Depuis 1980, la méthode Merise s'est confrontée
aux réalités d'une mise en oeuvre dans une grande
variété d'organismes. Elle est largement diffusée en
France et dans l'Europe du Sud (parfois avec des adaptations mineures) au point
de constituer un standard en conception de système d'information.
En un peu plus de dix ans, elle a connu des
développements et des enrichissements profitables, dont les principaux
sont les suivants :
· extension du formalisme entité - relation, avec
notamment l'explicitation de types et sous-types, de contraintes
d'intégrité, etc. ;
· clarification de la modélisation des
traitements à l'aide du formalisme issu des réseaux de
Pétri, à différents niveaux de préoccupation ;
· extension des niveaux d'abstraction et de
modèles, avec l'émergence du modèle logique de traitements
(MLT) et du modèle organisationnel de données (MOD), [Panet,
Letouche, Peugeot, 91], etc. ;
· couplage avec des méthodes de conduite de
projet ;
· développement d'ateliers de génie
logiciel (AGL) de conception intégrant de façon plus ou moins
complète la méthode Merise (Conceptor, Mega, Message,
Principia...) ;
· ouverture vers les autres méthodes de
génie logiciel (Merise et Yourdon [Phan 85]...), de génie
cognitif (Merise et KADS [Brunet 90]...), etc. ;
· adaptation à d'autres types d'activités
; domaines de la productique (Merise et GRAI [DCN, Cecima, Grai-Productique SA,
LaboGrai 91]), l'EDI (Merise et l'EDI [Bergman, Cucchi, Espinasse, Lagaert
91]), et d'environnements techniques (bases de données réparties,
architectures client - serveur, monétique, cartes à puce...).
Son succès indéniable ne s'est pas acquis sans
difficulté. L'abandon d'un support par la puissance publique (à
la différence du projet SSADM en Grande-Bretagne) a laissé la
méthode Merise sans structure permettant de la doter d'une
référence officielle et d'en maîtriser la diffusion et
l'évolution.
Cette évolution de la méthode, en l'absence
nous semble-t-il d'un intérêt suffisant de la recherche
universitaire, s'est faite principalement à l'initiative des
sociétés de service qui l'avaient adoptée. La situation
concurrentielle n'a pas toujours permis un développement convergent et
collectif de la méthode (discrétion des recherches
sérieuses, annonces d'«innovations » et « adaptations
» trop souvent dictées par le marketing,
dépréciations et dénigrements par absence de
compétence, récupérations hâtives et
fragmentaires...).
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Notons toutefois le rôle très important de la
société savante concernée, l'AFCET, et de plusieurs de ses
groupes de travail, comme structures de rencontre, de travail et de diffusion
des travaux de recherche élaborés par les différents
promoteurs de la méthode Merise [AFCET 91].