2- Problématique environnementale de la
Forêt Mikea
Avec 13 millions d'hectares dans toute l'Ile, la forêt
ne recouvre plus que 20 % environ du territoire de Madagascar. La
déforestation atteint des proportions alarmantes. Chaque année,
quelque 200 000 hectares de forêt disparaîtraient1.
Ce processus s'est récemment
accéléré, tout particulièrement dans le Sud et le
Sud Ouest de l'île. Dans la forêt des Mikea, massif forestier de 1
500 km2, les surfaces déboisées ont quadruplé
depuis la fin des années 1980 (C. Blanc-Pamard et al, 2005).
La déforestation est à imputer, pour
l'essentiel, au développement de la culture du maïs sur
abattis-brûlis, appelée localement hatsaky (Photo 2).
Cette agriculture pionnière se développe rapidement aux
dépens de la forêt, sous l'effet de plusieurs facteurs : une
pression démographique accrue par l'arrivée de migrants, une
saturation foncière des terres les plus fertiles, le relâchement
du contrôle par l'État des défrichements forestiers.
Enfin et surtout, culture vivrière à l'origine,
le maïs est devenu une culture principalement commerciale, pour
répondre aux besoins du marché national et de celui de
l'île de la Réunion. La culture du maïs, ainsi
stimulée, ne cesse de gagner sur la forêt.
Pour mieux exposer ces problèmes principaux, nous
allons examiner les divers aspects de ce phénomène. Par
définition notre objet d'étude, concerne les impacts
environnementaux et sociaux des travaux d'aménagement de la route
nationale n°9 qui traverse la la zone Tampon Est de la forêt
Mikea.
1 C. Blanc-Pamard et al, 2005
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Etude des Impacts Environnementaux des travaux
d'aménagement de la RN9 sur la forêt Mikea
Celle-ci s'est exposée aux pires dangers de la
déforestation avec une vitesse de recul des limites forestière de
454 m/an durant les années 90. Cette déforestation s'intensifie
jusqu'au début des années 2000 à cause de la poursuite de
l'immigration et au relâchement du contrôle étatique
(Razanaka, 1999 in Grouzis & al. 2000).
De ce fait, la forêt des Mikea est en cours de risque
d'une fragmentation et d'une dégradation sévère en raison
de la pratique de la culture itinérante sur brûlis doublée
par les défrichements et les coupes de bois illicites faits pour les
besoins élevés des populations locales en bois de feu. Constatant
que la surface forestière défrichée dans cette zone a
évolué de 164 km2 en l'espace de 10 ans (de
1990-2000), cela signifie que l'accélération est de 16,4
km2/an (Raharinirina, 2004).
Selon l'analyse établie par HUMADA (Association
Humanitaire pour Madagascar) qui a effectué une enquête
socio-économique aux alentours de la forêt des Mikea du 28 au 30
Aout 2008, il ressort dans son rapport que cette forêt, ne devait plus
exister en 2012, si les décideurs et les parties prenantes ne prenaient
pas des mesures appropriées au contexte socio-économique et
politique, des populations locales et de leurs activités. Toujours
est-il que, la situation actuelle est alarmante et les Communautés de
Bases en subissent des conséquences. Compte tenu de leur système
de culture et du manque des moyens de production, les populations locales n'ont
d'autres options que de brûler la forêt afin de fertiliser le sol
cultivable pour augmenter leur productivité. Ce n'est qu'une solution
facile et non-durable, après deux ans, le sol devient
complètement stérile. C'est pourquoi, elles ont une tendance
à chercher continuellement une autre surface forestière à
défricher, en transformant celle-ci en terre agricole.
Face à la nature de la forêt des Mikea, dense,
sèche avec une condition sévère et à ces pressions,
la réduction du cycle de régénération naturelle y
présente, provoque une disparition progressive des couvertures
forestières dont le déséquilibre de
l'écosystème se traduisent par la diminution de la surface
forestière et la disparition des ressources biologiques.
A part des raisons anthropiques, le contexte
socio-économique et politique peut aussi intervenir sur le
phénomène de la déforestation. En effet, l'incitation des
facteurs socio-économiques apporte également des effets sur
l'ampleur de la dépendance des populations locales à cette
forêt et des impacts sur leur perception de l'utilisation des ressources
forestières. Effectivement, les facteurs socio-économiques
paraissent comme étant des éléments favorisant de la
déperdition des ressources et de la dégradation du milieu.
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Etude des Impacts Environnementaux des travaux
d'aménagement de la RN9 sur la forêt Mikea
Quant à la situation politique, des projets de
sauvegarde sont en cours, prévoyant des encouragements
économiques à une bonne gestion de l'environnement et à
une exploitation efficiente des ressources naturelles. D'ailleurs, leurs
confusions sont ressenties sur la promotion de projet favorisant le
développement socio-économique, en concourant à la
conservation de l'environnement et au mécanisme de développement
propre.
Envers ces différentes contraintes mentionnées
ci-dessus, il est indispensable d'appréhender tous les indicateurs
socio-économiques qui contribuent à ce niveau alarmant de la
dégradation de la forêt Mikea, tout en considérant les
besoins des populations locales en ressources forestières naturelles.
Cela nous a permis de sortir les grandes lignes pour sa gestion durable.
Photo 2. Culture du maïs après
défriche-brûlis (photo C. Blanc-Pamard).
![](tude-des-impacts-environnementaux-des-travaux-d-amenagement-de-la-Route-nationale-9-sur-la-fort6.png)
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Etude des Impacts Environnementaux des travaux
d'aménagement de la RN9 sur la forêt Mikea
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