terrain utilisé pour la culture de jeunes plants d'arbres
destinés à être repiqués ou transplantés
La pépinière
La technique de culture des caféiers en
pépinière dépend essentiellement du mode de mise en place
définitive qui sera pratiqué.
Anciennement, les plantules provenant du germoir étaient
repiquées dans les plates-bandes ou bien les graines y étaient
semées directement. Les caféiers obtenus étaient alors
transplantés à racines nues (caféiers âgés au
plus de douze mois ou caféiers recépés pour donner des
«stumps» d'environ dix-huit mois). Cette modalité de mise en
place, à racines nues, étant fortement déconseillée
et abandonnée depuis de nombreuses années, nous n'envisagerons
que l'établissement et la conduite de pépinières
éduquant les caféiers en sacs de polyéthylène.
Construction de la
pépinière
L'emplacement de la pépinière est
débarrassé de la végétation et le sol
labouré puis nivelé. Les plates-bandes sont ensuite
piquetées. Elles ont en général une largeur de 1, 20 m
pour 10 à 12 m de longueur. Des sentiers de 50 cm les séparent.
La pépinière est ombragée par un
écran du même type que celui utilisé pour le germoir.
L'adaptation progressive des plants à la lumière est obtenue en
ne renouvelant pas ou peu les herbes ou feuilles formant écran. Deux
mois environ avant la date de la plantation les caféiers doivent
être exposés à la pleine lumière.
Préparation des sacs
Les sacs sont en polyéthylène noir, de 0, 05 mm
d'épaisseur, afin de limiter le développement d'algues vertes
entre le substrat et la paroi interne du sac.
Les sacs sont simples ou à soufflets (fig. 5.3) et sont
pourvus, dans leur moitié inférieure, de 3 à 4
rangées de 10 trous de 5 à 6 mm de diamètre. Le fond est
percé d'une ouverture de 1, 5 à 2 cm de diamètre
destinée à permettre l'écoulement de l'eau qui s'accumule
dans le fond du sac.
Le substrat servant au remplissage des sacs est composé de
terre humifère de surface si possible améliorée de compost
ou de fumier très décomposé dans les proportions de 2
à 3 parties en volume pour 10 parties de terre. Celle-ci peut
également être enrichie par un apport d'engrais composé NPK
2-1-1 à raison de 4 à 5 kg par m ou à défaut de 2
kg de phosphate diammonique. L'engrais est parfaitement mélangé
à la terre. Les débris de racines, les pierres et mottes
compactes d'argile sont éliminés. Un m3 de terre
préparée permet de remplir environ 500 sacs. Après
remplissage et léger compactage du substrat, les sacs sont
déposés sur les plates-bandes à raison de 10 sacs dans la
largeur soit environ 90 sacs par mètre courant. On veillera à
compléter le remplissage des sacs jusqu'à un cm du bord. Cette
précaution est indispensable à l'obtention de mottes suffisamment
hautes pour permettre le développement normal de l'appareil radiculaire.
Fig. 5.3: Modèles de sacs en
polyéthylène recommandés pour les pépinières
de caféiers
Le repiquage
Les deux stades de développement couramment admis pour le
repiquage sont le stade «cavalier» et le stade «feuilles
cotylédonaires déployées» (Fig. 5.4). Par temps sec,
les plantules «cavalier» dont les cotylédons sont toujours
inclus dans la parche présentent l'avantage d'une transpiration
réduite.
En pratique, toutes les plantules n'arrivent pas, en même
temps, au même stade de développement. Comme l'enlèvement
des plantules ne peut se faire, vu la densité du semis, qu'en les
déterrant toutes, ligne par ligne, le moment le plus opportun pour cette
opération est celui où le stade «cavalier» est encore
prédominant. Le repiquage est donc effectué dès que plus
de 10% des plantules du germoir ont déployé leurs feuilles
cotylédonaires soit 2 à 3 mois maximum après le semis.
Lors d'une extraction trop tardive, les plantules présentent des racines
pivotantes trop développées pour être repiquées dans
de bonnes conditions.
La veille du repiquage, on procède à l'arrosage du
germoir. Il faut aussi s'assurer que les sachets destinés à
recevoir les plantules soient bien remplis avant d'effectuer le repiquage.
Fig. 5.4: Plantules en germoir arrivées aux stades
«cavalier» et feuilles cotylédonaires - Cl. J. Flémal
L'approvisionnement de la pépinière en plantules
est effectué au fur et à mesure des besoins.
Le prélèvement s'opère en utilisant un
déplantoir (morceau de bois). Celui-ci est enfoncé sur une bonne
dizaine de cm dans le substrat et à 4-5 cm des jeunes plantes puis
incliné et relevé lentement en soulevant et en extrayant les
racines, sans les blesser. Les plantules sont alors déposées sur
un van (panier) et protégées de la dessiccation par quelques
morceaux de feuilles de bananier.
