3. ANALYSE DES RESULTATS : ENJEUX DE
COORDINATION ENTRE NIVEAUX INSTITUTIONNELS
Dans les discours analysés, il ressort que les rapports
entre acteurs institutionnels sont empreints d'un malaise
général. En effet, le cadre des institutions publiques oeuvrant
en environnement urbain fait toujours apparaître des conflits de
compétence et d'intervention sur le terrain (Dantokpa) entre les
services de l'Etat (la SOGEMA) et les services municipaux (la DST de la Mairie
de Cotonou) (TINI, 2003), ce qui ne va pas toujours dans le sens de
l'efficacité. De manière plus générale, cela met en
relief certains des contours les plus visibles de la lutte entre le centre
(l'Etat) et les régis (les collectivités locales) (STREN, 1993).
Aussi, jusqu'à présent les relations entre ces deux niveaux de
gouvernement n'ont pas été adéquatement définies en
ce qui concerne l'élimination des déchets solides au niveau du
6ème arrondissement qui abrite par ailleurs le plus grand
espace public marchand au Bénin, à savoir Dantokpa. Ce dernier
marque des lieux de confrontations, des points sensibles où les
intérêts des responsables de la SOGEMA engagées dans la
logique de la "monopolisation" des ressources acquises et ceux des responsables
de la DST engagées dans une autre logique, celle du développement
des ressources substantielles de la Mairie s'affrontent autour de : la
gestion de l'espace à l'intérieur et aux environs du
marché, le prélèvement des taxes. C'est dans ce contexte
que se situe le vieux conflit qui a opposé simultanément la
CEMAC, puis la SOGEMA respectivement aux Districts et les services techniques
(DST) de la Mairie de Cotonou, se jetant mutuellement la responsabilité
de l'insalubrité de Dantokpa et de ses périphériques. En
fait, la Municipalité déplore que les taxes qu'elle
perçoit sont insuffisantes pour assurer les tâches qui lui incombe
alors que la SOGEMA monopolise presque tous les moyens financiers
destinés à la gestion du marché. De ce fait, il n'existe
pas pour le moment dans le sixième arrondissement, une politique
cohérente d'assainissement, intégrant le marché Dantokpa.
Ainsi, une partie des ordures prélevées ou non se retrouve dans
les quartiers dudit arrondissement contribuant ainsi à maintenir ces
derniers dans un état permanent d'insalubrité. Cela atteste
l'échec ou l'inefficacité des initiatives entreprises dans le but
d'assainir le cadre de vie des usagers marchands et celui des populations de
l'arrondissement. Cet échec dans le domaine de l'assainissement
s'explique donc par le manque « d'harmonie, de concertation, de
collaboration » inscrites dans la "monarchie" administrative et
urbaine (ZOA, 1995). La première hypothèse de travail qui impute
l'inefficacité des initiatives d'assainissement au manque de
coordination entre acteurs institutionnels se trouve ainsi corroborée. A
cette étape de la recherche, deux raisons fondamentales peuvent
être évoquées. La première est liée à
l'extension des activités du marché vers les quartiers
périphériques, et la deuxième raison, subséquente
à la première, est que la gestion des ordures à Dantokpa
révèle un autre problème crucial, celui du monopole et du
contrôle de gestion des espaces du marché qui divisent de plus en
plus, les responsables de la SOGEMA et les autorités municipales de
Cotonou.
Il apparaît donc, en dernière analyse que, la
salubrité et l'assainissement du marché Dantokpa et de ses
environs immédiats, qui semblent des actions apparemment techniques,
relèvent des stratégies d'acteurs. Ces stratégies
alimentent l'insuffisance voire l'absence d'un véritable processus de
concertation permettant à chaque acteur du système de gestion de
mettre en évidence ses intérêts et ses solutions.
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