1.1.2. Revue de littérature
L'analyse de la demande est un outil important de l'analyse
microéconomique traditionnelle. Elle est un instrument très
utilisé en stratégie marketing. Elle permet de mieux
appréhender le comportement des consommateurs face aux variations des
prix. L'analyse de la demande en fonction du prix donne traditionnellement lieu
d'abord à la définition de la fonction de demande par rapport au
prix, à l'explication de celle-ci au travers de la décomposition
de l'effet-prix et à la détermination des
élasticités.
1.1.2.1. Revue théorique
En théorie du consommateur, l'individu est au coeur de
l'analyse économique. Il est considéré comme rationnel et
donc cherche à maximiser son utilité. Les économistes sont
arrivés à la conclusion que, dans l'analyse des comportements de
choix, seule compte l'utilité que procure un bien. A ce titre, il faut
souligner que plusieurs facteurs influent sur le choix du consommateur. Il
s'agit entre autres du revenu, du prix, et du temps d'ajustement.
Pour faciliter l'analyse du comportement du consommateur et
tenir compte de ces facteurs d'influence, les économistes
définissent la fonction de demande. Cette dernière peut
être marshallienne ou hicksienne. La grande différence entre ces
deux types de demande réside dans le calcul du panier optimal.
En effet, dans le premier cas de figure (demande
marshallienne), la fonction objectif est l'utilité à maximiser et
la contrainte est le revenu. Par contre, s'agissant de la demande hicksienne,
la fonction objectif est le revenu à minimiser sous contrainte du niveau
d'utilité. Conséquence, comme en programmation linéaire,
on est en présence d'un programme primal pour la première
méthode, celle qui aboutit aux fonctions de demandes marshalliennes,
ANALYSE DE LA DEMANDE D'ESSENCE AU BENIN : EFFET DES
PRIX A COURT ET LONG TERMES Page 5
et d'un programme dual pour la seconde méthode, celle qui
aboutit aux fonctions hicksiennes4 (cf encadré n°1).
Encadré n°1
DETERMINATION DU PANIER OPTIMAL
1ère situation
Maximisation de la fonction d'utilité sous contrainte
du niveau de revenu
2ème situation
Manimisation du revenu dépensé sous contrainte du
niveau d'utilité
Quand on laisse prix et revenus sous Quand on laisse prix et
utilité sous
forme de variables, on peut exprimer forme de variables, on
peut exprimer
les fonctions de demande : les fonctions de demande :
= demandes marshalliennes de x et y = demandes
hicksiennes de x et y
Source : Auteur
Ainsi, pour apprécier la sensibilité de la
consommation d'un bien au prix ou au revenu par les ménages, la
littérature est unanime pour le recours aux élasticités de
la demande. Elle a fait l'objet d'un grand intérêt dans la
recherche et l'analyse économique. Elle fut cernée par
Léon Walras (1834-1910) et Alfred Marshall (1842-1924), et mise en
lumière par l'économiste français Augustin Cournot
(1801-1877). Ce dernier conteste le théorème de base des auteurs
classiques, lesquels considéraient une fois pour toutes que « le
prix des choses est en raison inverse des quantités offertes et en
raison directe des quantités demandées ». Cournot s'attache
à envisager les fonctions des produits : pour les biens
manufacturés, affirme-t-il, la demande doit varier plus que le prix,
tandis que pour les choses les plus nécessaires, comme pour les plus
superflues, la demande varie peu en comparaison des prix. C'est de cette
façon que la notion d'élasticité fait son entrée
dans le raisonnement économique.
4 Selon l'analyse que propose Hicks
dans son fameux ouvrage "Valeur et capital" publié en 1946 reprise et
généralisée par W. E. Diewert en 1982
ANALYSE DE LA DEMANDE D'ESSENCE AU BENIN : EFFET DES
PRIX A COURT ET LONG TERMES Page 6
C'est avec Alfred Marshall que la notion
d'élasticité va connaitre son essor dans la théorie
économique moderne. Dans le livre III, Marshall introduit une loi
générale de la demande ceteris paribus, qui exprime une relation
décroissante entre la quantité d'un bien fournie au marché
et le prix auquel elle peut être écoulée. Il la met en
oeuvre en se basant sur deux concepts clés : l'élasticité
et le surplus.
Eugen Slutsky, Samuelson et Sir John Hicks aussi se sont
intéressés à ce sujet. Slutsky (1915) part d'une
identité connue sous son nom, a montré que la variation totale de
la demande d'un bien est la somme des effets de substitution et de revenu. Il
fonde son analyse sur le principe selon lequel le pouvoir d'achat change suite
à une variation du niveau des prix (revenu nominal restant
inchangé).
Selon le critère budgétaire de Slutsky-Samuelson
(ou méthode de la différence de coût), le revenu
étant un pouvoir d'achat, on considère la variation de revenu
compensé si, avec les nouveaux prix, le revenu achète le panier
optimal précédent.
Selon le critère Hédoniste de Hicks (ou
méthode de la variation compensée), la finalité du
consommateur étant sa satisfaction, la variation de revenu sera
compensée si on reste au même niveau de satisfaction
c'est-à-dire sur la courbe d'indifférence initiale.
La "méthode de Slutsky" consiste à raisonner
à pouvoir d'achat constant tandis que la "méthode de Hicks"
consiste à raisonner à utilité constante. Les deux
méthodes s'opposent en définitive sur la définition de la
notion de revenu réel : pour Slutsky, le revenu réel est constant
lorsqu'il permet d'acquérir le même panier de biens
qu'initialement, en dépit de la variation du prix du bien et
indépendamment de la carte d'indifférence du consommateur, alors
que pour Hicks, le revenu réel est constant lorsqu'il permet de
conserver le même niveau
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PRIX A COURT ET LONG TERMES Page 7
d'utilité qu'initialement. Pour
généraliser, on pourrait dire que la mise en évidence de
l'effet de substitution se fait à "richesse" du consommateur constante,
cette richesse pouvant être évaluée tout aussi bien par un
panier donné de biens que par un certain niveau d'utilité.
L'élasticité se définit, dès lors,
comme un rapport existant entre les variations absolues ou relatives de deux
phénomènes économiques. Cette notion va jouer un
rôle primordial dans la connaissance économique, car elle permet
d'approfondir la recherche de relations fondamentales. C'est dans le domaine
des prix et des revenus que l'élasticité revêt la plus
grande signification.
L'élasticité de la demande par rapport aux prix
(ou élasticité directe) exprime la réaction de la demande
aux variations de prix. Elle se définit comme le rapport entre le
pourcentage de variation de la quantité demandée et le
pourcentage de variation de prix. Le signe de l'élasticité est,
dans ce cas, nécessairement négatif puisque prix et
quantités changent dans des directions opposées. Le signe ne sera
positif que dans certaines situations (exemple du « paradoxe de Giffen
», où une augmentation du prix du pain se traduit par une
augmentation de la consommation de ce bien, car la capacité d'acheter
d'autres produits diminue et les consommateurs de condition très modeste
se replient sur des produits très courants). La demande d'articles de
première nécessité est faiblement élastique, les
prix font peu varier les quantités achetées.
Selon le cas, il faut distinguer deux types
d'élasticités : l'élasticité d'arc et
l'élasticité point ou marginale. En effet, lorsqu'on ne dispose
que de données empiriques, la mesure de l'élasticité se
fait en mesurant les variations et en les rapportant à leur grandeur.
ou
où Q désigne la quantité et P le prix.
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PRIX A COURT ET LONG TERMES Page 8
Cette élasticité mesure l'arc de la courbe
compris entre les deux valeurs. D'où son nom d'élasticité
d'arc.
Par contre, lorsqu'on dispose d'une fonction
algébrique, le rapport des variations correspond à une fonction
dérivée. Cette élasticité se calcule en un point de
la courbe de demande d'où son nom d'élasticité point ou
marginale.
(q = Quantité, p = Prix)
L'élasticité d'arc s'applique au cas
où la hausse des prix est importante par rapport au niveau initial des
prix. Si la hausse est modeste, on applique habituellement
l'élasticité marginale. L'élasticité d'arc
est généralement plus haute que l'élasticité
marginale, car la réponse des consommateurs à la variation des
prix est plus forte si cette variation est importante par rapport au niveau
initial.
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