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Variabilité climatique et parasitémie: l'incidence du régime de la brume sèche sur les épidémies dans l'extrême- nord Cameroun

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par Bienvenu MARQUIS
Université de Yaoundé I - Diplome d'études approfondies en géographie 2010
  

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4- CONTEXTE SCIENTIFIQUE DE L'ETUDE

Il est aujourd'hui bien connu que « le climat agit sur l'homme - l'homme sain comme le malade - et c'est tout le chapitre du « climatisme » auquel les médecins s'attachent fort justement » (Péguy 1972 : 321). C'est dire que le champ d'étude dans lequel s'inscrit le thème dont il est question ici n'est pas une nouveauté en soi. En effet nombreux sont les auteurs qui se sont penchés sur la relation étroite qu'entretiennent le climat (l'environnement dans un sens général) et les pathologies humaines. La géographie des nombreuses maladies parasitaires est l'expression spatiale de systèmes pathogènes formés de deux ou trois composantes (Derruaux 2005 :337). Ces composantes sont l'agent pathogène, l'hôte et le vecteur éventuel. Chaque élément est un maillon interdépendant et interactif de la chaîne pathogène qui doit trouver un environnement favorable à sa dynamique. Dans cette optique, on a pu identifier deux familles de variables environnementales qui se combinent, les unes relevant des caractéristiques du biotope et de la biocénose, les autres directement liées au fait anthropique : l'espace pathogène dans lequel l'air de transmission d'une maladie donnée est circonscrite et identique, relève de l'analyse spatiale à laquelle s'ajoute une analyse systémique. En ce qui concerne le lien entre la brume sèche et la méningite célébro-spinale, trois angles d'approches majeures ont été identifiés.

4-1. Approches physiques

Le phénomène atmosphérique que représente les lithométéores, les aérosols et finalement la brume sèche, a été tour à tour étudié par les géologues, les pédologues

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comme Papastefanou, Manolopoulou, Stoulos, Ioannidou et Gerasopoulos (2001) Alpert et Ganor (2001), Kalu (1979), Middleton et Goudie ( 2001), Middleton (1985), les agronomes, les météorologues et les climatologues : Arléry, Grisollet et Guilmet (1973), Ben Mohamed, Frangi, Fontan et Druilhet (1992), L'Hôte, Mahé, Somé et Triboulet (2002), Morel (1995 et1998), Nicholson (2001), Ozer, (1993, 2000, 2002, 2003 2005), Prospero (1999).

Dans une optique de quantification des dépôts de poussières au sol, les études de géologie, de pédologie et d'agronomie ont été effectuées par Orange, Gac, Probst et Tanre (1990). Ces mesures de dépôts de poussières au sol ont été déterminées grâce à l'utilisation d'un capteur pyramidal d'aérosols couplé d'une pompe à filtres millipores. Les analyses granulométriques de ces poussières ont montré que leur taille est comprise entre 10 et 15 microns. Pour des aérosols de cette dimension, la vitesse moyenne de transfert oscille autour de 35 cm/s. cependant, même si le capteur fournit une bonne estimation de poussières, l'étude n'a pas permis d'estimer la quantité de poussières remobilisée par le vent. Toutefois, cette étude souligne l'importance des aérosols terrigènes dans le cycle géochimique des éléments naturels. Voilà pourquoi ces auteurs recommandent la prise en compte systématique de ces aérosols dans tout essai de modélisation des flux de matières, car ils influencent la qualité chimique des pluies, des sols, des eaux de surface et de leurs matières en suspension.

Les mesures de dépôts de poussières au sol ont également été effectuées par des agronomes dans le but de quantifier la dégradation des sols cultivables. Bielders, Alvey et Cronyn (2001), Bodart (2004), Mainguet, Canon-Cossus et Chemin (1979), Wilson (1971), Wilson (1973). Modi, Druilhet, Fontan et Domergue (1997) soulignent tous que ce sont les particules les plus fines qui sont projetées dans l'atmosphère. Ces particules pour l'essentiel constituées d'illites, de chlorites et inter stratifiés gonflants arrachées au sol, dépendent de la nature du substratum et des altérites. Cette activité que représentent les processus morphogénétiques en milieux secs dont l'agent de transport est le vent, entraîne à terme la perte de fertilité des sols.

