CHAPITRE I :
CONSIDERATIONS THEORIQUES SUR LES POLITIQUES ECONOMIQUES
Dans ce chapitre, nous abordons les politiques publiques qui
sont susceptibles de permettre une meilleure compréhension du programme
des « cinq chantiers ». Loin de prétendre
développer tout un débat sur les politiques économiques,
nous nous limitons à en mobiliser les théories nécessaires
pour la compréhension de notre sujet.
Les théories qui seront mobilisées se
conforment à l'acception courante qui entend par politiques
économiques celles des pouvoirs publics, tout en sachant que dans une
économie de marché, les principales décisions en
matières économiques sont du ressort du secteur privé, et
tout en n'ignorant pas que de plus en plus des décisions
« nationales » sont induites des directives prises à
un niveau supranational.
Au profond de la lecture de l'ouvrage de Jacques Nagels, les
mécanismes de fonctionnement de l'économie ont été
analysés. Ceux qui concernent les objectifs des politiques
économiques nous ont plus intéressés. La finalité
première de la politique économique devrait être l'homme,
son bien être, son mieux-être. Il n'est pas aisé de traduire
cela en termes économiques. Voilà pourquoi le pouvoir public se
fixe, selon les circonstances et les forces sociales qu'ils
représentent, un certain nombre d'objectifs prioritaires. Tel le cas de
cinq chantiers de la République Démocratique du Congo pour sa
modernisation. Pour Jacques Nagels, on retiendra quatre : 1) Croissance,
2) stabilité des prix, 3) plein emploi, 4) l'équilibre
extérieur. Ce sont les objectifs conjoncturels classiques prioritaires
du développement.
Les 2 grandes familles des politiques économiques qui
ont inspiré les politiques Gouvernementales dans les pays occidentaux
depuis la 2ème guerre mondiale nous ont également
intéressés dans le cadre de notre travail, notamment : la
politique Keynésienne développée sur l'emploi. Nagels
pense néanmoins qu'il n'y a pas de politique Keynésienne, ni
de politique libérale « à l'état
pur ». C'est le rôle de l'Etat qui donne tout son sens à
l'analyse qui cherche à expliquer le fonctionnement d'une
économie de marché en se plaçant dans l'ensemble de la
collectivité nationale. L'Etat remplit de multiples fonctions et ses
tâches, depuis un siècle, sont allées en s'accroissant du
fait de l'expansion mondiale du secteur public. Le rapport sur le
développement dans le monde (1998) de la banque mondiale permet de
retracer cette évolution (Joël Jalladeau, 1998, p10).
I.1. LA POLITIQUE BUDGETAIRE: APPROCHE GLOBALE
La politique macroéconomique peut être
définie comme l'ensemble des décisions des pouvoirs publics qui
tendent à modifier le type d'équilibre global
réalisé afin d'en atteindre un autre estimé
préférable. Pour parvenir a cet objectif, les décideurs
peuvent agir sur les recettes et les dépenses publiques par
l'intermédiaire d'un certain nombre de variables instrumentales : G
(dépense publique), T (impôts) et R (recettes) (cette politique
financière ici évoquée, ne constitue qu'un aspect de la
politique économique générale).
Incidence d'une politique de dépenses
publiques
Dans la mesure où les « cinq
chantiers » constituent ou pourraient être financés par
les dépenses publiques, il est important de comprendre en quoi consiste
la politique de dépenses publiques.
L'accroissement de la dépense gouvernementale (), alors que toutes les autres variables exogènes restent
à leur niveau initial, entraîne une augmentation de la demande
globale. L'économie étant en sous emploi, cette mesure
dépensière, induit un accroissement du revenu global qui suscite
lui-même une série de dépenses de consommation
supplémentaire.
L'investissement étant toujours supposé
autonome, l'équation d'équilibre s'écrit :
Yo
Cette équation montre que le revenu global réel
Y est déterminé par la propension marginale à consommer et
les diverses composantes de la demande globale.
Le nouveau revenu d'équilibre est obtenu en
remplaçant Go par Go+ en soit :
En soustrayant l'équation (1) de l'équation
(2), de nombreux termes s'annulent et si on écrit que on obtient :, expression dans laquelle le terme est appelé multiplicateur de dépenses publiques :
Kg
Le revenu (national) évolue dans le même sens que
les dépenses gouvernementales. Toute augmentation des dépenses
entraine une augmentation du revenu, mais inversement, toute diminution des
dépenses provoque un effet de multiplication à la baisse sur le
revenu d'équilibre.
Le multiplicateur n'amplifie pas seulement dans un sens
expansionniste toute variation à la hausse d'une composante de la
demande globale, il amplifie également dans le sens de la contraction de
toute modification à la baisse.
L'ampleur de l'effet multiplicateur est strictement
équivalente à celle induite par une variation de l'investissement
(on peut vérifier aisément que l'introduction des impôts et
des transferts exogènes ne modifie pas le multiplicateur
d'investissement). On a conclue que si les circonstances conjoncturelles
l'exigent, une politique de relance peut être menée en
développant les dépenses publiques dans la mesure où
l'investissement privé fait défaut.
Les dépenses gouvernementales exerçant ainsi un
rôle compensateur, on comprend l'importance accordée par Keynes
à une politique budgétaire d'autant plus qu'aucune
hypothèse spécifique n'est introduite dans le modèle sur
le type des dépenses (infrastructure, biens de consommation courante
pour le fonctionnement des administrations, voire hausse des salaires des
fonctionnaires,...). Quelle que soit sa nature, l'incidence d'une
dépense additionnelle sur le revenu d'équilibre est la même
en courte période. Du point de vue de la croissance économique,
c'est-à-dire en se plaçant dans l'optique d'une période
longue, des dépenses d'infrastructures auraient des effets plus
importants que de simples dépenses courantes comme en République
Démocratique du Congo.
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