RESUME
Le bananier est la quatrième grande culture au monde.
En République Démocratique du Congo, elle occupe en termes
d'importance, la troisième place après le manioc et le maïs.
Ces dernières années sa culture est menacée par les
maladies virales, bactériennes et fongiques qui ont
entraîné l'usage abusif des pesticides de synthèse. Le
souci de la protection de l'environnement, de la protection de la santé
des consommateurs a conduit à l'adoption des alternatives à
l'usage des pesticides chimiques. La lutte biologique au moyen des extraits des
plantes ou des organismes vivant est de plus en plus utilisée pour
diminuer l'incidence des affections du bananier. L'objectif de la
présente étude a été de tester l'efficacité
de deux extraits des plantes à action biocide sur la croissance in
vitro de Mycosphaerella fijiensis, agent causal de la
maladie des raies noires du bananier.
Les essais in vitro menés par ensemencement de
M. fijiensis sur des milieux de cultures contenant des
quantités différentes de Tephrosia vogelii, de
Zingiber officinale et de la combinaison des extraits
de T. vogelii et Zingiber officinale (50%
et 50%) ont montré qu'à une quantité 0,5 ml
du mélange d'extrait de Tephrosia vogelii et
Zingiber officinale, ainsi qu'à celle de 3ml de
l'extrait de Tephrosia vogelii, la croissance du champignon
est nulle. Deux tendances ont été ainsi remarquées :
la première tendance renseigne que, pour les extraits incorporés
séparément : plus la quantité augmente et moins
s'observe le développement du champignon. Tandis que la seconde tendance
indique que, pour le mélange des extraits de Z. officinale et
T. vogelii, plus la quantité augmente et plus on observe une
croissance radiale du champignon M. fijiensis. L'étude n'a pas
permis d'en trouver une explication du mécanisme d'action.
INTRODUCTION
Le
bananier (Musa sp.) est une plante essentiellement alimentaire
cultivé pour son fruit consommé comme banane fraiche (banane
dessert) ou cuite (banane plantain et autre banane à cuire) ou
même consommé comme fritte. Mûre, la banane peut servir
à la fabrication de la farine. Verte, elle est utilisée pour
préparer des cossettes séchées, mais aussi on y extrait du
jus (Mboho, 2007).
La
banane est un fruit hautement énergétique (Anonyme, 2010a). Selon
Sivirihauma (2008), les fruits de banane contiennent entre 25 et 30 % d'eau,
1.6% des protéines, 0.5% des lipides, 25% des glucides et 0.8% de
cendres. Les bananes sont riches en Ca, P et en vitamines A, B et C. Elle
contient certains composés vitaminés U (contre les
ulcères) et la sérotonine qui augmente la pression sanguine.
La banane constitue non seulement un aliment, mais aussi une
véritable source de revenu (Teycheney et al., 2007). Nyabyenda
(2005) indique que sur le plan africain, la production de bananes et plantains
est assurée principalement par l'Ouganda, le Rwanda, la
République Démocratique du Congo (RDC) et le Cameroun. Cependant,
on assiste depuis quelques décennies à une diminution de la
production dans les grandes zones productrices. Selon Lassoudière
(2010), en 1971, la production africaine de bananes et plantains
représentait 47% (soit 9,5Mt) de la production mondiale, a baissé
jusqu'à atteindre 29 % (soit 31,1Mt) en 2005. Ce qui se traduit par une
baisse de 18% d'apport de la production africaine dans la production mondiale.
Cette baisse de production est liée d'une part au
non respect des pratiques phytosanitaires, à la baisse de
fertilité du sol, à l'utilisation des techniques culturales non
appropriées, à l'absence des cultivars résistants et
à la dégénérescence des cultivars ; et d'autre
part, à l'explosion des maladies et ravageurs (Ndungo, 2008).
D'après Jones (2000a), les maladies et ravageurs constituent une menace
grandissante pour les petits et grands producteurs, et peuvent provoquer des
pertes catastrophiques. Selon le même auteur, des nombreux
systèmes de production de bananes sont menacés par des
épidémies provoquées par des champignons
phytopathogènes.
Parmi les maladies qui menacent la culture de banane, la
maladie des raies noires (MRN) ou Cercosporiose noire causée par
Mycosphaerella fijiensis est la contrainte la plus
dévastatrice et la plus agressive rencontrée chez le bananier
(Stierle et al., 1991 ; Mourichon et al., 1997 ; Ploetz et
Pegg 2000 ; Champion, 2009). Les attaques de la MRN se traduisent par la
diminution de la surface photosynthétique des feuilles, provoquant ainsi
le mûrissement précoce des fruits et des pertes de rendement
atteignant parfois 50% (Mourichon et al., 1997).
La lutte contre la MRN est essentiellement chimique.
Cependant, cette méthode de lutte a un coût élevé et
la fréquence d'application entraîne l'apparition des souches
résistantes aux fongicides. En plus, l'impact des traitements a des
profondes répercussions sur l'environnement et sur la santé
humaine (Anonyme, 2010a). L'agent pathogène a un potentiel
élevé d'adaptation à des conditions nouvelles de climat,
fongicides ou de génotypes de la plante hôte (Ploetz, 2000). Ceci
est amplement démontré par la perte d'efficacité de
certains groupes de fongicides chimiques tels que les triazoles et
benzimidazoles utilisés dans la lutte chimique (Guzmán et al.
2000 ; Romero, 2000).
La recherche de nouveaux produits d'origine naturelle ne
polluant pas l'environnement et disponible à moindre coût
représente un élément important de l'agriculture durable
(Sanchez Rodriguez et al., 2002). Actuellement, des chercheurs et producteurs
travaillent ensemble pour développer des solutions alternatives et
innovantes permettant de réduire l'utilisation des pesticides dans la
protection des bananeraies (Anonyme, 2010b).
Des études antérieures menées sur des
biopesticides ont démontré des vertus biocides de plantes telles
que Zingiber officinale et de Tephrosia
vogelii dans la lutte contre quelques champignons comme
Alternaria solani (Luyeye, 2010) sur la tomate,
Helminthosporium oryzae sur le riz, Colletotrichum
gloesporiodes sur le manguier, et Cercospora sp. sur
l'arachide (Stoll, 2002). L'hypothèse de cette étude se fonde sur
le fait que si les champignons précités ne peuvent se
développer sur des milieux de culture contenant des extraits de
Z. officinale et T. vogelii, il est
également vrai que M. fijiensis ne peut s'y développer.
Le présent travail s'est fixé comme objectif
d'évaluer l'efficacité des extraits de Z. officinale et
T. vogelii sur la croissance Mycosphaerella fijiensis en
culture in vitro. Outre l'introduction, notre travail est
subdivisé en trois chapitres. Le premier chapitre traite de la revue de
la littérature, le second chapitre développe le matériel
et méthodes, et le troisième chapitre présente les
résultats et leur discussion. A la lumière des résultats
obtenus, une conclusion et quelques suggestions mettront un point final au
présent travail.
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