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Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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par Siham BENSAID
Université Mohammed V Rabat Agdal - master droit public 2010
  

Disponible en mode multipage

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Faculté des sciences juridiques, Économiques et sociales Rabat-Agdal

Avril 2010

 
 

Mémoire de Master en Droit public
Spécialité Gestion administrative et financière

Les politiques urbaines d'intégration
sociale par le logement au Maroc

Travail réalisé par : Siham BENSAID

Sous la direction de :

M. Mohammed Amine BENABDALLAH

Membres du Jury :

M. Mohammed Amine BENABDALLAH M. Mohammed BRAHIMI M. Mohammed MADANI

2

REMERCIEMENTS

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail.

Je remercie particulièrement M. Mohammed Amine BENABDALLAH qui, en tant que Directeur de mémoire, s'est toujours montré à l'écoute et très disponible tout au long de la réalisation de ce mémoire, ainsi que pour l'inspiration, l'aide et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et sans qui ce mémoire n'aurait jamais vu le jour.

Mes remerciements les plus sincères à Messieurs les Professeurs, membres du jury :

M. Mohammed Amine BENABDALLAH, M. Mohammed BRAHIMI, M. Mohammed MADANI, pour m'avoir accordé de leur temps, afin de consulter ce mémoire et m'offrir leur regard critique sur l'ensemble de mon travail.

Je remercie également le professeur Ali SEDJARI pour ses conseils et la documentation qu'il m'a fournie.

Je remercie mon père pour m'avoir apporté son aide, enrichi mes connaissances dans ce domaine, et m'avoir guidé et encouragé pour l'élaboration de ce travail.

Je remercie plus particulièrement mon mari pour son soutien moral et sa patience tout au long de ce travail.

Je voudrais également exprimer ma reconnaissance envers ma mère, ma soeur, ma belle-famille et mes amis qui m'ont apporté leur support moral tout au long de ma démarche.

3

TABLE DES MATIERES

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

REMERCIEMENTS 2

TABLE DES MATIERES 3

INTRODUCTION 6

CHAPITRE PRELIMINAIRE: Etat des lieux.................................... 10

Section 1. Origines des déséquilibres urbains sociaux 10

a. Urbanisation sauvage 10

b. Problème des bidonvilles 11

c. Absence d'une bonne gouvernance urbaine 13

Section 2: Des causes d'exclusion du logement 14

a. L'absence de politiques de logement pour les ménages à bas revenus 14

b. L'inadéquation entre l'offre et la demande du marché foncier 14

c. L'accès réduit des ménages au système de prêt 15

d. L'accès au logement ne suit pas la production du logement 15

e. Les limites de la gestion urbaine centralisée 16

PREMIERE PARTIE : Stratégie et objectifs d'intégration sociale urbaine 18

CHAPITRE 1. Pour des villes socialement inclusives .................................... 18

Paragraphe 1 : La gouvernance sociale urbaine 18

a. Maitrise du phénomène urbain 19

b. Production d'une offre adaptée de logements .. 19

c. Promotion de l'habitat locatif

20

.

Paragraphe 2 : Renouvellement du tissu urbain dans le cadre du principe de « mixité

urbaine sociale 21

a-Politique du vivre-ensemble : consécration de l'objectif de mixité sociale 21

b-Logement et mixité sociale : utopie ou enjeu de société ? 22

b1-Les formes de ségrégation et d'exclusion urbaine ................................................. 22

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

4

b2-Les modes d'intervention de l'Etat......................................................... .. 23

b3-Les principes de la mixité sociale dans les politiques urbaines......... 23

Chapitre 2 : Les outils mis en place pour faire face à la problématique du logement .. 25

Paragraphe 1 : Outils institutionnels 26

a-Redéfinition du rôle de l'Etat 26

a1-Les projets de développement urbain............................................................ 28

a2-Le programme des petits et moyens bidonvilles 29

a3- Le programme Housing Guarantee 29

b-Partenariat public-privé, politiques de résorption de l'habitat précaire . 33

Paragraphe 2 : Outils juridiques 36

a-Définition d'un cadre juridique pour le droit au logement 36

b-Les contraintes et dysfonctionnements . 38

b1 L'encadrement juridique 38

b2-Des difficultés au niveau de l'application des lois d'urbanisme 39

b3- Spéculation et monopole public .................................................................. 40

b4-Les propositions de solutions ........................................................................... 40

Paragraphe 3 : Outils financiers 42

a-Le rôle de l'Etat dans la prise en charge financière 43

b-Les dispositifs pour l'accession des populations à faible revenu au logement social . 46

c-La participation du secteur privé dans le financement du logement social . 48

Conclusion 1ère partie 50

DEUXIEME PARTIE :

L'inscription de la question du logement dans le cadre d'une politique de la ville 53

Chapitre 1 : Le logement social comme mode expérimental d'intégration urbaine 53

Paragraphe 1 : Promotion de l'habitat social : stratégie d'intervention de l'Etat 53

a-Le cadre juridique relatif à l'habitat social 56

a1-Le décret du 26 décembre 1964 57

5

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

a2-Les normes et standards en matière d'habitat social 58

a3- La réglementation urbanistique en matière d'habitat social 58

59

a4-Les principales dispositions du projet de décret relatif à l'habitat

social ..

b-Les orientations du projet du code de l'urbanisme par rapport à l'habitat social 59

Paragraphe 2 : Les aspects financiers de l'habitat social 61

a-Le rôle des dispositifs du droit de l'urbanisme 61

b-La capacité financière des ménages .. 61

c-Le financement de l'habitat social par les ménages à faible revenus .

62

Chapitre 2 : Programmes d'interventions publiques 63

Paragraphe 1 : Résorption de l'habitat insalubre à travers le plan « Villes sans bidonvilles » 65

a .Les modalités d'intervention du plan « villes sans bidonvilles » 67

b-Les dispositifs d'exécution du programme « VSB » 70

c-Les défaillances du plan « Villes sans bidonvilles » 73

Paragraphe 2 : Une meilleure accessibilité au logement à travers le programme « Villes nouvelles »

76

a-Le processus d'élaboration .. 78

b-La conception urbanistique 81

c-Le cas de la « ville nouvelle » de Tamesna 82

Conclusion 2 ème partie 86

Conclusion générale 87

Annexe .. 89

Décret de 1964 89

Discours du roi 2001 96

Discours du roi 2003 99

Bibliographie 107

Webliographie .. 111

TABLE DES ABREVIATIONS 112

6

Introduction

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

Les villes sont des moteurs de la croissance économique et offrent les plus grandes chances d'avancement social et de développement. Elles présentent aussi des taux très élevés d'inégalité et de concentration de la pauvreté. Les tendances globales actuelles d'urbanisation et de globalisation n'impliquent rien de moins que l'urbanisation de la pauvreté et de l'exclusion sociale.

Aujourd'hui, le danger qui nous guette est de prendre encore plus de retard dans notre engagement pour arrêter la pauvreté. Le temps est venu pour les gouvernements de passer d'une approche fondée sur les besoins à une approche fondée sur les droits. Dans un monde, rapidement urbanisé, une telle approche signifie que tous les citoyens devraient bénéficier des opportunités que les villes ont à offrir en termes de revenus, d'espace, de logement, d'eau, d'éducation et de systèmes de santé, etc.

La reconnaissance de ces droits au niveau des politiques et des législations nationales est primordiale pour conduire à un changement fondamental dans notre approche du développement urbain durable. Une approche fondée sur les droits pourrait engendrer la volonté politique de répartition des ressources et placer les besoins et les intérêts des groupes et des individus vulnérables au même niveau que ceux qui sont mieux pourvus.

Au Maroc, l'urbanisation ne cesse d'être à l'origine de dysfonctionnements de plus en plus nombreux et aigus. Face à des processus d'urbanisation, complexes, les organismes publics qui se sont préoccupés jusqu'à maintenant des seuls aspects techniques de la dynamique urbaine, prennent conscience de l'importance d'appréhender les problèmes urbains dans leurs dimensions sociales.

La problématique sociale commence à être prise en compte en tant que composante de taille de la politique urbaine.

Aussi, la maîtrise d'oeuvre sociale est elle désormais une nécessité au Maroc.

Admettre que le développement urbain doive davantage tenir compte des réalités sociales est une idée qui, certes, peut emporter facilement l'adhésion morale, peut susciter des engagements militants et générer des programmes aux intentions généreuses.

Les droits humains sont devenus une préoccupation planétaire, et le « droit au logement » un concept fondamental des droits de l'homme.

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

7

Le Maroc a pendant longtemps eu des politiques urbaines axées sur l'aspect technique de l'aménagement du territoire, mais la prise en compte de l'élément logement en tant que composante des droits humains a abouti a des tentatives de mise en place de politiques urbaines sociales et d'une meilleure gouvernance sociale du logement.

Les villes ont beaucoup évolués au cours de ces trente dernières années, et ceci est du à bon nombres de facteurs tels que les formes d'habitat, les rapports de la population avec l'espace, les techniques d'aménagements urbains et d'organisation spatiale.

Les villes sont par conséquent devenues des lieux d'innovation, d'expérimentation, mais également des espaces de conflits, d'exclusion et de ségrégation.

Les grandes questions de la ville doivent être gérées à travers des politiques publiques urbaines et une action publique urbaine nouvelle.

La problématique majeure des villes est liée à la cohésion et l'intégration sociale.

Comment établir une unité de la ville ? Comment une ville peut elle devenir un espace de cohésion et d'intégration urbaine et sociale ?

Et à travers quels mécanismes peut-on répondre à une bonne intégration urbaine ?

L'action de l'Etat par rapport à ces problèmes, n'est pas uniquement d'organiser des opérations ou des interventions au niveau urbain mais également de mettre en place des mécanismes d'intégration.

Le Maroc, pour répondre à ce besoin d'unité et d'intégration, a mis en place des politiques urbaines qui se traduisent par des programmes d'habitat et en l'occurrence le logement social. Le développement des villes ne peut dépendre que d'une cohésion sociale et d'un équilibre des quartiers pour éviter toutes formes d'exclusion du champ formel de l'habitat. Et c'est donc autour d'une politique urbaine favorisant le lien social et la mixité sociale, et dans une optique de « bonne gouvernance » que le développement social du territoire peut se concrétiser. 4 C'est dans ce sens que le gouvernement marocain tient à mener une politique active de logement.

C'est précisément dans cette perspective que s'inscrit le « plan d'action global » adopté par le gouvernement marocain. 5

4 A.SEDJARI, (sous la direction) « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale », Edition l'Harmattan-GRET 2006, p.455-475

5Le programme appréhende de façon transversale les divers problèmes relatifs aux institutions, aux procédures existantes ainsi qu'à la mise en oeuvre de solutions concrètes au problème des bidonvilles.

Il prévoit également l'octroi d'avantages fiscaux aux promoteurs immobiliers, la cession de terrains pour des prix symboliques et la relance des projets. Ce programme découle clairement du « Programme pour l'Habitat » adopté en 1996 à Istanbul par les Nations Unies. Ce dernier pose la « bonne gouvernance urbaine » comme étant une condition essentielle au développement urbain et met l'accent sur le concept d'« accès au logement ».

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

8

Le Maroc a accumulé une grande expérience en matière d'intervention dans le logement en milieu urbain, aussi bien dans la production de logements que de l'aménagement foncier dont une partie est destinée à la résorption des bidonvilles.

Partant de ces préalables, on peut considérer que la fin de la période du protectorat correspond, pour des raisons multiples, à la première intervention massive et coordonnée dans le secteur de l'habitat.

Ecochard introduisait le concept d'habitat pour le plus grand nombre « celui qu'on doit réaliser en grande partie avec l'aide de l'État et au moindre prix, rapidement, sans rien sacrifier de ce qui est nécessaire à l'hygiène et au confort minimum des habitants ».

Ce qu'on retiendra de cette période c'est le caractère interventionniste de l'État dans le logement, l'implication financière et opérationnelle du secteur public, des préoccupations de délai et de coût pour faire face à la rapidité de la croissance, des réalisations importantes qui ont façonné des secteurs entiers des périphéries des grandes villes confrontées à l'extension des bidonvilles.

Mais au delà des réalisations physiques, qui malgré leur importance, sont restées en deçà des besoins, la réflexion menée dans le secteur de l'Habitat comme dans celui de l'Urbanisme ou de l'Aménagement du Territoire a marqué profondément les interventions ultérieures.

Ainsi la « trame Ecochard » 6 a servi de modèle d'organisation de l'unité de bâti et des secteurs urbains. Elle a longtemps constitué la référence, plus ou moins explicite, des stratégies menées ultérieurement.

Au lendemain de l'indépendance, le Maroc était confronté à plusieurs défis posés par la rapidité de la croissance urbaine et l'insuffisance des ressources pour faire face à l'ampleur des besoins.

L'exode rural important et la diffusion du fait urbain à travers l'ensemble du territoire national vont caractériser les deux décennies 60 et 70.

L'accélération de l'urbanisation pendant cette période s'est accompagnée du développement de l'habitat non réglementaire et des bidonvilles dans un contexte où l'intervention de l'État dans l'urbain était relativement limitée.

Aujourd'hui l'armature urbaine est consolidée, et malgré le sous équipement en infrastructure enregistré, elle présente suffisamment d'inertie pour résister aux transformations à venir.

6 Une politique pour l'habitation des populations musulmanes, fondée sur l'utilisation d'une «trame sanitaire» surnommée «trame Écochard», qui permet la densification et l'équipement progressifs des quartiers et la résorption des bidonvilles.

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

9

Avec la transition démographique en perspective, l'exode rurale qui se poursuit mais se diffuse de plus en plus dans l'armature urbaine, les villes vont être moins confrontées à un afflux important de population, mais l'enjeu se déplacera vers les périphéries dont l'aménagement constituera le défi de demain.

L'intégration urbaine au Maroc soulève de ce fait des interrogations majeures.

Pour mieux comprendre, nous ferons, dans un chapitre préliminaire, un état des lieux de la situation du logement aujourd'hui en étudiant les origines des déséquilibres urbains ainsi que certaines causes d'exclusion du logement.

Et c'est dans ce sens que nous tenterons d'apporter des éclairages sur la ville en tant qu'espace d'intégration et les problèmes de ségrégation et d'exclusion sociale qu'on y trouve, avant d'étudier la problématique du logement comme un élément de droits humains et de redynamisation du lien social dans l'espace urbain.

Aussi et en prenant appui sur différents volets qui touchent à l'intégration urbaine au Maroc, avons-nous jugé qu'il était opportun, pour mieux cerner notre problématique, d'analyser les outils et mécanismes mis en place pour faire face à la problématique du logement (Première partie), et démontrer à travers une analyse de la politique du logement social, la portée réelle de cette stratégie gouvernementale.

Ce qui nous permettra de présenter l'inscription du logement dans le cadre d'une politique de la ville à travers l'expérience de l'habitat social (Deuxième partie).

CHAPITRE PRELIMINAIRE :
Etat des lieux

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

10

Le diagnostic de la réalité urbaine au Maroc nous montre l'ampleur des discriminations et de la précarité sociale. L'unité de la ville n'est plus respectée face à l'inefficacité des politiques adoptées par le gouvernement.

A travers ce chapitre préliminaire, nous allons faire l'état des lieux des origines et des causes des déséquilibres urbaines et de l'exclusion du logement.

Section 1 : Origines des déséquilibres urbains sociaux

La ville est depuis toujours, un lieu d'expérimentation et d'innovation, mais elle est également un espace de conflits, de ségrégation et de nombreux déséquilibres urbains.

a- Urbanisation sauvage :

Sous la pression démographique, le Maroc est entré depuis les années soixante, dans une phase d'urbanisation accélérée se caractérisant par l'extension des périmètres urbains par la création de grands quartiers à la périphérie des villes existantes.

La désintégration de la ville se manifeste à travers ce phénomène d'urbanisation sauvage et non contrôlée qui se matérialise surtout par l'extension des bidonvilles.

La société urbaine aujourd'hui se traduit surtout par un phénomène de ségrégation et de ghettoïsation. Les quartiers riches côtoient les « villes bidons », et c'est cette double urbanisation qui est source de conflits et de rejets.

Ce fossé qui se creuse entres les classes sociales aggrave la ségrégation urbaine, et voit le lien social s'effriter et les disparités sociales s'accentuer. « Loin d'unifier, la ville sépare, disloque, nourrit la méfiance et le mal être ». 7

La stratification urbaine est le reflet de la stratification sociale, et ce phénomène de segmentation a tendance à isoler et cloisonner un pan de la population. Cet état de fait débouche inéluctablement vers un sentiment d'inégalité et d'injustice qui, par conséquent, est de nature à entretenir la violence.

Les groupes sociaux concernés par la marginalisation et la discrimination urbaine et sociale, faute d'intégration se tournent vers des voies illicites ou illégales.

On peut considérer que la prolifération de ces bidonvilles est due en grande partie à un échec des politiques d'aménagement des territoires et de l'habitat mais aussi à un manque de vision et de planification des autorités.

7 A. SEDJARI, (sous la direction) « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale », Edition l'Harmattan-GRET 2006, p.455-475

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

11

L'exode rural, le sous équipement de nos campagnes, le chômage endémique du Maroc des zones non côtières, largement sous développées par rapport à ce fameux « Maroc utile » du protectorat, ont suscités des mouvements de populations, campagnes, villes, de grandes envergures.

La ville s'est désintégrée et a échoué dans son rôle d'intégration urbaine et sociale ainsi que dans sa fonction d'unification et d'harmonisation de l'urbanisation.

b- Problème des bidonvilles :

Le problème des bidonvilles est ancien et remonte aux années trente, le gouvernement pour enrayer ce problème a mis en place une série d'actions qui n'a pas freiné la prolifération des bidonvilles.

Les services de l'habitat ont focalisé leur attention sur le bidonville qui commençait à se développer d'une façon spectaculaire au milieu des années 30. 8

Aujourd'hui, les villes marocaines subissent un accroissement de l'habitat insalubre dont les conséquences sont désastreuses : une transformation radicale du paysage urbain qui se traduit par l'apparition et la multiplication de noyaux de bidonvilles et de quartiers non réglementaires qui s'implantent au centre et à la périphérie des grandes villes. En effet :

o Ce sont prés de 770 mille ménages qui habitent aujourd'hui des bidonvilles ou résident dans des habitations non réglementaires ;

o 50 % environ des bidonvilles à l'échelle nationale, sont concentrés sur l'axe côtier s'étendant de la ville de Kenitra à la ville de Safi ;

o L'habitat non réglementaire quant à lui se concentre, pour plus des deux tiers, dans les villes de Tanger, Tétouan, Agadir, Rabat Salé et Oujda ;

o L'habitat insalubre continue de s'accroître au rythme de 40.000 unités par an environ, soit 40 % du total de ce qui est construit chaque année à l'échelle nationale. Cette évolution risque d'avoir les effets les plus pervers sur l'équilibre du tissu ;

o Un ménage sur 5 en milieu urbain vit dans un bidonville, ce qui représente la frange la plus importante concernée par le programme de logement social initié par le Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme en 2003. 9

8 En 1940, on dénombre pour la seule ville de Casablanca 50 000 bidonvillois, en 1950, 1960 et 1970 ils sont respectivement 100 000, 160 000 et 250 000.

9 Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme du Maroc et la Banque Mondiale, « Etude d'impact social et sur la pauvreté du programme « Ville sans Bidonvilles », compte rendu du séminaire de restitution et validation du 9 et

10 mai 2005, septembre 2005

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

12

Un tel phénomène constitue, non seulement une transmutation de l'organisation sociale et spatiale, mais s'accompagne aussi de mutations sociales, économiques et culturelles profondes. C'est dans ce contexte donc, que la question sociale ou plus précisément la gestion du développement social urbain est devenue pour le Maroc, un des enjeux majeurs des années à venir.

La production et la gestion du logement social seront les exigences incontournables de l'équilibre du milieu urbain.

Le Maroc s'est engagé dans un Programme National de résorption de l'Habitat Insalubre (PNRHI) en n'intervenant dans la production de logements sociaux que dans les régions où le privé fait défaut et en veillant à ce que le prix de chaque unité corresponde à la capacité financière des ménages en difficulté.

Mais tous les efforts entrepris dans ce domaine n'ont cependant pas donné les résultats attendus pour les raisons que l'on verra par la suite.

c- Absence d'une bonne gouvernance urbaine :

« Aujourd'hui, on constate que les exigences du développement en termes de compétitivité, de rénovation de l'espace urbain et des institutions à même de le réhabiliter ne s'accommodent plus d'un système de planification et de gestion urbaine archaïque.

Les instruments d'urbanisme n'étant pas réactualisés et mis à niveau, ils engendrent un fossé entre le droit et la pratique.

La lourdeur et la complexité des procédures ont empêché nos villes d'intégrer les logiques du développement durable et urbain.

L'absence d'une bonne gestion urbaine est due également à notre carence en compétences et expertises nécessaires pour assurer une gestion efficace des affaires urbaines. »

Les limites procédurales des documents d'urbanisme, la multiplicité des intervenants et la confusion de leurs compétences sont autant d'entraves à la nécessaire mise à niveau de l'espace urbain au service d'une intégration sociale et d'une solidarité urbaine effective.

Les problèmes de morcellement du pouvoir de décision au niveau des villes restent posés et génèrent toute une série de dysfonctionnements dont les plus importants sont le dédoublement des structures administratives, le gaspillage des ressources humaines et matérielles et l'absence de coordination dans la programmation des différents équipements. 10

10 A.SEDJARI, « Gouvernance, réforme et gestion du changement ou quand le Maroc se modernisera », l'Harmattan, 2006, p.215-235

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

13

Chapitre 2 : Des causes d'exclusion du logement :

L'exclusion du logement et de l'accès à la ville constitue l'un des principaux facteurs d'exclusion sociale : avoir un toit est en effet un élément essentiel à la sécurité des individus et en être privé ouvre à toutes sortes de difficultés dans l'accès aux services et aux droits.

Nous considérerons donc, d'abord les principales causes et manifestations de cette exclusion, pour envisager ensuite les conditions et les démarches d'intégration urbaine et sociale.

Le lien entre processus de relégation11 urbaine et pauvreté fait de l'accès au logement une variable stratégique de la lutte contre la pauvreté. Ce constat étant fait, quelles politiques d'intégration par le logement mettre en oeuvre ?

Une première interrogation touche à la difficile question des droits spécifiques par rapport au droit commun. Faut-il élargir les politiques de droit commun, et jusqu'où est-ce possible ? Cette interrogation doit se lire au regard d'une autre question : comment proposer des logements aux ménages pauvres sans que cette offre ne soit prise par les classes moyennes ? Le glissement est fréquent.

En effet, si l'offre est insuffisante pour loger les ménages à revenus moyens et que l'on crée une offre de qualité pour les ménages à bas revenus, l'expérience montre alors que les couches à revenus intermédiaires occuperont les logements destinés aux pauvres, repoussant ceux-ci plus loin encore dans les périphéries des villes.

Au-delà de la définition d'une hypothétique politique d'insertion par le logement susceptible d'être mise en oeuvre par les différents Etats, l'objectif est ici d'engager une réflexion sur les méthodes d'intégration urbaine et sociale, et de caractériser ce que pourrait être un « droit au logement » visant à promouvoir des "villes socialement inclusives". 12

Les habitants développent des stratégies face aux systèmes formels de production et d'attribution de logements et à l'exclusion urbaine.

C'est sur ces pratiques que doivent s'appuyer les politiques publiques d'insertion sociale. Cet objectif requiert un accompagnement des pratiques des habitants et la prise en compte de leurs savoir-faire, mais également une adaptation du cadre technique, financier, institutionnel des politiques d'intégration par le logement.

Dans la mesure où l'accès au logement se situe au coeur de la problématique d'intégration sociale des ménages pauvres, l'analyse de certaines causes d'exclusion du logement est un préalable nécessaire à la mise en oeuvre de toutes les politiques d'intégration.

11 Bannissement

12 J-P. FITOUSSI, P.LAURENT « Ségrégation urbaine et intégration sociale», Edition La documentation française, 2004 (source INAU)

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

14

Les processus d'exclusion sociale par le logement sont multiples. La principale cause en est l'incapacité des politiques d'habitat à concevoir une offre accessible aux bas revenus, conjuguée au libre jeu du marché tant pour l'accès au foncier que pour l'accès au crédit.

a- L'absence de politiques de logement pour les ménages à bas revenus :

Dans un grand nombre de pays, les gouvernements ont laissé se développer, à la périphérie des villes, des quartiers informels, dépourvus de services et d'équipements.

Selon le contexte politique et les besoins des villes en main d'oeuvre, les pouvoirs publics ont oscillé entre laisser-faire et répression, la manifestation la plus brutale de celle-ci étant l'éviction des populations et la démolition des quartiers concernés13.

b- L'inadéquation entre l'offre et la demande du marché foncier:

La détermination des prix du marché foncier se fait à travers des mécanismes tels que la rente ou encore à travers les méthodes de spéculation foncière utilisées par les acteurs urbains.

Les mesures correctrices classiques (fiscalité foncière et immobilière, tentative de contrôle et de réglementation de l'accession à la propriété) ont jusqu'à maintenant donné des résultats très limités. Les instruments tels que les taxes et les impôts ne sont pas vraiment très efficaces en matière de régulation du marché foncier ; car ce dernier est victime d'un déséquilibre entre une offre bien limitée par rapport à la demande.

« Le libre jeu du marché foncier, pas plus que sa simple régulation ne suffisent pas à définir une politique foncière susceptible de répondre à la demande des ménages à faibles revenus. » En particulier dans les villes des pays en développement, les modalités d'accès au foncier touchent diversement les ménages selon leur niveau de revenus. Pendant que les ménages les plus aisés peuvent trouver sur le marché une offre foncière légale qui leur permette d'accéder à la propriété, les ménages à bas revenus quant à eux, doivent mettre en place des stratégies et techniques de survie à travers l'occupation de terrains inadaptés à l'urbanisation, et non destinés à la construction (pentes trop importantes, zones inondables, proximités de zones d'activités dangereuses).

L'idée que le libre fonctionnement des marchés fonciers et immobiliers suffirait à améliorer l'offre de logements pour tous les groupes de revenu est contredite par la réalité.

L'aggravation de l'exclusion urbaine n'est pas due à des dysfonctionnements, mais au contraire au fonctionnement "normal" du marché. La libéralisation des marchés n'aidera pas à trouver une solution définitive au problème de l'accès à la propriété pour les ménages les plus démunis. En économie de marché, le désengagement des Etats est un facteur aggravant d'exclusion.

13 Extrait de l'ouvrage de A. Durand-Lasserve, "Law and urban change in developing countries: trends and issues", in E Fernandes and A Varley (edition), Illegal Cities: Law and Urban Change in Developing Countries, Zed Books, London, 1998.

c- Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

15

L'accès réduit des ménages au système de prêt :

Selon les pays, un pourcentage important des ménages n'a ni accès ni recours au système formel du crédit pour le financement de leur logement. Ce constat s'explique majoritairement par le fait qu'il n'a pas une offre adaptée des systèmes de financement à la situation des ménages les plus démunis ayant les revenus les plus bas.

Les ménages les plus démunis ou ayant les revenus les plus bas sont victimes de cette « discrimination », à cause justement de la faiblesse et l'irrégularité de leurs revenus, le plus souvent puisé dans le marché informel du travail. Leurs caractéristiques ne répondent pas aux exigences et critères des systèmes formels de crédit qui impliquent notamment des remboursements périodiques, échelonnés sur une longue période de temps, et donc cette tranche de la population est considérée comme insolvable et présentent un risque pour les banques.

Cette inadaptation est renforcée par le fait que les systèmes formels exigent que les ménages disposent d'un droit réel sur le sol, généralement un titre de propriété (pour avoir une garantie, hypothèque), ce qui est rarement le cas des ménages à très bas revenus.

Ceux-ci ont des stratégies inscrites dans la durée : ils conçoivent généralement l'accession à la propriété comme un processus progressif, au rythme d'une acquisition irrégulière de moyens financiers.

Ils sont rarement en mesure de contracter des prêts bancaires classiques qu'il faut rembourser en continu. Les banques et organismes de crédit ont peu d'intérêt à adapter leur offre de crédit à ce type de comportement financier.

d- L'accès au logement ne suit pas la production du logement :

L'exclusion du logement n'est pas le privilège des pays en développement. 14

La crise de l'offre en logement peut s'analyser comme une adaptation, classique en économie libérale, de l'offre à la demande de logement neuf : la production, même en réduction, ne permet de répondre qu'à la demande solvable.

C'est finalement le mode de régulation de l'offre et de la demande qui est en crise : « la production est tirée vers le haut, la demande vers le bas »15.

Cette crise se traduit par la baisse régulière du nombre de logements annuellement construits. Parallèlement, les logements considérés comme vétustes disparaissent petit à petit par démolition, ce qui entraîne une réduction de la partie la plus « sociale » du parc locatif privé.

14 En Europe, il y a quelques 3 millions de sans abri et entre 15 et 18 millions de personnes mal logées. Aux Etats-Unis, on estime que le nombre de sans abri est du même ordre, parmi lesquels 270000 sont des vétérans de guerre. 15R .BALLAIN ET S.KOMPANY, « Logement » : Tome III. Guide de la Politique de la Ville et du développement local, éditions ASH, janvier 1999, mis à jour en avril 2004

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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Dans les pays les plus industrialisés, le problème du logement n'est pas seulement une question de production mais aussi d'accès.

Le coût des loyers, de même que le poids relatif du logement dans le budget des ménages, n'a cessé d'augmenter ces vingt dernières années.

Beaucoup de ménages n'ont pas les moyens d'avoir un logement, et ceci dû à un manque de ressources et de garanties pour prendre un prêt.

« La notion de mixité sociale nourrit finalement l'idée récurrente de ne plus accueillir certaines populations jugées indésirables ». Elle tend à établir des seuils de tolérance qui contribuent à la privation du droit de cité pour certaines populations.

e- Les limites de la gestion urbaine centralisée :

Au Maroc, l'exemple de la politique de résorption des bidonvilles illustre les limites d'opérations décidées dans un système hyper centralisé qui ne prend pas suffisamment en compte les habitants.

Parmi les facteurs limitant l'impact des interventions publiques sur les bidonvilles au Maroc, F.NAVEZ-BOUCHANINE16 cite le mode d'élaboration des interventions d'« en haut » au profit du « bas ».

L'identification des problèmes par les administrations centrales ne prend pas en compte les pratiques des ménages qui ne sont pas associés à l'élaboration et à la prise de décision concernant le relogement.

Cette approche centraliste a un certain nombre de conséquences négatives.

On remarque, plus précisément une tendance à l'utilisation de solutions conçues dans d'autres contextes, qui s'adaptent difficilement aux populations concernées, et également une tendance à la mise en oeuvre dans des petites villes, de normes standardisées, calquées sur celles des grandes villes mais qui s'avèrent inadaptées aux besoins des quartiers les plus démunies. L'absence d'un système de crédit adapté et d'action socio-économique d'encadrement, de même que le caractère excentré de nombre d'opérations sont d'autres effets limitant de ces opérations. Cette situation compromet la recherche de solutions prenant appui sur le savoir-faire des populations et les pratiques populaires.

Selon F.NAVEZ-BOUCHANINE, le résultat le plus remarquable de ces opérations, reste leur effet de diffraction sociale17.

16 F.NAVEZ-BOUCHANINE : Docteur d'État en sociologie, Professeur des Écoles d'Architecture (France) et à l'Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme de Rabat, Maroc, Chercheur au Laboratoire CRH-CRESSAC, UMR LOUEST, Paris et membre associé au Laboratoire CITERES-EMAM (ex-URBAMA), Tours, France Consultante auprès d'organisations non-gouvernementales et auprès d'organismes internationaux (BANQUE MONDIALE, PNUD, FNUAP, FAO)

17 Dispersion ou écart social

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Ces opérations offrent en effet des solutions intéressantes à une partie des habitants de bidonvilles et c'est ce qui continue à faire le succès des interventions publiques sur les bidonvilles ; mais elles restent inadaptées aux franges les plus démunies de la population. On peut noter également sur le long terme les effets négatifs d'une gestion centralisée des projets d'habitat.

Elle contribue à reproduire une inertie redoutable parce qu'elle entretient, à terme, deux tendances qui freinent les initiatives locales :

- d'une part, le pouvoir central, au lieu de jouer un rôle de régulation et d'animation, continue à se substituer aux instances locales ;

- d'autre part, ce mode de gestion conforte, chez certains élus, dans des associations, voire auprès d'autres partenaires publics, une conception assistancielle de l'Etat. 18

18 A l'opposé, les consultations urbaines mises en oeuvre par le PGU, Programme de Gestion Urbaine en Amérique latine et caraïbe, sont une méthode de coproduction du développement urbain et social qui associe de façon approfondie et dans la durée, tous les acteurs directs et indirects de ce développement. Quel que soit le lieu, les projets sont menés selon une méthode similaire fondée sur la participation effective de toutes les catégories sociales en présence à des groupes de travail qui identifient les problèmes, établissent des priorités, choisissent des solutions et les moyens de les mettre en oeuvre ; les résultats obtenus font l'objet d'un suivi, tandis que des leçons et perspectives sont systématiquement retirées des expériences.

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PREMIERE PARTIE :

Stratégie et objectifs d'intégration sociale urbaine

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La ségrégation urbaine pèse sur le fonctionnement de la société, la cohésion et le bien être collectif ; stigmatisation, dysfonctionnements sociaux.

L'impératif d'intégration sociale et de rénovation urbaine commande d'étendre la sphère collective à l'ensemble des membres de la société. Lutter contre l'exclusion urbaine ou la ségrégation urbaine c'est par conséquent trouver le moyen « d'inclure » toutes les personnes écartées par rupture d'égalité dans les espaces sociaux qui sont composés par l'emploi et le logement.

La question n'est pas simple car il s'agit de s'interroger sur les dysfonctionnements des processus intégrants, ceux qui empêchent les mouvements des populations discriminées de s'intégrer socialement, et ceux qui repoussent encore certains membres du corps social vers les périphéries.

A travers ce premier chapitre, nous allons tout d'abord faire une étude du concept de mixité sociale et analyser les outils mis en place pour faire face à la problématique du logement au Maroc.

Chapitre 1 : Pour des villes socialement inclusives :

Il s'agit d'un mouvement global de réorganisation de la ville, le logement est nécessaire, mais la rénovation urbaine passe par une logique de globalité.

La reconnaissance des stratégies propres aux habitants et les échecs des interventions qui ne prennent pas suffisamment en compte leurs pratiques, loin de légitimer un recul des pouvoirs publics, doivent susciter une réflexion sur la redéfinition de leurs modes d'intervention et sur la place et la pratique des habitants.

Paragraphe 1 : La gouvernance sociale urbaine :

« Intégrer, c'est aussi se garder d'exclure durablement »19, la ségrégation urbaine pèse incontestablement sur le fonctionnement de la société, la cohésion et la justice sociale.

« Pour ce faire, et eu égard à ce que sous entend la cohésion sociale, la politique de la ville doit s'articuler autour de concept d'intégration à la ville.

L'enjeu essentiel est de réinsérer durablement les populations défavorisées et les quartiers marginalisés dans une vie urbaine plus solidaire, par une politique globale et volontariste. »20 Comment procéder pour consolider les fondements de la cohésion sociale ?

19 A .SEDJARI, (sous la direction) « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale », Edition l'Harmattan, 2006, p222

20 A.BOUSFIHA, Article « Villes et cohésion sociale au Maroc », in, « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A .SEDJARI, Edition l'Harmattan, 2006, p 208

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Maîtrise du phénomène urbain :

« L'urbanisation est un phénomène complexe, et pour en maîtriser la complexité, de nouvelles méthodes de planification de l'urbanisme, et l'ouverture à d'autres sciences tels que la sociologie urbaine, l'aménagement du territoire sont nécessaires pour bien appréhender ce domaine.

Ces sciences urbaines donnent aux spécialistes et aux pouvoirs publics les outils nécessaires de gestion stratégique du phénomène urbain. Cette gestion stratégique englobe toutes les données humaines, économiques, sociales et même environnementales.

Les politiques urbaines pour une meilleure gouvernance urbaine, doivent intégrer tous ces aspects pour répondre aux besoins de « la ville » et aux objectifs à atteindre en matière « d'habitat dans la ville ». 21

Après l'analyse de la complexité du phénomène urbain, des solutions efficaces doivent être mises en place pour répondre aux différents problèmes et blocages.

b- Production d'une offre adaptée de logements

La production de l'habitat peut apparaître comme un phénomène aisée et très technique, mais en réalité pour répondre à la demande en habitat il faut prendre en compte tous les critères sociologiques et humains et tous les critères déterminants tels que la mixité sociale, les moyens de transports, la proximité de l'emploi.

Mais ces dernières années, il y a malheureusement eu un cumul de dérapages par le développement des « ceintures de misère » autour de nos villes qui vont à l'encontre de toutes les valeurs sociales de la société.

Des catégories de population se trouvent isolées à cause de cette déstructuration de la ville qui se traduit par un développement de la ségrégation résultant de la pression démographique. « L'aménagement urbain ne peut être pensé dans l'urgence, il doit être réfléchi, et doit prendre en considération nombre de données, et les politiques doivent prendre leurs responsabilités pour produire des logements bien répartis sur le territoire.

L'urgence dans la production de l'habitat ne répond malheureusement pas aux objectifs d'intégration sociale et de rénovation urbaine.

Dans une perspective de développement durable et de cohésion sociale il faut revoir toutes les méthodes de travail pour éviter un coût social, économique, financier et culturel. »22

21 A. SEDJARI, chapitre « Gouvernance urbaine, intégration sociale par le logement : quelle articulation ? » in « Gouvernance, réforme et gestion du changement ou quand le Maroc se modernisera » »Edition L'Harmattan, 2006, p462-463

22A. SEDJARI, chapitre « Gouvernance urbaine, intégration sociale par le logement : quelle articulation ? » in « Gouvernance, réforme et gestion du changement ou quand le Maroc se modernisera » »Edition L'Harmattan, 2006

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c- Promotion de l'habitat locatif :

Dans cette recherche d'intégration sociale, le secteur locatif est une alternative très fréquente au besoin de logement d'une population n'ayant pas les moyens d'accéder à la propriété.

C'est une étape intermédiaire, inévitable pour cette population. L'habitat locatif permet de vivre dans un standing plus élevé qu'on ne pourrait obtenir en étant propriétaire.

« Mais ce secteur connaît à son tour des contraintes qui ont fait de lui le parent pauvre des interventions publiques ». 23

S'agissant des promoteurs privés, la diminution de leurs investissement dans le marché locatif vient surtout du fait du manque de confiance entre bailleurs et locataires à cause des impayés de loyers, ainsi qu'à l'inadaptation de la législation dans ce domaine, surtout lorsqu'il s'agit du recouvrement des loyers, de la résiliation des contrats et des litiges qui en découlent. Le dispositif juridique régissant le contrat bail se juxtapose à des textes très anciens. Ces derniers même tombés en désuétude, sont toujours en vigueur. L'inexistence d'un travail de codification législative et réglementaire relative au bail cause non seulement leur éparpillement mais aussi leur méconnaissance tant par les locataires, les bailleurs que par les agences immobilières.

Les règles juridiques régissant le bail consacrent l'instabilité contractuelle et causent un déséquilibre flagrant entre propriétaire et locataire. En effet, contenues dans une législation jugée surtout limitative quant aux prérogatives du bailleur, ces règles protègent le locataire et assignent au propriétaire des obligations contraignantes (déclaration de vacances locales, dégagement des locaux à usage d'habitation, non-opposition du refus de location, réquisition des locaux par l'Etat et affection à la location forcée, ...). En effet, la loi n°63-99 modifiant et complétant la loi n°6-79 n'a pas pu atteindre les objectifs relatifs à la réalisation d'un équilibre entre les intérêts du locataire et ceux du bailleur.

Le locatif s'avère vulnérable à toute conjoncture défavorable. La demande locative baisse de façon inéluctable, entraînant dans son sillage gel et réduction immédiate des investissements, provoquant de ce fait inadéquation et déficit quantitatif et qualitatif de l'offre en logements locatifs. En un mot, le déséquilibre de la balance locative s'instaure conduisant à une léthargie du marché du locatif.24

23 En effet durant les dix dernières années, le secteur locatif a connu une vraie régression, puisque la production dans ce secteur est passé de 4000 à 200 logements par an, cette situation est due essentiellement aux politiques successives des pouvoirs publics destinées à l'accession et non pas à la location.

24 MHUAE, DPI, « Etude relative à la relance de l`habitat locatif », Juin 2005

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d- Mise en place d'une politique foncière adaptée :

Pour cerner le problème foncier, une série de réformes doit être mise en oeuvre afin de, simplifier et accélérer les procédures d'immatriculation, comme activer les dossiers relatifs aux problèmes fonciers transmis aux tribunaux, contribuer au développement maîtrisé d'une urbanisation en milieu urbain et rural dans le cadre d'une politique d'aménagement du territoire, favoriser l'accès des investisseurs aux terrains nécessaires à la concrétisation de leurs projets d'investissement, approvisionner les promoteurs publics et privés en terrains destinés à la satisfaction des besoins en l'habitat.25

Paragraphe 2 : Renouvellement du tissu urbain dans le cadre du principe de « mixité urbaine sociale » :

« Cette politique repose sur l'idée qu'il ne suffit pas de loger ou de construire mais aussi d'enraciner, en s'attaquant aux fondements de l'exclusion.

La mixité est définie à travers ces politiques urbaines comme une sorte de mélange idéal de couches sociales différentes dans les mêmes lieux de résidence.

Plus précisément, les politiques urbaines mises en place, présupposent que c'est avant tout en réduisant la part des pauvres et en les amenant à être minoritaires en nombre au sein de classes sociales plus aisées que leur intégration sera possible.

En étant minoritaires, les plus pauvres adopteraient plus facilement les normes des classes sociales dominantes. 26

Le postulat est bien que la proximité spatiale entre groupes sociaux différents, autrement dit le fait d'être regroupés ensemble dans un même lieu géographique, atténue les distances sociales. »

Le logement social est devenu l'outil de mixité sociale par excellence et l'intégration urbaine suppose la mise en place d'outils pour mieux répondre à l'urgence de cette cohésion sociale.

a- Politique du « vivre ensemble » : consécration de l'objectif de mixité sociale :

Il est important de mettre en place une sorte de politique ou de concept du « vivre ensemble ». Pour répondre à cet idéal de mixité sociale, il ne s'agit pas seulement de loger mais il s'agit également de s'attaquer aux problèmes de base de la ségrégation et non pas qu'au côté matériel de l'exclusion.

25 Ministère de l 'Aménagement du Territoire, de l'Environnement, de l'Urbanisme et de l'Habitat Secrétariat d'Etat à l 'Habitat, « L'habitat social au Maroc : Problématique et stratégie d'intervention », Novembre 1999

26C.DEKEYSER, « Les Mécanismes fonciers de ségrégation », Edition de l'ADEF, 2004, p.280

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L'objectif est également de changer le regard sur l'exclu, car le développement de la violence urbaine dans nos villes montre les problèmes et les dysfonctionnements au niveau de l'accompagnement de proximité, et de l'absence de dialogue social entre les gens. L'agressivité urbaine est grandement liée à une absence de gouvernance sociale et est le résultat d'une inconscience et d'une irresponsabilité des pouvoirs publics durant de nombreuses années de ce qu'on pourrait appeler une crise aigue de l'habitat et de la gouvernance urbaine efficace et efficient

b- Logement et mixité sociale : utopie ou enjeu de société ?

« Depuis les années 1980, la mixité sociale s'est affirmée comme un objectif de plus en plus central des "nouvelles politiques urbaines".

Il est certes difficile de s'opposer à l'idéal d'égalité et de justice sociale auquel se réfère le principe de mixité. On peut en revanche s'interroger sur les effets de son application, dès lors que ce principe s'incarne dans des outils techniques urbains. »27

La mixité sociale définie comme réponse politique à l'exclusion ne soulève-t-elle pas en effet plus de questions qu'elle n'en résout ?

b1-Les formes de ségrégation et d'exclusion urbaine 28

Les politiques de mixité sont légitimées par des constats plus ou moins implicites sur la ségrégation urbaine, son ampleur et ses effets. La ségrégation urbaine n'est pas un concept parfaitement établi mais une de ces notions floues et polysémiques.29

Les usages de cette notion de ségrégation urbaine, dans le champ de la recherche comme dans celui des politiques, semblent toutefois se cristalliser autour de deux "idéaux-types". 30

La ségrégation ne correspond plus seulement à une division sociale de l'espace, car des analyses de la ségrégation tendent en effet à affirmer que les concentrations de populations défavorisées sont en elles-mêmes productrices d'inégalités et d'exclusion. 31

27 C.LELEVRIER, "La mixité sociale et les politiques urbaines", Revues Passage, 2001, n°109-110

28 C.DEKEYSER l, Les Mécanismes fonciers de ségrégation, Edition de l'ADEF, 2004, p.280 (source INAU)

29 Y.GRAFMEYER, "Regards sociologiques sur la ségrégation", in BRUN J. et RHEIN C., Edition, La Ségrégation dans la ville, L'harmattan, 1994

30 C'est en référence constante aux évolutions et modèles urbains américains que la situation urbaine est analysée et débattue : la figure du "ghetto" noir américain et celle plus récente des « gated communities », villages résidentiels clôturés à la périphérie des villes. Par exemple, en France, le quartier dit « politique de la ville » est devenu le symbole de la ségrégation urbaine illustrant la figure du "ghetto" de pauvres, les communautés fermées de classes moyennes étant encore peu repérables, même si certains sociologues relèvent une tendance au développement de ce type d'ensembles résidentiels.

Dans les quartiers de la politique de la ville comme dans les ghettos noirs américains se concentreraient des populations dites défavorisées, exclues, qui ne participent plus à la production de richesse et ne sont plus non plus représentées dans la sphère publique et politique.

C.LELEVRIER, "La mixité sociale et les politiques urbaines",, Revue Passages, Mai-Juin 2001 n°109-110

31 Y.GRAFMEYER, "Regards sociologiques sur la ségrégation", in BRUN J. et RHEIN C., Edition La Ségrégation dans la ville, L'harmattan, 1994, p.86

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Par ailleurs, le phénomène d'évitement des classes moyennes par rapport à ces "quartiers défavorisés" qu'ils considèrent comme une menace pour la cohésion nationale ; explique également une volonté de désolidarisation financière et sociale des plus favorisés de cette classe défavorisée.

Beaucoup d'analyses et de débats ont été faits par rapport à cette vision duale de la société et de la ville c'est-à-dire entre ceux qui analysent les évolutions en terme d'exclusion et ceux qui les considèrent plutôt comme un mouvement de recomposition de la société.

Or, depuis quelques années, toute l'intervention de l'Etat se base sur cette vision duale de la ville, même si les orientations et outils préconisés pour parvenir à la "mixité" ont changé.

b2-Les modes d'intervention de l'Etat :

Les interventions de l'Etat dans ce domaine, se fondent sur l'idée qu'il faut, sinon éliminer, du moins atténuer et anticiper la concentration de populations défavorisées et trouver des solutions à ce phénomène en requalifiant les espaces et en attribuant des logements plus sélectifs permettant de ramener des classes moyennes.

Cet objectif de mixité se double d'un objectif d'insertion économique et sociale des populations. L'Etat intervient dans une logique de rééquilibrage territorial et prévoit des outils pour imposer la mixité. Il ne s'agit plus seulement de gérer les effets locaux de la concentration mais de prévenir de nouvelles concentrations de pauvres. Considérant le logement social comme un moyen d'assurer une meilleure répartition des pauvres, la loi consiste à obliger les communes qui ont peu de logements sociaux à construire des logements sociaux et donc implicitement à accueillir des ménages plus modestes. 32

Les orientations du gouvernement reposent toutes sur les mêmes postulats et ont en commun de laisser une marge de manoeuvre importante mais délicate aux acteurs locaux dans la mise en oeuvre des principes de mixité et de solidarité.

b3-Les principes de la mixité sociale dans les politiques urbaines. 33

Toutes ces politiques reposent sur des postulats que la concentration de populations dites défavorisées, exclues, est négative et donc qu'il faut éviter voire éliminer.

Ces politiques définissent la mixité sociale comme une sorte de mélange idéal de diverses catégories sociales dans le même espace.

Les politiques initiées dans cette optique, se fondent sur le principe que pour rendre leur intégration possible, la part des pauvres doit être réduite au sein des couches sociales plus aisées.

32 C.LELEVRIER, "La mixité sociale et les politiques urbaines", Revue Passages, Mai-Juin 2001, n°109-110

33 A.TANTER, J-C.TOUBON, "Mixité sociale et politiques de peuplement", in société contemporaines, avril 1999, n°33-34.

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En étant minoritaires, les plus pauvres adopteraient plus facilement les normes des classes sociales dominantes. 34

A travers les questions de la ségrégation et de la mixité sont posées celles de l'intégration des populations immigrées. 35

On peut très bien considérer que malgré tous les débats sociologiques que peut susciter la mixité, cette notion reste une sorte de référentiel utile donnant du sens à l'action publique. L'idée d'équilibrage, de mixité sociale, et d'équité spatiale dans le logement, est certes idéaliste mais nécessaire. Mais faire du mélange de catégories sociales hétérogènes une politique, et qui plus est, laisser les définitions de ce mélange et des catégories mobilisées aux acteurs locaux n'est pas sans produire des effets pervers.

Dans les injonctions et discours nationaux, la mixité reste une notion floue.

Il est difficile pour l'Etat d'élaborer des critères précis concernant des catégories de populations, qui, indispensables pour agir, n'en sont pas moins sources de discrimination. Seule la politique de la Ville en précise les contours en faisant du logement social l'outil de la mixité.36

D'ailleurs, dans la gestion et attributions de logement, les acteurs publics utilisent obligatoirement des critères pour pouvoir faire le tri dans les demandes de logement.

Hormis, les critères individuels on trouve depuis quelques années d'autres sortes de critères tels que la situation du quartier dans laquelle la perception de la mixité intervient.

Il y a donc des catégories de jugement sur les personnes, sur les formes de cohabitation, sur les voisinages indésirables qui sont pris en compte pour pouvoir décider quels quartiers ou quels espaces se prêtent à la mixité sociale ou au contraire à l'homogénéité des couches sociales.

34 Le postulat est bien que la proximité spatiale entre groupes sociaux différents, autrement dit le fait d'être regroupés ensemble dans un même lieu géographique, atténue les distances sociales. C.LELEVRIER, "La mixité sociale et les politiques urbaines", Revue Passages, Mai-Juin 2001, n°109-110

35 Par exemple, la conception de l'intégration dans les politiques urbaines françaises est plutôt celle d'une intégration individuelle, les regroupements d'immigrés représentant plutôt un risque qu'une ressource. Ainsi, la dispersion et la présence minoritaire de populations immigrées ne serait plus seulement un enjeu d'intégration sociale mais deviendrait un enjeu d'intégration culturelle. Là encore, les travaux des sociologues américains ont montré dans les années 1920-1950 que le regroupement de populations immigrées pouvait être un facteur d'intégration et constituer un temps et un espace de la ville et du parcours socio résidentiel de ces populations. Mais les "regroupements" dont on parle en France n'ont pas grand-chose à voir avec ceux des Etats- Unis, que ce soit ceux des années 1920 ou ceux des années 1990. Il ne s'agit ni des mêmes intensités de concentration, ni des mêmes processus de regroupements. Sans rentrer dans un débat stérile opposant les tenants de ce qu'on appelle le "modèle républicain" et de ce qu'on appelle "le communautarisme", ces analyses sociologiques montrent en tout cas que la mixité ne peut ni se définir objectivement, ni se décréter et que lorsqu'il y a choix de lieu de résidence, ce sont plutôt des logiques de "l'entre soi" qui prédominent. La proximité comme la distance sociale peuvent l'une comme l'autre favoriser la cohabitation comme exacerber les tensions."

C.LELEVRIER, "La mixité sociale et les politiques urbaines", Revue Passages, n°109-110, Mai-Juin 2001

36 A. TANTER, J-C. TOUBON, "Mixité sociale et politiques de peuplement", in société contemporaines, avril 1999, n°33-34

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Les catégorisations des différents "logeurs" vont varier à la fois dans le temps et dans l'espace selon les groupes en présence, la demande et les contraintes de l'offre.

Tout d'abord, la taille de la famille est le critère commun d'un rééquilibrage qui s'affiche au niveau démographique et non social. 37

Pour conclure, il semble que cette référence à la mixité sociale de plus en plus présente et prise en compte dans les politiques urbaines, ne permet pas de s'orienter vers d'autres modes d'action publique et donc d'autres réponses possibles à la ségrégation.

Ce débat nécessaire n'est pas facile dans la mesure où l'effet du "territoire" sur les inégalités et la discrimination reste encore aujourd'hui à démontrer.

Si l'objectif de cette action publique est avant tout la lutte contre les inégalités et la discrimination et que l'on admet que les causes ne sont pas liées à la concentration, la mixité et son application territoriale ne semblent pas forcément la réponse la plus appropriée.

Chapitre 2 : Les outils mis en place pour faire face à la problématique du logement :

La mise en place d'outils techniques adaptés est une condition indispensable pour une meilleure efficacité des pratiques populaires.

Dans tout projet d'accès au logement, une assistance technique professionnalisée peut être utile pour assurer une continuité dans l'élaboration des solutions et dans leur suivi sur le plan architectural et technique, de l'ingénierie financière et de l'action sociale.

Une telle assistance technique a un coût important, et précisément parce que l'on se donne pour objectif le logement des plus pauvres, ce coût ne peut être incorporé au coût du logement. Ce qui est en jeu ici c'est la capacité des politiques publiques à intégrer de nouveaux outils, dans un cadre financier et institutionnel dont on verra qu'il doit être renouvelé pour accompagner les pratiques populaires.

Promouvoir des "villes inclusives" requiert un accompagnement institutionnel, juridique et financier.

37 Par exemple en France, au nom de la mixité, sont ainsi exclues du parc social, et en particulier des fractions les plus valorisées de ce parc, des familles immigrées. Car les logiques de préservation des secteurs les plus "équilibrés" qu'on peut observer à l'échelle de quartiers se retrouvent à l'échelle des patrimoines et des villes. La faible mobilité interne au parc des populations immigrées, et en particulier des familles, en est une des conséquences. Leur report vers l'accession à la propriété, avec parfois des difficultés financières lourdes, en est sans doute une autre.

L'application locale de la mixité, principe souvent justifié par un souci égalitaire, tend plutôt à renforcer les inégalités d'accès au logement pour les familles immigrées, ou du moins certaines d'entre elles, et les inégalités dans les choix et mobilités résidentiels

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Paragraphe 1 : Outils institutionnels :

La conduite des pratiques des ménages renvoie, au niveau institutionnel, à une double problématique : celle de la redéfinition du rôle du secteur public et celle de son articulation avec l'ensemble des opérateurs. Cette redéfinition et cette articulation doivent se faire au niveau local.

Il s'agit d'opérer une synthèse entre les politiques nationales de logement et les caractéristiques locales des ménages et des problématiques urbaines, immobilières et de constructions.

La complémentarité, l'interdépendance, la coordination, qui doivent notamment être vérifiées entre l'accès au foncier et au crédit, impliquent une maîtrise d'ouvrage spécifique, partagée, avec l'intervention, sous diverses formes, du secteur public, central et local, du secteur privé, des ONG et des habitants eux-mêmes.

Les pratiques innovantes développées face à l'exclusion urbaine auront d'autant plus d'effets qu'elles seront l'objet d'échanges dans le cadre de réseaux solidaires.

a- Redéfinition du rôle de l'Etat :

L'extension ou la formation de bidonvilles devraient être empêchées par des actions de prévention menées dans le cadre des programmes d'habitat social ainsi que par la vigilance des pouvoirs publics locaux.

Pour atteindre ces résultats, le Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace (MHUAE) mobilise des moyens financiers à travers notamment le Fonds de Solidarité de l'Habitat (FSH) 38 et fait appel tant aux opérateurs publics (Al Omrane, ...) qu'aux collectivités locales et au secteur privé pour la réalisation des projets de résorption.

Dans ce cadre, des Contrats Villes sans bidonvilles (VSB) devront lier le MHUAE, les autorités provinciales et les collectivités locales. 39

En inscrivant la résorption des bidonvilles dans une vision à moyen terme (Horizon 2010-Ville sans bidonvilles) parmi ses actions prioritaires et en lui consacrant les moyens publics nécessaires, le Gouvernement marque une volonté affirmée d'innovation par rapport aux pratiques précédentes.

38 Nations unis, Rapport « UN HABITAT par le programme des nations unies pour les établissements humains », 2007

39 Contrats décrivant les objectifs du programme, sa consistance et les rôles et responsabilité de chaque partie contractante.

De même, la mobilisation du foncier public tant pour la résorption des bidonvilles que pour la réalisation de l'habitat social à moyenne et faible VIT comme une action de prévention, constitue un élément majeur de ce programme. Une première tranche de 3 400 hectares de terrains domaniaux est affectée au programme et en cours d'acquisition par les opérateurs retenus (Al Omrane et ERAC).

A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI, Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

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Avec la création de l'Office chérifienne de l'Habitat en 1944, ce sont les premières opérations de recasement des bidonvilles qui sont mis en place, mais ne réalisant que des actions ponctuelles d'intérêt local ils n'ont eu qu'un impact réduit sur les problèmes posés par l'extension de l'habitat insalubre.

En 1946, des programmes de grande envergure vont être conçus et réalisés ; Ecochard, l'architecte urbaniste du Protectorat substitue aux conceptions culturalistes de la période Prost (lui même architecte urbaniste), un habitat quantitatif, tourné vers le grand nombre. 40

« Durant les années cinquante et soixante, les actions en matière de résorption des bidonvilles étaient dotées d'une vision hygiéniste urbaine, héritée de la colonisation qui considérait le bidonville comme synonyme de saleté et source de toutes les nuisances urbaines. »41

Jusqu'en 1970, le phénomène se développe, et le ministère de l'Intérieur met en place une nouvelle politique par rapport aux bidonvilles dont l'objectif primordial est de permettre aux habitants des bidonvilles d'acquérir le lot de terrain sur lequel ils habitent.

Cette nouvelle politique s'appuie sur un nouveau programme d'action pour lutter contre l'habitat insalubre : « il s'agit des zones d'équipements progressifs qui ont été intégrées au programme d'action du plan 73-77 qui a souligné la nécessité de réaliser ces opérations tout en les répartissant en deux catégories : les ZEP 5 et ZEP 15 ».42

40 Pour une meilleure utilisation Ecochard opte pour un système de lots de 8 x 8 mètres, permettant l'organisation optimale de "2 pièces habitables obligatoirement orientées vers le Sud et l'Est et une cuisine, le tout disposé autour d'une cour.

A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI, Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

41A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI, Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

42 Les ZEP 5 : zones destinées aux ménages dont les revenus mensuels varient entre 175 et 350 Dh. Au départ le lot est sommairement équipé et il sera complété dans les trois ans par l'électricité et dans les cinq ans par la voirie. Le remboursement des frais est effectué par les bénéficiaires de ces lots sur cinq ans : 150 Dhs à la livraison du lot et 60 mensualités de 50 Dh.

Les ZEP 15 : Ce programme a été prévu pour reloger les bidonvillois les plus pauvres dont les revenus sont inférieurs à 175 Dh. Les lots attribués ont été dotés de l'assainissement complet, d'un embryon de voirie, de bornes fontaines et d'un éclairage public de sécurité. L'équipement est complété en 11 ans ; eau à domicile à la huitième année et la voirie complétée à la onzième année. L'attributaire paie le lot et l'équipement en 15 années à raison de 15 années suivantes et 25 les cinq dernières années

Ministère de l 'Aménagement du Territoire, de l'Environnement, de l'Urbanisme et de l'Habitat Secrétariat d'Etat à l 'Habitat, « L'habitat social au Maroc : Problématique et stratégie d'intervention », Novembre 1999

A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI, Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

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Aucune de ces formules ne fut suivie de réalisations concrètes, elles furent toutes abandonnées, en 1974, après réajustement du plan au profit du programme social de lutte contre les bidonvilles.

Dans ce cadre, des logements sociaux sont réalisés, soit dans des villes soit dans des centres urbains et ont été financés sur des crédits budgétaires de l'Etat, et ce, pour aider au relogement des populations les plus pauvres.

Cependant, les logements sociaux souvent construits à une grande distance des bidonvilles n'ont pas permis la résorption de ces derniers.

Nombre de bidonvillois ont revendu ces logements sociaux, soit pour réaliser un gain soit, parce qu'ils ne se résolvaient pas à quitter l'environnement auquel ils s'étaient habitués.

La création du ministère de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire (actuellement ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace) dont les interventions vont permettre de réduire considérablement les bidonvilles au Maroc, a pour objectif ou mission de concevoir, programmer, mettre en oeuvre et évaluer, les stratégies gouvernementales en matière d'Habitat.

Le ministère de l'Habitat va encore combiner deux techniques : le recasement et la restructuration. Ces programmes bénéficiaient du soutien financier de l'Usaid. Durant cette période il y a eu la création d'un organisme spécialisé chargé de la lutte contre l'habitat insalubre, l'Agence nationale de lutte contre l'habitat insalubre (ANHI).

a1-Les Projets de développement Urbain "PDU"43

Dans les grands bidonvilles, diverses actions furent mises en place avec l'aide financière de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD).

Les « PDU » sont des opérations à l'échelle de la ville visant la réalisation des équipements de base et d'équipements socio collectifs. Les habitants ont pu accéder à la propriété de terrains sur lesquels ils étaient installés.

L'aide technique leur a été dispensée, les facilités leur ont été accordées essentiellement sous forme de crédits et des zones industrielles ont été créées dans ces quartiers pour permettre aux habitants de trouver des emplois, leur permettant de payer leurs échéances de crédits.

Cependant, des retards ont été enregistrés par rapport aux calendriers d'exécution prévus, dû au manque d'attention pour l'acquisition foncière, au faible taux de recouvrement des fonds, à la capacité d'exécution limitée. 44

43 A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

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a2-Le Programme des Petits et Moyens bidonvilles (PMB)45

Une politique semblable de restructuration a été adoptée pour les PMB, qui ne devait porter que sur les problèmes spécifiques de l'habitat, on considérait qu'en raison de la dimension de ces quartiers, l'intégration au contexte urbain était déjà assurée.

« L'intervention consiste en la réalisation des équipements d'infrastructure voirie assainissement, réseaux d'eau et d'électricité. La restructuration devait s'attacher à maintenir la population sur place en introduisant au niveau urbanistique, les aménagements nécessaires. » 46 Dans le cadre de ce programme, 160 petits et moyens bidonvilles ont été recensés pour une population de 180 000 habitants et seuls 38 bidonvilles (93 748 habitants) ont été retenus selon le critère du statut juridique du terrain domanial. Ces projets ont été financés par le Budget général de l'Etat.

Toutefois, le recouvrement des fonds dépensés, auprès des bénéficiaires, n'a pas connu de succès.

a3- Le Programme Housing Guarantee

Dans le cadre du plan quinquennal 81-85, il a été prévu d'intervenir dans 75 petits et moyens bidonvilles et la construction de 5 000 cellules embryonnaires dans le programme social.

L'action à mener dans les PME consistait en une politique de restructuration visant l'accès à la propriété, la viabilisation du bidonville en le dotant des équipements de base (eau, électricité assainissement et voirie) et la création ou l'amélioration des équipements socio collectifs. 47

44L'opération pilote du PDU de Tétouan reste l'un des exemples le plus remarquable en matière de restructuration de l'Habitat Non Réglementaire, tant sur le plan institutionnel que technique et financier, qui font du PDU de Dersa-Samsa un premier du genre au Maroc.

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45 A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

46Ainsi, des normes de densité ont été adoptées (pas plus de 400 habitants à l'hectare) et d'habitabilité (pas de parcelles de moins de 40m2).

MHUAE, « Programme villes sans bidonvilles 2004 - 2010 : orientations stratégiques en programmation », septembre 2004

47 C'est ainsi qu'un prêt d'un montant de 13 millions de dollars était prévu à cet effet. Le document original du HG002 prévoyait un concours financier de l'USAID de 9 millions de dollars pour le PMB et 4 millions de dollars pour le PS (Programme Social) correspondant à la réalisation de 850 logements dans le cadre du PS et l'intervention dans une dizaine de bidonvilles, mais seule une avance de 4,8 millions de dollars a été débloquée au titre de ce prêt.

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« Les projets de restructuration initiés pour l'année 81-82 ont été pris en considération selon des critères d'insalubrités, de densité démographique, de la situation foncière, du coût devant être réduit pour faire bénéficier les populations à faible revenu et de la capacité administrative des délégations de l'habitat pour réaliser ces programmes dans les délais prévus.

Il était prévu que les infrastructures primaires seraient financées par le budget de la municipalité et que les dépenses concernant l'achat du terrain en lui même, les frais d'études et d'infrastructure seraient financés par le prêt HG002. Ces dépenses devaient être remboursées par les recettes recouvrées auprès des bénéficiaires.

Quant aux équipements socioéconomiques, ils seront financés par les budgets des différents ministères concernés. »48

Un programme Social a aussi été engagé concernant des projets où la VIT (valeur totale immobilière) est inférieure à 50 000 Dirhams, sur les 12 sites proposés, 5 ont été retenus dans les villes de Sidi Slimane, Larache, Asilah, Safi et Essaouira avec un nombre de 570 logements.

Le plan quinquennal 81-85, a poursuivi l'action de l'Etat en matière de lutte contre les bidonvilles et le renforcement du programme de l'habitat économique.

A partir de 1991, une politique conventionnelle, associant les moyens de l'Etat à ceux des organismes publics et des populations concernées, avait pour objectif de faciliter l'exécution d'un important programme comportant deux principales composantes : la résorption des bidonvilles et la restructuration de l'habitat sous-équipé. 49

Néanmoins, l'évaluation de la situation du programme en question a permis de dégager les points suivants :

· Une mauvaise programmation et gestion des projets

· La répartition des subventions du Budget Général de l'Etat ne tient pas compte du niveau de vie des ménages cibles selon leur répartition régionale et provinciale.

· Les problèmes de financement de logements et le refus de la banque CIH d'accorder des crédits acquéreurs au profit des ménages bidonvillois.

48 A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

49 Le coût de ce programme est estimé à 5 340 MDH pour lequel une subvention d'équilibre de 1 479 MDH a été allouée par le Budget Général de l'Etat. Ce programme visait le recasement de près de 100 000 ménages.

Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme du Maroc, « Habitat insalubre au Maroc, travaux préparatoires pour de nouvelles approches », mars 2001

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La faiblesse de l'intervention de l'autorité locale pour le transfert de la population et le recouvrement des recettes auprès des bénéficiaires a constitué souvent un handicap certain.

· La non maîtrise du foncier au préalable du lancement du programme a engendré des retards voire l'abandon de certaines opérations.

Depuis 1994, l'activité du département de l'Habitat donnait la priorité à la concrétisation du premier « Programme de 200 000 logements » à travers l'engagement de mesures pour la promotion du logement social, et l'identification de terrains pouvant constituer le support foncier d'une première tranche dudit Programme.50

A la fin des années quatre-vingt-dix, le département de l'habitat a mis en place des méthodes d'intervention plus adaptées aux possibilités d'épargne des ménages à ressources limitées, de développer de nouveaux mécanismes d'intervention notamment à travers la promotion d'une politique foncière en matière de lutte contre l'habitat insalubre, tout en impliquant directement d'autres parties concernées (Etat, collectivités locales, OST, agences urbaines, régies et offices d'eau, d'électricité et d'assainissement, populations concernées, mouvements associatifs, ...) pour réaliser les projets.51

De 1999 à 2000, se poursuivent le recasement et la régularisation des quartiers irréguliers en dur. Cette période se caractérise par l'initiation d'un programme spécial contre l'habitat insalubre.

« A partir de 2001, les pouvoirs publics mettent l'accent sur le caractère complexe et multidimensionnel du phénomène de l'habitat insalubre, l'importance des moyens à mettre en oeuvre et la défaillance des instances chargées de le combattre qui n'ont pas assumé pleinement leurs responsabilités à cet égard. De même, ils ont insisté sur l'obligation de l'application rigoureuse de la loi en matière de lutte contre l'habitat insalubre.

La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre et sur la responsabilité des collectivités locales qui sont tenues d'accorder au logement social toute l'importance qu'il mérite dans le cadre de leurs plans de développement ».52

Dans ce cadre un plan d'action de résorption de l'habitat insalubre a été élaboré.

50 Direction de l'Habitat Social et des Affaires Foncières, « Habitat insalubre au Maroc. Maîtrise d'ouvrage sociale dans les opérations de résorption », Actes de l'atelier du 20 et 21 Mars 2001, Rabat.

51 Plusieurs prix ont été décernés au Maroc au titre de projets réalisés dans la lutte contre l'habitat insalubre dont le prix d'honneur de 1995 donné par la CNUEH au titre du programme de résorption des bidonvilles de la ville de Taza.

52 A.ADIDI « La question de l'intégration sociale dans les programmes de lutte contre l'habitat insalubre au Maroc » in « Les politiques de la ville : intégration urbaine et cohésion sociale » sous la direction de A.SEDJARI Edition l'harmattan, 2006, p.315-323

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Ce programme a concerné 720 000 ménages 53 répartis selon trois composantes principales suivantes :

· Les bidonvilles pour près de 201 000 ménages.

· Les quartiers non réglementaires pour 430 000 ménages.

· L'habitat menaçant ruine composé de prés de 80 000 constructions concernant 90 000 ménages.

Mais la concrétisation de ce plan est restée néanmoins tributaire d'un certain nombre

d'ajustements notamment au niveau du financement, de la mobilisation du foncier public, des priorités d'intervention et d'autres mesures et outils d'accompagnement.

Par ailleurs, en application des orientations du Discours Royal d'ouverture de la première année de la 7e législature, érigeant l'habitat social parmi les quatre priorités nationales, 54 le programme gouvernemental a arrêté une nouvelle stratégie d'actions visant à augmenter le rythme de production en vue d'atteindre l'objectif de 100 000 logements sociaux par an et à oeuvrer à l'éradication progressive de l'habitat insalubre.

Les axes d'intervention principaux du gouvernement sont tout d'abord concernant les bidonvilles, la prise en charge par l'Etat de la résorption des bidonvilles existants par le biais du programme "Villes sans Bidonvilles" ; le contrôle et arrêt de toute création ou extension de l'habitat insalubre ; la criminalisation et la personnalisation des sanctions des infractions en la matière.55

53 DHSAF, MHU, « Résorption de l'habitat insalubre Stratégies d'intervention »

54 Discours du Roi Mohammed VI du 20 août 2001 et du 30 Juillet 2003

Dans son discours du 20 août 2001, S.M le Roi a tiré la sonnette d'alarme, averti contre le danger de la prolifération de l'habit insalubre et appelé à l'adoption d'un programme national de lutte contre ce phénomène. Ce même intérêt revient dans le discours que le Souverain a prononcé à l'occasion de la rentrée parlementaire le 11 octobre 2001 : « nous ne saurions préserver au citoyen sa dignité qu'en lui assurant un logement décent et en accélérant la mise en oeuvre du programme national de lutte contre l'habitat insalubre et d'éradication des bidonvilles. Ceux-ci constituent, en effet, une menace pour la cohésion et l'équilibre du tissu social et une source de frustration, d'exclusion, de déviation et d'extrémisme », Mais c'est le discours du Trône de 2003 qui allait être le prélude à une politique musclée de lutte contre l'habitat insalubre. « Deux ans après, au lieu d'une éradication progressive des bidonvilles, Nous avons, à l'occasion de Nos visites d'information dans différentes régions du Royaume, constaté avec amertume, leur prolifération dans de nombreuses villes.

55 S'agissant des Quartiers non réglementaires, une définition des périmètres d'intervention et l'établissement de plans de requalification doivent être faits par les agences urbaines.

Sur le plan de l'Habitat menaçant ruine, la mise en place de dispositifs locaux pour l'identification et le suivi de l'habitat menaçant ruine ; la réalisation de projets de relogement pour les ménages dont les habitations nécessitent l'évacuation et la démolition ; l'incitation à l'encadrement et à l'accompagnement des ménages pour le confortement de leurs logements avec l'appui de collectivités locales et de l'Etat.

Enfin pour l'Habitat rural, des mesures visant la gratuité des plans modèle dans les zones non soumises à autorisation, la simplification des procédures d'autorisation et l'assistance technique par les agences urbaines.

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Depuis une dizaine d'année, malgré les actions de résorption menées par le gouvernement, les bidonvilles continuent d'émerger et de se développer rendant leur problématique toujours d'actualité et une recherche de solutions et d'initiatives plus que jamais nécessaires. Cet état de fait donne donc la priorité à la résorption de l'habitat insalubre.

Le Gouvernement, à travers le Ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'aménagement de l'espace (MHUAE), s'est fixé comme objectif en 2010 d'éradiquer la totalité des bidonvilles dans toutes les villes marocaines ou du moins en faire un phénomène résiduel.56

Le Programme « Villes Sans Bidonvilles » se veut une stratégie à moyen terme qui vise les objectifs suivants : 57

· L'éradication totale à l'horizon 2010 de toutes les poches en bidonvilles situés dans les grandes villes et qui abrite environ 210 milles ménages.

· L'amélioration des conditions de vie des ménages bidonvillois situés dans 70 villes, notamment les populations les plus vulnérables (veuves, divorcées, enfants des rues, personnes âgées, etc.)

· Initiation d'un vaste programme de logements sociaux destinés aux ménages à faibles revenus afin de prévenir la constitution de nouveaux bidonvilles. 58

Les modes d'interventions du programme VSB restent conformes aux pratiques techniques actuelles en matière de résorption des bidonvilles au Maroc, privilégiant certains modes par rapport à d'autres. 59

b - Partenariat public privé, politiques de résorption de l'habitat précaire :

La promotion immobilière est un secteur en pleine croissance et à fort potentiel de développement, offrant plusieurs opportunités, compte tenu de l'accumulation du déficit en terme d'unités de logements par rapport au besoin constaté.

Les implications de l'activité de ce secteur sur l'économie marocaine sont incontestables, de par l'effet d'entraînement exercé sur d'autres secteurs et de par sa contribution à la promotion sociale à travers la création d'emplois et de logements décents pour les citoyens.

56 « Le Journal », Objectif remis en cause du à des retards et des constatations par l'AMDH comme dans la ville de Mohammedia ou les baraques n'ont toujours pas totalement disparus ; n°414 du 24 au 30 octobre 2009

57 Programme « Villes sans bidonvilles » du Maroc - Rapport de l'analyse d'impact social et sur la pauvreté 2006 « Les interventions en bidonville au Maroc. Une évaluation sociale », Publication ANHI, Rabat, 2002, 301 p

58 A terme, près de 212 320 ménages occupant actuellement les bidonvilles dans les 70 villes verront leurs conditions de vie s'améliorer de façon notable.

F.DANSEREAU, F. NAVEZ-BOUCHANINE, « Gestion du développement urbain et stratégies résidentielles des habitants », Paris, Edition L'Harmattan, Collection Ville et Entreprise, Paris, 2002, 356 p.

59 Au titre de l'exercice 2004 un premier programme a été élaboré en concertation avec les Autorités Locales et les élus concernant 13 villes et qui feront l'objet de contrats de villes.

Programme « Villes sans bidonvilles » du Maroc - Rapport de l'analyse d'impact social et sur la pauvreté 2006, source : Haut commissariat au plan

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Le secteur a connu une reprise depuis le milieu des années 90, encouragé, d'une part, par une série d'actions entreprises par l'Etat, et, d'autre part, par l'émergence d'un secteur de la promotion immobilière privé organisé.

A partir de 1998, la part du marché privé s'est renforcée considérablement, dépassant celle du secteur public.

Depuis quelques années, le secteur de l'immobilier est soutenu par l'engagement des autorités publiques, notamment par la défiscalisation des grands projets de logements économiques, la création de fonds de garantie pour soutenir la demande des ménages à revenu régulier et irrégulier et leur permettre grâce à une aide de financement d'accéder éventuellement à un logement.

Le lancement du programme «Villes sans bidonvilles» a pour objectif de contrecarrer l'habitat insalubre, de créer des villes nouvelles pour lutter contre le déficit chronique en logements et, tout récemment, de mettre en place un grand projet ambitieux de logements sociaux à faible coût, lancé par le Souverain à la fin mars 2008. 60

Les relations avec le secteur de la promotion immobilière privée se sont considérablement améliorées, créant une dynamique de partenariat public/privé dans le secteur, devenue incontournable pour tracer une vision stratégique claire pour le développement du secteur au Maroc, et qui est concrétisée par l'élaboration d'un contrat programme pour le secteur de l'immobilier à l'horizon 2012.

Toutefois, bien que les réalisations à ce jour soient satisfaisantes et que le bilan du secteur pour ces dernières années connaisse une grande réussite par rapport aux objectifs de départ, pouvons-nous dire pour autant que les objectifs quantitatif et qualitatif ont été atteints ?

L'environnement administratif et réglementaire (lourdeurs administratives, manque d'organisation chez les différents intervenants, mauvaise politique de régulation de l'offre foncière et de la gestion urbaine...) n'est pas adapté au développement en cours.

Bon nombre de lois sont votées mais restent inappliquées sur le terrain, témoignant d'une insuffisance de l'action de l'Etat et d'un manque d'accompagnement social, nécessaire dans un pays où l'urbanisation s'accélère d'une manière inquiétante.

60Depuis sa nomination en qualité de ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l'habitat et de l'urbanisme, Ahmed Toufiq Hejira a défini une vision stratégique pour le développement du secteur, englobant des réformes de nature à lever les contraintes auxquelles est confronté le secteur de l'immobilier et des instruments de mise en oeuvre traduisant les orientations royales qui ont placé le secteur de l'habitat et de l'urbanisme parmi les

priorités de l'action gouvernementale.

N.DRIEF LE MATIN, Article « Habitat : Hejira dresse son bilan : Baisse des IDE, hausse des crédits, recul du Fogarim, augmentation des mises en chantier », 2009

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Le logement social, étant une composante importante de l'espace urbain, il doit bénéficier d'autant d'intérêt en matière urbanistique et environnementale que tout autre type de logement, à savoir la construction d'infrastructures et d'équipements d'accompagnement adéquats dans un cadre de vie agréable et intégré.

Ce bilan est pour le secteur de la promotion immobilière privée, relativement satisfaisant, considérant la persistance de plusieurs entraves à l'investissement immobilier au Maroc. Des changements restent à opérer, notamment au niveau institutionnel, juridique et fiscal.61

Un produit de logement social à faible coût avait été annoncé par le gouvernement, son coup d'envoi effectif avait été donné par S.M. Mohammed VI à la fin mars 2008. Il représente une alternative viable capable de prendre le relais de l'ancien programme.

Ce grand projet de logement social à faible coût par Al Omrane est réellement en phase avec les faibles ressources des ménages marocains. L'implication massive de l'Etat pour lancer ce programme est une opportunité historique pour endiguer sérieusement les déficits cumulés en matière de production de logement.

Néanmoins, le souci de l'équilibre du compte financier des intervenants devrait être une obligation pour ne pas retomber dans les travers des expériences antérieures.

Produire un logement à faible coût (140 000 DH) exigera de tous les intervenants dans l'acte de bâtir un effort en terme de prix de vente. 62

L'analyse du bilan, du programme des 200 000 logements par Al Omrane, montre clairement que le taux de réalisation du secteur privé est de 78% alors que celui du secteur public est de 22% seulement. Ceci démontre à quel point il est nécessaire, voire indispensable, de libérer les potentialités du secteur privé organisé et de l'impliquer davantage dans ce genre de programme, de par sa professionnalisation et la disponibilité de ressources financières, humaines et technologiques adéquates.

61La dernière Loi de finances a partiellement remis en cause les avantages fiscaux dont bénéficie le secteur de la production du logement social par la suppression de certains avantages liés à l'article 19, notamment ceux relatifs à l'impôt sur les sociétés.

La suppression partielle de certains avantages contenus dans l'article 19 et la non-approbation des recommandations émises par les professionnels du secteur - relèvement de la valeur immobilière totale (VIT) à 300 000 DH jusqu'à 2012 et diminution du seuil de production en logements à 1 000 unités, en fonction du déficit en logements par région ne feraient que freiner sinon réduire considérablement la production de logements sociaux.

62L'Etat, en offrant un foncier au coût de l'équipement, les entreprises de construction en présentant des devis pour la construction à des coûts optimisés et, enfin, les fabricants de matériaux de construction, et plus particulièrement les cimentiers et les fabricants d'armature d'acier par une révision des prix de leurs fournitures. Ce n'est qu'à ces conditions que ce nouveau programme peut connaître une véritable réussite.

Toutefois, ce projet de grande envergure a connu l'adhésion d'un maximum de promoteurs privés s'il est intégré dans un programme où une formule de péréquation (15 à 20% d'un projet global) permettrait à un investisseur d'équilibrer ses comptes à l'issue d'une opération immobilière.

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Cette nouvelle impulsion au secteur a été donnée par l'élaboration et la mise en application du contrat programme entre la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) et le gouvernement qui a pris en compte les impératifs de cette nouvelle politique de logement social à faible coût dans le cadre de la mise en oeuvre d'une stratégie de développement du secteur de la promotion immobilière à l'horizon 2012.

Ce contrat programme constitue la première étape d'une stratégie globale visant le développement du secteur dans son ensemble, à travers la mise en place de programmes d'habitat et d'urbanisme initiés par le gouvernement, et la construction de logements pour répondre à la demande et absorber le déficit en la matière.

In fine, ça permettra de mettre en place un partenariat public/privé productif qui pourra répondre aux exigences du développement économique et social du pays.

Paragraphe 2 : Outils juridiques:

Existe-t-il réellement un véritable droit au logement au Maroc et qu'entend-on par un « droit au logement » ?

a- Définition d'un cadre juridique pour le droit au logement :

« L'habitat, une activité humaine universelle, demeure un des faits anthropologiques majeurs, il est le trait fondamental de la condition humaine. »63

Le logement est la condition essentielle de l'autonomie personnelle et familiale, de l'intégration dans la vie sociale et professionnelle. La garantie du droit au logement est donc une priorité gouvernementale et des politiques publiques.

Au Maroc, d'un point de vue législatif, aucun texte ne mentionne explicitement le « droit au logement ».

Le seul texte qui fait mention d'une notion approchant le droit au logement est la Constitution marocaine dans son article 15 qui mentionne que « le droit de propriété demeure garanti (...) ».

Par contre en France, le « droit à l'habitat » a été évoqué dans la loi Quillot de 1982.64

En 1989 ce droit à l'habitat s'est transformé en " Droit au logement " et est devenu un droit fondamental de la personne.65

63H.DJOUNID, Article « Le droit à la ville ou le droit au logement » in « Droit de l'homme et développement durable : quelle articulation ? » sous la direction de A.SEDJARI, Edition L'Harmattan, 2008, p357

64La loi Quillot (1982) qui fait du droit à l'habitation un droit fondamental, consacré quelques années plus tard (1990) par la loi Besson, comme le droit à la santé et à l'éducation qui ont mis plusieurs décennies à émerger, le droit au logement devient opposable.

65 J.RUBELLIN-DEVICHI, « Droit du logement, droits au logement et stratégies familières », Edition Presses universitaire de Lyon, 1988.

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Pour pouvoir exercer le droit au logement, il est important que toute personne soit libre de choisir son mode d'habitation, et que toutes catégories sociales puissent accéder à la propriété, et plus particulièrement les classes sociales les plus pauvres.

L'accessibilité au logement est un facteur déterminant dans l'objectif d'intégration, mais il ne faut éviter les constructions sauvages sous prétexte de l'urgence ou de la pression démographique.

Le logement considéré comme un bien public précieux, doit être planifié dans une exigence de qualité, de durabilité, d'harmonie sociale et architecturale à la fois. Il est urgent de définir un cadre juridique approprié pour protéger et réglementer le droit au logement ; celui-ci doit avoir comme objectif la préservation de la dignité humaine et la stabilité sociale.

Désormais il faut que le logement intègre toutes les variables de la qualité de vie (matériaux de construction, aménagement des espaces, beauté architecturale, transport, travail, accès aux services publics de proximité..).

Le logement social n'est pas seulement un toit mais aussi un lieu de développement et de promotion sociale, il doit être pris en compte dans les différentes politiques publiques.

L'action sur le logement doit s'intégrer dans un projet d'ensemble qui englobe d'autres intervenants comme l'aménagement, le suivi social, éducatif et culturel de l'unité de l'habitat ou de l'action économique. 66

L'Etat est confronté à la nécessité de dégager des solutions pragmatiques et des mesures concrètes, lui permettant de mener à terme une politique efficace dans le domaine de l'habitat. Il est toujours question de rattraper les retards dans ce domaine, cette situation de déséquilibre, a conduit les pouvoirs publics à mener une politique palliative en répondant aux besoins les plus pressants.

En outre, le problème de l'habitat doit être rattaché à la stratégie globale d'un aménagement du territoire qui postule d'intégrer harmonieusement la dynamique sociale des familles.

Le droit au logement constitue la pierre angulaire de la promotion sociale du citoyen, pour la concrétisation du développement social durable et l'accession à une citoyenneté pleine et entière garante du droit à la ville.

66Déclaration universelle des droits de l'homme, art 25-13 « le droit au logement fait partie des droits sociaux. Donc garantir le droit au logement est un enjeu de société qui a le devoir d'assurer une solution au logement pour combattre l'exclusion, la marginalisation sociale. »1948.

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b- Les contraintes et dysfonctionnements :

b1-L'encadrement juridique :

Les supports fonciers inoccupés sont de plus en plus rares et l'immatriculation cadastrale est très limitée dans certaines régions particulièrement dans les zones rurales, dû à la coexistence de divers régimes de droits à la propriété, qui combine le droit adoulaire et le droit positif.

Cet état de fait provoque un retard notable quant aux opérations de promotions immobilières et ralentit le financement hypothécaire.

Dans ce sens il serait nécessaire et indispensable que les Agences foncières de ces régions, augmentent la disponibilité des terrains immatriculés ou en cours d'immatriculation pour compenser le manque en réserves foncières des terrains non immatriculés donc difficilement utilisables.

Les règles et procédures d'urbanisme sont également lourdes, centralisées et coûteuses en terme de prix final, mais sont très utiles lorsqu'il s'agit d'immatriculer un terrain.

Enfin la fiscalité des droits à percevoir sur divers actes et permis immobiliers est aussi lourde: l'habitat social bénéficie d'exonérations, qui ne sont quantifiées ni budgétairement ni en terme d'efficacité.

Comme nous l'avons vu précédemment, la disponibilité de terrains à lotir tend à se réduire à cause de certaines contraintes :

? « Les terrains non immatriculés ne peuvent être lotis et de ce fait ne peuvent être destinés ou disponibles à l'habitat social ;

? Un grand nombre de terrains reste inconstructibles du fait de leur faible superficie ;

? Seuls les terrains équipés en infrastructure primaires, c'est-à-dire viabilisés, peuvent bénéficier d'un permis de construire ou de lotir légal ;

? Pour ce qui est des terrains viabilisés par des promoteurs publics, des grilles d'équipement obligent à réserver prés de 50% des surfaces à des équipements publics, ce qui doit donc être soustrait au total disponible pour les logements ; »

C'est pourquoi dans de nombreux cas, ce sont les terrains domaniaux qui sont attribués à ces programmes de construction de logements sociaux, terrains qui ne sont donc pas choisi pour leur emplacement mais pour leur faible coût.

L'inadéquation entre l'offre et la demande en matière de logement se justifie essentiellement par le fait que l'offre réelle concernant l'habitat social est très réduite.

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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Par ailleurs, le marché locatif qui pourrait permettre à la population ne pouvant pas acheter, d'accéder à un logement décent et de redynamiser ce secteur, reste réduit par une situation de droit défavorable aux bailleurs vis-à-vis des locataires. 67 Les aides fiscales et financières à l'habitat ne sont pas encore étendues au secteur locatif. Mais leur mise en oeuvre peut rester perçue comme aléatoire par les investisseurs.

De nombreux dysfonctionnements entravent également l'application des règles d'urbanisme, à savoir les lois régissant la promotion formelle du logement qui restent souvent ignorées et de ce fait inapplicables. D'autant plus, les auteurs d'infractions urbanistiques restent impunis, et ce en raison de l'absence de contrôle régulier et de la corruption de certains responsables.

b2-Des difficultés au niveau de l'application des lois d'urbanisme :

Dans la pratique, les lois et textes urbanistiques ne sont en réalité que très rarement et parfois même jamais appliqués. Et c'est cet état de fait qui constitue le vrai problème en matière d'habitat social. Le dispositif législatif et réglementaire de l'urbanisme est assez intéressant pour un pays en développement comme le Maroc, néanmoins, il est caractérisé par une certaine lourdeur et un grand nombre d'examen de procédure avant le démarrage de projets qui nécessitent des délais importants et beaucoup de mobilisation. Cette lourdeur touche aussi la confection des documents d'urbanisme et leur validation par une pléthore de commissions.

Il n'est pas rare qu'un PA (plan d'aménagement) soit en grande partie, dépassé lors de son homologation par le comité central.

Les constructions non réglementaires et clandestines ne sont que rarement détruites et leurs responsables restent souvent impunis. Cela voudrait dire qu'un tiers des logements sociaux existant sur le marché sont clandestins, donc construits sans autorisation et sans plan d'ensemble (absence de permis de lotir, de construire ou de permis d'habiter), et qu'un autre tiers des logements sociaux sont dits non réglementaire, c'est-à-dire dont la procédure a été respectée dans une première phase, mais qui s'est achevée par le non respect de certaines normes réglementaires (surélévations des niveaux, réduction des espaces destinés à la voierie...) 68

67 Le Ministère de l'Habitat a préparé un amendement à la Loi N. 6-79 organisant les rapports contractuels entre les Bailleurs et les Locataires pour redynamiser ce secteur, réduire les taux de vacances, et offrir des alternatives de logement social. Mais sa mise en oeuvre peut rester perçue comme aléatoire par les investisseurs. Le Bailleur pourra mettre en demeure le locataire de payer des retards de loyers, demander au Tribunal de Première Instance de prononcer une décision exécutoire de résiliation du bail et d'expulsion du locataire, applicable par huissiers. Les abus de sous-location sont limités. Le bailleur devrait pouvoir réviser le niveau des loyers après expiration du bail.

68 Ces pratiques restent très courantes et attestent de la rigueur et de la sévérité des normes urbanistiques. L'impuissance des autorités s'explique par le fait que les constructions clandestines, même les plus visibles, ne peuvent pas être démolies parce qu'elles répondent tant bien que mal aux besoins de nombreuses familles que l'on ne peut satisfaire autrement.

b3- Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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Spéculation et monopole public :

La hausse fulgurante des prix fonciers s'explique par le déficit qui existe en matière de terrains adaptés. L'investissement dans l'immobilier constitue un « épargne refuge » et presque sans risque.

Ce phénomène malgré sa rentabilité risque de créer des problèmes à long terme La spéculation est devenue un phénomène très courant qui consiste tout simplement à acquérir un bien pour le céder à un prix supérieur pour faire des bénéfices.

Et la possibilité de spéculer découle du fait qu'il ya un manque de transparence des prix fonciers sur le marché immobilier, et aussi une réelle concurrence entre le secteur formel et informel. 69

Il est nécessaire pour les pouvoirs publics d'instaurer les meilleures conditions pour encourager les promoteurs privés à investir dans l'habitat social et ce, pour contrer le monopole de l'Etat dans la production de logement social.

Ce qui explique que le secteur de l'habitat n'ait pas encore été totalement touché par les politiques de privatisation est, tout simplement, que la population concernée en raison de la faiblesse de ses revenus par rapport aux prix des logements et des taux d'intérêt pour les crédits logements, considère que l'accès à la propriété doit être subventionné par l'Etat.

Il est difficile de permettre une réelle rentabilité pour le secteur privé dans la production de logements sociaux à des prix aussi bas pour la majorité des ménages.

C'est pourquoi les entreprises publiques ne peuvent être mises de côté et constituent une nécessité pour l'entreprise des programmes de lotissements et de logements sociaux.

Devant le déficit de logements et la forte pression de la demande insatisfaite, les décideurs ne voient pas d'autre solution que de continuer avec le système actuel, en tentant de l'améliorer, mais sans le changer fondamentalement.

b4- Les propositions de solution : 70

Quelles solutions pourraient être proposées pour redynamiser le secteur et les politiques urbaines d'habitat social ?

69 L'Observatoire de l'habitat mis en place par le Ministère de l'Habitat, s'est engagé à créer une base de données et d'informations sur les transactions et prix fonciers exercés sur l'ensemble du territoire, ce qui permettra de suivre l'évolution et d'évaluer les performances du secteur de l'habitat social.

70 Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, propositions de la direction de la promotion immobilière

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Il s'agirait :

? d'impliquer certains établissements publics ou semi-publics

? de prélever un pourcentage sur les bénéfices des sociétés (exemple du 1% logement français) au-delà d'un certain chiffre d'affaires

? promulguer une loi qui dispense de taxes, les locataires dans le besoin, ayant occupé leur logement pendant une certaine durée (vingt-cinq ou trente ans) sans discontinuité (tels les retraités, les veuves ou les mères seules, ou encore les handicapés).

? des dispositions fiscales comme la réduction des taxes ou des droits de douanes sur les matériaux de construction et les divers accessoires (robinetterie, lustrerie, sanitaires, bois, verrerie...) 71

? Stimuler l'investissement par des mesures incitatives d'exonération fiscale importantes pour les promoteurs et les entrepreneurs des projets sociaux

Le Maroc doit entreprendre un certain nombre de réformes pour accroître l'offre de logements durablement et permettre à plus de ménages d'accéder à la propriété à travers la modernisation du cadre juridique et institutionnel du système de financement du logement en mettant en place un réel choix et une vraie concurrence quant aux crédits immobiliers par les banques.

Il serait judicieux également de mettre en place un système d'aides aux acquéreurs de logement sous forme de multiples avantages fiscaux, tels que la déduction fiscale des paiements d'intérêt et de capital, le remboursement de la TVA, l'exemption de la taxe urbaine, etc. Et ces aides varieraient selon le type de logement, à savoir le logement économique, le logement social ou le logement de droit commun.

Notons qu'il n'y a pas d'aide au logement locatif ou de soutien du revenu pour les locataires, donc le système d'aide est essentiellement un système d'aide à la propriété.

Il faudrait également améliorer l'accès et les conditions d'attributions de crédit pour les ménages à faible revenus, par l'adoption de conditions de prêt plus adaptées aux ménages en question ; et réduire les contraintes réglementaires et institutionnelles qui limitent l'offre de terrains, l'offre de logements locatifs et la place du secteur privé dans la promotion immobilière;

Par ailleurs, sur le plan social, il faudrait recentrer les aides publiques au logement sur les ménages a faible revenu, de façon à répondre aux besoins considérables de ces groupes, tout en limitant la charge des subventions sur le Trésor et le déficit budgétaire; 72

71 A.SEDJARI, Document sur l'Habitat social

72 Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, propositions de la direction de la promotion immobilière

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Enfin, sur le plan fiscal et réglementaire, il s'agirait de simplifier et alléger la fiscalité qui touche les activités de promotion immobilière, et réformer l'imposition de la propriété dans une optique de décentralisation, afin de mobiliser les ressources fiscales nécessaires à la mise en place des infrastructures et au développement urbain en général.73

Paragraphe 3 : Outils financiers :

Les processus de production de logements par les ménages à bas revenus peuvent servir de point de départ pour la construction de nouveaux systèmes de financement, et nécessitent pour cela l'adaptation des produits de crédit existants.

Quelle est l'articulation possible entre les systèmes informels, nécessairement limités au montage de réalisations strictement localisées, avec les systèmes formels qui s'imposent dès que la volonté politique est de généraliser des programmes importants destinés à amplifier sur tout un territoire le processus de construction et d'amélioration des logements ?

Une piste possible d'intervention semble être une réglementation favorisant la création de banques locales mutuelles et populaires via notamment la prise en charge d'une partie de leur coût de fonctionnement, assurant leur contrôle permanent par un organe technique autonome. Des instruments de crédit du système formel ont déjà été re-profilés vers les catégories les moins fortunées et montrent qu'il est possible de construire une articulation entre les deux secteurs, élargissant ainsi le système formel de crédit.

Enfin, toute une ingénierie juridique et technique doit être consacrée à la création de fonds de garanties dont le rôle sera croissant au fur et à mesure de l'extension des financements, lorsqu'il faudra allonger les circuits entre l'épargne et les prêts, associer les banques mutualistes locales, ouvrir progressivement et prudemment les portes vers l'ensemble du système financier.

La question de la redistribution est au centre de la problématique du financement du logement. Elle ne relève pas d'une discussion idéologique sur la nécessité ou non de subventions pour loger les pauvres, mais plutôt d'une réflexion sur la nature et l'efficacité des subventions.

Le débat sur la politique fiscale est essentiel si l'on veut être en mesure d'accompagner financièrement les ménages dans l'accès au logement.

73 La Problématique de la fiscalité immobilière : La problématique de la réforme de la fiscalité immobilière va bien au delà de la mesure des recettes perçues et des avantages par le secteur, La question fondamentale de la fiscalité immobilière est de savoir si elle est un instrument qui favorise la production de logements en quantité suffisante et qui assure le financement

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Le système de financement du logement se caractérise par une série de contraintes qui empêche son développement au rythme qui répondrait à l'ampleur des besoins en logements, en général, et à ceux du logement social, en particulier.74

Ainsi, la faible implication des structures bancaires dans le financement du logement peut s'analyser au regard de la modestie du nombre de logements financés via des crédits bancaires comparativement aux besoins de la population à faible revenu.

Il s'ensuit qu'une masse importante de ménages potentiellement accessibles au crédit du logement en est exclue.

Pour cause on invoquerait l'insolvabilité des bénéficiaires potentiels des crédits, le risque lié aux ménages dépourvus de revenus stables étant un effet dissuasif sur les entités bancaires. A cela s'ajoutent des limites liées aux conditions peu attractives de prêt (taux d'intérêt élevé), à l'absence du financement à long terme et à l'inexistence de mécanismes de mobilisation des ressources financières au profit des salariés.

Le système des aides publiques n'offre, du reste, aucune garantie à cette catégorie de ménages. a- Le rôle de l'Etat dans la prise en charge financière 75

Au Maroc en 1994, le gouvernement a lancé un programme de construction de 200.000 logements sociaux dans le but de répondre à une demande de plus de 150.000 logements par an et aussi de combler un déficit toujours plus important de logements. En 2002, seule un peu plus de la moitié des constructions prévues a été réalisée et n'a profité qu'à la classe moyenne. Les critères imposés aux banques ne correspondaient pas au profil du client final, soit parce que les droits d'entrée exigés étaient trop élevés, soit parce qu'ils étaient inadaptés. 76

Depuis quelques années, le gouvernement marocain a mis en place un ensemble de mesures susceptibles de débloquer le financement du logement, à savoir :

? Mise en place d'un marché hypothécaire secondaire à travers la titrisation 77 ;

74Il s'agit en l'occurrence de la participation limitée des banques au financement du logement, moins de 20%, l'autofinancement reste dominant avec 80% de la production de logement.

De même, l'encours de crédit immobiliers ne dépasse guère les 31 milliards de dirhams durant la période 1998-2002.Cet encours représente moins de 15% par an du total des crédits à l'économie, alors que dans les pays industrialisés, il est supérieur à 30%.

75 Ministère de l 'Aménagement du Territoire, de l'Environnement, de l'Urbanisme et de l'Habitat Secrétariat d'Etat à l 'Habitat, « L'habitat social au Maroc : Problématique et stratégie d'intervention », Novembre 1999

76 A.SERHANE, « Titrisation et financement de l'habitat social », thèse de Doctorat, Faculté des sciences Juridiques Economiques et Sociales, 2001.

77La titrisation est une technique financière qui consiste classiquement à transférer à des investisseurs des actifs financiers tels que des créances (par exemple des factures émises non soldées, ou des prêts en cours), en transformant ces créances, par le passage à travers une société ad hoc, en titres financiers émis sur le marché des capitaux

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? Généralisation des agréments et avantages accordés au CIH à l'ensemble des banques et sociétés de financement afin de les faire participer au financement de l'immobilier ;

? Autorisation accordée au secteur bancaire de recourir aux emprunts obligataires et aux prêts internationaux garantis par l'Etat, afin de faire face aux contraintes du financement du logement social.

En 2002, le Gouvernement a mis en place le PARHI (Programme National de Résorption de l'Habitat Insalubre) avec un financement conjoint assuré par l'Etat, le Fonds Hassan II, les collectivités locales et le Fonds de solidarité de l'Habitat.

Le privé était appelé à réaliser 60% des opérations et le nombre de constructions exigé pour bénéficier d'exonérations fiscales était fixé à 2500 au lieu de 3500 auparavant.

En 2003, les Pouvoirs Publics ont décidé d'accélérer le programme de lutte contre l'habitat non réglementaire.

Un nouveau plan d'action rendu encore plus urgent après le 16 Mai 2003, supprimant le PARHI du gouvernement précédent, est programmé afin de doubler le rythme de construction et atteindre le cap de 100.000 logements par an. Il est prévu la mise à la disposition des promoteurs privés environ 1000 ha par an à un prix symbolique.

En contrepartie, ces derniers s'engagent à fournir des appartements à un prix de vente n'excédant pas 120.000 DH.

L'ensemble de ces mesures s'inscrit dans un contexte de volonté de désengagement de l'Etat du secteur et de l'encouragement de l'initiative privée. Or, de puissantes contraintes continuent de peser sur le système de financement de l'habitat, provenant de l'insolvabilité de la demande, de la cherté relative des logements construits, de l'absence d'un système national d'épargne logement.78

En effet le secteur de l'habitat au Maroc est un des rares secteurs productifs où la présence de l'État demeure encore très importante.

Cette présence s'exerce à travers un vaste dispositif institutionnel chapeauté par le ministère de l'Habitat en ce qui concerne la production immobilière et par le Ministère des Finances en matière du crédit au logement et de l'aide au financement du logement. 79

Cet état de fait contraste avec les orientations adoptées par le Maroc dans le cadre des réformes économiques et de l'ajustement structurel, qui ont mené à la libéralisation de l'économie et à la privatisation des entreprises publiques dans plusieurs secteurs, y compris le secteur financier.

78 A.SERHANE, « Titrisation et financement de l'habitat social », thèse de Doctorat, Faculté des sciences Juridiques Economiques et Sociales, 2001.

79 CMD.LOÏC CHIQUIER, A.BARALIDES, « Réformes du Financement de l'Habitat au Maroc »,30 Avril 1999

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La base juridique qui régit le financement des logements économiques au Maroc se trouve codifiée dans le texte de 1968.

-Le Décret du 17 décembre 1968. 80

Les principales dispositions de ce décret concernent :

1. Le contrôle du Ministère des Finances.

L'obtention par un Etablissement de crédit de l'agrément oblige celui-ci à être soumis au contrôle des agents du Ministère des Finances et de l'Inspection Générale des Finances (Article 04).

2. Le financement des opérations.

L'Article 06 donne la possibilité aux établissements agréés pour le financement de leurs opérations de recevoir des dépôts du public et d'émettre des bons et des obligations, négociables à la bourse des valeurs, ayant pour garantie les hypothèques prises sur les immeubles des emprunteurs et dont le service de la dette peut être garanti par l'Etat.

3. Les catégories de prêts.

Titre IV : Prêts à la construction et à l'acquisition de logements ; c'est l'établissement agréé qui fixe le taux d'intérêt, après accord du Ministère des Finances, avec un montant maximum de 75% de la valeur immobilière totale.

4. Une hypothèque provisoire.

L'institution agréée a le droit de décliner un droit d'inscription hypothécaire, même lorsqu'il s'agit d'immeuble en instance d'immatriculation

5. Une exonération.

Le décret accorde l'exonération des droits d'enregistrement des actes de prêt.

L'arrêté d'application du Décret de 1968 et ses modifications ultérieures ont établi les critères et avantages suivants pour les catégories de prêt définis au titre IV et titre VI du décret.

80 Décret de 1968 régissant l'octroi des crédits et des avantages aux constructeurs et acquéreurs de logements, C'est un document fondamental régissant l'octroi des crédits et des avantages aux constructeurs et acquéreurs de logements. Afin de mieux comprendre l'impact de ce dispositif sur la construction et le financement du logement et les réticences qu'il est susceptible de présenter aux institutions bancaires

Conditions d'octroi de prêts.

L'attribution du prêt par l'Etablissement de crédit suppose le respect par celui-ci des conditions suivantes :

-Les prêts doivent être sur une première hypothèque (sauf en cas de garantie totale de l'Etat ou de nantissement du fonds de commerce). L'hypothèque constitue une garantie du prêt majoré de 15% pour les intérêts et les frais (Article 09).

-Les contrats hypothécaires sont enregistrés dans les livres fonciers de la conservation foncière (Article 10). La durée des prêts ne peut excéder 25 ans.

-Le remboursement par anticipation est envisageable soit en partie, soit en totalité après l'expiration d'un délai fixé dans le contrat du prêt ; une indemnité à payer par l'emprunteur est prévue et ne peut dépasser six mois d'intérêt sur le montant remboursé par anticipation (Article 15).

-Le taux d'intérêt est fixé par l'Etablissement agréé avec l'accord du Ministère des Finances, sauf pour les prêts effectués pour le compte de l'Etat destinés à la construction et l'acquisition de logements économiques (titre VI) et aux coopératives (titre VII), et dans cette situation, le taux d'intérêt est fixé par le Ministère des Finances.

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Il faut signaler que plusieurs dispositions de ce décret, notamment celles concernant l'octroi des ristournes sur les taux d'intérêt, ont été abolies lors de la loi de finances 2004.

Il y a par ailleurs une segmentation du marché du financement de l'habitat en marché du logement social, marché des coopératives d'habitat, marché des résidents marocains à l'étranger et marché des classes aisées.

Comment sont pris en compte les ménages à faible revenus ? Qui participe le plus au financement ?

Comment sont encouragés les ménages à faible revenu ?

b- Les dispositifs pour l'accession des populations à faible revenu au logement

social :

Ce sont des dispositifs d'aides publiques, initiés à travers la politique de l'habitat et de l'Urbanisme et ce, conformément au programme de relance de la promotion du secteur de l'habitat social et de la lutte contre l'habitat insalubre.

Des mécanismes d'aides publiques ont donc été instaurés par les pouvoirs publics, à savoir : le FOGARIM, le FOGALOGE PUBLIC, le FOGALEF. 81

Le cas du FOGARIM 82

Un fonds de garantie a été crée dans le but de permettre aux catégories sociales à revenus modestes ou irréguliers de pouvoir devenir propriétaires, et ce, avec la possibilité de profiter de prêts bancaires adaptés en terme de durée, de taux d'intérêt.

81Le fogarim est dédié aux ménages à revenus bas ou informel et le fogaloge public a été crée pour les

fonctionnaires et le fogaloge privé pour les salariés du secteur privé

Les fonds de ces institutions ont été crées en remplacement du système des ristournes d'intérêt accordés par l'Etat

dans le cadre du programme des 200.000 logements sociaux et qui concernait de par ses dispositions, qu'une

faible catégorie de population, autrement dit, les populations à revenu régulier, ce qui excluait encore une majorité

non éligible au crédit bancaire en raison de l'irrégularité de leur revenu.

Fogalef : est dédié aux enseignants

82Critères d'éligibilité pour le Fogarim : Les bénéficiaires doivent remplir les critères d'éligibilité suivants :

- être de nationalité marocaine ;

- ne pas être fonctionnaire, employé titularisé du secteur public, ou salarié d'une entreprise du secteur privé

affiliée à la CNSS ;

- exercer une activité génératrice d'un revenu dont le justificatif sera fixé dans le cadre de la convention ;

- ne pas être propriétaire d'un logement à usage d'habitation dans la wilaya ou la province où le

bénéficiaire exerce son activité ;

- ne pas avoir bénéficié auparavant d'un prêt garanti par le Fonds de garantie des prêts dédiés aux

logements sociaux.

Pour les logements :

Les logements en question doivent remplir les conditions ci-après :

- le coût d'acquisition ou de construction (en cas d'auto construction) ne doit pas excéder les 200.000

DH ;

- le logement acquis ou construit doit impérativement être réservé à l'habitation à usage personnel du bénéficiaire ;

- le logement social doit être réalisé sur un terrain titré et régulièrement répertorié et construit dans le respect des normes réglementaires en vigueur en la matière.

Convention Fogarim, MHUAE, Direction de la promotion immobilière, juillet 2006

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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En ce qui concerne la mise en place des fonds de garantie des crédits d'accession à la propriété sont conçus comme des mécanismes de prise en charge des risques de crédit des banques. L'idée est d'amener les banques à s'engager massivement dans le financement hypothécaire à long terme. La capitalisation de Fogarim est de 600 Millions de DH, versée sur trois ans par le Fonds Social de l'Habitat (FSH) géré par le Secrétariat d'Etat à l'Habitat.

La convention cadre entre l'Etat et la Caisse Centrale de Garantie et les conventions entre la CCG et 11 banques ont été signées en Décembre 2003 et sont entrées en application le 26 Février 2004. 83

Autrement dit, le Fonds social de l'habitat a pour objet « de garantir les crédits accordés par les établissements de crédit, pour le financement de l'acquisition ou la construction par les bénéficiaires de logements réalisés dans le cadre du Programme National de Lutte contre l'Habitat Insalubre ou tout autre logement réalisé conformément aux normes réglementaires en vigueur en la matière ».

Les performances du crédit FOGARIM ne sont pas très notables, parce que seulement deux banques participent à l'octroi de prêts de garantie, à savoir la BCP (Banque Centrale Populaire) et le CIH (Crédit Hôtelier et Immobilier).

Il est clair que leur stratégie s'inscrit désormais dans une politique de proximité orientée vers une clientèle de masse.

Depuis sa mise en place, ce mécanisme ne s'est pas traduit par les objectifs escomptés. 84 Alors qu'il s'agissait d'intensifier le rythme de production de l'habitat social dans le Royaume pour atteindre 100.000 unités annuellement, les dossiers qui ont transité par ce fonds n'ont guère dépassé les 1.000 demandes.

Contrairement au Fogalef, un fonds de garantie destiné à garantir les prêts consentis aux fonctionnaires de l'enseignement, qui a agréé, en 2004, près de 8.000 dossiers.

83Créée en 1949, la Caisse Centrale de Garantie est une institution publique à caractère financier, assimilée à un établissement de crédit Instrument de l'Etat, la CCG contribue à donner une impulsion à l'initiative privée en encourageant la création, le développement et la modernisation des entreprises. La CCG appuie également le développement social à travers notamment la garantie des prêts à l'habitat social. Elles consistent à garantir le financement de logements en acquisition ou en construction d'une valeur n'excédant pas 200.000 DH avec une quotité de financement ne pouvant atteindre 100%. La mensualité maximale est fixée à 1000 DH avec une durée maximale de prêt de 25 ans à taux fixe déterminé par la banque. La garantie couvre à hauteur de 70% le remboursement de la dette que la banque peut demander à la CCG après non-paiement par l'emprunteur de 9 mensualités.

84C'est que l'enjeu ciblait une population de quatre millions de personnes (800.000 familles), dont le revenu est inférieur à 2.700 DH, soit 33% des habitants des villes marocaines. Le type de logement était destiné notamment à une couche sociale qui ne peut prétendre au programme des 200.000 logements sociaux, dont le prix est de 200.000 Dhs.

Source : Direction de la promotion immobilière

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Quand bien même, au départ on avait fait valoir l'adhésion de plusieurs promoteurs immobiliers des secteurs public et privé, souhaitant s'investir dans un nouveau produit d'habitat social dont le coût immobilier est inférieur à 120.000 DH, ce qui est à la portée du pouvoir d'achat des citoyens à revenu faible ou limité. Il faut dire que le tiers de la population est exclu d'office du système bancaire.

En plus de la modeste participation du système bancaire au financement de l'habitat, les besoins nécessaires au développement des infrastructures de logements dépassent de loin les capacités financières des institutions étatiques et locales. S'ajoute à ces problématiques, la mauvaise répartition des crédits entre les tranches de revenu. 85

c-La participation du secteur privé dans le financement du logement social :

La seule institution agréée à fournir avec ses prêts les aides au financement des acquéreurs définis par le Décret royal de 1968 est le CIH; 86

Cette banque possède près de 60% du marché du crédit acquéreur et environ les trois-quarts du marché du préfinancement des promoteurs immobiliers; ses parts de marché se sont vues également renforcées par son rôle prédominant dans l'Opération 200 000 logements, tant au niveau du prêt acquéreur, que du préfinancement.

De plus le CIH a bénéficié d'une position exclusive sur le secteur du financement de l'habitat jusqu'à 1993.

Depuis lors cette concentration reste dominante (environ 57% des parts de marché acquéreur en 1997, probablement moins en 1998) avec dans une moindre mesure la Banque Centrale Populaire.

Ces deux établissements publics détenaient 75% des encours totaux acquéreurs en 1997, en raison de leur position d'établissement agréé à délivrer des crédits bonifiés.

Le reste du secteur libre se partageait environ entre 16% pour les grandes banques commerciales (Société Générale Marocaine de Banques, Crédit du Maroc, BMCE, etc.) et 9% sur les deux sociétés de crédit immobilier.

De plus le CIH conserve la presque exclusivité du préfinancement des aménageurs et promoteurs publics.87

85 Le système de financement de l'habitat économique profite principalement aux familles à revenu compris dans la tranche de 2.000 à 3.600 DH par mois, alors que les revenus inférieurs à 2.000 DH par mois sont quasiment exclus du fait des conditions d'éligibilité non adéquates

86 CMD.LOÏC CHIQUIER, A.BARALIDES « Réformes du Financement de l'Habitat au Maroc »,30 Avril 1999, p.4, 5,6

87 Depuis l'adoption de la loi bancaire de 1993, il a été mis fin au cloisonnement de l'activité bancaire entre banques et Organismes Financiers Spécialisés.

Désormais, toutes les banques ont la possibilité de financer le logement et peuvent demander à bénéficier de la procédure de l'agrément définie par le Décret de 1968

Source ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la promotion immobilière

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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Mais seuls le CIH et le Crédit Populaire Marocain ont manifesté l'intérêt d'en bénéficier; les autres banques jugent la procédure inopportune.

Depuis la promulgation de la loi de finances 2004, il a été décidé de supprimer les ristournes sur les taux d'intérêts accordés aux constructeurs ou acquéreurs de logements.

Le CIH sera donc au centre de l'expérience marocaine en matière de financement du logement. Il est ainsi resté jusqu'en 1998 le principal établissement agrée à distribuer des crédits bonifiés. Mais cet établissement va connaître de nombreuses difficultés liées à sa gestion qui vont le pousser à se restructurer en profondeur et se recentrer sur son activité principale, à savoir le financement du logement, et en particulier le financement des acquéreurs.

Malgré le changement de son statut, de banque universelle, le CIH est demeuré au centre du dispositif institutionnel du logement social marocain, dispositif qui repose sur deux éléments : ? un système d'aide au financement, défini par le Décret royal de 1968 et en vertu duquel le

CIH a été jusqu'à tout récemment la seule institution bancaire agréée à faire profiter sa

clientèle des ristournes d'intérêt et des divers avantages fiscaux associés aux régimes du

décret;

? un système d'épargne institutionnelle dominé car la Caisse de Dépôt et de Gestion, qui est à

la fois l'actionnaire principal du CIH et le principal preneur des obligations qu'il émet. Ainsi, afin d'assurer le fonctionnement continu du système existant d'aide à l'accession à la propriété de type social, et en particulier l'exécution du Programme 200.000 logements, les autorités ont été prises dans le dilemme de maintenir le rôle essentiel qu'y joue le CIH, et celui de vraiment ouvrir le système à toutes les institutions conformément aux orientations et à l'esprit de la réforme financière et aux stipulations de la loi bancaire. 88

L'accroissement de l'offre de crédit passe par l'étape incontournable d'une participation accrue des banques au financement de l'habitat, car une institution ou quelques institutions ne peuvent répondre aux besoins, et toute situation de type monopolistique ne se perpétue qu'aux dépens des ménages désireux d'accéder au crédit au meilleur coût.

C'est pourquoi, une véritable réforme du système de financement du logement ne peut éviter de remettre en question le bien-fondé de la situation actuelle où une institution possède une part prédominante du marché.

88 CMD.LOÏC CHIQUIER, A.BARALIDES « Réformes du Financement de l'Habitat au Maroc »,30 Avril 1999

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Conclusion 1ère partie

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

Le droit au logement n'a jamais pu s'imposer au même titre que les autres droits. Le logement est non seulement la condition préalable du confort, mais de la santé et, dans une certaine mesure de la dignité et la moralité.

La question du logement social est très importante, car ce qui caractérise ce besoin, c'est que sa satisfaction n'est pas d'ordre simplement privé, mais d'intérêt public ".89

Depuis 2003, la lutte contre l'habitat insalubre et la production de logements sociaux sont hissées au rang de priorité gouvernementale. La maîtrise du développement social urbain est, pour le Maroc, un des enjeux majeurs des dix prochaines années.

La production et la gestion du logement social seront les conditions incontournables d'un équilibre et d'une stabilité du milieu urbain.

Les récentes évaluations en matière de production de logements sociaux, notamment ceux concernant la résorption des bidonvilles, montrent que le Maroc dispose d'importantes expériences dans ce domaine.

Cependant, ces interventions manquent souvent d'une vision globale et intégrée, et souffrent d'une insuffisance dans la prise en charge des aspects sociaux des populations concernées. Par conséquent, leur performance se trouve limitée et engendre l'apparition de difficultés dans les différentes phases de leur réalisation : transfert des bidonvillois, solvabilité des ménages, recouvrement des coûts, valorisation, problèmes de voisinage, etc.

Il est donc clair que ces limites découlent principalement d'une faible connaissance des contextes d'intervention, de leurs dynamiques et de leurs composantes.

Le passage à une forme de logement structuré implique une structuration différente, notamment des sources de revenu; pour une population vivant le plus souvent d'activités informelles. Les problèmes sociaux dont souffrent souvent les habitants de ces quartiers, leur faible niveau de qualification rendent difficile leur intégration économique et sociale et ce d'autant plus lorsque les sites de transfert diffèrent de ceux d'avant le relogement.

Ceci peut être de nature à les fragiliser d'avantage si les aspects humains ne sont pas pris en compte.

Par ailleurs, la conception purement technique et technologique des projets est bien souvent source, malgré toute la bonne volonté des concepteurs, d'inadéquation entre l'offre proposée et les besoins objectivement ou subjectivement mis en avant par les bénéficiaires.

89 C.GIDE," Les institutions de progrès social " Paris, Librairie de la Société du Recueil Sirey. 1919, 589 pp.

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Les raisons déterminantes à cette situation de blocage sont :

- La méconnaissance des familles issues des bidonvilles : les enquêtes, lorsqu'elles existent, sont strictement quantitatives et ne fournissent aucune données qualitative sur les possibilités financières des ménages, les structurations sociales existantes, les logiques patrimoniales dans lesquelles s'inscrivent les habitants, les besoins en équipements ou les catégories fragiles des populations (femmes seules, enfants des rues, personnes âgées, familles sans revenus, ...).

- L'absence d'accompagnement social des populations tout au long du projet : pendant la mise en oeuvre des chantiers, le déplacement vers les nouveaux sites de relogement ou lorsque sont établis des programmes de recouvrement financier.

Le bidonvillois est relogé dans un logement social qui lui est affecté par tirage au sort et il devient, de facto, "copropriétaire" d'un logement en collectif avec nécessité de paiement, de gestion d'espaces privés et communs et de cohabitation sociale non désirée, sans aucun encadrement social.

C'est en partant de ces différents constats, que le programme "Villes sans bidonvilles"90 a érigé l'accompagnement social au rang de composante prioritaire dans les opérations de résorption de l'habitat insalubre.

Celui-ci sous tend une prise en compte des caractéristiques sociales, économiques et démographiques des populations concernées et l'association de ces dernières au processus d'identification et de définition des contours techniques des projets qui les concernent par le biais d'une approche participative et de bonne gouvernance.

Dans les résolutions prises par la Conférence des Nations Unies sur les Etablissements humains en juin 1996, (Habitat II), figure un ensemble de stratégies devant "garantir la sécurité d'occupation et l'égalité d'accès à la terre pour tous, y compris les femmes et les personnes vivants dans la pauvreté".

La sécurité d'occupation résidentielle (SOR) exprime le droit à une protection effective de la part de l'Etat et de la collectivité, contre les expulsions illégales, sur la base de documents formels et de preuves de leurs statuts.

Il s'agit en l'occurrence de : la durabilité du logement, des suffisances des surfaces habitables, de l'accès à l'eau et à l'assainissement.

90 Banque mondiale, « Rapport final d'analyse d'impact social et de la pauvreté », juin 2006 L'opinion, Article « Impact social du programme VSB », 09 Août 2006

L'économiste, Article « Ville sans Bidonvilles, un bilan en demi-teinte »24 Juillet 2006

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Dans cette perspective, le Maroc, est inscrit au coeur de cette problématique par sa volonté d'éradiquer l'habitat insalubre, qui est érigée au rang de priorité nationale.

La lutte contre toutes les formes d'exclusion est le fondement philosophique même de l'Initiative national de développement Humain (INDH). Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de renforcer la capacité des collectivités locales et de leurs partenaires et de promouvoir la pratique des principes de la concertation et du partenariat, considérés comme les bases de la gouvernance urbaine.

DEUXIEME PARTIE :
L'inscription de la question du logement dans le cadre d'une politique de la
ville

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Les disparités socio-économiques s'inscrivent dans l'espace de la ville, siège de la société contemporaine. Façonnant le tissu de la société elles conduisent à formuler une nouvelle question urbaine, les groupes sociaux défavorisés se concentrent dans certains quartiers notamment les bidonvilles, avec lesquels les groupes les plus favorisés prennent leurs distances. C'est ainsi que la ségrégation urbaine se manifeste.

Et pour être combattu les pouvoirs publics mettent en place des politiques de l'habitat qui ont pour objectif d'inverser la tendance en facilitant l'intégration sociale à travers le logement, c'est le logement social qui est au coeur de toutes les préoccupations, pour permettre un resserrement du lien entre habitants des quartiers défavorisés et l'ensemble du système urbain. D'autres solutions telles que les villes nouvelles, ont étés pensées par le gouvernement et inspirés par des modèles étrangers.

Ces villes nouvelles outre les populations qu'elles sont appelées à accueillir, devraient permettre un vrai rééquilibrage de l'aménagement du territoire et une régulation du marché du foncier, en offrant des logements et des terrains d'activités à un prix raisonnable dans un cadre urbain agréable.

La politique des villes nouvelles, a été adoptée comme alternative pertinente destinée à absorber l'habitat insalubre, à atténuer les pressions sur les villes et surtout, à mettre sur le marché un habitat correspondant aux besoins de toutes les couches sociales, principalement celles à revenu moyen.

Et donc à travers ce deuxième chapitre, nous allons faire une analyse de l'habitat social tant au niveau juridique qu'au niveau financier, et ensuite étudier les programmes « villes sans bidonvilles » et « villes nouvelles » comme réponse à la crise du logement au Maroc.

Chapitre 1 : Le logement social comme mode expérimental d'intégration urbaine :

Le rôle du logement social dans l'intégration urbaine est d'apporter des éléments de réponse à l'enjeu de cohésion sociale.

Paragraphe 1 : Promotion de l'habitat social : stratégie d'intervention de l'Etat :

Avant d'analyser le cadre juridique de l'habitat social au Maroc, il serait judicieux de donner un bref aperçu sur la notion d'urbanisme et sur la notion d'habitat social.

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Donner une définition stricto sensu de l'urbanisme en général serait de dire que c'est « un ensemble de plans et d'actions cohérentes qui permettent l'organisation optimale des fonctions techniques, sociales et esthétiques de la ville »91.

Mais une définition plus technique et plus précise serait de dire que « l'urbanisme est l'aménagement scientifique, ordonné du territoire, des installations et des services en vue d'assurer l'utilisation efficace des ressources physiques, économiques et sociales ainsi que la santé et le mieux-être des collectivités urbaines et rurales ».92

Cet aménagement scientifique se base sur une stratégie qui trouve ses fondements dans une politique de l'habitat et de la ville.

Cette planification a pour objectif de diagnostiquer les problèmes d'aménagements des territoires et il s'agit donc de penser des concepts urbains pour répondre à des questions de renouvellement urbain.

Au Maroc, l`évolution rapide de l'urbanisation a poussé les pouvoirs publics à répondre à un besoin urgent de projets d'habitat social. La maîtrise du développement social urbain est un enjeu majeur pour le rétablissement de l'équilibre et de la stabilité du milieu urbain.

La ville marocaine subit un accroissement d'habitat insalubre multiforme. Ce phénomène s'est traduit par la multiplication de noyaux d'habitat non réglementaire dépourvus de toute infrastructure de base.

L'habitat insalubre, c'est aussi des bidonvilles qui abritent un ménage sur 5 en milieu urbain et qui représentent la frange la plus importante des sites visés par le programme de logement social.

La notion d'habitat social renvoie à d'autres notions, à savoir l'habitat économique ou l'habitat à bon marché (HBM).

91 Définition selon N.SCHOFFER, http://www.olats.org/schoffer/defurban.htm

Définition du Dictionnaire « Le petit Robert », Étude des méthodes permettant d'adapter l'habitat urbain aux besoins des hommes.

92 On distingue donc deux types d'urbanisme :

L'urbanisme réglementaire : qui consiste en la création d'un document d'urbanisme (Plan d'aménagement, Plan de zonage...) qui définit des règles applicables à des périmètres découpés sur le territoire. Cette activité, également appelée planification, peut dans certains cas concerner plusieurs communes, afin d'obtenir une cohérence sur l'ensemble d'une agglomération.

L'urbanisme opérationnel : qui consiste à créer un projet d'aménagement (zone d'aménagement concertée ou lotissement) pour lequel il sera délimité un périmètre et un règlement d'occupation du sol.

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D'un point de vue réglementaire, la notion d'habitat économique fait référence au décret du 26 décembre 1964 définissant les zones d'habitat économique. 93

Le logement économique et le logement social constituent deux produits différents s'adressant respectivement à deux franges de population différentes.

Ainsi, les zones d'habitat social sont des unités de logement réalisées dans le cadre d'opérations de groupes d'habitations, de construction ou de lotissement destinés essentiellement à la résorption ou la prévention de l'habitat insalubre.

On remarque donc que l'habitat économique est réglementé tandis qu'il y a un vide juridique en matière de réglementation de l'habitat social. Cette absence de dispositions juridiques spécifiques pour l'habitat social engendre des pratiques confuses et illégales, tant de la part des pouvoirs publics que des promoteurs privés. 94

Une réglementation précise et des dispositions juridiques adaptées permettraient de définir de manière précise la notion d'habitat social et éviterait toutes ambiguïtés, mais aussi de contribuer à la réduction des coûts de sa production.

Nous savons que les pouvoirs publics préconisent l'habitat social comme une réponse au besoin en logement dont les objectifs majeurs étant d'abord d'une part, de répondre à la demande en logement d'une catégorie de population à faible revenu et qui occupe actuellement des bidonvilles et d'autre part de lutter contre toute forme d'habitat insalubre.

Le droit au logement fait partie des droits humains primordiaux et auquel les pouvoirs publics s'efforcent de répondre. Le droit à un logement décent est désormais au centre de nombreuses revendications sociales.

Faute de l'existence explicite d'une réglementation du « droit au logement » au Maroc, nous allons étudier les autres dispositions juridiques telles que les normes et standards qui existent pour l'habitat social et voir les autres textes juridiques régissant l'habitat social.

93 Décret n°2-64-445 du 21 chaâbane 1384 (26 décembre 1964) définissant les zones d'habitat économique et approuvant le règlement général de construction applicable a ces zones (b.o. n° 2739 du 28-4-1965, page 489) ART. 2. - (modifié - décret Royal n° 186-66 du 22 Rebia I 1386 (11 Juillet 1966) - Définition - Cette réglementation a pour but de permettre à une population urbaine peu fortunée d'accéder au logement. Elle définit les conditions de construction d'une unité logement qui doit comporter, outre les pièces d'habitation, une cuisine, une salle d'eau et un W-C. équipés chacun d'un point d'eau.

Ce même décret approuve aussi le règlement général de construction applicable à l'habitat social.

94 Il y a encore une confusion entre les produits d'habitats (habitat économique, habitat social, résorption de bidonvilles, logement moyen standing...) du à cette carence en réglementation.

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a- Le cadre juridique relatif à l'habitat social :

On trouve quelques textes qui constituent le cadre juridique applicable à l'habitat social et ils sont constitués par deux décrets de base, très importants qui sont :

? le décret de 1964, définissant les zones d'habitat économique d'une part dont nous avons parlé précédemment.

? Et le décret Royal de 1968, relatif au crédit foncier et au financement de l'habitat économique d'autre part.

Ces normes et standards servent à permettre la concrétisation d'un produit tel que l'habitat social et d'atteindre des « objectifs de qualité, à faciliter la gestion, à arbitrer entre des intérêts contradictoires et à garantir un résultat défini d'avance pour un travail qui se répète dans le temps ». 95

En conséquence, les normes et standards doivent en permanence être appelés à se modifier et à se réactualiser à l'occasion de nouvelles perspectives politiques ou sociales, même lorsqu'il s'agit d'habitat car on parle à présent de « l'habitat du plus grand nombre ». 96

Ainsi il est important d'avoir une sorte de souplesse dans l'application des normes qui laisserait une possibilité aux intervenants (promoteurs immobiliers, architectes, ingénieurs...) de réaliser des schémas d'aménagement plus opérationnels et plus rentables pour le secteur de l'habitat social.

Au Maroc, depuis ces dernières années on note un rythme accéléré de l'urbanisation qui cause justement des problèmes de logements informels. 97

Le déficit en logement ne cesse de se creuser, en 2002, 1.240.000 unités de logements va permettre à 700.000 ménages de se reloger et à 540.000 ménages sous équipés d'en bénéficier. En 2007, ces unités de logements seront de 1.455.000 et de 1.630.000 unités en 2012. 98

95 Le terme « norme » est en effet utilisé au sens technique comme synonyme de standard et dans un sens plus général pour indiquer « une spécification technique qui concerne la fabrication d'un produit ou la réalisation d'une opération et qui est établie à des fins de qualité, de sécurité ou d'uniformisation », mais aussi pour désigner « l'état régulier, ordinaire, conforme à la majorité des cas ».

Le terme « standard » est utilisé régulièrement aussi bien en anglais qu'en français, pour indiquer des références techniques ou scientifiques déterminées. C'est un concept qui permet de classifier un état de la production et de caractériser des objectifs communs à de nombreux intervenants : c'est le cas de l'urbanisme.

Direction des Etudes et du Développement, les cahiers de l'ANHI N°14 Mai 1999,

96 R.FILALI MEKNASSI, « Normes et standards dans l'Habitat Social », secrétaire général de Transparency Maroc, l'Instance centrale pour la prévention de la corruption et le Conseil de la concurrence

97 La Direction de la promotion immobilière du ministère de l'habitat, de l'urbanisme, et de l'aménagement de l'espace, selon les dernières estimations, l'année 2002 a connu un taux d'urbanisation de 57% et d'ici l'horizon 2010 ce taux s'élèvera à prés de 62%. Cette situation engendre inéluctablement une inadéquation entre l'offre et la demande : une demande de 125.000 logements contre une offre insuffisante de 80.000 unités de logements, soit une différence qui exclut 30% de ménages à faible revenu. Chiffres (Juin 2004).

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Plusieurs causes compliquent la réalisation de projets d'habitat social, telles que, par exemple, la difficulté de trouver des terrains utilisables pour l'habitat social ainsi que leurs coûts excessifs, ainsi que la mauvaise gestion urbaine (diversité des statuts fonciers, litiges fonciers, problèmes de l'immatriculation, coûts élevés engendrés par les normes d'urbanisme et d'infrastructure...)

D'autres causes telles que le caractère restrictif et sévère, voire la faiblesse des normes et instruments en matière urbanistique (multiplicité des intervenants dans le domaine de l'urbanisme, lenteur dans la production des documents d'urbanisme, complexité des procédures, inadéquation des statuts des agences urbaines et faiblesse de la couverture territoriale) ne permettent pas une production optimale et suivie de logements.

Au Maroc, une large frange de la population et plus précisément celle des ménages à faible revenu, a beaucoup de difficulté à accéder à un logement réglementaire.

Le développement anarchique des villes sous la pression démographique constante, contribue, pour répondre à la demande croissante et urgente en logements, à créer de l'habitat informel et du bidonville.

Ces normes et standards souvent stricts et trop techniques, restent hors de la portée d'une grande partie de la population ce qui va orienter ces derniers vers le secteur informel régi par une réglementation plus attractive mais non officielle.

C'est dans ce sens, que le ministère de l'habitat et de l'urbanisme a définit des normes spécifiques à l'habitat social et dont le but est « la définition de seuils minimaux d'habitabilité pour permettre aux groupes de populations les moins solvables, l'accès au logement suivant des normes techniques et sociales compatibles avec le revenu des habitants et les moyens de la collectivité, dans un cadre respectant l'hygiène et la sécurité ».

a1-le décret du 26 décembre 1964 :

Ce décret définit les zones d'habitat économique et approuve le règlement général de construction applicable à ces zones : « les zones d'habitat économique sont les zones définies sous cette appellation par les textes approuvant les plans et règlements d'aménagement ou les plans de zonage ou portant création de ces zones lorsque celles-ci n'ont pas été prévues par lesdits plans ou règlements. 99

98 La Direction de la promotion immobilière du ministère de l'habitat, de l'urbanisme, et de l'aménagement de l'espace Chiffres (Juin 2004).

99 Décret n°2-64-445 du 21 chaabane 1384 (26 décembre 1964) définissant les zones d'habitat économique et approuvant le règlement général de construction applicable a ces zones (b.o. n° 2739 du 28-4-1965, page 489) en annexe : ART. 2. - (modifié - décret Royal n° 186-66 du 22 Rebia I 1386 (11 Juillet 1966) - Définition - « Cette réglementation a pour but de permettre à une population urbaine peu fortunée d'accéder au logement. Elle définit les conditions de construction d'une unité logement qui doit comporter, outre les pièces d'habitation, une cuisine, une salle d'eau et un W-C. , équipés chacun d'un point d'eau ».

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Ce même décret s'adresse respectivement à deux franges de population différentes. 100

Ce vide juridique engendré par l'absence de standards pour l'habitat social donne l'occasion aux pouvoirs publics et intervenants privés d'avoir recours à des pratiques illégales et non réglementaires telles que l'expropriation abusive et illégale, de prix imposé.

La distinction théorique entre les différents produits d'habitat : habitat économique, et habitat social, fait que la réalité actuelle confond toutes ces catégories et associe l'habitat social aux autres types d'habitat.

a2- Les normes et standards en matière d'habitat social .
·

L'approche, qui considère l'habitat social uniquement en tant que zone, est aussi contestée car souvent le terme de zone est appréhendé de manière péjorative et se rapprocherait dans la vision de certains, du terme ghetto. Les réflexions à mener devraient s'orienter vers une recherche sur les conditions basiques de confort du logement et sur une réglementation tenant compte de l'habitabilité de ce logement.

Il faudrait donc développer un savoir faire afin d'adopter de nouvelles solutions techniques et favoriser les recherches sur des matériaux de construction.

L'harmonisation des paramètres techniques, sociaux et financiers, pour mieux cibler les caractéristiques du produit «habitat social» est souhaitable. Une évaluation des différentes expériences entreprises dans le domaine de l'habitat social ces dernières années pourrait être profitable : il faudrait tirer profit des erreurs du passé ou encore perfectionner les techniques en cours.

a3- La réglementation urbanistique en matière d'habitat social .
·

Les textes juridiques qui constituent les normes applicables à l'habitat social découlent de deux décrets de base : le décret de 1964, définissant les zones d'habitat économique et le décret Royal de 1968.

Le secteur de l'habitat dispose d'une multitude de textes juridiques relatifs à la planification et à l'aménagement des villes.

Le décret de 1964 définissant les zones d'habitat économique, est l'unique texte qui permet l'approbation du règlement général de construction applicable à l'habitat social.

100 Les zones d'habitat économique sont des unités de logements réalisées dans le cadre d'opérations de groupes d'habitation, de constructions ou de lotissements ciblant les ménages à revenu n'excédant pas les 3.600 dirhams par mois.

Les zones d'habitat social sont des unités de logement réalisées dans le cadre d'opérations de groupes d'habitations, de construction ou de lotissement destinées essentiellement à la résorption ou la prévention de l'habitat insalubre et ayant une faible valeur immobilière totale inférieure ou égale à 120.000 dirhams par unité.

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Mais le logement économique et le logement social sont deux types d'habitat destinés à deux franges de population différentes.

Dans le décret de 1964, on constate une insuffisance de production de normes spécifiques concernant l'habitat social. Cette dernière se devait de promouvoir la recherche d'une meilleure gestion et conception des projets d'habitat social.

L'encadrement juridique de la question de l'habitat social devrait répondre à des impératifs de transparence de financement et de développement des technologies de l'information.

a4-Les principales dispositions du projet de décret relatif à l'habitat social 101: Le projet de règlement général de construction applicable à l'habitat social proposé s'applique en cas d'existence de plans d'aménagement ou de zonage, aux zones ouvertes à l'habitat dense. Le projet est également applicable aux tissus existants tels que les quartiers d'habitat irrégulier, les bidonvilles à restructurer, les tissus anciens...).

Ce projet se propose notamment d'assouplir et d'optimiser les normes d'urbanisme et d'édicter des normes techniques moins contraignantes que celles fixées par le règlement général de construction de l'habitat économique actuel. A cet effet, il propose pour rentabiliser l'aménagement des terrains affectés à l'habitat social, d'augmenter la densité résidentielle. Son but est donc, d'assurer l'efficacité de la production et la rationalité managerielle des programmes d'habitat social, en vue de satisfaire un besoin en logements estimé à près de 2.000.000 d'unités à l'horizon 2012.

b- Les orientations du projet du code de l'urbanisme par rapport à l'habitat social :

Le Maroc, connaît depuis quelques années de nombreuses transformations, cet état de fait oblige à rompre avec des approches traditionnelles, pour adopter un nouveau référentiel qui permettre la création d'un contexte favorable au développement urbain, économique et social. En 2005 a été élaboré le projet de Code de l'Urbanisme102 qui a fait l'objet de Hautes Directives Royales contenues dans le Message Royal adressé aux participants à la rencontre nationale organisée à l'occasion de la journée mondiale de l'habitat le 03 octobre 2005.

101 Définition de l'habitat social :Est considéré comme habitat social, « toute unité de logement réalisée, dans le cadre d'opérations de groupes d'habitations, de construction ou de lotissement, sur la base de normes minimales d'habitabilité, ayant une faible valeur immobilière totale (V.I.T) et favorisant l'accès au logement aux ménages à revenus modestes, tels qu'ils sont définis par arrêté conjoint pris par les ministres chargés respectivement des Finances et de l'Habitat ».

102 Message royal du 03 octobre 2005 : Extrait : «Eu égard au caractère transversal du secteur de l'urbanisme et aux responsabilités communes à bon nombre de ses intervenants, aux niveaux national, régional et local, une bonne préparation du nouveau Code devrait se baser sur une approche démocratique fondée sur une large concertation avec l'ensemble des secteurs et des instances concernés... ».

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Ces directives ont mis en exergue les grandes orientations qui doivent présider dans le code, à savoir :

- La prise en compte des choix du Schéma national de l'aménagement du territoire et des orientations arrêtées à la lumière de la diversité de nos espaces territoriaux ;

- La mise à niveau des agglomérations urbaines et rurales ;

- La sauvegarde de l'identité architecturale et des spécificités locales ;

- La réalisation des objectifs du développement humain et la résorption du déficit social ; - La conception de mécanismes rigoureux destinés à la mise en oeuvre des plans et

documents d'urbanisme et l'établissement d'un échéancier propre aux investissements publics d'accompagnement ;

- La participation des collectivités locales à l'élaboration et au contrôle des plans d'aménagement et d'urbanisme.

Les principes fondamentaux du code concernent l'instauration d'un urbanisme facilitateur, incitatif, participatif et équitable.

De nouveaux concepts ont émergé tels que :

-Le principe « d'équité foncière », qui consiste d'une part à réduire les transactions spéculatives et d'autre part à faire participer les propriétaires terriens à la réalisation des infrastructures de base indispensables aux nouvelles zones urbaines.

-Le principe de l'équité des communes devant la planification, il s'agit d'équité devant, l'accès aux terrains, devant les infrastructures et devant la qualité des quartiers.

-Le principe de l'investissement : le nouveau code devrait encourager le retour des investisseurs et réduire l'intervention directe de l'Etat et des promoteurs publics. L'idée est de mettre en place des mesures d'encouragement dans le domaine urbanistique en vu de permettre aux investisseurs privés de participer directement au financement de l'habitat. Ce projet de code vise le renforcement de la cohésion sociale et de la mixité urbaine.

Dorénavant on parle de concepts de "grand projet sociétale" ou encore de "grandes opérations d'urbanisation nouvelles". Ces concepts constituent la clef de voûte du nouveau Code de l'Urbanisme103.

103 www.codeurbanisme.gov.ma

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Paragraphe 2 : Les aspects financiers de l'habitat social :

Les modalités de prise en compte de la capacité financière des ménages dans la planification des besoins en logements :

L'équilibre entre l'offre et la demande en matière de logements, la satisfaction des besoins des ménages et des équipements collectifs, ainsi que la gestion de l'espace urbain restent problématiques. Alors comment cet équilibre est-il traité par les différents dispositifs du droit de l'urbanisme ?

a- Le rôle des dispositifs du droit de l'urbanisme :

« Le plan d'aménagement 104 pose les règles d'utilisation des sols, et les règles applicables à la construction notamment les hauteurs minima ou maxima du bâtiment, les conditions d'implantation et d'orientation des immeubles, les distances des bâtiments entre eux, les servitudes établies dans l'intérêt de l'hygiène, de la circulation, de l'esthétique, de la sécurité et de la salubrité publique, les zones à ouvrir à l'urbanisation suivant une périodicité déterminée, les périmètres des secteurs à restructurer.

Ce plan consiste aussi à paramétrer certaines zones d'habitats en fonction de la capacité économique des ménages.

Le schéma directeur d'aménagement urbain (SDAU) 105 est établi par l'administration chargée de l'urbanisme avec la participation des collectivités locales. Il s'applique à un groupement d'urbanisme, dont il planifie l'organisation générale du développement urbain pour une durée de 25 ans. »106

b- La capacité financière des ménages :

Les ménages les plus démunis, en raison de leur insolvabilité et l'irrégularité de leurs revenus n'ont pas accès au crédit, parce que les systèmes d'aides au financement de logements favorisent majoritairement les ménages qui ont des revenus plus élevés et plus réguliers.

La capacité financière de ces ménages est déterminée en fonction de la part du revenu qui peut être théoriquement consacrée à l'acquisition d'un logement. Pour déterminer les crédits ou les prêts que les systèmes d'aides au financement tels que les banques, pourront attribuer à telle ou telle personne, un calcul minutieux est fait sur la base des revenus mensuels et de la durée du crédit demandé du ménage en question.

104 Le PA définit et localise les besoins en équipements en infrastructure et en habitat et a pour objet de définir l'affectation des différentes zones, les limites de toute construction et de la voirie, les limites des espaces verts à conserver, les emplacements réservés aux équipements publics et aux équipements collectifs.

105 Le SDAU coordonne les actions d'aménagement entreprises par l'Etat, les collectivités locales, les établissements publics et les sociétés privées bénéficiant d'une participation financière publique

106 Source : Document de Mr A. SEDJARI sur l'habitat social

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Et ce selon des conditions préférentielles (par exemple crédit avec un taux de 6% sur une durée de 20 ans), donc cette part consacrée par les ménages représente en fait, le remboursement des mensualités.

Après que le calcul soit effectué par rapport à la capacité financière de chaque ménage, il pourra être décidé de quel type de logement (économique, social...) ils financeront.

La majorité des SDAU estime théoriquement la demande non solvable des ménages entre 30 et 40% et propose deux mesures :

? Une réduction du prix d'acquisition et d'équipement des terrains à construire et ceci par la diminution des prestations ou par leur suppression.

? La réalisation d'économies sur le coût de construction,

Ces ménages sont présentement la clientèle cible du système d'aides financières par les ristournes d'intérêt au titre du régime spécial du Décret de 1968. Il est proposé de remplacer les ristournes d'intérêt par un système d'aides directes suivant des modalités d'implantation simplifiées, qui lieraient l'obtention d'une aide directe à la constitution d'une épargne préalable et d'un prêt hypothécaire.

c- Le financement de l'habitat social par les ménages à faible revenus:

Le gouvernement à travers la réforme du système s'est axé sur la satisfaction des besoins des ménages les moins aisés en termes de financement et de logements.

Cette stratégie des pouvoirs publics donne lieu à la réduction voire l'élimination d'aide au logement des catégories sociales à revenus supérieurs.

Car cette catégorie est privilégiée quant aux aides financières de l'Etat, c'est pourquoi il serait judicieux d'équilibrer ces aides entre les deux catégories et réduire les avantages fiscaux.

Mais par contre, pour ne pas les léser, cette catégorie à revenus supérieurs, devrait être le principal bénéficiaire de mesures telles que l'assurance hypothécaire ou la location achat, ainsi que de la réduction des taux que l'on peut attendre de la concurrence et de la diversification des produits hypothécaires.

Par ailleurs, pour répondre aux besoins urgents des catégories de ménages à faible revenus, un nouveau produit d'habitat pour élargir l'accès aux ménages à faible revenus à 140 000 dirhams a été mis en place par le Groupe Al Omrane. 107

« Ce nouveau produit vise essentiellement à faire bénéficier les familles les plus démunies des subventions de l'Etat en la matière et augmenter l'offre en logement dans le cadre de la lutte contre l'habitat insalubre.

107 Extrait du Discours de SM le Roi du 11 octobre 2002 : « De même nous ne saurions préserver au citoyen sa dignité qu'en lui assurant un logement décent et en accélérant la mise en oeuvre du programme national de lutte contre l'habitat insalubre et d'éradication des bidonvilles. Ceux ci constituent en effet, une menace pour la cohésion et l'équilibre du tissu social et une source de frustration, d'exclusion, de déviation, et d'extrémisme »

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Ce programme a aussi pour objectif d'étendre les programmes subventionnés sur l'ensemble du territoire national et impliquer les promoteurs immobiliers, petits et moyens dans ce projet. Enfin pour introduire les projets de logements subventionnés par l'Etat en veillant à respecter les normes d'ingénierie et le cachet architectural, ainsi qu'à l'exploitation des méthodes locales de construction » 108

Le nouveau produit logement est nécessaire pour développer une vraie politique de prévention de l'habitat précaire, les pouvoirs publics pourront attaquer le fléau à la racine posant ainsi les jalons d'une vraie politique de prévention efficace et durable.

Il est également nécessaire pour améliorer les performances des actions de prévention du reste de l'habitat insalubre.

Les ménages à faible revenu ont du mal à accéder aux logements à 200 000 dhs qui sont également disponible sur le marché du logement, c'est pourquoi ce nouveau produit moins coûteux est par conséquent plus accessible du point de vue du financement.

Mais ce qui est aussi important de souligner, c'est que ce nouveau produit est possible aujourd'hui grâce aux nouvelles dispositions d'exonération fiscale et de mobilisation du foncier public équipé au prix coûtant, donc un effort notable a été fourni par les pouvoirs publics pour mettre un nouveau produit sur le marché, produit qui ne remplacera pas celui de 200 000 dhs, car celui-ci couvre un autre segment de l'habitat social.

Cette solution aux ménages au plus faibles revenus est en parfaite compatibilité avec les objectifs et l'approche de l'INDH109, une nouvelle dynamique de développement local et de lutte contre l'exclusion et la pauvreté.

Chapitre 2 : Programmes d'interventions publiques :

La précarité des conditions de vie dans les bidonvilles et les risques encourus par les ménages habitant les constructions menaçant ruine et les quartiers sous équipés et non réglementaires justifient amplement le caractère prioritaire et urgent de l'intervention publique en vue de résorber ces composantes de l'habitat insalubre qui traduisent une situation alarmante de pauvreté et d'exclusion.

108 MHUAE, le « Rapport d'Al Omrane sur l'habitat à 140 000 dhs »,2009

109 Initiative national pour le développement humain :

Extrait du Discours de SM le Roi du mercredi 18 mai 2005 : L'initiative nationale pour le développement humain n'est ni un projet ponctuel, ni un programme conjoncturel de circonstance. C'est un chantier de règne. [...] s'attaquer au déficit social dont pâtissent les quartiers urbains pauvres et les communes rurales les plus démunies, et ce par l'élargissement de l'accès aux équipements et services sociaux de base, tels que la santé et l'éducation, l'alphabétisation, l'eau, l'électricité, l'habitat salubre, l'assainissement, le réseau routier, les mosquées, les maisons de jeunes et les infrastructures culturelles et sportives. [...] »

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Parallèlement, la redéfinition des responsabilités dans la gestion urbaine et la révision des dispositions relatives au contrôle de l'acte de bâtir ainsi que la répression des infractions, sont des mesures de nature à freiner la prolifération de l'habitat insalubre.

Par ailleurs, l'Etat est appelé à soutenir les efforts des collectivités locales impliquées dans le redressement de la situation existante. 110

Il y a d'abord eu le Programme d'action pour la résorption de l'habitat insalubre (PARHI)111. Ce programme a été lancé en 2001 avec l'objectif de résorber l'habitat insalubre dans un délai de dix ans.

Ce programme a été mis en place avec un financement conjoint assuré par l'Etat, le Fonds Hassan II, les collectivités locales et le Fonds de solidarité de l'Habitat.

Le privé était appelé à réaliser 60% des opérations et le nombre de constructions exigées pour bénéficier d'exonérations fiscales était fixé à 2500 au lieu de 3500 auparavant.

En 2003, les Pouvoirs Publics ont décidé d'accélérer le programme de lutte contre l'habitat non réglementaire.

Un nouveau plan d'action rendu encore plus urgent après le 16 Mai 2003, supprimant le PARHI du gouvernement précédent est programmé afin de doubler le rythme de construction et atteindre le cap de 100.000 logements par an.

Il est prévu la mise à la disposition des promoteurs privés environ 1000 ha par an à un prix symbolique.

En contrepartie, ces derniers s'engagent à fournir des appartements à un prix de vente n'excédant pas 120.000 DH.

La stratégie d'intervention de l'État est passée des opérations d'aménagement foncier destinées exclusivement à la résorption des bidonvilles à des programmes intégrés combinant à la fois la production de lots de relogement et de lots destinés au marché.

110 Rapport Habitat et urbanisme Bilan 2003-2007 et plan d'action 2008-2012, source Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement urbain, direction de la promotion immobilière.

111 Ministère de l'habitat, Note relative au plan d'action de résorption de l'habitat insalubre « PARHI »,2002 DHSAF Direction de l'Habitat Social et des Affaires Foncières ; Etude relative à la résorption de l'habitat insalubre - redéfinition des méthodes d'intervention - Synthèse générale, 2004

D. BENJELLOUN, « Evaluation des programmes de résorption de l'habitat insalubre », 2003 (pour la Banque Mondiale Groupe Finance, Secteur Privé et Infrastructures Région Moyen-Orient et Afrique du Nord)

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Paragraphe 1 : Résorption de l'habitat insalubre à travers le plan « Villes sans bidonvilles » : 112

Le Discours royal du 20 août 2001 a placé l'habitat social en général et la lutte contre l'habitat insalubre en particulier parmi les priorités nationales.

L'importance accordée par SM le Roi à ce secteur lui ouvre, ainsi la voie parmi les centres d'intérêts des interventions publiques visant à résoudre les problèmes engendrés par le déficit social.

Ce discours a mis l'accent sur le caractère complexe et multidimensionnel du phénomène de l'habitat insalubre, l'importance des moyens à mettre en oeuvre et la défaillance des instances chargées de le combattre et qui n'ont pas assumé pleinement leurs responsabilités à cet égard. De même il a insisté sur l'obligation de l'application rigoureuse de la loi en matière de lutte contre l'habitat insalubre et sur la responsabilité des collectivités locales qui sont tenues d'accorder au logement social toute l'importance qu'il mérite dans le cadre de leurs plans de développement.

Le programme « VSB »113 est considéré parmi les priorités d'intervention en matière de lutte contre l'habitat insalubre, il vise l'éradication totale, à l'horizon 2010-2012, des bidonvilles situés dans les espaces urbains.

Ce programme qui bénéficie de l'adhésion et de l'appui des tous les secteurs concernés et de l'implication de tous les acteurs urbains (élus et autorités locaux, secteur privé de la promotion immobilière, la population et la société civile), s'inscrit sur le plan international, dans le cadre de la « déclaration du Millénaire » des Nations Unies visant à améliorer les conditions de vie d'au moins 100 millions d'habitant des « taudis » en 2020 et le plan d'action « Cities Without Slums »114 élaboré par Cities Alliance et lancé par les Nations Unies en 1999.

La réalisation de ce programme lancé en 2004, s'étale sur la période 2004-2012 et concerne 83 villes et 289 000 ménages, il devra mobiliser un investissement d'environ 25 milliards de dirhams, dont une subvention du Fonds de solidarité Habitat, estimée à près de 10 milliards de dirhams.

112 Discours de SM le Roi du 30 juillet 2004 : « [...]Il est tout aussi important de réunir les conditions nécessaires qui permettent une vie dans la dignité, en garantissant un logement décent aux citoyens et en éradiquant les bidonvilles et l'habitat insalubre, conformément aux instructions que Nous avons données [...] »

113 Banque mondiale, « Rapport final : analyse d'impact social et sur la pauvreté », programme VSB, Juin 2006

114 Programme lancé par les Nations unies ayant pour but d'améliorer les conditions de vie d'au moins 100 millions d'habitants à l'échelle des villes ou des pays en favorisant l'accès au financement du logement, la sécurisation financière, et la mise en oeuvre de politique de prévention des bidonvilles, ce programme fait partie des objectifs du millénaire pour le développement de l'ONU

http://www.citiesalliance.org/ca/

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Ce programme est mis en oeuvre dans le cadre des « contrats villes » signés entre le ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, les walis et gouverneurs et les présidents de communes, précisant les options de résorption, les responsabilités et engagements des différents partenaires.

Le programme national " Villes sans bidonville " (VSB) est un axe stratégique de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) et une composante essentielle de la mise à niveau urbaine.

Et c'est le Holding d'aménagement Al Omrane (HAAO) qui est l'opérateur national principal de la résorption et de la prévention de l'habitat insalubre.

La présence dans les villes marocaines de l'habitat insalubre, et des bidonvilles en particulier, constitue un véritable défi quant à l'intégration sociale des populations à bas revenus dans l'espace urbain, et à la capacité des pouvoirs publics de satisfaire les besoins essentiels de l'ensemble des citoyens.

Le Gouvernement a affiché très clairement dès 2003 sa volonté d'oeuvrer d'une manière plus efficace et plus intégrée afin d'éliminer l'existence des bidonvilles, en offrant aux populations concernées de meilleures conditions d'habitat. Des nouvelles politiques ont été mises en place, accompagnées par une augmentation substantielle des ressources financières disponibles.

La Banque mondiale, parmi d'autres instances partenaires du Maroc, soutient l'effort du Gouvernement visant à atteindre cet important Objectif du Millénaire pour le Développement à l'échelle nationale. Elle appuie notamment le programme de réformes du secteur de l'habitat qui sont censées faciliter le fonctionnement du marché du logement et l'émergence de solutions de marché aux contraintes et aux besoins du secteur de l'habitat. Ces réformes doivent aussi accroître l'accès des ménages à revenus modestes et/ou irréguliers à des logements abordables et de meilleure qualité. 115

Comme dans toute intervention publique d'envergure, il y a sans doute des risques dans la mise en oeuvre du programme de lutte contre l'habitat insalubre, liés notamment à la complexité de la tâche, à la mobilisation nécessaire de structures et d'organisations, et aux résistances locales. C'est pour cela qu'il est essentiel d'intégrer le point de vue des populations concernées, parmi celles souffrant le plus de l'exclusion sociale, et de nous assurer tout le long de la mise en oeuvre du programme que leurs attentes sont satisfaites. Ceci demande une capacité institutionnelle d'écoute et de restitution de la perspective des habitants, leur permettant ainsi de prendre une part active dans la préparation et la réalisation des opérations.

115 Banque mondiale, Programme « Villes sans bidonvilles » du Maroc - Rapport de l'analyse d'impact social et sur la pauvreté, Juin 2006

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L'Analyse d'impact social et sur la pauvreté du programme « Villes sans bidonvilles » a été conçue comme une contribution à cet effort d'écoute.

Elle est le résultat d'une collaboration étroite entre les équipes du Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme et de la Banque mondiale, accompagnées par des professionnels marocains actifs dans le domaine de la recherche sociale.

a- Les modalités d'intervention du plan « Villes sans bidonvilles » :

Ce programme phare a été officiellement soumis au Roi en juillet 2004, trois ans après le Discours Royal du 20 août 2001116, dans lequel le logement social et les efforts du gouvernement pour lutter contre l'habitat insalubre ont été élevés au rang de priorité nationale. Les résultats des évaluations d'interventions antérieures en matière de résorption de l'habitat insalubre ont donné lieu à une série de leçons et de suggestions, donnant un nouvel élan à un réengagement intégral dans la lutte contre l'habitat insalubre.

Les bombes de Casablanca en mai 2003, qui ont été lancées par des terroristes dont la plupart vivaient dans ces bidonvilles, ont instillé une notion de l'urgence encore plus grande dans l'engagement à éliminer les bidonvilles en tant que pépinières de comportements antisociaux. -Les principes fondamentaux de la nouvelle stratégie de résorption de l'habitat insalubre du Gouvernement sont les suivants :117

-l'intégration d'opérations ponctuelles à l'échelle de la ville ;

- des engagements contractuels des acteurs publics et privés dans les efforts d'éradication des bidonvilles ;

- la fourniture accrue de logements sociaux par les promoteurs privés,

- l'implication de la population bidonvilloise à travers un processus d'accompagnement social et de participation.

Pour réaliser ses objectifs, le gouvernement a mobilisé le Fonds de Solidarité de l'Habitat, alimenté par une taxe sur la vente de ciment dédiée aux programmes d'habitat social. Le Gouvernement a également mobilisé les réserves de terrains publics pour la résorption des bidonvilles et la construction accrue de logements sociaux, et il a créé des incitations financières pour permettre aux ménages ayant des revenus modestes et/ou irréguliers d'avoir accès aux avantages du programme de résorption et de logements sociaux.

Contrairement à des interventions antérieures qui peuvent avoir ciblées seulement certains bidonvilles ou des besoins localisés de résorption, le plan « Villes sans bidonvilles » adopte une approche au niveau de la ville.

116 Nations unies, Rapport « UN HABITAT par le programme des nations unies pour les établissements humains » 2007

117 www.vsb.gov.ma

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Tous les bidonvilles doivent être rassemblés dans une solution intégrée basée sur la maille urbaine de la ville et les réserves de terrains disponibles.

Tout en restant un programme du Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, VSB est présenté comme un partenariat avec les principales parties prenantes, tout particulièrement les autorités locales et régionales, les promoteurs immobiliers des secteurs public et privé, ainsi que les bidonvillois.

Le Manuel d'opérations118 du programme stipule les règles de cette approche de mise en oeuvre et définit les responsabilités devant être couvertes par les différents partenaires concernés. Pour chacune des villes concernées, les accords contractuels clarifient et exposent les responsabilités des différents acteurs publics119 aux niveaux national et local.

Les modes d'intervention120 du programme consistent en la restructuration in situ du bidonville avec les routes, le drainage et l'adduction d'eau, l'éclairage public et les réseaux d'électricité, la production de parcelles entièrement ou partiellement viabilisées sur les terrains urbains, sur lesquelles les ménages construiront de nouveaux logements, et la construction d'immeubles et d'appartements pour y transférer les ménages bidonvillois.

Le choix de la méthode d'intervention dépendra du contexte spécifique de chaque ville ainsi que de la taille des bidonvilles.

Le programme national « Villes Sans Bidonvilles » englobe toutes les opérations de résorption, incluant celles qui étaient conçues ou exécutées par le MHUAE et les opérateurs publics de l'habitat avant le lancement du programme en 2004. 121

La mobilisation des terrains a été un problème dans le passé et a empêché le développement de logements sociaux et d'opérations de résorption. Pour atténuer la contrainte foncière, le Gouvernement a procédé à deux transferts massifs de terrains publics au Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme.

118 MHUAE, « Manuel de procédure concernant la réalisation du programme national Villes sans Bidonvilles », décembre 2003, p 4-8

119 MHUAE, « Manuel de procédure concernant la réalisation du programme national Villes sans Bidonvilles », décembre 2003, p 8-9

120 MHUAE, « Manuel de procédure concernant la réalisation du programme national Villes sans Bidonvilles », décembre 2003, p 9-11

121 MHU, « Programme VSB Orientations stratégiques et programmation », septembre 2004

Le MHU a estimé l'enveloppe budgétaire du programme VSB à environ 17 milliards de DH, dont environ un tiers, soit environ 5,4 milliard de DH seraient couverts par les subventions publiques. Il est probable que le Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme sera le seul contribuant public au programme, grâce à l'allocation de ressources budgétaires et de fonds réservés au logement social, alors que les municipalités peuvent apporter une contribution en foncier, si disponible, devant également s'engager à empêcher la formation de nouveaux bidonvilles dans leur juridiction. Les autres deux tiers des coûts du programme, soit environ 11,6 milliards de DH, devraient provenir des contributions financières au programme par les bénéficiaires eux-mêmes.

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Le premier, de 3.400 hectares, a été convenu en décembre 2003, et le second, de 5.000 hectares, a été convenu en octobre 2004.

Cette injection importante de terrains urbains a deux objectifs principaux: tout d'abord, fournir des terrains à Villes sans bidonvilles; et ensuite, mettre sur le marché une offre suffisante de terrains en ouvrant de vastes zones nouvelles à l'aménagement dans les Zones d'urbanisation nouvelle.122

Le Gouvernement a réussi à attirer un soutien international pour son programme de Villes sans bidonvilles. En octobre 2004, la Banque européenne d'investissement (BEI) a approuvé un prêt de 71 millions d'Euro au Holding d'Aménagement Al Omrane pour la construction d'infrastructure hors site pour son aménagement de terrains et les opérations VSB.

L'Agence française de développement (AFD)123 a approuvé en novembre 2004 un prêt de 50 millions d'Euro à HAO pour l'exécution de quelques opérations de résorption de bidonvilles. Un don de l'UE de 90 millions d'Euro sur le programme MEDA a été approuvé en novembre 2005 pour appuyer la mise en oeuvre des programmes de lutte contre l'habitat insalubre ainsi que la réalisation d'équipements collectifs en proximité des quartiers ciblés.

Le Holding Al Omrane (HAO) a été établi en 2004 en tant que successeur de l'Agence nationale de lutte contre l'habitat insalubre (ANHI) dans le but d'incorporer tous les opérateurs publics de l'habitat, et sa structure de gestion sous forme d'une Holding Company sous la tutelle d'un Comité de surveillance établie en 2005.

Dans une première phase, il a été procédé à la fusion de l'ANHI, la SNEC et Attacharouk124, dans un seul pôle dénommé "HOLDING D'AMENAGEMENT AL OMRANE".

Il a été également procédé au réaménagement des organes délibérants par l'adoption de la formule d'une société gérée par un Directoire, lui même contrôlé par un Conseil de Surveillance.

122 Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace,

La quantité de terrains requise pour exécuter le programme national de résorption des bidonvilles a été estimée à environ 5.180 ha par le MHU. Sur les 70 villes couvertes par le programme, la moitié sont concernées par les transferts de terrains du domaine public : 19 ont des terrains publics en excès des besoins de résorption, et 16 ont un montant de terrains publics qui est suffisant pour la moitié seulement des besoins du programme. Toutefois, les contrats ne sont signés avec les villes que lorsque tous les besoins fonciers des opérations locales ont été satisfaits et si le foncier public est insuffisant, les collectivités locales apportent leurs propres réserves foncières et dans certains cas, des terrains privés sont achetés.

123 Nations unies, Rapport « UN HABITAT par le programme des nations unies pour les établissements humains », 2007

124 L'ANHI (Agence Nationale de lutte contre l'Habitat Insalubre), la société ATTACHAROUK (Société d'aménagement, de construction et de promotion immobilière) et la SNEC (Société Nationale d'Équipement et de Construction), ERAC (Etablissement régional d'aménagement et de construction)

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Pour couvrir les provinces du nord et du sud, deux sociétés filiales régionales du Holding ont, ensuite, été créées:

- Al Omrane Al Janoub, dans le sud, couvre les régions de Guelmim-Es-Smar, Laâyoune-
Boujdour-Saquia El Hamra et Oued Ed-Dahab-Lagouira ;

- Al Omrane Al Boughaz, dans le nord, opère dans la région de Tanger-Tétouan

Dans une deuxième phase, en vue de constituer le « Groupe Al Omrane » par l'intégration des ERAC, la situation financière de ses derniers a été mise à niveau afin de procéder au changement de leur statut et leur transformation en Sociétés Anonymes.

Ainsi, par cession de leurs parts sociales au Holding d' Aménagement Al OMRANE, les ERAC deviendraient des filiales régionales.125.

A partir de la fin 2005, 41 contrats de villes ont été signés entre le MHUAE et les parties concernées.

De nouvelles conventions pour les opérations de résorption ont été signées avec des opérateurs publics et privés couvrant 61.000 ménages au cours de 2004 (par rapport à une cible de 62.000), et 69.000 ont été signées au cours de 2005, amenant à 60 pour cent la programmation globale des opérations.

Cependant, en ce qui concerne leur achèvement, les données disponibles au MHUAE indiquent qu'à la fin 2005, 24.500 unités seulement ont été livrées aux ménages bidonvillois, par rapport à une cible de 43.000, tandis que 11.000 unités de résorption restaient à commercialiser, faute de volonté des ménages cible de les acquérir.

L'accompagnement social et la participation à l'exécution des opérations de résorption ont été incorporés dans quelques opérations en cours, où les opérateurs ont rallié le soutien de l'Agence de développement social (ADS), agence publique dont le mandat est celui de l'allégement de la pauvreté, ou de bureaux d'études spécialisés dans la maîtrise d'ouvrage social. Toutefois, cette composante essentielle du programme, qui a été déclarée comme l'une des principales innovations de Villes sans bidonvilles par rapport aux programmes publics antérieurs, semble loin d'avoir été généralisée dans sa mise en oeuvre.126

b- Les dispositifs d'exécution du programme « VSB » :

Le contrat « VSB » définit le cadre de mise en oeuvre par ville, c'est un document contractuel entre l'Etat, les autorités et les collectivités locales, précisant les engagements de différentes parties concernées par la mise en oeuvre des projets de résorption des bidonvilles à l'intérieur d'une même ville.

125 Banque mondiale, Programme « Villes sans bidonvilles » du Maroc - Rapport de l'analyse d'impact social et sur la pauvreté, Juin 2006

126 Banque mondiale, Programme « Villes sans bidonvilles » du Maroc - Rapport de l'analyse d'impact social et sur la pauvreté, Juin 2006

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Il présente également des données techniques et financières relatives aux assiettes foncières, à la consistance des opérations et la liste des bidonvilles qui en sont concernés ainsi que les ressources allouées selon l'échéancier de réalisation arrêté. Enfin le contrat VSB rappelle la composition et les fonctions du comité provincial d'identification et de mise en oeuvre institué dans le cadre de la stratégie du programme VSB. Le contrat de ville est une émanation du local. Il est établi par le représentant du Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement du l'espace en étroite collaboration avec les acteurs locaux concernés dont notamment l'autorité et les collectivités locales.127 Il est par la suite transmis au Wali ou gouverneur concerné qui organise sous son égide la cérémonie de signature.

Pour optimiser la définition, la mise en oeuvre et le suivi du programme VSB, des instances territorialisées ont été prévues :

-Le comité national de suivi : a pour mission de superviser la mise en oeuvre et l'évaluation de l'exécution du PVSB.

Présidé par la primature, il est composé de représentant du MHUAE, du MI, et du MFP qui en assure le secrétariat. C'est un comité de décideurs qui est informé de l'Etat général d'avancement du programme et des contraintes importantes et qui le cas échéant, décide des mesures à prendre pour réussir la réalisation de ce programme.128

-Le comité régional de coordination : sous la présidence du wali de région, le comité régional de coordination est composé des représentants de la wilaya, des préfectures, provinces et communes concernées, du MHUAE et des opérateurs, il coordonne l'établissement des projets à l'échelle régionale et veille à la signature des contrats de ville entre l'Etat et les collectivités locales puis coordonne au niveau régional la mise en oeuvre des projets.129 Ce comité assure également une mission d'évaluation jusqu'à l'achèvement du programme.

-L'appui des instances internationales au programme VSB : Etant inscrit dans des références internationales qui visent à améliorer les conditions de vie des personnes habitants dans les logements précaires et insalubres, le programme VSB bénéficie de l'appui de plusieurs organismes internationaux 130 qui ont manifesté leur volonté de participer à sa réalisation, et de généraliser l'expérience marocaine pour en faire profiter des pays similaires.

127 Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, Service de Suivi et d'Evaluation du Programme VSB

128 MHUAE, « Manuel de procédure concernant la réalisation du programme national Villes sans Bidonvilles », décembre 2003, p 8-9

129 MHUAE, « Manuel de procédure concernant la réalisation du programme national Villes sans Bidonvilles », décembre 2003, p8-9

130 UN HABITAT, la banque mondiale, le programme MEDA de l`UE, l'agence américaine pour le développement international, Cities Alliance, la banque européenne d'investissement, L'agence Française de Développement, la Banque Japonaise pour la Coopération Internationale, et Nena Urban Forum

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Par ailleurs diverses mesures d'appui ont été mis en place pour assurer les meilleures conditions de réussite du programme VSB, telles que :

- Le Pacte national VSB : Validé et adopté au plus haut niveau du Gouvernement, le pacte VSB devrait permettre de cimenter et de pérenniser, grâce au manuel de procédure et au Contrat VSB, les engagements de tous ces acteurs institutionnels.

- L'Observatoire de l'habitat insalubre : Cet observatoire, localisé au sein de l'entité VSB du DHSAF131, sera un outil important d'aide à la formulation des stratégies d'intervention en la matière.

Il permettra de fournir, au MHUAE et aux autres partenaires, les données nécessaires pour prendre les décisions appropriées et évaluer les impacts des programmes initiés. Il assurera, en outre, la mise à disposition d'informations fiables et continues devant permettre d'intervenir en matière d'ajustement et de réajustement des projets et d'en d'informer les partenaires. Ainsi, il aura pour mission de suivre spécialement l'ampleur de l'insalubrité, de capitaliser et de diffuser les expériences conduites tout en permettant de repérer les difficultés et de proposer des mesures d'urgence.

-L'accompagnement social du programme (ASP) est également une mesure d'appui importante.

Afin d'intégrer l'ASP en termes concrets et opérationnels dans le programme VSB, un plan détaillé d'ASP sera élaboré et définira les activités à mener lesquelles seraient, selon les cas, confiées à l'Agence de Développement Social (ADS), aux collectivités locales, aux opérateurs, aux associations et/ou à des partenariats entre chacun de ces acteurs institutionnels.

Ce plan comprendra les besoins de ces derniers en matière de formation et de recyclage. Le financement de l'ASP sera recherché auprès des bailleurs de fonds nationaux ou internationaux.

- Des mécanismes de suivi et indicateurs de performance du programme :

Les mécanismes de suivi prévus par le programme VSB sont relativement complets comme l'atteste la mise en place de plusieurs comités, notamment le Comité Technique de Suivi qui assurera une bonne fluidité de la coordination et un suivi rigoureux de la mise en oeuvre du programme. Un certain nombre d'indicateurs de performance sont en cours d'identification et devraient permettre de mesurer les progrès réalisés en vue des objectifs fixés et de procéder, le cas échéant aux réajustements et réorientations nécessaires.

131 Direction de l'habitat social et des affaires foncières

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- Des évaluations du programme : Outre l'évaluation des opérations de résorption préalable à la déclaration d'une commune "ville sans bidonvilles", le programme VSB prévoit des évaluations intérimaires et une évaluation finale (ex-post) de l'ensemble du programme. Ces évaluations auraient lieu tous les ans et porteraient sur l'ensemble du programme VSB. Une évaluation finale du programme VSB sera entreprise peu de temps après l'achèvement de l'ensemble du programme.

- L'Information et Communication : Dans le but de diffuser une information exacte, complète, percutante et surtout transparente pour en assurer la crédibilité, un plan d'information et de communication spécialement conçu pour le programme VSB est nécessaire.

Ce plan inclue des campagnes d'information lancées de manière périodique à travers media (TV, radios, presse écrite) et un site Web consacré au programme VSB. Ce site permettra une large diffusion et l'échange d'expériences en matière de bonnes pratiques relatives aux politiques et programmes de résorption de l'habitat insalubre au niveau national et international.

-Le Plan global d'assistance technique et de formation : Les mesures d'accompagnement décrites plus haut sont autant d'activités qu'il est indispensable de mener pour la réussite du Programme VSB, mais sans pour autant grever son financement. Aussi est-il prévu de faire financer ces activités par des dons octroyés par des bailleurs de fonds nationaux ou internationaux.132

c- Les défaillances du plan « Villes sans bidonvilles » :

Cinq ans après son lancement officiel, le programme « Villes sans bidonvilles » piétine toujours dans les grands centres urbains du Maroc. A la pénurie du foncier, s'ajoutent les problèmes de gouvernance, la question du financement, et un accompagnement social insuffisant.

Le bilan arrêté en novembre 2009, par le Ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, n'est guère encourageant ; 37 villes sur 83, déclarées officiellement « Villes sans bidonvilles ».

Si les opérations menées ont permis le relogement de plusieurs milliers de ménages, les communes concernées, sauf Agadir sont toutes de petites ou moyennes tailles.

Dans les grands centres urbains ou il y a la majeure partie des bidonvilles, les retards s'accumulent.

132 http://www.vsb.gov.ma/fr/

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L'échéance du programme a déjà été reportée à 2012, mais pendant ce temps le chômage et l'exode rural continuent de remplir les bidonvilles existants.133

L'accès au programme VSB, est un réel problème pour les ménages sans ressources ou à très faible revenus. En moyenne selon les différentes études réalisés sur le sujet, notamment celle de la banque mondiale, seuls les 2/3 des bidonvillois peuvent se permettre l'achat d'un appartement ou d'un lot.

Or le financement du programme s'articule autour de la participation directe des ménages, auxquels l'Etat accorde une subvention de 10 milliards de dirhams alors que le coût total du programme est estimé à 25 milliards de dirhams.

Donc c'est pourquoi le fonds de garantie des prêts au logement (FOGARIM) a été spécialement créé afin que les banques aident les ménages non solvables.

«En matière d'accompagnement social, notre action reste défaillante». 134

Tels ont été les propos du ministre chargé de l'habitat et de l'urbanisme Ahmed Taoufiq Hejira. Malgré les efforts fournis par les pouvoirs publics en matière de politique de recasement, des dysfonctionnements ou des défaillances ont vu le jour à cause des différents blocages qui touchent de nombreux projets de réhabilitation urbaine aux quatre coins du Maroc.

On note dans de nombreux cas de figure, que malgré la politique urbaine d'intégration sociale par le logement que le gouvernement tente de mettre en place à travers le programme VSB, dans bon nombre de villes telles que Fès et Mohammedia, les bénéficiaires de programmes de relogement refusent de quitter leurs bidonvilles, tout simplement parce que l'accompagnement social et la communication a été défaillante, en général ils ne sont pas bien préparés à ce changement radical de logement. C'est en grande partie, la défaillance d'accompagnement social des bidonvillois lors des transferts de propriété qui freine la bonne conduite du programme VSB ; La Banque Mondiale, a fait ce constat à l'occasion d'un rapport d'analyse de l'impact social et sur la pauvreté du programme VSB, rapport rendu public en janvier 2007.135 L'urgence de l'achèvement du programme VSB semble exacerber le niveau insuffisant de coordination institutionnelle ainsi que l'attention des acteurs, qui est axée sur les aspects techniques plutôt que sur l'accompagnement social et la participation, dont le besoin se fait tellement ressentir.

133 Le Journal Hebdomadaire, « Villes sans bidonvilles, les promesses non tenues », n°417 du 14 au 20 novembre 2009, par C.GUGUEN, p 28-30

134 La Vie Economique, Article « Les défaillances du plan VSB », Mai 2007

135 Banque mondiale, Programme « Villes sans bidonvilles » du Maroc - Rapport de l'analyse d'impact social et sur la pauvreté, Juin 2006

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Et de mettre en exergue l'insuffisance des incitations actuellement en place pour déclencher la participation active des habitants des bidonvilles, l'intervention des banques et des institutions de micro finance pour fournir le crédit et la motivation des promoteurs à s'engager dans la construction de logements.

L'absence d'accompagnement social des populations tout au long du projet, pendant la mise en oeuvre des chantiers, le déplacement vers les nouveaux sites de relogement, ou lorsque sont établis des programmes de recouvrement financier, sont autant de facteurs qui freinent considérablement les opérations.

C'est pourquoi, un accompagnement social mené dès le début aurait justement été d'une grande aide à ce niveau en préparant les populations et en répondant à leurs préoccupations.136

La difficulté réside dans le fait qu'il s'agit d'un traitement au cas par cas. Difficile de mettre en place un programme d'action global et général et de le mettre en pratique sur différents sites.

Il s'agit vraiment de suivi très personnalisé. En définitive, l'accompagnement social que certains considèrent comme secondaire peut, quand il existe, contribuer véritablement à la réussite d'une opération. Et pour remédier à ces défaillances, qu'il faut également et parallèlement axer le travail sur la formation d'accompagnateurs sociaux des bidonvillois.

Mais le succès du Programme VSB ne peut être durable que si les marchés immobiliers locaux offrent des alternatives aux ménages « cibles » de l'habitat insalubre, en général, et des bidonvilles, en particulier.

Le Gouvernement, conscient de cette importante question de prévention, a mis en place des programmes complémentaires dont celui des 100.000 logements sociaux à réaliser annuellement, appuyé par celui de l'aménagement foncier public; de même qu'il a pris des mesures conséquentes dont celle liée à la répression des abus en matière d'habitat et d'urbanisme (projet de loi n° 04-04 portant modification en matière d'urbanisme et d'habitat)137.

136 La Vie Economique, Article « Les défaillances du plan VSB », Mai 2007

« [...] A Mohammedia, préfecture qui demeure très touchée par les bidonvilles (plus de 24% de sa population totale habite des baraques), les autorités ont mis en place, à titre expérimental, un centre de qualification sociale dédié à l'accompagnement des populations vulnérables, confié à un réseau d'associations locales. Mais ce n'est qu'après l'échec de plusieurs projets auparavant que ce centre a été créé. »

137 Préparé dans l'urgence à la suite du séisme qui a secoué la ville d'Al Hoceima en février 2004, fortement contesté par les parlementaires qui y voyaient un empiètement des gouverneurs et agences urbaines sur les prérogatives des élus locaux, le projet de loi 04/04 portant modification en matière d'urbanisme et d'habitat, est abandonné après trois années tumultueuses mais la réforme fera quand même son chemin. En effet, le ministère de l'habitat a décidé d'intégrer les dispositions de ce texte de loi dans le projet de code de l'urbanisme.

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Plusieurs projets d'aménagement et de construction seront engagés par les opérateurs publics avec une part importante de la consistance devra être des prix accessibles aux ménages cibles ; lesquels produits sont appuyés par des subventions directes (FSH, notamment), par les produits de la péréquation et/ou par les fonds de garantie hypothécaire mis en place.

A noter également que la participation du FSH dans le préfinancement des infrastructures hors-site et principaux in-site des grandes opérations prévues dans le cadre du programme d'aménagement du foncier public.

Paragraphe 2 : Une meilleure accessibilité au logement à travers le programme « Villes nouvelles »:

Le concept de villes nouvelles ne constitue pas une innovation de la politique urbaine contemporaine, il remonte à la fin du 19ème siècle, notamment en Angleterre où Ebenezer Howard proposa pour la première fois la création de « Garden cities ».

C'est pendant la deuxième moitié du 20 ème siècle que le phénomène de la ville nouvelle telle que nous la concevons aujourd'hui va marquer la pensée urbaine.

De nombreuses villes nouvelles ont alors suivi, en se basant à chaque fois sur des objectifs différents, c'est ainsi que des fins politiques ont dicté la réalisation de Brasilia, et en Angleterre, elles ont permis de décongestionner les grandes agglomérations urbaines, ont orienté leurs croissances comme c'était le cas de Stockholm ou encore ont mis en valeur des territoires peu développés en Europe Orientale et en Sibérie. 138

Dans la lignée de Saint-Pétersbourg et Brasilia, Jawarharlal Nehru a créé Chandigarh comme un des actes fondateurs de l'Inde indépendante.

Chandigarh est une capitale, siège du pouvoir, de l'administration et de la justice du Penjab, et une des plus importantes et des plus modernes villes en Inde.

C'est une immense réalisation, une ville de 600 000 habitants, qui plus est presque l'oeuvre d'un seul homme Le Corbusier139, au niveau stylistique et urbanistique.

138 I. BENNANI, « Les villes nouvelles », mémoire de recherche pour l'obtention du grade d'architecte, 2006, p 4

139 Le Corbusier : est un architecte, urbaniste, décorateur, peintre et homme de lettres de nationalité suisse, naturalisé français en 1930.C'est l'un des principaux représentants du mouvement moderne avec, entre autres, Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius, Alvar Aalto, Theo van Doesburg. Le Corbusier a également oeuvré dans l'urbanisme et le design. Il est connu pour être l'inventeur de l'Unité d'habitation, sujet sur lequel il a commencé à travailler dans les années 1920, comme une réflexion théorique sur le logement collectif. "L'unité d'habitation de grandeur conforme" (nom donné par Le Corbusier lui-même) sera seulement construite au moment de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale en cinq exemplaires tous différents, à Marseille, Briey-en-Forêt, Rezé près de Nantes, Firminy et Berlin. Elle prendra valeur de solution aux problèmes de logements de l'après-guerre. Sa pensée envisage dans un même bâtiment tous les équipements collectifs nécessaires à la vie -- garderie, laverie, piscine, école, commerces, bibliothèque, lieux de rencontre. Cependant, les architectes qui s'inspireront de lui pour les cités modernes, vont oublier cette partie de la convivialité, dégradant son généreux projet et ouvrant la voie au pire des urbanismes : « la cité de banlieue ».

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Une capitale moderne, réalisée par un architecte européen, au sein du pays des castes, ayant une tradition architecturale marquée de plus d'un millénaire.

Chandigarh est d'abord une ville pour classes moyennes. Il n'y a pas réellement de place pour les pauvres dans la ville.

L'autre exemple connu de ville nouvelle est Brasilia, la création de Brasilia s'inscrit dans le cadre d'une politique de mise en valeur du territoire intérieur du Brésil. La conquête coloniale avait laissé un pays au peuplement essentiellement littoral;

Brasilia, capitale fédérale et futuriste du Brésil, a déchaîné les critiques lors de son inauguration en 1960. La ville fut planifiée et construite au milieu du désert par les meilleurs urbanistes du monde. Originairement la zone était une forêt tropicale. 140

La décision de transférer la capitale du Brésil s'expliquait d'abord par l'existence d'un réseau urbain excentré et déséquilibré et aussi par la volonté d'affirmer le Brésil en tant que puissance continentale et de renforcer la cohésion nationale.141

En France la politique des villes nouvelles est née au milieu des années 1960, elle a concernée des sites tels que Saint Quentin en Yvelines, Evry, Cergy, Marnes la vallée aussi et d'autres ; la création de ces villes nouvelles a été pensée dans le cadre d'une politique nationale, conduite par l'Etat, avec une vocation d'aménagement du territoire. Le principe qui a conduit à la politique des villes nouvelles reposait sur la notion de « polycentrisme ». Il s'agit d'une volonté de polarisation du développement afin d'y développer une certaine densité urbaine et de créer des bassins de vie. Ceci ne visait pas leur autonomie à l'égard de leur agglomération mère, elles devaient toutefois constituer des bassins de vie autour d'elles, d'où l'importance accordée au facteur emploi.142

Les capitales Scandinaves se sont acquises une solide réputation d'urbanisme de qualité. Celle-ci tient d'une part à la préparation, depuis plusieurs décennies, d'excellents plans d'urbanisme régionaux, (au Danemark et en Suède notamment), d'autre part et surtout à un aspect de l'exécution de ces plans : Les urbanisations nouvelles qu'on a coutume de qualifier « Villes Nouvelles ».

L'expérience des villes nouvelles en Scandinavie se limite à des quartiers nouveaux dans les banlieues des capitales scandinaves et à une réalisation isolée près d'Helsinki, la cité jardin de « Tapiola ».

140 C.CHALINE, « Les Villes nouvelles dans le monde », Coll. Que sais-je ?, éd. PUF, Paris, 1985

141 I. BENNANI, « Les villes nouvelles », mémoire de recherche pour l'obtention du grade d'architecte, 2006, p 9

142 I. BENNANI, « Les villes nouvelles », mémoire de recherche pour l'obtention du grade d'architecte, 2006, p 11

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En général, le vocable de villes satellites leur convient plus que celui de villes nouvelles, vu leur échelle réduite et la distance peu importante les séparant de l'agglomération.143

Cependant si l'ensemble de ces villes peut être qualifié de nouveau, elles ne partagent pas beaucoup de points communs, les différences sont d'ordre urbanistique, social, administratif... Sur le premier plan, on note la différence de la taille de ces villes, la localisation, la conception spatiale et la nature de l'habitat qui y est proposé.

Socialement, la population ciblée change selon la vocation de la ville (classes, profils...) et enfin la mise en oeuvre de ces opérations (maîtrise d'ouvrage, montage technico-financier, acteurs..) diffère d'un cas à l'autre.

Néanmoins, il est d'une extrême importance de souligner que la totalité de ces villes, à des exceptions prés, ont puisé les principes de leurs conceptions d'une politique urbaine régionale, tout en s'inscrivant dans une logique et une vision d'aménagement territoriale plus large. Si les villes nouvelles constituent un acte volontariste, elles peuvent être considérées en partie comme la réponse à l'échec de l'expérience des villes satellites.

En effet, phénomène urbain plutôt subi, la ville satellite est considérée en tant qu'aléas, résultat de dysfonctionnements dans le monde urbain et rural.

La campagne ne constitue plus désormais qu'une force expulsive des ruraux qui s'installent à la lisière de la ville à la recherche d'un emploi en vue d'améliorer les conditions de leur vie. Quant aux citadins, ils y trouvent une réponse à un besoin en logement inexaucé en ville.

Au Maroc, la création des villes nouvelles est une réponse aux besoins des demandes croissantes à satisfaire en logements. Elle s'inscrit dans le cadre des orientations du Schéma National d'Aménagement du Territoire144 et répond à la nécessité de concevoir des villes planifiées et intégrées.

Le SNAT prescrit "une nouvelle image de la ville" ; une nouvelle politique urbaine s'appuyant sur le principe faisant de l'Etat le préparateur du cadre général d'accueil de la ville, et des partenaires les initiateurs de la promotion de l'habitat, du développement des activités économiques et de création d'emplois.

a- Le processus d'élaboration :

La création d'une ville nouvelle implique l'enclenchement d'un processus d'élaboration complexe. En fait, il faudrait mobiliser des terrains, ce qui renvoie à la question de l'opportunité foncière qui constitue un facteur déterminant lors du choix du site d'accueil.

143 I. BENNANI, « Les villes nouvelles », mémoire de recherche pour l'obtention du grade d'architecte, 2006,

144 Le Schéma National d'Aménagement du Territoire est un document d'orientation destiné à présenter une vision cohérente du développement territorial, en situant les options immédiates dans une perspective à long terme.

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Jusqu'à présent, toute la production urbanistique prévisionnelle ou opérationnelle au Maroc, en particulier les grandes opérations d'urbanisme, a été traitée, quelle que soit sa taille et sa complexité, sous la forme d'opérations d'extension urbaine, au gré des opportunités foncières et généralement dans les périphéries de villes.

Cette approche a eu pour conséquence une consommation incontrôlée des terrains périurbains qui devraient normalement constituer des réserves stratégiques notamment pour les grandes agglomérations.

Elle a également entraîné un développement tentaculaire et horizontal produisant des effets négatifs sur le paysage urbain, sur la gestion de l'espace, du transport, de la circulation, du déplacement et sur les services municipaux du fait du débordement des villes de leur site naturel.

Par ailleurs, toutes les nouvelles zones d'urbanisation initiées par l'État au cours des dernières décennies ont eu pour vocation principale l'habitat. Et même lorsqu'exceptionnellement des efforts sont consentis pour y créer des activités économiques elles sont souvent en décalage par rapport au profil socio professionnel des habitants cibles qui sont constitués, à de très rares exceptions près, par des populations à faibles revenus. Ainsi elles deviennent ou deviendront inéluctablement des concentrations de pauvreté, des espaces de ségrégation sociale et fonctionnelle dont les effets induits sont difficiles à corriger à posteriori.

Toute création urbaine nouvelle doit être portée par une vocation forte destinée à promouvoir son développement. Cette vocation ne saurait être exclusivement résidentielle au risque de produire des cités dortoirs qui ne remplissent rien d'autre que la fonction d'habiter.

Elle ne saurait non plus être liée à une fonction exclusive de quelque nature qu'elle soit au risque de produire des espaces de vie et d'activité intermittente ou saisonnière.

Beaucoup de grandes agglomérations dans le monde ont entrepris la correction de cet état de fait au prix d'efforts financiers considérables.

Les nouvelles urbanisations doivent tout d'abord éviter l'image de lieux de ségrégation ou d'exclusion sociale pour promouvoir une citadinité plurielle et une mixité urbaine. Le partage du même cadre résidentiel seul ne crée évidemment pas un sentiment d'appartenance.

Mais, une ville ouverte, tournée vers l'avenir, susceptible d'offrir un champ de liberté où il serait possible d'inventer ou réinventer sa vie et de partager l'espace est à même de permettre le développement et la consolidation de ce sentiment.

À une autre échelle, la décision de création de villes nouvelles est avant tout une décision d'aménagement du territoire.

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Toute politique de nouvelles créations urbaines doit fournir une réponse préalable aux deux questions fondamentales de leur intégration dans le réseau urbain national et de la capacité d'absorption des villes existantes. Ce réseau qui s'organise aujourd'hui en pôles principaux, bipôles et pôles secondaires connaît un équilibre très justement relevé par le Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) comme étant un élément essentiel de développement économique et social. Toute nouvelle création doit donc nécessairement intégrer cet équilibre sans le perturber.

Il est certes urgent de trouver des solutions aux problèmes des grandes agglomérations, mais celles-ci ne résident pas nécessairement dans des créations nouvelles ni dans des extensions urbaines systématiques.

La création de villes nouvelles est un acte stratégique qui doit être basé sur une vision stratégique. C'est une intervention lourde sur le territoire dont les conséquences sont difficilement prévisibles.

Parler de villes nouvelles interpelle une production spatiale de masse, de grandes superficies seront ainsi ouvertes à l'urbanisation (logements, services, activités, infrastructures de base...). Par conséquent, la création des villes nouvelles ne devrait en aucun cas constituer un acte isolé. Elles doivent répondre à des objectifs précis (décongestionnement des agglomérations, développement de certaines zones, intégration d'autres...) et ce, afin de :

-Localiser territorialement ces villes, certaines seront programmées à de courtes distances de l'agglomération mère, tandis que d'autres seront prévues sur des sites non urbanisés ou peu développés.

Cette localisation influencerait grandement d'une part le coût de l'opération et d'autre part les modalités de sa valorisation (constitution d'un noyau indépendant de vie économique, culturelle, sociale...).

Sans pour autant omettre le rôle déterminant que joue l'opportunité foncière pour tout choix du site;

-Arrêter leurs vocations : une ville nouvelle n'aurait d'intérêt que par le rôle qu'elle sera amenée à jouer et plus celle-ci est indépendante plus sa vocation est confirmée ;

-Définir leurs tailles (population à accueillir). Cette taille devrait avoir un seuil maximal et minimal car au-delà du premier la réalisation et la gestion du projet deviennent complexes et difficiles.

Quant au second seuil on pourrait assimiler le projet à une simple grande opération de lotissement.

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Au sujet de l'intégration des villes nouvelles, la réflexion se pose à deux niveaux ; l'un territorial et l'autre environnemental. De ce fait la décision de créer une ville nouvelle ne devrait en aucun cas occulter la vision territoriale, l'intégration au sein de l'armature urbaine est fortement recommandée, les politiques urbaines régionales et d'aménagement territorial doivent être prises en compte en amont de cette décision. De même, selon l'emplacement de la ville nouvelle, son intégration est fortement conditionnée par les réseaux de communication technologiques et de déplacement.

Sur le plan écologique, la durabilité du développement impose aujourd'hui d'intégrer avec minutie la donne environnementale. Car la ville ne doit pas être un facteur de perturbation et de déséquilibre des richesses locales.

De même que les conditions climatiques et morphologiques doivent être prises en considération afin d'éviter les éventuels risques naturels (urbanisation des terrains agricoles, inondations, pollution des nappes phréatiques, séismes...) sachant que le non respect de la durabilité de développement générerait des coûts économique, social et environnemental que l'Etat serait incapable de prendre en charge.

b- La conception urbanistique :

Le travail sur le projet urbain nécessite à la fois un positionnement sur la région, la ville et leurs évolutions.

La création d'une ville nouvelle ne peut se situer en rupture de l'existant et de l'histoire architecturale et urbaine du Maroc, mais nécessite au contraire de s'appuyer sur les potentiels présents et sur la synthèse des composantes passées, pour proposer un projet urbain qui s'intègre durablement dans la région.145

La stratégie d'intervention, doit intégrer des échelles très différentes, elles vont de la connaissance de la région d'étude, jusqu'au tracé fondamental de la ville et de ses équipements. La compréhension de l'histoire et la constitution paysagère d'un site est primordiale, ce sont ces éléments qui vont permettre la création d'une forme urbaine ancrée dans un espace particulier.146

Etant programmées sur des sites vierges, la créativité en matière de conception n'aurait de contraintes que celles liées à la réalité du terrain.

De ce fait, les villes nouvelles devraient constituer une occasion pour rehausser la qualité du paysage urbain marocain et proposer un style architectural et urbanistique de haut niveau (densité, hauteurs, percées visuelles, centres, répartition des équipements).

145 Conseil national de l'habitat et de l'urbanisme, « Etude pour la création d'une ville nouvelle : rapport d'établissement », Avril 2005, p5

146 Conseil national de l'habitat et de l'urbanisme, « Etude pour la création d'une ville nouvelle : rapport d'établissement », Avril 2005, p5

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Les formes urbaines devraient favoriser une enveloppe et une ambiance urbaine agréables, la richesse de ces formes permettrait de dégager un langage urbanistique et architectural de qualité. Cependant, cette conception devrait veiller à l'instauration d'une réelle mixité urbaine, laquelle pourrait être traduite par une mixité fonctionnelle et une mixité sociale. Chose qui contribuerait à la diversification de la base économique de la ville et de sa structure sociale.

La logique des villes nouvelles s'oppose diamétralement avec celles des grands ensembles qui ne sont qu'un acte réactionnaire face à une urgence et où le quantitatif occulte l'aspect social finissant par créer des foyers de l'exclusion et de la marginalisation urbaine et sociale.

Le concept de villes nouvelles doit s'inscrire dans une démarche globale d'aménagement et de développement durable du territoire. La ville nouvelle sera l'outil privilégié pouvant contribuer non seulement à atteindre certains objectifs sectoriels comme la production de logements ou l'atténuation de la crise sévissant sur le marché de l'immobilier mais aussi pour participer à des objectifs nationaux de meilleure répartition des habitants et des activités sur le territoire.147

L'objectif prioritaire de la politique de la création de la ville nouvelle est de restructurer et de renforcer l'armature urbaine et régionale. Il vise un équilibre régional et micro régional en matière de décongestion et de dynamisation, qui permettra de réduire la pression sur les grandes villes. Le concept de ville nouvelle doit se traduire par un urbanisme spécifique qui garantit la qualité et la durabilité du cadre de vie. Il permettra des réformes profondes et réelles de notre système urbain en terme de révision de l'arsenal juridique existant, des outils d'urbanisme, d'approche et de conception respectant les critères et les composantes architecturales et urbaines adaptées aux spécificités et à l'identité du pays au niveau national, régional et local.148

Pour mieux comprendre le concept de « ville nouvelle », le rôle et l'apport de cette dernière dans la politique de l'habitat, nous allons étudier le cas de la « ville nouvelle de Tamesna », en apportant des éclairages sur les aspects positifs et négatifs de cette ville.

c- Le cas de la « ville nouvelle » de Tamesna :

L'urbanisation accélérée de l'aire métropolitaine de Rabat a suivi un développement linéaire le long du littoral, de Kenitra à Skhirat-Témara. S'ajoute la menace d'un déséquilibre urbain qui se manifeste déjà par la prolifération de noyaux d'habitat insalubre qui s'étendent jusqu'à devenir de véritables centres urbains ;

147 Actuel Hebdo Maroc, dossier « Villes nouvelles ou futurs cités dortoirs ? », n°26, 12-18 décembre 2009, p1520

148 Conseil national de l'habitat et de l'urbanisme, « Etude pour la création d'une ville nouvelle : rapport d'établissement », Avril 2005, p7

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Sans parler des bidonvilles qui s'installent au coeur des villes de Rabat, Salé et Témara, et où s'entassent des populations pauvres issues de l'immigration rurale, mais aussi une population urbaine en recherche d'un emploi et d'un bien-être social.

L'axe Rabat-Témara constitue un pôle d'immigration dynamique depuis plusieurs décennies, s'expliquant par son pouvoir attractif sur des populations, rurales et urbaines, à la recherche d'un emploi et d'un bien-être social.

La ville nouvelle de "Tamesna" se veut une réponse à la demande urbaine au niveau de ces villes en favorisant l'équilibre du marché immobilier réglementaire et en traitant l'habitat insalubre qui se développe à un rythme accéléré au niveau de cette région.149

L'objectif est également de gérer le flux urbain, créer des espaces d'habitat pilote conformes aux critères architecturaux et urbanistiques bénéficiant d'un réseau intégré de services publics, outre la construction de centres commerciaux et industriels qui vont donner un nouveau souffle à l'activité économique de la capitale.

L'idée principale étant l'intégration sociale par le logement, en premier lieu prenant en considération les contraintes immédiates de la région, les bidonvilles qui y prolifèrent, et par la suite, le mixage de différentes couches sociales.

La volonté politique du gouvernement dont le ministère de l'habitat est l'outil est l'éradication pure et simple des bidonvilles, en offrant à la population cible des logements décents dans un cadre structuré avec les équipements nécessaires.

Cette stratégie que je qualifierais de relogement « physique » ne prend pas en considération, ou pas suffisamment l'intégration sociale par ce même logement, ainsi des populations entières de bidonvillois vont être déménagées vers ces villes nouvelles sans que soit pris en considération les habitudes, les besoins, la proximité des emplois.

Tamesna150 en l'occurrence est érigée géographiquement sur un terrain non pas parce qu'il présente les meilleures garanties de proximité mais surtout pour son statut foncier, en l'occurrence domaniale et donc facile à acquérir.151

Cette constatation est valable pour la majorité des villes nouvelles, le cas de Tamansourt152 est édifiant.

149 I. BENNANI, « Les villes nouvelles », mémoire de recherche pour l'obtention du grade d'architecte, 2006, p 24-27

150 Le projet urbain "Tamesna" consacrera 70 ha à la réalisation de grands services structurés, de 120 autres services moyens et de 50.000 habitats. 78 ha seront dédiés aux activités économiques génératrices d'emploi et 120 ha aux espaces verts qui viennent s'ajouter à la forêt de chêne-liège avoisinante.

151 Le terrain était celui d'une ancienne ferme de la SODEA (société de développement agricole)

152 Tamansourt : terrain éloigné de la ville de Marrakech, sans gare routière ni gare de chemin de fer, les transports urbains sont inexistants, et un problème d'eau et d'assainissement non réglé. Le seul atout le passage récent de l'autoroute casa à Agadir à proximité.

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La ville de « Tamesna » malgré ses atouts d'espaces structurés de constructions réglementaires, d'équipements nombreux, pèche par son enclavement153, le peu de desserte qui la relie à la ville de Rabat, la non existence d'une gare de chemin de fer, le peu d'opportunités d'emploi de la région et le manque d'une vision stratégique des transports en commun supposé la relier aux différents noyaux urbains environnants.

Les experts définissent la conception de la ville à tort ou à raison, comme un gros lotissement. Les constructions sont pensées en îlots et non pas suivant une trame en réseau, ainsi les couches défavorisées censées s'intégrer socialement restent marginalisés et leur espace de vie n'est qu'une zone de transition pour les autres classes sociales.

Sur le plan institutionnel et juridique deux éléments essentiels ne sont pas présents :

Le premier est relatif à l'organisme en charge de la gestion urbaine qui sera en même temps un dispositif de management, de veille et de suivi qui veillera à la réalisation des équipements, la gestion des déchets et surtout qui doit suivre le développement et la progression de la ville, procéder au fur et à mesure aux correctifs et aux ajustements nécessaires, tant sur le plan urbanistique que sur le plan économique, social et culturel et tirer des leçons pouvant servir pour les prochaines villes nouvelles qui seront lancée incessamment notamment Melloussa à Tanger, Lakhyayta à Casablanca et Tagadirt à Agadir.

L'autre élément est lié à l'instauration d'une loi relative à la création de villes nouvelles et non pas les traiter en tant qu'opération de lotissement comme c'est le cas actuellement.154

D'après le ministre de l'habitat, « la décision de faire une ville nouvelle s'appuie sur un ensemble d'études [...], ainsi pour Tamesna plus de 30 études se font aujourd'hui sur tous les aspects de la réalisation. Il ne s'agit pas d'une décision du ministre de l'habitat, ou des Walis ou gouverneurs concernés mais d'une décision collégiale [...].

Chaque lancement de villes nouvelles fait l'objet de signatures de conventions [...]. Mais pour réussir cette expérience, il est important de réglementer tout cela ».155

Cela dit, la politique des villes nouvelles et le besoin récurrent en logements sociaux pour combler les déficits de l'ensemble du territoire marocain est une réponse courageuse et volontariste appropriée malgré tous les dysfonctionnements.

Le nombre d'unités de logements nécessaires pour combler ce déficit est estimé à 200 000 logements par an et sur les dix ans à venir, sachant qu'à l'heure actuelle entre les acteurs privés et les acteurs publics (MHUAE et Al Omrane), le nombre de logements réalisés n'arrivent pas à dépasser les 140 000 logements par an.

153 Enclavement : terrain enfermé dans un autre

154 Actuel Hebdo Maroc, dossier « Villes nouvelles ou futurs cité dortoirs ? », n°26,12-18décembre 2009, p 16

155 Actuel Hebdo Maroc, dossier « Villes nouvelles ou futurs cités dortoirs ? » Interview Du Ministre de l'habitat Taoufik Hejira, n° 26, 12-18 décembre 2009, p19

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Créer une ville nouvelle est une équation à plusieurs inconnues qui n'a été résolue nulle part dans le monde et nous sommes, au Maroc, à nos premières expériences pilotes.

Je pense donc que la ville de Tamesna est un pas important vers l'intégration sociale par le logement, ce pas est perfectible parce qu'il évoluera en fonction des réactions et des usages des habitants et il est certain que Tamesna 2015, sera bien différente de celle de 2009.

L'intégration n'est pas un sens unique, l'usager en est aussi responsable que le prestataire.

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Conclusion 2ème partie :

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

Le logement comme nous l'avons pu le voir constitue un enjeu économique et social important pour les ménages.

C'est un produit spécifique différent des autres biens mis sur le marché par l'importance des investissements, la sensibilité du secteur à la conjoncture économique qui en détermine le rythme de production et les conditions d'accès pour le plus grand nombre.

Le Maroc étant engagé depuis plusieurs décennies dans une croissance urbaine accélérée alimentée par un exode rural durable, la question du logement est prioritairement une question urbaine, car le logement en milieu rural est lié à l'unité d'exploitation agricole et se pose davantage en termes d'accès aux infrastructures et aux services de base (eau, électricité, pistes, routes, enseignement et santé) qu'en termes de construction de logements.

En milieu urbain, le logement social occupe une place importante dans la réflexion et dans l'action.

C'est une composante difficile à dissocier de l'ensemble de la production du logement et qui reste articulée aux autres segments dont chacun présente des caractéristiques propres mais l'ensemble est régi globalement par les règles du marché qui déterminent les conditions de production et d'accès et ces règles opèrent à l'échelle de chaque agglomération. Ainsi, une offre insuffisante dans un segment se répercute nécessairement sur les autres et les plus bas revenus sont les moins bien servis.

L'évaluation de l'expérience marocaine au cours des dernières décennies permet de voir que le Maroc a accumulé une grande expérience en matière d'intervention dans le logement en milieu urbain, aussi bien dans la production de logements que de l'aménagement foncier dont une partie est destinée à la résorption des bidonvilles.

Dans ce dernier volet en particulier, diverses réponses ont été apportées au cours des dernières années tels que nous l'avons vu précédemment à travers le programme « villes sans bidonvilles » et la politique des « Villes nouvelles ».

Toutes ces réponses sont bien sur à nuancer car elles sont des tentatives des pouvoirs publics pour contrer la crise du logement mais il y a encore de nombreux ajustements à faire dans ce domaine.

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Conclusion générale :

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

A la lumière de tous ce que nous avons établit, et en nous basant sur les différentes expériences en cours, nous n'avons aucun doute sur le fait que l'intégration sociale par le logement est sûrement le moyen, quoique, incomplet, le plus à même de répondre aux aspirations des couches défavorisées.

Le handicap majeur de la stratégie gouvernementale est la pression constante de ce flux migratoire incessant avec son contingent de problèmes sociaux (délinquance, chômage ...), qui ne lui laisse pas le temps d'établir une vision à long terme.

La ou nous voudrions tirer la sonnette d'alarme c'est que si intégration sociale par le logement il y a, elle ne peut être réussie que par des interventions et en amont et en aval, et ces interventions ne doivent pas être seulement le fait du ministère de l'habitat ou du ministère de l'intérieur, elles doivent concerner l'ensemble des organismes étatiques.

Premièrement, ce n'est pas en offrant un logement à chaque famille que nous allons réussir son intégration sociale, mais c'est en ayant les accompagnements nécessaires pour tout ce qui constitue la trame urbaine à savoir les loisirs, les espaces verts, les opportunités d'emploi, la santé, l'éducation etc...

Quand nous disons en amont, nous pensons d'un côté à l'éducation mais d'un autre côté à la sédentarisation par le logement qui devient le facteur principal de l'intégration.

L'Etat doit veiller à intervenir pour endiguer non pas d'une façon coercitive l'émigration campagnes-villes, mais en investissant massivement dans les régions les plus défavorisées, pour d'un côté, après avoir offert le logement, apporter le bien être nécessaire, et nous dirions même de droit, à ces populations.

Les villes nouvelles avec toutes les volontés et les engagements possibles vont absorber la population recensée actuellement mais ne répondront pas à l'assaut futur des émigrants.

« Nous avons souvent, dans notre étude, rencontré des architectes et des urbanistes qui pensent que la politique de relogement est en elle-même un facteur qui crée le bidonville ».156

Nous nous trouvons donc à la croisée des chemins, en ne faisant rien le bidonville continue sa prolifération, en essayant d'y remédier nous stimulons la demande.

156 Entretien avec le Directeur de l'Ecole Nationale d'Architecture El Montacir Bensaid : « Les différentes expériences dans le domaine du recasement depuis 1975 ont prouvé que le recasement par une offre en lot de terrains, en logements semi-fini ou finis à suscité de nouvelles vocations. On a vu les bidonvilles grandir à vue d'oeil à chaque rumeur de recasement, donc le recasement selon lui, contribue grandement à créer de nouveaux bidonvilles ».

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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Notre propos restera nuancé, car nous pensons que le premier jalon de l'intégration sociale se fait à travers le logement, mais qu'un statut juridique doit être élaboré pour réglementer l'habitat social, qu'il doit bénéficier d'un « Etat d'exception » avec ses lois, ses financements, ses crédits, ses exonérations fiscales, l'accompagnement social et éducatif...

Cet outil juridique, bien réfléchi, performant et opérationnel, avec une application rapide pourrait apporter des solutions immédiates à cette intégration, et même contribuer à ralentir l'exode rural.

Le foncier doit être revu, et dans les cas exceptionnels, comme cela se fait dans les pays occidentaux, l'utilisation de l'expropriation dans le cas d'utilité publique doit se faire d'une façon plus élargie pour que les terrains domaniaux inadéquats ne servent pas systématiquement de support des projets de recasement.

L'intégration sociale par le logement doit, à notre avis, faire partie en permanence d'une vision anticipatrice, nous améliorons les conditions de vie, mais nous intervenons dans les problèmes à la source.

L'intervention via la création de villes nouvelles dans le cas d'espèce, ne devrait se faire que devant le fait accompli, et c'est ce que l'Etat réalise actuellement.

Il faut impérativement mettre en place une stratégie globale, nationale prenant en considération les besoins des populations, les flux migratoires, les capacités financières des ménages, et les aspirations de ces mêmes ménages.

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Annexe :

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

DECRET N°2-64-445 DU 21 CHAABANE 1384 (26 DECEMBRE 1964) DEFINISSANT LES ZONES D'HABITAT ECONOMIQUE ET APPROUVANT LE REGLEMENT GENERAL DE CONSTRUCTION APPLIABLE A CES ZONES

(B.O. n° 2739 du 28-4-1965, page 489)

LE PREMIER MINISTRE,

Vu le dahir du 7 kaada 1371 (30 Juillet 1952) relatif à l'urbanisme et, notamment, son

article 18 ;

Sur la proposition du ministre des Travaux Publics après avis des ministres de l'Intérieur et de

la Santé Publique.

DECRETE :

ART. 1- Les zones d'habitat économique sont les zones définies sous cette appellation par les

textes approuvant les plans et règlements d'aménagement ou les plans de zonage ou portant

création de ces zones lorsque celles- ci n'ont pas été prévues par lesdits plans ou règlements.

ART. 2.- Est approuvé, tel qu'il est annexé au présent décret, le règlement général de

construction d'habitat économique.

Ce règlement est applicable aux zones définies à l'article premier.

ART. 3.- le ministre des travaux publics et des communications et le ministre de l'intérieur sont

chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'application du présent décret qui sera publié au

Bulletin officiel.

Fait à Rabat, le 21 Chaabane 1384 (26 Décembre 1964)

Ahmed BAHNINI

Pour contreseing :

Le Ministre des travaux publics Mohamed BENHIMA

Le Ministre de l'Intérieur, et des communications, Mohamed OUFKIR

REGLEMENT GENERAL

DE CONSTRUCTION D'HABITAT ECONOMIQUE

ART.1 - Champ d'application.- La présente réglementation s'applique exclusivement aux zones d'habitat économique dans le cadre des plans et règlements d'aménagement ou de zonage.

ART. 2. - (modifié - décret Royal n° 186-66 du 22 Rebia I 1386 (11 Juillet 1966) - Définition - Cette réglementation a pour but de permettre à une population urbaine peu fortunée d'accéder au logement. Elle définit les conditions de construction d'une unité logement qui doit comporter, outre les pièces d'habitation, une cuisine, une salle d'eau et un W-C. équipés chacun d'un point d'eau.

TITRE PREMIER

REGLEMENTATION GENERALE INTERESSANT

TOUS LES TYPES DE CONSTRUCTIONS

Chapitre premier

Dispositions intérieures des constructions

ART. 3 - Hauteur sous plafond.- La hauteur minimum des pièces d'habitation entre plancher et plafond sera fixée à 2,60m pour les zones littorales sur une profondeur de 25 km de la côte. S'agissant d'un plafond incliné, cette hauteur sous plafond constituera une moyenne, la hauteur au point le plus bas sera au minimum de 2,25m. Hors des zones littorales, la hauteur minimum sera de 2,80m et la hauteur minimum la plus faible pour les plafonds inclinés sera au minimum de 2,45m. Dans les deux cas, les pièces de service pourront posséder une hauteur minimum de 2,25m. Les rez-de-chaussée commerciaux auront une hauteur minimum de 3 mètres entre plancher et plafond.

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ART. 4 - Dimensions.- La plus petite dimension d'une pièce d'habitation ne pourra être inférieure à 2,35m. Si cette dernière constitue une largeur moyenne, la plus petite largeur ne descendra pas au-dessous de 2,20m. Si la pièce est éclairée uniquement par son petit côté, sa longueur sera égale au plus à deux fois la hauteur sous linteau de la fenêtre la plus haute. ART. 5 - Superficie des pièces-. La pièce principale d'un logement de type économique aura une superficie minimum de 12 mètres carrés, les autres pièces d'habitation auront une superficie minimum de 9 mètres carrés.

La cuisine aura une superficie minimum de 5 mètres carrés ou de 4 mètres carrés à condition d'être liée à une cour ou à une loggia d'une superficie minimum de 2 mètres carrés. Aucune dimension de la cuisine ne sera inférieure à 1,70m.

La salle d'eau aura une superficie minimum de 1,30m2 et la superficie des W.C ne devra pas descendre en-dessous de 0,85m2

ART. 6 - Largeur des escaliers et dégagements.- La largeur minimum des escaliers sera de 0,80m pour desservir un logement en étage ;

1,00m pour desservir deux à quatre logements en étage ;

1,10m pour desservir cinq à dix logements en étage ;

1,20m pour desservir plus de dix logements en étage et ne saurait en aucun cas être inférieure à 0,80m, cas d'un logement unique sur plusieurs niveaux.

ART. 7.- Eclairement.- Ne pourra être considéré comme fenêtre une baie dont une dimension serait inférieure à 0,35m. Les dimensions d'une fenêtre seront calculées entre maçonnerie. Chaque pièce d'habitation ou cuisine sera éclairée par une ou plusieurs fenêtres dont l'ensemble devra présenter une surface au moins égale au 1/10 de la superficie de la pièce sans être inférieure à 1m2. Toute pièce (hall ou débarras) éclairée en second jour sera rigoureusement interdite si sa superficie dépasse 6 mètres carrés.

ART. 8.- Position des ouvertures.- Si la pièce est éclairée uniquement par son grand côté, la distance entre le montant de la baie et l'angle, adjacent ne pourra être supérieure à la dimension du petit côté.

ART. 9.- Ventilation des W.C. et salles d'eau.- Cette ventilation pourra être réalisée :

1°)- par une baie s'ouvrant directement sur l'extérieur si cette baie a les dimensions exigées pour les fenêtres ;

2°)- par une trémie horizontale individuelle située dans la partie haute de la pièce et dont la section aura une superficie minimum de 0,25m2. Sa longueur ne dépassera pas 2 mètres et chaque extrémité sera fermée par une grille ;

3°)- par gaine verticale commune dont la dimension minimum sera de 0,60 mètre et sa section aura une surface minimum de 0,50m2. A la partie inférieure une prise d'air d'une surface minimum de 0,25 m2 assurera le contact avec l'air extérieur. Cette gaine ouverte à sa partie supérieure sera visitable, recevra des échelons et pourra jouer le rôle de gaine technique ; 4°)- par conduits verticaux individuels à parois lisses ayant une surface minimum de 3 dm2. Le départ de ces conduits se situera dans la partie haute de la pièce et leur souche sera dotée d'aérateurs. La prise d'air basse pourra être prévue sur l'air ambiant des dégagements du logement ;

5°)- les W.C. ne pourront pas être ouverts directement sur une pièce habitable ou sur une cuisine.

ART.10.- Ventilation de la cuisine.- Un conduit de fumée ou d'aération sera prévu dans chaque cuisine et devra présenter une section minima de 2 dm2.

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Chapitre II

Dispositions extérieures des constructions

ART.11.- Passage couvert et portique.- La hauteur minimum des passages publics couverts sera de 2,60m. Leur largeur ne sera pas inférieure au 1/4 de leur longueur sans toutefois descendre en dessous de 2 mètres. En ce qui concerne les portiques, la hauteur et la largeur seront déterminées par un plan d'ordonnance architecturale.

ART.12 - Saillies et encorbellements.- Les encorbellements sont autorisés sur des voies carrossables, dont la largeur est égale ou supérieure à 12 mètres, selon une saillie maximum de 0,50m dont la hauteur au sol ne sera pas inférieure à 2,60m. Latéralement les lots en bande continue pourront recevoir des encorbellements jusqu'aux limites mitoyennes. Un lot ne pourra recevoir qu'un encorbellement sur une seule face sans possibilité de retour. La surface de l'encorbellement ne pourra pas dépasser 1/3 de la surface de la façade.

ART.13.- Hauteur des murs d'acrotère.- La hauteur des murs d'acrotère, mesurée au niveau moyen de la terrasse sera limitée à une hauteur maximum de 1,80m.

ART.14.- Hauteur des murs séparatifs sur terrasse.- La hauteur maximum par rapport au niveau moyen de la terrasse sera de 2 mètres. Le raccordement avec le mur de façade sera réalisé selon un angle de 30° avec l'horizontale.

ART.15.- Hauteur des murs séparatifs sur rue ou mitoyens à rez-de-chaussée. - La hauteur maximum de ces murs par rapport au niveau le plus haut du sol pris à l'alignement extérieur sera de 2,80m.

ART.16.- Dalle de protection des escaliers.- une dalle de protection de l'escalier d'accès à la terrasse pourra être aménagée, sa hauteur maximum sous dalle sera de 2 mètres, sa plus grande largeur ne dépassera pas 3 mètres et sa superficie maximum sera de 6 mètres carrés.

Aucun local d'habitation ne sera toléré sur la terrasse.

Chapitre III.

Les lotissements et les groupes d'habitations

ART.17.- Plans d'implantation ou plans de masse.- Tous les projets de lotissements économiques devront comporter, outre les pièces dont la liste est donnée par l'astique-le 6 du dahir du 30 septembre 1953 relatif aux lotissements et morcellements(1), un plan de masse indiquant notamment les hauteurs constructibles projetées. Les plans de lotissement et de groupe d'habitations feront l'objet de plan de masse et de cahier des charges dont les dossiers complets seront soumis à l'avis du représentant du service de l'urbanisme avant approbation par l'autorité locale.

ART.18.- Rapports entre volumes bâtis.- Le présent règlement fixe pour chaque type d'habitat les rapports entre volumes bâtis.

TITRE II

REGLEMENT INTERESSANT LES IMMEUBLES

A UN OU DEUX NIVEAUX EDIFIES SUR LOTS PARTIELLEMENT
CONSTRUCTIBLES
.

ART.19.- Définition.- Les lots partiellement constructibles- sont exclusivement réservés à la construction de logements comportant un patio

Chapitre premier

Dispositions intéressant les immeubles à un niveau

ART. 20.- Champ d'application.- Ces dispositions ne sont applicables que dans les secteurs dans lesquels la hauteur est limitée à un niveau par un plan d'aménagement ou tout règlement homologué.

ART. 21.- Hauteurs des constructions.- La hauteur maximum des constructions toutes superstructures comprises sera de 3,50m mesurée au milieu de la façade du lot considéré. Les terrasses ne seront pas accessibles

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92

ART. 22.- Superficie minimum des lots.- La superficie minimum des lots sera de 60 mètres carrés.

ART. 23.- Dimensions du patio.- la superficie minimum du patio mesurée en dehors de toute saillie sera de 16 mètres carrés, la vue directe minimum sera de 4 mètres.

ART. 24.- Voies de lotissement.- Les voies de lotissements carrossables auront une largeur minimum de 8 mètres.

Des voies de desserte non carrossables pourront être aménagées selon une largeur minimum de 3 mètres et une longueur maximum de 40 mètres.

La jonction entre deux voies de desserte non carrossables ne pourra s'effectuer selon un tracé continu rectiligne de plus de 40 mètres. Un décalage au moins égal à la largeur de la voie devra être respecté et s'amortira sur une placette.

Chapitre II.

Dispositions intéressant les immeubles à deux niveaux

ART. 25.- Hauteur des constructions.- La hauteur maximum des constructions sera de 8 mètres mesurée au milieu de la façade du lot considéré.

ART. 26.- Superficie minimum de lots.- la superficie minimum des lots partiellement constructibles à deux niveaux sera fixée en fonction de l'implantation des patios.

1°)- Avec patio jointif au domaine public :

a)- logement construit sur une face du patio : 60 mètres carrés

b)- logement construit sur deux faces du patio : 65 mètres carrés

c)- logement construit sur trois faces du patio : 90 mètres carrés 2°)- Avec patio non jointif au domaine public

a)- logement construit sur trois faces du patio : 100 mètres carrés

b)- logement construit sur quatre faces du patio : 150 mètres carrés

ART. 27.- Dimensions de patios.- La superficie minimum des patios jointifs au domaine public

mesurée hors saillies sera de 20 mètres carrés, la vue directe minimum sera de 4 mètres en

profondeur et de 5m sur l'alignement. Pour un patio non jointif au domaine public, la superficie

minimum mesurée hors saillie sera de 36 mètres carrés avec une vue directe minimum de 6

mètres.

ART. 28.- Voies de lotissements.- Les voies de lotissements carrossables auront une largeur

minimum de 8 mètres.

Les voies de desserte non carrossables pourront être aménagées selon une largeur minimum de

5 mètres et une longueur maximum de 50 mètres.

La jonction entre deux voies de desserte non carrossable ne pourra s'effectuer selon un tracé

continu rectiligne de plus de 50 mètres de longueur. Un décalage devra être respecté et

s'amortira sur une placette d'une largeur minimum de 10 mètres.

TITRE III

REGLEMENTATION INTERESSANT LES

IMMEUBLES INDIVIDUELS EN BANDES A DEUX

NIVEAUX SUR TERRAINS ENTIEREMENT CONSTRUCTIBLES

ART. 29.- Définition.- Le lot entièrement constructible ne comporte aucun espace libre interne

et dispose au moins de deux façades sur le domaine public.

Chapitre premier

Dispositions intérieures et accès

ART. 30.- Unité logement.- Chaque lot ne pourra recevoir qu'une unité logement par plancher.

En aucun cas le logement ne pourra être divisé par un mur aveugle en profondeur ou en largeur.

Il devra avoir une double orientation.

Chapitre II

Dispositions extérieures

ART. 31.- Profondeur maximum des constructions.- La profondeur maximum hors tout

encorbellement compris sera de 12 mètres.

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93

ART. 32.- Hauteur des constructions.- Elle est mesurée au-dessus du sol, sur l'axe de la façade,

son maximum avec terrasse accessible est fixé à 8 mètres.

ART. 33.- Terrasse.- La terrasse peut être séparée en deux parties accessibles aux deux

logements. Tout local destiné à l'habitation est interdit.

La dalle de protection de l'escalier peut être édifiée selon les conditions prévues à l'article 16,

titre I, chapitre II.

Chapitre III

Les lotissements et les groupes d'habitations

ART. 34.- Superficie minimum des lots.- La superficie minimum des lots constructibles en

totalité est de 45 mètres carrés avec un accès latéral et lots décalés, et de 50 mètres carrés pour

les lots en bandes continues

ART. 35.- Largeur minimum des lots.- les lots posséderont une largeur minimum de 4,50m

s'ils sont jumelés avec retraits, avec accès latéral et de 5m s'ils sont implantés en bandes. En

angle la largeur maximum ne dépassera pas 6m.

Chapitre IV

Rapports entre volumes bâtis

ART. 36.- Espacement entre façades ou prospects.- L'espacement minimum entre deux façades

parallèles d'une longueur de 30 mètres et au-dessus sera de 12 mètres.

Sur une seule face de chaque bande, pour une longueur inférieure à 30 mètres, la distance entre

façades sera réduite de 0,20m par mètre linéaire sans être inférieure à 8 mètres.

ART.37.- Façades en retrait.- Les bandes pourront comporter des retraits.

TITRE IV

REGLEMENTATION INTERESSANT LES IMMEUBLES

DE PLUS DE DEUX NIVEAUX EDIFIES DANS

LE CADRE D'UN LOTISSEMENT

ART.38.- Définition.- Dans le cadre de lotissements constitués en majorité de lots partiellement

et entièrement constructibles, prévus aux titres II et III, des immeubles pourront être édifiés sur

plus de deux niveaux, leur distance aux immeubles voisins sera établie en fonction de leur

largeur et leur hauteur.

Chapitre premier

Dispositions extérieures

ART.39.- Dimensions des constructions.- La profondeur maximum hors tout encorbellement

compris sera de 12 mètres. La largeur minimum de base sera de 6 mètres pour trois niveaux

avec augmentation de 1,50m par niveau supplémentaire.

ART.40.- Hauteur des constructions.- Au dessus de cinq niveaux, l'ascenseur sera obligatoire.

ART.41.- Terrasse.- La terrasse pourra être accessible mais l'acrotère ne dépassera pas 1,20m.

Tout local destiné à l'habitation est interdit et la dalle de protection de l'escalier peut être

édifiée selon les conditions prévues à l'article 16, titre I, chapitre II.

Chapitre II

Rapports entre volumes bâtis

ART.42.- Distance entre façades parallèles.- La distance entre deux façades parallèles sera d'une fois et demie la hauteur de l'immeuble le plus élevé.

Pour une longueur de vis-à-vis égale ou inférieure à 25 mètres, la distance entre les deux façades parallèles sera égale à la hauteur de l'immeuble le plus élevé sans être inférieure à 12 mètres.

ART.43.- Distance entre deux immeubles perpendiculaires.- La distance entre deux immeubles perpendiculaires sera égale à la hauteur du plus petit immeuble ; toutefois, si l'immeuble le plus bas se présente en pignon, cette distance ne sera pas inférieure à 12 mètres.

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TITRE V

REGLEMENT INTERESSANT LES IMMEUBLES

COLLECTIFS EDIFIES DANS LE CADRE D'UN

GROUPE D'HABITATIONS.

ART.44.- Définition.- Dans les secteurs d'habitat économique, des immeubles collectifs composés de cellules d'habitation desservies par des accès communs peuvent être édifiés dans le cadre des dispositions prévues par l'article 3 du dahir du 30 septembre 1953 157 sur les lotissements et morcellements définissant les groupes d'habitations.

Leur implantation est déterminée en fonction de leur hauteur selon un plan de masse composé, adapté à la topographie respectant une orientation préférentielle, certaines données climatiques et tenant compte éventuellement des réalisations voisines. Leurs abords, aménagés et plantés, doivent constituer des espaces susceptibles de recevoir un équipement social et répondre aux besoins de la population.

Au-dessus de cinq niveaux, l'ascenseur sera obligatoire.

Chapitre premier

Conditions de réalisation

ART.45.- Exécution.- L'aménagement des abords sera obligatoirement réalisé dès l'achèvement du chantier de construction selon le plan de masse et le programme déposés au dossier.

En aucun cas, un immeuble collectif ne pourra faire l'objet d'une exécution partielle.

Cependant un groupe d'habitations pourra être réalisé par tranches homogènes ainsi que ses abords.

Chapitre II

Dispositions extérieures

ART.46.- Les superstructures.- Les terrasses pourront recevoir des locaux annexes non habitables. Une zone de retrait de 2 mètres, calculée au nu des murs de façades sera respectée et la hauteur totale des locaux ne dépassera pas 2,20m. La hauteur minimum des murs d'acrotère sera fixée à 1,20m.

ART.47.- Bâtiments annexes au sol - Exceptionnellement un bâtiment non affecté à l'habitation permanente et associé à l'architecture des autres bâtiments, pourra être réalisé à condition de ne pas dépasser une superficie complémentaire de 10% de la superficie cumulée de plancher. L'affectation de ces locaux sera précisée au plan de masse et leur hauteur maximum ne dépassera pas la hauteur du rez-de-chaussée. Les postes de transformation seront aménagés dans le cadre du volume bâti

Chapitre III

Rapports entre volumes bâtis

ART.48.- Distance de base entre deux immeubles parallèles - La distance entre deux immeubles parallèles est fixée par le rapport hauteur - distance précisé au tableau suivant : Azimut Rapport

Des façades (Nord 0°) distance-hauteur

(Orientation N.S) 90°

270° 1,50

100°

260

1,60

110°

250°

1,65

120°

240°

1,70

130°

230°

1,75

140°

220°

1,80

157 En application de l'article 73 de la loi n°25-90 les références à cette loi se substituent de plein droit aux références au dahir du 2 Moharrem 1373 ( 30 Septembre 1953) relatif aux lotissements et morcellements contenues dans les textes législatifs et réglementaires

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Siham BENSAID

 
 

Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

150°

210°

1,85

160°

200°

1,90.

170°

190°

1,95

(Orientation E.W) 0° 180° 2,00

De 140° à 220° c'est le plus haut immeuble qui impose son prospect.

Dans les autres cas c'est l'immeuble formant écran au soleil qui impose son prospect.

Pour une longueur de vis-à-vis inférieur à 60m, la distance entre façades sera réduite de 1/100°

de sa valeur de base pour chaque mètre au-dessous de 60 sans être inférieure à la hauteur de

l'immeuble le plus haut.

ART. 49.- Distance minimum entre deux immeubles non parallèles.- La distance entre deux

immeubles non parallèles sera calculée en fonction des points les plus rapprochés.

Au-dessus de 30°, la distance entre l'arête et la face opposée pourra égaler la hauteur de

l'immeuble le plus haut sans être inférieure à 12 mètres.

ART.50.- Distance minimum entre deux immeubles perpendiculaires.- La distance comprise

entre deux façades de nature différente se faisant vis-à-vis (une façade principale et une façade

latérale) égalera au moins la hauteur de la façade la plus basse sans être inférieure à 12 mètres.

ART. 51.- Distance libre séparant un immeuble d'un groupement de villas. - La distance entre

un immeuble collectif et un groupe de villas est fixée à deux fois et demie la hauteur de

l'immeuble, s'il s'agit de la face principale quelle que soit l'orientation et à une fois et demie

s'il s'agit de la face latérale.

ART.52.- De l'implantation des immeubles et des limites séparatives des propriétés.-

Lorsque des immeubles sont implantés à proximité de la limite séparative de deux propriétés,

l'implantation devra être prévue de façon à ce que cette limite de propriété coïncide avec la

demie-distance déterminée par l'application du rapport distance-hauteur.

S'agissant d'un terrain destiné à l'équipement social administratif ou scolaire, la même règle

pourra être observée à moins que chaque administration ne fasse connaître l'utilisation de sa

propriété.

TITRE VI

DISPOSITIONS PARTICULIERES

ART. 53.- Définition.- Certaines réalisations d'habitat exclusivement locatif effectuées par

l'Etat ou les collectivités publiques auront pour but précis d'assurer le reclassement des

habitants des bidonvilles selon un loyer adapté à leur niveau de vie.

Ces réalisations pourront être soumises aux dispositions particulières indiquées ci-après :

ART. 54.- Dispositions intéressant les logements individuels et collectifs ;

La pièce principale pourra posséder une surface minimum de 9 mètres carrés ;

La largeur minimum d'une pièce pourra être abaissée à 2,30m:

La cuisine buanderie pourra posséder une superficie minimum de 4,50m2 ;

Le W.C. sera isolé ;

Si la cuisine est séparée de la buanderie loggia ou d'un patio, sa superficie minimum sera de

3,50m2 ;

La loggia buanderie aura une superficie minimum de 2 mètres carrés.

ART.55.- Dispositions intéressant les logements à rez-de-chaussée à validité limitée.

Un logement à rez-de-chaussée, doté d'un équipement réduit, pourra être réalisé avec des

matériaux légers ininflammables.

Les lots pourront avoir une surface minimum de 40 mètres carrés et être construits entre trois et

quatre mitoyens.

Ce logement sera doté d'un W.C. et d'un point d'eau extérieur au W.C.

Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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Le Texte Intégral Du Discours Royal du 20 août 2001

"Louange à Dieu, Prière et Salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons, Cher peuple, Nous célébrons aujourd'hui le cinquante-cinquième anniversaire de la glorieuse Révolution du Roi et du peuple, qui constitue une épopée dédiée à l'indépendance de la patrie.

Cette révolution incarnait un exemple hors pair de la symbiose régnant entre un Roi et son peuple, indéfectiblement attachés l'un à l'autre et solidement unis dans le combat commun pour l'indépendance et la dignité. Dans cette marche épique, le point d'orgue fut atteint lorsque notre vénéré grand-père, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, préféra les affres de l'exil et de l'éloignement du Trône, en marquant, au nom de principes immuables, son refus catégorique de céder sur la souveraineté de la nation, ou de se prêter à un quelconque marchandage à cet égard.

Les sacrifices consentis par le Roi pour la liberté et la dignité de la nation n'avaient d'égal que l'abnégation du peuple marocain - et au premier chef les masses populaires - pour lequel aucun sacrifice n'était trop cher payé pour son Roi légitime. Leur combat héroïque fut couronné, à terme, par le retour triomphal à son Trône du Sultan qui incarnait l'unité et la souveraineté nationale, et par le recouvrement de l'indépendance du Maroc.

Pour grandiose que fût cet événement historique, notre auguste grand-père n'y a vu, en définitive, que l'aboutissement de ce qui s'apparentait, pour lui, à un petit Djihad, c'est-à-dire le combat mené à l'époque pour en finir avec le protectorat, en prélude au grand Djihad, voué, lui, à l'édification du Maroc moderne.

Et c'est à la concrétisation de ce grand dessein que s'est attelé, avec résolution et abnégation, son compagnon de lutte, notre vénéré père, Sa Majesté le Roi Hassan II - que Dieu sanctifie son âme - qui avait à coeur de bâtir une nation unifiée, dotée d'institutions constitutionnelles, jouissant d'un essor économique et social constant et d'une aura internationale reconnue.

« Depuis que nous avons pris en charge la conduite de ta destinée, nous t'avons promis de faire de l'épopée du 20 Août une révolution renouvelée du Roi et du peuple pour concrétiser l'ambition qui nous anime de faire accéder l'ensemble des Marocains à tous les attributs de la citoyenneté pleine et entière et de la vie dans la dignité ».

Dans la poursuite de cette quête, nous nous appuyons sur la parfaite symbiose qui règne entre le Trône et le peuple, en gardant constamment à l'esprit les valeurs de sacrifice et de solidarité, dont cette révolution est porteuse.

Il y a donc, pour nos jeunes générations, une nécessité impérieuse de s'imprégner davantage de ces valeurs et de mobiliser la volonté, les potentialités et les ambitions qui les habitent, pour s'investir résolument dans l'action menée en vue de relever les défis internes et externes qui interpellent le Maroc d'aujourd'hui et de demain.

Cher peuple,

Le discours que nous t'adressons cette année intervient dans une conjoncture sans précédent dans l'histoire de l'économie mondiale. Il coïncide aussi avec une période marquée par les charges supplémentaires que doivent supporter les familles démunies en raison des dépenses induites par le mois béni du Ramadan et la rentrée scolaire. L'une et l'autre contrainte ne manquent évidemment pas de grever le pouvoir d'achat des citoyens.

Voilà pourquoi nous avons jugé que ce discours est l'occasion idoine pour réaffirmer Notre volonté d'alléger les fardeaux qui pèsent sur les épaules des catégories les plus nécessiteuses. « Cette action doit s'inscrire dans une démarche solidaire, axée sur la consolidation de la dimension sociale des réformes profondes en cours dans plusieurs secteurs clés qui touchent directement le quotidien des citoyens, et ce en application des orientations contenues dans le dernier discours du Trône. »

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Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

"L'enseignement vient en tête des secteurs devant faire l'objet de ces réformes auxquelles Nous attachons la plus haute importance.

A cet égard, il nous a paru judicieux de procéder au lancement d'une opération nationale visant à donner une forte impulsion à la généralisation de l'enseignement fondamental et à l'affirmation de son caractère obligatoire, de sorte à garantir l'égalité des chances en matière d'enseignement et à lutter contre le phénomène de décrochage scolaire.

Cette opération consistera à doter un million d'enfants nécessiteux de manuels et de fournitures scolaires.

Par cet octroi, Nous entendons venir en aide aux familles démunies pour leur permettre de faire face aux frais de la prochaine rentrée scolaire.

Cette opération sera financée, pour l'essentiel, à partir des crédits alloués à l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), ainsi que des contributions apportées par les autorités et les institutions concernées, les collectivités locales, les instances et les associations crédibles. A travers cette démarche, nous concrétisons notre ferme volonté de veiller à la bonne mise en oeuvre du programme d'urgence relatif à la réforme du système d'éducation. « A cet égard, Nous engageons le gouvernement à mettre au point un plan rigoureux de logement au profit des femmes et des hommes de l'enseignement, exerçant en milieu rural, et à se prévaloir des différentes formules partenariales et contractuelles disponibles pour en assurer la réalisation. »

Notre voeu est d'assurer de bonnes conditions de travail et de stabilité à la famille de l'enseignement travaillant à la campagne, notamment dans les zones reculées, et de l'inciter ainsi à s'acquitter au mieux de la mission pédagogique qui lui incombe. Avec la même détermination, Nous veillons à la mise en oeuvre optimale de la réforme et de la modernisation de l'agriculture, ainsi que la mise à niveau de ce secteur pour qu'il puisse répondre aux exigences de productivité et de compétitivité.

Cet objectif requiert d'assurer une visibilité globale à même de favoriser la réalisation des investissements rentables dans ce secteur vital.

A cet effet, nous donnons nos instructions à notre gouvernement pour qu'il prenne les mesures nécessaires en vue de la prorogation, jusqu'à fin 2013, du régime fiscal agricole en vigueur actuellement.

Dans cette perspective, nous sommes déterminés à mettre en place un régime d'impôts en matière agricole, fondé sur les principes de justice fiscale et de solidarité sociale, ainsi que sur la nécessaire préservation de la compétitivité des activités agricoles. Tout ceci doit s'inscrire dans le cadre de la cohérence globale du système fiscal national.

Aussi, engageons-nous l'Exécutif à mettre au point, pour le secteur agricole, une ébauche cohérente d'un système fiscal approprié et progressif.

Le nouveau régime fiscal envisagé devrait être adopté et mis en application à compter de la loi de finances 2014.

Par ailleurs, le nouveau régime d'impôts adapté au monde agricole devrait prendre en considération la précarité sociale des petits agriculteurs, et refléter le devoir de solidarité à leur égard, en continuant à subventionner les cultures traditionnelles vivrières à faible rendement. Afin de compléter l'éventail des outils de soutien social, nous exhortons le gouvernement à mettre en oeuvre les mécanismes législatifs et institutionnels nécessaires pour renforcer le pouvoir d'achat des citoyens, contrôler les prix et combattre la corruption.

A cet effet, nous appelons l'Exécutif et le Législatif à diligenter l'adoption du Code de protection du consommateur.

Parallèlement, il importe de veiller à l'application stricte de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence - notamment en mettant en marche le Conseil de la concurrence - et ce pour garantir une bonne gouvernance économique.

Dans le cadre de la moralisation de la vie publique, il faudrait procéder à l'installation de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption.

