I.3.3. Emploi et croissance
Dans cette construction, nous nous attelons à mobiliser
une théorie sur l'emploi parce qu'il constitue un point très
important des Cinq chantiers de la RDC et une peur du futur pour la jeunesse.
Tous les « Policy-makers » sont sorties
traumatisés de la grande crise de 1929-1934 où le chômage
avait atteint 25%. Après la 2ème guerre mondiale,
l'objectif plein-emploi a été considéré par les
principaux gouvernements d'Europe occidentale et par celui des Etats-Unis comme
l'objectif majeur à poursuivre. Ceci était encore loin de la
vision des autorités Congolaises qui, à cette période,
étaient des Belges en mission de colonisation, d'exploitation des
matières premières,...comme renseigne l'histoire de la
République Démocratique du Congo. Déjà à
cette période l'occident, par le traité de Rome,
considérera le plein-emploi comme un objectif central.
Dans le discours politique, la lutte contre la pauvreté
tient une place prépondérante depuis plus de 20 ans. A voir les
résultats, le chômage augmente. On peut se demander s'il ne s'agit
pas plutôt d'incantation que de volonté réelle de
s'attaquer aux racines du mal.
Jacques Nagels distingue trois types de chômages entre
autre :
1) Chômage conjoncturel,
2) Chômage structurel,
3) Chômage dit « naturel »
Cette dernière catégorie nous a plus
intéressés pour plusieurs raisons. Dans le chômage
structurel, l'introduction massive de l'informatique dans le tertiaire,
l'exacerbation massive de l'informatique dans le tertiaire, l'exacerbation de
la concurrence internationale qui comprime les coûts salariaux et donc le
volume de main d'oeuvre, le déficit budgétaire qui réduit
les dépenses de l'Etat, le tertiaire n'assure plus cette fonction de
modernisation efficace du circuit économique par l'augmentation du
marché d'emploi. A l'inverse, certaines branches du tertiaire ont
même tendance à diminuer l'emploi comme l'affirme Jacques
Nagels.
La pensée néoclassique tente d'expliquer le
chômage par le concept de chômage naturel qui est fondamentalement
un chômage volontaire, même si cette notion avait été
quelque peut atténuée. En partant des courbes classiques d'offre
et de demande sur le marché du travail, la demande de facteur travail
émane des entreprises (labour demand) et l'offre du facteur travail
émane des travailleurs (labour supply).
L'énormité sociale de ces propos saute aux yeux
et les néoclassiques justifient le chômage naturel par un exemple
le réduisant à un chômage volontaire : supposons un
soudeur qualifié qui gagne 30$ par semaine avant d'être en
surnombre à la suite du déclin de la sidérurgie. Le
problème n'est pas de savoir pourquoi le travailleur est devenu en
surnombre, mais pourquoi il a refusé le salaire plus bas d'un laveur de
vitre pour trouver un emploi, ou pourquoi les ouvriers sidérurgistes
dans leur ensemble n'ont pas accepté de diminution de salaire suffisant
pour que la sidérurgie demeure compétitive à ces niveaux
antérieurs de production et d'emploi. Or cette situation illustre
parfaitement la situation d'emploi en RD Congo.
Les travaux sur le tout premier forum national sur
l'emploi en République démocratique du Congo s'étaient
ouverts mardi 18 septembre 2007, au Grand Hôtel Kinshasa, par Antoine
Gizenga, alors Premier ministre de la RDC. C'était en présence
des députés et sénateurs, des membres du gouvernement
aussi bien central que provincial, des membres du Bureau international du
travail et celles d'autres délégations
étrangères. Ces assises voulues comme un haut lieu de dialogue
social pour une synergie participative, avait pour thème :
« Emploi, lutte contre la pauvreté et
développement durable ». En effet, en commençant par la
« zaïrianisation », puis la mauvaise gouvernance de
l'époque Mobutu, en passant par la destruction de l'outil
économique suite aux pillages (1991 et 1993) et enfin les guerres
d'agression qui ont sévi dans le pays jusqu'en 2001 (et tout le contexte
d'insécurité que ces guerres ont créé et qui
perdure), ont porté un coup fatal à l'emploi,
particulièrement dans le cas de la RDC. A l'heure actuelle, le
chômage a atteint plus de 80% de la population active
évaluée à près de 22 millions de personnes
(www .digitalcongo.net, forum international sur l'emploi en RDC, Kinshasa,
2007, consulté le 12 juin 2012 à 14heure 39). Cependant, de notre
observation, les efforts d'amélioration pour relever ce taux de
chômage restent moindres jusqu'à ce jour.
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