III.2. INSTRUMENTS D'ANALYSE.
ü Modèle théorique.
Le principal instrument utilisé par la BCEAO dans
la conduite de sa politique monétaire est l'ensemble de ses taux
directeurs. En général, elle les utilise pour la
régulation de la liquidité bancaire. Or l'abondance ou le manque
de liquidité bancaire a des effets indéniables sur la formation
des taux d'intérêt débiteurs.
En outre des taux directeurs de la banque centrale, la
théorie économique dénonce également l'existence
d'une multitude d'autres facteurs explicatifs des taux d'intérêt
qui peuvent être entre autre le taux d'inflation, le déficit
public, les anticipations rationnelles, les risques etc.
La présente étude essaie de cerner les effets
des taux directeurs de la banque centrale et du taux d'inflation sur les taux
débiteurs au Burkina. Ainsi la description théorique et la
justification du choix de ces variables peuvent-elles se faire de la
façon suivante :
- Le taux d'escompte.
Selon la théorie, l'influence du taux de l'escompte
se fait principalement sentir sur les taux d'intérêt
débiteurs pratiqués par les banques commerciales. Il sert en fait
de base pour la détermination des dits taux par ces banques. Celles-ci
calculent leurs taux en s'appuyant sur le taux d'escompte auquel elles ajoutent
diverses commissions et primes de risque (J.L. BAILLY, 2006). Le taux
d'escompte a donc un effet positif sur les taux d'intérêt
débiteurs.
- Le taux de prise en pension.
La différence entre le taux de pension et celui de
l'escompte est la durée et le caractère définitif ou
temporaire de l'opération. C'est le second principal taux directeur de
la BCEAO. Théoriquement, son effet s'avère positif sur les taux
d'intérêt des établissements de crédit qui se
refinancent à ce taux au près de la banque centrale.
- Le taux moyen mensuel du marché
monétaire (injection de liquidité à une
semaine).
C'est le taux en vigueur sur le marché
monétaire de l'UEMOA qui a vu le jour depuis le 02 octobre 1989. Pour
un établissement de crédit qui se refinance sur ce marché,
il tiendra compte de ce taux pour la définition de son taux
d'intérêt débiteur applicable à sa clientèle.
Il devrait donc influencer positivement les taux débiteurs des
établissements de crédit.
- Le taux marginal des appels d'offres (injection de
liquidité à une semaine).
Les établissements de crédit peuvent se
refinancer également à ce taux, ils le considèrent
également comme base pour la détermination de leurs taux
débiteurs. Son influence attendue est aussi positive comme dans le cas
précédent.
D'une manière générale, les
théories (J.L. BAILLY, 2006) et certaines études empiriques (S.
AKHTAR, 1994) stipulent que les taux directeurs des banques centrales ont des
impacts positifs sur les taux d'intérêt débiteurs
appliqués par les banques commerciales. Le choix des taux directeurs
comme variables dans notre étude s'avère donc intéressant
dans la mesure où elle pourra attirer l'attention des autorités
monétaires sur l'utilisation de ces taux.
- Le taux d'inflation.
L'atteinte d'un niveau d'inflation bas est l'un des
principaux objectifs de la politique monétaire de la BCEAO. Lorsque des
pressions inflationnistes se font sentir au sein de l'UEMOA, elle se sert de
ses taux directeurs pour un retour vers un taux bas. C'est d'ailleurs dans
cette optique que le niveau du taux d'inflation fait l'objet d'un
critère de convergence de premier rang de l'union (chaque pays de
l'union doit avoir un taux d'inflation annuel = 3%). Il est donc
nécessaire d'évaluer l'impact de cette variable sur la formation
des taux d'intérêt débiteurs dans le contexte
burkinabé. Elle a une influence négative sur les taux
d'intérêt réel. Ce comportement théoriquement
justifié pour des taux d'inflation faibles a été
observé dans les pays occidentaux durant ces vingt dernières
années (J.F. LOUE, 1996).
Le choix de cette variable dans le cadre de la
présente étude s'est opéré sur la base des
explications que donnent les théories économiques quant à
la formation des taux d'intérêt et à cause de l'importance
que lui accorde la BCEAO dans la conduite dans sa politique monétaire.
En effet selon certaines théories, cette variable contribue positivement
à la formation des taux d'intérêt débiteurs nominaux
pratiqués par les banques commerciales sur les crédits
accordés à leurs clientèles.
Tableau1: synthèse des variables retenues
pour le modèle et leur signe attendu.
Variable expliquée
Variables
Explicatives
|
id
|
Nature de la variable
|
Signe attendu
|
es
|
Quantitative
|
+
|
tp
|
Quantitative
|
+
|
tmm
|
Quantitative
|
+
|
tms
|
Quantitative
|
+
|
pi
|
Quantitative
|
+
|
Source: construction de l'auteur.
id est le taux d'intérêt
débiteur de base des établissements de crédit
burkinabés ; es, le taux d'escompte ;
tp, le taux de prise en pension ; tmm,
le taux moyen mensuel du marché monétaire (injection de
liquidité à une semaine) ; tms, le taux
marginal des appels d'offres (injection de liquidité à une
semaine) et pi est le taux d'inflation.
ü Modèle empirique
Dans le cas du Burkina Faso, l'évaluation des
déterminants des taux d'intérêt débiteurs peut
être donc faite grâce à l'équation suivante:
idt = â0 +
â1est + â2tpt +
â3tmmt + â4tmst +
â5pit + åt
Où id est le taux
d'intérêt débiteur nominal de base pratiqué par les
établissements de crédit du pays ; es,
tp, tmm, tms,
sont respectivement le taux d'escompte, le taux de prise en pension,
le taux moyen mensuel du marché monétaire (injection de
liquidité à une semaine) et le taux marginal des appels d'offres
(injection de liquidité à une semaine) de la BCEAO,
pi le taux d'inflation et
å, le terme d'erreur.
â1,
â2,
â3,
â4 et â5
sont les paramètres associés aux variables.
â0 est la
constante. Ces variables ont été retenues pour la
présente étude à cause d'une part, de leur importance dans
la formation des taux d'intérêt et d'autre part de la
disponibilité des données.
Ce modèle d'étude des déterminants
des taux débiteurs s'est inspiré de celui utilisé par la
REM (juin, 2008). En effet, l'une des variables explicatives dans ce dernier
modèle est le taux d'inflation qui fait aussi l'objet d'une variable
explicative dans le notre. Cependant, notre modèle diffère tout
de même de cellui de la REM, car il intègre les effets des taux
directeurs de la BCEAO sur les taux d'intérêt débiteurs en
plus de ceux de l'inflation dont ce dernier avait tenu compte, et c'est dans le
cas particulier du Burkina Faso.
La période de l'étude est comprise entre
2007 et mi 2011 avec 54 observations.
Les données utilisées proviennent principalement
de deux sources: la BCEAO et l'UEMOA. Celles relatives aux taux directeurs et
aux taux débiteurs de base proviennent précisément des
bulletins mensuels de statistiques monétaires et financières
(bmsf) de la BCEAO. Les données sur les taux d'inflation (IHPC) ont
été obtenues à partir du site de l'UEMOA.
|