Le repiquage des plantules demande de la dextérité
et beaucoup de soins de la part du travailleur. Un repiquage mal fait (pivot
recourbé ou extrémité tire-bouchonnée) se
répercute sur l'état végétatif futur du
caféier, les malformations empêchant le développement
normal de l'appareil radiculaire. Le travail est donc confié uniquement
à de la main-d'oeuvre consciencieuse et bien formée.
Les plantules sont examinées une à une. Celles dont
la racine pivotante est atrophiée, fourchue... sont impitoyablement
écartées et détruites. Il en est de même des
plantules chétives ou présentant des anomalies, des
nécroses (pourriture du collet) de la tigelle.
Pour faciliter le repiquage, les pivots sont raccourcis. On
sectionne les extrémités trop fines et trop souples qui se
prêtent mal à une bonne mise en place des racines. L'usage du
plantoir (bâton de bois effilé) est indispensable et permet
d'effectuer, au centre du sac, une cavité plus profonde que les racines
à y loger. On saisit une plantule d'une main et on introduit les racines
profondément dans le trou en veillant à ne pas déformer
l'extrémité du pivot (Fig. 5.5), puis on remonte la plantule pour
amener le collet au niveau de la surface du sol. Ce mouvement a pour effet de
redresser les racines. De l'autre main, on referme le trou en enfonçant
le plantoir sur le bord du sac et en l'actionnant latéralement pour
combler le fond du trou et éviter la formation de poches d'air.
Fig. 5.5: Repiquage des plantules en sacs de
polyéthylène. Le plantoir est visible dans le coin gauche - Cl.
J. Flémal
Semis directement en sacs
Pour éviter le repiquage en pépinière, le
semis en sacs de polyéthylène peut être pratiqué.
L'utilisation de graines à haut pouvoir germinatif est alors une
condition indispensable pour retirer un maximum d'avantages de la
méthode.
Il faut s'assurer que les sacs soient bien remplis avant
d'effectuer le semis. Les graines sont alors semées à faible
profondeur (1 cm) et une graine par sac. Il faut en outre prévoir un
petit germoir permettant de disposer de plantules à repiquer dans les
sacs où la germination n'a pas eu lieu.
Entretien de la pépinière
L'entretien proprement dit des caféiers se résume
à l'enlèvement périodique des mauvaises herbes et aux
arrosages. Ceux-ci sont pratiqués de façon modérée
et interrompus durant les périodes pluvieuses. L'excès d'eau est
nuisible car il provoque une baisse sensible de la température des sacs,
favorise le développement des mousses et des algues et crée un
milieu asphyxiant dans la partie inférieure des sacs.
La fertilisation est le plus souvent pratiquée pour
accélérer la croissance de caféiers accusant du retard
dans leur développement.
La fumure consiste généralement en un
complément en azote et parfois en phosphore, qui s'applique sur des
plants ayant formé au moins deux paires de feuilles.
La fumure azotée se fait par arrosage à la dose de
0, 5 g d'urée par plant et par passage. Sept à huit passages sont
effectués à un mois d'intervalle. On dissout 30 g d'urée
par arrosoir de 10 litres et on répartit son contenu sur 60 sacs.
Si le substrat n'a pas été préablement
enrichi, on peut procéder à une seule application de 4 à 5
g de phosphate diammonique par sac, au cours du mois qui suit le repiquage.
Fig. 5.6: Vue générale de la
pépinière peu de temps avant la mise en place définitive
des plants - Cl. J. Flémal
La dégradation lente de la toiture qui ombrage les plants
va progressivement habituer ceux-ci au plein éclairement. Deux mois
environ avant la plantation, l'ombrage de la pépinière doit avoir
pratiquement disparu. Ce n'est que dans le cas d'une dégradation trop
rapide de la toiture que celle-ci fait l'objet de nouveaux apports de
matière végétale (Fig. 5.6).
Soins phytosanitaires
Une surveillance constante du germoir et de la
pépinière s'impose.
Les principaux symptômes de maladies et de
dégâts en pépinière sont décrits dans le
chapitre 18 traitant des ravageurs (voir p. 146 et 151).
La fonte des semis n'est signalée au Burundi que dans les
cas de germoirs mal drainés, très humides.
La présence de larves ou d'insectes prédateurs des
jeunes plantules se rencontre rarement.
Occasionnellement la chenille défoliante Epicampoptera
andersoni peut ravager les feuilles des jeunes plantules.
-WWW.GRAINESTONE.ORG
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