur le bon respect des
règles conduit par ailleurs à un climat de suspicion à
l'égard des abus commis par les autres. Cette culture du soupçon
empêche un fonctionnement apaisé et une délibération
efficace. Le caractère structurellement faible de l'exécutif est
également responsable de ce phénomène. Composé
à la proportionnelle des courants, le Comité exécutif
avait pour but premier de satisfaire l'impératif du pluralisme et non de
donner un cap au parti. Le manque d'autorité de la direction est un
facteur essentiel de l'absence de discipline partisane. Au nom du pluralisme,
les décisions et discours du parti peuvent être remis en cause y
compris publiquement, une « clause de conscience »
étant même prévu à ce dessein. Le principe de
l'autonomie individuelle prime ainsi sur les hiérarchies même s'il
dessert l'ensemble du parti en brouillant son message auprès de
l'opinion publique.
L'idéal organisationnel des Verts n'est donc pas
complétement réalisé en pratique. Le formalisme
démocratique engendre une défiance à l'égard de
toute personnalité souhaitant imposer une certaine autorité. De
fait les écologistes sont incapables de se muer en parti de pouvoir, ce
qui devint de plus en plus problématique avec la croissance du parti et
sa volonté d'exercer un rôle politique accru. Le parti a donc
connu un ensemble de réformes successives.
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