Mais étant donné la grande importance que revêtent les poussières atmosphériques, sur le fonctionnement des climats et la circulation aérienne, les météorologues ont été les premiers à s'intéresser à ce phénomène Hountondji, Ozer, Nicolas (2004), Karimoune

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(1994), Ozer, Erpicum (1995), Ozer, Erpicum, Demarée et Vandiepenbeeck (2003), Vannitsem et Demaree (1991). Ce n'est donc pas étonnant que leurs méthodes de prélèvement aient été les plus couramment utilisées. Elles consistent en la collecte des poussières éoliennes sur filtres millipores, par aspiration d'un volume d'air mesuré par compteur. Les données recueillies sont alors exprimées en microgramme/m3. Cependant, les donnés les plus disponibles dans les stations météorologiques concernent l'appréciation visuelle de la brume sèche dont l'intensité est déterminée par l'observateur.

En analysant les récentes modifications ainsi que les impacts environnementaux du climat de la région de Gouré, Ozer, Badart, Tychon (2002) affirment que le vent est l'unique paramètre climatique capable d'injecter des particules terrigènes dans l'atmosphère. En associant la vitesse du vent aux cas de déflation, ils observent une nette corrélation entre les deux paramètres. Sur la base de cette étude, il leur apparaît que le vent devient capable d'initialiser l'érosion dès 6m/s et dépasse le seuil de 5% de déflation pour une vitesse de 7m/s. Plus la vitesse du vent est violente, plus le taux de déflation est élevé. Cependant, ces valeurs doivent être considérées comme une moyenne indicative, car la vitesse du vent varie en fonction de la journée, des saisons et du couvert végétal. En estimant la quantité de poussière dans l'air, ces auteurs affirment qu'il est maintenant irréfutable que la pollution de l'air par les poussières minérales a maintes conséquences adverses sur l'environnement et sur l'homme. Des travaux similaires ont été menés par des auteurs tels que Prospero, Ginoux, Torres, Nicholson et Gill (2002), Rodriguez, Querol, Alastuey, Kallos et Kakaliagou (2001), Rodriguez, Querol, Alastuey, Viana et Mantilla (2003), Rognon (1991), Tegen et Fung (1995).

Nouaceur (2002 : 87-93) dans une étude des types de temps qui caractérisent les régions arides et semi-arides a découvert que le nombre et l'intensité des différents types de lithométéores se sont considérablement accrus depuis 1973, en particulier dans les zones sahéliennes. Cela pousse à penser que, compte tenu du changement des écosystèmes sahéliens induits par ce phénomène climatique, les conséquences pourraient se résumer à différents niveaux, notamment en épidémiologie. L'auteur clarifie en outre, les concepts de brume de poussière, de brume sèche et chasse sable. Il relève que l'invasion de la brume sèche est à l'origine de nombreuses attaques de l'appareil respiratoire. Se faisant, il donne simplement raison à la connaissance populaire selon laquelle la toux, par exemple, est

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fréquente en saison sèche dans le Sahel camerounais. En effet, l'inhalation d'une forte quantité de poussière est à l'origine d'une réaction normale de l'organisme qui tente alors par une expectoration ou une sécrétion nasale, de rejeter les corps étrangers dont la virulence, s'ils en sont dotés, cause une infection. On parlera parfois de bronchite ou d'attaque pulmonaire. De plus les cas de conjonctivite sont fréquents entre décembre et mars.

En ce qui concerne les maladies infectieuses et épidémiques d'origine bactérienne, on peut concevoir que la brume sèche puisse contenir des spores bactériennes en crise d'adaptabilité. Parmi elles, celles dotées de pouvoirs pathogènes pour l'homme, une fois inhalées ou ingérées, peuvent causer un dysfonctionnement physiologique, d'où la maladie.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus