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Initiatives d'assainissement local des déchets solides urbains et persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou ( Bénin ): jeux d'acteurs et logique d'orientation stratégique de la mairie.

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par Emmanuel AMOUZOUN
Université d'Abomey-Calavi (UAC) - Maà®trise (Bac+4) sociologie-anthropologie 2009
  

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2.2. La Mairie de Cotonou et sa logique d'intervention

Il ressort des données recueillies sur le terrain que la gestion des ordures à Dantokpa passe d'abord par la question de : qui doit gérer ce grand espace public marchand ?

Effectivement, sur le délicat problème de gestion des espaces au marché Dantokpa, Marc Didier Dubogan, chef Département des voies et réseaux à la Direction des Services Techniques (DST) de la Mairie de Cotonou sise à Ganhi, nous a entretenu de la situation de crise opposant responsables et percepteurs de taxes de structures différentes aux intérêts antagoniques. Le conflit vit le jour, dès l'adoption du décret créant la CEMAC en 1978, estime-t-il. Avant cette date, les taxes et redevances étaient perçues respectivement, par les districts de Cotonou I, côté Gbogbanou jusqu'au nouveau pont, et de l'autre côté du pont, par Cotonou IV23(*). Ainsi, l'avènement de l'aîné de la SOGEMA a privé de recettes ces anciennes structures étatiques qui se contentaient de bribes recueillies aux abords immédiats de l'espace du marché. C'est pourquoi, très vite, des heurts firent jour entre percepteurs agréés par les districts et ceux de la CEMAC. Les conflits d'antan ont refait surface, à l'ère de la décentralisation, avec la naissance de la Mairie de Cotonou passée aux mains de l'"opposition". Or, « dans les pays où le parti d'opposition contrôle certaines autorités locales, le gouvernement central est tenté d'imposer une plus grande centralisation et une surveillance plus vigilante » (MUHIZWA cité par SAITIEL 1993, p.227). Aussi, pas plus tard qu'en Avril 2006, un percepteur de la Mairie a été interpellé et s'est retrouvé au commissariat Dantokpa, pour cause de délit de taxe prélevé en "zone réservée". C'est dire que les espaces dans les environs des marchés sous tutelle SOGEMA ne doivent souffrir d'aucune contestation. L'espace est revendiqué et géré au centimètre carré, surtout lorsqu'il est censé produire des dividendes. Comme illustration, prenons par exemple le marché de Gbogbanou. La frontière ici entre les structures rivales, c'est l'avenue Delorme, qui elle-même sert de no man's land. De la berge à ladite avenue, la gestion de l'espace revient à la SOGEMA, et l'autre côté de la voie pavée, il relève de l'autorité de la Mairie. Par ailleurs, le soulèvement récent des responsables du Collège d'Enseignement Général de Dantokpa (le quartier s'entend), face à l'occupation anarchique de leurs environnements immédiats par des vendeuses, lève un coin de voile sur les profondes rivalités qui existent entre la SOGEMA et la Mairie de Cotonou. En déclarant récemment qu'il ne procèdera qu'au déguerpissement progressif de 20 % des occupantes de qui la SOGEMA perçoit des taxes, le Directeur général J. Tamégnon, laisse croire, sans doute, qu'il n'est pas le seul responsable de la situation. Il accuse également la municipalité de Cotonou, qui devrait, à le croire, répondre des 80 % d'occupantes restantes, étant entendu qu'elle perçoit également chez elles, des taxes importantes au profit de ses caisses. Un véritable fond de commerce sur lequel chaque partie tiendrait la ficelle. Le plus difficile encore est que ces deux institutions s'accusent mutuellement dans la grosse pagaille qui s'opère sur les lieux et n'entendraient jamais unir leurs forces pour y trouver une solution définitive. C'est ce que laisse traduire les propos du Directeur général de la SOGEMA, qui affiche par ailleurs, la même position dans la gestion des ordures au sein du marché et dans ses alentours. Le cas le plus significatif est l'insalubrité insoutenable dans laquelle végètent les collecteurs d'eaux construits du marché. S'il se dit conscient que leur état de dégradation actuelle est incombé aux femmes de Dantokpa, qui y jettent toutes sortes d'ordures ; il se refuse cependant de s'occuper de l'entretien de ces infrastructures locales d'évacuation d'eaux, du fait qu'elles ne sont pas de son ressort, à l'exception de celles construites grâce à des projets internes à la SOGEMA.

A cela, Marc Didier Dubogan, affirme bien au contraire, que la Mairie ne gère pas le marché Dantokpa quand bien même, elle enlève les ordures. Toutefois, il avoue, pour sa part, que la Mairie ne peut rien engager sur le marché sans que le transfert n'ait été fait. Justifiant ainsi que l'accès à une source financière importante et indépendante, sous le contrôle des collectivités locales, est considérée comme primordiale pour une collectivité locale digne de ce nom (HICKS, et al cité par SAITIEL, 1993, p.226). En réalité, pour le moment, la Mairie s'occupe plus de la périphérique que du marché lui-même et entend même se désengager de la gestion des ordures dans cette zone. Car, toujours selon M. D. Dubogan, « eux (la SOGEMA), ils produisent les déchets et nous (la Mairie), on les ramasse ». Quant à Basile Gbaguidi, Directeur des services techniques de la Mairie de Cotonou, il nous dit tout l'espoir qu'il porte dans la collaboration sincère entre la Mairie et la SOGEMA ; au lieu qu'on continue dans des rapports de force qui ne favorisent aucun des acteurs, explique t-il, « il faut une nécessaire synergie entre les deux structures pour tout le bien de la ville ».

* 23 A cette période, la ville de Cotonou était subdivisée en plusieurs districts.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon