CHAPITRE III : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Dans le présent chapitre, il est question pour nous de
présenter le cadre d'analyse, les instruments d'analyse et la
méthodologie d'enquête de notre étude.
III.1. CADRE D'ANALYSE.
Dans le souci de compléter les enseignements des
études consultées dans la revue de la littérature de la
présente recherche et d'effectuer une évaluation globale des
déterminants des taux d'intérêt au Burkina Faso, le
modèle théorique des déterminants des taux
d'intérêt de J.M. KEYNES a été adopté. Selon
ce modèle, les taux d'intérêt sont
généralement fixés par le marché de crédit.
D'autres facteurs jouent néanmoins un rôle important, notamment la
« préférence pour la
liquidité » des épargnants. Le taux
d'intérêt est déterminé par le niveau de
rémunération qu'ils exigent pour bloquer leur agent sur des
obligations ou d'autres actifs au lieu de le garder sous forme liquide. Si les
épargnants estiment que les prix vont chuter (y compris ceux des actifs
financiers), ils conserveront leurs économies bien à l'abri sous
leurs matelas. Selon la théorie de la préférence pour la
liquidité, les taux d'intérêt fluctuent pour
équilibrer la demande et l'offre monétaires. Si la demande
augmente, (c'est-à-dire si la préférence est donnée
à l'argent liquide par rapport aux titres portant intérêts,
ces derniers sont vendus et les obligations chutent) : les taux
d'intérêt montent. Inversement, si l'offre de monnaie augmente,
les épargnants se tourneront vers les obligations dont les cours
progresseront, les taux d'intérêt baissent. La politique
monétaire règlementant la demande et l'offre de monnaie
constituent donc l'un des déterminants des taux d'intérêt.
Selon certains auteurs, en 1980, la réorientation des politiques
monétaires a joué un rôle dans la formation des taux
d'intérêt de cette époque. Elle a eu une influence
momentanée dans la mesure où le ralentissement de la demande de
monnaie qui s'en est suivi aurait dû ramener les taux à un niveau
moindre (O. BLANCHARD et L. SUMMERS, 1984).
Par contre, cette recherche a une nature explicative des
taux d'intérêt débiteurs pratiqués par les
établissements de crédit. Elle va donc se référer
aux théories explicatives des taux d'intérêt. Plus
précisément, elle se réfère aux théories des
mécanismes de transmission de la politique monétaire. Une
distinction est faite au sein de ces théories entre les
mécanismes de transmission de la politique monétaire par le
« canal monétaire » et par le « canal du
crédit » (au sens large ou au sens strict).
Le « canal monétaire » qui
décrit les effets des modifications des taux d'intérêt sur
l'économie réelle ne sera pas le cadre privilégié
ici. Il s'en suit donc que c'est le « canal du
crédit » qui sera retenu dans le cadre de cette recherche. Il
décrit les influences de la politique monétaire sur les taux
d'intérêt. Cependant, il faut noter que cette théorie n'est
qu'une extension du modèle keynésien à prix fixe et en
économie fermée connu sous le nom du modèle IS-LM.
Autrement dit, c'est une conséquence de la politique monétaire
évoquée par J. M. KEYNES dans ce modèle. La politique
monétaire dans le modèle IS-LM constitue donc une base
théorique pour la présente étude. Cette politique a
graphiquement pour conséquence de provoquer des déplacements de
la courbe LM qui représente l'équilibre sur le marché de
la monnaie. Ces déplacements entrainent une baisse des taux
d'intérêt dans le cas d'une politique monétaire expansive
et une hausse dans le cas d'une politique restrictive.
Selon la théorie du « canal du
crédit » (au sens large comme au sens strict), la politique
monétaire agit sur la demande agrégée non seulement par
ses effets directs sur le taux d'intérêt, mais aussi parce qu'elle
affecte l'offre de crédit bancaire (B. BERNANKE et A. BLINDER,
1988 ; 1992).
Dans sa version stricte, l'augmentation de l'offre de monnaie
accroit les dépôts collectés par les institutions
financières (c'est-à-dire leur passif): les établissements
de crédit ont alors l'opportunité de développer leur offre
de crédit (c'est-à-dire leur actif).
Dans sa version large, une baisse des taux
d'intérêt accroit l'offre de crédit aux agents non
financiers via l'augmentation de la richesse nette des emprunteurs potentiels
(qui constitue autant de garantie pour le prêteur en cas de
défaillance de l'emprunteur) et leur solvabilité (A. KASHYAP et
J. STEIN, 1993).
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