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Analyse de l'accessibilité des femmes aux services financiers auprès des établissements de microfinance du réseaux A3C

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par Christian ELOUNDOU ETOUNDI
Université de Dschang - Ingénieur en Agroéconomie 2013
  

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2 .4.4. Débat entre welpharistes et institutionnalistes en microfinance

La microfinance et plus particulièrement le microcrédit, tel que pratiqué depuis les années 1970, a révolutionné notre façon de voir les pauvres, les causes de leur état et les remèdes à appliquer afin de les extraire (Dugas-Iregui, 2007). Malgré les innombrables difficultés méthodologiques qu'implique toute étude d'impact (Morduch, 1999), il existe aujourd'hui un consensus plus ou moins établi sur le potentiel ou l'efficacité général du microcrédit en terme de réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité des populations participantes (Otero,1999) mais aussi de profonds désaccords sur la façon de faire évoluer le mouvement.

Le débat entourant la meilleure façon d'alléger la pauvreté à travers les institutions de microcrédit semble particulièrement important aux vues de ce contexte à l'intérieur duquel il s'inscrivent. Deux camps et deux visions : la vision welphariste et la vision institutionnaliste s'affrontent sur ce terrain, chacune défendant leur vision de ce que devrait être les priorités et le rôle des institutions de microfinance bien qu'elles partagent le même objectif de base : celui de réduire la pauvreté.

Par ailleurs, les tenants de ces deux approches s'entendent sur l'objectif suscité mais s'opposent néanmoins sur un nombre important d'enjeux s'y rattachant. Cette opposition est si vive qu'elle a été désignée comme le « schisme de la Microfinance » (Morduch, 2000).

L'approche institutionnaliste vise en fait à la création d'institutions financières vouées à servir des clients qui ne sont pas servis ou qui le sont insuffisamment par le système financier formel (Woller et al, 1999). Elle prône la création d'un système parallèle d'intermédiaires financiers viable qui servirait les pauvres. La thèse des institutionnalistes repose donc sur l'idée que le microcrédit, aussi efficace soit-il, ne fera jamais de véritable différence sur le niveau général de pauvreté dans le monde si ses opérations dépendent du financement des donneurs (Dugas-Iregui, 2007). Dans la même logique, les institutionnalistes pensent qu'une Institution de Microfinance viable « motivée par la rentabilité » (Woller et al, 1999) et opérant à grande échelle servira plus de clients très pauvres qu'une IMF dont l'objectif est le ciblage et la provision de service à cette même clientèle. Pour cette approche, toute forme de subvention n'est justifiée que pour couvrir les coûts de départ d'une IMF et doit être clairement circonscrite dans le temps. Les mêmes auteurs indiquent que les frais d'intérêts liés aux prêts consentis aux pauvres doivent refléter les coûts d'opérations pour l'institution. En somme, l'approche institutionnaliste considère que la pérennité institutionnelle des Institutions de Microfinance nécessite l'autosuffisance financière, qui est la mesure du succès d'une IMF (Woller et al, 1999).

C'est vers 1998 que la réplique de ceux qui s'appelleront dorénavant les welpharistes s'organise. Leur position s'articule en fait autour des écrits de Jonathan Morduch (2000) et de Woller et al(1999), tous disent que la viabilité d'une IMF serait plutôt la conséquence de la « capacité d'un programme à produire un résultat suffisamment valorisé par ses bénéficiaires et ses commanditaires de telle façon qu'il reçoive assez de ressources et d'intrants pour continuer leur production ». Ces auteurs soutiennent que, dans la mesure où la survie de l'institution dépend de sa capacité à dégager des profits afin d'attirer le capital privé, la mission social risque d'être reléguée au second plan. Ils dénoncent également la logique selon laquelle l'autosuffisance financière équivaut à l'amélioration du bien-être des populations.

L'approche welphariste est mise en pratique par les IMF de type « familial » (celle faisant du poverty lending). Elle ne vise pas à proprement parler d'éfficacité économique, mais opère plutôt d'un point de vue d'équité sociale et tente de « soulager immédiatement le fardeau quotidien de la pauvreté, comme premier pas aidant les gens à échapper à la pauvreté à long terme » (Dunford, 1998). Les IMF répondant à ces impératifs visent une clientèle composée des plus pauvres, des pauvres économiquement actifs et le but visé est l'auto-emploi (Dugas-Iregui, 2007).

Dugas-Iregui (2007) continue en disant que les prêts sont souvent réservés aux femmes car, non seulement elles démontrent de meilleurs taux de remboursements mais aussi le contrôle des revenus et de l'épargne du ménage par ces dernières aurait un effet d' « empowerment » leur permettant d'améliorer leur condition ainsi que celle de leurs enfants.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams