1.4. DISCUSSION
1.4.1. La brume sèche : le parent pauvre du bilan
d'érosion
L'expression bilan d'érosion est, en soi, impropre du
moins dans le sens de Péguy (1970 :285). L'étude quantitative des
processus morphogénétiques fait intervenir des mesures qui sont
possibles à 3 niveaux :
1) par étude de l'ablation du relief lors de la prise en
charge des matériaux ;
2) par la mesure du débit solide des matériaux
déplacés mobilisés lors du transport de ceux-ci. Dans les
cas de l'érosion éolienne des techniques reposantes sur des
pièges à sable ont été souvent
appliquées.
3) par le cubage des matériaux après leur
dépôt.
D'une manière générale, c'est
l'érosion fluviale qui a été étudiée parce
que ses effets sont mis facilement en relation avec les éléments
du climat. Les études des lithos météores se sont
basées dans un premier temps sur les résultats obtenus dans le
cadre des expériences réalisées en hydrologie et en
géomorphologie.
1.4.2. La brume sèche : un
lithométéore caractéristique des régions
sèches
L'étude des phénomènes
météorologiques qui influencent la visibilité s'inspire
des mesures et régimes de la nébulosité, celle-ci est
appréciée à vue par l'observateur. Elle est ainsi le seul
élément du climat dont l'observation même numérique
n'exige le recours à aucun appareil. Les observations relatives à
la brume sèche portent prioritairement sur le nombre de jours pour
lesquels ce phénomène est constaté. Il devient ainsi
intéressant d'établir mois par mois la moyenne des jours de brume
sèche. Il est remarquable que la brume sèche paraisse d'autant
plus fréquente que les pluies sont rares et les écarts thermiques
plus prononcés. Ce lithométéore parait souvent dur,
d'autre part, à une poussée plus vigoureuse de l'anticyclone
saharien, et à un certain nombre de conditions qu'Ozer (2002) à
étudier.
1.4.3. L'Extrême- Nord Cameroun: un milieu à
risque
L'extrême nord du Cameroun est soumis à un climat
de type soudano-sahélien caractérisé par une saison
sèche qui dure 7 mois, et une saison pluvieuse de 5 mois dont
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deux (Juillet et Aout) cumulent à eux seuls les 2/3 du
total pluviométrique annuel. Caractérisée par ailleurs par
une très forte variabilité interannuelle, la pluviométrie
moyenne est passée de 700 mm avant 1970 à 500 mm ces
dernières années. Les totaux pluviométriques annuels
restent variables : 1187 mm à Mokolo; 896 mm à
Kaélé et 801mm à Maroua, 807 mm à Yagoua et 580 mm
à Kousséri. Ces pluies sont surtout concentrées entre les
mois de mai et d'octobre, soit sur 5 mois.
En dépit de quelques nuances spatiales, et même
si les variations ne sont pas toujours très significatives au niveau de
toutes les stations, cette figure confirme la baisse de la pluviosité
enregistrée dans la région depuis 1970. Après une
recrudescence notable de ce déficit en 1983-84 (226 mm à
Kousséri par exemple, contre une moyenne interannuelle de 576 mm et un
maximum supérieur à 950 mm), le régime des
précipitations a légèrement repris, mais la hauteur de la
pluie annuelle est restée relativement faible jusqu'à ce jour. Au
courant de la décennie 90, certains indices montrent une
légère remontée des précipitations annuelles,
notamment en 1994 et 1999.
La platitude générale des basses terres
septentrionales et la pauvreté du couvert végétal ainsi
que la tendance aréique, présentent les caractéristiques
de ce que Mainguet (2005) qualifie en général d'environnement
difficile et à risques pour les populations sahéliennes.
D'ailleurs, le type de climat tropical contrasté dans lequel baignent
ces milieux, favorise en saison sèche ou hivernage, des pathologies des
voies respiratoires plus ou moins aigües, à l'instar des
bronchopneumonies, et en saison pluvieuse, des maladies d'origine hydrique ou
du moins liées à l'eau (choléra et amibiases entre
autres).
Il existe une relation assez nette entre le cumule
pluviométrie mensuel et le taux d'incidence du paludisme
présumé. Le pic est atteint (septembre- octobre) deux (2) mois
après le pic des pluies (août). Deux mois après le
début de la saison sèche, le taux d'incidence du paludisme
présumé revient à son niveau le plus bas. Cela s'explique
par le fait qu'après l'installation de la saison des pluies, les
conditions favorables au développement et à la multiplication des
moustiques vecteurs de transmission du paludisme se trouvent remplis avec un
temps de réponse fonction du cycle de multiplication des moustiques et
des conditions météorologiques favorables.
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La relation entre le taux d'attaque mensuel du paludisme et
l'humidité relative confirme celle avec la pluviométrie. On
trouve une ressemblance entre les figures 2 et 3 ; le taux d'attaque du
paludisme évolue dans le même sens que l'humidité relative
moyenne. Au Niger, le fort taux d'attaque du paludisme est atteint lorsque
l'humidité relative moyenne dépasse les 40% (juillet août
septembre).
Les travaux de Kenfack (2006), Kagombé (2005) et
Marquis (2007), montrent que les précipitations et l'humidité
relative semblent être des paramètres climatiques qui influent sur
l'incidence de la méningite. L'incidence de cette maladie évolue
en sens inverse avec les précipitations et l'humidité relative.
La température moyenne influe aussi sur l'incidence de la
méningite. On constate à travers que lorsque la
température moyenne augmente, l'incidence de la méningite
augmente aussi ce qui explique que les saisons sèches sont
associées à des épidémies de méningite et
les saisons pluvieuses sont associées à des cas isolés.
La rougeole constitue un véritable problème de
santé publique dans l'Extrême-Nord Cameroun car elle sévit
d'une façon endémique sur l'ensemble de la région et
touche les enfants de moins de 5 ans. Les analyses simultanées de cette
maladie et les paramètres climatiques nous ont permis de constater que
les variations climatiques contribuent à l'accroissement du taux de cas
de cette maladie au sein de la population. Une hypothèse probable est
que la canicule, la sécheresse de l'air, visible à travers la
brume sèche non seulement se conjuguent pour affaiblir l'organisme en
asséchant et en irritant les muqueuses aériennes
supérieures par où s'effectue le plus souvent la transmission,
mais augmente aussi la virulence du virus, virulence qu'il perd avec
l'humidité apportée, en zone soudanienne, par les pluies. On
constate, d'après certaines études (OMS 2005) que le taux
d'attaque de la rougeole évolue dans le même sens que la
température moyenne. Par contre l'incidence de la maladie évolue
en sens inverse de celui de l'humidité relative et des
précipitations. La maladie est aussi surtout liée aux conditions
de vie des populations.
Les différents risques bioclimatiques et pathologiques
sont aidés dans leur expansion par certaines caractéristiques
géodémographiques de la population. Il s'agit entre autres, du
contexte socioéconomique et éducatif. Tel est d'ailleurs le sens
de l'étude menée par Kenfack (2006) dans le cadre du DEA.
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