CONCLUSION GÉNÉRALE ET
RECOMMANDATIONS.
Cette étude qui avait pour objectifs d'analyser les
déterminants des taux d'intérêt débiteurs au Burkina
Faso a permis dans un premier chapitre de faire le tour de la revue de la
littérature. Divers travaux empiriques et théories qui ont
tenté de trouver des explications à la formation des taux
d'intérêt débiteurs ont été
énumérés. Dans le deuxième chapitre consacré
à la politique monétaire mise en place par la BCEAO et à
la description des différents taux d'intérêt a permis de
mettre en évidence les processus de détermination des taux
débiteurs par les établissements de crédit. En effet, les
banques et les établissements financiers n'ont pas les mêmes
méthodes de détermination des taux d'intérêt
applicables à leur clientèle. A travers le troisième
chapitre, nous sommes parvenus à dégager les variables qui
pourraient expliquer la formation des taux débiteurs au niveau du
Burkina Faso. Le quatrième et le dernier chapitre nous a permis de
retenir de façon précise les véritables
déterminantes des taux débiteurs au sein du pays.
Trois hypothèses de recherche ont
été formulées au regard des objectifs de
l'étude ; ce sont :
ü Les taux d'intérêt débiteurs
élevés au niveau du Burkina suggèrent que le taux
d'escompte fixé par la BCEAO a un effet plus que proportionnel sur ces
derniers.
ü Les déterminants importants des taux
débiteurs sont au niveau du Burkina le taux d'escompte, le taux marginal
des appels d'offres et le taux moyen mensuel du marché
monétaire.
ü La politique d'inflation menée au sein de
l'UEMOA n'a pas d'impact sur les taux débiteurs.
La vérification de ces hypothèses a
nécessité l'utilisation d'un modèle
économétrique à savoir un modèle à
correction d'erreur (MCE) sur données temporelles et le calcul
d'élasticités.
Au terme de l'analyse, les trois hypothèses ont
été confirmées. En effet, la variable taux d'escompte
s'est révélée très significative (même
à 1%) confirmant son effet plus que proportionnel sur les taux
débiteurs du Burkina.
Les variables taux d'escompte, taux moyen mensuel du
marché monétaire et taux marginal des appels d'offres sont les
seules variables significatives. Autrement dit, ce sont les variables
pertinentes parmi celles retenues pour l'étude confirmant leurs
qualificatifs de déterminants importants des taux débiteurs au
niveau du Burkina Faso.
Quant à la variable taux d'inflation, elle apparait non
significative. Elle n'a donc pas d'impact sur les taux d'intérêt
débiteurs pratiqués par les établissements de
crédit burkinabés.
Au regard de ces résultats, les déterminants
des taux d'intérêt débiteurs de base pratiqués par
les établissements de crédit du Burkina sont les suivants: le
taux d'escompte, le taux marginal des appels d'offres et le taux moyen mensuel
du marché monétaire. Autrement, nous pouvons dire qu'en
général, c'est la politique monétaire de la BCEAO qui
gouverne la formation des taux débiteurs au niveau du Burkina Faso.
A la suite de ces analyses, les recommandations de
politiques économiques suivantes peuvent être formulées:
ü La BCEAO devrait continuer sa politique
d'assouplissement des conditions débitrices en abaissant ces taux
directeurs. Comme déjà mentionné plus haut, la banque
centrale utilise ses taux directeurs pour contenir le taux d'inflation dans la
limite du critère de convergence qui lui est relatif au sein de l'UEMOA
(= 3%) et de favoriser la croissance. Comme notre étude l'a
révélé, le taux d'inflation n'a pas d'impact sur les taux
débiteurs. Par ailleurs, une étude récente a
révélé que le taux d'inflation optimal au sein de l'union
est de 8,08% (A. COMBEY et K. NUBUKPO, 28 juin 2010). Ce qui pose la question
de la pertinence de la norme de 3% retenue dans le cadre des critères
de convergence de la zone UEMOA.
En effet, cette mesure aura un effet baissier sur les taux
débiteurs des établissements de crédit de l'union et du
même coup ceux du Burkina Faso. Ce qui va permettre un accès plus
favorable des agents économiques du pays (en particulier les
entreprises) aux ressources financières qui pourront par la suite
investir et créer de la valeur ajoutée.
ü Elle devrait également revoir à la baisse
les marges laissées aux établissements de crédit dans la
fixation des taux débiteurs applicables à leurs
clientèles. C'est-à-dire les taux de l'usure qu'elle leur a
fixé à ne pas dépasser (18% pour les banques et 27% pour
les établissements financiers). Ceci amènera ces derniers
à utiliser des taux débiteurs moindres dans l'exercice de leur
fonction qui est le financement de l'économie.
ü Les banques commerciales devront quant à elles
faciliter l'accès au crédit à leur niveau en exigeant
moins de conditions à leurs clientèles car celles-ci constituent
un véritable frein à la croissance de l'activité
économique dans son ensemble. Cette même politique de
crédit a des conséquences négatives pour les banques
elles-mêmes à savoir:
- Le faible taux de transformation monétaire qui
pourrait à la longue constituer un frein à leurs
compétitivités dans l'union,
- Le risque de taux,
- La croissance lente de leurs fonds propres,
Du coté des agents économiques (les PME et PMI
surtout), cette politique a aussi des conséquences néfastes:
- Le manque de compétitivité,
- L'incapacité de satisfaction de la clientèle
nationale sans parler de celle de l'union.
En effet, dans le cas où les établissements de
crédit du pays pratiqueraient des taux débiteurs moins
élevés, les avantages suivants peuvent être
tirés:
- La réduction du phénomène de la
sélection adverse et, donc la facilité aux établissements
de crédit de recouvrer les créances,
- La réalisation de marges supérieures par les
banques résultant du différentiel entre les taux appliqués
à la clientèle et les facilités de dépôt
marginal qui rémunèrent les réserves
excédentaires,
- La réduction de la part du financement informel
auquel ont recours souvent certains emprunteurs qui sont exclus du circuit
formel de financement,
- La récolte par l'Etat ; par le biais des
impôts d'une part des recettes qui sinon, lui échappe,
- Situation favorable à l'ensemble de l'activité
économique, c'est-à-dire à la consommation, à
l'emploi et au développement.
Certains résultats de cette étude peuvent
être nuancés au regard de certaines remarques qui peuvent
être pertinentes pour un approfondissement des recherches
ultérieures:
ü La période de l'étude n'est pas
suffisamment grande pour capter plus les effets de la politique
monétaire sur les taux débiteurs.
ü L'utilisation des taux débiteurs de base
bancaire reflète moins la réalité car les
établissements de crédit appliquent des taux plus
élevés à leur clientèle dans les faits.
ü La quasi indisponibilité des informations sur
les taux d'intérêt réellement appliqués à la
clientèle par les établissements de crédit constitue
également une limite pour l'analyse. En effet, ils affirment qu'il
s'agit d'informations confidentielles surtout lorsqu'on cherche à
connaitre les variables qu'ils utilisent pour la détermination des taux
d'intérêt.
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