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Certes, le citoyen peut parfaitement comprendre que le renchérissement du coût de la vie soit lié à la hausse des prix sur le marché mondial. Mais ce qu'il ne saurait admettre, c'est d'être livré en pâture à la rapacité des spéculateurs et des réseaux d'intermédiaires. De même, le citoyen ne devrait, en aucune manière, faire les frais des éventuels manquements des autorités qui ne s'acquitteraient pas pleinement du devoir qui leur incombe en matière de régulation, de contrôle et de répression.

Il va sans dire, en effet, qu'un marché libre ne doit aucunement être synonyme d'anarchie, encore moins de pillage.

Il appartient, donc, à chacun de faire preuve de vigilance et de fermeté, de se prévaloir de la force de la loi et de l'autorité d'une justice indépendante et d'user des mécanismes de contrôle et de reddition de comptes, pour mettre un terme à l'impunité et sévir contre la magouille et la fraude.

Cela devient plus impératif dès lors qu'il s'agit des moyens de subsistance du peuple, ou des spéculations sur les prix, ou encore de tirer profit de l'économie de rente et des privilèges issus de pratiques clientélistes. Cela s'impose encore plus face à la prévarication, la concussion, la corruption, l'abus de pouvoir et la fraude fiscale.

Cher peuple,

« Quelle qu'en soit l'efficacité, la gestion des contraintes conjoncturelles ne saurait se substituer à la nécessité de multiplier les efforts pour mettre en oeuvre les politiques publiques, les initiatives privées et les actions associatives que requiert l'amélioration des conditions sociales des citoyens. »

Nos grandes orientations et nos programmes en matière de développement exigent la mobilisation de tous, de sorte que chacun puisse s'investir pleinement dans la conception et la réalisation de programmes novateurs visant à améliorer le vécu quotidien du citoyen, et à créer des richesses génératrices d'emplois pour nos jeunes.

« Ils interpellent aussi toutes les forces productives de notre pays, avec au premier chef, le secteur bancaire. Concernant ce dernier, il faut désormais mettre en place des mécanismes de pointe qui l'inciteraient à marquer de façon plus efficiente son adhésion à l'effort national de développement économique et social. »

Notre préoccupation de toujours est d'assurer la mise à niveau de notre jeunesse ambitieuse et prometteuse, pour lui permettre de contribuer, sous notre ferme conduite, à la réalisation d'une croissance économique forte et d'un développement social équilibré, sans exclusion ni marginalisation. « Nous avons, en effet, l'ambition de voir l'ensemble de nos citoyens vivre librement et dignement, dans le Maroc de l'unité, du progrès, du développement et de la solidarité ».

C'est là le témoignage le plus éloquent de notre fidélité à la mémoire immaculée des chefs et des martyrs de la Révolution du 20 Août, avec, à leur tête, Notre Vénéré Grand-Père et Notre Auguste Père, que Dieu les ait en Sa Sainte Miséricorde.

Puisse Le Très-Haut guider nos pas et nous aider à préserver l'esprit ayant animé notre épopée glorieuse : la révolution du Roi se sacrifiant pour son peuple, et la révolution du peuple par loyauté envers son Roi. Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh".

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Discours du Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI (Mercredi 30 Juillet 2003, à Tanger)

Louange à Dieu Prière et Salut sur le Prophète Sa Famille et Ses Compagnons Cher Peuple, Il est d'usage que le Discours du Trône dresse le bilan des réalisations de l'Etat et esquisse les perspectives de son action à venir. Toutefois, le souci de t'entretenir, en toute franchise, de la situation que traverse le pays, M'a poussé à faire de ce discours un moment fort de réflexion nationale collective et d'analyse qui transcende le souvenir cruel des actes terroristes de Casablanca, pour en tirer les enseignements nécessaires et gérer le redressement qui doit s'opérer dans le parcours emprunté par la nation. Mais quelle que soit l'horreur de ces forfaitures terroristes, Nous ne pouvons que louer le Très-Haut pour sa divine protection qui nous a permis de venir à bout de ce réseau criminel.

L'immense fierté que Nous a inspirée ta dénonciation unanime du terrorisme, outre la ferveur de la symbiose qui t'unit à ton Trône, ainsi que ton attachement à tes acquis démocratiques, s'accompagne toutefois de cette interrogation pressante : Comment transformer cette indignation et cette colère collective en une action rationnelle pour contrecarrer toutes les dérives ? Avons - nous procédé, chacun, à une autocritique permettant de transformer les épreuves en source de force et d'enseignements pour corriger les dysfonctionnements ? Partant du devoir suprême qui M'échoit de donner leur pleine expressions aux préoccupations de la nation, J'affirme que nous tous, individuellement et collectivement, autorités, institutions, partis et association, sommes responsables de l'édification de notre société démocratique et moderne, projet que fait sien la nation tout entière.

Persuadé que prémunir ce projet contre les complots ourdis par les ennemis de la patrie, de la religion et de la démocratie, est une entreprise qui ne peut aboutir que si l'on en saisit clairement l'essence, la portée véritable, et les fondements, J'ai jugé nécessaire que nous nous employions ensemble à en cerner les références et les moyens d'action. S'agissant du référentiel de la Monarchie constitutionnelle marocaine, Je M'en tiens aujourd'hui à en souligner les éléments fondateurs, à savoir l'Islam et la démocratie. Depuis quatorze siècles, en effet, les Marocains ont choisi d'adopter l'Islam parce que, religion du juste milieu, il repose sur la tolérance, honore la dignité de l'homme, prône la coexistence et récuse l'agression, l'extrémisme et la quête du pouvoir par le biais de la religion.

C'est à la lumière de ces enseignements que nos ancêtres ont édifié une civilisation islamique et un Etat indépendant du Califat du Machrek, se distinguant par son attachement à la commanderie unique des croyants, par son ouverture en matière de culte et par l'exclusivité du rite malékite. Les Marocains, en effet, sont restés attachés aux règles du rite malékite qui se caractérise par une souplesse lui permettant de prendre en compte les desseins et les finalités des préceptes de l'Islam, et aussi par son ouverture sur la réalité.

Ils se sont employés à l'enrichir par l'effort imaginatif de l'Ijtihad, faisant de la sorte, la démonstration que la modération allait de pair avec l'essence même de la personnalité marocaine qui est en perpétuelle interaction avec les cultures et les civilisations. Est-il donc besoin pour le peuple marocain, fort de l'unicité de son rite religieux et de l'authenticité de sa civilisation, d'importer des rites cultuels étrangers à ses traditions ?

Nous ne le tolérerons pas, d'autant plus que ces doctrines sont incompatibles avec l'identité marocaine spécifique.

A ceux qui s'aviseraient de se faire les promoteurs d'un rite étranger à Notre peuple, Nous Nous opposerons avec la vigueur que requiert le devoir de veiller à la préservation de l'unicité de rite chez les Marocains, réaffirmant ainsi Notre volonté de défendre notre choix du rite malékite, tout en respectant ceux des autres, chaque peuple ayant ses spécificités et ses choix propres.

Parce que l'Islam repose sur une invite à la paix, la sécurité et la concorde, les Marocains ont compris que le Jihad, dans sa plus noble acception, est une lutte contre toute tentation maléfique chez l'être humain et contre les dérives et le chaos.

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C'est aussi un effort d'imagination et d'émulation pour accomplir les bonnes actions. Cet engagement religieux et historique, perpétué par la force de la Baïâ (allégeance), a été actualisé par un pacte politique et constitutionnel moderne, à travers lequel, la Oumma a été unanime à considérer l'Islam comme religion d'Etat, et le Roi Amir Al Mouminine (Commandeur des Croyants).

Les Marocains qui sont fermement attachés à ces valeurs civilisationnelles et constitutionnelles immuables, accepteront-ils de se laisser mystifier, au nom de la religion, par une poignée de déviationnistes hors la loi ? Assurément non ! Je dis, par ta voix, cher peuple, que nous n'accepterons jamais que l'Islam soit utilisé comme un tremplin pour assouvir des ambitions de commandement au nom de la religion, afin de perpétrer des actes de terrorisme, ou pour détruire l'unité de Rite de la nation, ou encore taxer les gens d'apostasie, voire les exécuter. Nous affirmons, tout aussi fermement que la question de la relation entre l'Etat et la religion dans notre pays est tranché dès lors que la Constitution stipule que le Royaume du Maroc est un Etat musulman et que le Roi, Commandeur des Croyants (Amir Al Mouminine), a notamment pour mission de veiller à la protection de la foi et de garantir le respect des libertés, y compris la liberté de culte pour les adeptes des autres religions célestes.

Le Commandeur des croyants étant l'unique référence religieuse pour la Nation marocaine, aucun parti ou groupe ne peut s'ériger en porte-parole ou en tuteur de l'Islam. La fonction religieuse, en effet, relève de l'Imamat suprême d'Amir Al Mouminine, qui Nous est dévolu, assisté du Conseil Supérieur et des Conseils régionaux des Oulémas, dont Nous entendons bientôt procéder à la mise à niveau et au renouvellement, ainsi qu'à la dynamisation de leur mode de fonctionnement. A partir de cette vision éclairée de notre référentiel religieux, Islam et modernité se complètent pour former un des affluents fondamentaux qui irriguent le référentiel universel en parfaite harmonie avec le plus important de ses supports, à savoir la démocratie, dont Nous avons fait la clef de voûte de la Monarchie constitutionnelle marocaine, et un choix irréversible.

La transition démocratique étant un processus long et ardu qui requiert un climat empreint de stabilité, d'engagement et de vigilance, le premier préalable est donc un Etat, fort de la suprématie de la loi, en mesure d'assurer la sécurité des personnes et des biens, et de faire pièce à ceux qui profitent de l'élargissement de l'espace des libertés, pour porter atteinte à l'autorité de l'Etat.

Nous sommes, certes, fier des acquis engrangés et de l'unanimité réalisée autour des constantes de la nation, mais il n'en reste pas moins que la défense de notre intégrité territoriale, dont Nous avons fait une de nos causes sacrées et qui fait l'objet d'un conflit artificiel pour le règlement duquel Nous avons, du reste, choisi la solution politique négociée, exige de nous encore une vigilance permanente, d'autant plus qu'elle représente une composante indissociable de l'identité du Maroc.

Outre l'unanimité autour des constantes et le consensus sur un seuil minimum de règles, le raffermissement de la démocratie resterait incomplet en l'absence de partis politiques forts. Mais quelle peut être la force des partis s'ils n'assument pas leur rôle d'encadrement et de représentation des citoyens, et de la jeunesse en particulier, et s'ils ne contribuent pas au renforcement de l'autorité de l'Etat et à l'instauration d'un climat de confiance à l'égard des institutions ? Par quel moyen prémunir notre paysage politique, d'organisations ou de groupes fondés sur la division de la société en clans religieux et ethniques, et d'autres qui se sont voués exclusivement à des desseins électoralistes, au lieu de s'engager dans une saine émulation autour de programmes concrets et d'assurer la formation d'élites conscientes et responsables ? Notre préoccupation sincère de réhabilitation de l'action politique au sens noble du terme, Nous amène à insister de nouveau sur la nécessité d'activer l'adoption d'une loi sur les partis, marquant ainsi notre ferme volonté de les doter de moyens efficients leur permettant d'assumer pleinement leur mission.

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Cette loi devrait avoir pour finalité le renforcement du rôle des partis, dans l'encadrement et la représentation des citoyens, et ce, en interdisant la constitution de partis ou de formations sur des bases religieuses, ethniques, linguistiques ou régionalistes. Il faudra, en outre, mettre à la disposition des partis politiques, dans la transparence la plus totale, les moyens de financement publics, leur permettant de mener leurs activités de manière à garantir leur proximité des préoccupations réelles des citoyens.

Il s'agit de les aider à proposer des programmes réalistes et des solutions concrètes à leurs problèmes, de les mobiliser autour de toutes les questions d'intérêt local ou national, en oeuvrant, de concert avec les organisations de la société civile, et de façon complémentaire et harmonieuse. A l'occasion des échéances électorales qui attendent notre pays, en particulier l'élection des différents conseils des collectivités locales, nos partis politiques ont une véritable opportunité d'exercer leur responsabilité nationale, en contribuant à la mise en place d'institutions aptes à concrétiser notre modèle sociétal national dans ses aspects développement et modernité.

C'est cela que veut le peuple marocain qui n'accepte plus, désormais, que certains partis brandissent, à l'occasion des périodes électorales, des thèmes et des slogans vains et creux, et n'est nullement disposé à hypothéquer par des slogans éculés les véritables défis de son présent et de son avenir. Nous avons consolidé le processus électoral et institué une normalité démocratique, grâce à laquelle chaque scrutin se déroule dans les délais prévus par la loi, et qui a permis à la classe politique de ne plus se focaliser exclusivement sur les rendez-vous électoraux.

Toutefois, ce progrès risque de rester purement formel tant que ne sera pas résolue la problématique majeure suivante : Allons-nous considérer les élections, pour importantes qu'elles soient, comme un instant somme toute normal dans la vie de la Nation, pour apporter du sang nouveau aux institutions et leur donner une nouvelle et forte impulsion ? Ou alors, allons-nous nous obstiner à les considérer comme l'ultime et unique bataille ?

Allons-nous persister à toujours reporter, pour après les élections, les décisions concernant les questions fondamentales pour la nation, et à surseoir à la réalisation de grands projets de réforme sous prétexte de l'imminence du scrutin ?

Si cette problématique n'est pas définitivement tranchée, elle risquerait de porter préjudice à la démocratie, en alimentant les allégations de ses adversaires qui prétendent qu'elle est un obstacle au développement.

Par conséquent, garant des intérêts supérieurs de la Nation et des citoyens et, à ce titre, attaché à la poursuite de la réalisation des grands projets de réforme, J'affirme en ton nom que Je ne saurais accepter le report de la réalisation de n'importe quelle réforme sous prétexte qu'il faut attendre le déroulement du scrutin, ou juste pour contenter telle ou telle catégorie ou instance qui se placerait hors de l'unanimité, du consensus ou de la majorité.

Nous sommes, certes, dans un Etat démocratique qui peut s'enorgueillir d'organiser les scrutins dans les délais prescrits par la loi, mais nous sommes également une nation qui est déterminée à relever les défis du développement, à travers des projets vitaux qui ne souffrent pas d'hésitation ni d'atermoiement. Le temps des faux alibis est bien révolu. On ne peut plus s'abriter derrière des considérations électoralistes pour se dérober à ses responsabilités. La démocratie véritable ne peut s'accomplir dans sa plénitude que si l'on répond aux exigences de bonne gouvernance, et notamment à l'impératif de fermeté, de courage et de persévérance dans la poursuite des réformes qui s'imposent.

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Cher peuple,

Notre premier souci, depuis Notre accession au Trône, était d'insuffler une âme nouvelle à l'Etat marocain moderne dont les jalons ont été solidement posés par Notre Auguste Père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu sanctifie Son âme.

« Nous avons, en effet, accordé une place éminente à la dimension socio-économique des politiques publiques, en focalisant les efforts sur les projets essentiels qui visent à éradiquer les bidonvilles, par la réalisation d'un habitat salubre, à assurer le développement humain, grâce à un enseignement utile, à créer des emplois productifs, en encourageant l'investissement et les initiatives génératrices de richesses, et à consolider la cohésion sociale par une solidarité agissante. «

Ce sont là les fondements essentiels de Notre projet de développement. Nous en avons fait les priorités de la phase actuelle, et « en avons défini les objectifs dans le cadre d'une stratégie intégrée dont Nous avons confié la réalisation au gouvernement et aux opérateurs publics et privés, avec l'obligation de concrétiser ces objectifs par des programmes aux moyens, aux échéances et aux responsabilités bien définis ». Les réalisations ont elles été à la mesure de la clarté des Directives, de l'importance des enjeux et du poids des responsabilités qui doivent être assumées pleinement ? En retenant le seul domaine de la lutte contre l'habitat insalubre, Nous mesurons assurément l'ampleur des difficultés et apprécions à leur juste valeur les projets réalisés ou programmés, mais il n'en demeure pas moins que Nous Nous attendions à un bilan à la mesure des défis.

« Notre Discours du 20 Août 2001 avait tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde contre la prolifération des bidonvilles et de l'habitat insalubre qui constituent une atteinte à la dignité du citoyen et une menace à la cohésion du tissu social, et appelant à l'adoption d'un programme national de solidarité, fixant avec précision les responsabilités de chacun. »

« Deux ans après, au lieu d'une éradication progressive des bidonvilles, Nous avons, à l'occasion de Nos visites d'information dans différentes régions du Royaume, constaté avec amertume, leur prolifération dans de nombreuses villes. Pire encore, on a vu naître des bidonvilles qui se sont propagés et amplifiés jusqu'à devenir de véritables villes sauvages. Ces constructions anarchiques ne sont tout de même pas tombées du ciel, pas plus qu'elles ne se sont répandues sur terre du jour au lendemain !

En réalité, tout le monde est responsable de cette situation, depuis le citoyen - qui soudoie aujourd'hui un responsable, lequel pourrait repasser aussitôt après avec un bulldozer, pour détruire la « baraque » dudit citoyen, sous ses yeux - jusqu'aux différentes autorités et collectivités locales qui font preuve de laxisme dans la lutte contre la propagation des bidonvilles, au lieu de s'impliquer davantage et d'encourager la construction d'habitat salubre ».

Devrait-on pour autant s'y résigner comme devant une fatalité ? L'esprit positif qui Nous anime Nous conduit à considérer que si la situation est inquiétante, elle n'est pas pour autant désespérée, mais encore faut-il s'y prendre d'urgence. Faute de cela, elle risque de devenir ingérable et nos villes, au lieu d'être des espaces de solidarité sociale, de production économique, d'essor urbanistique et d'ouverture sur la culture et la civilisation, risquent de se transformer en foyers d'exclusion, d'ostracisme, de haine ou en espaces dominés par la culture et l'esprit d'assisté. Cela, Je ne peux l'admettre pour Mon pays et Mon peuple que J'ai la charge suprême de guider, dans le cadre d'une Monarchie qui tire sa force de son enracinement populaire et de sa proximité du peuple.

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C'est pourquoi, du reste, J'effectue, tout au long de l'année, des visites dans les différentes régions du Royaume, pour M'enquérir de ta situation, M'employant à stimuler les initiatives et à donner corps aux différents projets de développement. Je Me suis, jusque-là, contenté d'orienter les pouvoirs publics et les conseils élus, dans leurs domaines de compétence respectifs, donnant à chacun l'occasion d'assumer de près les responsabilités qui sont les siennes ; car le Roi de la Nation ne peut effectuer le travail qui incombe au Ministre, au Gouverneur ou au Président d'une collectivité locale, et parce que Je tiens à ce que chaque autorité exerce ses compétences avec responsabilité et efficience.

Assumant les responsabilités suprêmes dont J'ai la charge, Je ne tolèrerai pas de relâchement dans la gestion des affaires publiques. J'entends, en effet, mettre en oeuvre toutes formes de contrôle sévère et d'audit rigoureux, car si chacun de nous est responsable du secteur dont il a la charge, Ton Premier Serviteur, quant à Lui, est le responsable suprême de la nation et des affaires de l'Etat. Convaincu de l'importance primordiale de l'enseignement utile dans la libération des esprits, le raffermissement du sentiment de citoyenneté parmi les jeunes et leur formation pour les rendre aptes à relever les défis du développement et de la mondialisation, et de la société du savoir et de la communication, Notre première décision stratégique fut d'entériner la Charte Nationale de l'Education et de la Formation, et d'ériger sa mise en oeuvre en deuxième priorité de cette décennie, après la question sacrée de notre intégrité territoriale.

« Certes, des étapes ont été franchies avec succès depuis le lancement, il y a trois ans, de ce chantier difficile mais vital. Il n'en demeure pas moins que l'aspect quantitatif prédomine dans ce qui a été réalisé. » Conjugué à l'absence de décisions audacieuses et résolues qu'appelle une réforme en profondeur portant sur l'essence même du système d'éducation et de formation, tout cela Nous pousse à dire au nom de la Nation : Assez d'un système d'enseignement générateur de chômage et d'ostracisme ! En effet, s'il faut plusieurs générations pour mettre tous les Marocains à l'abri de la pauvreté matérielle, il est possible de les affranchir, dans des délais prévisibles, du carcan de l'ignorance, de l'analphabétisme intellectuel, de l'ostracisme et d'autres aspects de l'indigence morale. Cela n'est possible qu'avec une réforme qualitative du système d'enseignement, et en particulier les programmes et les cursus.

A cet égard, il est nécessaire de procéder à l'installation de la Commission permanente y afférente, prévue par la Charte, pour qu'elle s'attèle, dès la rentrée scolaire de 2003-2004, au renouvellement de ces programmes et cursus. Elle se doit d'agir avec l'efficacité et la célérité que requiert la réalisation de cette réforme. Il faudrait, de la sorte, que dès la rentrée de 20042005, nous ayons relevé le défi et commencé à dispenser à nos jeunes générations un enseignement moderne de qualité, et une éducation saine et adéquate.

L'Etat a consenti un important effort pour améliorer la situation sociale des femmes et des hommes du secteur de l'Enseignement et les inciter à s'investir avec force dans la mise en oeuvre de la Charte et à être dignes de la mission sacrée dont ils sont investis, celle de dispenser une éducation saine à nos chers enfants. Il leur appartient, à cet égard, de faire preuve d'impartialité et d'avoir constamment à l'esprit l'immensité de la responsabilité qu'ils assument en se chargeant du plus précieux des investissements, celui placé dans la qualification des jeunes potentialités, richesse future de la nation. Par ailleurs et en considération de l'importance des aspects éducatifs et culturels dans le processus de renaissance tous azimuts, Nous insistons, encore une fois, sur le rôle vital dévolu à l'université et à l'élite intellectuelle nationale dans l'enracinement de la modernité en tant que valeur ajoutée à notre patrimoine civilisationnel, et dans l'éducation qu'il convient de prodiguer à nos jeunes pour qu'ils s'imprègnent des vertus de l'engagement patriotique. A cet égard, Nous appelons le Conseil Consultatif des droits de l'Homme, institution où s'expriment les différentes sensibilités nationales, à élaborer un projet de Charte Nationale des droits et obligations du citoyen et à préparer les propositions nécessaires pour combler les lacunes juridiques dans le domaine de la lutte contre tous genres de discrimination, de haine et de violence.

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C'est ainsi que nous pourrons concrétiser notre objectif d'approfondissement de l'esprit de citoyenneté, fidèle à notre identité, ouvert sur les valeurs de notre époque, assumé par une Famille unie dans l'harmonie, et par des médias responsables. A cet effet, Nous réaffirmons Notre détermination à assurer leur mise à niveau, en allant de l'avant pour une réforme en profondeur du Code de la Famille et du paysage médiatique national.

Notre pays vit une transition globale qui nécessite le renforcement de ses capacités d'analyse, d'adaptation et d'anticipation. Aussi, avons - Nous décidé de créer un Institut Royal des Etudes Stratégiques pour remplir cette mission essentielle, afin d'être en interaction permanente avec les changements et de maîtriser et agir sur les mutations profondes qui s'opèrent aux niveaux interne et externe. Cher Peuple, Notre démocratie restera fragile, tant qu'elle ne s'appuie pas sur une administration efficiente, une Justice équitable et une économie productrice de richesses génératrices d'emplois utiles pour nos jeunes. Il nous incombe donc de déployer davantage d'efforts pour réaliser les réformes nécessaires, en adoptant une approche globale où le développement économique occupe une place de choix, par le biais de projets stratégiques, tel le grand projet Tanger - Méditerranée. Pour réaliser ces objectifs, nous n'avons d'autre choix que de poursuivre la modernisation des fonctions de l'Etat qui consistent à assurer le climat de confiance et de stabilité nécessaire et à garantir la suprématie de la loi, en veillant aux missions de régulation, d'évaluation et de mobilisation des énergies.

De même, il est impératif de promouvoir l'investissement et d'encourager l'initiative privée, en veillant à davantage de libéralisation, d'ouverture et de mise à niveau de l'économie pour gagner le pari du partenariat et relever les défis de la productivité, de la compétitivité et de l'interaction positive avec la mondialisation.

Cher Peuple,

Le vaste élan de solidarité internationale qui s'est manifesté à l'égard du Maroc, à la suite des crimes terroristes qui l'ont visé, a montré toute l'estime que voue la communauté internationale au Maroc, en tant que modèle de transition démocratique sereine, et en tant que pôle régional reconnu pour son attachement aux vertus du dialogue, de la négociation, de la modération et de la tolérance. Notre pays est perçu également comme un puissant acteur qui agit avec force pour la consolidation de la sécurité, de la paix et de la légalité, et qui honore ses engagements internationaux.

Le fait que Nos chers sujets résidant à l'étranger viennent en grands nombres dans leur pays, traduit a quel point ils sont attachés à leur patrie. De même, l'accroissement du volume des investissements internes et externes et le flux continu de touristes en direction de notre pays, considéré comme une destination touristique sûre et attrayante, ont confirmé toute la confiance dont jouissent le présent serein et généreux du Royaume et son avenir rayonnant et prometteur. Si nous avons exprimé, à travers notre attachement à notre modèle démocratique, notre volonté de repousser, ensemble, le terrorisme et la tentation de repli, il nous appartient, dans le même esprit, de conforter la position privilégiée de notre pays, en continuant à être en synergie positive avec les mutations rapides et complexes issues de la mondialisation. Nous avons veillé à ce que le Maroc se prévale des opportunités qu'offre la nouvelle donne internationale, et qu'il se prémunisse contre ses éventuels effets pervers, en faisant en sorte que notre diplomatie agisse selon une vision stratégique de la sécurité globale où s'imbriquent, outre la résolution des conflits traditionnels, les différentes préoccupations et les diverses dimensions politiques, économiques, culturelles, humaines et écologiques. Conformément à cette vision, nous avons prôné une diplomatie offensive, en faisant du voisinage, de la solidarité et du partenariat, les trois cercles concentriques d'une action diplomatique efficiente.

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Aussi, entendons-Nous renforcer les relations de notre pays avec ses voisins immédiats, en premier lieu nos frères de l'Union Maghrébine qui ne peut être édifiée sur une base saine sans que soit trouvée une solution politique et définitive au conflit créé autour de nos provinces du Sud, et ce, dans le cadre de notre souveraineté nationale et de notre intégrité territoriale. En tout état de cause, Nous affirmons que le Maroc a clos, au niveau interne, la question de la récupération légitime de ses provinces du Sud et qu'il se tient mobilisé, avec toutes ses forces, pour défendre son intégrité territoriale.

A cet égard, le Maroc réaffirme qu'il continuera à répondre à toutes les bonnes volontés et aux initiatives consensuelles équitables, pour mettre un terme définitif au problème suscité autour de cette question. De même, Nous accordons un intérêt particulier à notre voisinage euro-méditerranéen, contribuant, dans ce cadre, à la mise en oeuvre optimale du processus de Barcelone, afin de concrétiser le concept de sécurité globale, dans ses diverses dimensions.

A cet égard, Nous apprécions hautement l'accueil favorable que nos partenaires au sein de l'Union Européenne ont réservé à notre aspiration à un statut avancé de nos relations avec l'Union qui serait moins que l'adhésion, mais plus que le partenariat.

Pour ce qui est de la solidarité, il s'agit, notamment, de poursuivre notre soutien aux causes de la Oumma arabo - musulmane, et en premier lieu, la juste cause du peuple palestinien frère, et l'engagement permanent pour l'instauration d'une paix juste et globale au Moyen-Orient, sur la base des résolutions de la légalité internationale, et des initiatives et engagements des parties concernées, en particulier la « feuille de route » présentée par le quartet international, et l'initiative de paix arabe, du Sommet de Beyrouth Le dépassement de plusieurs décennies de déceptions et de frustrations ne peut se réaliser qu'à travers une réorientation de la solidarité arabe vers l'intégration économique, conformément à la « Déclaration d'Agadir », et la mise en place d'un ordre régional arabe rénové et cohérent. Animé du même esprit de solidarité, Nous continuerons d'appuyer le processus de développement durable et de contribuer à l'apaisement des foyers de conflits, en prenant des initiatives réconciliatrices pour le rétablissement de la paix en Afrique, confirmant de la sorte notre appartenance séculaire à ce continent, et poursuivant au niveau des pays du Sud, et dans le cadre de Nos engagements en Notre qualité de Président du Groupe des 77, plus la Chine, les efforts visant l'instauration de relations économiques internationales équilibrées et équitables pour ces pays. Quant au partenariat, dont Nous veillons à élargir le volet économique qualitatif, il devrait guider de manière active notre diplomatie, que ce soit dans nos relations avec les pays du voisinage et de la solidarité, ou avec ceux avec lesquels nous avons l'ambition d'établir un partenariat, et à la tête desquels se trouvent, outre nos amis de l'Union Européenne et de la Fédération de Russie, les Etats-Unis d'Amérique. A cet égard, Nous Nous réjouissons des progrès enregistrés sur la voie de la conclusion d'un accord de libre-échange avec ce pays. Cher peuple, Les forces du mal et des ténèbres ont voulu s'attaquer à l'ouverture du Maroc et porter atteinte à son système démocratique et à ses traditions séculaires de tolérance religieuse. Cependant, leurs actes criminels n'ont aucunement entamé ta ferme volonté de relever les défis et de vaincre les difficultés.

Mais la mémoire du peuple marocain, pétrie d'événements glorieux ne manquera pas de jeter ces forfaits abjects dans la poubelle de l'histoire, après en avoir tiré tous les enseignements, dont, au premier chef, la symbiose qui existe entre le Trône et le peuple et qui prend tout son relief, autant dans l'adversité que dans les moments d'allégresse. C'est ce que tu viens de confirmer, cher peuple, à travers la joie immense que tu as spontanément manifestée à l'occasion de la naissance de Notre Prince Héritier, Son Altesse Royale Moulay El Hassan, donnant ainsi la plus éclatante illustration de ton indéfectible attachement à ton régime monarchique constitutionnel. Tu as également fait la plus belle démonstration de la parfaite symbiose qui règne entre le Roi et le peuple, et dont Dieu a bien voulu gratifier ce pays paisible.

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C'est cela qui fait que Notre Famille Royale vit dans le coeur du peuple marocain tout autant que le peuple marocain vit dans le coeur de cette Famille et habite, en particulier, les sens et la conscience de son Roi, le Garant de la pérennité de l'Etat et de sa continuité, et le dépositaire de sa souveraineté, qui veille constamment sur ta sécurité, ta stabilité et ton progrès. Que Dieu Tout - Puissant Nous guide sur la voie judicieuse de Nos Glorieux Ancêtres, notamment Nos Vénérés Grand-Père et Père, Leurs Majestés les Rois Mohammed V et Hassan II, que Dieu sanctifie leur mémoire, qui ont veillé à la préservation de l'unité du Maroc, et à la défense des libertés, de la sécurité et de la dignité de ses fils. Nous prions également pour le repos de l'âme de nos martyrs qui ont sacrifié leur vie pour que les Marocains vivent dans un pays libre et uni derrière son Roi qui veille sur sa dignité et sa prospérité.

Il Nous est donc agréable, en ce jour mémorable, de rendre hommage aux Forces Armées Royales, à la Gendarmerie Royale, à la Sûreté Nationale, aux Forces Auxiliaires et à la Protection Civile, qui veillent avec vigilance et dans la mobilisation, à la sécurité et la stabilité du pays. Nous adressons un hommage particulier à ceux parmi eux qui sont mobilisés dans nos provinces du Sud. Nous réaffirmons, à cette occasion qui Nous est si chère, Notre ferme détermination de doter toutes ces forces des moyens matériels, humains et légaux, leur permettant de s'acquitter au mieux de leur mission de défense de l'intégrité territoriale et d'assurer la sécurité des personnes et des biens. Nous prions le Tout Puissant de perpétuer les liens solides qui nous unissent et d'en faire une source intarissable et un puissant levier pour mobiliser les énergies dans le combat que tu mènes, sous Notre conduite, pour bâtir, ensemble, le Maroc de l'unité, de la démocratie et du progrès. Fasse le Très-Haut que Nos enfants, garçons et filles, et les vôtres, soient une bonne progéniture. Puisse-t-il nous prêter assistance pour leur assurer un avenir meilleur. « Je ne veux que persévérer sur la voie de la réforme, priant le Très-Haut de m'assister dans l'accomplissement de ce noble dessein ». Véridique est la parole de Dieu le Très-Haut. Assalamou Alaïkoum wa Rahmatoullahi wa Barakatouh.

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BIBLIOGRAPHIE :

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Documentations :

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-Discours de SM le Roi du 11 octobre 2002

-Discours du Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Mercredi 30 Juillet 2003, à Tanger

-Discours de SM le Roi du 30 juillet 2004

-Discours de SM le Roi du mercredi 18 mai 2005

-Message royal du 03 octobre 2005

Textes de lois :

-Circulaire conjointe relative à l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes régionaux de

promotion de l'habitat social et la lutte contre l'habitat insalubre

-Dahir n°1.92.31 du 15 Hija 1412 (17 Juin 1992) portant promulgation de l a loi n°12-90

relative à l'urbanisme

-Dahir portant loi n° 1-93-226 du 6 safar 1414 (27 juillet 1993) modifiant le décret royal

portant loi n° 552-67 du 26 ramadan 1388 (17 décembre 1968) relatif au crédit foncier, au

crédit à la construction et av crédit a l'hôtellerie

-Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948

-Décret n°2-64-445 du 21 Chaabane 1384 (26 Décembre 1964) définissant les zones d'habitat

économique et approuvant le règlement général d construction applicable à ces zones

-Décret de 1968 régissant l'octroi des crédits et des avantages aux constructeurs et acquéreurs

de logements

Rapports et bilans :

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www.logement140000.ma

www.lavieeco.com

www.lematin.ma

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Table des abréviations

VSB PNRHI MHUAE FSH

ANHI BIRD FNPI FOGARIM CCG INDH SDAU BEI

AFD

HAO ADS

SNAT UE

Villes Sans Bidonvilles

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Programme national de résorption, de l'habitat insalubre

Ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'Espace

Fonds de solidarité Habitat

Agence Nationale de lutte contre l'habitat insalubre

Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement

Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers

Fonds de Garantie Immobilier

Caisse Centrale de Garantie

Initiative Nationale de Développement Humain

Schéma Directeur d'Aménagement Urbain

Banque Européenne d'Investissement

Agence Française de développement

Holding d'Aménagement Al Omrane

Agence de Développement Sociale

Schéma Nationale de l'Aménagement du Territoire

Union Européenne






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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein